Cameron Brown et les autres

Ce fut le plus naturellement du monde que Cameron avait accepté la proposition de Bonnie, à savoir l’accompagner vers le terrier pour continuer la chasse. Après tout, s’il y avait des équipes, c’était sûrement pas un hasard et disparaitre en un claquement de doigt comme l’avait fait Bradford c’était particulièrement stupide. Non pas que ça puisse l’étonner de la part du Poufsouffle ou qu’il se sentait particulièrement attristé par son départ, bien évidemment ! Il emboîta le pas de la préfète et s’engouffra à sa suite dans le bosquet. S’il fallait bien en passer par là à un moment ou l’autre, il était évident que ça n’était pas l’endroit le plus agréable de cette forêt… Ce qui n’altérait pas vraiment l’enthousiasme de l’adolescent.

— Le terrier ne devrait plus être loin maintenant. Si tu vois quelque chose !

Il hocha machinalement la tête mais devait bien admettre qu’il n’avait pas la moindre idée de ce à quoi était censé ressembler un terrier de Chaporouges… Il avait déjà vu pour une taupe mais il supposait sans mal que ça n’avait pas grand chose à voir… Avec un peu de chance, il serait difficile de passer à côté… Comme une grosse grotte… ou le gros trou qu’il y avait dans le sol, juste là. Bonnie sembla le remarquer au même moment. En même temps, impossible à louper ! Un humain pouvait s’y glisser sans le moindre mal… Et c’était sûrement ce qu’on attendait d’eux d’ailleurs.

— Ça doit sûrement être ça. Il y a une corde !
— Bon bah allez, lâcha le Serdaigle dans un haussement d’épaules juste avant que sa camarade ne parte en exploration.

Elle n’avait pas attendu une seconde, pas même qu’il se propose pour passer devant ou qu’ils ne songent à éclairer l’intérieur. Niveau courage, ça se posait là. Même si les Miller auraient probablement parlé d’inconscience… Ce qui lui tira un sourire rien qu’en y pensant. Des bruits plus sourds et saccadés lui parvenaient à chaque fois qu’elle glissait, le faisant immanquablement grimacer. Si jamais elle le sentait pas, elle pouvait toujours faire demi-tour et ils échangeraient de place, inutile qu’elle se fasse mal pour un jeu !

— Fais gaffe, hein.

Mais finalement, elle parvint à atteindre le fond du terrier sans trop de mal. Sa baguette s’illumina à quelques mètres de lui et éclaira les alentours. On n’y voyait pas grand chose d’ici mais Bonnie lui adressa un signe encourageant pour qu’il l’y rejoigne. Il devait sûrement y avoir assez de place pour eux deux ! Ce qu’elle confirma presque aussitôt :

— On passe à deux, tu peux descendre !
— Ok, j’arrive !

Sur quoi il entreprit de descendre à son tour et rejoignit rapidement sa coéquipière. À la lueur de sa baguette, il put remarquer l’état lamentable de son pantalon, arraché par endroit par les ronces qu’ils avaient dû traverser pour arriver jusque là. Il s’en détourna sans y porter trop d’intérêt et reporta son attention sur ce qui les entourait. Il y avait des insectes poilus qui voletaient ici ou là et de gros champignons tout aussi velus dans un coin.

— Je pense que c'est un horglup.
— Ouais, acquiesça-t-il avec entrain, ça r’ssemblait à c’truc dégueu’ dans l’bouquin. On les a vus l’année dernière… et faut du venin de… Rusard… Busard… Un machin comme ça, j’sais plus. Y’avait ça dans l’carton ?

Le regard qu’il lança à son sac de riz ne laissait planer aucun doute : il avait parfaitement conscience qu’il ne lui serait d’aucune utilité pour l’instant. C’était dommage, c’était cool comme idée pourtant ça faisait vraiment émission de survie… Il fallait croire qu’on survivait pas avec de la bouffe chez les sorciers. Triste histoire !

— Sinon, au pire, on coupe…?

Il reporta doucement son attention sur le champignon poilu, un peu gêné malgré lui. C’était une créature magique, sous-entendu que c’était vivant… et découper un tentacule, ça devait pas faire que du bien… Cameron eut une pensée idiote pour Hilary, qui le mettrait sûrement en tête des ennemis à abattre si elle apprenait qu’il avait fait un machin comme ça… ou pire, qui serait clairement en PLS au moment où elle devrait le faire… S’ils pouvaient en récupérer un ou deux de plus, ce serait cool, histoire de pouvoir lui filer… Mais ça faisait perdre du temps… et il y avait sûrement des gens dans son équipe qui n’auraient pas les mêmes scrupules… Oh, et puis au diable ces bêtises de toute façon, il fallait avancer ! Le Serdaigle sortit sa baguette à son tour et la pointa vers le champignon.

— Diffindo !

1 & 2 — Un bruit bizarre se fit entendre alors que le sort atteignait la créature, puis l’un des tentacules se détacha du reste pour tomber mollement sur le sol. Et de un !

Cameron Brown et les autres

Les Horglups étaient aussi laids en vrai qu’ils l’avaient semblé sur les pages de son manuel de Soins, et même si c’était moche, que ça ressemblait juste à un gros champignon, Cameron ne pouvait s’empêcher de penser que si c’en était vraiment un, ils l’auraient vu en Botanique… et il s’en serait royalement foutu d’avoir à arracher des bouts pour une chasse stupide. Mais là, c’était pas le cas. C’était comme arracher une patte à un piaf ou quelque chose du genre… Il n’avait jamais vraiment porté les animaux dans son coeur, il n’y voyait aucun intérêt, mais il ne leur avait jamais fait du mal pour le seul plaisir de leur en faire… Mais il n’y avait pas trente-six milles possibilités… seulement deux, en réalité. Et la première semblait compromise puisqu’il n’avait pas souvenir d’avoir vu la moindre fiole de poison. Bonnie acheva son mince espoir alors qu’elle lui répondait :

— Non, je n'en ai pas vu... A moins que tout ait été pris avant que je pioche. Tu as pris quoi toi d'ailleurs ?
— Du riz, soupira-t-il alors qu’il sortait son bien de son sac pour le lui montrer, ça avait l’air plus cool dans l’carton, j’t’avoue… T’as pris quoi toi ?

Maintenant, ça avait juste l’air d’une inutilité monstrueuse… C’était à se demander comment il avait pu en douter… Après tout, on était dans le monde sorcier, il était évident qu’un sorcier n’avait pas besoin de nourriture pour survivre dans une forêt tant qu’il avait sa baguette puisqu’il pouvait limite rentrer chez lui tranquille… Genre ça faisait boussole, ça faisait des étincelles pour appeler à l’aide, ça filait de l’eau… et puis pour un peu qu’on ait appris, on pouvait transplaner directement dans son salon… La bouffe c’était secondaire… et c’était sûrement un piège dans le tas d’objets divers et variés. Mais bon, tant pis. Il n’avait pas vraiment pris le temps d’y réfléchir en fourrant sa main à l’intérieur. Il avait vu des gens avec des balais, même, mais dans une forêt, à part pour éviter de se fatiguer, il ne voyait pas trop l’intérêt non plus… Est-ce qu’il y avait eu des trucs qui servaient, dans la boîte, au moins ? D’un coup, il n’en était plus certain. L’adolescent ne se posa pas la question bien longtemps. Il fallait avancer, récupérer les tentacules demandés et passer à la suite rapidement. Il y avait une victoire en jeu, quand même ! Alors il se fichait pas mal de la récompense mais ça serait sacrément classe de gagner ! Peut-être même qu’Aisling perdrait trois secondes à en parler dans son prochain article ou il ne savait trop quoi…? Il ne les lisait pas souvent mais il voudrait bien faire un effort pour l’occasion, après tout ce serait limite atteindre la consécration ! Un geste du poignet et un morceau se détacha du champignon. Wouhou ! Il ne s’était pas attendu à ce que ça fonctionne si bien ! La créature ne parut pas souffrir particulièrement, ce qui le rassura tout de même un peu.

— Bien joué ! A mon tour maintenant, je crois qu’il nous en faut deux.

À ses premiers mots, le sourire du Serdaigle s’agrandit, maladroitement fier. Ça n’était pas dans ses habitudes mais il devait bien avouer qu’il était assez content de lui sur ce coup-là ! Il avait servi à quelque chose pour leur équipe, et même si elle comportait Bradford, ça faisait plaisir. La préfète l’imita aussitôt et réussit avec autant de facilité. Elle récupéra leur butin sans se faire prier sous le regard enthousiaste de son camarade. C’était beaucoup plus amusant que ça en avait eu l’air quand ils avaient balancé les équipes. Déjà, il n’y avait pas Bradford pour leur coller aux basques et en plus, la Serpentard lui faisait la meilleure impression du monde.

— Je crois que le compte est bon !
— Comment on a grave géré !
— Tu veux aller où maintenant ?

L’adolescent sortit une carte toute froissée de sa poche et y jeta rapidement un coup d’oeil. Il n’y avait sûrement plus rien à récupérer au campement… et il lui semblait avoir aperçu le Russe pas loin de là où ils étaient, ce qui excluait le reste du bosquet… Enfin, encore fallait-il qu’il serve à quelque chose mais ils ne pouvaient pas se permettre de repasser derrière lui… Cameron finit par pointer un endroit, pas trop loin de là où ils se trouvaient.

— On a qu’à faire l’marais, comme ça y’aura la caverne pas loin pour après.

Ça leur éviterait d’avoir à revenir sur leur pas et tout retraverser… Il adressa un dernier sourire encourageant à Bonnie et entreprit de remonter. C’était une étape qui avait été rondement menée !