Une larme roula le long de sa joue. Elle se souvenait.

De Papa qui était venu la chercher sous la table alors qu'elle coloriait. Il avait doucement soulevé la nappe et elle avait vu apparaître sous ses yeux de petite fille, la douce barbe de Papa et son sourire étincelant. Elle se souvient qu'à ce moment là, elle aussi à sourit. Elle souvenait alors comment faire, elle se souvenait alors pourquoi le faire. A présent elle à l'impression de se noyer dans une mer de larmes. Des larmes qu'elle ne pouvait pas arrêter, des larmes qui ne se tariront jamais. Elle se souvenait de Maman, de ses longs cheveux noirs qui dansaient au gré du vent, qui tenait la porte alors que Papa la prenait par la main pour la conduire dehors. Elle se souvenait de s'être retournée sur la pas de la porte pour adresser un petit signe de la main à son grand-frère qui était resté dans la maison. Puis Papa l'avait fait monté dans la voiture. Puis Papa avait démarré tout en parlant avec Maman de choses qu'elle ne pouvait pas encore comprendre. Petite fille perdue dans un monde trop grand pour elle. Elle se souvenait des arbres, de leurs magnifiques couleurs brune et orangée dont les feuilles se détachaient pour venir se coller sur la chaussé humide qui sentait mauvais le goudron mouillé. Elle se souvenait d'avoir frappé dans ses mains de bonheur quand Papa lui avait dit en la regardant dans le rétroviseur de ses drôles de yeux clairs, si différent de ceux de maman, qu'il lui achèterait des crayons de la même couleur que les arbres d'automne. Elle se souvenait aussi de son petit rire et de son petit cri de joie lorsqu'une biche avait sorti la tête du bois comme pour la regarder. Elle. Elle ou le spectacle qui s'apprêtait à se dérouler sous ses yeux. Mais son regard à elle était resté fixé sur la biche. Elle n'avait pas vu le monstre fait de rouge et d'acier qui était apparu dans le champs de vision de ses parents. Elle n'avait pas entendu que la discussion dans la voiture s'était brusquement interrompu remplacé par le bruit des roues qui glissaient sur la chaussé trempée. Elle ne se souvenait plus de ces cris qu'elle avait pourtant entendu. Pourtant elle se souvenait très bien de l'impact. De la douleur qui l'avait traversé lorsque le camion ogresque était venu frapper le siège conducteur de plein fouet. Elle se souvenait du mélange des couleurs qu'elle avait aperçu avant de fermer les yeux et de crier à son tour. Elle se souvenait du silence lorsqu'elle avait reprit conscience. Alors elle se souvenait d'avoir crié, d'avoir hurlé pour obtenir de l'aide, d'avoir appelé encore et encore Papa et Maman pour qu'ils lui répondent. Elle revoyait le sang. Partout. Elle ressentait son souffle court et sa souffrance. Elle se souvenait de la chaleur. Cette chaleur brûlante qui lui léchait le bras. Elle se souvint de Maman qui avait bougé mais surtout de Papa qui avait cessé de respirer et qui ne ressemblait plus au Papa qu'elle connaissait. Elle avait crié, encore et encore avant qu'on ne vienne ouvrir la porte. Avant que les ténèbres ne l'appellent de nouveau à elle et qu'elle arrête de se souvenir.

Alors elle pleurait, sans parler, sans crier, elle pleurait alors qu'allongée sur un brancard on l'emmenait en courant quelque part. Un quelque part qui n'était pas sa maison. Un quelque part qui jamais ne pourrait le lui rendre. Elle pleurait pas à cause de la brûlure, pas à cause de la blessure. Elle pleurait parce qu'on le lui avait enlevé. Parce que jamais elle ne reverrait son sourire et ses yeux bleus. Elle pleurait parce qu'elle l'avait perdu. Parce que le monstre rouge lui avait enlevé son Papa.

Avant Yuna était une petite fille joyeuse, dont le sourire faisait rayonner l'ensemble de la maison. On pouvait entendre son rire éclater dans le jardin et se répercuter sur chaque coin du mur, sur chaque visage. Si elle n'avait jamais été bavarde, elle avait toujours aimé poser des questions. Si elle n'était pas turbulente, elle avait quand même toujours aimé courir et sauter partout. Si elle était timide, elle finissait toujours par parler à tout le monde. Si elle était triste, elle finissait toujours par sourire de nouveau. Dans cet chambre d'hôpital qui lui servait pour l'instant de maison, il ne restait de cette petite fille que les longs cheveux bruns, la petite taille et les yeux en amandes. Elle préférait se muer dans le silence, rester assise dans son lit à colorier toute la journée au lieu d'aller jouer avec les autres enfants, elle avait du mal à leur parler et lorsque la situation échappait à son contrôle elle éclatait en sanglot ou s'emportait de colère sans jamais avoir la force de faire semblant de sourire de nouveau après.

"Miss?

- Yuna? Le docteur aimerait examiner ton bras, tu veux bien?"

Yuna avait arrêté de compter le nombre de fois où le docteur voulait voir son bras depuis qu'elle avait été admise à l'hôpital depuis l'accident. Sans un bruit, elle remontant sa manche pour lui exposer la nouvelle peau qu'on lui avait greffé sans pour autant effacer les dommages fait à son bras gauche. La greffe laissait apercevoir les restes d'une peau brûlée partant de la fin de sa clavicule pour descendre jusqu'à son coude. Néanmoins elle avait continué à compter le nombre de fois où Ahn, son grand frère, et Maman étaient venus la voir espérant que cela réduirait encore le nombre de jours où elle devrait rester assise sur son lit blanc, dans sa chambre blanche, dans cet hôpital blanc. Même les couleurs du couloir ne parvenait plus à la distraire. Même le sourire de l'infirmière n'arrivait plus à la faire parler lorsque Maman et Ahn n'était plus là. Elle s'était mue dans son silence toutes les fois où le docteur venait, toutes les fois où on lui demandait de parler de l'accident. Toute les fois où elle ne parvenait plus à comprendre ses sentiments ou celui des autres.

"C'est ce qu'on nomme de l'alexithymie d'état Madame, martelait le psychiatre de l'établissement

- Pardon? Avait répondu la voix fébrile de maman qui était venue sortir Yuna de l'hôpital cette fois-ci

- Votre fille souffre d'un syndrome post traumatique lié à l'accident. Elle reste pour le moment incapable de pouvoir utiliser la partie de son cerveau qui gère les émotions.

- C'est-à-dire? avait reprit Maman d'un ton agacé

- En voulant échapper à la douleur le cerveau à enclencher un processus de survie afin d'éviter à Yuna de souffrir de nouveau. La souffrance étant un sentiment et une émotion tout comme la joie ou la tristesse, cela à créer un bloquage dans la cerveau de votre fille. Ce que j'essaye de vous expliquer c'est que votre fille n'est plus capable pour le moment de mettre un nom sur les sentiments qui l'habitent ou sur ceux des autres. On l'appelle également "silence des émotions"

- Et quand redeviendra-t-elle comme avant? Que puis-je faire pour l'aider?"

Yuna avait relevé les yeux vers Maman. Elle lui tenait la main droite. Son teint était plus blanc qu'à l'accoutumé, ses yeux était cerné et le maquillage peinait à cacher ses yeux rouges gonflés de larmes. Le souvenir de son mari partit trop tôt la hantait toujours. Elle s'agrippait à la main de Yuna comme si on cherchait à la lui voler. Pauvre femme qui avait perdue une partie de son coeur et qui avait l'impression de voir l'image de sa fille d'autrefois se briser jour après jour. Yuna, elle, les yeux rivés sur Maman était silencieuse.

" Vous? Pas grand chose. Pour accélérer le processus de rétablissement il faudrait qu'elle puisse voir une psychologue qui fera un travail sur la durée pour lui ré-apprendre à comprendre ce qui auparavant lui été inné. Je vous conseille également de la laisser au contact des autres enfants, le risque serait qu'elle se renferme et qu'elle n'est plus d'interactions avec les autres. Le cerveau est compliqué Madame, elle pourrait devenir solitaire ou agressive en réponse au traumatisme, elle pourrait ne plus faire la part entre le bien et le mal si elle ne parvenait plus à comprendre ce que les autres peuvent ressentir. Mais cela ne se passe que dans le plus grave des cas. Dans le cas de votre fille le traumatisme devrait se résorber d'ici quelques mois, normalement.

- Normalement?

- Je ne peux prédire ce que l'avenir réserve à votre fille Madame. Le traumatisme qu'elle a subit est grand. Cela ne pourra dépendre que d'elle, de sa force mentale et des choix qu'elle fera.

- Mais elle n'a que sept ans! s'énerva Maman les larmes aux bords des yeux. Comment voulez-vous qu'elle sache ce qui est bien pour elle? Comment voulez vous qu'elle arrive à supporter un traumatisme que j'ai moi-même du mal à supporter?

- Justement Madame, à cet âge là, les enfants construisent ce qui sera par la suite leur personnalité. Si vous voulez donner une chance à votre fille d'être de nouveau normale il ne faut pas la ménager sur ces efforts à comprendre les autres."

La chaise avait grincé sur le parquet. Maman était debout la main de Yuna toujours dans la sienne. Elle salua d'un geste de la tête le psychiatre et tourna les talons entraînant la petite fille avec elle. Elle claqua la porte violemment, le coeur de Yuna eut un sursaut. Sa gorge la serrait. Mais elle ne dit pas un mot. Maman s'agenouilla auprès d'elle et d'une main douce lui caressa les cheveux. Elle aimait bien quand Maman lui caressait les cheveux, son coeur cognait moins fort dans sa poitrine.

Cela fait une semaine que Yuna est rentrée de l'hôpital. Lorsqu'elle est arrivée sur le pas de la porte, elle n'a pas réussie à bouger. Cet espace chargé de souvenir la fait reculer. Pourtant maman était là pour la pousser vers l'avant. Maintenant qu'elle était à l'intérieur de la maison elle se rendait compte que plus rien n'était comme avant. Maman pleurait. Beaucoup. Dans sa chambre, seule. Alors lorsque Yuna entendait maman pleurer, elle allait se cacher sous la nappe avec ses crayons. Elle dessinait à même le parquet. Elle savait que maman la gronderait mais elle ne voulait pas aller la voir pour lui demander des feuilles. Est-ce à cause de Papa que Maman pleurait? A cause d'elle? Elle ne comprenait plus les émotions de sa maman. La nappe se souleva et pendant quelque seconde Yuna cru voir Papa. C'était Ahn.

"Je peux venir avec toi?"

Yuna se décale pour laisser son grand frère venir sous la table. Puis elle se blottit dans ses bras. Comme avant.

"Pourquoi maman pleure?

- Parce qu'elle est triste.

- Pourquoi elle est triste? Comment on est quand on est triste? On pense à Papa?

- Quand on est triste, les larmes coulent sur nos joues, notre coeur nous comprime et nous fait mal, on a du mal à respirer à cause des sanglots.

- Et comment on fait pour que maman ne soit plus triste?"

Ahn serra sa petite soeur dans ses bras et puis souleva de nouveau la nappe, encourageant celle-ci à aller voir Maman. Yuna monta les escaliers et ouvrit doucement la chambre de Maman. Elle était là, recroquevillée par terre contre le lit, dans le noir, ses épaules étaient secoués de sanglot. Sans savoir pouvoir, les larmes montèrent au yeux de Yuna, elle en essuya une qui roula le long de sa joue et eut un mouvement d'hésitation. Ce sentiment lui faisait peur, elle ne voulait pas voir Maman comme ça. Mais elle y était obligée, pour aider Maman à aller mieux. Elle s'approcha de maman et se blottit dans ses bras tout comme elle avait fait avec Ahn.

"Maman pourquoi..."

Elle s'arrêta. Elle avait oublié le mot. Elle se redressa et essuya les larmes que maman avait sur les joues.

"Pourquoi tu coules?"

Cette petite remarque innocente, permit aux lèvres de Maman de se fendre en un faible sourire. Elle embrassa le front de sa petite fille.

"On va y arriver Yuna, je te le promet. Ensemble."

A partir du jour où Yuna était sorti de l'hôpital, la vie de la petite fille avait changé. Papa n'était plus là. Elle n'avait plus le droit d'exposer son épaule gauche au soleil. Elle avait perdu sa capacité d'analyser ses sentiments et ceux des autres. La peur était devenue une douleur au coeur et l'apparition de frisson le long de sa colonne vertébrale. La colère était devenue ce feu brûlant qui emplissait sa tête et ses veines. La joie était devenue des papillons dans le ventres. La tristesse était devenue des pleurs. Toutes ces émotions dont elle ne parvenait plus à se souvenir du nom étaient devenus des sensations. Mais surtout Maman avait cessé de leur faire cours à la maison à son frère et à elle. Elle finit par découvrir ce que les autres enfants appelaient: "l'école". Elle ne savait plus ce qu'était aimer, mais elle savait que l'école au début lui donnait mal au ventre. Elle savait qu'elle préférait rester au lit plutôt que de se lever. D'après Maman, elle n'aimait pas l'école. Mais comment aimer ce lieu où tout le monde la regardait de travers? Ou tout le monde ne la jugeait pas "normale"? Alors elle avait appris, elle n'avait cessé d'apprendre. Elle se baladait sans cesse avec ce petit dictionnaire que Maman lui avait confié. Elle soulignait de son beau stylo jaune les définitions des émotions qui lui était désormais inaccessibles. Et plus elle apprenait à observer et plus elle se sentait heureuse même si elle ne savait plus comment ce sentiment s'exprimait. Alors elle avait finit par aimer l'école plus pour le plaisir d'observer que d'apprendre. Apprendre ça, elle savait faire, son Tonton lui avait tout appris. Il lui apprenait autant l'école moldue, que l'école des sorciers, que l'écoles des émotions. Tonton c'était un peu comme Papa mais sans être Papa. Papa lui manquait. Ca comprimait son coeur et ça lui donnait l'impression de ne plus respirer, les larmes coulaient et son ventre se retournait quand elle y pensait. Maman et son dictionnaire disait que cela s'appelait: la douleur. Elle n'aimait pas la douleur. Maman lui avait dit que personne n'aimait la douleur alors elle essayait de ne donner de douleur à personne. Mais certaines fois, ses émotions débordaient. Elle agissait impulsivement, réfléchissant après à ses actes. Si les leçons à l'école ne lui posait pas de problème. Son apprentissage à vivre avec les autres était lent. Très lent.

Assise en face de la maîtresse à son bureau, elle essayait d'éviter son regard. Elle avait fait une bêtise. Apparemment. C'était mal d'avoir agi comme ça. Apparemment. Elle avait du mal à se maîtriser. Apparemment. Maman serrait ses mains les unes contre les autres, comme si elle craignait d'être disputé à sa place. Tout s'était déroulé très vite. Lorsqu'une petite fille avait parlé méchamment à la seule amie de Yuna et que cette dernière avait finit par laisser les larmes couler le long de ses joues. Yuna s'était rappelée que maman lui avait dit que les pleurs c'était souffrir, et que souffrir ça faisait mal, que c'était mal de faire souffrir les autres. Alors la petite fille avait réagit au quart de tour. Elle avait senti ce feu qui courrait à vive allure dans ses veines, elle avait senti ses yeux la brûler. La fille fut bousculer par une force invisible qui émana de la petite fille, pas assez fort pour lui faire du mal, tout juste pour la déséquilibrer et permettre à Yuna de la frapper. Mue par la colère elle ne rendit pas compte que sa magie avait frappé. Elle ne voulait que protégeait son amie, elle n'avait pas compris qu'en agissant de la sorte elle ferait du mal à la fille qu'elle était en train de taper. C'était la maîtresse qui l'avait retrouvée, alertée par les cris de son amie. D'habitude Yuna était calme, elle écoutait, elle était gentille mais cette fois-ci elle était incapable de se calmer, frappant tout ce qu'elle pouvait frapper criant tout ce qu'elle avait à crier, pleurant ce qui lui restait à pleurer.

"Je vous demande pardon. Elle a encore du mal à se comprendre et à se maîtriser. Le psychologue m'a dit qu'elle ne progressait que très lentement. Elle observe, répète mais oublie vite."

Lorsque maman serrait les mains comme ça, son accent ressortait davantage. Née en Corée du Sud, elle avait donné certaine caractéristique asiatique à ses enfants mais ceux-ci était dépourvu de cet accent qui surgissait lorsqu'elle était dans cet état. Quel état déjà? Nerveuse. Pourtant si ces mains ce nouait, son visage était maîtrisé. Rien n'aurait ou faire croire à la maîtresse qu'elle était mal à l'aise. D'habitude Ahn surveillait sa petite soeur, d'habitude il veillait à ce que rien ne lui arrive mais aujourd'hui il n'était pas là puisqu'il était partit au début de l'année scolaire à Poudlard. Ahn manquait à Yuna. C'est Maman qui lui avait dit parce qu'elle se sentait seule et qu'elle avait envie de voir son frère. Voyant que Yuna c'était perdu dans ces pensées comme souvent Maman attrapa la main de sa fille. Depuis l'accident, Yuna se perdait dans ses pensées, elle avait du mal à se concentrer longtemps sur la même tâche.

" En l'inscrivant ici, vous nous aviez dit que son stress post-traumatique disparaîtrait très vite. Cela fait deux ans et je ne vois toujours pas d'amélioration.

- Le stress oui, l'alexithymie pas encore. Elle fait des efforts vous devez me croire. Le psychologue m'a également dit que...que...qu'à présent ces chances d'une rémission totale étaient faible. Elle a été trop affecté par l'accident.

- Cet accident de voiture ne devrait pas nuire à ses camarades de classes Madame! Ils ne sont pas responsable de ce qui est arrivé!"

Maman lâcha la main de Yuna. Celle-ci tourna son regard vers le sien.

"Cette enfant est-elle responsable de cet accident? De la mort de son père? De sa greffe de peau? De cet alexithymie qu'elle ne parvient pas à combattre? Avez-vous perdu quelqu'un Madame? Avez ressenti la douleur qu'elle a pu ressentir lors de l'accident? Qui êtes vous pour juger ma fille, vous qui n'essayez même pas de la comprendre alors que vous lui demandez de comprendre les autres?"

Un silence suivit le discours de Maman. La maîtresse les yeux ronds, la bouche entrouverte semblait chercher ses mots sans parvenir à mettre la main dessus, tout comme Yuna. La petite fille balança ses pieds qui ne touchaient pas le sol en attendant que Maman continue. Maman était forte. Maman était devenue la force de Yuna.

"J'irais avec Yuna présenter mes excuses à la famille de la petite fille qu'elle a frappé. Je vous demanderai de ne plus intervenir dans l'éducation de ma fille, le cas échant comprenez la pour pouvoir l'aider."

Maman se leva, un léger sourire au lèvre et salua la maîtresse tout comme on le ferait en Corée. Par mimétisme, Yuna sourit à la maîtresse. En voyant le regard de celle-ci, son sourire se perdit. Elle n'aurait peut-être pas dû. Mais elle devait avouer qu'elle n'avait pas compris pourquoi Maman avait sourit. En faisant comme si de rien n'était, elle quitta la pièce sur les pas de Maman. Le mimétisme était devenue une sorte de carapace pour la petite fille. Lorsqu'on souriait, elle souriait aussi. Lorsqu'on riait, elle riait. Cela lui permettait de se sentir plus normale, cela lui permettait de faire croire au autre qu'elle y était. Se fondre dans le décor c'est tout ce qu'elle désirait si elle ne pouvait pas redevenir comme avant.

Le son du piano emplissait la pièce tout comme la voix de la petite fille qui chantait. Sur le sol jonché une quantité de feuille de dessins et de crayons de couleurs qu'elle avait délaissé pour se mettre à son piano, ses petites jambes ne parvenant pas encore à toucher les pédales du bas. Elle n'arrivait pas à tenir en place. Elle commençait une activité pour aussitôt la terminer et la reprendre par la suite. Elle s'arrêtait parfois brusquement pour aller à la fenêtre et regarder l'allée sans cesser d'apercevoir la pluie tomber. Elle attendait quelqu'un. Son coeur tambourinait dans sa poitrine, ses mains étaient moites et son ventre la serrait. Elle ferma le couvercle de son clavier et se tortillant descendit de la chaise. C'est son psychologue qui avait conseillé à sa mère de lui faire suivre des activités artistiques, espérant qu'elle puisse exprimer ses émotions autrement qu'avec des mots, pour le moment le résultat n'était pas celui escompté mais cela n'empêchait pas la petite fille de s'amuser.

"Tu es impatiente?"

Elle se tourna vers Tonton. Il lui ébouriffa gentiment les cheveux, geste affectueux, qu'elle ne parvenait pas à comprendre. Il décoiffait sa frange. Elle fronça les sourcils ce qui fit rire l'homme.

"Tu ne peux pas tenir en place n'est-ce pas? Tu as les ventre qui se serre et tu penses à ce que vous allez faire quand il rentrera à la maison c'est ça? Tu aimerais bien qu'il arrive sur le champs et cela te met de mauvaise humeur de voir qu'il n'est toujours pas là. Tu es impatiente voilà tout.

- Ça fait tellement longtemps!

- Ecoute gamine, laisse à ton frère le temps de respirer. Ce n'est pas facile tous les jours à Poudlard, tu sais je t'ai raconté qu'une année un certain Blackman avait pris le pouvoir à l'école, avait fait des nés-moldus des esclaves et avait mit en péril la vie de nombreux élèves. Tu le sais n'est-ce pas? Des menaces guettent toujours là-bas. Tu sais que...

- Oui je sais, mais je ne crois pas avoir peur!"

Tonton éclate de rire. Yuna ne comprends pas ce qui est drôle. Elle hésite à rire également, mais Tonton sait bien qu'elle fait semblant alors elle attend qu'il est terminé.

"Tu ne sais même pas ce que cela veut dire! s'esclaffa-t-il encore une fois

- Bien sûr que si je le sais! La peur c'est quand...quand tu ressens des frissons dans tout ton corps. Quand tu veux fuir, quand tu sens que tout échappe à ton contrôle. Avoir peur c'est transpirer, c'est entendre son coeur battre à vive allure. La peur est une émotion qui accompagne la prise de conscience d'un danger, d'une menace"

Yuna venait de réciter la définition de son dictionnaire. Tonton éclate de rire une nouvelle fois.

"Gamine, tu ne pourras pas te reposer sur tes définitions tout le temps, il faut le sentir, il faut le vivre pour comprendre. Imagine...

Je ne peux pas imaginer."

Etre alexithymique c'était être dépourvu d'imagination. C'était se cantonner à des faits réels. Imaginer ne relever pas du réel. Elle n'y parvenait pas. Tonton pousse un petit soupir, mais lui sourit gentiment.

"Je te propose un jeu en attendant ton frère.

- C'est quoi comme jeu? Pas celui de la dernière fois où tu m'a demandé d'aller chercher des vers de terres? Ni celui de la fois où tu voulais que je garde deux glaçons dans ma bouche jusqu'à ne plus sentir ma langue? Ni celui où tu...

- Dis moi ce que je ressens, là maintenant."

Yuna se fige. Elle a parcouru un grand chemin depuis le jour où elle a laissé la colère la contrôler à l'école. Si elle ne parvient toujours pas à identifier ses émotions ou celle des autres et à les exprimer avec des mots, elle connait chaque définition, elle sait donner un rapport précis des faits qui se passe dans son corps pour qu'on lui explique ce qu'elle ressent, même si dès fois elle se croit malade alors qu'en fait non, elle a retrouvé sa joie de vivre même si elle ne comprend pas toujours pourquoi elle agit de la sorte. Mais surtout elle sait faire semblant, faire semblant de comprendre et d'être. Le mimétisme. Elle est devenue avec le temps fine observatrice. Elle observe tout, tout le temps, cherche le moindre détails, le moindre recoin. Elle regarde Tonton, ses yeux plissé par son sourire et les petites rides en pattes d'oie qui s'y forme en leur coin. Elle voit sa main qui bouge lentement vers elle comme pour la prendre dans ses bras. Elle croit même entendre son petit rire discret si elle tend l'oreille. Mais elle ne saisit pas la nuance de cette bouche tordu en un sourire inquiet, de ce rire nerveux et de cette main qui s'empêchait de trembler. Elle les voyait. Mais elle ne les comprenait pas.

"Tu es heureux non?

- Brave petite"

Tonton lui ébouriffa une nouvelle fois les cheveux, ce qui fait sourire Yuna. Elle croit avoir réussi, Tonton ne veut pas lui enlever cette victoire qu'elle croit avoir gagner sur elle-même. Elle était encore jeune. Il la trouvait trop jeune pour aller à Poudlard l'an prochain. Il ne voulait pas qu'Ahn revienne en répétant à sa soeur tout ce qu'il avait appris cette année. Il aurait voulu qu'il lui fasse peur, mais Yuna n'aurait sûrement pas été capable de comprendre qu'elle avait peur. Il soupira en regardant la lettre qu'elle avait reçu quelques semaines plus tôt pour lui annoncer sa venue à Poudlard l'an prochain. La porte de la maison s'ouvrit. Yuna se précipite sur son frère et sur sa mère mais quelque chose l'arrêta. Ahn ne souriait pas.

Cette nuit encore, elle tourne dans son lit dans parvenir à s'endormir. L'image des flammes dans la voiture ne cesse de la hanter depuis qu'Ahn lui à raconté que Poudlard avait brûlé. Elle à chaud. Trop chaud. Elle suffoque. Elle ne comprend pas qu'elle panique à l'idée de revoir encore les flammes dans ces rêves et le visage de Papa. Elle se lève du lit et descend les escaliers pour prendre un verre d'eau dans la cuisine. Des chuchotements l'arrête.

"Est-ce une bonne idée de l'emmener dans cet établissement à la rentrée? Je m'inquiète pour elle. Elle ne comprend pas encore les autres et si on lui faisait du mal? Elle est tellement manipulable. Tout à l'heure encore elle a prit mon inquiétude pour du bonheur...que se passera-t-il si elle tombe sur les mauvaises personnes?

- Tu la surprotèges, assène Maman, et puis elle n'est pas seule Ahn sera avec elle. Elle veut y aller, elle en a envie. Tu as vu comment elle était heureuse en recevant cette lettre? Elle n'attend qu'une chose: tester les potions que tu lui as apprise.

- Poudlard n'était pas si dangereux à l'époque. Et puis comment peux-tu savoir si elle jouait la comédie ou non en recevant cette lettre, elle est douée pour mentir la petite, elle est douée pour cacher.

- C'est ma fille! Je pense quand même la connaître sans la façade qu'elle porte au quotidien pour se faire accepter des autres.

- Les autres, est-ce qu'il l'accepteront comme elle est? Est-ce qu'il lui laisseront une place?

- Baisse le ton, tu parles trop fort, ils pourraient nous entendre!"

Les chuchotis se perdent. Yuna reste assise dans les marches le coeur lourd. Elle pensait avoir réussis le test de Tonton tout à l'heure, elle pensait commencer à comprendre. Etait-elle réellement heureuse quand elle à reçu la lettre? Oui, elle le croit. Mais elle le croit seulement. Elle prend sa tête entre ses mains puis se relève une nouvelle détermination dans les yeux. Personne n'apprendrait son trouble émotionnel, personne. Elle s'en faisait la promesse. Elle allait aller à Poudlard peu importe ce qu'en penserait Tonton. Tout pendant que Maman croira en elle, tout pendant que Ahn croira en elle, il lui suffirait de croire aussi en soit. Ainsi croire deviendra réel et elle ne croira plus être heureuse, elle le sera.

Yuna à réussi à convaincre Maman qu'elle était réellement heureuse de pouvoir aller étudier la magie à Poudlard. Elle refusait catégoriquement d'aller dans un autre établissement que son frère qui a assuré à Maman qu'il la protégerait. La jeune fille était donc partit à Poudlard, son chaton, Joy, dans les bras. Le psychologue avait dit à maman qu'un animal lui permettrait de calmer ses émotions si elles venaient à déborder. Yuna avait couru partout à l'idée d'avoir son chaton. Si les cours qu'elle avait suivit cette année lui avait plu, surtout le cours de potion, l'ambiance général de Poudlard avait été compliqué à gérer pour elle. Trop de monde. Trop de sentiments. Trop de faux semblant. La petite fille avait eut du mal à suivre ses cours comme elle le devait, perturbée dans sa concentration. Ses séances avec son psychologue, espacées, ne l'avait pas aidé à progresser et elle avait l'impression au contraire de régresser, de se noyer parmi ces émotions qu'elles ne comprenait pas. L'attentat qui s'était déroulé pendant la période hivernale n'avait pas été d'une grande aide pour la jeune fille qui avait à de nombreux moment lâché prise, perdue dans un stress intense dont elle ne parvenait même plus à comprendre les signes avant coureur. Pourtant, jamais elle n'a cessé de se battre contre ce mal qui la rongeait, jamais elle n'a cessé de croire qu'elle redeviendrait normale. Elle a pu se faire des amis, elle a pu apprendre à connaître les autres, elle a pu observer. Elle ne s'était jamais sentie aussi vivante qu'à Poudlard. Alors même si elle sait qu'elle va devoir redoubler sa première année à cause de son temps d'adaptation, elle sait qu'elle pourra grandir et qu'un jour elle finira par vaincre ce silence des émotions.

So Yoon Sawner - Mère - Née à Oxford, mais d'origine Coréenne, la jeune femme à décidé d'y poursuivre à la fois ses études et sa future vie de famille. Sorcière Née-Moldue, elle à passé sa scolarité à Poudlard dans la maison des Poufsouffle. Jeune femme joyeuse, So Yoon est connue de ses voisins notamment pour ses talents de pâtissière ce qui était auparavant son métier. La grossesse compliquée de Yuna l'a décidé à prendre un peu de temps pour soi et c'est pourquoi elle s'occupera de l'éducation de ses enfants à partir de cette époque là. Elle a reprit son métier de pâtissière à la mort de son mari, après que ses enfants aient été scolarisé à l'école moldue. C'est une femme douce et déterminée qui donnerait tout pour sauver sa famille. Si la perte de son mari l'a détruite, elle à trouvé en ses enfants la force de survivre. Maman protectrice mais néanmoins hésitante dans ses choix, elle n'a jamais été une maman stricte. So Yoon et Amaïa étaient très proche lorsque Amaïa était petite, mais la mort de son mari les a séparé un peu, So Yoon retrouve en Amaïa des caractéristiques de son défunt mari tandis que la petite fille ne sait jamais comment régir lorsque Maman pleure. Cela ne les empêche pas de s'aimer de tout leur coeur et de survivre ensemble. Elles savent parfaitement que l'une sans l'autre elles n'auraient pas faut la moitié du chemin qu'elles ont parcouru aujourd'hui.

Elias Sawner - Père - Sorcier Sang-Pur né en Angleterre, Elias à été scolarisé à Poudlard dans la maison des Poufsouffle de 1998 à 2005. D'une sensibilité extrême et d'une expressivité ahurissante, cela lui a permis de percer dans le métier de l'art, il est devenu dessinateur de bande dessiné. Papa drôle et doux, il n'était pas très bavard mais faisait toujours ressentir à ses enfants combien ils étaient important pour lui. Il est mort lors de cet accident de voiture, percuté de plein fouet par un camion. Il restera pour Amaïa un Papa attentionné, son héros qui lui manquera toujours. Il a laissé en partant une large cicatrice dans le coeur de la petite fille, qui continue de sourire pour qu'il la voit de là où il est.

Ahn Sawner - Grand frère - Ahn l'aîné de la famille à hérité de l'expressivité de son père et de la passion de sa mère. Leur relation avec Amaïa est fusionnelle. C'est lui qui la portait sur son dos pour la faire rire, lui qui nettoyé le sol lorsqu'elle dessiné sur le parquet. Il a toujours été attentif aux besoins de sa petite soeur. Il était resté chez lui le jour de l'accident. Privée de sa mère et de sa soeur pendant plusieurs mois pendant leur séjour à l'hôpital il est allé habiter chez son Oncle, le frère de son père, le considérant un peu comme un père de substitution. Il est plein de rancune pour son père qui à laisser sa mère seule et triste, sa fille perdue et troublée et son fils enseveli sous les responsabilités. Il est devenu l'homme de la maison lorsqu'il est rentrée chez sa mère. Garçon rêveur, il aime s'inventer une vie qui n'est pas totalement la sienne tout en prenant garde à toujours mentionner sa petite soeur sans son trouble émotionnel. Il est celui qui l'a aidé les premiers temps à commencer à se re-comprendre et celui qui la protège. Son arrivée à Poudlard fut pour lui une bénédiction et lorsque sa petite soeur y est entrée il a toujours pris soin de garder un oeil sur elle de loin.

Soan Sawner - Oncle - Il a passé sa scolarité à Poudlard chez les Gryffondor de 1998 à 2006. Tonton à l'humeur douteux, il a toujours été proche de la famille Sawner, lors de la mort de son frère c'est lui qui s'est relevé le plus vite et qui a su prendre les bonnes décisions. Il a recueilli le frère d'Amaïa et depuis est régulièrement à la maison Sawner. So Yoon à toujours été attentive à ses conseils même si ce n'est jamais lui qui les prenait directement. C'est un Homme un peu brut et bougon, pourtant il a un grand sens de l'humour. Si il est maladroit pour exprimer ses émotions, il s'est davantage retrouvée en Amaïa depuis l'apparition de son stress post-traumatique. Il est plus proche d'Ahn que d'Amaïa mais cela ne les empêche pas d'entretenir de bonnes relations.

Yuna tournait frénétiquement les pages de son dictionnaire de poche. Armée de son fidèle stylo jaune, elle cherchait une émotion sans parvenir à la trouver. Elle s'arrêta quelques secondes, pris le temps d'analyser ce qu'essayait de lui faire comprendre son corps. Elle avait la gorge sèche, les mains moites et la boule au ventre. Elle avait autant envie d'y aller, que de retourner à la maison. Qu'est-ce qui clochait chez elle? Ahn lui prit gentiment le dictionnaire des mains et le referma d'un coup sec. La jeune fille protesta:

"C'est pas gentil Ahn je dois trouver c'est important!

- Tu n'as pas besoin de trouver. Tu es stressée.

- Quoi? Ah bon? Et comment tu sais ça d'abord?

- Parce que c'est écrit sur ton front."

Le visage du garçon se fendit en un sourire lorsque sa soeur ouvrit grand les yeux avant de se frotter le front. Regardant ses doigts elle essayait de déceler la moindre marque d'encre. Il n'y avait rien. Elle ne comprenait pas.

"C'est une blague"

Une blague? De l'humour. Elle n'était pas idiote, juste très près de la réalité. Incapable de discerner le vrai du faux lorsqu'on lui parlait. Elle croyait beaucoup, ne critiquait qu'après. Elle plissa ses yeux en amandes les réduisant à deux petites fentes ce qui agrandit le sourire de son frère qui sans attendre attrapa le chariot où siégeait leurs valises. C'était l'heure. Poudlard. Elle avait l'impression de rêver. Pourtant elle se savait bien dépourvue d'imagination. Cela devait donc être réel. Elle se pinça pour être sûre comme elle l'avait vu Ahn le faire quelque fois. Au contraire de sa soeur, lui était continuellement perdue dans ses pensées. Il était distrait. Tout comme elle, mais pour d'autres raisons. Si les rêves d'Ahn perturbaient sa concentration, c'est l'esprit taciturne de Yuna qui la déconcentrait. Un dissymétrie dans le carrelage. Une nombre impair de feuille. Un rien était prétexte à la perte d'attention de la jeune fille. Elle était d'ailleurs en train de compter le nombres de bagages que chaque individus de la gare portait avant de se rendre compte que Tonton l'attendait auprès d'un mur. Non pas un mur. Le mur. Elle jeta un dernier regard vers la porte de la gare. Maman n'avait pas pu venir aujourd'hui. Cela la lui comprimait le coeur, et faisait monter les larmes dans ses yeux. Comment disait-on déjà? La tristesse. C'est ça. Enfin, elle croyait.

"Gamine? Le train va pas t'attendre tu sais?

- Oui je sais. J'arrive!"

Tonton était un grand adepte du "tu sais?" comme se complaisait à l'appeler Yuna. Elle le rejoignit au petit trot, prenant dans ses bras, Joy, le chat qu'elle avait décidé d'emmener à Poudlard. Non pas elle. Son psychologue. Mais elle aimait bien les chat. Joy était le nom que Maman lui avait choisit. Pour ne pas qu'elle oublie de sourire et d'être heureuse. Elle n'était pas sûre de reconnaître ce sentiment lorsqu'il viendrait mais elle ferait de son mieux. Tonton lui indiqua le mur afin qu'elle y passe. Son esprit raisonné bloqua. Traverser un mur? Elle déglutit, elle devait s'attendre à bien des choses qui dépasseraient sa pauvre imagination à Poudlard. Soit. Elle ferait avec. Elle avait prit une grande décision du haut de ses onze ans. Elle allait cacher. Personne ne devait deviner contrairement à l'école où elle était avant. Elle ne voulait pas être regardé bizarrement, Ahn appelait ça de la pitié ou de la compassion. Elle ne savait pas ce que c'était, mais elle n'aimait pas ça. Instinctivement elle passa une main sur son épaule brûlé. Ca non plus personne ne le saurait. Elle se promettait de se faire des amis, et de vivre sa vie normalement. Un jour peut-être alors, elle redeviendra elle-même normale qui sait? Elle traversa le mur et émergea sur le quai 9 3/4. Ahn avait disparu avec ses valises. Tonton la rejoignit bientôt. Elle rejoignit bientôt sa place préféré. Derrière les jambes de Tonton. Elle était réservée certes, mais pas au point de se cacher. Non. De là, elle pouvait observer. Et apprendre. Elle sortit un petit carnet de sa poche et entreprit d'écrire à vive allure. Il fallait qu'elle s'adapte à ce nouvel environnement. Qu'elle imite. Le mimétisme. Encore et toujours.

"Tu m'écriras?

- Gamine, ça fait trois fois que tu me le demandes, je ne vais pas revenir sur ma foutue décision. Allez monte dans ce fichu train, tu sais bien que je déteste ces fichus au revoir."

La boule dans son ventre se cessait de grossir. Elle avala celle qui était venue se loger dans sa gorge sans parvenir à la faire descendre. Et si ce n'était pas une boule invisible? Et si elle était malade? A trop réfléchir, elle ne se rendit compte trop tard que le train partait déjà de la gare. Ahn était venu la serrer dans ses bras avant de partir avec ses amis, lui rappelant qu'il serait là pour elle cette année. Elle le savait. Mais cela lui faisait chaud au coeur de l'entendre. Elle sourit à son frère et partit elle même à la recherche d'un wagon.

Elle en trouva un vide et s'y assit. Elle ressortit le petit dictionnaire qu'Ahn lui avait rendu et se remit à lire les mêmes définitions. Il fallait qu'elle soit prête.

"Je peux m'installer ici?"

Une voix avait interrompue la lecture de Yuna. Elle releva les yeux, balaya sa frange de la main et regarda la nouvelle venue.

"Le wagon n'est pas à moi que je sache, tu n'as pas à me demander la permission "

La fille ne souriait pas. Yuna non plus. Elle se gratta la nuque. Yuna serra les mains l'une dans l'autre. Comment réagir? Si seulement son amie moldue était là. Elle hocha positivement la tête.

"Comment tu t'appelles?"

D'habitude c'était Yuna qui posait les questions. Aujourd'hui elle s'en sentait incapable. La boule ne cessait de grossir dans sa gorge, rendant chaque déglutition douloureuse. Elle ouvrit la bouche, la referma à la façon d'un poisson. Yuna c'était le prénom de cette petite fille brûlée, le prénom de cette petite fille qui avait perdue son papa, le prénom de cette petite fille qui avait subit un accident de voiture, le prénom de cette petite fille qui avait un trouble émotionnel, le prénom de cette petite fille qui avait été placardé dans tous les journaux sous l'autre nom de: "la miraculée". Elle ne voulait pas être cette petite fille qu'on avait dévisagé. Elle voulait redevenir "normale". Or Yuna n'était pas normale. Elle se reporta sur son deuxième prénom. Un prénom encore immaculée, qu'elle pourrait faire grandir.

"Amaïa"

Le train s'était arrêté. Pour rejoindre Poudlard les nouveaux premières années devaient emprunter des barques. Barques qui naviguaient sur un fleuve noir. Barques dont les occupants possédaient une torche. Du feu. Elle recula. Son mal de ventre s'intensifia mais il n'avait rien à voir avec le "stress" de tout à l'heure. Elle sentait son souffle la quitter au fur et à mesure que le feu orange et jaune dansait sous ses yeux. L'embarcation ne lui semblait pas solide, et le feu si près du bois. Elle ferma les yeux cherchant à reprendre son souffle. Elle n'y parvint pas. Les élèves de la barque lui lancèrent un drôle de regard puis s'éloignèrent voyant qu'elle ne bougeait pas. D'autres l'attendaient. Elle fit un pas. Il ne restait qu'une place dans la barque. Celle à côté du feu. Elle ne voulait pas. Elle ne pouvait pas. Une main se posa sur son épaule. Elle sursauta.

"Tu as peur?"

C'était une élève plus grande qu'elle. Elle hocha la tête. Sûrement. Sans doute. C'était ça. Peur. Maman avait dit qu'après la peur il y avait la terreur. Elle n'avait pas peur non. Elle était terrifiée plutôt.

"Allez-y, je l'accompagne!"

La grande fille, lui attrapa la main et l'entraîna loin de cette barque et de ce feu. Loin de ses souvenirs et de cette peur. A la place, elle la conduit vers une carriole tiré par de drôles d'animaux. Amaïa revenue à elle se pencha sur le côté. Ils étaient sombres, noirs, ils ressemblaient à des cheveux. Un animal se tourna vers elle, elle resta quelque secondes les yeux plongés dans les siens.

"Qu'est-ce que c'est?"

Elle avait retrouvée sa voix. La grande fille se tourna vers le vide qu'elle voyait. Fronça les sourcils et d'un geste maternel, invita Amaïa à monter dans le véhicule.

"Des Sombrals. Tu les vois n'est-ce pas? Que t'est-il arrivé pour que tu soit capable de voir ces créatures à ton âge?"

Amaïa la regarda. Elle, puis les drôles de chevaux. Elle n'était pas sensé les voir? Etait-ce à cause de l'accident? A cause de Papa? Elle porta instinctivement la main à son bras gauche. La grande fille pourra croire qu'elle avait froid, au contraire elle n'avait jamais eut aussi chaud, sa brûlure semblait reprendre vie sous ses doigts. La grande fille avait un faible sourire. Alors Amaïa hocha négativement la tête et lui sourit à son tour. Sourire. Maman avait dit que ça faisait du bien à soit et aux autres.

Poudlard n'était pas comme dans les livres. Non. Poudlard était encore plus grand que les livres ne pourrait le laisser imaginer. La pauvreté de la rêverie d'Amaïa ne lui avait pas permit de prendre conscience du bâtiment, alors elle le découvrait sans doute encore plus émerveillé que les autres. Elle aurait eut envie de prendre son cahier et de tout consigner dedans. Mais ce n'était pas le moment. Surtout avec tous les regards qui pouvaient se tourner vers elle. Elle suivit les autres élèves dans les couloirs, franchi les portes massive et se retrouva dans ce qui lui semblait être la grande salle. Elle resta debout, tandis que d'autres comme son grand frère était déjà assis. Elle attendait. Le Choixpeau apparement. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour mieux apercevoir ce qui se passait tout là bas. Dans quelle maison allait-on l'envoyer? Elle ne savait pas, mais elle pensait être heureuse avec n'importe quel choix du Choixpeau. Il était là pour ça non? C'était son métier. Alors elle le croirait. Comme toujours. Déscellerait-il le silence de ses émotions? Le dira-t-il à voix haute? Elle n'osait pas imaginer. Enfin...elle ne le pouvait pas beaucoup. Elle se contenterait également de son ignorance pour le moment.

"Yuna Amaïa Sawner"

Il était temps.

Maintenant que tu es réparti(e), il ne faut pas te reposer sur tes lauriers. Ta vie NYLienne commence à peine et pour la faire démarrer sur de bonnes bases, il te reste encore pas mal de petites choses à faire. Ne t'inquiètes pas, je vais tout te montrer...

Commence par créer ta fiche de liens, ta fiche de RPs, ainsi que boîte aux lettres qui te permettra aussi de gagner des points RPs en écrivant des lettres de plus de 300 mots et ta boite à hiboux express pour les messages plus courts. Peut-être que tu n'en trouveras pas tout de suite l'utilité, mais ça ne saurait tarder... Alors mieux vaut l'avoir fait tout de suite. Et puis, si jamais tu cherches quelqu'un d'important pour le développement de ton personnage, n'hésite pas à créer un poste vacant.

Aussi, je te conseille d'aller lire comment marche le système de points, si ce n'est pas déjà fait. Ce serait bête de ne pas savoir comment rapporter des points à ta maison. D'ailleurs, tu peux jeter un coup d'oeil aux sabliers pour voir où en est la course à la Coupe. Et comme les votes, c'est le bien, Top-Siter rapporte des points !

N'empêche que le meilleur moyen d'obtenir des points reste d'aller en cours. Et oui, nous sommes dans une école et nos chers professeurs vont se faire une joie de t'apprendre tout ce qu'ils savent. Quand tu te seras bien installé(e) dans ton dortoir, attrape tes bouquins et rends toi vite en classe ! Nos professeurs t'attendent, et pour savoir à qui tu as à faire, tu trouveras la liste ici. La liste des sortilèges par année est disponible là.

Il n'y a pas que les points des sabliers qui sont importants ici. Il y a aussi les points défis ! Tu peux aller lire ce sujet pour savoir exactement ce que c'est que les points défis. N'oublie pas de créer ton sujet d'ailleurs, qu'on puisse tous t'en proposer ! Bien sûr, tu peux également savoir combien tu as de points en allant voir la fiche ! Le nombre de point s'initialise automatiquement à 0/0 mais dès que vous avez un point, vous pouvez voir l'évolution de ceux-ci à 1/2000...

Heureusement, il n'y a pas que les cours dans la vie ! Tu vas pouvoir t'entraîner à être une fouine en écoutant les rumeurs qui se baladent dans les couloirs, attraper ton balai pour devenir le plus grand joueur de Quidditch de l'histoire de Poudlard... Enfin, pour être sûr(e) de ne rien louper des activités qui te seront proposées, garde un oeil sur le panneau d'affichage, et sur la Gazette du Sorcier pour être informé(e) de tout ce qui peut bien se passer dans le monde magique.

Le HRP (hors-RP) te donnera également de quoi t'occuper grâce à une partie Flood bien remplie. Tu pourras également faire plaisir aux autres membres en leur offrant des cadeaux. N'oublie pas, à l'occasion, de passer sur la ChatBox, avec un peu de chance, tu tomberas en plein jeu... S'il y a quelque chose que tu ne comprends pas, nous répondrons à toutes tes questions.

Sur ce, je te souhaite beaucoup de plaisir dans cette nouvelle vie qui commence, et plein de merveilleux RPs !