Boire un petit coup c'est agréable...

Tout s’accélérait.

Du regard confiant de ceux qui ont vu venir la tempête, Blaze avait accueillit les nouvelles sanctions de la direction comme on lui aurait annoncé que l’automne succédait à l’été. Les Sorensen au pouvoir ne pouvaient qu’amener à un nouveau Blackman, un jour ou l’autre, dans un crescendo d’outrages et d’injustices comme ils en avaient connues à l’époque… Ceux qui faisaient aujourd’hui les étonnés n’avaient simplement pas pris la mesure de l’histoire.

Mais cette fois, les choses ne se passeraient pas comme « à l’époque », justement. Parce que cette fois, il était prêt. Enfin, presque. La potion que Judith et lui préparaient ensemble depuis bientôt deux ans touchait à sa fin et serait un atout de taille au moment où, de manière prévisible, les choses prendraient un tour violent. Blackman s’était achevé en conflit ouvert, il n’en irait pas différemment cette fois, Blaze en était persuadé.

Parfois, lorsqu’il pensait à tout cela, dardant sur la salle à manger un regard pensif, il se percevait comme ces héros romantiques, seuls conscients des drames à venir, résolus à porter seul le poids de la responsabilité du salut de tous. Blaze allait être un héros, c’était évident, il allait retourner la situation grâce à son intelligence, son talent, mais surtout sa préparation. La moitié de l’école lui devait des services, Skyler jouait les révolutionnaires de l’ombre et il circulait dans le château presque comme en terrain conquis, fort de son badge de préfet et de sa connaissance des lieux.

Et puis, il s’entraînait pas mal ces derniers temps. Contre Marlon, contre Misha, contre Maxton… Il n’aurait pas pu être mieux préparé que ça. Et la potion serait le point d’orgue de sa puissance, c’était obligé !

Restait quand même à s’assurer qu’elle fonctionne, mais pour ça aussi, il faisait confiance à Judith. Elle était de loin la meilleure élève de l’école dans ce domaine, il n’aurait de toute façon pas pu faire plus pour mettre toutes les chances de son côté.

Quand la cloche annonçant la fin du repas sonna enfin, Blaze confia à Daisy la tâche de raccompagner les premières années à leur dortoir et avant que celle-ci n’ait pu protester, fila en direction du quatrième étage, non sans adresser un regard appuyé à Sidney au passage. Il avait pas intérêt à se débiner celui-là, mais au fond le préfet savait que « son elfe » ne le ferait pas.

Ils n’avaient pas eu beaucoup d’occasions de rediscuter depuis la dernière fois, et jamais en privé. Au fond, Blaze soupçonnait Sidney de chercher à l’éviter, ce qui n’était pas absurde vu leurs antécédents. L’important n’était pas tant que le jeune homme se rende invisible, mais qu’il cesse de l’être quand on avait besoin de lui.

Comme un chat, Blaze se faufila dans une pièce, en apparence semblable à toutes les autres, et effaça son sortilège de dissimulation. Là, dans un coin sombre, un chaudron couvert d’un linge fumait discrètement. Judith lui avait assuré que la préparation était prête à présent, mais qu’il fallait encore la tester. Normal.

D’un geste de baguette, plusieurs chandeliers s’allumèrent, illuminant la salle poussiéreuse d’une lumière discrète et Blaze profita d’être arrivé le premier pour lancer quelques sortilèges de dissimulation et d’étouffement des bruits sur la porte et les murs. Il ne fallait pas qu’un importun vienne les déranger en pleine dégustation.

@Sidney Driscoll
@Judith V. Sørensen

Boire un petit coup c’est agréable

Judith & Blaze & Sidney

« Il est venu le temps des… cobayes ! »

La satisfaction de savoir que nous touchions au but était grisante. Et dire que ce projet aurait pu ne jamais voir le jour ! Que ce serait-il passé si nous ne nous étions pas retrouvés seuls dans la salle commune cette fameuse nuit ? Blaze aurait peut-être fait appel à quelqu’un d’autre. Ou bien aurait-il simplement laissé tomber. Cette dernière hypothèse était moins probable quand on connaissait la capacité d’entêtement du préfet des Serdaigles. Mais sans vouloir paraître orgueilleuse, je doutais qu’un autre élève de l’école eut été capable de réussir ce que nous venions de faire. Ou du moins, ce que nous pensions avoir réussi à faire. J’étais confiante mais il ne fallait jamais négliger le grain de sable qui risquait de détraquer tout le mécanisme. Même une machine bien huilée pouvait s’enrayer. Et c’était à cela qu’il fallait s’atteler à présent.

Mansfield nous avait trouvé un cobaye et en cela, il respectait sa part du contrat. A lui la pratique et j’étais en charge de toute la partie théorique. Mon esprit fourmillait à cent à l’heure tant j’étais excitée à l’idée de voir se concrétiser ces années de labeur. J’avais passé la journée à tourner en rond, incapable de me concentrer sur le moindre travail. Même devant mes livres, je n’étais pas parvenue à focaliser mon attention. Ce qui était une chose bien nouvelle pour moi. Aucune lecture ne m’avait jamais résisté jusqu’ici. Et voilà qu’aujourd’hui, je me trouvais probablement dans le même état d’esprit qu’un sang-de-bourbe entrant à Poudlard pour la première fois. Et dire que je les avais toujours méprisés de ne pas être capable de se contenir…

L’heure était venue. Les rétrogradés devaient avoir fini leur dîner à présent. Quelle plaie que Blaze ait été mis dans le même sac que les assassins de la tour privilège ! Il n’était certainement pas un ange mais je l’imaginais mal en poseur de bombes artisanales. Je pouvais me tromper bien sûr. Après tout, j’ignorais beaucoup de choses sur son compte. Je regardais ma main gauche dont la cicatrice était encore saillante et légèrement rougie. De cette explosion je ne gardais pas beaucoup de séquelles, hormis cette coupure et quelques ecchymoses qui disparaissaient peu à peu. Celle de mon front semblait mettre un peu plus de temps que les autres à s’estomper, la faute à ma peau cadavérique sans doute. J’avais tenté de la camoufler avec une mèche de cheveux mais cela m’arrivait en plein milieu du visage, me donnant un air idiot que je n’assumais pas. Il faudrait donc faire avec. Et ce c’était peu cher payé en comparaison des blessures de certains… Junior par exemple, pour ne citer que lui. Non définitivement, je ne voyais pas Blaze à l’origine de ce massacre. Il aimait davantage le spectacle et cet événement n’avait rien eu de glorieux.

Je poussais la porte de la salle. Le silence qui régnait alentour m’indiquait que les sortilèges nécessaires avaient déjà été lancés. Et en effet, mon acolyte s’était déjà mis en action. Je lui adressai un signe de la main avant de me précipiter près du chaudron pour soulever le linge qui le recouvrait. La potion n’avait bien sûr pas bougé d’un poil mais nous savoir si près du but faisait monter la pression à toute vitesse. « Alorrrs, qui serrra l’heurrreux élu ? » Faire la conversation était encore la meilleure manière de canaliser mon impatience. A qui Blaze avait-il fait appel pour cette étape cruciale ? J’espérais qu’il s’agissait de quelqu’un de ne pas trop important. Au cas où les choses tourneraient mal… D’autant que s’il devenait nécessaire de lui effacer la mémoire, je préférais qu’il ne s’agisse pas d’une connaissance. J’étais parfaitement au fait des dégâts que pouvait faire un sortilège d’amnésie…

(c) DΛNDELION

Boire un petit coup c'est agréable
retour au laboratoire

ft. @Blaze H. Mansfield, @Judith V. Sørensen & Sidney Driscoll

J'ai le malheur de tourner la tête en sentant un mouvement quelque part sur ma gauche... et mon regard croise le sien, insistant. Je reporte mon attention sur l'assiette à laquelle j'ai à peine touché, oscillant dangereusement entre un rougissement honteux et une pâleur inquiète. Dans ma poche, le petit mot pèse tout à coup beaucoup trop lourd. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas le rejoindre pour travailler ou je ne sais pas quoi... Je... j'en ai pas besoin. Je peux me débrouiller. C'est pas brillant mais c'est pas si grave ! Depuis hier, je redoute ce tête-à-tête. Ça m'en rend malade, pour de vrai. J'ai à peine fermé l'oeil de la nuit, je suis incapable d'avaler quoi que ce soit. Même si ça fait pitié, j'ai peur. Peur de ce qui m'attend, peur de ce qu'il pourrait bien me faire cette fois-ci... J'ai mis du temps avant de répondre. Plusieurs fois j'ai chiffonné mon mot, je l'ai fourré au fond de mon sac, j'ai essayé de l'oublier... Mais en même temps, je sais que je peux pas lui échapper. C'était difficile avant, c'est mort maintenant. Quand il est dans le dortoir, c'est à peine si je respire encore pour pas qu'il prenne conscience de ma présence... mais moi, je ressens la sienne dans chaque parcelle de mon être. Elle me noue la gorge, elle me serre l'estomac, elle m'empêche de dormir, elle me crispe tout entier... C'est un calvaire. C'est pire encore que ce qu'ils nous font subir. Ma plus grosse punition, ça n'est pas tant le traitement qu'ils nous infligent, c'est de me l'infliger, lui... Ses pas s'éloignent entre les tables. Le poids qui appuient sur mes épaules s'allègent à peine. Je sais que c'est temporaire. Je sais que dans quelques minutes je prendrai exactement le même chemin... juste parce qu'il me l'a demandé et qu'il commande... C'est ridicule. Mais je sais que c'est vrai. J'arrive pas à... Je repousse mon assiette encore pleine et étouffe un gémissement désespéré. La cantine est quasiment vide, le couvre-feu est bientôt là. Pas plus d'une heure... Je veux pas être en retard et avoir des ennuis. Pas plus d'une heure... Mais du coup, il faut que je me dépêche un peu s'il veut avoir le temps de faire quelque chose... Le poids revient, la boule dans ma gorge se fait plus grande, presque à m'en étouffer. J'ai envie de pleurer rien que d'imaginer ce qui m'attend mais en même temps, je sais que ce sera pire encore si ça arrive. Pas une nouvelle fois, pitié. Pas une nouvelle fois...

Un soupir et j'enjambe le banc, quittant la Grande Salle à mon tour, empruntant les escaliers qu'il a sûrement empruntés juste avant... Je ne sais même pas où je vais. Les salles abandonnées du quatrième... c'est flou. Les marches coopèrent, comme si elles étaient pressées de me pousser à nouveau entre ses griffes, entre ses bras... Il est encore temps de faire demi-tour. Tout le chemin, je ne fais que de me répéter ça. Il est encore temps de faire demi-tour... Je peux encore rentrer au dortoir... Rien ne m'oblige à y aller... mais alors que j'approche de la destination, le refrain change un peu... C'est qu'une séance de travail... Il veut sûrement m'aider... Ça va bien se passer... Les portes se ressemblent toutes. Le silence est oppressant. Dans un film d'horreur, sûrement qu'un tueur en série serait sorti d'un coin comme ça pour me sauter dessus... J'aimerais être sûr qu'il n'a rien du tueur en série ou qu'il ne me sautera pas dessus mais je n'arrive pas à m'en convaincre. Je sens encore sa chaleur près de moi, ses caresses sur ma peau... J'ai envie de vomir. Et pourtant j'y vais quand même. Je pousse la première porte mais il n'y a personne derrière. Pareil pour les deux suivantes. Durant une seconde, j'espère que je ne le retrouverai pas. Demander pardon, expliquer la situation... Trop de portes, pas assez de temps... La quatrième est verrouillée. Je toque mais il n'y a aucun bruit de l'autre côté. Sûrement pas la bonne, encore... J'en fais une dernière et si y'a toujours rien, je rentre. Tant pis. J'aurais essayé. Il avait qu'à être plus précis. Mais au moment où je pose la main sur la cinquième poignée, je sais que je ne vais pas rentrer. Je sais qu'il est derrière. C'est comme si un signal d'alarme retentissait dans tout mon être. « Fuis ». Mais je n'écoute pas... parce qu'il m'a demandé de venir et qu'aussi détestable qu'il puisse être, j'ai envie de lui faire plaisir... et peut-être un peu peur des représailles aussi... Ma main appuie sur la clenche, la porte s'ouvre... et derrière, la surprise totale. Il n'est pas seul. Il y a une fille, aussi. Les yeux écarquillés, je passe de l'un à l'autre. Je ne comprends pas. Est-ce qu'elle est comme Bella...? Est-ce que c'est encore une expérience douteuse...? Mon regard finit par se poser sur lui, presque suppliant. Une explication, peut-être...?

(c) jawn

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines

D’un geste ample, Blaze achève de poser un voile sur la pièce, l’enveloppant d’une couche de silence. Ce sortilège coïncide avec l’arrivée de Judith qu’il salue d’un geste de la main. Alors qu’il range sa baguette dans sa poche, la jeune fille a filé vers la potion pour vérifier que le précieux liquide n’a pas été corrompu par un accident. Chacun son boulot : à Blaze la technique et les sortilèges, à Judith l’expertise en potion. Et à Sidney le rôle de cobaye. Enfin, le mot est rude, bien qu’amusant. Blaze est sincère lorsqu’il a dit à son camarade que cela allait l’endurcir. Après tout si la potion fonctionne, le jeune homme pourrait bel et bien y trouver son compte, lui qui est dévoré par le manque de confiance en soi.

- « Un gars de chez nous. » répond Blaze d’un air tranquille. « Enfin… un peu plus que ça, tu vas voir, c’est marrant. »

Il n’en dira pas plus. Si on n’entend rien de l’extérieur, les pas dans le couloir sont eux parfaitement audibles dans la pièce. Adossé contre le mur qu’il vient d’enchanter, Blaze observe amusé la tête de son camarade passer par l’entrebâillement de la porte et, visiblement interloqué, chercher son regard à lui. Brave elfe.

- « Salut, Sid’ entre ! » Il désigne la jeune fille à son camarade. « Judith Sorensen, tu vois qui c’est ? »

Pas certain, entre elle et lui, difficile de dire lequel est le plus discret. Chacun à leur manière frôlent l’invisibilité, quoique pour Judith, elle a quelques techniques qui expliquent cela.

Puis en s’adressant à sa camarade.

- « Sid est quelqu’un de chouette je pense que le contenu de la potion pourrait l’aider si tu vois ce que je veux dire... »

Il secoue la tête d’un air faussement désolé de médecin prononçant son diagnostique.

- « Manque de confiance en soi. » A Sidney. « La potion qu’on a préparé renforce les pouvoirs. »

Avec n’importe qui d’autre, Blaze en aurait sans doute trop dit déjà à ce stade et pouvait comprendre que du point de vue de Judith, partager leurs secrets avec un inconnu, même très timide, devait contraster avec la discrétion dont ils avaient fait preuve pendant deux années autour de leur projet.

- « Mais j'ai confiance en lui. Si on lui dit de la fermer, il la ferme. » Il sourit. « Hein Sidney ? »

Boire un petit coup c’est agréable

Judith & Blaze & Sidney

« Il est venu le temps des… cobayes ! »

Tandis que je vérifiais une dernière fois notre potion, Blaze s’occupait des derniers détails en matière de sortilèges. Mieux valait que personne ne nous entende en passant dans le couloir. J’avais emporté ma cape d’invisibilité mais elle ne serait pas assez grande pour trois élèves et un chaudron bouillonnant. Je préférais donc ne prendre aucun risque. La tête penchée au dessus de la marmite, admirant sans vergogne la délicate couleur bleu cristallin du breuvage, j’écoutais Mansfield me vanter les mérites de notre cobaye. Je relevai la tête un peu brusquement en l’entendant qualifier le nouveau-venu de « marrant ». Dans la bouche du préfet bleu, ce terme me faisait un peu peur. Nous n’avions sans doute pas du tout la même définition du mot. Et je n’avais pas particulièrement envie de plaisanter autour d’un sujet aussi sérieux. Si son type était aussi « marrant » que l’était Blaze, l’expérience risquait de virer au cauchemar. Je n’eus pas le temps de rétorquer que déjà la porte s’entrouvrait. Mansfield, à l’aise en toutes circonstances, l’invita à entrer avant de me présenter. Je scrutai le garçon d’un oeil alerte. Je ne le connaissais pas et il me semblait ne l’avoir jamais vu. Etrange pour un Serdaigle. Je n’étais certes pas très physionomiste mais nous n’étions pas si nombreux que cela à partager l’écusson à l’aigle. « Bonjourrr. » Sans quitter des yeux la recrue du jour, je sortis ma baguette et me dirigeai vers la porte pour la verrouiller. Personne n’entrerait ici sans y être préalablement invité. « Collaporrrta. » Le petit déclic se fit entendre, nous isolant un peu plus du reste du monde.

J’avais l’impression d’être sur des charbons ardents. Nous y étions. Le moment fatidique était arrivé. Enfin. Si tout se déroulait comme prévu, Erin n’allait pas tarder à mordre la poussière. Rien ne me ferait plus plaisir que de voir son visage collé au sol et son petit sourire sardonique se transformer en grimace. Je ne devais cependant pas vendre le venin de l’acromentule avant de l’avoir tuée. Il fallait rester concentrée. Cette phase n’était peut-être pas la plus compliquée mais elle nécessiterait certainement des ajustements minutieux qu’il ne fallait pas négliger. Blaze jouait à présent un nouveau rôle, à mi chemin entre le médicomage et le présentateur. Ils étaient décidément bien nombreux dans sa tête… Il monopolisait la parole et pendant ce temps, notre « partenaire » n’avait toujours pas dit grand chose. Plus je le regardais, plus j’étais dubitative. Il avait l’air maladif. « Il n’a pas l’airrr bien ton gars. Il ne va pas vomirrr au moins ? » Ce serait du gâchis. Qu’est-ce que Blaze avait bien pu lui dire pour le convaincre de venir et qui le mette dans un état pareil ?

D’un autre côté, j’étais assez soulagée de voir que je ne connaissais pas le sujet qui allait nous servir de test. C’était beaucoup plus simple et s’il ressortait un peu amoché, cela ne m’empêcherait pas trop de dormir. Par contre, si mon cher camarade n’apprenait pas un peu à tenir sa langue, c’est lui qui allait finir abîmé. Qu’est-ce qui lui prenait d’expliquer ce que contenait le chaudron ? Il avait l’air confiant, ce qui en revanche n’était pas vraiment dans mon tempérament. J’observai le sourire de Blaze, un peu troublée. J’avais l’impression que l’on parlait d’un elfe davantage que d’un être humain. Soit. « Au pirrre, il y a toujourrrs le sorrrtilège d’amnésie. » Auquel je ne m’étais jamais entraînée soit dit en passant. J’espérais ne pas avoir à essayer. « Prrrêts ? » La question était tout autant destiné à l’un qu’à l’autre. Je retournai près du chaudron, sortit de mon sac sans fond une petite louche et des flacons de différentes tailles. J’en choisis un de gabarit intermédiaire que je pris soin de remplir avec le précieux liquide. Si j’étais plutôt certaine des résultats de la potion, je n’avais en revanche qu’une idée très parcellaire de la quantité nécessaire pour obtenir ce que nous voulions. C’était là qu’intervenait la petite part de hasard indispensable à toutes les expériences…

(c) DΛNDELION

Boire un petit coup c'est agréable
retour au laboratoire

ft. @Blaze H. Mansfield, @Judith V. Sørensen & Sidney Driscoll

Lorsque j'ouvre la porte, j'ai l'impression de revenir des mois en arrière et de n'avoir que quelques morceaux d'informations... Je ne sais pas ce qui se passe dans cette salle, je ne sais pas ce que cette fille fait ici et je ne sais même pas ce que moi j'y fais... Un coup de main, je sais plus quoi... et comme la dernière fois, j'ai pas posé de questions... Je suis juste venu. Parce qu'il me l'a demandé... Je suis stupide. Vraiment... C'est de pire en pire avec le temps. Mais mon regard trouve rapidement le sien et il a l'air de savoir ce qu'il fait, alors comme la dernière fois, ça me rassure un peu. Et puis, il a promis de prendre soin de moi, tout ça, n'est-ce pas...? Alors je risque rien. …hein...?

— Salut, Sid’ entre !

J'obéis sans un bruit et referme discrètement la porte derrière moi, un sourire faible et gêné sur les lèvres. Je ne sais pas pourquoi je suis là. Je ne sais pas ce qui m'attend. Je ne sais pas pourquoi il y a un chaudron, pourquoi il y a de la compagnie... Est-ce que c'est pour faire des cours particuliers de potion...? En vrai, je dis pas que j'en ai pas besoin, mais ça colle pas vraiment avec son mot... Et puis, je ne sais pas si la présence de la fille me rassure ou me déçoit.

— Judith Sorensen, tu vois qui c’est ?
— Bonjourrr.

Je lui adresse un vague signe de tête avant qu'elle ne sorte sa baguette pour aller fermer la porte. Je la regarde faire avant de secouer la tête d'un air désolé. Pas vraiment, non... J'ai sûrement dû la croiser mais ça s'arrête là. Elle ne m'a pas marqué, on s'est probablement jamais parlé... Mais « Sorensen », c'est le nom du directeur, non ? C'est sa famille ou juste une coïncidence ? J'imagine qu'on s'en fiche, sinon il aurait mentionné un truc sur le sujet ou quelque chose comme ça. Je ne sais pas trop ce que je suis censé faire. Alors... alors je reste planté là, à deux pas de la porte, en attendant qu'on me dise ce qu'on attend de moi. Parce que je crois que je ne suis pas assez bête pour ne pas faire le rapprochement entre cette fois et la dernière... C'est pas « me donner un coup de main » le plan, c'est « lui rendre un service »... un service que je ne lui doit plus parce que je l'ai déjà fait la dernière fois... mais, qu'est-ce qu'il s'en fiche, hein... ? Il l'a dit l'autre jour, je peux râler, pas être d'accord, tant qu'à la fin...

— Sid est quelqu’un de chouette je pense que le contenu de la potion pourrait l’aider si tu vois ce que je veux dire...

Il... il le pense vraiment...? Je veux dire... il vient vraiment de dire à quelqu'un que j'étais chouette...? Durant une seconde, j'ai l'impression de toucher au Saint-Graal. Je me sens rougir bêtement alors je tourne la tête et fais mine de m'intéresser à ce qu'il y a autour de moi... pas grand chose en vrai... C'est juste une salle avec des bougies et un chaudron...

— Manque de confiance en soi.
— Il n’a pas l’airrr bien ton gars. Il ne va pas vomirrr au moins ?

Le plaisir et la pointe de fierté de ses premiers mots meurent aussi vite qu'ils sont nés... Je m'agite un peu, mal à l'aise. Ils parlent de moi comme si je n'étais pas là, comme si j'étais qu'un vulgaire rat de labo... C'est humiliant... mais je me rassure comme je peux en me disant que c'est pas pire que la dernière fois. Ça, je peux gérer, je crois... Alors je me concentre sur le chaudron en évitant soigneusement le regard de la fille qui s'en occupe. Je ne vois pas grand chose... mais même si j'avais le nez dessus, ça changerait rien, j'y connais pas grand chose en potions. J'espère juste que c'est pas un truc genre poison, « mort-aux-elfes » ou je sais pas trop quoi... Et comme s'il lisait dans mes pensées, il profite du silence ou de mon attention pour m'expliquer ce qu'elle est en train de préparer :

— La potion qu’on a préparé renforce les pouvoirs.

Je hoche la tête sans savoir quoi faire de cette information... Mais au moins, ça se rapproche un peu du mot. « Même sans baguette » blablabla... Je ne sais toujours pas ce que je suis censé faire, comme je peux les aider mais bon... Il me l'a pas complètement faite à l'envers au moins, c'est déjà ça...

— Mais j'ai confiance en lui. Si on lui dit de la fermer, il la ferme. Hein Sidney ?

Je pose timidement les yeux sur lui. Je n'aime pas la façon dont il me parle... J'ai l'impression qu'il s'adresse à son chien ou quelque chose comme ça... à « son elfe » en réalité. Et cette constatation, presque cette évidence, me pousse à baisser la tête. J'ai honte. J'aurais aimé qu'il m'épargne ça... au moins en public et devant une fille que je connais même pas. Mais malgré tout, je hoche la tête, dans un effort visible.

— Au pirrre, il y a toujourrrs le sorrrtilège d’amnésie.

Qu-quoi ?! Non ! Hein...? Ils allaient pas vraiment faire ça !? Je jette un œil à la porte comme si ça allait la faire s'ouvrir alors que la fille a jeté un sort dessus pour la fermer. Je me tends imperceptiblement, mon estomac se noue plus encore alors que mon regard se reporte sur lui, se fait insistant, cherche à obtenir la certitude que c'est pas sérieux et qu'ils me jetteront aucun sort. Je ne parlerai pas ! Je ne dirai rien ! Il le sait, n'est-ce pas ? J'ai jamais rien dit jusque là ! Je veux pas lui attirer d'ennuis, je le ferai pas cette fois non plus ! Je suis prêt à le promettre, à le jurer, à faire n'importe quoi pour qu'ils me jettent pas de sorts ! Le souvenir du mannequin me revient, l'explosion, les menaces – je ne sais plus si c'en était vraiment – et je dois perdre le peu de couleurs que mon visage avait encore... Je garderai le secret, pitié, me faites pas de mal.

— Prrrêts ?

Comme un enfant, je le consulte une fois de plus, attendant simplement qu'il acquiesce pour nous deux. Je sais pas pourquoi je suis censé être prêt mais... j'imagine que s'il estime que je le suis, c'est sûrement que c'est le cas...

(c) jawn

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines

Alors que Sidney pénétrait dans la pièce, tout gauche de sa timidité, Blaze darda sur lui un regard affectueux. Le pouvoir qu’il exerçait sur le jeune homme le lui rendait sympathique, dépouillé qu’il était de tout caractère menaçant. Avec les autres garçons, au fond, il y avait toujours un risque, une rivalité larvée qui pouvait se réveiller pour une mauvaise blague ou le regard des filles. Pas avec Sidney. Avec Sidney il n’y avait rien à craindre. Rien du tout.

- « Il est toujours comme ça. » répond-il à Judith qui demande si leur « cobaye » ne risque pas de rendre son déjeuner. « Au pire, ce sera pas la fin du monde. »

Vu le prix des ingrédients, ça serait quand même cher la gerbe, mais c’est le principe de tester la potion avant : mieux vaut quelques nausées maintenant que de découvrir plus tard que toute la mixture a foiré.

Tout en expliquant qu’il a confiance en Sidney, Blaze suit du regard sa camarade qui s’occupe de sceller la porte sur eux avant de s’en retourner s’affairer près du chaudron. Judith sait ce qu’elle fait, c’est bien pour ça qu’elle est une alliée précieuse. Sidney, lui… c’est plus compliqué. Blaze a toute confiance en sa loyauté, mais aucune dans son courage. Les défauts de ses qualités en sommes.

- « Non pas d’effacement de mémoire. » dit-il en secouant la tête, percevant le regard presque implorant du jeune homme à qui il rend un clin d’œil. « J'ai complètement confiance en lui. »

Normal que Judith soit méfiante, c’est la première fois en deux ans qu’un tiers est à ce point impliqué dans leur plan, et pire que ça elle ne le connaît même pas.

Il n’y a qu’à regarder Sidney pour s’en rendre compte. Le pauvre passe du cramoisi à la blancheur de la craie selon comment tourne la discussion et la moitié des regards qu’il lance à Blaze réclament son approbation. C’est grisant. Cruellement grisant. Le caractère du jeune homme est en une nouvelle fois émoustillé, au point de presque faire passer la dégustation de potion au second plan. Presque, faut pas déconner. Mais quand même.

- « On est prêt. » répond-il à Judith tout en adressant un sourire encourageant à son camarade. « Normalement tu devrais ressentir le pouvoir monter en toi et ça décuplera ton potentiel magique, faudra que tu lances un sort pour essayer, fais le plutôt vers le côté de la pièce où on est pas, ok ? »

Il fixe Sidney en parlant, comme un coach donne ses dernières instructions à son poulin, mais du coin de l’œil, perçoit l’hésitation de Judith. Oui, il en dit trop. Il soupire, fixe la jeune fille.

- « Sidney est loyal je te dis. Il n’y a pas à s’inquiéter. » Son regard repasse au garçon. « Fais trois flexions s’il te plaît. »

Boire un petit coup c’est agréable

Judith & Blaze & Sidney

« Il est venu le temps des… cobayes ! »

Ce Sidney me mettait mal à l’aise. Il n’avait pas décroché un mot, ne serait-ce que pour dire bonjour depuis qu’il était entré. Il l’avait pêché où son cobaye ? Dans un service psychiatrique de Sainte-Mangouste ? Il savait parler au moins ? Parce que pour lancer des sorts, c’était plus efficace avec la parole. A moins qu’il ne maîtrise les sortilèges informulés mais j’aurais mis à ma main à couper que ce n’était pas vraiment le cas. Je continuais de le scruter dans les moindres détails. Cela ne devait sans doute pas le rassurer mais je m’attendais à ce qu’il défaille à la moindre seconde qui passait. Le garder à l’oeil me permettrait de réagir prestement si jamais il venait à s’évanouir. Ce n’était peut-être pas la « fin du monde » pour Blaze mais déjà c’était sale et pour finir je n’avais pas envie de gaspiller une potion qui nous avait demandé tant d’énergie et de temps. Il n’était pas question d’une vulgaire pimentine.

Je continuai à remplir mes petits flacons de différentes tailles, attendant le feu vert de mes compagnons. Si toutefois on pouvait vraiment qualifier Sidney de compagnon car pour le moment il était plus proche de la statue de marbre que de l’humain en chair et en os. Pas d’amnésie… J’acquiesçai silencieusement, sans me prononcer davantage. Si le besoin s’en faisait sentir, je ne demanderai l’avis ni de l’un ni de l’autre. Dans mon sac, j’avais de quoi faire qui ne nécessitait pas d’utiliser ma baguette et là le dosage, je le connaissais parfaitement. J’aurais pu faire oublier à un né-moldu son statut de sang sans altérer aucune autre faculté. Le résultat aurait été fort curieux par ailleurs.

Blaze parlait pour deux, s’exprimant à la place du jeune Serdaigle. Je jetai un regard à Sidney pour m’assurer qu’il validait les dires de son camarade mais c’était peine perdue. Il aurait été plus facile de serrer la main d’un fantôme que de lui arracher une syllabe. Mon entrain commençait à diminuer. Peut-être que je m’étais un peu trop habituée aux débordements du préfet bleu. Je pris la fiole que j’avais sélectionnée. Ni trop grande, ni trop petite. Cela serait moins long que d’augmenter la quantité à chaque prise. En partant d’une valeur moyenne et en comparant aux résultats obtenus, les essais seraient certes plus hasardeux mais ils prendraient aussi moins de temps. Je laissai à Mansfield le temps de terminer son explication et posai la fiole sur un petit guéridon branlant, juste devant notre testeur. « Quand tu serrras prrrêt Sidney. » Mais pas dans dix heures non plus. Nous n’avions pas toute la nuit devant nous.

Quelque chose dans la posture de Blaze me gênait. De sa part, je n’avais jamais eu à subir une attitude comme celle-ci. Il m’avait fallu quelques minutes pour comprendre pourquoi je me trouvais incommodée et à quoi cela me faisait penser. Mais à la seconde où il demanda à Sidney de lui obéir, je compris. Et c’était justement la raison qui m’avait poussée à accepter de collaborer avec lui. Je ne serai plus jamais la victime de ma soeur. Terminées les humiliations. « Arrrrête. Ce n’est pas la peine d’aller jusque là, je te crrrois. » Du moment qu’il était capable de tenir sa langue, je me fichais bien de savoir à quel point il était docile. J’éprouvais un mélange de pitié et de compassion pour Sidney et je n’étais pas certaine d’apprécier ce que je voyais de Blaze. « Rrrevenons plutôt à nos moutons. »

(c) DΛNDELION

Boire un petit coup c'est agréable
retour au laboratoire

ft. @Blaze H. Mansfield, @Judith V. Sørensen & Sidney Driscoll

— Il est toujours comme ça. Au pire, ce sera pas la fin du monde.

J'ai envie de leur rappeler que je suis là, que je les entends... Mais dans le fond, je suis à peu près sûr qu'ils s'en fichent... et ils ont raison... Alors je m'épargne cet effort et me contente de faire semblant de ne rien capter... La dernière fois, ça n'était pas vraiment comme ça... Avec Skyler et Bella, je veux dire... Je ne dis pas que je me sentais plus à ma place, franchement non, mais il me traitait moins comme un simple objet... Je sais pas. Même dans la salle sur demande... Est-ce que toutes ses promesses n'étaient que des mots en l'air...? Je sais que oui, bien sûr, il y a une petite voix qui ne fait que me le répéter depuis le début, mais je sais aussi que si je commence à l'écouter, ce serait la fin de tout... Parce que ça changerait rien à la situation, déjà, et que ce serait sûrement plus difficile encore à supporter sans l'espoir qu'il puisse faire quoi que ce soit pour moi ou, en tout cas, pas seulement pour lui... Sous mes yeux, la vie continue comme si je n'étais pas là. La fille s'occupe de son chaudron et lui... il reste égal à lui-même. Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose mais je dois bien reconnaître qu'avoir un truc constant me rassure un peu... même si c'est vexant. Je les laisse faire, je me fais oublier. Comme souvent. Et ça me va assez bien. Ils sauront se souvenir de ma présence quand ils en auront besoin. Il n'y a que lorsqu'elle envisage de m'effacer la mémoire pour que je me taise que je donne enfin l'impression de suivre cette conversation et le supplie littéralement des yeux pour intervenir. Je veux bien faire beaucoup pour aider, même donner de ma personne, il le sait, mais je veux pas qu'on me lance de sorts ! J'ai rien fait pour mériter ça ! Je parlerai pas !

— Non pas d’effacement de mémoire. J'ai complètement confiance en lui.

Son clin d'oeil autant que ses quelques mots m'arrachent un sourire reconnaissant. Voilà. Pas d'effacement de mémoire. Qu'on me laisse tranquille. S'il vous plaît. La fille acquiesce dans son coin et la panique cède la place au soulagement. Je ne sais toujours pas vraiment ce que je fous là mais je commence à bien vouloir croire que je ne risque rien. Il veille sur moi. Je me détends légèrement. Les choses prennent forme, je crois. Laquelle exactement c'est encore flou mais j'ai fini par me faire à l'idée de ne jamais vraiment savoir où il m'entraîne. C'est jamais bien, de toute façon... Jamais hyper mauvais non plus... Enfin, je m'en remets toujours, en tout cas. Je crois...

— On est prêt.

Je sens le regard de la fille se poser sur moi... ça me met mal à l'aise. On est prêts, il vient de le dire, je vois pas ce que je peux rajouter de plus.

— Normalement tu devrais ressentir le pouvoir monter en toi et ça décuplera ton potentiel magique, faudra que tu lances un sort pour essayer, fais le plutôt vers le côté de la pièce où on est pas, ok ?

Je hoche la tête... Je suis pas complètement débile non plus, je me doute bien qu'il faut pas que je les vise. Durant une seconde, je sais pas s'il le précise parce qu'il me prend vraiment pour un demeuré ou parce qu'il craint que ça puisse me venir à l'idée. Et ça me peine plus qu'il le faudrait... Il a dit qu'il avait complètement confiance, non...? La fille pose une fiole devant moi. J'aimerais dire que la confiance complète est réciproque mais... mais c'est pas le cas. J'imagine qu'ils ont pas le droit d'essayer de me tuer et que quelqu'un finirait par remarquer ma disparition si ça tournait mal... Au moins Harriet... au moins en cours... Mais avant d'y passer, il y a un éventail immense de trucs pas ouf et j'arrive pas à me convaincre que cette potion ne fait pas partie du lot. Le regard que je pose dessus se fait hésitant.

— Quand tu serrras prrrêt Sidney.

Je hoche la tête une fois de plus. Ce n'est pas comme si j'avais vraiment le choix, de toute façon. J'ai accepté de venir, ça se ferait pas trop de changer d'avis maintenant... Il serait déçu... Il m'en voudrait... Après, j'ai pas vraiment accepté ça non plus... je veux dire, j'étais pas au courant. Mais bon, j'avais qu'à poser des questions, aussi, c'est ma faute, c'est pas à eux de devoir composer avec mes bêtises... Alors je prends sur moi et attrape la fiole juste au moment où il reprend la parole :

— Sidney est loyal je te dis. Il n’y a pas à s’inquiéter.

Juste ça, ça me convainc de le faire, leur truc. Je ne sais pas s'il me voit vraiment comme un ami potentiel – je ne suis pas sûr d'avoir envie de le considérer comme un des miens, en vrai, c'est trop... bizarre – mais toutes les choses gentilles qu'il arrête pas de dire à mon sujet depuis tout à l'heure me pousse à aller dans son sens. On respire, on se détend, c'est juste une potion, ça va aller.

— Fais trois flexions s’il te plaît.

Et là, c'est le bug complet. Je comprends pas. J'ai un blanc, littéralement. Je relève les yeux vers lui, la fiole quelque part entre la table et mes lèvres. P-pardon...? L'incompréhension doit se lire sur mon visage tant elle est violente. Je secoue la tête. Je veux pas faire ça, c'est stupide. Je veux bien rendre service mais je suis pas non plus son bouffon ! Le silence qui répond à mon refus en dit plus long que tous les mots qu'il pourrait prononcer. Je resserre ma prise sur la petite bouteille, histoire de me raccrocher à quelque chose. Je secoue la tête une fois de plus mais les convictions ne sont déjà plus les mêmes. Je baisse les yeux, fixant sans la voir la mixture entre mes doigts. J'ai le droit de protester mais... à la fin... Je me risque à jeter un nouveau regard dans sa direction, plus suppliant encore... M'oblige pas à faire ça, s'il te plaît... Il sait sûrement qu'il ne lui faudra pas attendre longtemps pour avoir gain de cause et je le sais tout aussi bien. J'essaye juste de lui faire entendre raison, dans un élan de désespoir total. Je suis pas un jouet...

— Arrrrête.

Ça sort tellement de nulle part que je sursaute, dardant sur elle tous les mercis silencieux du monde.

— Ce n’est pas la peine d’aller jusque là, je te crrrois.

J'ai du mal à réaliser ce qu'il se passe, pourquoi cette fille que je ne connais pas intervient en ma faveur, comment elle peut être si tranquille pour le faire... Je veux dire... quand j'ai essayé la dernière fois... Les souvenirs de ce tête-à-tête me reviennent et ramènent avec eux une nausée gênante.

— Rrrevenons plutôt à nos moutons.

Je hoche la tête, le cœur battant à tout rompre. Je suis en train de désobéir... et je suis totalement effrayé par les conséquences que ça pourrait avoir... Il ne va plus avoir confiance ? Il va me détester ? Se venger...? Faire pire la prochaine fois...? Quelque part, je m'en veux de lui faire ça mais... mais ce qu'il me demande à pas de sens... mais il avait dit « s'il te plaît »... Je suis désolé... je suis tellement désolé...! Je n'ose même pas le regarder de peur de voir toute sa déception. J'ai l'impression de faire une bêtise. Mon cœur bat si fort que je crois qu'il va exploser ou que je vais m'évanouir... Toujours sans me risquer à relever les yeux vers lui, j'avale la potion d'un trait, sans réfléchir. Quoi que ce soit en vrai, ça peut pas être pire que la situation actuelle. Plus vite on passera à la suite, mieux ce sera. ...enfin j'espère. Le liquide coule dans ma gorge en laissant derrière lui un goût affreux. Il faut lutter pour ne pas tout recracher tellement c'est dégueu' mais j'ai assez fait n'importe quoi pour l'instant pour ne pas en rajouter une couche en plus. Je grimace, c'est plus fort que moi. Mais vraiment, ils ont goûté avant de me le filer...? Et même si j'aurais aimé prétendre ne pas savoir... je sais très bien que non, ils l'ont pas fait... Que je sers de cobaye, une fois de plus... Il faut quelques secondes pour que je remarque que je me sens un peu « différent »... comme une chaleur inconnue qui se mêle au sang qui coule dans mes veines... mais de là à dire que « je ressens le pouvoir »... je sais pas. C'est peut-être juste une réaction allergique. Aida a dit une fois que le produit qu'ils mettent pour les IRM ça fait ça. Genre... chaud... ou froid en fonction du produit... et qu'elle s'était mise à se gratter pendant au moins dix ou quinze minutes après ça. C'est peut-être la même chose...? Si c'est le cas, on verra bien. En attendant, je m'en tiens à ce qu'on m'a demandé de faire... Je me raccroche aux branches comme je peux... Je n'ai pas vraiment réfléchi à quel sort je devais lancer... Mon regard se perd dans la pièce à la recherche d'une idée, en prenant bien soin de les éviter tous les deux. De l'autre côté, qu'il a dit... Alors je m'exécute et offre toute mon attention à une petite boule de poussière qui traîne sous la fenêtre. J'ouvre la bouche et la referme sans un bruit... avant de me retourner malgré tout vers lui, comme pour m'assurer que je fais pas de bêtise, que c'est bien ce qu'il attend de moi... qu'il m'en veut pas trop...

— Am-amplificatum, je bredouille péniblement d'une voix maladroite – sûrement le seul mot que j'ai prononcé de la journée – alors que j'agite les doigts dans la direction de la poussière.

Je m'attends à ce qu'il ne se passe rien. Le manque de conviction dans ma formule, l'angoisse qui me noue l'estomac, la pression d'être au centre de l'attention... mais contre toute attente, elle grossit... grossit... jusqu'à atteindre la taille d'un petit poney, quelque chose comme ça... Je ne suis pas certain que ça soit vraiment ce genre de truc que j'étais censé faire mais, mine de rien, je suis soulagé de pas avoir raté. J'ai pas envie qu'il pense que je lui sers jamais à rien... et quand je me retourne à nouveau dans leur direction, je ne peux m'empêcher d'espérer qu'il ait l'air satisfait.

Effets de la potion et réussite du sort ici*

(c) jawn

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines

Pourquoi ses camarades se montraient-ils si rabat-joie… ? Bon, venant de Judith, la jeune fille n’avait jamais fait preuve d’un incroyable enthousiasme pour autre chose que les potions. Et concernant Sidney… bon, c’était Sidney, il ne fallait pas attendre de lui une joie de vivre débordante. Lorsque sa camarade le rabroua un peu sur son comportement, le jeune homme se contenta de hausser les épaules, un peu frustré.

Il avait beau savoir au fond de lui que mieux valait se montrer discret quant à ses rapports avec Sidney, surtout que ceux-ci étaient susceptibles de lui apporter quelques ennuis avec l’administration si quelqu’un venait à apprendre qu’il avait placé son camarade sous son emprise, cette raison raisonnable s’opposait fortement au penchant frimeur du garçon qui avait du mal à ne pas partager son excitation avec les autres quand quelque chose l’enthousiasmait sincèrement. Mauvaise pioche, Judith semblait assez peu réceptive et il dû ravaler son excitation pour laisser la suite de l’expérience se dérouler convenablement.

- « Ok ok… » prononça-t-il d’un air légèrement bougon avant d’adresser un haussement d’épaules à Sidney, presque désolé.

Une curiosité en chassant une autre, Blaze observe le flacon que Judith vient de remettre à Sidney qui l’avale avec une grimace. Les potions ont rarement bon goût, c’est une règle de base.

Sidney semble hésiter – comme d’hab – s’il attend trop, Blaze lui mettra un coup de pression, impatient de savoir si la potion a fonctionné. Mais non, d’une voix chevrotante, le jeune homme prononce sa formule en agitant la main vers… rien.

- « Sidney sait faire de la magie sans baguette. » dit-il d’un ton presque fier à Judith. « Mais ça reste entre nous, OH GENIAL ! »

Sous leurs yeux, un de ces grains de poussière vient de gonfler, s’élargir, prendre la taille d’une orange, puis d’un ballon de foot, puis d’un chien… un instant Blaze se dit qu’elle ne va pas s’arrêter de grossir, les écraser dans la salle de classe, mais non, la poussière se stabilise bientôt, arrachant un éclat de rire au jeune homme.

- « On a réussi !! »

Il s’approche de la poussière, la repousse du pied, puis se met à éternuer, toujours en riant, à cause de ses allergies.

- « Judith ça a marché ! » son regard cherche celui de la jeune fille !

Deux ans de travail secret et le résultat est là, même un incapable comme Sidney capable de lancer un sortilège d’une précision et d’une efficacité déconcertante… Des nuits blanches, des heures à la bibliothèques, des sueurs froides à se faufiler dans la réserve pour y dégoter des ingrédients rares, tout cela a payé ! Pour un peu, il les prendrait tous deux dans ses bras, mais aucun de ses camarades n’apprécierait, il gage.

Une tape pseudo virile sur l’épaule de Sidney, accompagnée d’un sourire sincère, son attention se reporte sur la jeune fille, l’œil rieur.

- « Tu vas faire ça en public ou ça restera en famille ? »

Erin. C’est la pierre angulaire du projet, en tout cas c’est sur cette corde qu’a joué Blaze lorsqu’il a fallu convaincre la cadette des Sorensen de se joindre à son projet. Blaze ne serait pas contre voir la batteuse de Poufsouffle écrasée devant toute l’école, cela lui rappelle les films de vengeance qu’il aime bien. Au demeurant, lui n’a rien contre Erin, fut un temps on aurait même pu dire qu’ils s’appréciaient.

Lui sait très bien à quoi va lui servir la potion. A lui.

Boire un petit coup c’est agréable

Judith & Blaze & Sidney

« Il est venu le temps des… cobayes ! »

Mon enthousiasme avait été en partie soufflé par l’attitude de Blaze à l’égard de Sidney. Lorsque nous avions convenu d’utiliser une personne tierce comme cobaye, je ne m’étais pas forcément attendue à ce qu’il la traite comme un vulgaire elfe de maison. D’un autre côté, je n’avais aucune idée de ce qu’avait bien pu faire notre testeur pour en arriver là. Mais à voir la grande docilité dont il semblait faire preuve, j’avais un doute sur le fait qu’il ait pu faire du tort de quelque manière que ce soit à un personnage comme Mansfield. Il avait tout sauf l’étoffe d’un meneur. Contrairement au préfet bleu. Mon intervention suffit néanmoins à arrêter l’humiliation publique. Tant mieux, je n’aurais pas vraiment su comment réagir. Blaze avait l’air un peu déçu d’être ainsi coupé dans son élan. Et cela m’était totalement égal. Il pouvait avoir toute l’emprise qu’il voulait sur Sidney, il ne me faisait pas peur pour une mornille. Il faut dire qu’Erin avait mis la barre très haute en matière de cauchemars.

Le contenu du flacon fut avalé d’une traite mais le jeune homme ne dégaina aucune baguette. Il se fichait de nous ? Il ne pensait tout de même pas que j’allais rester plantée là à le regarder gaspiller une dose du liquide que nous avions mis tant de temps à fabriquer ? Avant que je n’ai eu le temps d’intervenir, il ouvrit la bouche pour prononcer une formule. Au moins il savait parler. Mais il n’avait toujours aucune arme à la main. Je n’allais pas tarder à voir rouge. Blaze éclaira ma lanterne, évitant ainsi que je ne m’en prenne à Sidney. « De la magie sans baguette ? C’est trrrès intérrréssant ! » Je n’eus pas le temps de poser davantage de questions. Dans un recoin, une boule de poussière s’était mise à grossir jusqu’à atteindre une hauteur que j’estimais s’approcher du mètre. Aucun son ne sortit de ma bouche tant la surprise était grande. A côté de moi, Mansfield ne se retenait plus. Au moment où son regard croisa le mien, un immense sourire fendit mon visage en deux. « Diantrrre oui ! Et du prrrmier coup ! » Pour un peu, je lui aurais sauté au cou. Mais quelque chose dans mon éducation m’empêchait de me livrer à ce genre d’effusion. Tous les verrous imposés par ma naissance n’étaient pas encore tombés et certains demeureraient certainement en place pour le restant de ma vie. Que je le veuille ou non.

Je ne pouvais plus décrocher mon regard de cette énorme poussière. Tout cela était tout bonnement incroyable ! Je m’approchai de l’exploit et dégainant un mètre ruban de mon sac sans fond, je consignai les mesures de l’expérience dans un petit calepin de cuir. « Dis Sidney, ça ne t’embêterrrait pas de rrréssayer d’ici, disons, dix ou quinze minutes ? Je voudrrrais voirrr à quelle vitesse les effets décrrroissent. » Il serait assez fâcheux de voir ces fantastiques pouvoirs m’abandonner au milieu d’une situation critique. Mieux valait avoir toutes les cartes en main avant de passer à l’acte. La question de mon acolyte me stoppa net dans mes observations. « Tu savais depuis le déparrrt ce que j’allais en fairrre ? » Je ne pensais pas que ma relation avec ma soeur était si connue que cela. En règle générale, nos secrets de famille ne sortaient pas trop du placard. Mes propres frères avaient toujours fermé les yeux sur ce qui se passait, j’étais donc d’autant plus étonnée que quelqu’un d’extérieur sache à quoi s’en tenir. Et dire que je n’avais strictement aucune idée du but qu’il poursuivait. Avec ce que j’avais appris de lui au fil des mois, j’imaginais qu’il n’était pas juste question de curiosité de l’esprit et d’amour de la science…. Je jetai un coup d’oeil à Sidney. Inutile de poser la question, Blaze ne répondrait sans doute pas devant son souffre-douleur.

(c) DΛNDELION

Boire un petit coup c'est agréable
retour au laboratoire

ft. @Blaze H. Mansfield, @Judith V. Sørensen & Sidney Driscoll

Je les entends qui continuent de parler derrière moi. Je sais pas ce qu'ils disent, j'essaye de me concentrer sur ce que je dois faire : un sort de l'autre côté de la pièce. Ça aurait été plus facile si on m'avait dit lequel... mais bon, à tous les coups ça en aurait choisi un que je sais pas faire et ça aurait été un peu la merde... Je finis par jeter mon dévolu sur la poussière qui traîne sous la fenêtre. C'est pas ouf mais j'imagine que c'est à mon niveau. Sans faire un truc exceptionnel, je pense que ça peut prendre la taille d'une cerise ou d'une petite tomate, quelque chose comme ça. Juste qu'on la voit bien, quoi. Enfin... encore faut-il que je réussisse mon sort et avec leurs regards braqués sur moi, autant dire qu'il y a peu de chance. Mais contre toute attente, non seulement le sortilège fonctionne mais en plus la poussière grossit... grossit... grossit... Elle devient énorme ! Elle nous arrive limite aux hanches, au moins !

— ...OH GENIAL !

Quand elle s'arrête, j'ai du mal à croire que c'est moi qui ai fait ça. Je veux dire... je sais lancer des sorts, ça va... pas forcément des très difficiles mais je suis pas non plus la pire nullité du monde... mais j'ai jamais réussi un truc aussi bien ! Il y a une pointe de fierté que j'arrive pas à canaliser. Et puis, mine de rien, j'ai réussi à me rendre utile. Avec un peu de chance, ça lui fera oublier que j'ai désobéi. C'est quand même prudemment que je tourne la tête dans leur direction, en espérant que c'était bien ça qu'ils voulaient. Ils ont pas précisé alors... mais bon... Son exclamation avait l'air satisfaite, quand même.

— On a réussi !!

Je ne me sens pas vraiment inclus dans ce « on » même si, concrètement, c'est mon sort et tout... Et je suis à peu près sûr que je n'en fais pas partie. C'est leurs affaires, leur potion, moi, je suis juste là pour jouer les cobayes... Et on ne prend pas la peine compter un rat de laboratoire dans son équipe. Il se met à rire, s'approche de la poussière, met un coup de pied dedans, éternue, rit encore... J'ai du mal à suivre. La seule chose que je sais, c'est que je me sens soulagé. J'ai fait les choses bien. Mieux qu'avec Bella. Dans le fond, peut-être que j'espère un peu aussi qu'il ne pensera plus que je lui suis redevable et qu'il me verra comme un ami plus que comme un elfe... même si je suis pas certain d'avoir envie d'être son ami... Mais c'est stupide, tout le monde en a envie !

— Judith ça a marché !
— Diantrrre oui ! Et du prrremier coup !

Je suis simple spectateur de leur victoire... Je ne la comprends pas vraiment de toute façon. Je ne sais pas exactement de quoi il est question, le projet qu'il y a derrière tout ça. Mais c'est un peu frustrant... ça fait de la peine, plus que je l'aurais cru. Je sais plus quoi faire, je me sens à nouveau en trop dans cette salle. Ils n'ont plus besoin de moi, je pense que je vais rentrer. Il a dit pas longtemps et j'ai pas envie d'avoir des ennuis pour être dehors après le couvre-feu. C'est déjà assez pénible comme ça en ce moment. Mais mes plans sont vites balayés :

— Dis Sidney, ça ne t’embêterrrait pas de rrréssayer d’ici, disons, dix ou quinze minutes ? Je voudrrrais voirrr à quelle vitesse les effets décrrroissent.

Je secoue simplement la tête. Dix-quinze minutes... d'accord... Et après je rentre alors. De toute façon, je ne vois pas trop à quoi je serre, ici, maintenant. Déjà que c'était pas flagrant avant... Elle tire un mètre de son sac, prend des notes alors qu'il en profite pour me mettre une tape sur l'épaule qui me fait sursauter. Je réponds à son sourire par un plus gêné et déjà son attention est reparti. Je me suis souvent senti invisible, et j'en ai souvent joué aussi, ça me va en général qu'on fasse pas attention à moi, mais là... Ça m'embête. Je dis pas que j'ai vraiment un rôle à jouer dans leur truc, c'est pas vrai, mais... mais on m'a demandé de venir, on m'a demandé de participer... Je m'attendais pas vraiment à être à ce point mis à l'écart.

— Tu vas faire ça en public ou ça restera en famille ?
— Tu savais depuis le déparrrt ce que j’allais en fairrre ?

Ils parlent à demi-mots, je ne comprends pas grand chose. Je suppose que c'est de leur potion dont il est question mais ça reste vague... Le silence qui s'installe m'arrache un frisson mal à l'aise. Le regard de Judith se pose sur moi, il s'y attarde pas mais ça suffit à me faire comprendre que je dérange. Ils... ils voudraient parler tranquillement, sûrement... Je baisse les yeux, le cœur plus lourd que prévu. Après, c'est normal c'est leur réussite, ils ont envie de fêter ça comme il faut... et on fête rien avec les cobayes, c'est évident.

— Je... je peux vous laisser et... et r-revenir dans dix minutes...?

Ou jamais... j'ai fait ma part du travail, n'est-ce pas...?

(c) jawn

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines

L’excitation de Blaze était à son comble : non seulement ce projet long de deux ans – et deux ans c’est long dans la vie d’un adolescent – venait d’aboutir sous leurs yeux, mais les possibilités qui s’offraient à eux rabattaient indiscutablement les rapports de force de l’école. Ils allaient cesser de subir à présent.

Judith, toujours plus contenue, semblait également prendre la mesure de ce qu’ils avaient réalisé. C’était en grande partie grâce à elle, d’ailleurs, même si ne se l’avoueraient pas. Seul Sidney continuait de se faire discret, toujours un peu gêné, acceptant silencieusement de relancer son sortilège d’ici une dizaine de minutes.

Pour l’heure, Blaze n’a guère d’attention à lui accorder. Il pense à de grandes choses et Sidney… bon, ce n’est pas le public adéquat pour les réalisations glorieuses. Judith, elle, sait apprécier la saveur de cet exploit. Lorsqu’il lui demande comment elle compte s’y prendre face à Erin, la jeune fille semble étonnée, lui répond par une question.

Blaze plisse les yeux, prend le temps de la fixer un instant. N’en ont-ils jamais parlé ? Peut-être pas. C’est fou comme certaines choses peuvent rester sous le tapis. Fut un temps, le jeune homme trainait un peu avec Erin, difficile de passer à côté du mépris que cette-dernière vouait à sa cadette. Lui il aimait bien Erin. Mais finalement, Judith s’était avéré beaucoup plus intéressante.

- « On passe rarement deux ans sur un projet comme ça sans bonne raison, non ? » répond-il, question contre question. « Je juge pas, hein, chacun ses démons. »

Blaze est un romantique, alors les grandes histoires de vengeance, ça lui parle. Mieux, ça l’intéresse. C’est pour ça qu’il aimerait bien assister à ce duel soricide, même si connaissant le caractère de sa camarade, il s’attend plus à ce qu’elle règle ses comptes en privé, dans un lieu discret et sans témoin.

La voix de Sidney le coupe dans sa réflexion alors qu’il demande à les quitter. C’est vrai que le jeune homme est assez insignifiant, au point que Blaze parle librement face à lui.

- « Non attends ! »

Le garçon a toujours de la potion dans les veines, il faut en profiter tant qu’un peut.

- « On va essayer avec un sort que tu ne maîtrises pas. Pour voir si ça augmente aussi leur accessibilité, tu vois. »

Il réfléchit, cherche quelque chose de complexe et si possible de marrant. Vu comment son camarade a réussi à agrandir un simple grain de poussière, il ne doute pas qu’une formule plus ambitieuse pourrait donner des résultats tout à fait magistraux !

- « Tu connais le sortilège de bulla aeternam ? Ça… arrête le temps. Enfin, pas vraiment, ça préserve un lieu dans un état, en quelque sorte. C’est très difficile à lancer, seuls les plus grands y parviennent. »

Et pour cause, Blaze a plusieurs fois essayé sans jamais y parvenir. Réussir à mettre une pièce hors du temps, pour une sieste, pour une séance de révision, lire un livre, s’entrainer ou passer un moment avec Skyler… il y aurait mille chose à faire, surtout depuis que Sorensen l’accable sous les devoirs supplémentaires. Si Sidney y parvient, alors lui, Blaze, ne devrait avoir aucun mal à réussir non plus.

Boire un petit coup c’est agréable

Judith & Blaze & Sidney

« Il est venu le temps des… cobayes ! »

Je n’avais jamais cru pouvoir être transcendée de la sorte par cet exploit. Mais justement, c’était un exploit. Et j’accordais un crédit bien plus important à cette réussite qu’à toutes les autres. Deux ans ! J’étais tenace, c’était une certitude mais là, nous battions des records de persévérance. Quelque chose à l’intérieur de moi bondissait et cette sensation surpassait de loin toutes celles que j’avais vécues jusqu’à présent. Mélange de fierté intense, de satisfaction, de bonheur et d’excitation inconnus jusqu’alors. Et dire que j’avais fait tout cela dans l’unique but de me venger de ma soeur. Il y avait bien un peu de goût pour la recherche et les projets difficiles mais sans cette ultime motivation, Blaze ne serait jamais parvenu à me convaincre. Cependant j’étais un peu vexée de comprendre qu’il n’avait jamais ignoré l’objectif que je poursuivais. J’avais la sensation d’avoir été manipulée et cela ne me plaisait guère. Mais l’heure était aux réjouissances et nous avions de quoi faire ! « L’amourrr de la science ne suffit pas ? » Mon ton était ironique. « Je serrrais currrieuse de savoirrrr surrr qui tu comptes prrrrendrrre l’ascendant avec cette potion. » Il ne répondrait sans doute jamais. Mais connaissant Mansfield, j’entendrais parler de lui bien assez tôt. Du moment qu’il ne me mêlait pas à ses histoires, j’arriverais à me satisfaire de rester dans l’ignorance pour une fois.

Le boulot n’était pas tout à fait terminé. Les résultats étaient là mais il restaient tout un tas de paramètres à observer. Nous devions comprendre la manière dont fonctionnait cette potion pour la maîtriser de bout en bout. Connaître ses effets, ses limites, les quantifier. Tout cela faisait aussi partie du travail. Mais cela paraissait si facile et si simple après tout ce chemin parcouru. Un vrai jeu d’enfant ! Les idées de Blaze complétaient les miennes. Retenir Sidney avant qu’il ne s’échappe n’était pas idiot. J’avais comme l’impression qu’il ne serait jamais revenu. Ce qui aurait été fort fâcheux car cela nous aurait obligés à dégoter un nouveau cobaye pour nos tests et à retarder nos essais personnels. Continuer à l’occuper pendant que nous consignions nos remarques était sans doute la meilleure stratégie. La possibilité que cela fonctionne sur des sortilèges que nous ne maîtrisions pas était une opportunité géniale. Cela ouvrait des perspectives incroyables ! « Ce serrrait forrrmidable ! Vas-y Sidney, essaie pourrr voirrr ! » Ce sort était un excellent choix auquel je n’aurais pas pensé. Si je pouvais m’enfermer dans une pièce piégée dans le temps pour lire des heures durant sans être perturbée par les activités du commun des mortels, mais quel bonheur ! Ou enfermer Erin dans cette bulle temporelle et profiter des effets de la potion à mon aise, lui faire payer des années d’humiliation. Mais mon esprit divaguait, je devais rester les pieds sur terre encore un peu. Rien ne nous disait que cela allait fonctionner et que Sidney parviendrait à réussir un exercice aussi difficile.

(c) DΛNDELION

Boire un petit coup c'est agréable
retour au laboratoire

ft. @Blaze H. Mansfield, @Judith V. Sørensen & Sidney Driscoll

Je ne dis pas que je regrette d'être venu parce que c'est pas vrai. J'ai pu me rendre un peu utile, rattraper l'échec de la dernière fois et l'aide à sens unique qui existe entre nous... mais quand même... Une plante verte aurait plus sa place que moi, je crois, et ça, ça me fait un peu de peine. Surtout que sans vraiment savoir à quoi je devais m'attendre en venant, ça ressemblait pas à ça. C'était un peu moins... blessant ? Frustrant ? Décevant ? La fierté que j'ai ressenti en voyant la poussière grossir s'est rapidement fait la malle. C'est de l'histoire ancienne. J'ai pas vraiment de raison de l'être, de toute façon. C'est leur réussite, pas la mienne... Moi, je suis juste là pour attendre qu'on me demande de recommencer et puis voilà... Super... Je m'agite un peu, mal à l'aise. J'ose pas trop les écouter, ni vraiment laisser traîner mon attention de leur côté... Alors je regarde vaguement dehors, je ne vois pas grand chose mais tant pis. Le temps devient long, les secondes s'étirent.

— On passe rarement deux ans sur un projet comme ça sans bonne raison, non ? Je juge pas, hein, chacun ses démons.
— L’amourrr de la science ne suffit pas ? Je serrrais currrieuse de savoirrrr surrr qui tu comptes prrrrendrrre l’ascendant avec cette potion.

C'est un peu flippant quand même... ça sonne machiavélique, ça pourrait être des méchants dans les films... Et j'ai vu assez de choses de lui pour savoir que ça pourrait mal tourner. Je me souviens du mannequin qu'il a fait exploser avec cet air de satisfaction gênant et cette remarque sur la possibilité de faire la même chose à un ennemi... Le regard rivé sur mes chaussures, je frissonne. J'aime pas ce que je suis en train de vivre. J'aurais préféré ne rien savoir. Rester dans l'ignorance. Pouvoir dire sans mentir, si ça dégénère, que j'étais au courant de rien. J'ai pas envie d'être complice de quoi que ce soit qui pourrait mal tourner ou faire des dégâts. Et rien qu'à les écouter, je sais que c'est raté... il faudrait que j'en parle, que je prévienne un professeur – juste Monsieur Armitage, peut-être ? – mais il a dit qu'il me faisait confiance, je peux pas lui faire ça... La seule chose que je peux faire, c'est mettre les voiles. Si ça doit être pire que ça, je veux pas être là. J'ai l'impression de déranger rien qu'en leur proposant de les laisser tranquilles dix minutes... Je ne ferai rien s'il ne veut pas, bien sûr, mais j'aimerais quand même bien.

— Non attends !

Évidemment...

— On va essayer avec un sort que tu ne maîtrises pas. Pour voir si ça augmente aussi leur accessibilité, tu vois.

Je retiens un soupir et hoche simplement la tête. Oui... je vois... Il faut voir le bon côté : trouver un sort que je maîtrise pas, ça va pas être hyper compliqué.

— Tu connais le sortilège de bulla aeternam ?

Je secoue la tête. J'en ai même jamais entendu parler. Durant une seconde, je me demande si c'est un sort qui existe, s'il essaye pas juste de se foutre de moi en appuyant sur mon inculture magique ou je sais pas... mais en même temps, ça colle pas avec leurs envies scientifiques et mon rôle de cobaye. Alors... sûrement que je connais juste rien quoi, c'est possible aussi...

— Ça… arrête le temps. Enfin, pas vraiment, ça préserve un lieu dans un état, en quelque sorte. C’est très difficile à lancer, seuls les plus grands y parviennent.
— Ce serrrait forrrmidable ! Vas-y Sidney, essaie pourrr voirrr !

Ils misent trop sur moi, là... Ils vont être déçus et... et j'ai aucune envie de les décevoir. En vrai, c'est stupide, ils m'ignorent dès que ça les arrange... mais en même temps, ils me filent un rôle important dans leur truc... Même si c'est juste celui de rat de labo... Le regard que je pose sur lui est un peu gêné, presque honteux, comme celui d'un élève qu'on interrogerait sur une leçon qu'il ne connaît pas.

— J-je sais pas comment on fait...

Je veux bien essayer tout ce qu'ils veulent mais il va falloir m'expliquer un peu avant. Au moins me montrer la gestuelle, m'indiquer la prononciation... Quelque chose quoi. Parce que je suis pas certain que leur potion puisse me faire lancer un sort juste parce que j'en connais le nom... Je veux dire... je suis pas doué, d'accord, mais j'ai bien compris que la magie ça marchait pas comme ça. Mon appel au secours est efficace et j'écoute attentivement dans l'espoir de pas trop me planter derrière... J'imite discrètement, je croise presque les doigts pour apprendre plus vite que je ne l'ai jamais fait. Vraiment, j'ai pas envie de les décevoir... Je me concentre, la boule au ventre, j'essaye de me raccrocher désespérément à la réussite du sort d'avant... et puis je me lance. Le mouvement de mon poignet se veut aussi souple que le sien, j'appuie sur les syllabes qu'on m'a indiqué... Je fais ça du mieux que je peux, je vous promets... mais il se passe rien, clairement. Pourtant, j'ai tout fait comme on m'a montré... Je comprends pas... La déception est violente, surtout après la fierté de tout à l'heure.

— Est-ce que... j'ai mal fait quelque chose...?

Je suis prêt à admettre que le problème vient de moi mais il faudrait juste me dire quoi...

Spoiler:

(c) jawn

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines

De la dure et triste vie de Judith Blaze ne connaissait que l’écume. Ce n’était pas faute qu’elle ne l’ait pas intrigué d’ailleurs, à l’occasion, tout le monde se demandait parfois ce que ça pouvait faire, d’être un Sorensen, d’habiter dans un manoir, de faire du poney pendant les vacances et de manger du foie de bébé humain en marmelade au petit déjeuner. Mais le secret était difficilement sondable. Il avait appris à connaitre la jeune fille petit à petit, lentement, grattant la surface taiseuse et mutique de cette discrète cadette sans pour autant jamais vraiment parvenir à comprendre quelque chose de satisfaisant.

Tout ce qu’il savait, c’est qu’elle détestait sa sœur. Et encore, ça, il ne l’avait pas appris par Judith elle-même, mais par la principale intéressée, son aînée Erin. L’amour de la science, face à une rivalité de famille, ça ne pesait pas lourd. Il haussa les épaules.

- « Pas pour toi. » répondit-il simplement en essayant d’avoir l’air d’en savoir plus qu’il ne le disait.

Il était bien conscient qu’une fois leur potion terminée, il n’était pas impossible que leurs chemins, à Judith et lui, se séparent pour ne plus se recroiser. Hasard d’une maison, hasard d’une promotion et d’intérêts communs mais il fallait bien dire les choses : ils ne venaient pas du même monde. Alors quitte à se séparer bientôt, autant laisser un souvenir impérissable. Aussi pour toute réponse à sa question lui adressa-t-il un regard un peu mystérieux du genre « attends toi à être surprise », puis son attention se reporta sur Sidney.

Ce dernier voulait déjà s’enfuir visiblement mais Blaze le rattrapa au vol. Il n’était pas question de laisser filer ses jouets aussi rapidement, surtout si ceux-ci avaient maintenant leur potentiel magique décuplé. Le jeune homme venait de faire démonstration de son pouvoir, sans baguette et comble du comble : il lui obéissait au doigt et à l’œil. Franchement, c’était l’occasion de tenter quelque chose de marrant – et aussi un peu dangereux !

- « J-je sais pas comment on fait... »

Blaze hocha la tête d’un air de dire « t’inquiète bonhomme j’te montre », et parce qu’il savait que ça avait le don de mettre son camarade mal à l’aise, se glissa à ses côté, très proche et vint délicatement lui attraper la main dont il se servait pour lancer ses sortilèges et qu’il releva devant eux à hauteur de visage, pour viser.

- « Fais tourner tes doigts comme pour remonter les aiguilles d’une montre. » expliqua-t-il d’une voix douce, tout en imprimant le mouvement à la main de Sidney. « Tu fais trois tours, comme ça, et puis tu dis Bulla Aeternam. »

Il garda la main de son camarade dans la sienne deux secondes supplémentaires et inutiles, juste assez pour provoquer un malaise, puis se glissa un pas en arrière, très content de son petit effet.
Bien sûr en temps normal on lançait le sortilège avec une baguette mais Blaze avait compris que baguette ou doigts les mouvements restaient au fond les mêmes, ça ne changeait pas grand-chose.

Il ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil curieux à Judith, histoire de voir si elle partageait son amusement puis observa Sidney tenter le sortilège.
… et ne rien réussir.

Blaze ne pu cacher sa déception, et le garçon semblait lui aussi plutôt déçu.

- « Est-ce que... j'ai mal fait quelque chose...? »
- « Merde, je sais pas. »

A priori, de ce que le préfet avait observé, Sidney avait plutôt bien respecté les règles. Il croisa les bras.

- « C’est peut-être vraiment hors de portée comme truc ? »

C’est con parce que ça lui aurait bien plus d’avoir une petite bulle temporelle, surtout depuis que le directeur s’amusait à lui rajouter des devoirs tous les quatre matins à en devenir franchement épuisant.

- « Judith, une autre idée ? »

Boire un petit coup c’est agréable

Judith & Blaze & Sidney

« Il est venu le temps des… cobayes ! »

Mon coeur faisait de drôles de bonds à l’intérieur de ma poitrine. Savoir ma vengeance si proche me comblait. Toutes ces années d’humiliations auraient au moins servi à quelque chose : elles avaient attisé une haine si féroce que rien n’aurait pu me détourner de mon but. Au final, Blaze avait juste eu à allumer la mèche. Il avait fourni l’étincelle mais le feu couvait déjà depuis bien longtemps. Même si j’étais un peu vexée d’être ainsi percée à jour, je devais reconnaître son talent. Il n’était pas donné à tout le monde d’être capable de trouver les bons leviers pour mener son monde dans la direction la plus arrangeante. Il m’avait eue au moment même où il avait parlé d’une potion qui décuplait les pouvoirs. Et aujourd’hui, le fruit de notre travail était devant nous. Si quelqu’un d’apparence aussi simple que Sidney pouvait réussir à faire ce qu’il venait de réaliser alors rien ne pourrait plus m’arrêter. J’allais mettre ma soeur à genoux, la faire souffrir autant qu’il m’était possible de le faire. Aucun de mes frères ne s’était jamais interposé, je ferais donc justice moi-même. Et j’avais plusieurs années d’arriérés à lui faire payer.

La discussion n’alla pas plus loin. Il ne me dirait sans doute jamais ce qu’il comptait faire de cette potion, pas plus qu’il n’assisterait à mon règlement de comptes. Nous avions collaboré le temps qu’il fallait mais nos chemins se sépareraient tôt ou tard. Prendre conscience de cette réalité me désolait un peu. Plus que ce que je n’aurais pensé. Sans doute que ces mois de travail à quatre mains avaient laissé quelques traces. Nous ne pouvions pas prétendre être des « amis » au sens où chacun l’entendait. Mais nous nous étions côtoyés bien plus longtemps que de simples connaissances. Mansfield avait fait partie de mon quotidien durant deux ans. Et il était sur le point de sortir de ma vie aussi brusquement qu’il y était entré. J’espérais que le hasard nous rassemblât de nouveau, un jour. Autour d’un nouveau projet, qui sait ? Cela était peu probable. Mais notre collaboration l’avait été elle aussi. « Je n’arrrive pas à crrroirrre qu’on y soit arrrivés. Et pourrrtant c’est sous nos yeux. » Toucher du doigt ce que nous avions mis tant de temps à atteindre me paraissait totalement abstrait.

Trêve de béatitude. Nous n’avions pas toute la nuit devant nous. Sidney cherchait tant bien que mal à nous fausser compagnie. Et ces histoires de couvre-feu et de grades rendaient les sorties nocturnes trop dangereuses. Il aurait été dommage d’être démasqués sur la ligne d’arrivée. Mieux valait tirer profit de toutes les minutes que nous avions. Je laissai Blaze aux commandes de ce coup-là. J’étais certes une potionniste hors pair mais question sortilèges, il me devançait largement. Et ce n’était pas juste une histoire d’âge. Mon acolyte semblait très à l’aise dans son rôle d’enseignant. Ce qui était plutôt drôle quand on connaissait les relations qu’il entretenait avec toute forme d’autorité. Je me plaçai en retrait, observant la scène dans un calme apparent. J’avais beau savoir que Sidney n’en avait pas besoin, il y avait quelque chose de déroutant à observer quelqu’un faire de la magie sans baguette. Enfin, essayer d’en faire. Car contrairement au premier essai, celui-ci ne fut pas gratifié d’un franc succès. Ni même d’un petit. Je me rapprochai des deux garçons. « Le sorrrt me parrraissait bien lancé. Du moins, ça rrressemblait à ce que tu as montrrré Blaze. » Je ne connaissais pas ce sortilège, il m’était donc difficile de me prononcer sur la partie pratique de la chose. Mais des idées, j’en avais, ce n’était pas cela qui manquait. « Plusieurrrs hypothèses sont possibles. Soit la potion ne perrrmet effectivement pas de rrréaliser des sorrrts inconnus. Soit c’est un prrroblème de quantité. Ou alorrrs les effets décrrroissent rrrapidement. Ou bien les effets décrrroissent rrrapidement carrr la quantité n’est pas suffisante. Et dans ce cas, il est possible que la quantité joue uniquement sur le facteurrr temps et non pas surrr la puissance effective. Vous me suivez ? » Je réfléchissais à haute voix. Il fallait trouver un moyen d’invalider ou de valider rapidement toutes ces hypothèses. Sidney ne resterait pas éternellement là à faire le cobaye. « Il n’y a pas trrrente-six solutions. Soit on tente de nouveau l’amplificatum pour voirrr l’évolution. Avec le rrrisque que le sorrrtilège soit moins rrréussi mais sans rrrapporrrt avec la potion. Soit Sidney tu rrréessaies dirrrectement le bulla aeterrrnam en prrrenant une demie dose supplémentairrre. » La deuxième solution me semblait plus pertinente au regard de la situation mais je préférais les laisser donner leur avis. Enfin, si toutefois le camarade de Blaze était en capacité d’en émettre un…

(c) DΛNDELION

Boire un petit coup c'est agréable
retour au laboratoire

ft. @Blaze H. Mansfield, @Judith V. Sørensen & Sidney Driscoll

Je n'aime pas avoir accès à leur conversation. Déjà, parce que ça me regarde pas. J'ai pas envie qu'ils pensent que je les espionne ou que je joue les fouines, ou quoi que ce soit qui y ressemble... même si en réalité, il y a peu de chance. Je veux dire... pour eux, c'est un peu comme si j'existais pas... Et puis aussi parce qu'il y a un côté flippant à ce qu'ils racontent. Du genre que ce serait pas étonnant d'apprendre d'ici quelques mois qu'ils sont recherchés pour avoir essayé de tuer ou d'assouvir une bonne partie du monde magique. Je sais qu'on ne peut pas faire confiance à Blaze. Je sais qu'il y a chez lui quelque chose d'inquiétant, de dangereux même. Je sais que c'est exactement le gars dans les mains duquel il ne faudrait pas fourrer une potion qui file des pouvoirs puissants... et dans le fond, je me dis que si Judith est amie avec et si elle a bossé avec lui sur tout ça, c'est sûrement la même chose pour elle... mais elle en a pas vraiment l'air, pourtant. Plus discrète, plus posée, plus douce peut-être... elle inspire plus confiance. Y'a un monde dans lequel il la manipule totalement, non...? Ça m'étonnerait pas que ce soit dans ses habitudes, ça aussi. Enfin... peu importe. Chacun ses problèmes, hein... et le mien, pour l'instant, c'est de mettre les voiles. J'ai bientôt plus le droit d'être dehors, je me sens en trop, je sers plus à rien, et j'assiste à un truc qu'il aurait mieux valu qu'ils gardent pour eux... autant de bonnes – très bonnes – raisons de rentrer. Mais sans surprise, il ne l'entend pas de cette oreille et m'arrête avant même que je n'ai pu faire le moindre pas vers la porte. Il veut continuer l'expérience, tenter autre chose... autre chose que je ne maîtrise pas. Le sort dont il est question m'est totalement inconnu, tant et si bien que je me retrouve comme un con, plus gêné encore que je ne l'étais jusque là, à devoir demander qu'on m'explique... Non seulement je fais plante verte mais en plus plante verte assistée... super... Blaze n'a pas l'air de m'en tenir rigueur et vole aussitôt à mon secours. En moins de temps qu'il n'en aurait fallu pour le dire, il se glisse près de moi... trop près de moi en réalité. Ça fait remonter tous les souvenirs de la dernière fois dans un mélange d'angoisse et de culpabilité. Je jette un regard en direction de Judith, presque un appel au secours silencieux et involontaire. Sa main attrape la mienne, je le laisse faire. C'est pour la bonne cause. J'ai envie de vomir. J'imagine que je suis d'accord, c'est moi qui ai demandé qu'on me montre. Je pensais plutôt qu'il le ferait de loin, que j'aurais qu'à l'imiter mais... mais c'est moi qui ai demandé alors... alors je peux pas trop me plaindre, n'est-ce pas ? Surtout que ses gestes sont doux, il force rien. Enfin... pas vraiment.

— Fais tourner tes doigts comme pour remonter les aiguilles d’une montre.

Il joint le geste à la parole et fait bouger ma main. J'ai du mal à me concentrer mais je me fais violence. J'aurais préféré qu'il me lâche. Qu'il se contente de me montrer. Le malaise est pesant. Je sais qu'il pense pas à mal, que c'est pour que je comprenne bien... il a dit qu'il me ferait pas de mal, qu'il prendrait soin de moi... alors s'il savait que ça me gênait vraiment, que j'aimais pas ça, il l'aurait pas fait... C'est ma faute, je l'ai pas dit. Je hoche la tête.

— Tu fais trois tours, comme ça, et puis tu dis Bulla Aeternam.

Je hoche la tête une fois de plus, m'attendant à ce qu'il me rende ma liberté maintenant qu'il m'a expliqué... mais les secondes passent sans qu'il ne fasse rien du tout. Mon cœur loupe un battement, mon regard se risque à se poser sur son visage toujours trop près du mien, je rougis le plus bêtement du monde. J'en oublie de respirer. Ce n'est que lorsqu'il me lâche enfin que je réalise que l'air commence à manquer. Je le regarde s'éloigner et mets un bon instant à retrouver mes esprits. Le sort. Faire comme s'il ne s'était rien passé, comme mon dîner n'était pas en train de sauter à la corde dans mon estomac, comme si je ne sentais pas encore la chaleur de sa main contre la mienne et son odeur se mêler à celle de la poussière de la salle, ça s'avère compliqué... mais pour pas les décevoir, je prends sur moi. On se concentre. On tourne ses doigts comme pour remonter les aiguilles d'une montre... trois tours... et on prononce la formule... et il ne se passe rien. Vraiment rien. Même pas un petit crépitement magique ou je ne sais pas... juste... rien. Il a l'air déçu et je m'en veux de ne pas avoir réussi ce qu'il m'a montré. J'ai pas envie qu'il pense que je suis désespérément nul et qu'il ne veuille plus m'inclure dans ses trucs... D'abord avec Bella, maintenant ça...

— Merde, je sais pas. C’est peut-être vraiment hors de portée comme truc ?
— Le sorrrt me parrraissait bien lancé. Du moins, ça rrressemblait à ce que tu as montrrré Blaze.

Je me rassure un peu : j'ai pas fait n'importe quoi. Ça arrange pas leurs affaires mais les miennes si. Enfin... un minimum. Il pourra pas vraiment me reprocher cet échec...? hein...?

— Judith, une autre idée ?

Je pose les yeux sur elle, attendant sagement la sentence. Elle dirait qu'il faut que je continue jusqu'à ce que ça marche que je ne m'en étonnerais même pas. Il y a toujours un côté « piège » dans les histoires avec Blaze, quelque chose que je maîtrise jamais et que je regrette toujours. Alors m'épuiser sur un sort tellement compliqué qu'il doit sûrement lui échapper, ça me semble pas si dramatique que ça. Ça pourrait être pire. Vraiment vraiment pire...

— Plusieurrrs hypothèses sont possibles. Soit la potion ne perrrmet effectivement pas de rrréaliser des sorrrts inconnus. Soit c’est un prrroblème de quantité. Ou alorrrs les effets décrrroissent rrrapidement. Ou bien les effets décrrroissent rrrapidement carrr la quantité n’est pas suffisante. Et dans ce cas, il est possible que la quantité joue uniquement sur le facteurrr temps et non pas surrr la puissance effective. Vous me suivez ?

Le vide de mon regard est sûrement la réponse la plus claire qu'elle pourrait recevoir. J'ai pas tout compris... Je me sens stupide. Comme si on était en train de m'expliquer que 2+2=4 et que c'était trop compliqué pour mes deux pauvres neurones. Elle, elle a l'air à l'aise... moi, j'ai décroché à « décroissent ».

— Il n’y a pas trrrente-six solutions. Soit on tente de nouveau l’amplificatum pour voirrr l’évolution. Avec le rrrisque que le sorrrtilège soit moins rrréussi mais sans rrrapporrrt avec la potion.

Mon attention se focalise sur Blaze dans l'espoir de savoir ce qu'il veut qu'on fasse tandis que Judith continue à exposer les possibilités qu'elle envisage.

— Soit Sidney tu rrréessaies dirrrectement le bulla aeterrrnam en prrrenant une demie dose supplémentairrre.

Je serais incapable d'expliquer vraiment ce qu'il se passe mais je sais qu'il préférerait ça. Est-ce qu'il y a eu une mimique, un geste imperceptible qui a fait que...? Peut-être... Ou alors c'est juste ce que j'ai pas envie de faire, moi, alors forcément c'est qu'il veut que je fasse... Mon regard s'attarde une seconde de plus, essayant de capter le sien pour être sûr. Mais dans le fond, j'en ai pas besoin... Je hoche timidement la tête.

— On... on réessaie directement...

Ma voix n'a rien d'assurée, évidemment, ça ressemble même plutôt à un « pitié laissez-moi partir » mais tant pis... si on pouvait éviter de rester sur un échec et qu'il soit fier de m'avoir désigné comme cobaye, ce serait pas si mal que ça... n'est-ce pas ?

(c) jawn

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines

Le temps d’un instant, Blaze avait été parcouru du sentiment grisant que cette potion allait leur permettre de tout faire, que quelques ingrédients et beaucoup de travail leurs ouvriraient les portes d’un potentiel magique dont il n’aurait pu que rêver. Il fallait de longues années d’étude et d’entrainement pour atteindre un niveau de puissance à la hauteur des aspirations du jeune homme et si celui-ci ne manquait pas de détermination, il n’avait également aucun scrupules à brûler les étapes si nécessaire à ses projets.

La réalité toutefois les refroidit un peu en constatant que malgré la bonne exécution du geste et de la formule, Sidney n’avait pas été capable de jeter un sort qui le dépassait clairement. Blaze fit la moue, légèrement déçu, alors qu’à ses côtés Judith égrainait déjà des hypothèses pour expliquer cet échec. Il l’écoutait d’une oreille distraite, faisant plus lentement qu’elle le deuille de ce fantasme coupé dans son élan, quand en évoquant un simple problème de dosage Judith mit de l’eau à son moulin.

Il allait donner son avis quand la voix de Sidney les surprit tous deux, exprimant son désir de poursuivre l’expérience. Le regard de Blaze s’attarda sur le jeune homme quelques secondes, avant de hocher la tête d’un air satisfait. Puis il se tournant vers la jeune fille avec un grand sourire, il hocha vivement la tête.

- « Je suis pour rajouter une dose aussi, perso. »

Il n’avait pas d’autres arguments que son désir de voir l’expérience réussir – et aussi quelle puissance serait capable de déchaîner Sidney si on lui donnait de nouveau une gorgée de potion – mais tâcha de rationaliser sa position afin qu’elle ne semble pas trop déraisonnable.

- « On aura tout le temps de mettre en place un vrai protocole d’essais contrôlés une autre fois. On se prend une heure ou deux, on calcule exactement la quantité de potion qu’on boit et on lance le même sort toutes les dix minutes pour voir comment ça évolue. »

Son regard se fit plus brillant.

- « Mais là mieux vaut augmenter la dose, comme ça au moins on sera fixé sur le potentiel réel… »

Il désigna Sidney de la tête.

- « Tout le monde a l’air motivé en plus. »

Boire un petit coup c’est agréable

Judith & Blaze & Sidney

« Il est venu le temps des… cobayes ! »

Ce Mon cerveau cogitait à vive allure. Nous ne savions pas grand chose de cette potion et nous disposions de peu de temps pour la tester. La fin de l’année approchait à grand pas et avec elle, la possibilité de s’en servir contre Erin. Ce que j’avais vu suffirait amplement à la remettre à sa place une bonne fois pour toute mais puisque nous étions là, disposant de Sidney comme cobaye, il aurait été dommage de laisser passer la possibilité d’aller le plus loin possible. Je réfléchissais à voie haute, sans vraiment prendre la peine de vérifier que mes deux acolytes suivaient. Il fallait trancher rapidement, sans quoi l’expérience s’arrêterait là. Alors que je comptais sur Blaze pour faire un choix, le jeune Serdaigle resté quasi mutique jusqu’ici, ouvrit la bouche pour se prononcer. Il était donc capable d’émettre un avis ! Voilà qui était surprenant. Effet secondaire de la potion qu’il venait d’avaler ? Je n’avais pas le temps de me pencher davantage sur la question. C’était tout à faire le genre de choses que je pourrais expérimenter moi-même plus tard.

Tout le monde semblait d’accord sur la marche à suivre, cela simplifiait tout. Nul besoin de négocier ou d’argumenter. « Tu as rrraison. Allons drrroit au but aujourrrd’hui. » Ce n’était pas sans risque bien sûr mais je ne crus pas bon de le préciser. Sidney avait l’air motivé, je n’avais pas envie de le couper dans son élan. Si surdosage il y avait, une demie dose supplémentaire ne devrait vraisemblablement pas le tuer. Au pire, il terminerait à l’infirmerie. Ce n’était pas dans notre intérêt mais c’était toujours mieux que de se retrouver avec un cadavre sur les bras. Blaze et moi étions pourtant passés maîtres en matière d’enterrement depuis les funérailles de ce pauvre elfe de maison à Durmstrang. Mais Sidney étant plus gros qu’un elfe, cela serait plus difficile de traverser les couloirs discrètement. Même avec la cape. Trêve de divagation, les probabilités qu’un tel cas de figure se présent étaient infimes.

Je sortis une bouteille ambrée soigneusement étiquetée de mon sac sans fond. Je la débouchai avec soin et versai la dose adéquate dans un flacon propre avant de le tendre à Sidney. « Et voilà, c’est prrrêt, à toi de jouer. »

(c) DΛNDELION

Spoiler:

**Contenu sponsorisé** À SAVOIR DETAILS EN PLUS