Le premier sentiment qui l’avait habité, alors que ses doigts venaient de se refermer autour de la petite balle dorée, était l’incompréhension. Elle venait réellement d’attraper le vif d’or ? Si vite ? Si tôt ? Non. Elle avait dû se tromper, prendre un reflet du soleil sur la montre d’un supporteur, dans le gradin un peu plus loin, pour le vif d’or. Et elle n’avait attrapé qu’une pomme de pin que le vent avait porté jusqu’ici. Mais si haut, si loin de la forêt interdite, c’était hautement improbable. Sans compter que la texture sous ses doigts n’était pas assez rugueuse et qu’un morceau d’aile s’était coincé entre ses doigts. Haley avait réellement mis fin au match. L’évidence ne pouvait plus être niée, alors qu’elle ouvrait sa main et contemplait l’objet doré, posé dans sa paume, une aile tordue par la pression.

Et alors, une joie incommensurable l’avait envahie. Si forte qu’elle l’aurait presque empêché de diriger tranquillement son balai vers le sol. L’attrapeuse posa le pied sur l’herbe fraîche du terrain, regardant les robes jaunes et noir de ses coéquipiers venir jusqu’à elle... une silhouette un peu plus musclée que les autres en tête. Misha. Avant qu’elle n’ait le temps de dire quoi que ce soit, de s’exclamer de joie, le poursuiveur la soulevait du sol et l’étreignait dans la plus agréable des félicitations. À cet instant, elle ne pensait plus aux entraînements éreintants, aux heures qu’elle aurait pu passer à réviser plutôt qu’à voler sur un balai dans le froid... seule sa victoire et le câlin du russe importaient.

Trop heureuse de laisser le garçon la prendre dans ses bras, il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits et clamer : « J’y crois pas, on a gagné ! » Et de ce qu’elle comprenait aux cris de joies des supporters de leur maison, poufsouffle avait marqué au moins un but dans ce si court laps de temps. Tout était parfait ! Elle était sur un petit nuage. Du terrain, jusqu’au vestiaire, et des vestiaires jusqu’à la salle commune, elle n’avait pas eu l’impression de diriger ses mouvements tant son esprit divaguait. Elle agissait presque automatiquement, saisissant au vol quelques accolades et félicitations, notant tout juste l’absence de Niamh dans les vestiaires. Mince alors ! Bella était bien là, mais il manquait le dernier poursuiveur... pourtant, personne n’avait mentionné d’accident et – Erin veillant au grain – pas de cognard trop rude. Sans doute Niamh était déjà reparti dans la salle commune, mais si vite, c’en était surprenant.

Une préfète digne de ce nom chercherait à savoir ce qui était arrivé à sa camarade de dortoir ! Pas le moins du monde inquiète – l’euphorie n’était pas encore redescendu – elle gagna le cocon des poufsouffles... pour se retrouver face à une salle commune légèrement réaménagée. Nul doute, quelqu’un avait prévu des festivités ! Et les coupables étaient tout trouvé : un petit groupe de jaune et noir – parmi lesquels trônait Niamh – se tenait non loin. Haley pressa le pas. « Niamh, je me demandais où tu étais. » Elle était soulagée de la voir en un seul morceau et en bonne compagnie – très bonne, puisque Misha était là. Roxy était également présente, radieuse comme toujours... mais étrangement, son co-préfet manquait à l’appel. « Une fête est organisée et Maxwell n’est pas encore là ? » Encore qu’il semblait être passé dans les environs, à en juger l’étalage de boissons. L’attrapeuse fronça des sourcils, presque certaine que le règlement ne permettait pas que de l’alcool soit tenu à disposition de tous les élèves, sans distinction d’âge... mais elle avait beaucoup trop envie de profiter de sa victoire pour jouer les rabat-joie. « Cette fête est une super bonne idée, on en manquait un peu à poufsouffle ! Je vais me chercher à boire, je vous ramène quelque chose ? » Et qu’on se le dise, si elle comptait bien vérifier que les plus jeunes ne touchent pas aux boissons pour adultes, elle n’allait pas s’en priver, pour une fois. Ce n’était pas tous les jours qu’elle fêtait son premier vif d’or... et le câlin du russe !

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