La sieste était l’une des activités préférées de Thomas. Il en faisait très souvent, moins par besoin que par plaisir, parce que se laisser aller au sommeil en rêvassant était définitivement super agréable ! En plus c’était facile ET ça ne demandait pas beaucoup de préparation : un coin tranquille, un peu de concentration, après mangé ou après avoir fait une activité physique, il ne fallait pas grand-chose pour être pris de somnolence et si Duncan n’était pas dans les parages, alors Thomas fermait les yeux dans un coin, pour un quart d’heure, une demi-heure, une heure… parfois deux ?

N'empêche que s’il pouvait bien s’endormir où il voulait, il n’était pas complètement masochiste non plus et à tout casser, c’était mieux de pioncer dans son lit, ou dans l’herbe grasse, mais là dehors il faisait froid.

En ce début d’après-midi, Duncan lui avait confié plusieurs tâches assez faciles et qui ne requéraient pas sa présence. Alors après avoir terminé la première, pris de fatigue à cause de la digestion, le garçon avait décidé de faire un détour par sa chambre, histoire de se reposer les yeux cinq minutes. Il n’avait pris le temps que de retirer ses chaussures et sans doute oublié de correctement fermer la porte parce qu’après s’être allongé sur le lit, il s’était endormi presque tout de suite.

Ce fut l’exclamation d’une de ses camarades qui le tira de son sommeil.

- « Hein ? »

En général les gens ne venaient pas dans sa chambre. Elle n’était pas très bien éclairée, faute de fenêtre, et les autres élèves avaient des salles communes beaucoup mieux. Thomas ne s’en plaignait pas, lui non plus ne passait pas beaucoup de temps ici, juste pour dormir en fait, et stocker ses affaires. Le reste de la journée il préférait largement la passer dans le château magique, et comme il assistait Duncan dehors il rentrait souvent tard le soir ce qui ne lui laissait pas beaucoup d’occasions de s’ennuyer.

- « Bin si… »

Il avait les cheveux n’importe comment et le sommeil plutôt profond, ce qui ne le rendait pas très vif au réveil. Thomas se redressa dans son lit en se grattant la tête.

- « J’ai mis des posters vivants t’as vu ? »

Dans la pénombre de la pièce, plusieurs affiches que des amis lui avaient donné représentaient en effet des sorciers animés, joueurs de quidditch et chanteurs de groupes de variétés que Thomas ne connaissait pas, mais il aimait les voir bouger sur le papier.

Assis sur le sommier, Thomas pivota de trois-quarts pour poser ses chaussettes sur le sol en pierre et fit signe à Zeynep d’ouvrir un peu plus la porte. Faute de fenêtre, il fallait compter sur la lumière du couloir pour y voir clair, ou bien allumer une bougie. L’espace d’un instant le jeune homme se dit que c’était sans doute un peu bête de craquer une allumette juste pour ça, alors qu'on était en plein jour, mais en même temps il appréciait l’odeur de la fumée et les couleurs de la flamme qui donnaient à sa chambre des ombres mystérieuses.

- « Moi non plus ! » répondit-il en riant. « C’est des trucs de sorciers, moi je connais surtout les joueurs de foot. »

Il s’était approché de son bureau qui, avec le lit et la chaise, étaient ses uniques meubles. De toute façon il n’y aurait pas eu la place pour en mettre d’autre et il s’en servait assez peu, préférant travailler à la bibliothèque quand il avait des devoirs à faire.

La remarque suivante de sa camarade le surprit un peu alors qu’il craquait une allumette pour allumer une chandelle.

- « Pas la peine de frimer, hein. » répondit-il avec un haussement d’épaules. « Je sais que vos dortoirs sont mieux. »

Il s’y reprit une seconde fois et lorsqu’enfin une flamme jaillit, il leva la bougie à hauteur de son visage et fit une grimace.

- « Plutôt effrayant hein ? Et quand tu te ballades la nuit avec ça dans le château ça fait super peur ! Enfin, pas à moi, mais quand même. Toi aussi tu viens du monde moldu non ? Les sorciers sont trop habitués à voir des fantômes, pour eux c’est comme croiser un chat sur les marches d’un escalier, mais moi je trouve ça flippant. Et dans la forêt interdite, c'est pire ! »

Enchanter des posters, ou même des photos moldus, ça lui aurait bien plu. Quoiqu’à bien y réfléchir, il n’avait aucune photo moldue dans son sac. Mais peut-être quelques-unes de ses nouveaux amis à Poudlard ? Ceux qu’il avait laissé à Glasgow n’avaient jamais été très proches de lui de toute façon. Thomas savait que Dmitri était capable de peindre des choses vivantes, comme les portraits des couloirs, le garçon le lui avait expliqué, mais était-il possible de donner la vie à une image qui existait déjà ?

Ce n’était de toute façon pas très important et déjà Zeynep lui expliquait que, selon elle, il aurait eu sa place dans les dortoirs avec les autres. L’idée amusa Thomas.

- « Moi je veux bien, mais lequel ? »

Alors qu’il craquait son allumette, il haussa les épaules.

- « Un jour chez Gryffondor, un jour à Serpentard, ça fait garde alternée, et puis tu sais ça m’arrive de rentrer tard, c’est mieux d’être au rez-de-chaussée. »

Croyait-il vraiment à ce qu’il disait ? Si on le lui avait proposé, Thomas n’aurait pas dit non à rejoindre le dortoir de Gryffondor. C’était sa maison préférée à Poudlard. D’ailleurs Michaela y était, mais lui irait avec les garçons. Il en avait repéré quelques-uns en classe, mais impossible de se souvenir de leurs noms, Florent quelque chose non ?

Alors qu’il devisait sur l’atmosphère lugubre du château la nuit, sa camarade confirma qu’elle était née moldu, se revendiquant même « fière » de ça. Ah. Thomas ne savait pas trop quoi répondre, ça ne lui aurait pas traversé l’esprit de se dire « fier » d’être un cracmol. Déjà parce qu’il ne l’avait pas choisi, ni rien fait pour le mériter, et puis de toute façon sorcier c’était mieux. Aussi préféra-t-il se contenter de hocher la tête, tandis que la jeune fille reprenait ses questions.

A celles-ci, Thomas se fendit d’un grand sourire.

- « Pas tout le temps attention mais des fois oui ! Quand on va s’occuper des animaux parfois ils ne sortent que la nuit ou alors juste ça prend plus de temps que prévu. »

Il fixa sa camarade. Pour le coup, il y avait là matière à être « fier ».

- « Et toi ? T’es déjà sortie pendant la nuit ? Je sais que certains élèves le font, mais j’en ai jamais vu. »

Dans la bouche de Zeynep, les choses semblaient plutôt simple. A l’entendre, il aurait presque suffit qu’il demande à prendre la place d’un élève qui avait déménagé et personne n’y aurait trouvé à redire. Mais était-ce si simple ? Pas sûr. Il haussa les épaules, pas très sûr de lui.

- « Tu sais, je pense que la direction y a pas mal réfléchi déjà, s’il y avait d’autres solutions ils les auraient prises. »

C’est vrai, après tout le Ministère lui-même s’était mobilisé pour qu’on lui trouve une place à Poudlard et Stanley, le représentant de Londres, avait discuté en personne avec le directeur, même si Thomas n’avait pas assisté à l’entrevue de ses propres yeux. N’empêche qu’il leur faisait confiance, et que c’était déjà bien sympa de l’avoir laissé venir, alors il n’allait pas commencer à râler en plus.

Tout ça était un peu compliqué, mais surtout pour Thomas c’était du passé. Il s’était fait pas mal de soucis tant que son sort n’avait pas été réglé, pendant son séjour à l’hôpital, et était content que les choses soient définitivement réglées à présent, c’était ça de moins d’angoissant et lui pouvait se concentrer sur ce qu’il aimait faire : la sieste et les ballades dans la forêt.

- « Peur ? La plupart sont sympas tu sais ! »

Sauf les araignées géantes, elles elles mangeaient les gens, mais Thomas n’en avait croisé aucune.

- « Une fois j’ai croisé à hippogriffe, tu sais ? Au début tu te dis waaa qu’est-ce que c’est que ça ?? mais après tu apprends à le connaitre et ça va mieux, faut juste être poli avec lui. »

Dans ses mains la bougie continuait de trembloter au courant d’air qui provenait de l’extérieur. Sur le sol un peu poussiéreux – Thomas avait la fleeeemme de passer le balais – des habits sales et des affaires de classes encombrait le peu d’espace libre que comptait sa chambre.

- « Et sinon tu voulais me dire un truc ? »

A moins qu’elle n’ait juste déboulé ici par hasard ?

Alors que les arguments de Thomas lui semblaient de bon sens, car après tout chacun faisait de son mieux dans cette école, il l’avait constaté de lui-même, Zeynep persistait à se montrer critique, y compris face à la direction. Si le jeune homme avait pu n’y voir qu’un simple refus de l’autorité, fréquent à leur âge, et duquel il ne serait pas exempt, le ton grave de la petite sorcière lui fit froncer les sourcils.

Il ne répondit rien toutefois, alors que sans prévenir la discussion venait de déraper vers son sujet préféré : la forêt interdite et les créatures qui y vivaient. Thomas s’engouffra dans ce nouveau sujet de conversation avec plaisir, mettant de côté le directeur pour un temps.

- « J’ai cru remarquer ! » dit-il en riant quand elle avoua que la politesse n’était pas son fort. « T’as même pas frappé à la porte ! »

Si cela pouvait sonner comme un reproche, sa face fendue d’un grand sourire hilare laissait peu de place au doute quant au fait que Thomas n’était pas vraiment traumatisé. Il en profita d’ailleurs pour lui demander pourquoi elle était venue lui rendre visite, ce à quoi sa camarade confessa qu’elle s’était perdu.

Ce ne fut que lorsque la jeune fille lui proposa de s’éclipser que les craintes qu’elle venait d’exprimer revinrent à l’esprit de Thomas. S’il n’aurait pas été contre se recoucher – mais de toute façon il était tout le temps fatigué – il ne voulait pas non plus qu’elle s’éclipse après ce qui avait clairement sonné comme un subtil appel à l’aide.

- « Non t’inquiète mais heu… ça va ? » demanda-t-il. « Si quelqu’un t’embête tu peux me le dire hein. »

Les cas de harcèlement étaient plutôt fréquents dans son ancien collège et il interprétait la mise en garde de Zeynep moins pour lui que pour elle. Si elle se méfiait autant, c’était peut-être que les professeurs se montraient incapables de lui venir en aide.

Sa bougie à la main, il fit trois pas pour s’asseoir sur son matelas qui grinça, fixant la jeune fille avec sérieux.

- « Dans la vie, faut pas se laisser marcher sur les pieds, mais faut pas hésiter à demander de l’aide aussi. »

Ça c’était un super conseil !

Zeynep pouvait bien lui dire que tout allait bien et qu’il ne devait pas s’en faire et Thomas être un peu déconnecté de la vie mondaine de Poudlard, n’empêche qu’il n’était pas complètement certain qu’elle n’était pas en train de lui raconter des cracs. Zeynep jouissait d’une réputation étrange, bien qu’il n’ait jamais très bien compris pourquoi, et l’ambiance en cours se faisait parfois plus pesante quand elle entrait en classe, on chuchotait sur son passage et quelques personnes avaient conseillé à Thomas de ne pas trop trainer avec elle. Ce qu’il n’avait pas fait, d’ailleurs, mais pas parce qu’on le lui avait conseillé.

Il n’eut toutefois pas le temps de se montrer soupçonneux qu’elle lui renvoyait son inquiétude, expliquant qu’il avait besoin d’aide.

Alors ça c’était étrange. Thomas n’avait pas besoin d’aide, il allait très bien, un peu fatigué peut-être mais on n’allait quand même pas l’aider à dormir, si ?

- « Des syndiquoi ? »

La conversation devenait de plus en plus bizarre, Zeynep semblant suivre une réflexion toute seule et dont Thomas avait perdu le fil, la fixant désormais un peu incrédule, ne comprenant pas où elle voulait en venir.

- « J’ai pas besoin d’aide hein. » répondit-il comme en écho à ses propres conseils. Il repensa aux dernières paroles qu’avaient prononcé Stanley avant de le laisser avec Duncan, lors de son arrivé. « Je me laisse pas marcher sur les pieds ! »

De toute façon personne ne s’y était essayé, alors bon…

Il adressa un sourire joyeux à la jeune fille, pour la rassurer, et parce que quand il était paumé il avait tendance à rigoler.

- « Enfin sauf si tu veux me donner un coup de main pour planter les citrouilles évidemment ! » Il hocha la tête, content de revenir sur un terrain qui lui était plus familier. « Là, d'accord. »

Pour quelqu’un qui ne s’intéressait pas à la politique – et à treize ans Thomas ne s’intéressait pas DU TOUT à la politique – cette histoire de syndicat semblait tout de même assez incongrue, il fallait bien l’avouer. Le garçon fronça les sourcils, tout à fait dubitatif.

- « Pourquoi ça règle le problème ? »

Honnêtement, il ne voyait pas très bien le rapport de cause à effet présenté ainsi. Heureusement Zeynep sembla saisir son incompréhension et lui proposa un exemple… qui ne s’avérait pas plus convaincant.

- « Embaucher des gens ? » Thomas écarquilla les yeux. « Mais non ! »

Il n’était vraiment pas sûr de comprendre le raisonnement et cela l’inquiétait un peu. Y avait-il un risque que la direction embauche quelqu’un à sa place s’il ne travaillait pas suffisamment vite ? C’était ça que Zeynep était en train de lui expliquer ? Il avait toujours cru qu’à tirer au flanc il ne risquait au fond qu’une petite engueulade mais apparemment on pouvait carrément le remplacer… !

- « Attends attends mais si on est obligé d’embaucher quelqu’un pour aider c’est grave ! ça veut dire que le directeur pense qu’il y a un problème avec mon boulot… »

Sincèrement ça le préoccupait maintenant. Thomas ne devait grosso modo sa place à Poudlard qu’à un concours de circonstance et une promesse de formation qui lui permettait de suivre des études à mi-temps et d’apprendre le boulot de garde-chasse en parallèle. Si on commençait à recruter des gens pour s’en occuper à sa place, il n’était pas impossible du tout qu’on le renvoie dans le monde des moldus…

- « Tu crois que ça pourrait arriver ? moi je suis juste en formation hein… »

Il parlait d’un ton soucieux mais pas encore paniqué, examinant la situation aussi froidement qu'il en était capable. La proposition de Zeynep avait quand même l’air d’un sacré cadeau empoisonné, ce syndicat dont il était question semblait apporter beaucoup plus de problèmes qu’il n’en résolvait.

Il ne fallait pas en vouloir à Thomas, le pauvre ne s’était jamais intéressé à des sujets pareils et faisait timidement ses tous premiers pas dans le monde du travail. Autant dire que les notions de grève, de pénibilité ou encore de partage du temps de travail lui étaient parfaitement étrangères. Il faisait toutefois de son mieux pour composer avec ce que lui expliquait Zeynep qui semblait en connaitre un rayon sur le sujet, sans pour autant complètement réussir à comprendre là où elle voulait en venir.

- « Oh ok… » dit-il en hochant la tête suite à la clarification de sa camarade. Il n’en perdit pas toutefois son air soucieux, continuant de faire preuve d’une saine méfiance face à ces idées gauchistes.

La dernière partie toutefois l’intéressait plutôt. Thomas était très heureux d’être à Poudlard mais planait encore sur sa tête ce risque de se voir du jour au lendemain mis à la porte, soit parce qu’il aurait fait une bêtise, soit parce qu’on aurait jugé sa présence plus utile ou adaptée ailleurs. L’idée de découvrir un soir une lettre sur son lit, ou de recevoir une convocation de Duncan pour parler « de choses importantes » lui tordait le bide.
Alors si ces fameux syndicats pouvaient lui épargner de s’angoisser pour rien…

- « Interdire que je sois viré hein… ? »

L’idée était séduisante mais il lui semblait que s’engager préventivement sur cette voie serait une forme d’aveu qu’il avait quelque chose à se reprocher. En plus, il n’était toujours pas certains de bien saisir comment tout ça fonctionnait.

- « Et toi ? » lui renvoya-t-il l’air de se débarrasser du bébé. « Tu n’as jamais rejoint un syndicat ? »

Personne, même Thomas, n’était sans savoir que Zeynep avait… quelques ennuis avec l’administration.

- « Les bons conseils, faut se les appliquer à soi-même ! »

Thomas pensait parvenir à retourner la conversation en jouant au jeu du miroir « et toi alors » mais Zeynep ne parut pas spécialement mise en inconfort et évacua sa réplique en répondant qu’elle ne travaillait pas. Ce qui eut pour effet de replonger Thomas dans la perplexité.

Il allait bafouiller un truc quand sa camarade, visiblement pas prête à lâcher le morceau, remit une pièce dans la machine en lui demandant s’il était payé. Mais quelle drôle d’idée… !

- « Mais heu moi non plus je travaille pas. » hasarda-t-il. « Enfin, si, mais c’est comme une formation quoi. »

Il hésita.

- « Toi t’es pas payée pour faire tes devoirs ! Et pourtant tu travailles bien ! »

Et soudain il se demandait comment on était censé définir le travail. C’était une sacrée question qui appelait à une réflexion de fond, malheureusement n’ayant pas encore lu les travaux de Bernard Friot, le jeune homme se contenta de se relaisser tomber les fesses sur le lit, plongé en pleine réflexion.

- « C’est du travail que si on est payé ? Donc moi non plus je ne travaille pas. Donc j’ai pas besoin de syndicat. Ou alors toi aussi tu travailles, mais t’es pas payée non plus, et dans ce cas il faut un syndicat pour tout le monde. Mais si il faut être payé pour que ce soit du travail, alors est-ce que ça veut dire que un esclave ne travaille jamais ? »

Ouf. A deux doigts d’avoir mal à la tête. Assurément les cours de mathématiques étaient moins compliqués. Il chercha le regard de Zeynep pour voir ce qu’elle en pensait, elle, de son côté. Après tout elle semblait être un peu plus au fait de toutes ces questions-là que lui et puisqu’ils étaient partis dans une conversation philo, il était curieux de savoir ce qu’elle aurait à en dire.

L’argument de la nécessité du travail de Thomas pour nourrir le collège ne fit pas mouche. Déjà parce que le jeune homme avait bien conscience de n’être pas si indispensable que ça, après tout les élèves n’avaient pas attendu qu’il arrive pour déjeuner, ensuite parce qu’il savait, lui, qu’il ne travaillait pas si dur que ça, et qu’en conséquence si cela avait dû causer problème il y a bien longtemps que l’école aurait été en pénurie de nourriture. Aussi fit-il une espèce de moue pas convaincue genre ‘mouais mouais’ mais sans rien dire, histoire de ne pas vexer la jeune fille. Elle semblait prendre ça à cœur, on ne pouvait pas le lui retirer.
Ajoutant que si elle ne faisait pas ses devoirs, ça ne changeait pas grand-chose, la comparaison arracha un sourire au garçon. « Ça change que tu auras des mauvaises notes. » expliqua-t-il, ayant bien conscience que ça faisait un peu fayot comme remarque. « Enfin, bon, voilà. » précisa-t-il pour se rattraper.

Il n’avait pas envi de passer pour un fayot. Et puis vu les efforts qu’il faisait pour s’éviter un trop dur labeur, il n’en aurait de toute façon pas eu les moyens.

Puis, de but en blanc, sa camarade lui proposa soudainement de former un syndicat avec elle. Heu, il devait le prendre comment ? Thomas était de toute façon toujours partant pour faire des choses avec ses camarades sorciers, ayant pour sa part un perpétuel sentiment d’imposture il avait du mal à prendre des initiatives, alors quand on lui proposait des activités, c’était toujours un grand oui ! Mais enfin là… il fallait bien reconnaitre qu’il ne comprenait pas trop dans quoi il mettait les pieds. Les explications de Zeynep n’avaient pas suffit à éclairer sa lanterne.

Difficile de dire non toutefois après tous les efforts qu’elle avait fait pour lui expliquer et il se sentit obligé de répondre un petit « Heu… d’accord. » guère convaincu.

Est-ce que ça n’allait pas lui attirer d’ennuis, au moins ?