Tearing you asunder harm

Le retour chez moi après le bal et au début des vacances n’avait pas forcément été des plus chaleureux. Pas que cela change vraiment de d’habitude, mais plus les jours, les semaines et les mois avancent, plus je me rapproche de cette sentence qui reste en dessus de ma tête comme une épée de damoclès. Mon père me le fait ressentir et les conversations à la table dévient bien trop souvent sur des sujets similaires sans parler du mariage de ma cousine pour lequel nous étions conviés. J’ai encore le souvenir de la douleur aux joues à force de sourire par politesse à tous ces questionnements concernant ma future union dont je ne suis même pas au courant. Mes doigts étaient encore crispés plusieurs jours durant à force d’avoir tellement étaient malmenés voir serrer de tension. Je rêve de leur dire d’aller se faire foutre avec leurs questions et de me laisser tranquille. Mais cela m’aurait valu une bonne paire de gifles de la part de mon père sans parler de l’annulation de notre accord. Alors comme souvent, j’avais simplement fermé ma bouche, répondu comme un robot et joué le fils bien éduqué. J’avais également pris le temps d’observer ma cousine tout en me demandant si elle était heureuse en ce jour de mariage. Est-ce qu’elle l’avait voulu ? Était-elle amoureuse ? Ou était-ce encore un mariage purement arrangé afin de rapprocher plusieurs familles ? Rien sur son visage ne répondait à mes questions. Ce fichu masque d’indifférence qui nous scie à merveille.

Alors rentrer à Poudlard avait été un peu comme une délivrance. Quand bien même des tensions semblent exister au sein du château. Quand bien même les choix de la direction ne font de loin pas l’unanimité. Moi-même je ne sais pas vraiment quoi en penser mais jusqu’à présent, ces décisions ont plus ou moins étaient à mon avantage. Tant que je me tiens bien. Je ne suis pas stupide. Mon grade dépend de ce que je fais, les brigadiers étant les marionnettistes de ce fichu classement. Mais pas que. Je ne peux pas jouer au con si je veux encore pouvoir jouir de ces quelques mois sans chaînes familiales et sans restriction au château.

Assis dans un des fauteuils de la salle des préfets en cette fin de journée, laissant Maxwell à sa rébellion contre le classement et pour laquelle il vaut également mieux pas que je m'implique, je lève la tête précipitamment sur la porte qui claque contre le mur. Devant moi apparaît Carla dans l'encadrement de la porte. Les joues tout aussi rouges que ses yeux. Je foncé les sourcils à cette vue des moins habituelles et les fronce encore plus à ses premiers mots. Pardon ? Carla, me chercher ? C'est une blague ? Pourtant son air sérieux, le fait qu'elle s'avance sans me donner si elle me dérange et le fait qu'elle s'assoit devant moi me prouve pourtant que c'est réel. Suspicieux, je me redresse contre l'assise du fauteuil, silencieux, le regard braqué sur la Serpentard, attendant de voir pourquoi ce soudain besoin. Elle semble agitée, comme si quelque chose l'avait surprise voir effrayée. Voir ce genre d'émotion chez la blonde n'est pas vraiment commun pour moi. Elle reprend la parole et commence avec une question qui me donne envie de l'envoyer chier directement. En… Mais je n'ai pas le temps de finir qu'elle me coupe la parole, indifférente au ton que j'allais employer. La pointe de détresse dans son regard me transperce plus que je l'aurai pensé et j'ai le sentiment que tout ce qui va se passer maintenant ne va clairement pas le plaire.

Mon corps se raidit à l'écoute de ses sous entendus. Ce sujet est la raison de la cécité de Casey. Jamais je n'en avais parlé à qui que ce soit, ma promesse de me taire encore bien ancré dans mon esprit. Cette magie noire responsable de ses maux et qui l'emporte encore toujours un peu plus dans ses bras invisibles. Cette même magie noire que certains membres de ma famille aime à étudier ou même pratiquer. Cette même magie noire qui se retrouve dans cette vieille magie incrustée sur mon bras et qui me tiraille de jour en jour alors que Casey se perd. J'ai envie de la détester mais c'est plus compliqué que ça. J'inspire silencieusement alors que le noir de mes yeux s'ancre un peu plus dans le regard de Carla. Que tu étais… présente ? Et qu'elle n'a rien fait pour empêcher sa meilleure amie de rejoindre les ténèbres. Je suis maintenant tout ouïe à ses mots, la raison de sa venue, à son inquiétude. Oui je l’ai vu. Pourquoi ? Les battements de mon cœur commencent doucement à faire écho dans mes oreilles. Lorsque l'on parle de Casey, j'ai toujours cette amertume qui se niche au fond de ma poitrine. Et explique moi ce que tu as à voir avec sa cécité. Je veux tout savoir. Tout ce que je pourrai reprocher à Carla.

Tearing you asunder harm

Si je m’étais attendu, à peine quelques jours après la rentrée, que Carla m’annonce qu’elle me cherche, en dehors de nos devoirs de préfets, je n’y aurai pas cru. Et ce n’était certainement pas pour me souhaiter la bonne année qu’elle avait fait le tour du château pour me retrouver. Encore moins dans l’état dans lequel elle se présente devant moi, comme si elle avait du mal à digérer le bol de soupe proposé au repas du soir. Je la regarde stupéfait, dans un premier temps, abandonnant ce que je faisais quelques instants auparavant. Je la regarde se déplacer dans la salle, jusqu’à s'asseoir dans le fauteuil face à moi, les traits tendus et comme une inquiétude au fond de ses prunelles. Je n’ai même pas le temps d’en placer une qu’elle enchaîne les questions sur Casey. Me demandant si je l'avais vu durant les vacances. Encore une fois, je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche pour lui demander en quoi ça la concerne. Au lieu de ça, la détresse se fait plus présente dans ses yeux alors que les sous-entendus sortent d’entre ses lèvres. Mon corps se raidit à cette mention, comprenant très bien à quoi elle fait allusion. Casey m’en a parlé d’elle-même en fin d’année dernière, me laissant le choix de m’éloigner ou non avec cette information. Mais le fait que Carla soit également au courant et me précise qu’elle était présente ce jour est une révélation à laquelle je ne m'attendais pas.

Je souffle à peine mes mots alors que la Serpentard me repose sa question initiale. Mâchoire serrée, j’accepte de lui confirmer l’avoir vu durant les vacances tout en voulant comprendre pourquoi cette question. Sa réponse est incompréhensible pour moi. Alors, à mon tour j’enchaîne, lui demandant de m’expliquer ce qu’elle a avoir avec la cécité de Casey. Devant moi, la blonde devient livide, son regard braqué sur moi. Autant la colère était prévisible et même attendue mais l’émotion suivante me prit légèrement de court. La surprise se dessina un court instant sur mon visage, alors que les larmes commençaient à rouler sur les joues de Carla. J’ai beau avoir une réputation d’homme à femmes, avoir fait pleurer plus d’une fille après un refus ou rejet de ma part mais j’ai toujours fait en sorte de ne pas le voir. Je n’aime pas cette image mais j'esquisse pourtant aucun geste pour l’arrêter. La colère de Carla me tombe dessus, sans contrôler son langage. J’hausse un sourcil à sa remarque sur la torture des chatons, étant un adorateur de cet animal. Sa voix monte dans les aigües et m’insupporte. Je laisse mon regard glisser sur l'une des fenêtres de la pièce, donnant sur le lac gelé. Je reste silencieux pendant toute sa tirade, serrant les dents à plusieurs moments afin de ne pas partir à mon tour dans les tours. Le noir de mes yeux se pose à nouveau sur elle alors qu’elle insiste sur le fait qu’elle a cherché à l’aider et qu’il était déjà trop tard. Dubitatif, je la questionne silencieusement sans m’en rendre compte et aussitôt elle mentionne son séjour à l’infirmerie de l’année dernière, me laissant encore plus dubitatif. Je suis au courant que la blonde avait passé plusieurs jours à l'infirmerie mais je ne me suis pas intéressé à la raison. Jusqu'à aujourd'hui.

Son geste ne passe inaperçu et mon regard suit sa main sortir sa baguette de sa poche et jouer avec, la tête baissée. Je fronce les sourcils face à ce semblant de menace qu'elle me fait. Ses mots résonnent à mes oreilles alors que sa voix est empreinte de regrets Elle espérait que je la comprenne, en tout cas pour ce qui concerne Casey. Le noir de mes yeux s'engouffre dans ceux tristes de Carla alors qu'elle me demande ce qu'elle doit faire maintenant. Un rictus agacé se dessine sur mon visage alors que je me lève sans prévenir et englouti les quelques mètres qui nous séparent. Mes doigts se referment fermement autour de son poignet dont les doigts serrent sa baguette. Qu'est ce que tu comptes faire avec ça ? Me menacer ? Le ton est froid et ma colère palpable. Il y a bien une chose que je déteste, c'est que l'on me menace. Je me retiens de serrer plus fort, bien conscient de pouvoir la blesser et fini par me redresser tout en la relâchant, le regard braqué sur elle. Tu me fatigues Carla. Vraiment. Je t'ai juste demandé de m'expliquer ce que tu as avoir avec son état et tu pars comme une hystérique, à monter dans les aiguës et à sortir ta baguette pour faire quoi ? Me jeter un sort ?

Je ne retiens plus mes mots. Tout comme elle, je laisse de côté l'élégance de ces derniers et utilise ceux bien connus lorsque je fréquente mon groupe d'amis. Bien sûr que je voudrai que quelqu'un d'autre soit responsable de son état. Et je vais pas te mentir, que ce soit toi serait plus simple pour moi. On ne s'apprécie pas, tu es insupportable, sournoise, imbuvable, toujours dans mes pattes et je t'ai déjà dit que je te trouvais hypocrite. Alors oui je voudrai te le reprocher. Mais putain, je suis pas con ! Je sais très bien qu'elle seule est responsable. Que ce sont ses putains de choix qui l'ont mené à ça.

Et encore une fois mon cœur se serre à cette mention. Ses choix sont là raison de son état actuel, de son éloignement dont elle n'est pas consciente, de l'amertume et la tristesse que je ressens à chaque fois que je la sens s'éloigner un peu plus. Je sais qu'elle n'est plus "là", plus présente dans notre relation, que plus rien ne l'intéresse à part ses projets et expériences. Même la prendre dans les bras ne comble pas le vide que je ressens. Elle est comme une poupée qui obéit juste à son corps. Les sentiments en moins. Je reste de out alors que je ne souhaite que m'effondrer sur le canapé. La peine et la colère de Carla font écho à la mienne. C'est plus facile de t'en vouloir que d'accepter que je n'ai rien pu faire. Plus facile à accepter et à digérer. C'est injuste mais cela fait un moment que je le suis de toute manière. Je pense à ma personne, à mes emmerdes, à mes sentiments, à faire le ménage parmi eux.. Ceux des autres me passent au dessus pour la plupart. Et pourtant ceux de ma co préfète font écho aux miennes. Trop similaires. Je soupire une fois, puis une seconde fois alors que je finis par reculer, reprenant ma place initiale sur le canapé. Je frotte machinalement mon bras qui me démange. Comme à chaque fois que je pense à Elle. J'entrouve plusieurs fois les lèvres, comme si je m'apprêtais à dire quelque chose avant de me raviser et m'adosser entièrement contre le dossier, les yeux posés sur le plafond. Je te comprends bien plus que tu l'imagines. Je finis par lâcher dans un soupir. Et ce qui est encore plus difficile à dire c'est que je sais qu'elle aussi est plus ou moins la seule à me comprendre.

Tearing you asunder harm

Il ne m'a fallu que deux pas pour engloutir la distance entre nous et enserrer son poignet entre mes doigts sous son regard sidéré. Je ne sais pas si c'est la pression sur son poignet, le ton froid employé, le regard noir que je lui jettes ou bien la combinaison des trois qui lui fait lâcher sa baguette. Son geste que j'avais perçu comme une menace venait de prendre fin tout aussi rapidement qu'il était intervenu. Je ne suis pas quelqu'un qui se laisse menacer sans rien dire. Ses justifications ne me font pas lâcher prise, le regard toujours braqué dans le sien. Quand bien même l'objectif n'était pas de me faire du mal, le simple fait qu'elle ose imaginer me lancer un sort d'oubliette - vu qu'elle parle de vouloir me faire oublier - m'irrite. On ne joue pas avec mes souvenirs de la sorte. ils m'appartiennent, même ceux déplaisant. Je suis seul maître de ce que je veux oublier ou non.

Je relâche ma poigne au moment où elle me demande de la lâcher d'une voix faible. Je la regarde entourer ses jambes de ses bras, d'une tentative de se protéger d'un mal invisible ou peut être de moi. J'hausse un sourcil avant de me reculer dans un soupir bruyant. Je ne comprends pas pourquoi Carla est là et encore moins son hystérie alors que je lui pose une simple question. Énervé par la situation, je ne me retiens plus et lâche ce que je pense d'elle et cette situation sans me retenir Je ne monte pas le ton mais ce dernier n'a strictement rien de sympathique. Je me moque de la blesser avec mes mots. J'ai juste besoin d'une réponse claire. Pourquoi diable est elle venu me chercher et surtout qu'elle rapport à t'elle avec l'état de Casey Bien sûr que je crève d'envie de reprocher à qui que ce soit ce qui arriver à la brune mais je suis bien conscient que la première fautive est la concernée. Personne ne l'a obligé à faire de la magie noire et à continuer à vouloir en savoir plus, encore et encore. Même aujourd'hui je la vois se perdre dans les membres de cette magie. Je le sens. Cette sensation désagréable sur mon bras, comme une brûlure qui refuse de disparaître.

Je laisse échapper un nouveau soupir à ses mots tout en me laissant tomber sur le canapé en face d'elle, reposant complètement mon dos sur le dossier de ce dernier, les yeux levés au plafond. Je laisse échapper une vérité que je n'aurai jamais imaginé dire jusqu'à aujourd'hui. Mais je ne peux pas la nier. Si dans ce château, il y a bien une personne qui peut comprendre ma situation familiale et même amoureuse, c'est bien elle. Malheureusement. Je fronce les sourcils alors qu’elle affirme que ce n’est pas le cas. Du moins pas entièrement. Je me redresse légèrement, posant un regard interrogateur à son encontre alors que les traces de ses larmes sèches doucement sur son visage. Elle m’empêche d’ouvrir la bouche d’un geste de la main et reprend la parole, enchaînant les mots, les phrases sans réellement prendre le temps de respirer. Dire que je comprends tout ce qu’elle me dit serait faux. Je comprends qu’elle parle de magie noire, du processus qu’elles ont utilisé ce jour. Processus que je ne connais pas. Je ne savais même pas, jusqu’à aujourd'hui, que Carla touchait également avec la magie noire. Je fronce un peu plus à la mention d’un professeur mis au courant et qui aurait tût l’incident. La seule personne qui me vient à l’esprit est le professeur Van Aken. Mais là encore, je ne comprends pas son implication. Mais je n’ai pas le temps de m’interroger plus longtemps sur le sujet, la suite des explications de Carla m’accaparant totalement. Je ne prends même pas la peine d’empêcher les émotions de se dessiner sur mes traits. L’incompréhension tout d’abord, puis la surprise et enfin l’inquiétude. Les mots se mélangent, laissant certains s’imprégner plus que d’autres. Voire. Enterrement. mal. Une sorte de décharge se manifeste dans tout mon corps alors que je me redresse un peu plus, le regard figé sur les visage en larmes de Carla. Qu'est ce… que tu veux dire ?[Je lâche d’une voix blanche et basse. Lentement, je me lève à nouveau, portant mes doigts contre mon front. Je ne comprends pas. Attends… Tu es entrain de me dire que tu a un don de voyance depuis l'accident ? J’essaye de rester clair, de prendre une information après l’autre, mais une seule continue de me marteler le crâne. ”Je vois son enterrement”. Les picotements reprennent de plus belles mais je les ignore, le noir de mes yeux passant de Carla, au sol, à l’un des murs de la pièces sans jamais se fixé réellement. C'est quoi cette histoire… Sérieux… Je ne la comprends pas. Non, je ne veux pas la comprendre. Je sais que Casey va mal, qu’elle n’est plus la fille que j’ai connu. Notre dernier rendez-vous me l'a confirmé. J’ai détesté la sensation d’avoir une poupée entre les bras, qui ne fait aucun geste, aucun échange. Son regard est vide. Non pas à cause de sa cécité mais du fait que plus rien n’y transparaît. Elle était juste là pour être là. Surement s’est elle rappelé un instant, entre deux expérimentation, qu’elle a un petit ami. Mais ressent-elle vraiment encore autre chose ? Je me crispe et serre les poings, la brûlure se faisant plus palpable sur mon bras tout autant que mon cœur.

Je ne te crois pas. Les mots sortent sans préavis. Mon visage tourné vers la blonde, sans émotion. Le masque est encore là. A nouveau j’engloutis la distance entre nous et pour la seconde fois dans la soirée, je pose mes mains sur elle. Sur ses épaules. Sans force. Comme un besoin de m’assurer que tout cela est réaliste. Dis moi que c'est faux et que tu cherches juste… juste.... [ Le noir intense de mes yeux fouille sur le visage d ela blonde, la moindre de trace qui pourrait m’indiquer qu’elle me ment. Mais les larmes qui ruissellent et l’appel à l’aide qui se dégage de son regard brise le peu d’espoir qui me reste. Le masque se brise, le regard glisse sur mon bras. Comment ai-je pu ne pas comprendre. Le flot d'émotions qui me submerge se bouscule dans mes yeux avant que je ne baisse la tête en pinçant les lèvres. Mes doigts se serrent machinalement autour des épaules de la Serpentard puis se relâchent totalement, mes bras tombant le long de mon corps. Je peine à me redresser et à m’éloigner. Ma main tremble alors qu’elle se glisse dans mes cheveux, le dos tourné à ma co-préfète. Peut-être qu’oublier aurait été mieux, finalement…

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J'aurais dû savoir que le fait que Carla me cherche ne présageait rien de bon. Encore moins dans l'état dans lequel elle s'était montrée. Jamais, jusqu'à aujourd'hui, je ne l'avais vu ainsi. J'aurai dû y faire attention, comprendre ce qui allait se produire. M'enfuir sûrement. Mais je n'ai rien fait de tout cela. Je suis resté stoïque devant sa détresse, ne la comprenant pas tout de suite, certain qu'elle ne m'était pas destinée. Depuis quand avons-nous ce genre de relation, elle et moi ? La majorité de nos discussions se terminent dans les remarques acerbes et les insultes. Si on ne prenait pas en compte notre dernier tête à tête avant la rentrée de septembre. Je n'ai pas su voir les signes, trop obnubilés par mes propres problèmes et tous ces sentiments qui surgissent les uns après les autres alors que je souhaite juste les calfeutrer au fond de ma poitrine.

Pourtant, les larmes qui coulent sur ses joues, le flot d’émotion au fond de ses yeux me sont bien destinés, alors qu’elle enchaîne les informations, assise sur le canapé, les jambes repliés sur son torse. Je les encaisse les une après les autres, sans réussir à tout comprendre du premier coup. Les mots se bousculent dans ma tête. Je pose une question dans une voix blanche, comme pour confirmer un point que je ne suis pas certain de vouloir entendre. La blonde me parle de vision, d’un don de voyance limité. Mais je suis déjà autre part. Sur ces derniers mots, ceux qui me coupent le souffle et me martèlent encore un peu plus le cœur. Est-ce possible de ressentir autant de choses là-dedans ? Les picotements reprennent mais je tente de les ignorer autant que possible, mon regard d’encre figé sur le visage de ma co-préfète. Je ne comprends pas. Non je ne veux pas comprendre, je refuse de la croire et je n’hésite pas à le lui signifier. Comment peut-elle me dire ça ? Se rend-elle compte des absurdités qu’elle me sort et à quel point c’est douloureux ? Mes dents malmènent l’intérieur de mes joues alors que je me redresse, le visage vide d’émotion, le masque d’indifférence tenant encore à un fil. La distance entre nous est engloutie en quelques secondes, mes mains posées sur les épaules de Carla. Comme une bouée m’empêchant de me noyer. je ne veux pas y croire. Je veux juste l’entendre me dire qu’elle se fout de moi. Pourtant, ce n’est pas de la provocation que je lis sur son visage. Encore moins cette impassibilité qui nous est propre. Seules les larmes me répondent et finissent par briser mon propre masque. Je peine à me redresser, la sensation d’avoir un poids énorme au fond de la poitrine. Je me sens submergé mais j’ai encore un peu de volonté pour me détourner de Carla et fermer les yeux afin d’atténuer le picotement qui s’installe, prémisse de larmes.

Je ne sais pas combien temps passe et je suis à peine conscient que mon corps tremble. Seule les piques dans mon bras me semblent plus intenses. Je sursaute presque au toucher de Carla alors qu’elle m'agrippe doucement le bras. Mon corps se tend instinctivement, criant silencieusement qu’elle me lâche. L’habitude sûrement. Mais aucun son ne sort pour autant entre mes lèvres et le geste qui aurait dû suivre ne se présente pas. Je me laisse faire, comme fatigué de me battre avec elle. Qu’est ce que cela changerait ? Les choses ont été dites, provoquant la douleur qui va avec.

J’écoute à peine ses excuses, la tête baissée vers le sol. Le mal est fait. S’excuser ne sert plus à rien. Qui aurait cru que nous en serions arrivés à ça un jour. A s’excuser auprès de l’autre, les masques brisés au sol, les joues rougies par les pleurs et le corps voûté en avant, surplombé par un poids douloureux. Il est loin le temps où nous faisions que nous insulter pour des gamineries à la con.

Je laisse échapper rire sans joie à la supplication de Carla.De l’aide… Se rend-elle compte de ce qu’elle dit ? Je me redresse dans un soupir, posant mon regard noir dans le sien. Je peux lui accorder toute l'aide qu'elle veut. Tout. Pour Casey je le ferai, mais ...Mais comment veux-tu que je t’aide ? Casey … Les mots se bloquent. Le souvenir de notre dernier rendez-vous repassant devant mes yeux, ravivant encore un peu plus cette douleur écrasante. Elle est allée trop loin. Ma voix s’éteint en fin de phrase. Je sais de quoi je parle. Je l’ai vu, je le sens. L’ex aiglonne n’est plus la même. Son corps fait juste acte de présence alors que sa tête est totalement ailleurs. Il n’y a plus de partage, juste des bras qui se laissent faire et des lèvres qui ne répondent plus. Je ne suis même pas sûr qu’elle ressente encore quoi que ce soit. Même pour moi. Mes mains se serrent alors que je détourne à nouveau le regard. Il y a bien une chose que je refuse de faire devant Carla. C’est lâcher totalement prise.

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J’aurai pu tout faire pour Casey, même m’éloigner de ma famille si cela avait été nécessaire. Mais les choses ont pris une autre tournure. Les révélations de la brune, ce soir-là où nous avons décidé de tenter l’aventure, en ont décidé autrement. La magie noire s’est mise entre nous. Bien plus que je ne l’aurai imaginé. Et trop rapidement. Carla ne peut pas le comprendre. Elle ne ressent pas les mêmes choses que moi. Ce lien qui m’unit à la Serdaigle et qui me fait souffrir de jour en jour, psychologiquement. Casey n’est plus là. Elle n’est plus la même. Simplement une coquille vide qui se laisse faire, qui ne ressent plus rien, ne montre plus rien. Les mots se bloquent dans ma gorge, la douleur me serrant la poitrine. Je tente d’expliquer à Carla pourquoi je lui dis ça, le visage fermé. Elle sait très bien quel mal ronge sa meilleure amie. Sa réaction me laissa interdit. Je m’étais attendu à tout mais pas à cette réponse.

Tu … Ne me crois pas ?

Comment ça, elle ne me croit pas ? Je ne lui demande pas son avis ou ce qu’elle en pense. Je sais très bien ce que j’ai vécu avec Casey alors qu’elle non. Depuis quand n’a-t-elle pas vu la brune ? Ressent-elle au moins un tiers de ce que je ressens à travers mon tatouage, à travers mes rencontres avec l’aiglonne ? Non. Je serre les poings, la colère commençant à s’infiltrer tout doucement en moi. Cette dernière se dissipe légèrement alors qu’elle prend elle-même l’initiative d’expliquer ses propos. C’est par refus d’être impuissante qu’elle n’accepte pas de me croire. Alors si elle ne peut pas compter sur moi, elle se débrouillera seule. Ma mâchoire se contracte et je passe une main dans mes cheveux dans une tentative de me calmer devant cette attitude que je trouve tellement gamine.

Tu ne comprends rien… Il n’est pas question de vouloir.

Mais de pouvoir ! Comment est-il possible de faire quelque chose lorsque la personne concernée n’est plus la même ? Carla va simplement se péter les dents devant la vision de sa meilleure amie qui n’est plus présente. Ce n’est plus la Casey que nous connaissons que nous retrouverons. Juste une coquille vide. Une coquille nous blesse encore plus, l’un comme l’autre. La Serpentard est déjà dans un état lamentable devant moi, comment se retrouverait-elle devant ce constat ? Connaître la finalité est une chose, la voir, la vivre est bien plus dûr. J’ai les cœur qui bats trop vite, trop fort. Je ne supporte plus ce flot d’émotions qui s’accumulent. J’ai l’impression que je n'arriverai plus à les contenir.

Carla finit par récupérer sa baguette, le regard braqué sur moi, me détaillant d’une façon que j’arrive pas à comprendre. Je ne sais pas ce qu’elle pense, là, présentement. Les mots sortent. Sa proposition prend forme. Et je reste tout d’abord stoïque face à celle-ci. Les émotions s'entrechoquent, les réactions également. J’hésite entre lui sauter à la gorge et lui tourner le dos sans même la regarder. Comment peut-elle encore me dire ça ? Me proposer ça sans sourciller ? Se rendait-elle au moins compte de la violence de sa proposition ? Me retirer mes souvenirs de cette conversation ? Seulement pour ne pas souffrir et ne pas avoir à y penser encore et encore ? L’empêcher d’être tout simplement malheureux. En extérieur, beaucoup aurait pu imaginer que la proposition était totalement légitime. Mais pour lui, ce n’était qu’un coup supplémentaire en pleine poitrine. C’est elle qui était venu le chercher, les larmes aux yeux, pour lui annoncer le pire et lui demander de l’aide. Et c’est également elle qui lui propose d’oublier tout ça, d’un simple coup de baguette. La colère, la tristesse se mêlent, s’entremêlent. Mes poings se serrent jusqu’à ce que mes ongles me lacèrent à l'intérieur de la main.

Ne touche jamais à mes souvenirs. Jamais.

Ma voix est basse et ne transmet qu'une seule émotion. Non pas la colère. Mais celle d’une profonde peine. Je la dévisage encore quelques secondes, avant de passer à côté d’elle et de quitter la pièce sans un regard en arrière. Je ne peux pas rester en sa compagnie. Je ne peux pas lui montrer la faiblesse qui s’installe et les larmes qui n'attendent qu’une chose. Dégringoler sur mes joues.

Spoiler: