Une fine couche de neige recouvrait encore les toits biscornus des maisons de Pré-au-Lard. Il avait neigé la veille, déclenchant la joie et l’euphorie de la plupart des jeunes étudiants sorciers. L’effervescence n’était pas retombée avec la nuit, les élèves ayant bien trop hâte de pouvoir reprendre leurs batailles de boule de neige dès que possible et le soulagement avait envahi les rangs lorsqu’au réveil, la couverture de neige était encore présente. On entendait déjà dans les couloirs les plans des uns et des autres pour prendre leur revanche. Elle s’annonçait relativement spéciale dans la mesure où il s’agissait également du weekend à Pré-au-Lard. En plus de pouvoir se bombarder de boules blanches bien compactes et ensorcelées, ils pourront le faire dans un territoire encore plus grand, assurant ainsi un champs de bataille digne de grands guerriers. Bien que Lilith s’était retrouvée embarquée dans la première manche la veille, ses plans pour aujourd’hui étaient bien différents. Elle comptait profiter de cette sortie pour trouver des cadeaux de Noël à sa famille et à sa tante. Ses moyens étaient modestes mais cela ne l’arrêterait pas pour partir à la quête des cadeaux parfaits.

Elle ne connaissait pas encore très bien le village, et comptait donc profiter de chaque seconde pour revisiter toutes les boutiques. Ce n’était après tout que la seconde fois qu’elle y mettrai les pieds cette année et sa mémoire lui faisant défaut comme d’habitude, elle avait déjà oublié quel type de boutique il y avait, et surtout où elles se situaient. Mais elle était optimiste. Une journée devrait être suffisante pour l’aider à accomplir son objectif et elle n’avait pas perdu de temps. Elle faisait partie des premiers élèves qui, dès 10h, se promenaient dans le village proche de l’école des sorciers. Son frère, Jameson, lui avait d’abord proposé de passer la journée avec elle, inquiet qu’elle se perde dans les petites ruelles du village. Mais elle avait refusé. Elle voulait faire son shopping seule, sans son grand frère pour la chaperonner et la surveiller. Jamie avait tendance à la surprotéger, conscient que la courte mémoire de sa soeur la mettait bien souvent dans des situations délicates. Lilith avait conscience que son frère la couvait pour son bien. Ils étaient tous les deux très fusionnels et ne supportaient pas quand quelque chose arrivait à l’autre. Pour autant, elle ne voulait pas être dépendante, ni un boulet pour son frère. Elle avait compris à ses dépens que les amis de Jameson avaient une patience limitée avec elle. Elle avait entendu un jour qu’elle était trop « collante » et qu’elle était incapable de se passer de son frère, ce qui avait le don de les agacer. Des ados de cet âge n’avaient pas besoin d’une gamine dans leurs pattes. Même si les termes exacts employés qu’elle avait entendu ce jour étaient sortis de sa tête et s’étaient effacés, les regards exaspérés qu’ils continuaient de lui lancer au quotidien quand elle se montrait trop présente lui rappelaient que son temps de présence accordé était presque chronométré. Elle avait donc décliné sa proposition pour ne pas enlever son frère à ses amis et était restée évasive quand il lui avait proposé de le rejoindre aux Trois Balais. Au moins, il s’était assuré de lui donner un point de repère si jamais il lui arrivait quoi que ce soit, ce qu’elle appréciait énormément.

Lilith essayait du mieux qu’elle pouvait de se montrer indépendante et de se reposer un peu moins sur son frère. Après tout, dans 2 ans il aurait fini Poudlard et il ne serait plus là pour voler à son secours. Elle serait de nouveau livrée à elle-même. Autant prendre les devants et se préparer pour ne pas que la réalité lui tombe sur le coin du nez. Depuis quelques mois donc, elle essayait de moins se reposer sur son aîné et de ne plus courir vers lui au moindre problème. Ce n’était pas toujours évident, surtout quand elle avait tendance à être un aimant à problèmes et que son frère le savait pertinemment. Mais aujourd’hui était un autre jour. La neige mettait Lilith de bonne humeur et elle avait hâte de partir à la chasse aux cadeaux. Accompagnée d’une amie, elles commencèrent donc le lèche-vitrine par la boutique de farce et attrape où Lilith dégota des leurres explosifs pour que son frère s’amuse avec ses amis, ainsi que des bonbons rigolos. Elles firent ensuite un passage réglementaires à Honeydukes pour faire le plein de sucreries avant de se séparer. Son amie souhaiter faire des essayages de vêtements à Gaichiffon tandis que Lilith voulait passer acheter une belle plume à sa mère qui avait fait de l’écriture son métier. D’un commun accord, elles décidèrent de se retrouver plus tard. Sans encombre, Lilith trouva la boutique spécialisée dans les plumes avec la devanture verte et mis la main sur la perle rare pour sa maman. Satisfaite de ses achats, elle entreprit de se promener dans les rues enneigées, se concentrant pour ne pas perdre de vue la rue centrale.

Alors qu’elle se baladait, s’amusant à faire de la vapeur en soufflant dans l’air glacial, elle vit au loin une silhouette qui lui sembla étrangement familière. Surprise, elle s’arrêta pour la détailler de loin. Le garçon était un peu plus grand qu’elle, brun, et se déplaçait de façon un peu nonchalante. N’arrivant pas à le remettre, fichue mémoire, elle entrepris de le suivre de loin, bien décidée à retrouver d’où venait cette familiarité. Elle détestait quand sa mémoire lui jouait des tours comme ça. Oublier était une chose. Quand il n’y a plus de traces, au moins il n’y a pas d’impression d’oublier quelque chose. Mais là, c’est d’autant plus frustrant que le jeune homme lui dit quelque chose. Il entra dans une boutique et elle le suivit, faisant mine de s’intéresser à d’autres produits. C’est lorsqu’il s’adressa au vendeur que ça la frappa. Mais oui ! Il faisait parti de la bande d’abrutis qui se moquait d’elle depuis plusieurs semaines ! Elle ne comprenait pas d’où venait leur méchanceté gratuite, mais ils n’en manquaient jamais une pour la pointer du doigt et se moquer grassement d’elle sur son passage. Hier encore, ils avaient grossièrement imité un poisson avec leur main et leur bouche quand elle les avait croisé dans un couloir avant de ricaner dans son dos et de lui envoyer une grosse boule de neige ensorcelée sur le derrière du crâne. Lilith ne comprenait pas d’où venait cette malveillance à son égard. Elle n’avait pas l’impression qu’elle leur avait fait quoi que ce soit, bien qu’elle ne puisse avoir aucune certitude, sa mémoire ayant tendance à laisser échapper des souvenirs sans son consentement. Pour autant, elle n’avait pas du tout apprécié leur comportement de la veille qui était encore très frais dans ses souvenirs. Les blagues sur son passage, c’était une chose. L’attaquer aussi lâchement par derrière, s’en était une autre. Les images de la veille lui revenant en mémoire, elle senti ses joues s’enflammer. Elle n’était pas du genre revancharde mais elle était bien décidée à ne pas se laisser faire. Et surtout, à ne pas toujours se reposer sur son frère pour la défendre. Ses petits poings serrés, elle prit la décision avant de se demander si c’était vraiment la bonne. Après tout, il était tout seul. Si elle voulait faire entendre sa voix, c’était maintenant ou jamais. Elle le suivit lorsqu’il sortit de la boutique et trottina rapidement pour le rattraper. « Eh toi ! » Le héla-t-elle d’une voix déjà essoufflée à la fois par sa course mais également par l’effort que lui demandait cette confrontation. « Je peux savoir ce que tu as contre moi ? Pourquoi est-ce que tu te montres si méchant quand tu es avec tes copains ? Qu’est-ce qu’il y a d’amusant de se moquer aussi bêtement des gens comme ça ? Oui, j’ai des problèmes de mémoire et alors ? En quoi c’est drôle ? Tu crois que c’est facile pour moi tous les jours ? Tu crois que j’ai besoin qu’on me fasse des imitations de poisson pour me le rappeler ? » Elle lâchait toute sa frustration et toute sa colère. Ce groupe d’amis n’était pas le premier à se moquer d’elle, mais c’était la première fois qu’elle parvenait à en confronter au moins un, et cela lui faisait un bien fou. « Ca n’a rien de mature de faire ça, t’en a conscience au moins ? » Lui demanda-t-elle, essayant de lui faire la morale comme si cela allait marcher. Au moins, ça valait la peine d’essayer. Les joues rosies par l'émotion et par le froid, elle regardait avec défi le jeune homme qui s'était moqué une fois de trop d'elle en attendant sa réaction.

Lilith était fière d’elle. Elle parvenait à surmonter ses peurs et à confronter quelqu’un. Elle avait l’impression tout à coup de grandir. De devenir quelqu’un de plus mature, capable de s’occuper d’elle-même. Elle n’avait pas besoin de dépendre de son frère. Elle n’avait pas besoin qu’il vienne s’occuper d’elle ou qu’il accourt pour la défendre et la protéger à la moindre querelle. Elle allait prendre son indépendance. Elle allait à partir de maintenant prendre son courage à deux mains et apprendre à ne pas se laisser faire.

Elle défia son camarade du regard, levant le menton comme pour se grandir. Il était seul. Il n’avait pas ses amis pour le soutenir et pour le faire se sentir puissant. C’était toujours comme ça. L’effet de groupe donnait des ailes. Lorsqu’on isolait un individu, son comportement changeait du tout au tout. Il ne serait pas aussi agressif que les jours passé. Il essaierait peut-être de la déstabiliser mais Lilith était prête. Elle avait sorti son armure et elle encaisserait si il le fallait. Lorsqu’il se retourna, elle fit son possible pour ne pas flancher. Il était trop tard pour avoir peur maintenant, il fallait garder son courage. « Oui toi. Qui d’autre ? » Retorqua-t-elle. Si il essayait de la prendre pour une idiote, il était tombé sur le mauvais jour. Aujourd’hui, elle ne le laisserait pas la rabaisser plus bas que terre. Elle n’a pas à subir des insultes gratuites de la part d’une bande d’idiots immature.

Son air troublé la fit malgré tout douter l’espace de quelques secondes. Comment ça il ne savait pas de quoi elle parlait ? Il ne pouvait pas avoir la mémoire encore plus courte qu’elle quand même ? Il ne pouvait pas ne pas se souvenir du mal qu’il pouvait faire autour de lui en se moquant délibérément de jeunes âmes innocentes ? Lilith jeta un regard autour d’elle, incertaine. Elle vit que certaines personnes avaient ralenti leur cadence pour voir ce qu’il se passait, curieux de la querelle qui risquait d’éclater. La curiosité était un des pires défauts humains. Il fallait toujours que les gens se mêlent de ce qui ne les regardait pas. Face à ces quelques visages tournés vers eux, elle essaya de se recomposer. Il ne fallait pas qu’elle montre de faiblesse. C’était comme avec certains animaux. Si ils sentaient de la peur, ils n’hésiteraient pas à l’utiliser. « De ce que toi et tes amis me fait subir depuis plusieurs semaines. Tu vas pas me faire croire que tu ne t’en souviens pas ? Ca avait l’air de beaucoup t’amuser hier pourtant de te moquer de moi et de m’attaquer par derrière. » Asséna-t-elle en posant avec détermination ses mains sur ses hanches. Elle n’allait pas se laisser avoir par ces grands yeux bleus.

La colère avec laquelle il essaya de se défendre la prit par surprise et elle fronça des sourcils. A quoi essayait-il de jouer ? Est-ce qu’il pensait vraiment pouvoir se dédouaner en jouant l’innocent et en faisant comme si rien ne s’était passer ? « Quand tu n’es plus avec tes potes tu fais genre que tu as oublié, c’est ça ? Arrête d’essayer de faire comme si ce n’était pas toi. Je me souviens très bien de ces deux yeux bleus qui me fixaient avec mépris en me traitant de poisson rouge et d’autres noms tout aussi rigolos pour vous, mais qui ne l'étaient pas pour moi. Je suis prête à passer à autre chose et à faire comme si rien ne s'était passé si tu me fais des excuses et que tu me promets que toi et tes copains ne recommencerrez-plus. Deal ? » Et TOC ! Elle s’en était plutôt bien sortie non ?

Nier quand on se retrouvait acculé et seul, c’était un comportement typique que Lilith avait déjà observé avec les copains de Jameson. Quand ils étaient en groupe, ils se sentaient tout permis. Mais une fois seul, c’était comme si leur personnalité entière changeait. Une de ces personnes pouvait s’être montrée exécrable avec Lilith la veille mais une fois seule avec elle, ce n’était pas la même histoire. Là, Lilith avait l’impression de se retrouver dans le même schéma. Le jeune homme niait fermement, affirmant même qu’il ne l’avait même pas vu hier. Lilith secoua la tête, faisant danser ses longs cheveux roux détachés autour de son visage. Elle n’avait pas la prétention de laisser un souvenir de sa personne dans le cerveau de chaque personne qu’elle rencontrait, mais elle estimait que quand on harcelait quelqu’un, on devait quand même bien se souvenir de son visage à minima. « Mais bien sûr. » Répliqua-t-elle avec dédain pour lui montrer qu’elle n’y croyait pas du tout. On n’allait pas lui faire à l’envers aujourd’hui. Elle était bien déterminée à régler ses problèmes et à arrêter de se laisser faire.

Elle le toisa du regard, ne baissant pas les yeux malgré la colère qui transperçait du regard bleu électrique de son camarade. Il devait être légèrement plus âgé qu’elle, mais cette différence d’âge ne lui faisait pas peur. Il n’y avait pas d’âge pour apprendre le respect et arrêter de tourmenter les autres. Lilith en était convaincue. Elle détestait toutes ces formes d’injustices, cette soit disant règle qui donnait le droit aux plus vieux de martyriser les plus jeunes. Lilith était une pacifiste dans l’âme et détestait toute forme de conflit. Néanmoins, aujourd’hui elle était bien obligée d’en initier un et c’était une véritable épreuve pour elle. Mais elle avait conscience que parfois cela était bien obligatoire pour pouvoir régler les problèmes. Elle faisait ce qui devait être fait pour sa propre tranquillité future.

Comme son soit disant tortionnaire niait tout en bloc, Lilith n’hésite pas à rentrer dans les détails. Même si les regards des petits curieux qui commençaient à s’arrêter pour regarder ce qui se passait la mettait mal à l’aise, elle essayait de ne pas y prêter attention. Après tout, c’était elle la victime dans l’histoire ! Elle fut soufflée par son toupet. D’où il se croyait permis de prendre la défense de ses australopithèques d’amis et d’exprimer une interdiction ? Il voulait pas lui interdire de se défendre pendant qu’il y était ? Lilith serra les poings et senti ses joues se gonfler de colère. « Je ne fais que dire ce qu’il s’est passé. Si tu estimes que votre comportement est normal à tes amis et toi, c’est qu’il va peut-être falloir revoir votre éducation. Pour votre gouverne, ce n’est pas normal de s’amuser à harceler les gens et ce n’est pas normal de se moquer gratuitement. Les gens n’ont pas à subir à ça. Je parle pour moi, mais je parle aussi pour tous ceux que vous embêtez à longueur de journée parce que vous trouvez ça drôle. » Ca, c’était dit. Qu’est-ce que ca faisait du bien de pouvoir vider son sac comme ça ! Il était temps que ces malpolis comprennent que leurs âneries ne faisaient rire que eux et n’étaient pas acceptables.

Soudain, l’expression du garçon face à elle change du tout au tout. Est-ce qu’il serait en train de baisser les armes et de réaliser qu’il était temps de s’excuser ? Une pointe d’espoir et de victoire était en train de grandir mais fut bien vite tué dans l’œuf quand il ouvrit la bouche. « Bah … Oui. Tes yeux, tes cheveux, tout ça. Quoi, tu vas me dire que c’est pas toi maintenant ? » Essayait-il encore de se dédouaner ou de se fiche de sa tête ? Lilith lui lança un regard suspicieux et fut une fois de plus désarçonnée. « Co… Comment ça ? Tu as un frère ? » Elle refusait de croire qu’elle s’était trompée de personne. Ca ne pouvait pas être possible, elle ne pouvait pas encore une fois ce mettre dans ce genre de situation. Elle qui avait réussi à trouver le courage de se défendre … Elle ne venait quand même pas de plaider sa cause contre la mauvaise personne, n’est-ce pas ? Sa tête commençait à bourdonner, et les chuchotements autour d’eux ne l’aidait vraiment pas à réfléchir et à mettre les choses au clair dans son propre cerveau. « Eh vous, ça vous regarde pas à ce que je sache cette histoire. Alors oust, du balais, allez-vous occuper de vos cadeaux ou je ne sais quoi. » Lâcha-t-elle soudainement, se retournant vers les petites têtes curieuses qui finirent par déguerpir après de longues secondes. Elle se retourna de nouveau vers le garçon et essaya de mettre les choses au clair au moins dans sa tête. « C’est quoi cette histoire ? Me dit pas pour de vrai que je t’ai prise pour la mauvaise personne ? Genre hier tu n’as pas fait une bataille de boule de neige avec tes copains ? Genre, pour de vrai ? » Demanda-t-elle en le suppliant du regard de ne pas lui mentir. Elle avait le pressentiment qu'elle s'était encore bien fichue dans le pétrin.

Il venait de dire qu’il avait un frère jumeau. Elle eut l’impression que son sang arrêta tout bonnement de circuler dans son corps tant elle se liquéfia sur place. C’était officiel, Lilith venait encore de se mettre dans un beau pétrin. Pour une fois qu’elle arrivait à battre ses démons et à confronter quelqu’un qui lui voulait du mal, il fallait qu’elle règle ses affaires avec la mauvaise personne. Décidément, il n’y avait qu’à elle que ça pouvait arriver. Elle était la reine des gaffes avec sa mémoire à deux noises.

Tout allait trop vite dans son cerveau, et ça commençait à lui faire mal au niveau des tempes. Les chuchotements des curieux ne l’aidaient pas non plus à faire le vide et bien qu’elle tirait initialement de la force dans ce petit attroupement qui pouvait lui servir de témoin, elle se rendait compte maintenant que ce n’était que des fouines qui ne lui serviraient à rien. Sans ménagement, elle leur demanda de déguerpir. Il fallait qu’elle mette la situation au clair et il fallait pour cela qu’elle puisse se concentrer. Elle se permit de lâcher un profond soupir de soulagement lorsqu’ils furent tous partis et qu’il ne resta qu’elle et le jeune garçon à qui elle avait essayé de faire une leçon de morale. Elle le dévisagea, essayant de comparer son visage avec celui du jeune homme pour qui elle le prenait, comme si sa mémoire lui permettait de faire des comparaisons fidèles. Elle avait la forte impression que le profil collait mais si ce qu’il disait était vrai, si il avait vraiment un jumeau, alors cela était tout à fait plausible. Est-ce qu’il disait vraiment la vérité ? C’était là la vraie question que Lilith se posait. Est-ce qu’il n’essayait pas d’inventer une fable pour l’induire en erreur et pour encore mieux se moquer de sa naïveté après coup ? C’était une possibilité qu’elle ne pouvait pas exclure.

Elle étudiait du mieux qu’elle pouvait l’expression du jeune homme, essayant d’analyser par son comportement si il se moquait d’elle ou non. Lorsqu’il lui indiqua qu’il avait passé une bonne partie de la journée à la bibliothèque hier, elle n’eut pas l’impression de déceler le moindre mensonge ou la moindre moquerie. L’autre idiot ne devait même pas savoir où se trouvait la bibliothèque, ce mensonge aurait été trop gros, même pour lui. Elle baissa donc les armes, se passant une main sur le front comme si cela pourrait l’aider à faire disparaître la migraine qui commençait à apparaître. « D’accord. Je te crois. Je… C’est dingue comme situation. Je pensais enfin pouvoir régler mes problèmes comme une grande mais c’est encore raté. Faut croire que je suis pas douée pour ça. » Commenta-t-elle en secouant la tête. C’était pas demain la veille qu’elle arriverait à trouver de nouveau le courage pour confronter quelqu’un.

Elle redressa la tête vers lui et comprit facilement qu’il n’imaginait pas son frère capable de faire quelque chose comme ça. « Ce n’est pas la première fois. Il faut croire que je les fais beaucoup rire, lui et son groupe d’amis. La diablesse, le poisson rouge, fille de satan… Ils savent faire preuve de beaucoup d’imagination pour me trouver des surnoms sympa. Après il est pas tout seul hein, c’est l’effet de groupe. A cet âge-là, les mecs se sentent surpuissants quand ils sont entourés. Et puis hier avec la neige, ils ont pas pu s’empêcher de me prendre pour cible. Il faut croire que je suis assez visible avec cette tignasse et que je suis donc une cible facile. Ca a l’air de te surprendre ? » Pour elle, la relation entre deux jumeaux était forcément fusionnelle. Ils devaient tout le temps être fourrés ensembles à faire les cents coups. Pourtant, elle était persuadée que le garçon qui se trouvait devant elle ne faisait pas partie du groupe de ses tyrans. Il était bien plus calme, bien plus posé et son regard montrait une vraie intelligence, contrairement à une majorité de ces débiles. « Au fait, moi c’est Lilith. Et toi, comment tu t’appelles du coup ? » Finit-elle par demander histoire d’en apprendre plus sur le garçon et d’éviter de le confondre de nouveau à l’avenir. Un coup de vent la fit frissonner et elle se rendit compte qu’elle était congelée. « Est-ce que ça te dirait qu’on aille se réchauffer à la Taverne ? Je pourrai te payer un verre pour me faire pardonner. » Proposa-t-elle, soucieuse de ne pas attraper froid mais également de ne pas être la méchante de la journée.