L'eau fraîche de juillet

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L'eau fraîche de juillet - RP Libre

Je me suis levé aux aurores ce matin… J’ai encore un peu de mal à me caler sur un rythme de vacancier. Il faut dire qu’habituellement, je n’enchaîne pas deux mois de vacances. Et si je suis parvenu à me mettre au rythme du commun des mortels pendant notre semaine de camping avec les copains, la fatigue de l’année aidant, le sommeil fractionné reprend encore parfois ses droits. D’autant que le jour presque perpétuel ici n’aide pas. Dans l’absolu, ce n’est pas si grave : les rondes ne sont pas de mon ressort ici, et la surveillance est plus légère. Qu’on s’entende, à l’image de la direction, ça n’a pas l’air le royaume du fun ici. Mais déjà que les gosses se tapent des cours, cela reste tout de même des vacances.

Peut-être que d’autres choses occupent aussi mon esprit. Comme ce rendez-vous juste avant le départ à la Protection de l’Enfance, pour mettre à jour mon dossier de famille d’accueil. Le dossier d’adoption va probablement croupir jusqu’à la fin des temps, mais l’autre à visiblement su flotter jusqu’à la surface. Je sais que ça ne veut rien dire… Mais quand j’ai déposé mes deux demandes, on m’a plutôt rit au nez. Le fait que la demande pour devenir accueillant soit étudiée et que j’ai eu cette première entrevue me donne de l’espoir. Et le tournis. Je suis envahi de sentiment contradictoire, l’excitation, la trouille, et le sentiment que je fais un plat de tout ça pour rien. Que si un enfant ou un ados doit être confié à quelqu’un, ce sera probablement à une vraie famille, pas juste à un pauvre concierge.

Ouais, en fait, peut-être que ça n’aide pas à dormir. J’en parlerai peut-être à l’occas’ avec ma sœur, ou Wayde, ou Siwan. Pour l’instant, j’ai surtout besoin de manger une bricole et d’aller m’aérer. Ça tombe bien, le domaine de Durmstrang est parfait pour qui aime la grandeur de la nature. Je bois un thé bien chaud et je mets le reste dans un thermos. J’embarque mon briquet, des sous-vêtements de rechange et une serviette. J’enfile ma cape en feutre et un balai, et je profite de l’air très frais du matin pour me rendre au lac. A cette heure-ci c’est désert. Je me pose sur le ponton où est habituellement amarré le navire de l’école, du moins je suppose. Je ramasse quelques buches aux alentours et allume mon feu de camp. Je ne réfléchis pas trop, et je me déshabille. Le froid du matin me claque la tronche. Bon sang, je n’ose imaginer ce que ça donne en plein hiver. Quand mon souffle revient à la normale, je plonge dans l’eau glacée.

D’abord la brûlure, mes poumons, ma peau, tout m’hurle de sortir de là et qu’on va tous crever. Mais je me fais violence et nage d’abord à mouvement rapide, avant de me souvenir que plus on bouge, plus on perd de chaleur. Alors je me fais une raison et passe à des mouvements plus lents. J’arrête de réfléchir et je me liquéfie dans le lac. Je respire seulement quand nécessaire, sortant à peine la tête de l’eau, pour éviter les chocs thermiques. Je me sens à la fois engourdi et léger. L’eau est sombre, inquiétante, mais s’il y a des êtres vivants à proximité, ils font le choix de m’éviter. J’apprécie le geste.

Au bout d’un certain temps, en vérité sûrement pas plus de 20 minutes, je me sens à la fois totalement électrisé et apaisé. Je reviens doucement vers le ponton, il ne faut pas abuser des bonnes choses…Je ne tiens pas à finir le séjour avec une pneumonie. Je sors de l’eau, bleu de froid, la chair de poule visible à des kilomètres. J’aurais dû poser mes affaires plus près de l’eau. Le feu me paraît à des kilomètres. D’ailleurs, mon organisme est tellement passé en mode survie qu’il n’a pas jugé utile de maintenir le sortilège de dissimulation de mes tatouages. Ma foi, un vrai viking sortant de l’eau. J’essaie de me concentrer suffisamment pour qu’ils disparaissent, mais visiblement, il faudra attendre que je récupère ma baguette. Du coup, j’accélère le pas pour récupérer ma serviette, enfiler un caleçon sec et des vêtements. Et me poser avec mon thé devant le feu. Franchement, c’est quand même sympa pour commencer une matinée.

Dans le silence, seul…

Sauf que j’entends un craquement, et j’aperçois quelqu’un près du feu. Oh. Bon. Pourquoi pas. Si je peux juste me rhabiller avant d’entamer la conversation, ça peut toujours être une bonne matinée !

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Des valises sous les yeux, le menton posé sur ses deux bras croisés sur le rebord de la fenêtre, Blaze observait le parc du château avec la fixité d’un somnambule. Plus que le changement de décor et le mode de vie spartiate qu’on leur avait imposé en arrivant à Durmstrang, plus que de cohabiter avec ce crétin de Carter qui pétait plus qu’un moteur de voiture un matin de gel, c’était l’absence de réelle nuit qui avait complètement achevé de bouleverser le rythme de sommeil du jeune homme. A une telle latitude, si proche du cercle polaire, le soleil ne se couchait jamais vraiment et malgré les épais rideaux qui masquaient la lumière du jour dans la chambre, ne pas pouvoir profiter d’aubes ou de crépuscules avait rapidement eut pour effet de dérégler Blaze qui se tapait des insomnies bizarres depuis le début du séjour. Soit qu’il ne parvienne pas à s’endormir avant des heures et des heures soit qu’il se réveillait beaucoup plus tôt que d’habitude et incapable de rester en place sur le matelas rêche préférait se lancer dans les explorations solitaires du château endormi.

Malgré tout, le manque de sommeil commençait à avoir des effets de plus en plus négatifs sur sa personnalité, le rendant quelque peu à fleur de peau, moins lucide et surtout à moitié shooté de fatigue, incapable de vraiment penser rationnellement ce qui le poussait régulièrement à se murer dans le silence et la contemplation abrutie des paysages de la Norvège, ou des murs, ça dépendait des moments.

Ce matin là n’avait pas fait exception. Réveillé à une heure improbable pour un garçon de son âge, il avait d’abord hésité à faire une crasse à son coloc qui dormait dans le lit d’en face puis renonça. Il était un peu trop crevé pour avoir envie de se battre et le poufsouffle avait beau être un gros con, le serdaigle ne le haissait pas au point de vouloir lui déclarer une guerre ouverte. Par contre un petit coup dans le dos, il ne disait pas non.

Frissonnant, il s’était laissé glisser hors du lit superposé et un peu à tâtons avait enfilé pull, pantalon et l’épais uniforme de Durmstrang qui faisait office de manteau, puis sur la pointe des pieds avait passé la porte de leur chambre, ou de leur cellule comme il aimait l’appeler pour plaisanter.

Malgré l’heure très matinale, le ciel restait relativement clair et comme un papillon attiré par la lumière, le jeune homme était allé s’accouder à une fenêtre et fixait les montagnes depuis une bonne dizaine de minute, l’esprit embrumé et dans le vague, lorsqu’un mouvement vif en contrebas attira son attention. Des années à jouer au quidditch avaient affuté son regard et il reconnu sans aucun mal une silhouette plutôt imposante filer à toute vitesse en direction du lac à califourchon sur un balais. Vu le gabari, ce ne devait pas être un élève, même Maxwell n’avait pas cette carrure et il en déduisit qu’il ne pouvait s‘agir que d’Armitage.

Comme si on l’avait chatouillée, son imagination frissonna. Comme tout représentant de l’autorité, il ne portait pas le concierge spécialement dans son cœur, même s’il fallait reconnaitre qu’il était bien moins con que certains autres membres du corps enseignant. N’empêche, Blaze avait besoin de se changer les idées et il était curieux de savoir ce que pouvait bien faire Armitage debout à cette heure-ci. Imprimant dans sa tête le parcours du balais, il se détourna de la fenêtre et descendit quatre à quatre les marches du château pour se retrouver dans le hall où il récupéra à son tour l’un des balais en libre circulation. Durmstrang avait pas mal de défauts, à commencer par la nourriture dégueulasse, les lits trop durs et les douches communes, mais pouvoir se balader un peu partout en volant était un petit plaisir qui compensait pas mal le reste.

Lancé à pleine vitesse, le vent sur son visage acheva de réveiller Blaze mais contrairement à d’ordinaire il ne s’autorisa pas quelques looping pour la frime et resta au niveau du sol, tâchant de se faire discret.

Arrivé aux abords du lac, il ne mit pas longtemps à repérer le petit feu qu’avait allumé le concierge à quelques mètres de l’eau. Quant à ce-dernier, pas traces jusqu’à ce que Blaze remarque une forme immobile qui flottait dans l’eau. Une seconde, lui vint à l’idée que peut-être qu’il était mort, mais à bien y regarder Fergal avait toujours la tête hors de l’eau et semblait simplement plongé dans un état méditatif. Il était dingue ou quoi ce type ? Pour avoir tenté de se baigner le premier jour, l’eau était glaciale et en pleine nuit – enfin, façon de parler – elle devait être encore plus froide ! Déjà qu’en manteau le jeune homme se les caillait alors en caleçon au milieu du lac il préférait ne même pas imaginer !

Après avoir atterri à quelques pas du feu et dissimulé rapidement son balais dans les branchages, il avisa le camp d’un œil critique. Non loin du tas de bûches, les vêtements du concierge reposaient un peu en vrac, comme s’il les avait balancé là dans sa hâte de s’immerger. Comme un renard, Blaze s’approcha du tas de fringue et en tapota les poches pour voir s’il n’y trouvait rien d’intéressant. Il fit jouer quelques secondes la roue du briquet, amusé par la mécanique moldue, observa la baguette sous toutes ses coutures comme si cette dernière allait lui révéler un terrible secret sur le concierge puis feuilleta le carnet de note. Malheureusement, il n’y trouva rien de plus que ce qu’il savait déjà à savoir l’organisation des chambres et du séjour. Bon. C’était un peu décevant. Il replaça le carnet et le briquet dans les poches du pantalon mais sans s’en rendre compte, la baguette du concierge alla se glisser dans la poche de sa veste à lui.

Les tendances à la cleptomanie du Serdaigle pouvaient surgir un peu n’importe quand et sans aucune malice : il ne se rendait tout simplement pas compte de ce qu’il faisait, c’était comme si ses mains agissaient toutes seules pendant que son esprit était ailleurs. Jusque là il était néanmoins parvenu à ne pas trop se faire remarquer, sauf par cette peste de Cassiopeia qui avait bien failli percer son secret quand il avait fauché – là encore – la baguette de Kathleen, une poufsouffle de première année.

S’il avait fauché la baguette sans s’en rendre compte, le tas de fringue l’attirait de manière beaucoup plus consciente. C’était un grand classique du répertoire de blagues potaches, piquer les fringues pendant les douches, il avait déjà fait le coup à Maxton dans les vestiaires de quidditch et ça le faisait pas mal marrer à chaque fois. Simplement, pour cette fois, ça signifiait s’en prendre à un adulte, certes pas le plus sévère du lot, mais quand même, les conséquences n’étaient pas tout à fait les mêmes. D’un autre côté, il n’était pas contre prendre une petite revanche après l’année horrible qu’Appleton leur avait imposé à tous et les heures de colles qu’il avait dû se taper suite à sa petite ronde en balais pendant le discours d’Hatwell.

Sortant sa propre baguette de sa poche, il attrapa le tas de fringues, le déplaça de trois mètres et lança dessus un sortilège d’invisibilité. A bien y regarder, ce n’était pas du travail très propre, un bout de chaussette semblait avoir échappé à sa magie, mais un coup d’œil distrait pouvait très bien se laisser abuser. De toute manière Blaze n’était pas abruti au point de volontairement laisser le concierge mourir de froid, il s’agissait surtout de se foutre un peu de sa gueule.

Son devoir accompli, le jeune homme s’installa près du feu de camp qui prodiguait une agréable chaleur et regretta de ne pas avoir emporté quelque chose à faire griller sur les flammes pour le petit déjeuner.

Quelques minutes plus tard, le clapotis de l’eau lui appris que Fergal était en train de revenir. Parfaite sainte-nitouche, Blaze ne chercha pas à dissimuler sa présence mais attendit que ce dernier soit suffisamment proche pour faire mine de le remarquer.

- « Chouette matinée, hein m’sieur ? » lui lança-t-il débonnaire. Puis l’avisant de la tête au pied, mi-moqueur mi-impressionné. « Sympa les muscles. Mais c’est obligé de se taper le bain gelé tous les matins pour avoir pareil ? »

Parfois, je fais les choses comme je les sens, sans bien réfléchir aux tenants et aux aboutissants. Certains diront souvent même. Disons que je ne passe pas ma vie à mesurer les conséquences du moindre acte sans importance. Comme se réveiller trop tôt et grincheux parce qu’on a plein de choses en tête, trop de soleil, pas assez de lune et besoin de se recaler. J’ai eu envie de prendre l’air, de me mesure au lac, et c’est ce que j’ai fait.
Est-ce qu’en sortant de l’eau transi de froid, j’ai des regrets ? Je dois avouer que…pas vraiment. Je sais que dans quelques instants, l’inconfort des températures glacées pour un mois de juillet seront oubliées près du feu. Mais que la sensation de plénitude, le délassement de mes muscles, les bienfaits de ce moment hors du temps persisteront encore un moment.

C’est là-dessus que je me concentre alors que je trottine encore un peu gourd sur le ponton vers mon feu de camp… Et la personne qui s’y est installée. Je cherche du regard ma serviette et mes vêtements mais mes yeux ne trouvent rien. Je prends doucement conscience de la présence auprès du feu. Monsieur Blaze Mansfield. Oh putain, je ne suis pas prêt d’être habillé. Je soupire malgré moi. Bon, on va s’en sortir. Je m’installe accroupi à côté du feu, suffisamment proche pour que la chaleur me décongèle tout en évitant de me grille la couenne. Il ne manquerait plus que ça. J’essore ma tignasse pour éviter qu’elle ne continue à couler dans mon dos.

Maîtrisant du mieux que je peux le claquement de mes dents, je réponds aux salutations d’usage du serdaigle : « Par-faite pour un petit plongeon en effet.» La proximité des flammes me rend à moi-même. Bon sang ce que c’est agréable. J’ai l’impression d’être sur une plage au soleil tant le contraste est saisissant. « S’il suffisait de faire trempette dans un bain glacé, je signerai tous les matins… » dis-je avec un sourire amusé. « Je finirais pas m’habituer à la température j’en suis sûr. Et en parlant de température, vous n’auriez pas vu mes affaires à tout hasard ? J’aurais pu partager mon thermos avec vous… » Et considérant mon absence de tenue… « Et accessoirement vous épargner la vue. Il est trop tôt pour ce genre de choses.» Est-ce que ma baguette est dans le coin ? Je ne l’aperçois pas plus que mes vêtements. Peut-être que maintenant que ma température corporelle augmente, le sortilège de dissimulation va bien vouloir se lancer de lui-même comme le bon vieux automatisme qu’il est ? J’essaie de me concentrer, mais visiblement, rien à faire*. Tampis, Blaze aura tout le loisir de faire le décompte et la lecture de mes tatouages… Je dois avouer que ça m’embarrasse un peu. Ça aurait pu être pire je suppose. Mais j’aime mieux converser avec les élèves en étant habillé, et sans découvrir tout ça.

Malheureusement, il fallait y penser avant n’est-ce pas ! « Que faites-vous debout de si bonne heure ? Déjà que ces vacances sont particulièrement studieuses… » Après tout, on est en droit de se poser la question. Et s’il squatte mon feu et me pique mes affaires, je ne vais pas me priver. Blaze est un élève qui a une gueule d'ange mais un cerveau en ébullition. Le hasard, j'y crois de moins en moins quand ça le concerne.

[HRP]Je lancerai le dé pour voir s’il aperçoit la chaussette au prochain tour L'eau fraîche de juillet - Blaze Mansfield 723178256

le temps de prendre quelques degrés[/HRP]

Tous les farceurs le savent, une grande part du plaisir qu’il y a à piéger autrui repose sur sa réaction. Cris, colère, désir de vengeance, cela avait toujours fait le sel des activités du jeune homme : il n’aimait rien d’autre que provoquer et c’était moins ses vacheries en elles-mêmes que la suite qui leurs était donnée qui l’intéressait.

Or sur ce plan, Fergal l’avait toujours un peu déçu. Ça n’avait pas été faute de saloper des couloirs entiers du château, de lui glisser entre les doigts à la nuit tombée et de saboter méticuleusement tout ce qui touchait à l’autorité d’Appleton et dont le concierge avait été le porte-étendards ces derniers mois, rien n’y faisait, Armitage restait invariablement joyeux et refusait de céder à la provocation.

Alors que Blaze pensait avoir trouvé un motif d’agacement sérieux en dissimulant ses fringues à la sortie d’un bain glacé, le concierge était le plus naturellement du monde venu se réchauffer près du feu, comme si de rien n’était, et sans se départir de son éternel sourire. Agaçant, clairement.

A la question de savoir où étaient passés ses fringues, Blaze lui répondit avec un haussement d’épaule négligeant, mais sans déjà plus trop y croire. Pousser la plaisanterie à l’extrême pour espérer agacer le concierge n’avait pas grand intérêt, le jeune homme souhaitait mettre le doigt sur ce qui était véritablement susceptible de l’énerver, ou au moins de le mettre mal à l’aise.

- « Aucune idée, peut-être qu’un piaf est parti avec ? » demanda-t-il naïvement.

Quant à la vue, ce n’était pas tant qu’elle risquait de le déranger mais plutôt que l’adolescent était sincèrement curieux de savoir comment le concierge avait développé une telle musculature. Alors que Blaze commençait à faire de plus en plus attention à son apparence, surtout maintenant qu’il y avait le regard des filles en jeu, la taille de ses biceps, désespérément trop plats à son goût, lui posait question.

- « Nan sérieux c’est pas en passant le balais que vous êtes devenu comme ça j’imagine ? »

Second point qui attira l’attention de Blaze : les tatouages d’Armitage. C’était moins le motif, somme toute relativement abstrait que le fait qu’il avait déjà vu le concierge en manches courtes et qu’il n’avait absolument pas souvenir que sa peau était tatouée. Pour le coup, là il y avait peut-être quelque chose à creuser : habitué des mauvais coups, l’adolescent avait un peu d’instinct quant aux cordes sensibles à chatouiller chez les gens.

Retrouvant sa tête d’ange et un sourire bienveillant, il approcha à son tour ses mains du feu pour s’y réchauffer les phalanges.

- « Pareil que vous, je viens me baigner. » mentit-il effrontément. « J’ai entendu une rumeur comme quoi il y aurait un trésor au fond du lac, je ne veux pas repartir d’ici avant de l’avoir retrouvé. »

Avant d’enchainer :

- « Vous vous êtes fait tatouer non ? C’est pour une occasion particulière ? »

Je soupire en me frictionnant comme je peux. Un piaf. Mais bien sûr Mansfield. Heureusement qu’on a tous du temps à perdre aujourd’hui. Je cherche du regard où il a bien pu les planquer. Le problème ce serait plutôt qu’il les ait fait disparaître. Je me soucis peu d’être discret. Je finis par apercevoir une chaussette*.
- « Vraiment ? Il aura de quoi se faire une sacrée tente alors « je réponds narquois. Maintenant il faut que je trouve le courage de bouger de ma place dans le froid pour aller récupérer ma chaussette…et les vêtements qui je suppose sont dans les parages. Encore 5 minutes de chaleur et j’y vais...
Je profite donc du visible envie de Blaze de faire la conversation pour gagner un peu de temps. J’avoue que c’est assez étrange de se retrouver dans cette configuration, je ne m’étais jamais figuré parler muscles et sport avec un élève en caleçon autour d’un feu. Sa remarque me fait rire : « ça ferait naître des vocations, mais effectivement, le balai n’y est pas pour grand-chose. « Je marque une petite pause avant de lui délivrer mon secret : « Avec du sport. Au départ de la course à pied, et puis quand j’étais batteur à Poudlard, j’ai eu envie de gagner en puissance alors je me suis mis à la boxe. Quand j’ai quitté l’école, j’ai eu l’occasion de continuer, de me perfectionner, de faire de la compétition. Et comme j’ai toujours eu des boulots assez physiques ou qui me permettent de faire du sport, ça permet de ne pas trop perdre. « a défaut de club ou de compétition à Poudlard, heureusement il y a cette délicieuse Thorstein. Et les escaliers, beaucoup d’escaliers.

Parce qu’il faut se rendre à l’évidence, on n’obtient pas des muscles sans efforts. Mais je n’ai jamais fait de musculation, trop chiant, trop artificiel, la boxe thaï et la course à pied, ça a le mérite de muscler d’un peu partout, ça équilibre. Et en plus, c’est bien moins chiant que de porter des poids.
« Mais si ça vous tente, pas de problème, je peux vous courser autour du lac jusqu’à ce que je récupère mes vêtements : vous allez pouvoir compter vos nouveaux muscles. « dis-je amusé. « Ça vous fera un échauffement avant la baignade. «

Bon courage pour trouver un trésor dans ces eaux sombres, et je n’ose imaginer la température en profondeur. J’espère qu’il n’est pas sérieux s’il tient à remonter un jour. Je prends mon courage à deux mains et me lève vers ma chaussette en frissonnant. Ne reste plus qu’à tâtonner pour trouver le reste. Le ridicule ne tue pas.

La question sur mes tatouages ne loupe pas, et je n’ai pas franchement envie de répondre. Mec, non, ce sont des décalcomanies, je me suis levé ce matin et je me suis dit que ce serait sympa de faire un peu de peinture. Je déclare, très vague : « A différentes occasions. Ou juste pour la déco. « Certains ont une signification, sont importants, d’autres sont juste esthétiques, la question est de toute façon indiscrète. Si je m'emmerde à les masquer, c'est bien que je ne tiens pas particulièrement à en tenir le catalogue avec des inconnus. En tout cas pas quand je travaille.

La situation n’avait pas l’air de spécialement perturber Blaze. Soit que le manque de sommeil ait définitivement aboli tout régime de rationalité chez lui soit que les vacances et l’atmosphère étrange qui régnait à Durmstrang contribue de quelque façon à diluer les anciennes hiérarchies qui régnaient à Poudlard. Pas mal de ses amis avaient quitté l’école définitivement au mois de juin, il était toujours en froid avec Skyler et Misha ne l’avait pas accompagné pendant les vacances, résultat l’adolescent trainait dans le grand parc vide du château et semblait au fond désireux de pouvoir se raccrocher une conversation, fut elle assise sur les bases d’une mauvaise farce.

- « Donc vous avez commencé à l’école. » commenta-t-il en hochant la tête. C’était bon à savoir, Blaze n’était pas spécialement friand des réponses du type « passe tes ASPIC d’abord » avant de se lancer dans ses projets. « Et vous ne voudriez pas ouvrir un club de sport à Poudlard pour ça ? Ca pourrait intéresser des gens je suis sûr. »

Si on lui avait proposé d’essayer de faire de la boxe, certainement qu’il aurait signé sans hésiter. Déjà parce que l’idée de se foutre de gros coups dans la tronche lui parlait, et puis c’était l’occasion d’aller taquiner Misha sur son propre terrain. Le russe avait toujours été le plus bagarreur du duo et même si Blaze le surpassait en magie, le passé avait prouvé qu’avec ses poings c’était Misha qui avait l’avantage.

La remarque qui suivit de Fergal lui tira un éclat de rire.

- « Chiche. Je parie que je vous bats. » C’était plus fort que lui, tout tournait toujours autour de la compétition avec Blaze. « Tout le monde sait que c’est pas la taille des muscles qui compte à la course à pied. Mais de toute façon pour quoi faire ? A Poudlard vous ne me voyez même pas dans les couloirs, et trop s’essouffler avant d’entrer dans l’eau c’est un coup à se taper une hydrocution. »

Sans doute plus que n’importe qui le jeune homme était devenu un maître dans l’art de s’échapper de son dortoir et de fureter dans les couloirs du château passé le couvre-feu, une activité qu’il pratiquait depuis sa première année à l’école. Rien ne lui plaisait plus que de se faufiler entre les mailles du filet qu’avait lancé sur Poudlard les préfets, surveillants et professeurs qui traquaient à la nuit tombée les resquilleurs rentrant d’une fête clandestine ou qui s’étaient attardé dans les bras de leurs petit.e.s ami.e.s pour la soirée.

En vérité, si Fergal avait fait mine de bouger, Blaze se tenait vraiment prêt à déguerpir. Déjà parce que l’idée l’amusait, ensuite parce qu’il était du genre à prendre les menaces au sérieux, ne serait-ce que pour le frisson d’y croire un peu. Son balais n’était pas loin, il pouvait se carapater et s’envoler dans un grand éclat de rire au nez et à la barbe du concierge.

Mais comme celui-ci ne semblait pas encore décidé à s’éloigner de la chaleur du feu, le jeune homme haussa les épaules.

- « Ok, comme vous voulez. »

Quelqu’un d’un peu plus sage aurait sans doute pris acte du peu de désir du concierge à parler des motifs qui ornaient sa peau mais le serdaigle était une vraie tique sur certaines choses et ne lâchait prise qu’une fois satisfait.

- « Dites, si on se tatoue des runes, ça augmenterait pas la force magique ? Vous y avez jamais pensé ? Histoire que ce soit un peu utile quoi. »

Je laisse Blaze me faire la conversation, le temps de me réchauffer. Ce n’est pas comme si ça me dérangeait de discuter avec les élèves dans l’absolu. Je choisis les infos et mon interlocuteur, mais je ne considère pas que les adolescents soient indignes d’intérêt, au contraire. D’ailleurs la remarque du jeune homme est pertinente… Il n’y a pas beaucoup de clubs à Poudlard, en dehors du quidditch rien n’est réellement organisé. « Franchement, je n’y ai jamais pensé. Il faut dire que cette année pleine de rebondissements n’a pas vraiment encouragé ce genre d’initiatives. Et un club de boxe, n’en parlons pas, il y a déjà fallu des créneaux de soutien pour que vous puissiez vous entraîner avec vos baguettes pour les cours…Je pense que ça n’aurait eu aucune chance d’aboutir. » Cela ne me serait même pas venu à l’idée de demander à vrai dire, entre le manque de temps et de motivation, et les contraintes toujours plus vives. J’avais eu d’autres chats à fouetter. D’ailleurs, je n’avais pas non plus demandé la permission pour mettre en place les cours de soutien, jugeant que c’était de mon ressort de Directeur de Maison d’aider les élèves aussi pour ce genre de chose. Nous avons toujours obtenu leur baguette, j’imagine donc que la méthode était la bonne.
« Mais c’est à réfléchir, je verrais comment se passe la rentrée. » Je lui souris, après tout, l’idée est plutôt bonne, mais je ne vais pas m’engager maintenant, sans savoir à quelle sauce notre nouveau directeur va nous cuisiner. Je verrais bien Thor motivée par ce genre de projet également. « Ce n’est pas comme si on manquait de place ou de matériel, j’ai pris le temps de faire le tri dans le salles abandonnées, et il y a de quoi bosser. » Je suis plutôt satisfait de ce grand ménage opéré à mon arrivée : de quoi faire de la musculation, divers sports, du bricolage… J’ai tout regroupé par thème dans des armoires et répertorié, plutôt que de laisser ça à l’abandon dans des caisses et sous des bureaux à moitié défoncés.

Je rigole franchement quant à sa remarque. Effectivement, ce n’est pas la taille des muscles qui compte. Je pense qu’il me crame assez facilement en sprint, mais… en ce qui concerne l’endurance, j’émets un doute. Après tout, j’avais bien réussi à gagner mon petit tournoi-retenue contre Shepherd. « Je vous accorde la palme de la furtivité avec humilité. Pour le reste…j’attends de voir. Mais je crois que l’eau froide ne vous débarrassera pas de moi si facilement. » J’ai survécu une fois, mon corps a pris note de la température, ça devrait le faire.

Je profite du moment pour récupérer ma chaussette, l’enfiler et tâtonner au sol. Merveilleux, tout est bien au même endroit. Je me rhabille, sans toute fois remettre ma cape immédiatement. Le contraste de chaleur est déjà saisissant, et si une baignade s’impose vraiment autant ne pas s’enrober dans un cocon de laine. J’attrape ma thermos et la pose dans les braises. J’accio une deuxième tasse… ah mais non, je n’accio rien du tout. Où est ma baguette ? Je passe ma main sur toutes la zone où se trouvait mes vêtements, sans succès. Je jette un regard blasé à mon interlocuteur… Utilise le bouchon de la dite bouteille et ajoute faussement peiné : [color=#9900ff]« Je vous aurais bien proposé de partager, mais il semble qu’il manque ma baguette dans le package. A moins que vous ayez l’obligeance de me la rendre ? »
Est-ce que j’y crois ? Absolument pas mais ça ne coûte rien de demander.

[b]« On peut oui. Je n’ai jamais vu de mes propres yeux de runes qui augmentent la puissance magique, mais j’ai déjà vu des sortes de bouclier, ou des runes qui permettent de stabiliser certaines afflictions magiques. Mais je n’irais pas faire ça chez un simple tatoueur… Personnellement, ce n’est pas ce que je recherche, l’utilité, ou une super force magique d’ailleurs. » Je ne vois pas bien ce que j’en ferai, je n’ai pas besoin d’être superpuissant dans ma vie de tous les jours, je ne vis pas une vie dangereuse. En revanche, j’avais des collègues quand je travaillai dans la sécurité qui avait ces runes de protection, et celles faites par de bons sorciers étaient plutôt efficaces. « Mais si vous avez envie de tester, vous m’en direz des nouvelles. »

Blaze répondit par un haussement d’épaules à la remarque de Fergal. Si pour sa part le jeune homme aimait bien s’entrainer à la magie, il pensait également qu’un certain nombre d’élèves préfèreraient largement se donner des coups de gants plutôt que de faire leurs devoirs de métamorphose. Les clubs auraient très certainement bien plus de succès que les cours en eux-mêmes, ne serait-ce que par esprit de contradiction : au moins ils étaient facultatifs.

Par contre, que les profs décident de réinvestir les vieilles salles abandonnées n’arrangeait pas trop ses affaires : il y avait passé suffisamment de temps et pour y faire tout un tas d’activités plus ou moins autorisées pour savoir quel intérêt il y avait à garder loin de l’œil perçant des responsables cet endroit oublié et faisant un peu office de zone de non-droit. Il se força néanmoins à feindre l’enthousiasme à l’aide d’un sourire vaguement grimaçant.

- « Super ! »

On avait largement dépassé le stade de l’hypocrisie de toute façon et si certains professeurs continuaient de le voir comme une oie blanche le garçon avait assez peu de doutes quant à l’opinion que Fergal devait avoir de lui. Puis ce n’était pas comme s’il n’était pas à cet instant précis en train de lui planquer ses affaires dans une vague farce potache.

Son sourire fut plus franc quand le surveillant lui reconnu un certain talent pour passer entre les mailles des filets de la surveillance à Poudlard. Il balaya néanmoins d’un geste la remarque sur la fraicheur de l’eau.

- « Oh j’ai vu pire. » répondit-il crânement. « Vous savez qu’on a réussi à prendre une photo du calmar géant dans le lac de Poudlard ? Avec un appareil moldu. »

L’anecdote avait beau avoir pour but de frimer un peu – voire qui sait d’impressionner Fergal – elle ne lui en laissa pas moins un goût amer dans la bouche. Jade s’était barré de l’école et le leur avait annoncé un peu vite et sans prévenir, le laissant sur le carreau en ce qui concernait les aventures débiles et les prises de risques inutiles. Bien sûr il restait Misha mais avec le déménagement de Sasha leur groupe se retrouvait désormais amputé de moitié et le russe n’était pas dans un excellent état d’esprit ces derniers mois.

Pendant ce temps, le concierge semblait avoir mis la main sur ses vêtements. Cette vision agaça à peine le Serdaigle. Il ne s’était de toute façon pas fait trop d’illusions sur son sortilège et s’il avait vraiment souhaité nuire à Fergal, il aurait très bien pu simplement s’envoler sur son balais, les vêtements sous le bras, et obliger le bonhomme à rentrer au château en caleçon.

Même l’évocation des runes de tatouages ne parvint pas à réveiller son intérêt. Super, il broyait du noir maintenant, la faute au manque de sommeil certainement. Le visage un peu fermé, la main de Blaze s’en alla par automatisme à sa poche, y trouva la baguette. Bizarre, il n’avait pas souvenir de l’avoir fauchée celle-là. Avec un grimace, il la tira de son manteau et la tendit vers le concierge.

- « En fait, c’est pas si drôle que ça. » expliqua-t-il simplement d’un ton amer.

L’ambiance s’était un peu rafraichie, aussi bien métaphoriquement que littéralement. Le jeune homme remua un peu, à force de ne pas bouger le froid tendait à s’insinuer sous les vêtements.

- « Mais si vous aviez plus de puissance magique, vous ne seriez peut-être pas obligé de faire concierge, non ? »

Visiblement, si l’idée de participer à un club intéresse plutôt Blaze, entendre que les salles abandonnées ne le sont pas tout à fait semble le réjouir un peu moins. Je lui suis gré de faire semblant de saluer ma Mari Kondo intérieure… Oh il y a bien des coins planqués à Poudlard, et tellement de salles qu'il est facile de n'y croiser personne. Mais… elles ne sont pas toutes livrées à elles mêmes en permanence. Cependant je ne doute pas que la nature reprendra ses droits et que le désordre finira par réapparaître, et avec lui de nouveaux objets plus ou moins intéressants ou illicites.

Puis il me parle de calmar du lac, avec un enthousiasme bien moins feint. Je soulève un sourcil intéressé. Les élèves sont parfois agréablement surprenants. « Vraiment ? Je serais curieux de voir ça ! Ça demande sûrement un peu de chance pour le timing, mais surtout une certaine dextérité. Le bougre se laisse apercevoir régulièrement, mais c'est furtif. Vous avez réussi à obtenir un beau portrait ? » J’aime les créatures fantastiques, les aquatiques n’ont pas ma préférence, mais elles savent se rendre fascinantes comme la plupart d'entre elles. Peut-être que je devrais glisser un mot sur la dangerosité du lac et des créatures qui y baignent, mais franchement, ce serait pure façade. S’ils en ont eu l’occasion ma foi, c’eût été bête de la rater. Et personne n’est mort noyé ou dévoré, alors je continue de trouver ça sympa.

Tout en discutant, je finis par récupérer mes habits et redevenir présentable...Après mes vêtements, ma baguette me revient. Je me sens tout de suite de meilleure humeur quand je ne suis pas à moitié à poil, quelle surprise ! Finalement, cela n’a pas été si compliqué de tout récupérer. Je suis assez étonné de voir que le flegme a eu plus de prise que l’action, j’imagine qu’effectivement, ce n’est pas ce qu’il y a de plus drôle. Mais je n’ai pas envie de me prendre la tête dès le matin. « C’est ce soleil qui ne se couche pas ET qui ne réchauffe pas. » dis-je en faisant apparaître une deuxième tasse. « Ça crispe un peu. » Je lui sers un de mon thé encore fumant, presque aussi fort que du café, où percent des arômes de poivre . Un thé d’hiver quoi.

Je souris quant à cette remarque, que beaucoup se font sûrement sans oser la dire à haute voix. « C’est le moment des aveux, après tout, nous ne sommes plus à un embarras près » dis-je sur le ton de la confidence. « Je ne suis en rien obligé, j’ai … choisi. » Je n’en fais pas spécialement un secret : « parce que d’une part, j’aime me rendre utile et de l’autre, c’est un métier où l’on est logé, nourri, blanchi tout en étant rémunéré ce qui permet de monter d’autres projets en parallèle. Et même s’il faut bien entendu respecter quelques consignes, à moins d’avoir un employeur particulièrement pénible, tant que tout est fait, on se gère bien comme on veut.» Est-ce que Poudlard est employeur pénible ? Je ne sais pas trop. J’ai eu peu d’interactions directes avec la directrice, elle n’a pas été particulièrement dans mes pattes. Mais l’absence de discussions et la prise de décision unilatérale est loin d’avoir facilité l’organisation de quoi que ce soit. Je me demande quel sera le genre de notre nouveau Directeur. « Et mon projet ne nécessite pas spécialement d'être sorcier surpuissant. Qu'est-ce que vous feriez de cette magie amplifiée ? » je lui demande avec curiosité... Peut-être qu'il a une idée de projet sérieux. Pour ce qui est de nouvelles conneries à amplifier, je ne suis pas sûr qu'il les partage, mais je suis certains qu'il aurait l'imagination fertile.

« Beau » n’était certainement pas le bon adjectif pour qualifier la photo qu’ils avaient prise. En vérité on n’y devinait vaguement qu’un morceau de tentacule au milieu des nuages de vase soulevés par la créature pour un résultat aisément confondable avec un spaghetti trop cuit qu’on aurait jeté dans une casserole boueuse. N’empêche, pour Blaze le souvenir était aussi authentique que fort, lui avait été attrapé par la bête, ils avaient été obligés de se défendre à coup de sortilège et en étaient sortis vainqueurs, le cliché moche dans la main et son amitié avec Jade renforcée d’autant.

- « L’image est pas ouf mais ce qui compte c’est le voyage non ? Pas la destination. » concéda-t-il en sortant une phrase clichée au possible qu’il avait dû lire dans l’un des bouquins pseudo-philosophiques de la bibliothèque de son père.

Ayant réglé la question de sa petite blague, de la disparition des habits et de la baguette, le jeune homme récupéra plus sereinement la tasse de thé que lui proposait Fergal, désormais convaincu qu’il n’était plus nécessaire de se tenir prêt à décamper au moindre mouvement suspect du concierge.

Le thé lui fit du bien, venant un peu dissiper l’engourdissement de son corps et de son esprit dû au froid et à la fatigue. Ces vacances lui tapaient décidément un peu sur le système entre les cours, l’isolement et le climat, il se sentait largement diminué par rapport au dynamisme adolescent qui le caractérisait plutôt d’ordinaire.

Une morosité qui l’avait poussé à balancer une vacherie un peu mesquine au concierge, attaquant sur sa profession et bouffi de l’assurance que pour sa part, un destin hautement plus glorieux l’attendait une fois terminée sa scolarité. Il était doué en magie, se jugeait malin et beau gosse et se voyait déjà en grand inventeur, aventurier intrépide voire pourquoi pas ministre de la magie, après tout ?

Blaze fut donc franchement un peu surpris d’apprendre que Fergal avait « choisit » - c’était ses mots – sa profession, détaillant les avantages que celle-ci lui offrait. Il fallait clairement être prêt à se contenter d’une vie simple et le jeune homme accueillit un peu dubitativement les explications du concierge. A ses yeux, tout ça sonnait un peu comme une excuse : pourquoi choisir de laver les couloirs d’une école quand on pouvait devenir agent secret ou alchimiste ?

Il hocha néanmoins la tête tout au long de l’explication, retrouvant par la même un peu du gamin poli qu’il incarnait en classe et qui n’était jamais très loin de ressurgir malgré ses airs canailles. La dernière question de Fergal lui tira toutefois un sourire.

- « Devenir legilimen pour savoir quels projets « parallèles » vous avez peut-être ? Ou juste éviter de me faire choper dans les couloirs. »

Il se releva d’un bond, s’étira un peu en remuant les épaules. La discussion était sympa mais il ne se sentait pas prêt à faire ami-ami avec Fergal pour le moment. Ca viendrait peut-être mais pour l’heure il préférait encore le compter comme adversaire. Plus drôle, plus stimulant.

- « Merci pour le thé, c’était cool ! »

Il fit mine de réfléchir un instant puis ajouta.

- « Faut que j’aille cherche mon maillot si je veux piquer une tête, je rentre à Durmstrang, à plus ! »

Et sans formalités supplémentaires, il décampa récupérer son balais planqué un peu plus loin, non sans caresser tout de même un peu l’hypothèse que peut-être, après tout, un plongeon lui ferait du bien.

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