En traînant des pieds, Rosalie enfila les premiers vêtements qui lui passaient sous la main et se retrouva ainsi vêtue d’une jupe à carreaux verte foncée et d’un pull dans les tons jaunes. En traînant des pieds, elle attrapa les petits bouts de papier pliés en deux dans un récipient. En traînant des pieds, elle quitta la Salle Commune — déserte, puisque tout le monde se préparait pour la soirée à venir — et traversa quelques couloirs, descendit plusieurs escaliers, jusqu’à parvenir aux cuisines en traînant des pieds. Le pas lourd, elle s’approcha d’une table en bois sur laquelle traînait des victuailles et nota qu’une plaque de muffins n’avait pas été déposée avec le reste, alors elle s’employa à les décoller du papier cuisson pour les emporter avec elle. Se mouvoir et planifier cette soirée lui demandait un effort surhumain. Heureusement, elle avait pu compter sur Hazel et Arte pour l’aider à trouver une idée qui ne demandait pas trop de préparation et son co-préfet s’était chargé de toute l’installation, des décorations ainsi que des boissons. Elle ne pouvait décemment pas manquer d’être présente à la soirée de rentrée des Gryffondor — son besoin d’être au centre de l’attention ne s’en remettrait jamais — mais l’absence de Michaela planait au-dessus d’elle comme une ombre qui aspirait toute sa joie de vivre habituelle.

Dans le parc, Florent avait en effet tout préparé. Des guirlandes lumineuses accrochées aux arbres, des couvertures étendues au sol et parsemées de coussins, des tables basses déjà pleines de choses à boire, un petit poste de radio sorcière qui diffusait une musique entraînante. C’était vraiment sympa et, en toute autre circonstance, Rosalie se serait sentie fière de ce qu’elle avait mis en place. Pas ce soir. Elle ne parvenait pas à être pleinement heureuse de l’accueil qu’elle prodiguait aux élèves de sa maison et à se dire que cette soirée allait être la sienne. Parce qu’il y aurait dû avoir Mika dans son dortoir, en train de se préparer, à lui voler son maquillage et à lui demander conseil sur sa tenue, avant que la Préfète ne fasse exactement la même chose — sauf en ce qui concernait le maquillage de manière générale parce que sa copine n’en avait vraiment pas beaucoup. Elle était perdue, plongée dans une tristesse qui débordait constamment. De plus, elle se sentait coupable de s’amuser — même si la gaieté n’était pas vraiment présente — alors que son amie n’était plus. Devraient-ils dire un mot en son honneur, ce soir ? Mais une partie des Gryffondor ne la connaissait même pas et n’aurait jamais l’occasion de la connaître. Son cœur se serra, à lui en faire mal.

Petit à petit, les Rouge et Or arrivèrent. Rosalie ravala ses larmes et les salua avec un joli sourire qui refusait pour autant de remonter jusqu’à son regard doré. Elle les invita, les uns après les autres, à se servir un verre et à goûter un muffin ou à prendre un bonbon. Tout était là pour eux. Puisque, lorsque tout le monde ou presque fût arrivé, elle se hissa sur une racine d’un arbre pour prendre un peu de hauteur et s’éclaircit la voix pour obtenir l’attention de tout le monde. « Pour qu’on puisse un peu tous mieux se connaître, j’ai ici des petits papiers sur lesquels vous avez tous inscrit des choses vous concernant. Vous allez tous pouvoir venir en piocher trois et vous allez devoir retrouver à qui ils correspondent. Si vous tombez sur les vôtres, vous pourrez les changer. » Un faible sourire, bien loin de ses habitudes, et elle passa rapidement entre tout le monde pour qu’ils puissent prendre leurs papiers. Enfin, à son tour, elle en attrapa machinalement et les parcouru d'un air moins enthousiaste qu'à l'accoutumée. Il fallait qu'elle aussi, elle se prête au jeu.

Les infos pour bien participer:

Les deux papiers de Rosalie:

@Gryffondor

( Pando )