Blaze ne décolérait pas. Colère contenue car il fallait bien rester digne, mais se faire emmerder par des policiers, moldus qui plus est, avait un goût d’humiliation. Sérieux, il était majeur maintenant ! Et sans doute largement capable de les envoyer tous au tapis en deux sortilèges, s’il l’avait voulu ! Mais la règle d’or était qu’on ne s’en prenait pas aux moldus, sous aucun prétexte, y déroger pouvait vous valoir un détour par Azkaban, une prison autrement plus sérieuse que la cellule dans laquelle les deux compères se trouvaient à cet instant précis.
N'empêche que la frustration était bien présente, d’ordinaire Blaze avait déjà du mal avec l’autorité, mais alors l’autorité des moldus, pour lui c’était vraiment peanuts. Son ministère n’était pas le leur, et la seule police dont il acceptait de suivre les ordres était le bureau des aurors. C’était sans doute la raison qui l’avait poussé à – stupidement il fallait bien le reconnaître – ne pas prendre immédiatement au sérieux la menace que représentait ces agents, d’autant plus qu’il avait oublié qu’à Londres, on ne le considérait pas comme majeur. Tu parles d’une vacherie…

Et maintenant, ils se retrouvaient dans cette pièce déprimante, qui puait l’urine, avec tout juste un banc et une grille pour se distraire. On leur avait retiré ceinture et lacets – pour éviter qu’ils ne se pendent avec – et leurs sacs à dos dont le contenu magique, heureusement, restait inaccessible pour les yeux des moldus. En revanche, ils n’avaient évidemment pas pu garder leurs baguettes.

Tandis qu’Hayden pestait et se lamentait de leur sort, Blaze fixait la grille en réfléchissant. Le coup de pression des policiers l’avait fait rapidement dégriser et il évaluait désormais silencieusement la situation. Si Sidney avait été là, il aurait pu les sortir de ce mauvais pas d’un claquement de doigt, mais aux dernières nouvelles Hayden n’avait pas un tel don et Blaze non plus. En revanche, son camarade avait d’autres facultés non moins intéressantes.

- « Cherche pas c’est des cons. » répondit-il distraitement à son camarade quand celui-ci s’interrogea sur la raison de leur garde-à-vue.

Qualifier les policiers de cons était une manière assez cavalière d'expliquer à quel point ils étaient dans la merde, bien qu’un regard un peu honnête sur la situation oblige Blaze à reconnaître que sur ce coup-là, c’étaient eux les sorciers qui avaient merdé. Les moldus étaient comme des animaux dangereux et un peu imprévisibles, on n’en partageait pas tous les codes et dans le doute il valait mieux aller dans leur sens et faire profil bas plutôt que d’essayer de leurs tenir tête. Alcool et quiproquo les avaient mis dans cette situation.

- « Techniquement je pourrai transplaner de l’autre côté de la grille, ça poserait pas problème. » expliqua Blaze d’un ton calme. « Mais ça veut dire te laisser derrière, et puis faut surtout pas qu’on me voit. »

Si on lui demandait par quel moyen il était sorti de sa cellule, Blaze aurait des problèmes beaucoup plus lourds qu’un simple appel à sa famille. N’empêche qu’il n’était pas plus enthousiaste qu’Hayden à l’idée qu’on passe un coup de téléphone à son père – sa mère, elle, n’en avait pas.

Finalement, il détourna son regard de la grille et le planta sur son camarade avec sérieux.

- « Nous faut un plan, ouais. A quel point tu veux éviter que tes parents soient au courant ? »

Jauger les enjeux et estimer les risques, selon les besoins, plusieurs stratégies s’offraient à eux, plus ou moins audacieuses…

Du paniqué ou de l’inconséquent, il était difficile de savoir lequel des deux garçons avait le plus la tête sur les épaules. Blaze semblait croire qu’on s’échappait d’un commissariat de police comme on s’enfuyait d’une retenue, quant à Hayden, il paraissait véritablement mortifié à l’idée que ses parents apprennent qu’il se trouvait en cellule de dégrisement – il fallait lui accorder qu’à seize ans, il n’était pas censé boire d’alcool ni dans le monde sorcier, ni dans celui des moldus.

Considérant la remarque plutôt lucide de son camarade, Blaze n’y opposa qu’une moue dubitative.

- « C’est un commissariat moldu, franchement je pense que ça compte pas. »

Si on se plaçait du point de vue du ministère de la magie, d’ailleurs, il valait peut-être mieux qu’ils disparaissent simplement, plutôt que d’apparaître sur une base de données des services de police et attirer sur eux l’attention, non ? D’un autre côté, les flics avaient déjà relevé leurs identités, ce qui avait failli poser problème puisque Blaze avait mis quelques secondes à se souvenir de sa fausse adresse moldue, ne pouvant évidement pas leurs expliquer qu’il habitait sur « le chemin de traverse ».

Au moins, Hayden paraissait prêt à ne pas simplement se résigner. S’il s’était prostré quelque part dans la cellule en attendant que ses parents n’arrivent, sans doute que Blaze se serait rendu à l’évidence et aurait attendu avec lui, mais le simple fait de se déclarer prêt à tout pour sortir avait réussi à motiver son camarade à cogiter pour trouver des solutions.

Blaze hocha la tête d’un air compréhensif. Lui non plus n’était pas fou au point de se lancer tête baissé dans n’importe quel projet criminel, juste pour s’épargner une leçon de morale. Ce n’était d’ailleurs pas tant la sanction qui l’inquiétait : Blaze était majeur et aussi avait toujours été le petit préféré de sa mère, enfin, façon de parler, on aimait tous ses enfants à égalité, parce que le benjamin de la famille et franchement, le pire qu’il craignait était certainement de devoir tenir la boutique quelques après-midi pour se faire pardonner, on avait vu pire.

Non, c’était surtout l’égo qui le poussait à ne pas se laisser faire, par principe, l’autorités sous toutes ses formes lui étant devenue insupportable, et celle des moldus également, parce que franchement illégitime. En plus les flics leurs avaient mal parlé…

- « Ça va… techniquement j’ai rien fait de mal, non ? » répondit-il légèrement amer. « C’est à cause de leurs lois à la con qu’on en est là, juste à cause de ça. »

N’empêche qu’il aurait été un peu plus malin de ne pas se faire prendre. La règle d’or pour les sorciers étaient la discrétion et tout ce qui y contrevenait était jugé comme une faute morale a minima.

Il jeta un œil au plafond à la recherche des fameuses caméras.

- « Je crois qu’elles ne captent pas la magie. » Il avait baissé d’un ton quand même, au cas où. « En vrai… »

Il venait d’avoir une idée.

- « Tu sais là fois où je t’ai proposé de te changer en être magique ? Si t’étais un gobelin, tu pourrais te faufiler à travers les barreaux… »

Il jeta un œil à la grille.

- « Ou une fée ? Moi je transplane, on est dehors, on récupère nos sacs et on se tire de là dès qu’on a la main dessus. »

Si on mettait de côté le risque de se faire prendre, c’était un plan plutôt viable.

- « Je me demande même si, sous forme d’une créature magique, tu deviens pas invisible pour les moldus… ? ils peuvent pas voir la plupart des trucs de toute façon. »

L’un des principaux avantages, avec Hayden, c’est que ce-dernier avait tendance à partager son avis. C’était une position un peu suiveuse qui convenait très bien à Blaze, d’autant que le garçon disposait de pouvoirs particulièrement divertissants avec lesquels le préfet de Serdaigle trouvait toujours, en cherchant un peu, une manière de jouer en fonction de la situation.

Cette fois cependant, l’heure était grave mais c’était l’occasion de voir si les pouvoirs d’Hayden allaient enfin servir à autre chose qu’à faire mumuse dans une bassine d’eau.

Lorsque ce-dernier lui demanda s’il était sérieux, Blaze répondit par un très professionnel hochement de tête. Il se sentait un peu comme un mentor, dans cette affaire, prêt à pousser au cul son jeune discipline doué mais un peu débile. En tout cas, manquant de confiance en lui sur ce coup-là, le jeune homme avait toujours besoin d’encouragements avant de s’engager dans une métamorphose complexe.

- « T’inquiète pas pour moi, je gère. » répondit-il quand l’autre lui conseilla de ne pas se désartibuler. « Essaye de focus sur toi, ok ? Si tu tiens pas la transformation ça sera la giga merde pour qu’ils nous voient pas. »

Son camarade souleva toutefois un point crucial, celui qui ferait peser sur eux tous les risques : leurs sacs. Comment récupérer leurs précieuses affaires, et les baguettes qui allaient avec ?

- « En vrai… si tu récupérais une de nos baguettes, on pourrait tenter un sortilège d’oubliette… »

Ce n’était pas vraiment illégal de faire ça sur des moldus, même si le ministère préférait en général envoyer une équipe de professionnels sur place pour éviter les accidents. Un sort mal dosé pouvait avoir, en théorie, des conséquences assez graves sur la mémoire des personnes touchées.

- « Ce serait super simple, ou juste un confundo, je transplane, je choppe les sacs pendant qu’ils sont dans les vapes, on sort, problème réglé. »

Il adressa à son camarade un regard éloquent et grave.

- « Mais ça voudrait dire que notre sort dépend de ta capacité à pas te faire chopper… »

Blaze hocha la tête, acceptant la charge d’oublietter les policiers moldus. Ce n’était pas une formule simple, mais le garçon avait confiance en lui. Sauf en de rares exceptions, il ne ratait presque jamais ses sortilèges, surtout quand on lui avait donné l’opportunité de les travailler avant. Ce qu’il fallait à présent, c’était réussir à mettre la main sur leurs baguettes sans tarder, le temps jouant clairement en leur défaveur. Tout reposait sur la capacité de Hayden à réussir à changer d’apparence sans support visuel.

Heureusement, malgré ses doutes évidents, le jeune homme semblait prêt à faire un effort. Il était allé se placer contre le mur du fond de la cellule, le plus éloigné des policiers, et Blaze vint stratégiquement se positionner entre lui et la grille, de sorte de masquer un peu la vue. Ce n’était pas parfait, mais peut-être assez pour éviter d’attirer l’attention avec des mouvements suspects.

- « Raconter un truc ? » la demande le surprit d’abord, avant que ne lui revienne en mémoire qu’Hayden avait eu un besoin similaire, lors de sa transformation en être de l’eau « Ok ok heu… eh bin, t’as qu’à te dire que si t’arrives à te transformer en fée par exemple, ça veut dire que tu pourras voler quand tu veux, c’est une putain de bonne nouvelle, aucune prison ne pourra te résister, tu pourras même devenir cambrioleur professionnel. »

Franchement, il racontait tout ce qui lui passait par la tête, tout en continuant d’observer Hayden, un peu fasciné par le processus de transformation.

- « Tu te fais poursuivre, paf, tu changes, il y a des barreaux, hop, tu passes à travers. Un lac ? être de l’eau et c’est tchao, bref la belle vie mon gars tu vas t’éclater quand tu maîtriseras vraiment le truc. Petit manoir, les meufs à tes pieds, tranquille, le Arsène Lupin version anglaise je te jure. »

A l’entendre ainsi déblatérer son flot d’idées, on pouvait percevoir parfois une ombre d’envie dans la voix de Blaze, quand bien même celui-ci n’en aurait pas conscience. Il termina en haussant les épaules « Donc vois ça comme un test grandeur nature pour ta future vie de super-vilain. »

Son regard se fit néanmoins un instant plus dur : « Par contre je ne joue pas les acolytes, moi je fais le mentor hein. »

Honnêtement, Blaze était un peu dans l’impro, enfilant les clichés comme les perles sur fond d’imaginaire d’Arsène Lupin, si bien que ce ne fut qu’à la remarque de Hayden qu’il réalisa que peut-être ce genre de rêves-là n’étaient pas les siens.

- Non mais je dis ça, imagine ce que tu veux en vrai.

Il haussa les épaules et lui jeta un regard provocateur. « Un cabanon et plein de mecs si c’est ton truc, chacun ses goûts. »

Plus surprenant toutefois fut le ton de la réponse Hayden quand il distingua acolyte et mentor. L’amertume était assez évidente et Blaze le dévisagea plus franchement. Il avait déjà connu des situations similaires avec Skyler et Sidney et commençait à reconnaître la réaction. De la déception. Avait-il dit quelque chose qui avait été mal interprété ? Ca lui arrivait souvent quand il se laissait emporter et il préféra désamorcer le malaise – quel qu’il soit – en offrant un sourire sincère au jeune homme, contrastant avec la mine morose de ce-dernier.

- Oh juste que je me vois pas trop être le Robin d’un Batman, tu vois ? Je préfère le rôle du vieux maître, c’est plus stylé ! Les collants rouges, bof, puis il fronça les sourcils. « Batman ? Tu vois qui c'est ? »

Si ça pouvait détendre l’atmosphère un peu… Hayden n’arriverait à rien en se stressant, ça Blaze l’avait bien compris et s’ils voulaient réussir leur coup il fallait que le jeune homme reste le plus zen possible.

Est-ce qu’on pouvait avancer maintenant ? Le temps jouait contre eux et si Blaze n’était pas vraiment anxieux, il était tendu. Ils s’apprêtaient à jouer un gros coup et même s’ils ne faisaient face qu’à de simples moldus – ce en quoi Blaze surestimait peut-être un peu trop la supériorité des sorciers – leur affaire était encore loin d’être jouée, surtout si Hayden avait des difficultés à se transformer.

En entendant l’ultime question de son camarade, il soupira. Il n’était pas spécialement fier du mauvais coup joué à Rosalie, il avait un peu agit sur les nerfs, traversant une mauvaise passe au début de l’été. Nonobstant, il ne regrettait pas grand-chose. Il avait dit abruptement ce qu’il pensait au fond et sa mauvaise conscience provenait de ce qu’il espérait que la jeune fille n’ait pas trop été coupée dans son élan. Blaze aimait bien que les gens explorent leur plein potentiel, il avait essayé de provoquer un sursaut chez la Gryffondor, son but n’avait jamais été d’enterrer sa confiance en elle.

- C’est… compliqué, commença-t-il, d’un air de quelqu’un faisant face à un problème particulièrement abrupt. « Je sais qu’elle avait de l’attirance pour moi, j’ai essayé de lui expliquer que c’était pas réciproque. Je sais pas ce qu’elle t’a dit exactement mais c’était pas un moment chouette ni pour elle ni pour moi. J’espère qu’elle l’a pas trop mal pris, sur le moment elle avait pas l’air bien mais j’allais pas lui courir après non plus… »

Est-ce que c’était un sale mensonge ? Un peu, mais quand deux paroles s’opposaient, il valait mieux toujours avoir la plus raisonnable des deux, ça allait de paire avec la crédbilité.

Ce n’était pas la première fois que Blaze se retrouvait dans la situation de mentor avec ses camarades. Soit qu’il aimait bien se glisser dans le rôle, soit qu’il dégageait naturellement quelque chose qui faisait qu’on avait envie de lui poser des questions, soit juste que ces-derniers n’étaient franchement pas doués et qu’il fallait tout leur apprendre. Parce qu’il était le dernier de sa fratrie, il semblait à Blaze qu’il avait eu accès à beaucoup d’informations assez tôt, et que partout où il mettait les pieds le chemin lui avait été balisé par ses aînés, rendant sa propre expérience plus confortable et instructive que s’il avait été obligé de tâtonner à l’aveugle dans les tortueux méandres de l’adolescence.

Comment était-on savoir ce qui nous plaisait ? En testant, sans doute ? En regardant ce qui… provoquait des réactions physiques ? De ce point de vue, c’était plus clair chez les mecs que chez les filles, sérieusement il était vraiment obligé de donner un cours d’éducation sexuel à son camarade maintenant ? C’était plutôt une tâche pour un gars comme Carter, ça, quoique le garçon aurait sans doute quitté l’école à la rentrée, s’il ne redoublait pas une seconde fois. Bref, Blaze balaya la question d’un regard sérieux.

- On en discutera quand on sera sorti d’ici, ok ? Promis je te ferai même un schéma.

Pas que l’idée d’une séance bien gênante avec Hayden lui déplaise, après tout celles avec Sidney l’amusaient beaucoup, mais juste ce n’était pas exactement le bon moment pour discuter de ça maintenant.

Pour essayer de ramener le sujet sur quelque chose de plus concret, à savoir : convaincre son camarade d’utiliser son don pour passer les barreaux, il divergea sur une métaphore un peu tordue façon super-héros, prenant quand même le temps de préciser qu’il n’était pas le sidekick dans l’histoire. Fallait pas déconner, déjà qu’il jalousait un peu le pouvoir d’Hayden, il n’allait pas en plus devenir son Robin.
Cela n’eut pas complétement l’effet escompté et Hayden qui semblait chercher la moindre occasion pour changer de sujet bifurqua sur Rosalie, et leur « altercation » pendant les vacances. Bordel, comment lui expliquer qu’encore une fois ce n’était PAS le moment ? En plus Blaze n’avait pas envie de parler de ça. Sur le moment, il s’était fait plaisir en humiliant la jeune fille, mais au fond il n’en tirait pas de fierté, ni même de plaisir. Rendre les autres malheureux n’avait jamais été son objectif, lui, ce qu’il aimait, c’était les pousser à se dépasser, découvrir leur vrai potentiel, qui ils étaient vraiment au fond d’eux, quitte à les bousculer pour ça. Bref, les préparer à la vie, et à Blackman.

Légèrement agacé, il répondit par une explication toute prête et rapide. Mieux valait faire passer la jeune fille pour une adolescente un peu fleur bleue, rendue rancunière par le râteau qu’elle s’était mangée, que d’avouer qu’il avait été un sacré connard ce soir-là. Sa réputation était en jeu.

- J’essaierai d’arrondir les angles, rassura-t-il Hayden quand celui-ci expliqua qu’elle n’avait peut-être pas bien compris le message. Tu m’étonnes.

Avec satisfaction, Blaze observa son camarade qui, à présent, semblait enfin s’être décidé à tenter la transformation. C’était pas trop tôt. Naturellement curieux, le jeune homme le fixa intrigué. Ce n’était pas tous les jours qu’on assistait à ce type de métamorphose et il demeurait intéressé par le potentiel du pouvoir d’Hayden, qu’on ne découvrirait que grâce à des observations… empiriques.

Cela pris plusieurs secondes durant lesquelles il ne se passa pas grand-chose avant que le corps du jeune homme ne se mette soudainement à rétrécir, d’abord imperceptiblement puis plus franchement jusqu’à atteindre la taille d’une pomme sur le sol. Impressionnant !! Blaze contint son excitation et hocha la tête comme si tout se déroulait selon son plan – n’était-ce pas le cas ? – et encouragea son camarade d’un sourire avant de le regarder passer à travers les barreaux. C’était tellement simple.

Un coup d’œil du côté des policiers, ceux-ci ne semblaient toujours rien avoir vu. Au tour de Blaze, donc. Ne pouvant pas faire de magie sans sa baguette, il avait prévu d’apprendre un de ces quatre mais pour le moment il n’y arrivait pas, il fallait qu’il s’empare de sa baguette. Une fois qu’il aurait la main dessus, tout deviendrait beaucoup plus simple. Mais il avait encore besoin de l’aide d’Hayden pour cela.

D’un geste, il désigna un casier où avaient été rangées divers affaires de petites tailles, tout ce qui aurait pu servir à se suicider en cellule en fait. Un peu glauque. Outre leurs ceintures et lacets, les baguettes, retrouvées dans leurs poches, s’y trouvaient également.

- Il faut que tu m’apportes ma baguette, et je m’occupe du reste, chuchota-t-il au mini Hayden.

Il s’était accroupit près des barreaux, sans quitter les policiers du regard.

- T’es minuscule, ils vont pas te capter, ramène moi ma baguette, je les fous dans les vapes, j’ouvre la porte, je récupère nos sacs et tchao.

Présentement, Blaze se souciait moins tant des préoccupations intimes de Hayden que de la manière dont, grâce à ses pouvoirs, celui-ci allait les faire sortir d’ici. Non seulement il était plutôt content de voir le don de son ami à l’œuvre – et surtout enfin se rendre utile – mais il espérait également esquiver la punition qui ne manquerait pas de tomber si sa mère apprenait qu’il s’était retrouvé en cellule pour avoir picoler à dix-sept ans. Injustice somme toute majeure puisque, pour la justice sorcière, il était lui majeure. En fait, là où il risquait un savon, c’était plutôt d’avoir embarqué Hayden là-dedans. Pas de sa faute si ce-dernier était un suiveur…

Ayant déjà assisté à un métamorphose de son camarade, Blaze ne fut pas pris au dépourvu lorsque, Hayden lui ayant demandé de faire la conversation, il se mit soudain à changer. Blaze suspendit son laïus et, un peu fasciné, assista à la transformation. De nouveau, il se laissa un instant aller à regretter de ne pas posséder lui-même pareil don, puis se fit une raison.
En quelques secondes, Hayden se trouvait réduit à une poignée de centimètres et, se mettant soudain à battre des ailes, s’envola. Blaze retint un instinct d’éclater de rire et effaça de son visage le sourire débile que cette démonstration de sorcellerie lui avait gravé pour retrouver son sérieux.

- Ok fonce ! Te mange pas un barreau.

Alors que le jeune homme… enfin, la jeune fée, disparaissait hors de sa vue, Blaze tâcha de se faire plus large qu’il ne l’était, des fois qu’un flic aurait eu la mauvaise idée de jeter un coup d’œil dans leur direction et constater la disparition d’un des deux détenus. Il aurait du mal à expliquer un tel tour de magie.

Ce ne fut qu’après deux trop longues minutes à s’impatienter que Blaze l’aperçu revenir, sa baguette portée à bout de bras.

- Putain bravo ! Franchement, lui-même n’y croyait pas trop.

Il s’empara de l’instrument et se sentit soudain empuissanté. Ces pauvres moldus ne faisaient décidément pas le poids face à des sorciers, même si les deux étaient encore à l’école. Il laissa Hayden fait une pose sur sa manche, lorgnant un peu du côté de son étrange petite forme. On l’avait comme miniaturisé et s’il avait adopté certains traits physiques des fées, il restait malgré tout assez reconnaissable comme lorsque, changé en être de l’eau, sa peau s’était couverte d’écaille mais sa forme était demeurée la même.

- Attends je récupère nos affaires, tu risques d’en avoir besoin, ricana-t-il à l’adresse du jeune homme tout en faisant attention à ne pas le déstabiliser.

Il ferma les yeux et laissa la magie affluer dans son bras, invoquant silencieusement un mélange du sortilège de confusion et d’oubli.

Quelques minutes plus tard, les deux compères transplanaient loin de là, laissant dans leur sillage les ronflements discrets des officiers de police, gagnés par une épidémie de siestes impromptues.