Dmitri ne s’était plus aventuré dans le parc, une fois le couvre-feu tombé, depuis plusieurs semaines ; plus que le souvenir désagréable de sa retenue avec Kovit, il s’agissait surtout de la méfiance engendrée par la présence indésirée du garde-chasse qui l’avait poussé à davantage de prudence. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Il commençait à se lasser de la salle commune, particulièrement depuis que la nouvelle préfète de sa maison s’était mise en tête de veiller à son intégration et, si possible, se mettre dans les bonnes grâces du petit-neveu du maître des potions. Préférant encore risquer une retenue que de supporter une nouvelle fois l’attitude intéressée de Mary, il s’était finalement décidé à se faufiler hors de son dortoir. Et dans le cas malheureux où il tombait nez à nez avec elle, il pouvait assez raisonnablement douter de son impartialité pour espérer n’encourir rien de plus qu’une remarque faiblement moralisatrice.

S’il y avait une chose qu’il trouvait particulièrement frustrante dans cette école, c’était bien ce manque de liberté ; au-delà de son dédain naturel pour les règlements, il ressentait le fait de ne pas pouvoir sortir comme il le souhaitait le soir venu comme une réelle privation. Si à Prague, il n’avait guère de possibilité de sortie nocturne, il y avait pris goût une fois arrivé au manoir van Aken, aimant passer des soirées sur le toit pour dessiner. C’était mue par cette nostalgie, et par le départ évident d’une grande partie des élèves, qu’il avait voulu rentrer au manoir plutôt que de passer les vacances à Poudlard. Il aimait bien l’école mais ne se voyait pas être l’un des seuls à y rester, encore moins depuis qu’il avait appris que, comme souvent, ses frères et sœurs allaient chez les grands-parents maternels pour les fêtes. Rien ne semblait avoir changé pour eux, si ce n’était que le benjamin de la famille n’était plus là... et ça n’avait pas l’air de les émouvoir particulièrement. Retourner dans les Hébrides était ce qui se rapprochait le plus d’un retour aux sources... quand bien même cela impliquait de passer les vacances en tête à tête avec son grand-oncle, et le vieil elfe de maison.

Le garçon longea le lac, restant tout de même à bonne distance de l’eau pour profiter de l’ombre protectrice que les quelques arbres du parc lui procuraient. Une certaine méfiance inconsciente le poussait à se tenir éloigné de l’étendue d’eau, comme s’il s’attendait à ce qu’un élève se décide, quelques mois après sa parution, à prendre au mot le croâsseur et tente de l’y balancer. Il eut une pensée fugace pour son camarade de serpentard, plus friands que lui des bains nocturnes bien que, cette fois-ci, il doutait fortement de le croiser.

Il fourra les mains dans les poches de son épais chandail à capuche, encore trop grand pour lui, s’abritant de l’air froid de ce début d’hiver. Il n’aimait pas ce vêtement, qui lui donnait un drôle d’air avec sa carrure trop fine et trop petite pour ce haut trop large, mais il devait reconnaître qu’il avait le mérite de garder la chaleur. Ses pas crissaient sur la fine couche de neige, rompant le doux silence du début de la nuit. Il appréciait le calme du parc le soir ; l’appel de ce silence était assez fort pour qu’il brave les températures hivernales. Et par ce temps, le risque de croiser quelqu’un d’autre était limité. Un coup d’œil à la cabane du garde-chasse, une faible lueur traversant les rideaux lui confirma que Duncan ne rodait pas quelque part dans le parc ; tant qu’il restait assez éloigné de son antre, il avait de bons espoirs de ne jamais le croiser. Tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Instinctivement, ses pas le guidèrent vers la lisière de la forêt, à croire qu’il avait une revanche à prendre. Il y avait quelques traces dans la neige, mais la rareté des flocons les rendait anecdotiques ; il était difficile de distinguer des empreintes nettes qui pourraient témoigner de la présence, ou non, d’une autre personne. De là où il était, il avait une belle vue sur le château dont certaines fenêtres laissaient choir de la lumière tandis que la lune éclairait les plus hautes tours. Le tout semblait former comme un phare dans la nuit. C’était un agréable endroit pour se poser contre un arbre et dessiner un peu... par habitude, il avait glissé un petit calepin dans sa poche, ainsi qu’un fusain, enveloppé dans un bout de tissu protecteur. Il n’était pas certain de s’en servir, après tout il lui faudrait s’arrêter, s’immobiliser dans le froid et présenter ses mains à l’air libre, mais à l’instar de sa baguette, il ne sortait jamais sans un carnet.

Plongé dans ses pensées, le Tchèque continuait de marcher tranquillement le long des arbres de la forêt, sans prêter attention aux quelques bruits qu’il pouvait percevoir ; un écureuil courant le long des branches, un rongeur fuyant le bruit qu’il faisait... ou un humain surgissant de derrière un tronc, le prenant par surprise. Par réflexe, Dmitri eut un vif mouvement de recul, étouffant un cri alors qu’il manquait de trébucher sur une branche. Ses escapades sur le toit du manoir, grimpant le long des gouttières les plus épaisses, lui avait au moins donné une certaine dextérité, aussi n’eut-il pas de mal à retrouver l’équilibre, évitant de s’affaler misérablement au sol. Son cœur battait encore la chamade alors qu’il détaillait l’inconnu qui venait de surgir en ponctuant son intervention d’une tirade digne d’un professeur surprenant un élève en faute. Mais il ne s’agissait pas d’un adulte. « Kurva ! » (putain !) jura-t-il machinalement dans sa langue natale. Le nouveau venu ne semblait pas avoir d’insigne épinglé sur son torse, il n’était donc a priori pas plus légitime que lui à se balader aux abords de la forêt après le couvre-feu. En temps normal, le benjamin aurait pu facilement estimer que, puisqu’ils bravaient tous deux les interdits, il n’y avait pas de raison de se chercher mutuellement des noises. Mais il avait la rancune tenace et, un peu honteux de s’être laissé surprendre si facilement, il ne comptait pas laisser l’autre élève, fût-il plus âgé, partir sans présenter des excuses. « Ça va pas de surprendre les gens comme ça ?! » Il ne criait pas, mais sa voix était indéniablement empreinte de colère et il ne cherchait d’ailleurs pas le moins du monde à le cacher. Il n’était pas dans l’une de ces soirées mondaines où il fallait garder un masque impassible pour satisfaire aux attentes d’adultes devenus, avec les années, froids et flegmatiques, tant et si bien qu’un détraqueur les trouverait inintéressants.

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Quelques instants avant, rien ne laissait supposer qu’un être plus imposant que Dmitri puisse surgir de derrière les arbres. S’il avait été plus attentif, peut-être aurait-il pu entendre un bruissement inattendu et comprendre qu’il n’était pas le seul élève à se pavaner dans le parc. Mais si, lors de la traversée du château, il s’était montré discret et attentif afin d’éviter un enseignant ou un préfet, ou pire encore, un tableau envoyé par le maître des potions, une fois la porte d’entrée passée, son attention s’était faite déclinante. Le sentiment de liberté avait pris le dessus sur toute prudence élémentaire, aussi dut-il réprimer une exclamation de surprise, se mordant l’intérieur de la joue pour faire bonne mesure, lorsque l’inconnu sembla surgir de nulle part.

Son cœur battait si vite qu’il ne serait pas surpris que l’autre élève l’entende, mais ce fut d’une voix presque calme qu’il l’apostropha. « C'est pour voir la gueule que t'as fait que je continuerais à prendre plaisir à faire ça ! » Dmitri allait finir par croire qu’il y avait plus d’étrangers à Poudlard que d’anglo-saxon, entre le thaïlandais, la métisse anglo-coréenne, la fratrie de norvégiens et maintenant ce malotru, dont l’accent trahissait d’indéniables origines slaves. Il n’était pas un expert en la matière, mais les intonations qu’il entendait n’avaient rien de latines et ressemblaient bien plus à celles qu’il avait pu ouïr lorsque des camarades de classes de ses frères et sœurs étaient de passage dans la modeste bâtisse familiale. La simple pensée de sa fratrie était suffisante pour rendre le garçon de mauvais poil, ce qui n’aidait guère à le calmer après la frayeur qu’il avait eue. Se pouvait-il qu’un jour, il parvienne à se balader dans l’école le soir sans que personne ne vienne lui causer du souci ? C’était à se demander s’il n’y avait pas un grand chef d’orchestre pour organiser son malheur, une personne qui s’amusait à placer ses pions afin que constamment, quelque chose ou quelqu’un soit sur son chemin. Et lorsqu’il ne s’agissait pas des tableaux de son aïeul qui le surveillaient avec plus ou moins de discrétion, il fallait qu’il tombe sur le seul élève assez fourbe pour poireauter à l’orée de la forêt en attendant qu’une personne passe à proximité.

« Qu'est-ce que tu branles ici ? » Est-ce qu’il était intimidé par leur manifeste différence d’âge ? Sans doute un peu ; il avait beau se donner des airs sûrs de lui et prétendre n’avoir été que surpris par l’intervention de l’inconnu, la surprise tenait plus de la peur que de la stupéfaction. Mais si en des heures plus acceptables et dans un cadre plus propice, il aurait pu se montrer moins fanfaron et donner l’air d’être cet enfant bien éduqué que les adultes attendaient, la situation actuelle n’induisait chez lui par la moindre docilité. « C’est pas tes oignons » répondit-il d’un ton sec dénotant toujours de cette colère sourde. Il eut un court instant d’hésitations et, sans pour autant décolérer, demanda d’une voix plus hésitante : « Tu n’es pas préfet ? » S’il n’y avait pas le moindre insigne visible, un doute, aussi infime soit-il, pouvait demeurer. Mais puisqu’après tout, il n’y avait rien qui puisse indiquer qu’il détienne le rôle incriminé, Dmitri choisit finalement de considérer qu’il ne l’était pas, quand bien même celui-ci pouvait se clamer comme tel. Et tant pis si en fin de compte, ça lui causait du tort : puisqu’il ne portait pas d’intérêt particulier à la coupe des quatre maisons la perte de points le laissait de marbre, et il n’en serait pas à sa première retenue.

Se raclant légèrement la gorge, en une attitude irritée, il reprit d’un ton qui se voulait plus confiant mais dont l’accent tchèque se faisait plus fort, trahissant l’inconfort de sa situation ; lorsqu’il était nerveux, il avait une fâcheuse tendance à articuler exagérément certaines syllabes, comme s’il peinait à reproduire l’exact prosodie des mots anglais. « T’as rien de plus intéressant à foutre que de te cacher ici, en attendant que quelqu’un arrive, comme un foutu diablotin ? » Il aurait pu tourner les talons, aller ailleurs. Le parc était bien assez grand pour qu’il puisse s’y balader sans supporter la présence d’un autre élève ; mais d’une part, il craignait que celui-ci lui fasse un autre mauvais coup, comme attirer l’attention du garde-chasse, et d’autre part, il n’avait toujours pas obtenu ce qu’il voulait : des excuses. C’était peu probable qu’il puisse en obtenir, d’autant plus que le plus âgé lui avait clairement fait comprendre qu’il prenait un malin plaisir à faire peur aux autres, mais l’aiglon était du genre borné. Il croisa les bras sur sa poitrine et lança à l’autre garçon le regard le plus noir dont il était capable. « J’attends des excuses ». La scène avait un quelque chose de comique : du haut de ses onze ans, il ne parvenait qu’à parodier l’allure sèche et impitoyable de son géniteur, espérant le faire avec assez d’aplomb pour être convaincant. Le mépris dans sa voix faisait en revanche parfaitement illusion : à croire qu’il s’agissait d’un don familial que de se montrer suffisant et insolent.

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Un instant de réserve prudente l’avait poussé à s’enquérir du statut de l’incongru qui l’avait surpris. Alors qu’il lui répondait par la négative, le garçon en vint à se demander comment il avait pu imaginer qu’il soit un préfet : il n’avait rien de quelqu’un à qui l’on aurait pu confier un quelconque pouvoir afin de maintenir l’ordre. Encore qu’à Poudlard, à voir ceux qu’ils avaient choisis pour serdaigle, la direction ne semblait guère très douée pour ses choix en matière d’autorité : entre la première tirant sa révérence au bout de quelques semaines, la deuxième favorisant les enfants bien nés dans l’espoir de ramasser quelques miettes de faveurs et le troisième à la drôle de diction, encore qu’il fût le plus normal du lot. Et il fallait être bien inconscient ou aimer les rixes ensanglanter pour se dire que mettre une pro-sang pur comme Asquith en duo avec un qui, à en croire les sous-entendus de la préfète, ne devait pas avoir un arbre généalogique assez reluisant, était une bonne idée. En y réfléchissant, il serait peut-être intéressant de prendre les paris sur les chances de survie de Brown à chaque fois qu’ils partaient en patrouille... ce pourrait être rapidement lucratif. « Et moi, je n’ai donc pas à te répondre. » Cela dit, tout portait à croire qu’il n’aurait pas été beaucoup plus coopératif avec un préfet. Au moins, il avait à présent la confirmation que l’autre expatrié, parce qu’il en était forcément un, n’avait pas plus de légitimité que lui pour se trouver en ces lieux et qu’en prime, il pouvait bien l’envoyer bouler, ça ne lui vaudrait pas de souci particulier. Et puisqu’il en était venu à cette conclusion, il n’hésita pas un seul instant à râler contre lui, agrémentant sa frustration d’une bonne dose de mauvaise foi. Au fond, la comparaison avec le diablotin était, à ses yeux en tout cas, plutôt bien trouvé : s’il tentait de devenir animagus, le tchèque ne serait pas surpris de le voir se transformer ainsi.

« C’est moi qui ai la poisse au point de toujours tomber sur les plus cons de l’école, ou Poudlard a toute une collection de fumier dans ton genre ? » rétorqua-t-il. Entre lui et le garde-chasse, il ne savait lequel était le plus insupportable. Quoique pour l’instant, l’adulte remportait la palme : en plus d’avoir gâché sa soirée, il n’avait pas trouvé mieux que d’aller moufter auprès du maître des potions.

Dmitri fronça les sourcils d’un air vexé en le voyant éclater de rire. Il s’amusait à lui faire peur la nuit tombée et maintenant, il se payait sa tête ? Plus les minutes passaient, moins il l’appréciait, ce qui, à ce stade, relevait presque du miracle. Il ne releva pas la référence à la Piña Colada... et pour cause, puisqu’il n’avait pas la moindre idée de ce que ça pouvait être, il ne voulait pas se ridiculiser. Il devait s’agir d’une chose dont les tchèques n’avaient pas l’utilité, à moins que ce ne soit parce que ses parents ne lui aient jamais permis d’en entrevoir l’existence. « Je ne suis pas de leur famille. » répondit-il sèchement, avant de poursuivre sur le même ton. « Je suis tchèque, pas norvégien ! » Il connaissait donc les Sørensen... il était peut-être en même année que certains d’entre eux. Sans doute encore un peu jeune pour être en dernière année, mais il ne paraissait pas impensable qu’il soit avec les jumeaux, ou avec Judith. Quoiqu’il en soit, il imaginait mal cette dernière ou Finnbjörn faire les quatre-cents coups avec lui. L’image des deux norvégiens cachés derrière un arbre de la forêt pour surprendre d’autres élèves lui tira un sourire amusé qu’il cacha aussi vite qu’il était arrivé : il manquait plus que l’autre pense que c’était à lui qu’il souriait ! Il ne fut d’ailleurs pas compliqué de maquer ce bref instant d’amusement car la remarque de l’impromptu sur son accent l’énervait, si toutefois c’était possible, encore un peu plus.

Il sentit ses muscles se tendre sous l’effet de la colère et se félicita des les avoir déjà croisés ; sans ça, il craignait que l’on puisse apercevoir un léger tremblement dû à la lutte interne qui opposait sa raison et sa fureur. Au moins pouvait-il s’estimer heureux d’avoir la frustration pour le réchauffer malgré l’air frais et humide qui s’infiltrait sous sa veste. « Et je n’ai pas un accent de merde ». Ses poings se crispèrent autour de ses bras, ses jointures prenant une teinte plus blanchâtre que d’accoutumé. Il en fallait peu pour qu’il se décide à quérir ses excuses par des arguments prenant la forme de coups dument mérités.

Le garçon était incontestablement en train de faire un caprice. Le genre d’attitude qu’il n’avait pas connu depuis son départ de Prague ; en même temps, vivre avec un vieil elfe de maison et un peintre encore plus âgé diminuait grandement les occasions de pester de la sorte. D’ordinaire, il était avec son grand-oncle plus insolent que réellement capricieux. Quant à l’idée de le frapper, elle n’avait jamais paru réellement réalisable, sans doute parce qu’il le savait capable, pour en avoir déjà fait les frais, de punitions bien plus désagréables que de recevoir d’autres coups en retour. En revanche, le dégarni friand des Piña Colada ne semblait pas bien dangereux : il était peut-être plus grand que lui, mais ils étaient bâtis sur un modèle assez similaire, à savoir celui de poids plume. Et Dmitri avait l’habitude d’affronter des personnes plus grandes : si pour Izidor et Krystof, la différence était assez faible compte tenu de leur faible écart d’âge, Miroslav et Igor le dépassaient de plusieurs bons centimètres. Il ne l’avait certes pas toujours emporté contre eux, voire d’ailleurs très souvent perdu, mais ça ne l’empêchait pas de se défendre comme un beau diable. Frapper était un excellent défouloir et avait parfois un côté presque jouissif : par les mots, les gens ne se comprennent pas toujours, souvent même ils ne parviennent à rien, mais les coups, ça c’est quelque chose d’universel !

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Le jeune tchèque leva les yeux au ciel : le plus âgé ne savait décidemment vraiment pas ce qu’il voulait. D’abord il lui demandait ce qu’il faisait dehors à une heure pareille, et maintenant il prétendait que ça ne l’intéressait pas. Il s’agirait de se décider ! Cela dit, qu’il prenne une décision ou non n’y changerait rien : Dmitri avait déjà assez de comptes à rendre à son grand-oncle pour ne pas avoir en plus à se justifier auprès d’autres élèves. Et encore moins se remettre en question : il se baladait peut-être dans le parc après le couvre-feu, mais jusqu’à preuve du contraire, ils étaient deux à braver le règlement. Il pouvait admettre avoir cherché les ennuis avec le garde-chasse, mais il n’avait jamais été question qu’il tombe sur un autre étudiant en fraude assez retord pour prendre du plaisir à effrayer les plus jeunes élèves de l’école.

À présent qu’il se donnait le droit de critiquer son accent, l’aiglon sentait l’irritation qui était la sienne se transformer peu à peu en une colère sourde. Sans avoir particulièrement le mal du pays, il avait tout de même une certaine fierté et n’appréciait pas qu’on confonde son accent avec celui beaucoup plus guttural des Sørensen. « Amis de la famille... » corrigea-t-il machinalement lorsqu’il le questionna sur ses liens avec eux. Il peinait à savoir ce qui était pour le mieux : être étiqueté comme un proche des quatre norvégiens, laissant ainsi entrevoir une partie de sa vie, ou éviter de les mentionner. Toujours est-il qu’il était trop tard et au moins maintenant c’était clair. Puisque l’impromptu semblait également connaître les norvégiens, il devait sûrement savoir que ce n’était pas dans le genre de la maison que de s’acoquiner avec une famille de moldus. Est-ce que ça lui donnait raison lorsqu’il qualifiait l’attitude hautaine de Dmitri en des termes peu élogieux ? Certainement. De toute façon, il n’avait cure de ce que pouvait bien penser l’inconnu.

Le garçon fronça les sourcils en l’entendant mentionner Durmstrang, particulièrement en l’associant à sa nationalité. Il avait appris en début d’année que tous ne connaissaient pas l’école de nom : Colin n’en avait jamais entendu parler, mais rien de plus normal pour un né-moldu, et Amaïa non plus. Pourtant, celle-ci connaissait mieux le monde sorcier que leur camarade de serpentard. Mais s’il pouvait mettre sur le dos des années le fait qu’il ait déjà entendu parler de l’autre école de magie, associée à son accent nordique, la question n’avait rien d’anodine. « Je croyais que ma vie ne t’intéressait pas ? » répondit-il, bottant en touche. Il était assez peu désireux de commencer à parler à quelqu’un qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam des discordes familiales ou des projets pas toujours très clairs de son grand-oncle. Et de toute façon, il n’était même pas certain de savoir lui-même ce qu’il faisait à Poudlard ; il n’avait pu obtenir des explications claires ni de ses aïeux ou de ses parents, aucun d’eux n’ayant jugés utile de le tenir informé, à part lorsqu’il fallait rappeler qu’il était source de trop de conflits et qu’il risquait de faire honte à sa famille. Autant dire qu’il se satisfaisait difficilement de ses raisons.

« D’ailleurs... t’as pas l’air beaucoup plus anglais que moi. Tu devrais être à Durmstrang aussi. Ou Koldovstoretz... » Si les tchèques n’étaient traditionnellement pas envoyés dans cette dernière, il savait, pour l’avoir entendu de la bouche de Finnbjörn, que c’était bien plus souvent le cas des norvégiens. Quant à l’imbécile qui se trouvait devant lui, il n’arrivait toujours pas à trouver d’où pouvait provenir son accent, ce qui laissait les deux possibilités d’écoles très probables. Une troisième option demeurait toutefois possible : « T’es un né-moldu ? » demanda-t-il à tout hasard. La question était sûrement très cavalière, peut-être même grossière, mais il ne s’en préoccupait pas le moins du monde ; puisqu’ils n’étaient déjà pas partis sur de bonnes bases, il n’était pas à une provocation près et s’il était assez susceptible pour le prendre mal, tant pis pour lui. Ou tant mieux plutôt : le cadet était assez remonté pour prendre plaisir à voir quelqu’un s’énerver encore plus que lui, si toutefois c’était possible compte tenu de son état de colère déjà bien avancé. Il sentait d’ailleurs qu’il n’était pas loin du craquage émotionnel ; il était à fleur de peau et la moindre petite contrariété risquait de venir à bout de sa patience. Et s’il se doutait que l’autre pouvait également le percevoir, il ne s’était pas attendu à ce qu’il en profite pour enfoncer un peu plus le clou.

Colérique mais naïf, la surprise paralysa d’abord toute réaction chez l’enfant lorsque le plus âgé vint à le pousser une première fois. Décroisant les bras par réflexe, il dut lutter contre la gravité pour ne pas perdre l’équilibre, et par là même la face. Il le repoussa une seconde fois, plus fort et non sans une provocation préalable. Un peu hébété, Dmitri l’avait laissé faire sans réagir, ou presque. Mais en sentant les mains de l’étranger exercer une deuxième pression, son instinct reprit rapidement les rênes. « Me touche pas ! » scanda-t-il en repoussant d’un mouvement de bras les mains du plus grand. Toute tentative de demeurer calme était désormais futile ; il était à peine capable de dire quand est-ce qu’il avait décidé de répondre aux bousculades par la surenchère. À onze ans, il était une graine de sorcier encore trop peu expérimentée pour sortir sa baguette instinctivement, et surtout pour savoir se défendre efficacement avec la magie. Mais il était bien plus rodé lorsqu’il s’agissait d’utiliser ses poings aussi, réagissant au quart de tour, il déporta son coude en direction des côtes de l’autre élève afin de frapper celui-ci de biais. Il n’avait pas l’avantage de la taille ou de la force physique, mais il savait pouvoir compenser par quelques fourberies comme celle-ci.

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Le garçon haussa un sourcil irrité. Il n’avait aucun mal à le croire lorsqu’il déclarait apprécier être chiant et il devait sûrement énormément apprécier la soirée car il parvenait avec brio à se montrer désagréable. Mais peut-être n’était-ce pas bien difficile d’énerver le plus jeune ; il n’avait pas particulièrement envie de raconter ses déboires familiaux à un inconnu, préférant éviter la question en la lui retournant. Il avait effectivement été à Durmstrang et n’était dans l’école anglo-saxonne que depuis l’année dernière.

La seconde question de l’enfant prit visiblement de surprise son aîné qui se braqua à son tour. Nullement gêné, il ricana lorsqu’il l’accusa de racisme ; si la question du sang était effectivement importante à ses yeux, ça n’était que pour être toujours plus en contradiction avec sa famille qui l’était effectivement. « Raciste, je sais pas, mais toi par contre, t’es sacrément susceptible. » Mauvaise foi quand tu nous tiens. Il se doutait bien que de poser une telle question pouvait soulever une réaction offusquée, mais il n’en avait cure. En réalité, la réaction de son interlocuteur pouvait même se révéler être assez intéressante, quand bien même il ne lui avait pas répondu : il savait déjà qu’il n’était sûrement pas un sang-pur, sinon il lui aurait clamé avec outrage qu’il n’était pas un sang-de-bourbe, et dans tous les cas, il n’était pas un puriste comme pouvaient l’être les Sørensen ou les autres van Aken. « Et pour ta gouverne, tu peux bien être un né-moldu, non, ça ne changerait pas grand-chose à ma vie. » Un sourire moqueur naquit sur ses lèvres. « Faut croire que moi aussi, j’aime bien poser des questions pour faire chier les gens. » En réalité, il n’appréciait pas d’être ainsi suspecté de suprémaciste. Il n’avait pas toujours été en conflit avec sa famille pour qu’on vienne l’accuser de mépriser des gens pour une question de sang.

Il était tout de même curieux de savoir pourquoi il avait quitté l’école nordique pour Poudlard. Les changements d’école n’étaient pas si fréquents, mais il y avait tout de même une raison qui pouvait justifier un tel choix ; raison qui avait poussé ses propres parents à prendre les devants et à l’envoyer dans une école moins stricte sur la pédagogie. Il n’eut toutefois pas réellement le temps de lui poser la question qu’ils en venaient aux poings.

Lequel des deux avait réellement lancé les hostilités ? L’ancien élève de Durmstrang en le poussant, ou bien lui en visant ses côtes d’un coup de coude ? Élevé à bonne école avec ses frères, Dmitri avait très rapidement pris le parti de ne jamais laisser quelqu’un le toucher de la sorte sans réagir avec force et fracas. Rester passif, c’était accepter de se faire marcher sur les pieds et s’assurer d’être le souffre-douleur de ses aînés. Bon, le fait était qu’être le plus jeune faisait plus ou moins de lui le souffre-douleur de ses frères, qu’il réponde par la violence ou non, mais au moins il leur rendait autant que faire se peut la pareille. Il n’y avait donc pas de raison qu’il fasse exception avec l’étranger et l’avait frappé sans scrupule. Après tout, puisqu’il était plus grand et donc plus musclé que lui, il n’avait pas de scrupules particuliers à avoir. L’autre n’en eut d’ailleurs pas le moins du monde, n’hésitant pas à le frapper à son tour, ce qui ne surprit pas particulièrement l’aiglon qui s’y était préparé. Il voulut se décaler pour éviter la riposte mais sa tentative ne fut pas très concluante, le poing du plus âgé s’abattant sur son genou droit. La douleur ne se fit pas attendre, remontant vivement le long de sa jambe. Il ne put retenir une plainte étouffée, mais heureusement, il ne semblait pas y avoir quelque chose de cassé. Il aura sûrement un bel hématome au réveil demain, mais rien de bien grave.

« Déso j'aime pas qu'on me donne des ordres ! » Le tchèque grogna de mécontentement. Par certains aspects, il avait presque l’impression de voir une version plus âgée et un peu exacerbée de lui-même. Il n’était tout de même pas aussi insupportable que lui au quotidien, si ? « Quel courage, s’attaquer à quelqu’un de plus petit... » fit-il en ricanant. Il n’aimait d’ordinaire pas qu’on évoque sa taille, sûrement parce qu’il complexait un peu d’être plus petit que d’autres garçons de son âge, mais pour une fois qu’il pouvait en profiter pour se moquer de quelqu’un, il aurait été bête de ne pas sauter sur l’occasion. « C’est pour ça que t’as quitté Durmstrang ? Ils t’ont viré par ce que t’es trop lâche pour t’en prendre à des gens de ta taille ? » Un sourire moqueur vint subrepticement souligner sa remarque avant qu’il ne se décide à riposter ; il ne voulait pas lui laisser l’occasion de le tabasser sans rien faire et comme le disait si bien l’adage, la meilleure défense c’est l’attaque.

Cette fois-ci, il se montra beaucoup plus direct, réunissant toute la force dont il était capable dans son poing qu’il lança en direction du ventre de son aîné. Mais si Dmitri avait eu une enfance assez violente pour pouvoir se vanter de savoir frapper, encore fallait-il qu’il parvienne à toucher et sa cible n’était vraisemblablement pas beaucoup plus disposée à se laisser faire que lui-même : le coup du garçon fendit l’air sans rencontrer le corps de celui qu’il visait. Il jura dans sa langue natale alors qu’il sentait son propre corps emporté par l’élan, sans parvenir à frapper l’incongru qui avait osé le déranger au cours de sa balade nocturne.

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Un sale caractère, c’était le cas de le dire. Dmitri était bien mal placé pour le critiquer sur ce point, étant lui-même d’une nature particulièrement irascible. Tomber sur quelqu’un comme lui, qui frappait sans hésiter et sans réelle forme de scrupule, n’avait sûrement rien d’extraordinaire, mais il trouvait tout de même déroutant de se trouver ainsi face à une étrange version plus âgée de lui. Ça avait toutefois du bon, il pouvait se défouler sans craindre de s’attirer des problèmes ou les foudres de qui que ce soit. À part lui, bien entendu, mais en avait-il réellement quelque chose à faire ? Non. Et l’ancien élève de Durmstrang ne risquait pas d’aller se plaindre auprès d’un professeur, d’une part parce que ça ne semblait pas être son genre, d’autre part, et surtout, parce que déclarer qu’un élève de plusieurs années son cadet vous avait frappé était dans le meilleur des cas ridicule. Dans le pire, c’est lui qui écoperait d’une sanction pour s’en être pris à quelqu’un de bien plus jeune. Comme quoi, être le benjamin avait parfois des avantages non négligeables. « Très bien alors, tout va bien dans le meilleur des mondes : je ne suis pas raciste, et tu n’es pas un né-moldu. On est fait pour s’entendre. » ironisa-t-il, un brin provocateur. Il pouvait bien penser ce qu’il voulait, interpréter ses propos comme il le souhaitait, ça le laissait indifférent. Il n’avait rien à lui prouver et profitait simplement de l’instant présent pour se défouler un peu.

Les coups ne pleuvaient pas sans discernement, ils alternaient entre poings et joute verbale. Une fois n’était pas coutume, le garçon avait pris le parti de le provoquer sur leur différence manifeste de taille. Un avantage pour le plus âgé qui laissait ce dernier de marbre, non que l’aiglon en ait vraiment quelque chose à faire. Être plus frêle que ses frères ne l’avait pas empêché de se battre avec eux, bien au contraire. Et parlant de la fratrie van Aken, justement, le russe lui retourna l’amabilité, soulignant qu’à Durmstrang, ils étaient plus solides qu’à Poudlard et donc que lui. Il n’aimait pas être comparé à ses frères, même indirectement, et encore moins lorsque c’était pour remarquer qui leur était inférieur de quelque manière que ce soit. « Je ne chouine pas. » fit-il pour seule réponse, évitant de peu le coup du plus grand. Il sentait toujours son genou le tirailler, mais au moins, il ne l’empêchait pas de se mouvoir avec agilité. Il marqua une pause quelques secondes, piqué par la curiosité. Il n’était pas un expert, mais les transferts d’une école de magie à l’autre, ça n’était pas des plus fréquents. Et en temps normal, ils allaient souvent de pair avec l’expulsion de la première école. « Pourquoi se faire transférer de Durmstrang à Poudlard ? » Ça n’était sûrement pas pour son amour de la patrie écossaise. Il fuyait peut-être certains de ses anciens camarades prétendument plus solides. À ce petit jeu, il ne pourrait totalement l’en blâmer, il avait lui-même accepté avec joie l’occasion qu’on lui offrait de ne pas avoir à supporter la présence de ses frères dans la même école que lui.

Lorsqu’il lui demanda son nom, le jeune tchèque le regarda un instant sans daigner répondre à sa question, un peu hésitant. « Dmitri... » commença-t-il finalement, une pointe de défi dans la voix alors qu’il prenait un peu d’élan pour abattre son poing au niveau du genou droit de son adversaire. Cette fois-ci, peut-être parce qu’il avait visé un endroit plus bas, il sentit le choc de l’impact remonter depuis sa main tout le long de son bras. Son coup avait fait mouche. « ... van Aken. » expira-t-il au moment précis où son poing percuta sa cible. Même dans le parc du château à une heure où il ne devait pas y être, et alors qu’il était en train de se bagarrer avec un inconnu, il gardait cette manie de se présenter selon les formes inculquées par sa mère. S’en était sûrement un peu risible mais ce genre de considérations le laissait indifférent et, quelque part, il était curieux de voir la réaction qu’aurait l’ancien élève de Durmstrang en apprenant qu’il était en train de frapper un parent d’un enseignant de l’école. « La moindre des politesses serait de te présenter également. » persifla-t-il, la voix légèrement trainante alors qu’il se remettait doucement de l’effort physique que nécessitait les coups qu’il assenait contre son aîné.

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Les meilleurs amis, en effet. Si toutefois « amis » impliquait de se taper dessus entre deux phrases. La situation pouvait paraitre absurde, mais elle avait cet avantage non négligeable d’être un excellent défouloir et pour un garçon qui avait été habitué à se bagarrer avec ses frères à tout bout de champ, ça n’était pas une si mauvaise chose. Le plus âgé se gaussait de lui d’une manière assez irritable, ce qui accentuait ses désirs de le frapper ; mais au-delà de son aigreur naturelle, il était curieux de savoir ce qu’il faisait à Poudlard. Entre les Sørensen, lui et maintenant le russe, ils étaient décidemment bien nombreux à fouler régulièrement le sol dans l’école anglo-saxonne, ce qui n’allait pas sans soulever quelques questionnements. Naïvement, il avait pensé à tous les scenarios sauf celui, et pourtant le plus simple, que lui compta son aîné. Un orphelin envoyé vivre chez un parent éloigné. Ça aurait pu émouvoir l’enfant si seulement il en avait eu quelque chose à faire, mais il n’était sûrement pas assez charitable pour ça, et pour l’heure, il était bien trop occupé à éviter les coups de son adversaire pour s’attarder sur les malheurs d’autrui.

Non sans se départir de sa fougue enfantine, il daigna finalement se présenter. « Oui plus ou moins » maugréa-t-il. Est-ce qu’il était offensé ou énervé en l’écoutant mentionner avec si peu de respect un membre de sa famille ? En temps ordinaire, il s’en serait sans doute plus offusqué ; si lui-même aimait critiquer les siens, il n’appréciait toutefois pas que d’autres se permettent de le faire. Cela étant, les circonstances étaient assez inédites pour qu’il n’y prête guère plus d’attention que nécessaire. Deux minutes plus tôt, il le frappait sans avoir de réelles raisons valables – si ce n’était que l’ancien élève de Durmstrang lui avait foutu une belle frayeur et qu’il était le premier à l’avoir poussé – alors il n’était pas à une provocation près. « Mais il ne fait pas seulement joujou avec des potions, il fait aussi joujou avec des tableaux, alors évite de te vanter dans les couloirs d’avoir frappé son petit-neveu, il risquerait de très mal le prendre si un portrait lui rapportait. » Il n’était pas certain que dans un tel cas, son aïeul interviendrait pour venger l’affront fait au garçon. Il s’agissait d’une chose trop peu importante et Dmitri l’avait sans doute un peu cherché...

Une minute. Ce nom lui disait quelque chose. « Bradf... » Avant qu’il ait eu le temps de réagir, le poing du plus âgé s’abattait sur sa cuisse. Voyant la main se lever, il avait bien tenté de se décaler pour l’éviter... mais en vain. Sa voix se mua en un grognement de douleur, alors qu’il voyait quelques étoiles traverser son champ de vision. Il avait baissé sa garde trop longtemps et le poufsouffle n’avait eu qu’à se saisir de l’occasion pour abattre son poing sur lui. Il haleta de douleur, massant le lieu d’impact. « Ton nom me dit quelque chose. » reprit-il après quelques instants, presque comme si de rien n’était, comme s’ils n’étaient pas en train de se bagarrer tout en conversant. « Bradford, c’est pas aussi le nom d’un professeur ? » Un enseignant qu’il n’avait pas en cours... quoiqu’il en soit, il l’avait déjà entendu quelque part, il en était certain. Un sourire amusé fendit son visage, se muant bien rapidement en un bref éclat de rire. « Ne me dis pas que toi aussi, tu te coltines ton tuteur légal à Poudlard ! » Quelles étaient les chances pour que deux jeunes qui auraient dû être scolarisés à Durmstrang se retrouve en Grande-Bretagne à vivre avec un parent éloigné ?

Demeurant sur le registre familial, son aîné lâcha une nouvelle information qui fit apparaître une légère ridule d’irritation sur le front de Dmitri. Il y avait plus d’un van Aken à Durmstrang, mais un seul collait si bien à la description qu’en faisait Misha. « Ça se pourrait, mes frères ont tous été scolarisés à Durmstrang... » Miroslav était trop vieux pour avoir fréquenté le russe, et puisque ce dernier était à Poudlard depuis l’année dernière, il doutait fortement qu’il ait eu le temps de croiser Izidor et Krystof, qui étaient tout de même beaucoup trop jeunes. « Igor van Aken, ça te dit quelque chose ? C’est mon frère. Mais aie un peu de respect pour ma famille s’il te plait, ce n’est pas un tocard, c’est le roi des tocards ! » Et encore, à son humble avis, la description restait relativement mesurée. Avec tous ces points communs, ils étaient indéniablement faits pour se rencontrer. Restait à savoir s’il était possible que deux caractères vraisemblablement aussi irascibles l’un que l’autre puissent s’entendre. Ça n’était toutefois pas la principale préoccupation de l’aiglon qui n’en avait pas fini avec les coups ; après tout, il s’agissait à présent de défendre l’honneur de sa famille contre l’insulte du nordique, qu’il partage son avis n’était qu’un détail... à moins qu’il ne se cherche juste une excuse pour se défouler. Prenant à nouveau de l’élan pour le frapper, il se rua sur lui en visant le ventre. Son poing n’atteignit jamais sa cible alors que le garçon sentait une désagréable pointe tirailler la jambe, qui avait déjà essuyé deux coups. Son genou commençait à fatiguer et flancha au moment où l’intégralité de son poids bascula dessus, entrainant ainsi le reste de son corps droit vers le sol.

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