Meeting with the devil

Feat @Professeur W. Aylmer

Je n’y avais jamais réellement pensé. Et je n’aurai jamais imaginé me retrouver dans une telle situation un jour. Max serait sûrement entrain de se foutre de ma gueule s’il était avec moi en ce moment.Réfléchir à mon avenir ne m’est pas venu à l’esprit juste en une nuit. Bien que peu décidé sur la question, j’avais déjà pu y réfléchir au cours de l’année précédente. Je n’ai strictement aucune envie de rester assis dans un bureau à attendre que le temps passe et effectuer les mêmes tâches ennuyeuses chaque jour. J’ai besoin de bouger, d’action, que chaque jour soit différent. Alors, après quelques recherches sur plusieurs mois, après moultes discussions avec certaines personnes, j’avais fini par poser mon dévolu sur deux métiers pas si loin l’un de l’autre. Sauf qu’en feuilletant un peu sur les prérequis pour intégrer les études dédiés à ces métiers, j’ai rapidement constaté qu’il y avait un couac. L’une des matières principales n’est autre que Sortilège. Et c’est bien le seul cours que je n’ai pas pris en option depuis mes B.U.S.E.S.

Après plusieurs jours à me demander ce que je devais faire entre m’orienter sur complètement autre chose quitte à ce que je termine ma vie à faire un métier qui ne m’inspire pas du tout et tenter de soudoyer le nouveau professeur pour intégrer son cours, rendant la situation des plus grotesques lorsque l’on sait à quel point me rajouter des cours n’est pas dans mes objectifs principaux, je me décide finalement à tout de même choisir la deuxième option.

C’est en milieu de semaine, en fin d’après-midi, alors que mes cours sont terminés depuis deux heures, que je me décide à aller voir le nouveau professeur de Sortilèges. Je ne le connais pas. en dehors des repas ou rapidement au détour d’un couloir, je n’ai jamais réellement croisé sa route et les seuls mots échangés avec lui se limitent à un Bonjour professeur. Pourtant, aujourd’hui, je n’ai pas d’autres choix que de le rencontrer directement afin de lui faire part de ma demande. Bien évidemment je ne m’attend pas à ce qu’elle soit acceptée facilement. Je m’attends même à une remarque comme quoi j’avais eu deux ans pour faire cette demande à l’ancien professeur. Sauf qu’avant, mon avenir n’était pas vraiment une de mes priorités. Pas comme aujourd’hui. si déjà je n’avais pas la main sur ma vie personnelle après Poudlard, je veux au moins l’avoir sur ma vie professionnelle.

Arrivé au quatrième étage, mes pas s’arrêtent devant la salle de cours de Sortilèges. Il n’est pas encore dix-sept heures et le cours n’est pas encore terminé. Alors, silencieux, je m’adosse au mur froid du couloir sous les yeux des quelques tableaux accrochés par ci par là.

Ne vous inquiétez pas, je ne compte pas faire de bêtises. Je lance à l’un d'eux avec amusement. Ce serait de toute manière stupide de ma part de faire ça juste sous leur nez.

La porte de salle de cours s’ouvre à la volée à peine l’heure de la fin des cours passée, laissant passer plusieurs élèves désireux de retourner dans leurs salles communes ou rejoindre leur prochains cours. Patient, je laisse ses derniers me passer devant, attendant que la pièce se vide de tout autre élève. Je n’ai aucune envie d’avoir de spectateur pour ma demande. Après m’être assuré que tous les élèves sont sortis, je me redresse et me place à l’entrée de la pièce, cherchant du regard la personne que je suis venu voir. Le professeur Aylmer est là, devant son bureau, entrain de ranger quelques affaires. Je ne sais pas s’il m’a vu ou même entendu, alors, doucement, je toque à la porte et me permet de faire quelques pas à l'intérieur pour signifier ma présence.

Professeur ? Je lance dans sa direction d’une voix claire. Bonsoir professeur. Je peux vous déranger quelques instants ? Je continue lorsque nos regards se croisent.

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‟ Caleb P. Avery & Professeur Wenceslas Aylmer „

— Le temps que ses élèves sortent, Wenceslas s’était assis dans son fauteuil, parcourant des yeux un premier parchemin rendu par une jeune fille. Ce n’était pas la plus douée de sa classe, mais les devoirs qu’elle lui rendait étaient généralement assez corrects. Couvert par le brouhaha des adolescents qui quittaient sa salle, il n’avait pas prêté attention à celui qui entrait jusqu’à ce qu’il toque au battant de bois de la porte. Le langue-de-plomb releva la tête pour croiser le regard d’un grand gaillard arborant les couleurs de son ancienne maison et un insigne de préfet brillant sur la poitrine. Mais plus que la cravate de serpentard et le doré sur sa robe, ce fut son visage qui attisa un élan de curiosité chez lui. « Monsieur Avery... » Il marqua une brève pause. Puisque le septième année n’était pas inscrit à ses cours, l’on n’était sûrement pas en droit d’exiger de lui qu’il connaissance son nom... et d’ailleurs, s’il ne prenait pas la peine de se souvenir des patronymes d’élèves qu’il n’avait pas en charge, celui-ci faisait partie des rares dont il n’avait pas besoin de faire d’efforts pour en connaître l’identité. « C’est bien ça ? » Il demandait confirmation plus par politesse que par réelle nécessité. Le jeune homme ressemblait beaucoup à son père, si ce n’était quelques traits du visage qui différaient... peut-être que ce pli dans le coin de l’œil tenait plus de sa mère. Et le sourire avait un petit quelque chose de plus authentique. À moins que ce ne soit qu’une rancœur passée qui ne lui souffle cet amer souvenir d’Avery sénior.

« Bien sûr. » répondit-il sans chercher à masquer une certaine surprise. L’adulte se leva de son fauteuil, fermant la porte de la salle de classe d’un coup de baguette avant de se diriger vers une autre porte, derrière lui. « Nous serons mieux installés dans mon bureau. » Ledit bureau était évidemment plus petit que la pièce précédente, mais également plus accueillante. La température était plus douce, agréablement entretenue par un feu de cheminée qui gardait l’espace chaleureux. Un beau bureau en bois trônait en bonne place, en face duquel deux sièges permettaient à ses visiteurs de prendre place, là où dans sa salle de cours, il n’y avait que des pupitres d’élèves. Du moins lorsqu’il ne les enlevait pas pour des exercices pratiques, au demeurant fort nombreux. Un peu plus loin, deux fauteuils de cuirs entouraient une petite table de salon, à proximité de l’âtre brûlant de la cheminée. Cet espace moins cérémonieux se prêtait plus aux discussions informelles... ce qui n’était en soi pas le cas avec Caleb, mais puisque le jeune adulte ne venait pas pour se faire sermonner et qu’il n’était plus tout à fait un enfant, Wenceslas pouvait se permettre de lui proposer un cadre moins strict. « Je vous en prie. » fit-il en désignant l’un des fauteuils alors qu’il prenait place dans le second.

Le professeur attendit quelques instants que son invité s’installe face à lui. Jambes croisées, mains jointes, il regardait le préfet. « Que puis-je faire pour vous ? » Quelques années plus tôt, se retrouver face au fils de Carl et Michelle Avery aurait sûrement éveillé en lui de trop désagréables souvenirs pour qu’il daigne lui accorder un ton aussi paisible. Mais avec l’âge, l’ancien langue-de-plomb avait laissé bien des rancunes derrière lui. Il n’en demeurait pas moins intrigué et intéressé, peut-être un peu méfiant aussi. S’il était le digne fils de ses parents, il peinait à voir comment il pouvait se révéler plus mesuré et bon qu’eux. Encore que Michelle eût toujours été plus tolérante que son époux. Une femme presque charmante comparée à l’adolescent qu’était autrefois Carl. Et peut-être qu’après tout, si le temps avait fait son œuvre sur Wenceslas, peut-être avait-il également impacté ses anciens camarades.

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Feat @Professeur W. Aylmer

Je laisse passer les quelques élèves encore présents dans la salle de classe avant de les placer dans l’encadrement de la porte. Un coup d'œil rapide de la pièce et derrière moi me permet de vérifier s’il y a encore quelques têtes blondes encore présentes. Ce n’est pas le cas. Tant mieux, je n’ai strictement aucune envie d’avoir des spectateurs pour la raison de ma venue aujourd’hui. Rien que le principe est assez nouveau pour moi, si je pouvais éviter de le faire devant d’autres paires d’yeux, ce serait plus facile. D’un geste doux, je toque à la porte avant de faire quelques pas à l’intérieur, signifiant ainsi ma présence. Nos regards se croisent presque immédiatement et l’image impassible de mon père se mêle presque au visage qui me fait face. A la seule différence que la couleur qui me fait face est bien plus clair que le noir profond de mon paternel. Bien plus clair que les miens. Mon nom fait presque écho dans la pièce tandis que je fronce les sourcils, surpris. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me connaisse. Je ne suis pas son cours et il n’est pas directeur de maison. La surprise reste deux trois secondes avant, qu’à mon tour, l’impassibilité reprenne ses droits et qu’un simple sourire de politesse ne se dessine sur mes lèvres. En effet… Je suis préfet après tout et puis franchement, je m’en fou qu’il connaisse ou non mon nom. Je ne suis pas là pour connaître mon niveau de popularité auprès des professeurs. Peut-être même que ça peut être un avantage pour ma demande.

Je m’avance encore dans la pièce jusqu’à me retrouver au milieu de la pièce. Le professeur de Sortilèges se lève à ce moment là pour fermer la porte de salle de cours d’un coup de baguette et se diriger vers une porte, me proposant de discuter dans son bureau. Je ne me fais pas prier pour me diriger vers la pièce plus petite mais plus accueillante que la salle de classe. Le feu de cheminée crépite non loin et je laisse mon regard sombre se perdre un instant dans la contemplation de la danse enflammée avant de le reposer le professeur Aylmer, aux côtés de deux fauteuils. Encore une fois, je ne laisse pas l’hésitation prendre la-dessus et me dirige calmement vers le fauteuil qu’il me propose. Merci. Là où d’autres pouvaient se sentir mal à l’aise avec les politesses de la sorte et sur le fait d’être en tête à tête avec un adulte, qui plus est un professeur, cela pouvait presque être un automatisme me concernant de part cette éducation stricte et noble que les grandes familles Sang-Pur pratiquent avec leurs progénitures.

Confortablement installé dans le fauteuil, mes doigts se posent un instant, comme par habitude de ces derniers temps, sur le tissu de ma chemise, à l’endroit même je sais dessiner quelques lignes à l’encre noir, mais invisible aux yeux des autres sous le textile. Je ne me rends plus forcément compte de ce geste, sauf quand une sensation étrange me traverse le bras et me donne cette sensation d’être connectée avec elle. C’est brefs et fugaces, rarement joyeux aussi. C’est la voix du professeur qui me fait revenir au moment présent. Vous allez surement me trouver culotté et vous demander pourquoi je ne fais cette demande que maintenant. Mais c’est important pour moi. Ce n’est pas forcément la meilleure façon de commencer mais je préfère jouer carte sur table et annoncer la couleur tout de suite. Après tout, je suis en septième année et pour la seconde fois. Cette demande, j’aurai pu la faire il y a deux ans déjà mais à ce moment-là, mon avenir professionnel n'était pas vraiment une de mes priorités. A ce moment-là, je n’étais pas conscient que le temps aller passer plus rapidement et qu’il allait finir par manquer. Je ne peux pas laisser mon père décider de tout. Pour pouvoir faire les études nécessaires aux métiers auxquels j’aspire, il me faut mes ASPICs en Sortilèges. Sauf que je ne suis pas cette matière. Elle ne m’étais pas des plus intéressantes au moment de choisir et je n’avais pas non plus envie de me blinder l’emploi du temps. Je n’avais surtout aucune idée de ce que je voulais faire à ce moment-là.

Je plonge le noir de mes yeux dans ceux trop clairs de l’adulte qui me fait face. Je déteste faire ce genre de demande, presque certains qu’il faudrait donner quelque chose en échange pour obtenir ce dont j’ai besoin. Je n’ai pas non plus envie que cela sonne comme une faveur ou un supplice. J'aimerai pouvoir suivre vos cours cette année. D’où ma présence ici. J’aurai pu y ajouter les formes, utiliser un “je vous en prie” qui aurait sûrement sonné faux dans la bouche. Ce n’est pas naturel de supplier chez moi. C'est bien une chose que l’on ne m’a pas apprise.

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‟ Caleb P. Avery & Professeur Wenceslas Aylmer „

— Le fils de Michelle et Carl Avery se tenait devant lui. Un garçon qui n’en était plus un, mais désormais bel et bien un jeune homme entrant doucement dans l’âge adulte. Il ne le reconnaissait pas tant à son apparence – quoiqu’il ait indéniablement un air de famille avec ses parents – que par sa posture. Droit, le port altier, le genre d’éducation qu’il avait reçu ne faisait guère de doute. Tel père, tel fils. À ceci près qu’il était poli là où son géniteur n’avait guère ressenti le besoin de l’être avec un sang-de-bourbe. Les positions n’étaient pas les mêmes après tout. Il ne s’agissait plus d’élèves égaux en âge et en expérience. L’enseignant avait une place qui lui accordait de la puissance, d’autant plus alors que Caleb venait quémander quelque chose.

C’était assez étrange de se trouver face à l’enfant d’anciens camarades de classe. Et déjà si âgé. C’est qu’il n’était plus déjà tout jeune, Wenceslas. Ceux qui partageaient autrefois les mêmes bancs d’école que lui avaient une vie de famille, une vie professionnelle bien établie. Peut-être même que certains voyaient la naissance de leurs premiers petits-enfants. Quant à lui, si sa carrière était fort respectable, il ne connaîtrait jamais la parentalité. Il en était le seul coupable, incapable de se poser avec une femme. Plus triste encore, il savait pourtant que son sang coulait dans les veines de quelqu’un... mais il était autant père que Carl Avery humaniste.

Il laissa le rejeton de ce dernier parler, sans chercher un seul instant à prendre la parole. Une requête simple, alignée en quelques phrases successives... qu’il n’écoutait que d’une oreille – quoiqu’elle fût attentive – son attention trop accaparée par le reste. Tout ce que lui communiquait l’élève sans le dire. Ses expressions faciales, ses gestes... il avait un contrôle indéniable sur lui-même, ne laissait guère de choses transparaître. Quelques tics demeuraient pourtant notables, çà et là. Les yeux de l’adulte suivirent un instant les mains de son interlocuteur, l’une caressant furtivement la manche de l’autre, puis à nouveau, ses iris claires se posèrent sur le visage du jeune homme, observant ce regard plus sombre, incontestable héritage paternel. « Quelle profession briguez-vous ? » Nombreux étaient les emplois qui nécessitaient une certaine maîtrise des sortilèges. Sa discipline était au croisement de bien d’autres, le début de beaucoup de choses. L’on conseillait souvent de la conserver jusqu’au ASPIC pour bon nombre de métiers, sans toujours beaucoup de fondements. Il était évidemment primordial de maîtriser les arcanes de la magie pour moultes emplois, mais il ne fallait pas pour autant en conclure que sa matière devait être au cœur de temps d’apprentissages. « Je ne trouve jamais culoté ou grossier un élève qui demande à participer à mon cours. » tempéra-t-il face aux propos liminaires du préfet. Il ne semblait guère être de ceux qu’il faille rassurer constamment, mais ça ne pouvait pas faire de mal.

La voix du professeur demeurait égale, mais les traits de son visage témoignaient d’une toute autre histoire. Quelques ridules inhabituelles se dessinaient autour de ses lèvres et sur son front, comme mues par le poids des années... et des souvenirs plus aigris que mélancoliques. Il peinait un peu à s’adresser à lui comme à un autre élève. Face à une salle de classe entière, il n’aurait aucun mal à faire abstraction de son identité, mais en tête à tête, il ne pouvait laisser quelque ressentiment se rappeler à lui. Un sourire froid fendit son visage. « Vos aspirations professionnelles n’étaient pas claires jusqu’à présent ? » Simple curiosité. Il n’aurait guère été étonné d’apprendre que Carl avait balisé le chemin de ses enfants du premier jour jusqu’à son décès.

« Combien de matières avez-vous, pour l’instant ? » Par principe, il ne donnait jamais de réponses immédiates. Il fouillait d’abord, posait des questions... il voulait connaître son interlocuteur, plus qu’au travers de son nom de famille ou des ragots qui pouvaient circuler dans les couloirs. Sûrement pouvait-il s’enquérir de quelques remarques auprès de sa directrice de maison. Qui de mieux qu’une commère dont le rôle était justement de surveiller les verts et argent pour ça ?

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Feat @Professeur W. Aylmer

Bien que cette situation puisse être nouvelle me concernant, je ne montre rien. L’hésitation ne fait pas partie du processus. Je suis venu ici avec un objectif bien précis et si je ne suis pas clair dès le départ sur ma volonté d’y parvenir, cela ne peut pas fonctionner. La salle vidée de ses élèves, je m’avance dans la pièce tout en signifiant ma présence. Je reste un moment surpris que le nouveau professeur de Sortilège connaisse mon nom de famille, n’étant pas un de ses élèves, mais j’y prête finalement peu d’importance, mettant ça sur le compte d’être préfet. Je lui expose rapidement le fait que je souhaite discuter de quelque chose avec lui et rapidement, l’adulte m’indique son bureau afin de discuter en tête à tête. Je ne me fais pas prier et me dirige vers ce dernier, rejoignant le professeur Aylmer aux côtés de deux fauteuils. Je m’installe dans l’un d’eux lorsqu’il m’y invite et attends son accord pour reprendre la parole, laissant mes doigts danser quelques secondes sur le tissu de ma chemise, par réflexe ou à cause des picotements ressentis à cet instant. Je ne sais pas. Cette sensation fugace est devenue récurrente et des fois je me demande si mon geste n’est pas un simple automatisme par moment.

C’est la voix de l’adulte qui me fait face qui me reconcentre sur la situation du moment. Je lui expose rapidement les faits, en précisant tout de même que je comprendrais qu’il trouve ma demande culottée. Elle n'en reste pas moins importante. Encore une fois, je sens ma main se diriger vers mon bras mais ne montre rien pour autant. Je finis par décider de la laisser poser ainsi afin de ne pas être amené à refaire le geste. Les picotements sont plus forts aujourd’hui. Je n’aime pas ça. Le noir de mes yeux ne lâchent pas pour autant ceux qui me font face. Cet homme semble avoir l’âge de mon père. Je me demande si ce dernier le connaît. Auror ou tireur de baguette d'élite. Je réponds à sa question concernant les professions que je brigue. Pas les plus simples et pas celles dont les places sont illimitées. Loin de là. Mais je sais que ces professions me correspondent et me permettront de garder ce sentiment de liberté que je perds petit à petit. Être enfermé dans un bureau ou encore parler politique toute la journée ne me tente guère. Le coin de mes lèvres s’étirent dans un léger sourire amusé pendant un court instant avant de reprendre le masque de politesse. Mais vous auriez pu trouver ça étrange qu'un septième année, qui plus est redoublant, vous fasse cette demande. Après tout, mes choix en terme de matière n’ont pas été des plus réfléchis et j’aurai pu faire cette demande bien avant si j’avais pris la peine de me décider bien plus tôt. Me rendant compte tardivement que s’il y avait bien une chose où je pouvais être maître d’un pan de ma vie, c’était bien en ce qui concerne ma future profession. Le reste étant accaparé par les volontés de mon père. Mon regard se perd un instant sur le visage de mon interlocuteur, incapable de comprendre ce qui pouvait s’y lire. Je sens bien qu’il y a quelque chose qui m’échappe.

On peut dire ça. Un demi-sourire sans émotion sur le visage, les paupières légèrement baissées sur mes yeux, laissant traîner ces derniers sur le sol brièvement avant de les reposer sur le professeur. J'ai mis du temps à faire un choix et jusqu'à présent je n'avais pas pris en compte l'importance de mes choix en termes de matières. Ou du moins l'importance du peu de liberté de choix que j’ai à faire. Il a fallu des menaces, des situations sans issues visibles pour me rendre compte qu’au final, même jeune adulte, je ne suis pas décisionnaire sur ma vie. Naître Sang-Pur et dans une famille pro sang-pur qui plus est, c’est naître avec des contraintes, des obligations et une chaîne autour du pied lorsque l’on ne partage pas entièrement les mêmes avis et mêmes idées. Il m’a fallu bien trop de temps pour m’en rendre compte, aveuglé par cette liberté factice laissée par mon père. Le poids sur mes épaules se fait plus présent et l’ombre d’amertume se glisse un instant sur mon visage avant que le masque ne reprenne sa place. Six matières. Est-ce déjà trop ? Je suis prêt à faire ce que vous me demandez, tant que je peux suivre votre cours. Il est hors de question pour moi de quitter cette pièce sans avoir eu une réponse favorable. Je veux pouvoir choisir au moins une chose pour mon futur.

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‟ Caleb P. Avery & Professeur Wenceslas Aylmer „

— Wenceslas n’en était pas à son premier élève qui venait lui quémander un changement de cours. Mansfield l’avait bien fait, quoique d’une manière plus atypique, et d’autres s’étaient aventurés dans son bureau pour divers motifs. Il n’était sûrement pas le plus grand pédagogue de l’école – encore que la concurrence ne fût pas bien rude – mais savait tout de même gérer ces cas. S’il ne se refusait pas à donner raison à la motivation et à la bonne volonté, des étudiants qui voulaient subitement changer de cours sans raison, ça n’était pas sans précédent... aussi n’acceptait-il jamais directement de telles demandes et s’arrogeait le droit de creuser un peu.

Le jeune Avery ne donnait pas l’impression d’être venu sur un coup de tête, mais les serpentards avaient toujours su donner le change... et d’expérience, les sang-purs caracolaient en tête des tromperies en tout genre. Auror ou tireur de baguette d’élite, donc. L’une comme l’autre discipline exigeait une grande maîtrise des sortilèges, sa venue face à lui était donc totalement légitime. « S’il vous a fallu redoubler pour commencer à réfléchir sur votre avenir, alors ce redoublement était une bonne chose. » déclara-t-il d’un ton calme et détaché. La remarque était presque convenue. « Croyez-moi, il n’est jamais trop tard pour se poser les bonnes questions... » Même si c’était toujours plus simple quand ça venait tôt, il était le mieux placé pour savoir que la vie ne correspondait pas toujours aux attentes des gens. Particulièrement celles des parents, toujours en tête lorsqu’il fallait pousser leurs progénitures à avancer.

Quelque chose semblait se dégager de Caleb. À mesure qu’il l’observait, un picotement diffus et désagréable remontait le long de son échine, comme une forme d’avertissement. Nulle nostalgie ou colère face à l’enfant de personnes qu’il n’avait jamais trop apprécié... il était homme calme et pragmatique, et ne laissait que peu de pareils souvenir dominer ses réactions physiques. Non. Il s’agissait d’autre chose, de plus profond... et magique. Ce sentiment, il l’avait connu au ministère maintes fois. Il lui avait fallu quelques minutes pour le comprendre, c’était ici bien plus discret et subtile, mais il le sentait.

Wenceslas ne prit même pas la peine de cacher son froncement de sourcils. Le préfet pouvait l’interpréter comme bon lui semblait, croire qu’il s’agissait d’une marque de désapprobation ou une simple manifestation de son caractère acerbe. « Il est possible d’avoir jusqu’à sept matières. » L’adulte croisa les mains sur genoux, regardant attentivement la réaction de son interlocuteur. Il ne disait encore rien de ce qu’il percevait, se contenant de continuer la discussion comme tout professeur le ferait. Mais le langue-de-plomb n’était pas bien loin. « Mais il faut pouvoir les assumer. Si vous avez déjà du mal avec vos six matières, en ajouter une supplémentaire risquerait de baisser drastiquement vos notes et entacher votre dossier inutilement... » Oh, il ne se leurrait pas. Si le jeune homme était venu à lui dans l’idée d’intégrer ses cours, il ne repartirait pas bredouille. À cet âge-là, ils étaient un peu trop bornés. Et un serpentard était, en prime, ambitieux. Un mélange aussi intéressant que dangereux. « Avez-vous déjà parlé de votre projet à d’autres personnes ? Le conseiller d’orientation... vos parents, peut-être ? » Avec un autre élève, il n’aurait sûrement pas pensé à la dernière suggestion. À l’âge de ce jeune homme, l’on se pensait toujours capable de prendre ses décisions seul et le désir d’émancipation creusait souvent une distance avec les détenteurs de l’autorité parentale. Face à un Avery, le professeur laissait discrètement place à un homme plus curieux du passé. Sa réponse pouvait en dire long sur la vie de famille de ses anciens camarades de classe... ou être balayé d’un simple mot par l’élève. La curiosité ne coutait rien, il aurait été dommage de ne pas en profiter un peu. Et puis, un auror chez les Avery, c’était tout de même assez cocasse à imaginer. Ou dangereux. Sans doute se méfiait-il effectivement plus de ses envies qui ne l’aurait été avec un autre élève.

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Feat @Professeur W. Aylmer

Ce n’est pas la première fois que je me retrouve dans le bureau d’un de mes professeurs. En sept ans, bientôt huit, j’ai pu découvrir la plupart d'entre eux. Plus pour me faire réprimander, lors de mes premières années et à mes premières bêtises. Puis, pour poser des questions voir s’expliquer et tenter d’atténuer la culpabilité qui me rongeait. Mais c'est bien la première fois que je me retrouve dans un bureau, afin de quémander pour suivre des cours. Maxwell se foutrait royalement de ma gueule s’il me voyait. Pourtant, je ne suis pas là sur un coup de tête. La réflexion a été longue et le courage bien présent. Je ne peux pas faire marche arrière, pas si je souhaite désespérément contrôler au moins une chose dans ma vie future, sans risquer de perdre mon nom. Mon père accepterait sûrement mieux cette idée que celle que je lui tourne le dos entièrement.

J’esquisse un sourire polie mais un brin sarcastique à l’écoute de sa remarque. S’il savait à quel point le temps m’est compté. Surement professeur. Mais il aurait été préférable que je m’en rende compte plutôt. Avant que tout ne devienne si compliqué et que je sois dans des impasses. Je me demande quelle ascendance est le professeur Aylmer et s’il se doute ne serait-ce qu’un instant du peu de liberté que peuvent avoir la progéniture des Sang-Purs. Je ne regrette pas mon sang, jamais. Je suis même fier d’être ce que je suis, pour autant, je ne comprends pas que ces traditions soient encore si présentes dans notre monde. Et au fond, je jalouse un peu ceux qui n’ont pas à choisir entre une chose et une autre. Ma vie est faite de compromis. Il est bien dommage que je ne m’en sois pas rendu compte plus tôt.

Mes doigts continuent à frôler le tissu fin de ma chemise, presque par automatisme. Je ne m’en rends plus vraiment compte. Cette sensation m’est presque familière, habituelle, aujourd’hui. Mais elle continue à rendre triste, le cœur serré, alors que je la sens s'enfoncer encore et encore dans cette magie qui me la vole. Ma voix est basse alors que je réponds au professeur sur le nombre de matières que je suis. Celle-ci semble ne pas plaire à celui qui me fait face et une moue se dessine sur mon visage lorsque je comprends pourquoi. Bien sûr, cela devait s’avérer compliqué. Avec les Sortilèges, je suis au maximum de cours possibles à suivre. Je ne suis pas féru de cours, bien que bon élève. Et l’idée de devoir passer mes journées à étudier ne m’est pas des plus agréables. Pourtant, ai-je vraiment le choix si je souhaite avancer ? Je comprends. Mais sans vos cours, je ne peux tout simplement pas déposer un dossier. Et ça, je ne peux pas le concevoir. Je refuse de n’avoir aucune chance de prendre ce petit bout de ma vie en main et de la laisser à mon père. Ma détermination se lit dans mon regard d’encre, bien figé dans celui de l’adulte qui me fait face. On ne me privera pas de cette possibilité. A moi de faire mes preuves.

J’ai prévu d’en parler avec le conseiller d’orientation. Quant à mes parents… A nouveau, j’esquisse ce sourire un brin mystérieux alors que mes parents sont mis dans l’équation. Je préfère rester maître de ce choix. Suis-je assez clair ? Mes parents le découvriront en temps voulu. Lorsque les démarches seront faites et qu’il sera trop tard pour faire marche arrière. J’inspire silencieusement tout en me redressant dans le fauteuil. Je laisse un instant mes yeux se perdre sur mes mains avant de le reposer sur le visage du professeur de Sortilèges. Une étincelle y dansant. J’ai peut-être redoublé, professeur, mais pas par lacunes. Je fais tout ce qu’il m’est possible pour atteindre mes objectifs. Je ne serai pas ici si ce n’était pas le cas. Une sorte de demi-aveu sur la raison de son redoublement.

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‟ Caleb P. Avery & Professeur Wenceslas Aylmer „

— S’il y avait une chose dont Wenceslas était sûr, c’était bien que le serpentard pouvait être un nid à secrets. Les verts et argents l’étaient souvent, mais face à un Avery qui, qui plus est, se montrait fort mystérieux, il ne doutait pas qu’il lui cache une partie de ses motivations ou des raisons qui justifiait ce regain soudain pour sa carrière. Les sang-purs des familles que la sienne pensaient toujours à leur carrière rapidement : c’en rendait les plus jeunes parfois déséquilibrés, car l’on mettait bien trop de choses sur leurs frêles épaules, et l’on attendait une maturité qu’ils étaient encore en droit de ne pas avoir. « Il est toujours préférable de s’en rendre compte plus tôt » confirma-t-il toutefois d’un ton posé, presque compatissant. « Croyez-moi, je suis bien placé pour savoir combien il peut être dur de rattraper en un temps records des années d’insouciance. » Ou d’ignorance, pour sa part. Il marqua une pause hésitante, les rides de son visage se plissant aux coins des yeux. Il ne masquait pas le moins du monde ses réticences à poursuivre sur cette lancée, ne sachant trop s’il devait aller plus en avant ou laisser Caleb exprimer ce qu’il voulait bien dire, sans creuser. Finalement, il opta pour la première solution. « Et je présume qu’avec votre famille, ça l’est plus encore que ce le fut pour moi. » Par-là, il laissait comprendre bien des choses : qu’il connaissait un peu les Avery, qu’il avait été un mauvais élève, sinon un cancre, pendant plusieurs années... et par cette discrète confidence, il montrait qu’il ne lui fermait pas toute possibilité d’obtenir son aide.

Le préfet de serpentard semblait réellement résolu à avoir des cours de sortilèges. Il aurait été cruel de lui fermer la porte sans réflexion et même s’il n’aimait pas les parents du septième année, il était toujours disposé à offrir un peu de son temps. Progressivement, le jeune homme commençait à lui lâcher quelques bribes d’informations. Il excluait ses géniteurs de sa décision, ce qui n’était rarement anodin dans des familles comme la sienne et, des souvenirs qu’il avait du père Avery, il ne doutait pas que l’homme ne voit pas nécessairement l’émancipation de son fils d’un très bon œil. En bon professeur, il tâtait donc le terrain, vérifiant qu’il n’avait pas affaire à un caprice enfantin, ou tout le moins à quelqu’un qui ne s’était pas préparé à fournir des efforts.

Après une courte pause durant laquelle son regard passa du feu dansant dans l’âtre de la cheminée au visage de l’élève, pesant le pour et le contre de la situation, l’homme reprit la parole. « Je suis disposé à vous aider, néanmoins... » Le temps sembla s’arrêter. « Je ne suis pas directeur et je ne puis accepter dans mon cours un élève n’ayant pas validé une sixième année en sortilèges par moi-même. Il vous faudra obtenir son autorisation... en cas contraire, je pourrais mobiliser un peu de mon temps personnel pour votre formation, mais ce ne serait sans doute pas la solution idéale. » Décroisant les jambes et les bras, il se leva et tourna le dos de Caleb, pour aller derrière son bureau. Lorsqu’il reposa son regard sur son interlocuteur, à quelques mètres de lui, le picotement dans son échine semblait s’être calmé. Peut-être une simple accoutumance, ou l’effet de son esprit. Il n’excluait pas l’hypothèse qu’il ait tout imaginé ; son métier de langue de plomb pouvait par certains égards lui manquer et il était facile de trouver chez un Avery quelque chose qui le tende naturellement. Ou peut-être l’explication était-elle réellement plus profonde. « Il y a une autre chose. » Sa main droite alla chercha dans la poche de son veston une baguette en bois d’aubépine, la pausant sur la table, les doigts légèrement refermées dessus. « J’ai passé de nombreuses années dans le département des mystères, monsieur Avery. Je me doute que comme beaucoup de monde, vous ne savez pas ce qui s’y trouve, mais sans trahir le secret, je peux vous garantir que j’ai une certaine expérience en termes de magie... disons atypique. » Il marqua une pause, son regard se faisant un peu plus froid et son ton était, sinon menaçant, au moins particulièrement ferme. « Y a-t-il quelque chose que je devrais savoir ? » Il leva sa main libre – celle qui ne tenait pas la baguette – comme pour lui signifier de ne pas répondre immédiatement. « Réfléchissez bien à votre réponse. Ce serait très fâcheux que j’apprenne fortuitement des choses que vous pourriez me dire maintenant. »

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Le p'tit dé du tatouage:

Meeting with the devil

Feat @Professeur W. Aylmer

Le temps, il est toujours question du temps. Le professeur de Sortilèges est d’accord sur le fait qu’il aurait été préférable de se rendre compte plus tôt de mes aspirations professionnelles, me lâchant quelques bribes sur son expérience. Encore une fois, je souris poliment. Jusqu’il y a peu, je ne me souciais guère de mon avenir, sachant très bien que mon père avait sûrement déjà tout prévu. C’est assez connu dans mon monde. Certains pourraient trouver ça absolument injuste et nous trouver chanceux mais ils ne savent pas ce que cela cache derrière : une pression énorme et un emploi dont on a certainement pas rêvé. Je n’ai pas envie de jouer les diplomates par exemple. Je relève légèrement la tête, ancrant mon regard sombre dans celui bien plus clair de l’adulte. Ses mots sont des confidences. Vous connaissez mes parents ? La question glisse toute seule d’entre mes lèvres. Ce n’est donc pas de par mon statut de préfet que le professeur Aylmer connaît mon nom. Ont-ils été dans la même maison ? La même année ? Étaient-ils proches ? J’ai vu bon nombre d’amis passer le pas de la porte durant toutes ces années mais jamais la silhouette de l’homme qui me fait face. Mes parents ne parlent pas énormément de leurs passés à Poudlard avec nous. La période dans laquelle ils ont vécus leur scolarité n’étant pas l’une des plus glorieuses. Je suis curieux, j’aimerai lui poser plusieurs questions mais je reste pourtant silencieux. L’éducation et la politesse que voulez-vous.

La discussion reprend sur le sujet principal. Je donne mon nombre de matières et lui explique la limite possible. Autant dire que la tâche s’avère encore plus compliquée pour moi. SI je veux suivre les cours de Sortilèges, je dois accepter un emploi des plus chargés. Mais ai-je vraiment le choix ? Cette matière est importante pour le métier que je convoite et une note aux ASPICs y est demandée. Les questions s’enchaînent et l’une d'entre elles me fait à nouveau sourire. Je n’ai pas prévu d’en discuter avec mes parents. Tout simplement parce que je sais que mon père tenterait de me dissuader, ayant déjà tracé tous les pans de ma vie restante. J’attendrai le dernier moment, lorsqu’il ne sera plus possible de faire marche arrière. Lorsqu’ils ne pourront plus rien faire. Peut-être que ce raionnement est stupide, peut-être même que je me trompe totalement sur leurs réactions. Après tout, Auror n’est de loin pas un travail peu méritant, bien au contraire. Mais je ne sais pas du tout ce qu’en pense mon père. Je connais ses idées. Et certaines ne sont pas compatibles avec ce métier.

Un silence s’installe, laissant au professeur le temps de réfléchir sur la situation. Mes doigts dansent sur le tissu de ma chemise, dans l’attente d’une réponse. Je suis un peu anxieux de la réponse. S’il me refuse cette possibilité, je ne sais pas vraiment comment faire pour y arriver par moi-même. Je ne sais même pas s’il est possible de s’inscrire aux ASPICs sans avoir suivi les cours. Prennent-ils les autodidactes ? Mais là aussi, ce serait totalement ingérable. Apprendre seul n’est pas facile, surtout lorsqu'il s’agit de Sortilèges complexes. Ma réflexion s’arrête sous le regard clair du professeur Aylmer. Je me redresse subtilement alors qu’il annonce être disposé à m’aider mais je me tend alors qu’il m’explique que la condition est d’avoir l’accord de la direction, sans quoi, il pourra seulement mobiliser un peu de temps de son côté pour me former un minimum. Le directeur ?... D’accord. S’il n’y a pas d’autre solution. Je ne suis pas spécialement fan de cette solution et l’idée d’écrire directement à la direction ne me dit rien. Mais, si c’est le seul moyen de pouvoir suivre les cours et pouvoir me présenter aux ASPICs, je ferai cet effort. J’ai dit être prêt à tout, même si je dois serrer les dents.

Je n’ai pas le temps de lui poser une autre question que je le vois se lever et me tourner le dos. Intrigué, je le suis du regard, dans l’attente de comprendre ce soudain changement. Nos regards se croisent à nouveau mais cette fois-ci, il y a quelque chose de différent. Le regard du professeur de Sortilèges est bien plus froid qu’il y a quelques instants. Le mouvement de sa main m’interpelle et je le vois sortir sa baguette pour la poser sur la table, mes yeux faisant un aller retour entre le bois de bois travaillé et le visage de mon interlocuteur. Ses mots me percutent, et son ton me surprend. Je cherche à comprendre pourquoi, soudainement, il m’informe avoir une certaine expérience en termes de magie, comme s’il m’accusait de quelque chose. Mes doigts se referment imperceptiblement sur mon bras, le tiraillement se faisant bizarrement plus fort à ce moment-là. Mais je ne montre rien, ne baisse pas les yeux dessus. J’ai déjà fait face à ce genre d’attitude. Mon père m’y a habitué. Cette sensation d’être analysé.

Seriez-vous entrain de me menacer, professeur ? Je finis par poser la question. Mon ton est calme mais un tantinet ennuyé. Je n’aime pas la tournure de la discussion. Je ne suis pas certain de ce qu’il veut dire. Mon instinct me dit qu’il y a un rapport avec ce qu’il y a en dessous de ma manche mais je suis pourtant certain de l’avoir dissimulé correctement. Puis, je ne vois pas en quoi ce tatouage peut bien avoir de dangereux. C’est un souvenir, un lien. Rien de plus. Mais il m’appartient. Rien qu’à moi. Et je refuse de le partager avec qui que ce soit d’autre. Je ne vois ce que vous devriez savoir, en dehors de ce dont nous venons de discuter ensemble. Je bluffe. Je sais que je suis doué pour ça. Du moins la majorité du temps. Mais là, je ne fais pas face à n’importe qui.

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Meeting with the devil.
‟ Caleb P. Avery & Professeur Wenceslas Aylmer „

— Assez surprenamment, l’enseignant en vint à se confier sur son passé, lâchant au rejeton Avery quelques bribes de son histoire commune avec ses géniteurs. Rien qui ne soit réellement important si ce n’était aux yeux de l’adulte : il avouait à demi-mot ses connaissances et une brève partie de son adolescence, avec le vif combat qu’il avait lui-même mené contre son oisiveté patente. L’information, d’ailleurs, n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd : il n’en était guère étonné et ne silla pas lorsque Caleb se permit de le questionner. « Oui, je connais vos parents. » répondit-il avec simplicité et sans que ça ne semble soulever la moindre émotion dans sa voix. « Vos parents et moi avons été scolarisés à Poudlard en même temps. » Il n’escomptait pas rentrer plus dans les détails : ça ne regardait pas son élève et si ce dernier tenait tant à avoir des renseignements supplémentaires, ça ne tenait plus qu’à lui de poser la question à Carl et Michelle. Wenceslas, lui, ne prévoyait pas de parler du bon vieux temps, encore moins avec l’enfant d’anciens camarades qui n’avaient guères été des plus sympathiques avec lui. Sans nourrir de rancune particulière à l’égard de tout l’arbre généalogique des Avery, il n’en était pour autant pas un des plus fervents admirateurs.

L’ancien langue de plomb avait de toute façon bien plus urgent et important à régler. Si le préfet de serpentard était venu à lui pour parler de sa scolarité, et plus généralement de son avenir, il ne s’attendait sûrement pas à que le rendez-vous prenne une pareille tournure : depuis qu’il avait senti ce picotement assez typique le long de son échine, l’enseignant le gardait à l’œil, guettant le moindre signe. Il avait attendu le moment propice pour faire part de ses observations, d’une manière sans doute un peu surprenante et qui pouvait effectivement mettre mal à l’aise l’élève. S’il n’était effectivement pas menaçant – ou ne souhaitait pas réellement l’être – comme le suggérait Caleb, il n’en demeurait qu’en prenant ainsi un peu de distance et de hauteur, baguette prête à servir, il ne mettait pas le jeune homme dans une position particulièrement confortable. « Pas le moins du monde. J’ai mieux à faire que de menacer un étudiant, croyez-moi. » En prime, il n’aurait rien à en tirer. En réalité, il savait pertinemment que ses géniteurs avaient toutes les ressources nécessaires pour défendre leur progéniture contre de puériles menaces. Et puis, qu’est-ce qu’il pourrait bien obtenir de menaces ? Des secrets croustillants sur une famille de sang-pur ? Non-sens, il se moquait éperdument de ce qu’il pourrait dire sur les siens. De l’argent, peut-être ? Tout aussi absurde : à défaut de le placer dans une position de puissance politique, son travail de langue de plomb avait eu le mérite d’être très bien payé, aussi Wenceslas n’en manquait pas. C’était d’autant plus vrai qu’à présent qu’il vivait à Poudlard, ses dépenses demeuraient relativement restreintes. « Il aurait été plus judicieux pour vous de me répondre... » Ses iris claires ne quittaient pas les pupilles noires d’Avery. « Mais soit. Admettons que vous n’ayez rien d’autre à me dire... » S’il l’avait en cours, il aurait tout le loisir de discerner mieux ce qu’il venait de percevoir. « La magie laisse des traces, jeune homme. » Il marqua une pause, les deux mains posées sur la table de son bureau, la droite frôlant toujours sa baguette, comme un rappel de ce qu’un mensonge pouvait compter à Caleb. « Des traces que le bureau des aurors aura tôt fait de remarquer si vous souhaitez réellement rejoindre leurs rangs. Il vaudrait mieux pour vous qu’il n’y ait plus rien à détecter, ce jour-là. » Une fois de plus, son ton n’était pas menaçant. Il s’agissait plus d’une mise en garde vaguement portée par un élan de curiosité professionnelle. Des restes de son ancienne vie professionnelle.

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Meeting with the devil

Feat @Professeur W. Aylmer

J’hausse les sourcils en prenant conscience et en ayant la confirmation du professeur de Sortilèges, qu’il connait bien mes parents, ayant été scolarisé en même temps qu’eux à Poudlard. Je ne sais pas quelle relation ce dernier a ou avait avec mes parents, mais je suis certain que ce n’est pas de l’amitié qui les lie. Je n’ai jamais Aylmer dans les photos de mes parents et encore moins chez moi. Je ne connais son visage et son nom que depuis qu’il a franchi les portes de Poudlard. Bien que curieux, je me contente d’un signe de tête, mettant fin à ce sujet. Si l’adulte avait voulu rentrer dans les détails, il l’aurait fait, et je ne suis pas ici aujourd’hui pour discuter des années d’apprentissage de mes parents.

La seule chose qui m’intéresse vraiment aujourd'hui, c’est de repartir avec une réponse concernant ma demande. Non, c’est même de repartir avec une réponse positive à celle-ci. Je ne me contenterait pas d’un refus sans avoir mis toutes mes cartes sur la table. La décision que j’ai prise est importante et même si je sais que je suis le seul fautif de ne pas avoir fait les bons choix d’options jusqu’à présent, je compte bien revoir les choses avant la fin de ma scolarité. Je peux être quelqu’un d’acharné quand je le veux et je ne suis pas du genre à lâcher prise facilement. Le professeur Aylmer me fait comprendre que la décision n’est pas que de son ressort et qu'il faut d'abord que j’obtienne l’autorisation de la direction si je souhaite suivre son cours. A défaut, il m’accorderait quelques heures de son temps libre pour me former rapidement, de quoi pouvoir faire un test d’aptitude. Je ne suis pas très emballé par le fait de m’adresser au Directeur mais s’il s’agit de la condition pour atteindre mes objectifs alors je m’y tiendrai.

Sans crier garde, je le vois se lever et me tourner le dos quelques instants avant que nos regards se croisent à nouveau. Je suis chacun de ses gestes et reste un instant bloqué sur la baguette posée sur la table, ses doigts au-dessus d’elle. Impassible, je lui demande, ennuyé, s’il est entrain de me menacer pour une quelconque raison. Ce qu’il réfute, bien évidemment, prétextant n’avoir pas que ça à faire. Je ne comprends pas son soudaine manège et pourquoi il me parle soudainement de son métier et me demande si j’ai quelque chose à lui dire. Poser et calme, je l’informe que je ne sais pas de quoi il veut parler, bien que mon instinct me fait penser que si. Le tatouage est pourtant bien dissimulé.

Aylmer insiste sur le fait qu’il aurait été judicieux de lui répondre me faisant froncer les sourcils. Est-il capable de détecter que je mens ? Je reprend rapidement mon air habituel alors qu’il m’indique que la magie laisse des traces. J’en suis bien conscient, professeur. Je suis né dans ce monde. Mes parents pratiquent certaines formes de magie et j’ai pu voir de mes propres yeux ce que l'une de ses sombres branches provoque chez les pratiquants. Je le sens moi-même au travers de ma peau. Je reste silencieux à son avertissement, laissant mon regard dans le sien durant ces quelques secondes. Même si je le voulais, ce tatouage ne peut pas disparaître. Il sera toujours là.

Un sourire poli se dessine finalement sur mon visage et je m’aide de mes mains sur les accoudoirs pour me relever, annonçant ainsi la fin de la discussion et que je compte prendre congé. Je vous remercie pour le temps que vous m’avez consacré. Je vais de ce pas envoyer un courrier à la Direction afin de formuler ma demande. Je reviendrai vers vous avec la réponse. Je m’incline légèrement comme pour marquer mon respect, en profitant pour replacer mes manches de chemise correctement. Bonne journée à vous. Et après un dernier regard, je me détourne pour quitter le bureau du professeur et la classe.

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