[SUJET COMMUN] Joyeuse Saint-Valentin

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la Saint-Valentin
je t'aime à rendre con

ft. ft. @Thaddeus C. Rowle & C. Junior d'Archambault

— Je ne peux guère te contredire sur ce point mais la tienne l’est bien plus que la moyenne. Crois-en un ami qui ne veut que ton bien.

Là où il voulait sûrement me faire renchérir sur la question, lui faire savoir combien elle était insupportable, combien je regrettais – espérait-il – de m'être lancé dans quoi que ce soit avec elle, la façon dont il venait de le formuler assassina avec une facilité troublante une grande partie de mon agacement. « La mienne »... Sa saveur de ces deux mots était particulière. Douce, sucrée... agréable. C'était, je crois, la première fois que quelqu'un parlait d'Erin en ces termes... même nous nous ne l'avions jamais fait. Elle restait « ma meilleure amie » aux oreilles du monde, tout un tas de surnoms ridicules aux siennes... mais jamais, au grand jamais, elle n'avait été « ma femme » jusque là. Une bouffé de fierté toute adolescente, quelque chose qui se veut trop adulte pour l'être réellement, me frappa de plein fouet et si je hochai la tête par principe, parce qu'elle était définitivement bien plus agaçante que la moyenne, je ne le pensais déjà plus vraiment. Il me fallut quelque effort pour m'extraire du plaisir de ces dernières secondes et reprendre le cours normal de notre soirée. Une chemise plus habillé que le pull que j'avais enfilé ce matin-là, une rose coincée dans la boutonnière de sa veste comme un clin d'oeil idiot aux pétales jetés sur les lits – Caleb devait parfois se demander où il était tombé quand il entrait dans ce dortoir ! – et nous étions prêts pour rejoindre la plèbe... et les Trois-Balais plein d'un rose écœurant et de cœurs trop clichés.

— Il va falloir me faire boire si tu veux que j’accepte une seconde de faire une chose pareille !
— S'il n'y a que ça, soufflai-je alors que ma main se saisissait de son poignée et l'entraînait à ma suite. Suis-moi.

Il n'avait de toute façon pas d'autre choix... Nos verres furent rapidement récupérés et une place presque tranquille réservée. Il y avait du monde, ce soir. Trop. N'importe qui, en réalité. Est-ce que je regrettais de nous avoir amenés jusqu'ici... durant une seconde, peut-être... et puis finalement, ça eut l'air assez évident. N'en n'avions-nous pas assez de flirter dans l'intimité de notre dortoir...? Puisque Poudlard supposait assez bien pour balancer sur notre compte toutes les rumeurs du monde, pourquoi nous cacher encore ? Et puis, au moins, j'étais à peu près sûr qu'Erin ne nous dérangerait pas ici... alors que dans notre chambre... Elle avait fini par prendre la mauvaise habitude de s'y croire chez elle et n'avait aucune gêne à l'idée de s'y imposer. Elle ne s'immiscerait pas entre nous, elle ne gâcherait rien du tout. Je verrais demander ce que je ferais d'elle... tout dépendrait du retour de Thaddeus, bien sûr... Je n'étais pas assez fou pour jeter toutes mes cartes à la fois...

— Compte sur moi pour t’envoyer la facture de mes frais médicaux. Si tu voyais une raison particulière de te rendre à cette soirée, sache que j’aim...

Mais je n'écoutais déjà plus... Je me contentais de le dévorer des yeux, détaillant avec un soin précieux chaque trait de son visage, le mouvement de ses lèvres sur lesquelles je mourrais d'envie de poser les miennes. Je refusais de passer une seconde de plus sans qu'il ne soit à moi, j'étais prêt à tout risquer pour ça, à tout abandonner... Les projets ridicules avec cette fille à moitié folle, l'avenir offert par mes parents qui n'hésiteraient pas à tirer un trait sur moi après ça – même ma chère mère avait ses limites, j'en étais convaincu – le respect que cette société pouvait encore me porter... À quoi bon tout ça s'il n'était pas là pour le partager avec moi ? Son attention finit par me revenir, son regard croisa le mien. Mon sourire se fit plus grand, ravi. J'étais bien, ici. Je bus distraitement une nouvelle gorgée d'hydromel avant de reposer mon verre et de faire un geste vers lui. Une mèche lui tombait sur le front, j'avais juste envie de la repousser, de dégager son beau visage, de l'admirer plus pleinement encore... mais il m'arrêta d'un mouvement sec. Durant une seconde, la surprise dut se lire sur mes traits. La brusquerie dont il venait de faire preuve avait un côté blessant. Avait-il si peu confiance pour réagir ainsi ? Qu'est-ce qu'il croyait ? Lui avais-je levé la main dessus rien qu'une fois ? Même dans nos jeux d'enfant, je doutais que ce soit arrivé un jour. Nous ne nous étions jamais battus, tout juste disputés quelques fois... Je n'avais pas eu l'intention de faire changer ça...

— Je n'avais pas l'intention de faire de mal...

Ma voix se voulait rassurante mais j'avais bien du mal à cacher une pointe de vexation. Je lui faisais confiance les yeux fermés, je me serais totalement abandonné entre ses mains sans craindre quoi que ce soit... je pensais que c'était au moins réciproque. Pendant des mois, nous avions eu l'air sur la même longueur d'ondes... Je refusais de laisser tomber si facilement. Peut-être avait-il du mal à saisir où je voulais en venir, voilà tout ! C'était normal, tout avait toujours été implicite, des regards qui en disaient sûrement trop long, une intimité tachée de sentiments sous-entendus... Aucun de nous n'avait jamais pris la peine de faire quoi que ce soit qui ne laisse aucune place à des interprétations diverses. Ça n'était qu'un jeu, nous ne faisions que plaisanter sur les rumeurs, il n'y avait rien de sérieux. Balivernes ! C'était sérieux ! Pour moi, en tout cas, ça l'était... Ma main se posa sur sa cuisse. Celle-ci, il ne la repoussa pas. Je n'avais peut-être pas rêvé tous les signes échangés au fil de nos jeux dangereux. Monsieur préférait peut-être la discrétion, il voulait peut-être échapper aux regards voraces de nos camarades... Comme s'ils en avaient quelque chose à faire de nous, de toute façon ! Ils étaient trop occupés à profiter de cette soirée pitoyable pour nous jeter rien qu'un regard... Alors je me penchai vers lui, mes lèvres effleurant sa joue l'air de rien. Il sentait diablement bon... Sa peau était incroyablement douce... L'avais-je remarqué un jour avant ça...? Probablement... je ne m'en souvenais pas... Son parfum emplissait sûrement notre dortoir depuis trop longtemps pour être encore notable en y entrant... et nous n'avions jamais été particulièrement proches... physiquement proches... Quel gâchis ! Les mots s'échappèrent, presque suppliants, sans que je ne parvienne à les retenir. Dans d'autres circonstances, j'y aurais peut-être mis plus de formes, tourné mes phrases de façon à ce que ça fasse moins pathétique mais... j'avais l'impression que mon esprit était un peu embrouillé, comme tapi derrière un voile opaque qui l'empêchait de faire preuve d'une très grande fluidité... Sa réaction fut immédiate et pire encore qu'elle ne l'avait été jusque là : son regard m'échappa, ses doigts se resserrèrent autour de mon poignet au point de m'en faire presque mal et ce fut toute son attention qu'il me refusa. Une douleur sourde naquit au creux de mon estomac.

— Je ne connais aucun “Thad”, tu m’en excuseras.
— Je suis désolé, c'était maladroit...

Je n'avais jamais vraiment compris pourquoi il détestait ce surnom... Je m'y pliais, d'ordinaire... mais ça n'avait rien de méchant, c'était affectif, c'était... une manière comme une autre de détruire les barrières qui restaient encore entre nous, de m'extirper de la masse... Un échec de plus, ce soir... J'aimais à croire que ça n'était rien. Il devait juste être sur la défensive... Après tout, ça changeait beaucoup de nos habitudes, il lui fallait comprendre où je voulais en venir, sur quel chemin je voulais l'emmener... Tout n'était pas perdu, il n'avait pas repoussé ma main toujours sur sa cuisse et n'avait pas non plus relâché mon poignet... Il n'avait aucun problème avec quelque contact que ce soit, et ça me semblait assez rassurant. Doucement, je m'arrachai à son étreinte et laissai glisser mes doigts entre les siens. Mes gestes se faisaient plus lents, plus prudents encore, comme pour ne pas l'effrayer. Je ne lui voulais aucun mal... J'effaçai un peu plus la distance entre nous, je voulais être certain qu'il ne s'échapperait pas.

— J'en ai assez de faire semblant, repris-je d'un ton plus assuré. Ouvre les yeux rien qu'une seconde... Je ne vis que pour les moments que tu m'accordes, ces têtes-à-têtes volés dans notre dortoir, je crève de jalousie à chaque fois que tu t'approches de cette écervelée de Yaxley ou de n'importe quelle autre idiote au monde... Ça fait des mois qu'on se tourne autour, Thaddeus... Des mois ! Je pensais que le message était assez clair...

Sur sa cuisse, ma main se fit un peu plus pressante, un peu moins innocente peut-être aussi.

— Je pensais que tu avais compris à quel point tu me plaisais...

Mais cette déclaration sonnait étrangement faux... Le silence se posa une seconde sur notre couple, mon regard partit à la recherche du sien sans parvenir à l'attraper...

— Enfin... non. C'est pire que ça... Je suis littéralement fou de toi.

Personne ne pourrait venir me reprocher mes déclarations qui n'en étaient pas, ni mes propos sibyllins. Je pouvais difficilement faire plus clair... et plus sincère.

(c) jawn

Joyeux Saint-valentin

Feat @Daria S. Winchester

Je souris à mon tour alors que je vois Daria rayonner à mes côtés, avant de rejoindre le reste du groupe et faire le chemin en direction du village. Comme toujours, nous discutons durant le trajet, de tout et de rien. Il y a vraiment qu’avec un petit nombre de personnes, que j’arrive à parler sans retenue et surtout sans qu’aucune gêne ne se dessine sur mon visage. Daria en fait bien évidemment partie. Je dirai même qu’elle est en tête de la liste. Les instructions nous sont donnés devant les Trois Balais avant qu’ils finissent par nous laisser entrer.

A l’intérieur, la décoration me pique légèrement les yeux. C’est rose. Beaucoup trop rose même. Mais à mes côtés, Daria semble surexcité et mon attention se porte entièrement sur elle, un air amusé sur mon visage. Je la vois regarder partout, s’extasier de presque tout et surtout m’avertir qu’il était hors de question de quitter cette fête sans avoir pris une photo ensemble. Vaincu - facilement et sans réticence même - je lui promets que nous ferons cette photo ensemble et lui propose d’aller tout d’abord s’installer à une table, avant que nous n’ayons plus aucune place. Je ne suis pas friand de la foule, alors ne pas trouver un coin tranquille où m’installer risque de finir par mettre mal à l’aise. Nous trouvons une petite table à l’écart et prenons place. Une serveuse passe à ce moment-là avec des verres sur un plateau, je l’arrête quelques secondes afin d’attraper deux verres et les poser sur notre table. Chacun de notre côté, nous regardons autour de nous. Je constate que beaucoup sont venus en couple et je reprends conscience du thème de la soirée et surtout du jour que nous sommes. La Saint Valentin. Je pose alors un regard légèrement gêné à ma meilleure amie et lui demande si ça ne l’embête pas d’être avec moi ce soir, expliquant dans un deuxième temps ma question devant son air surpris. Après tout, Daria aurait surement voulu y aller avec un garçon qui lui plait non ? Pourtant, après avoir réfléchi, elle m’informe que ce n’est pas le cas, étrangement. qu’aucun garçon ne fait battre son cœur. Entre mes doigts, je porte le verre à mes lèvres, cachant ainsi une sorte de soulagement sur mon visage. Tant mieux alors. Que ça ne l’embête pas, surtout. Je ne sais pas si j’ai le droit d'être content ou non qu’elle ne soit pas en amour pour quelqu’un d'autre.

A son tour, elle me retourne la question et je ne peux m’empêcher de hausser un sourcil. Moi ?... Non. Tu sais très bien que ce n’est pas trop mon truc, les soirées. Je n’aime pas vraiment la foule et le fait de ne pas être proche d’une sortie de secours surtout. Je n’aime pas les regards qui peuvent se porter sur moi. Mais je sais que c’est ton truc, à toi. Alors ça me va. J’ai juste envie de lui faire plaisir et qu’elle profite des soirées de Poudlard autant que possible. J’ai envie de partager ça avec elle et d’être un meilleur ami présent pour ce genre de moment. Je peux faire ces efforts pour elle.

Puis, c’est pas comme si j’intéressais quelqu’un de toute manière. Je finis par rajouter d’une voix plus basse, les yeux perdu dans le liquide rosé de ma boisson, comme si celle-ci allait me donner une réponse. De toute manière, qui aimerait être avec un garçon abîmé ?

Code by Cab

Azure & les clients des Trois Balais

Joyeuse Saint-Valentin

Les bouchées de gâteau se succédait lentement mais surement. Chocolat et cerise, il était absolument délicieux! Au point, ou elle prit bien son temps pour le déguster et n’en laissa pas une miette. Alors que la trace du coulis était la seule preuve qu’il eut bel et bien une part de gâteau dans cette assiette, il lui fallu un très gros effort pour ne pas lécher l’assiette; mais elle se dissuada à la dernière minute ne voulant pas se donner en spectacle. Déjà qu’elle était seule au bar et ne parlait à absolument personne sauf la serveuse en ce jour de St-Valentin. Avait-il l’impression qu’elle prévoyait un sale coup ? Elle n’avait pas vraiment une opinion sur ce que les autres pouvaient bien s’imaginer et imaginait, cependant, très bien qu’ils étaient beaucoup trop concentrés sur leur propre compagnie, à savoir leur valentin et valentine pour la soirée.

Un dernier verre de jus de citrouille comme seule compagnie. Elle continua à poser ces mots sur sa feuille de parchemin en guettant autour l’attitude de l’un et de l’autre. Puis après plus d’une heure assise sur le tabouret haut, son humeur se gâta et elle décida qu’elle en avait assez vu pour la journée, voir même le mois. Alors qu’elle se levait et remettait son manteau, son chapeau, des gants et son foulard. Son regard trouvait très aisément le sourire de Florent contente comme pas un en train de prendre des photos avec Kathleen. Il avait l’air si… heureux. Et elle, elle se sentait si moche. Se fût incessamment d’une cadence rapide qu’elle se précipita hors des Trois Balai pour reprendre de l’air et contenance sur ces émotions. Elle ne pouvait pas afficher une mine réjouie à quiconque dans les parages et espérait, oh espérait, tellement arriver à l’école avant que des larmes se mettent à ruisseler sur ces joues. Elle en courût presque ne se laissant distraire par personne jusqu’à ce qu’elle soit bel et bien enfermé dans sa chambre de dortoir.

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Some ♡ can only
care too much

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Saint-Valentin

Thaddeus & @C. Junior d'Archambault

Il me faudrait assurément un verre ou deux pour survivre à cette soirée. Peut-être trois, si nous étions optimistes. Une bouteille entière ? Et une deuxième que nous ramènerions jusqu’au dortoir. Je n’en savais rien. Je ne possédais aucun élément me permettant de prédire le déroulement de cette soirée. Et puis, l’alcool n’était pas mon addiction favorite. Celle que je préférais était restée dans le tiroir de ma table de nuit et la deuxième n’était pas dans mes poches… Je faisais attention à ne garder aucune cigarette sur moi, laissant le soin à Caleb d'écoper pour nous deux si par malchance il se faisait prendre la main dans le sac. Cela me peinerait grandement si jamais ces dernières venaient à être confisquées, bien évidemment, mais… Comme je le disais, j’avais une autre drogue, plus forte, plus addictive, et bien meilleure pour moi, et par tous les saints ! qu’elle me manquait en cet instant précis. S’il n’était question que de quelques heures en cet endroit sordide, j’aurais pu faire avec, mais toute une soirée en compagnie des gueux ? Et à cela s’ajoutait l’horrible sensation d’avoir renforcé les sentiments de Junior pour Erin avec mes petites remarques qui n’avaient pas su piquer là où je l’avais voulu. Quel genre d’idiot était-il dvneu ? Quel genre d’idiot étais-je moi-même pour être venu ? Erin avait le droit à des bagues hors de prix et à moi, il… à moi, il me demandait de venir traîner avec lui dans des cloaques de la pire espèce. S’il tentait de me faire passer un message, je parvenais sans mal à le saisir – qu’il en soit rassuré ! La différence de prix et de qualité m’apparaissait très clairement, il pouvait en être sûr, et il ne pouvait me blesser plus durement. Mon amour des belles choses était si bafoué, en cet instant… Le rose n’était pas une couleur que j’excluais de ma garde-robe – toutes les couleurs avaient leur potentiel –, mais après ce soir… je risquais de tirer à vue. Et de mettre le feu à toute mon armoire afin d’avoir le privilège de la renouveler en conséquence : le noir du deuil. Le deuil de mes anciens vêtements. Le deuil de mon statut de favori. Le deuil de mes amitiés, également, il ne fallait pas se leurrer. Le deuil de ma dignité. Le deuil de cette vie de château qui m’avait pourtant été destinée depuis ma naissance… Un soupir s’échappa de mes lèvres tandis que nous nous dirigions vers une table, verre en main.

Je n’arrivais guère à attraper la raison du pourquoi nous étions venus ce soir. Nous pouvions passer de meilleurs moments sans quitter un instant notre dortoir – (ce qui était, en soi, un idéal) – et voilà que monsieur me commandait de faire l’effort de venir jusqu’ici… Pour quoi ? À ma connaissance, il n’avait rien prévu en termes de divertissement, pour ce soir. Il ne m’avait pas confié avoir eu l’idée de créer une zizanie de premier ordre entre les plébéiens présents ou de gâcher la fête d’une façon ou d’une autre. Il ne m’avait rien confessé de la sorte. Alors pourquoi ? Cherchait-il à me punir d’une quelconque action qui lui aurait déplu ces derniers temps ? Il semblait y en avoir tant, de son point de vue. Ou cherchait-il à s’infliger ce châtiment tout seul ? J’imagine qu’une telle possibilité pouvait expliquer énormément de choses, mais il aurait pu avoir l’obligeance de ne pas m’inviter. Mon vieil ami s’était détraqué lors de notre éloignement pour devenir une espèce de junkie pour les sévices, et cette théorie était si plausible que j’étais prêt à l’accepter comme vérité dans le seconde. Et Erin en avait profité, assurément. Honnêtement, je souscrivais à cette théorie. Il n’aurait qu’à me prouver le contraire en, par exemple, oubliant cette sombre idée de repartir avec une photo souvenir ! Immortaliser une telle décadence ! Ou Junior avait véritablement découvert un penchant pour la dégradation de son intégrité, ou il tentait de se venger d’une chose dont je n’avais pas conscience. Car, vraiment, peu importe où je jetais le regard, je ne voyais qu’une saleté crasse tout autour de nous, pouvant nous contaminer à tout instant. J’étais à deux doigts d’exiger l’ouverture de toutes les fenêtres et de toutes les portes pour aérer l’endroit. Si rien n’entrait à notre contact, il était évident que nous allions respirer le même air pollué que les autres.

Et Junior avait l’air si content de la situation ! Je m’étais retourné vers lui, irrité de son peu de réactions face à mes remarques. Était-il devenu benêt en l’espace de quelques secondes ? Le rose lui était-il monté à la tête ? Il arborait un visage ridicule et – le pire, à mon humble avis – fut d’être obligé de constater qu’il me regardait bien moi et personne d’autre. Un frisson me parcourut sans pouvoir en déterminer la raison. Était-il déjà soûl ? Je pensais pourtant, contre toute attente, que Junior avait une plus grande tolérance à l’alcool que la mienne… Mais je n’eus pas le temps de l'interroger sur quoi que ce soit relevant de sa condition actuelle alors qu’il approchait la main de mon visage. Surpris, ma main vint enserrer son poignet sèchement. Si la règle du « toucher avec les yeux » pouvait disparaître en compagnie de mes plus proches amis, je n’étais pas très à l’aise si cela se faisait dans une atmosphère qui ne s’y prêtait pas. Et, tout de suite, elle ne s’y prêtait absolument pas. C’était même tout le contraire. Une vague de peur prit d’assaut ma cage thoracique avant de laisser place à une vague de honte. Junior ne pouvait pas me voir si peu maître de moi-même ! Et pourtant, comment lui échapper ? Son regard semblait ne pas vouloir me quitter et me clouait sur place. Il m’assura ne pas avoir voulu me faire de mal, ce que j’étais prêt à entendre, aussi tentai-je de me calmer. Je ne rejetai point sa main sur ma cuisse bien que continuant d’être sceptique. Je n’arrivais pas à penser à autre chose qu’une farce, qu’une vengeance puérile que j’allais devoir encaisser. Et bien, soit, j’encaissai – difficilement seulement. Le raccourcissement de mon prénom avait le don de me braquer, et venant de la bouche d’une personne de confiance, c’était encore pire : un coup de couteau dans le dos. « C’était offensant » lui répondis-je. Que les mendiants ne comprennent pas l’importance du deus, je l’entendais, mais lui ? Oh, il avait reçu une moins bonne éducation que la mienne, mais tout de même ! Les rudiments du latin se perdaient. Ma réponse fut tout aussi sèche que mes gestes et je finis par me distancer de lui, saisissant enfin mon verre de ma main libre. J’en aurais plus besoin que je ne le pensais. Quant à répondre sérieusement à sa question… Par tous les saints, quelle question ridicule. Qu’est-ce qui lui prenait de minauder de cette façon ? C’était dégoûtant. C’était aller très loin pour une simple moquerie. J’aurais honte, à sa place, de me souiller de cette façon pour une chose d’aussi peu d’intérêt.

Si, de mon côté, la discussion était close, ce n’était guère l’avis de Junior. Je le vis quitter mon emprise avec une douceur risible, mêler ses doigts aux miens dans une lenteur à m’en décrocher la mâchoire. Son attitude était semblable à celle d’une pucelle, mais en pire. Rien qu’à l’idée, j’affichai presque une moue de dégoût. Cette pensée était dérangeante à mon esprit tant je ne pouvais considérer Junior de cette façon. Il ne tenait pas ce rôle dans mes plans – Carla, si. Caleb, même, s’il fallait pousser l’analogie au plus ressemblant possible. Mais Junior ? Je l’avais connu enfant. Je lui avais épongé le front lorsque la sueur se faisait trop grande. Si nous étions restés aussi proche qu’avant, peut-être mes paroles auraient été différentes, car je l’avais longtemps considéré comme une autre partie de moi-même, mais ce n’était plus le cas. Plus Junior se rapprochait physiquement de moi ce soir, plus je mesurais la distance qui s’était insinuée entre nous avec le temps.

Je l’écoutai, le visage blasé. Un autre discours mièvre auquel je ne parvenais à m’intéresser. Ouvrir les yeux ? Sur quoi ? Notre déchéance grandissante à mesure qu’il se rapprochait de cette harpie sans plumes ? Si c’était une blague qu’il me faisait, j'étais prêt à prendre tout ceci au premier degré et à me ridiculiser devant lui, si c’était ce qu’il attendait pour ensuite rire derrière mon dos. N’étions-nous pas de vils personnages, tous autant que nous étions ? Lui encore plus pour tenir un tel discours. « Quel message ? Est-ce à moi que tu offres une bague comme si de rien n’était ? Si le message était assez clair, tu m’aurais demandé plus que simplement t’accompagner et te conseiller sur la question… » Il fallait être lucide : j’avais encore l’épisode en travers de la gorge. Et cette dévergondée ne manquait pas de s’afficher avec en public, désormais. Une aussi belle bague pour un aussi vilain doigt ! « Je te trouve bien cruel, Cornelius. » L’idée d’être entretenu avait quelque chose de plaisant, je ne pouvais le nier, mais j’avais plus de fierté que ça. L’idée d’être aimé à ce point était grisant, mais ce n’était qu’un piège. Vers quoi essayait-il de m’amener ? Dans quels filets ? Erin était-elle cachée dans un coin, prête à bondir pour détruire mon image publique et ma réputation avec la complicité de Junior ? Et ce dernier qui continuait ses marques d’affection de façon plus ostentatoire encore à mon égard. Répugnant. « Je pense que tu as perdu la tête, effectivement » fis-je en lui rendant ses mains avec toute la bonne volonté du monde. « Laisse-moi te rendre un service : je vais aller demander à ce qu’on appelle Sainte-Mangouste, ne bouge pas. » Je me levai pour me rendre de nouveau au comptoir et commander un deuxième verre. Peut-être avais-je été trop optimiste en imaginant pouvoir me contenter de deux bouteilles ce soir.

(c) DΛNDELION

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