14 février 2004 - Poudlard

- Pétard ! Zach, qu'est-ce que tu fabriques ??? On va être en retard !

- Seth, ce n'est pas parce que tu as une tête de furoncle que ça doit être mon cas !

- T'es un enfoiré, Zach... tu le sais ça ?

- Ouais, je le sais, mais c'est pour ça qu'on est potes.

- Bon sang, j'espère que cette fille de Serdaigle en vaut la peine... Comment t'as dit qu'elle s'appelait déjà ?

- Hum... euh...

- Attends... ne me dis pas que tu as oublié...

- Peu importe !

Seth lâcha un profond soupir de désapprobation. Puis il finit par dire :

- Écoute, j'ai beau être Préfet, je ne suis pas sensé te faire entrer dans cette salle de bains, alors si tu peux un peu te dépêcher... je n'ai pas envie qu'on se fasse attraper, ça pourrait nous couter cher ! Et puis...

A ce moment là, la porte s'ouvrit. Zachary sortit de la pièce et cela le laissa sans voix. Ils avaient le même âge, et pourtant, Mac Lochlainn le dépassait de deux têtes. Il était grand, mince. Ses cheveux marrons, gominés étaient coiffés en arrière, dégageant un visage d'adolescent sans impureté, avec un petit duvet qui poussait au niveau de la moustache. Sa peau claire, s'accordait très bien avec ses yeux bleus et son sourire éclatant. Seth devait l'admettre, son meilleur pote était un beau gosse et lui qui avait un penchant pour les garçons, il se disait que c'était un vrai crime que Zachary ne soit obnubilé que par les filles. Il se rinça l'oeil. Il en profitait, parce que franchement, des beaux garçons ici, à Poudlard, de leur âge, ça ne courrait pas les rues. Aucun ne lui plaisait vraiment, à part son camarade de dortoir bien sûr. Mais cette attraction restait à sens unique.

- Bon j'en déduis à tes yeux ébahis que je suis parfait. Tu devrais faire attention à la façon dont tu me regardes, Seth. T'as de la bave au coin des lèvres, ça craint un peu !

- Arrête tes conneries ! Bon, on descend ? On va rater l'ouverture du bal !

- Tu as raison, ne tardons pas !

- Dis, Zach... c'est idiot, mais... ça fait quoi d'embrasser quelqu'un ?

Zachary n'en serait pas à son premier rencard. En ce moment, il papillonnait à droite à gauche, multipliant les opérations de séduction et les baisers. Le cliché de l'ado lover absolu ! Il haussa les épaules et concéda :

- Pas grand chose... au début ça chatouille le ventre et puis après, tu t'y fais.

- Faudra qu'on travaille sur le devoir de potions quand même, demain...

- Pour quoi faire ? On sait déjà tout ce qu'il faut savoir sur les potions de soin ! Je me demande si je peux trouver un moyen d'entrer dans le dortoir des filles de Serdaigle...

- T'as vraiment que les filles dans la tête, toi !

- Venant de la part d'un type qui aime me mater avec des yeux plein de perversité, c'est fort !

Seth rougit. Et Zachary lui donna une tape sur l'épaule.

- Allez, face de furoncle, allons danser ! J'ai... mon rendez-vous qui va s'impatienter !

Il eut un sourire amusé et entrainant Seth, il s'élança vers la salle commune, aménagée pour le bal de la Saint-Valentin.


16 mai 2006 - Poudlard

- Mac Lochlainn est un vrai mur aujourd'hui ! Il ne laisse passer aucun des souaffles de Gryffondor !

Perché sur son balai, les yeux plissés et concentrés sur le match, Zachary n'écoutait les commentaires que d'une oreille distraite. En fait, comme beaucoup des autres joueurs de Quidditch de l'école, il ne faisait plus attention à ce qui se passait en dehors de l'action de jeu. Tout le monde s'oubliait un peu pour mener un jeu exemplaire, faisant frémir les spectateurs ultra-attentifs à cette finale de la coupe annuelle de l'école. Tout le monde, sauf William McFarlean, le capitaine de l'équipe des verts et argents, qui ne cessait au fil des matchs de se montrer arrogant, vaniteux et égocentrique. Il faut dire que tout le monde savait qu'il était présent dans l'équipe grâce au piston de maman, qui n'était autre que la Directrice du Département des Sports Magiques et qui ne voyait toujours que ce qui pourrait mettre en avant son "Willou".

Si sur le terrain, il crânait autant, ça n'était pas un hasard. Il savait que ça énervait Zachary, qui était tout l'inverse de l'arrogance et de la prétention. Et les deux camarades nourrissaient depuis l'an passé, une rivalité de coqs. Évidemment, il était question de filles, de conquêtes mais ça ne s'arrêtait pas là. Ils se surpassaient pour être meilleur que l'autre, parfois au détriment de la sérénité dans leur classe. Maintes fois, sous l'effet de la provocation, ils en étaient venus aux mains. Résultat, outre les pertes de points pour leur maison, ils finissaient en retenue, où dès que Rusard avait le dos tourné, ils se pourrissaient.

McFarlean se vantait d'avoir un lien lointain avec une famille de sang pur, dont Zachary avait oublié le nom. Et il considérait que ça le rendait supérieur à ce qu'il aimait appeler sang de bourbe. Mais s'attaquer à l'origine de son gardien ne s'avérait pas un bon plan pour le poursuiveur. Parce que Zachary n'en avait rien à faire de ce genre d'insultes. Et de façon très cynique, très ironique même, il ne manquait pas de lui rappeler qu'en Sortilèges et en DFCM, il obtenait de meilleures notes que lui, tout né-Moldu qu'il soit.

- Hé, McFarlean, quand t'auras fini de faire ta diva, t'iras mettre quelques points ?

- Ferme ton clapet, Mac Lochlainn, t'empoisonnes l'atmosphère avec ton haleine de souillure.

- Fous ton égo de côté et passe la balle, tu vois bien qu'ils sont autour de toi !

- C'est moi le Capitaine, si t'es pas content, tu dégages, je te retiens pas, sale sang de...

Il y eut un choc violent alors qu'un cognard venait de s'écraser sur sa mâchoire lui faisant perdre l'équilibre dans une giclée de sang. Des "ouh" de compassion se firent entendre dans la foule. Se tenant à son balai à l'aide d'une seule main, dans une position très instable, William demanda de l'aide, mais Zachary se contenta de lui rétorquer, sans bouger de ses buts :

- Qu'est-ce que t'as à me regarder comme ça ? Ton sang est pas suffisamment pur pour arriver à te sauver ? Oh... eh bien quel dommage. Tu sais, déjà que tu ressemblais à une merde de troll, cette histoire ça va vraiment pas t'arranger...

McFarlean lui lança un regard meurtrier. Le laissant à son sort, Zachary parvint à arrêter un tir en direction des anneaux qu'il défendait comme si sa vie en dépendait. Il leva les yeux et vit l'attrapeur de Gryffondor fondre sur le vif d'or. Trop tard... L'attrapeur de son équipe, lui, avait pensé bien faire en partant aider leur capitaine. Bibine siffla la fin du match. Dans les gradins, ce fut la liesse. McFarlean fut prit en charge par l'infirmière quand il eut posé le pied au sol. Ted, l'attrapeur de Serpentard s'excusa, penaud :

- Je suis désolé... je pensais bien faire en l'aidant à remonter sur son balai.

- Ce n'est pas grave... c'est toi qui nous as porté jusqu'à la finale. Si on avait compté sur ce crétin pour marquer des points, on aurait même pas passé le premier match...

Une fois à terre, ils rangèrent leurs balais et se rendirent dans les vestiaires où l'ambiance était aux mines déconfites et attristées. Zachary félicita quand même ses coéquipiers. Il ne cessait de le dire, cette équipe était prometteuse. Il lui manquait juste un bon capitaine, qui saurait susciter le respect et galvaniser tout le monde. Alors qu'il retirait son maillot pour le ranger, William fit irruption et fonça sur lui. A l'affût, Zachary eut juste le temps de sortir sa baguette et de jeter un stupéfix sur son agresseur qui tomba au sol complètement figé.

- Tu es décidément très prévisible, McFarlean. J'adorerais te défoncer la tronche, mais je crois que vu ta gueule, on va arrêter les frais.

- Qu'est-ce qu'il se passe ici ?

McGonagall fit irruption dans le vestiaire, et toisa Zachary de toute sa hauteur, avec son air revêche. Celui-ci se contenta de hausser les épaules. Il ne s'attendait pas à ce que Teddy prenne la parole :

- William a voulu agresser Zachary. Il n'a fait que se défendre Madame la Directrice...

Elle regarda le Serpentard immobilisé au sol.

- Est-ce vrai, Monsieur Mac Lochlainn ?

- C'est absolument ridicule de me poser la question à moi, alors que je suis partie prenante et que j'ai jeté ce sortilège.

- Cessez donc de vous comporter comme un insolent ! Répondez à ma question.

Zachary haussa les épaules et se contenta de dire :

- Je ne ferais pas d'excuse et j'assumerai la portée de cet acte. C'est tout ce que j'ai à dire.

Un éclat de colère passa dans le regard très strict de la Directrice et alors qu'elle allait vertement reprendre la parole, les langues se délièrent autour d'elle. Peu à peu les coéquipiers de Zachary commencèrent à prendre sa défense, en relatant les faits. Tant et si bien qu'il n'écopa que d'un rappel au règlement alors que McFarlean, lui fut convoqué dans son bureau, avec effet immédiat. Zachary, qui d'ordinaire n'était pas du genre à s'épancher sur ce qu'il ressentait vraiment fut touché et les remercia, tout en pudeur. La suite fut assez étrange. Ils avaient perdu et pourtant, ils commencèrent à parler et à rire, dans les vestiaires, comme si soudain un poids venait de disparaitre. Sans le savoir, il avait gagné le respect des autres, comme l'aurait fait un vrai capitaine. Et sans en avoir conscience, il allait hériter du poste l'année suivante. Un but qu'il n'avait jamais vraiment recherché.


30 juin 2007 - Pré-au-Lard

- Zach, tu serais pas un peu bourré ?

Le principal intéressé eut un sourire large. Il tendit la bouteille qu'il avait entre les mains pour trinquer avec ses camarades. Ils étaient tous là, ceux qui comptaient, Seth, bien sûr, et puis Teddy et le reste l'équipe de Serpentard. Et il y avait Cassidy aussi, une jolie Poufsouffle sur laquelle Mac Lochlainn avait jeté son dévolu. Ils étaient à Pré-au-Lard sur permission de l'école, mais uniquement pour faire quelques emplettes et tuer le dernier après-midi qu'il leur restait. Ca, c'était officiellement ce qui devait se produire. Mais Zachary, qui avait décidément un gros problème avec les conventions, avait proposé à tout le monde de s'éloigner dans une vieille grange délaissée pour fêter la fin de leur scolarité. Comme il était plus grand que les autres et qu'il avait déjà tout d'un adulte, il n'eut aucun mal à gruger un tavernier pour acheter des bouteilles de liqueurs. Et il en fit profiter tout le monde. L'après-midi était déjà bien entamé et les beaux jours de l'été s'avéraient plus qu'agréable. Seth leva son gobelet en étain :

- Hé ! Trinquons à Zachary, notre Capitaine ! Celui qui nous a porté vers la victoire !

Il fut suivi par les autres et adressa un clin d'oeil à son meilleur ami. Celui-ci haussa les épaules, en levant les yeux au ciel et il but directement à la bouteille, le liquide qui avait tellement brulé sa gorge, qu'il ne sentait même plus sa présence, maintenant. Cassidy, qui était assise à côté de lui sur la paille, passa une main dans ses cheveux. Ils s'embrassèrent, sous les sifflements de leurs camarades. Zach ne put réprimer un rire. Sa petite amie du moment, elle, fut plus gênée. Pourtant, ils échangèrent un regard tous les deux et sans que personne ne puisse comprendre, ils surent qu'il n'y avait pas de quoi rougir... ils avaient fait pire... enfin mieux... mais ça, ils éviteraient de s'en vanter. Disons que l'idée de la grange n'était pas vraiment venue tout seule. Ils connaissaient déjà le lieu. Le groupe, qui était pas mal affecté par l'alcool, se mit à parler des bons souvenirs qu'ils garderaient de l'école. A l'écoute, Zach commença à se rouler une cigarette. Buveur, fumeur... oui, il était jeune et toujours dans une période où il multipliait les conneries. Il fallait bien que jeunesse se passe, comme on disait chez les moldus ! Alors qu'il allumait sa clope dans une épaisse fumée odorante, on lui demanda son avis. Le regard brillant et passablement éméché, il répondit :

- Il y a beaucoup de bons moments... quand McFarlean s'est fait exclure, quand on a gagné la finale... là maintenant... le Noël où Teddy a fait sauter son chaudron en utilisant la dernière invention de chez Weasley... quand on a repeint les hiboux de Gryffondor en vert, pour les énerver aussi... oh et puis cette fois où Seth a confondu son jus de citrouille avec de la bave de Farfadet macérée...

- Ah bon sang... Zach, t'es dégueu, j'avais oublié !

Tout le monde éclata de rire. Il y eut un court silence, pendant lequel chacun se remémora les bons instants passés à Poudlard. Et puis, Zachary reprit. Emporté par l'alcool, il se faisait plus bavard :

- Le jour où j'ai reçu la lettre, mes parents étaient surexcités, curieux, surpris... moi j'ai pensé à une blague, un poisson d'avril en retard. Je n'ai vraiment commencé à croire à la magie qu'une fois arrivé sur le chemin de traverse... Des sorciers... et puis quoi encore, des lutins ? Des fées ? Pourquoi pas des dragons comme dans le Seigneur des Anneaux ? Hahaha !

- Ca a du faire un choc à tes parents non ? Parce que dans ma famille, on a du couper les ponts avec mon oncle... et mes cousins...

- Mon père et ma père étaient plus curieux et enjoués que je ne l'étais. Ma soeur, elle n'a jamais trop su sur quel pied danser. Elle m'aime, elle m'a toujours sur-couvé, mais je crois que ça lui fait peur. Quant à mon frère, on ne se parle plus trop... Il a jamais supporté que j'attire l'attention... Depuis qu'il est majeur, je ne l'ai pas revu. En fait, il vient voir mes parents quand je ne suis pas là. Je m'en porte pas plus mal... ça a toujours été un gros casse-couilles !

Il y eut de nouveaux rires. Et chacun y alla de son petit commentaire sur sa fratrie. Étonnamment, ce qu'avait vécu Zach se retrouvait pas mal chez les autres.

- Mais je me rappelle très bien le jour où la magie s'est manifestée. J'avais quoi... huit ans, peut-être ? J'ai attrapé la grippe. Et un jour, j'étais assez mal en point, j'ai eu une quinte de toux. Toutes les ampoules de la maison ont explosé. A ce moment là, j'ai senti que ça venait de moi, mais sans comprendre et sans pouvoir expliquer. Je n'ai jamais rien dit, mes parents ont pensé à un problème électrique. C'est plus tard que j'ai compris réellement ce qui s'était produit.

- Moi c'était flippant... j'avais fait léviter les couteaux à table...

- Ca va ! T'as pas déclenché le système anti-incendie de ton école !

Le groupe échangea ses anecdotes, dans une ambiance bon enfant. Cette fin d'année s'avérait peu conventionnelle. Bien vite, les ASPICS revinrent au premier plan des conversations :

- En tout cas, Zach, je pense que tout le monde est d'accord ici pour te remercier de nous avoir aider en sortilèges ! J'ai bien cru que je n'allais jamais y arriver ! On t'en doit une !

- Bof, c'était normal. Mais si vous voulez vraiment m'en devoir une, ma foi, je veux bien que vous me payiez un voyage à Bornéo !

Il y eut un éclat de rire général. Seth passa sa main autour du cou de Teddy et demanda :

- Vous allez faire quoi maintenant ? Continuez vos études ? Ted et moi, on va voir  si on ne peut pas aller à Sainte Mangouste, pour y oeuvre comme Médicomage. On se débrouillent bien en botanique et en potions. Toi, Zach, qu'est-ce que tu envisages ?

- Honnêtement ? J'en sais rien. Je pense que je vais prendre du bon temps !

- Non mais c'est pas un métier ça ! Pourquoi pas prof ? Tu nous a bien appris, tu sais...

- Et puis quoi encore ? Passer ma journée à Poudlard ! Hé, ça fait sept ans que j'y suis ! J'ai ma dose ! Puis de toute façon, je suis grillé auprès de McGonagall.

- En même temps... quelle idée de t'infiltrer dans le dortoir des filles...

- Je me dis que je vais retourner auprès de ma famille, trouver un boulot quelque part, j'aimerais bien continuer à enchanter des objets, à déjouer les charmes... ça me plait ça !

- Tu vas de faire des bavboules en or vu ton talent !

- Des bavboules en or ? On dit des couilles en or, Seth !

- Ouais, je sais, mais je trouve ça moins vulgaire !

Teddy se tourna vers lui et sans qu'il n'ait eu besoin de prendre la parole, tout le monde eut l'image... et prit un air dégouté :

- Raaah... bon sang, c'est dégueulasse !

Un éclat de rire général se produisit à nouveau. Le groupe profitait de derniers moments passés ensemble. Car bientôt, le Poudlard Express les ramènerait chez eux, une dernière fois... mettant ainsi fin à de merveilleux moments qui avaient bercés leur adolescence.


25 juillet 2025, Dublin.

- "Cher Monsieur MacLochlainn, par cette lettre, j'ai le plaisir de vous informer que j'ai pris la décision de donner une suite favorable à votre candidature. Par conséquent, je vous prie de bien vouloir effectuer votre prise de poste en tant que Professeur d'Enchantements et de Sortilèges, au 1er septembre prochain". Bon sang, Zach, mais c'est absolument génial !

- Tu vois ! Je t'avais dit que tu finirais prof !

- C'est vrai, Teddy ! J'avais oublié que tu savais lire dans les feuilles de thé !

- Ah-ah ! Très drôle !

Zachary avait l'air préoccupé. Et comme à chaque fois qu'il l'était, il se montrait cassant, ronchon et assez injuste. Mais pas de quoi intimider ses meilleurs amis, Teddy et Seth, qui étaient venus lui prêter main forte pour déménager. Ses deux anciens camarades de Serpentard étaient désormais parents d'un adorable petit garçon, qu'ils avaient adopté. Le gamin, Oliver, avait fêté ses six ans, la veille. Pour des raisons de commodités, ils avaient dormi au domicile de Zachary, à Dublin, après la fête. Mac Lochlainn se radoucit quand le jeune garçon arriva tout content avec un soutien gorge assez sexy qu'il avait trouvé dans un recoin. Seth et Teddy le dévisagèrent et il leur répondit, avec un sourire :

- Soyez pas déçus, il aime déjà les soutiens-gorge, c'est tout ! Brave gamin ! Je l'aime bien !

- Bon sang, Zach... est-ce qu'on va en découvrir d'autres ?

- Hum... possible. Vous n'aurez qu'à fermer les yeux, et puis c'est tout.

- Mais tu n'avais pas cette fille en vue là ?? Stella ?

- Ula. Elle s'appelle Ula. Et c'est le sien, pour information.

Seth ouvrit la bouche, la referma, et répéta ce petit manège à plusieurs reprises. Il finit par secouer la tête et demander :

- Tu l'as revue récemment ?

- Non, pourquoi ?

- Attends... depuis combien de temps tu n'as pas fait le ménage ici...

- J'en sais rien moi ! Et c'est quoi toutes ces questions à la noix là ? Tu t'es pris pour McGonagall ou quoi ? Encore que maintenant, elle peut plus trop la ramener.

Il y eut un blanc. Le couple face à lui fut unanime pour désapprouver cette pique absolument cynique et malvenue. Les derniers évènements survenus dans leur ancienne école les avaient pas mal affectés. Teddy brisa le silence pour demander :

- Tu es sûr de vouloir plaquer ta vie ici, à Dublin, pour la retrouver ?

- Ca fait un an qu'elle est partie... un an que je tourne en rond. Je n'ai rencontré aucune autre femme après son départ... quand elle était là, je me sentais bien. Nous pouvions parler de tout, de nos familles, de nos états d'âme... je n'ai jamais ressenti ça pour personne. Je crois bien que je suis tombé amoureux d'elle, à un point où je me rend compte qu'elle me manque, que je ne peux plus m'en passer...

- Wow... je t'ai jamais entendu parler d'une fille comme ça...

- J'ai oublié le prénom des autres, les parenthèses passées avec elle. Mais Ula... je me souviens de tout. De notre rencontre dans ce pub... y'a deux ans... Elle a eu l'audace de me défier à un concours du plus buveur ! Elle m'a foutu une branlée mémorable ! J'avoue que sur le moment, ça m'a inquiété, ça m'a mis mal à l'aise car je n'aime pas perdre... mais elle avait un tel sourire... un tel regard... une telle personnalité... ça a fini ici et c'était d'enfer... puis, on a remis ça, le lendemain, et ainsi de suite...

- Mais pourquoi tu l'as laissée partir, si elle comptait tant pour toi ?

- Parce que j'ai été con, voilà pourquoi... quand elle est partie pour Pré-au-Lard, je n'ai pas pris conscience de tout ce que j'éprouvais pour elle... c'est venu après, avec son absence, avec le manque qu'elle m'a laissé... Je veux la retrouver et le lui dire... je veux que notre histoire recommence...

- Zach... ne le prends pas mal, d'accord, mais peut-être qu'elle a tourné la page et qu'elle est passée à autre chose... est-ce que tu n'es pas en train de tout plaquer sur un coup de tête ?

- De toute façon, j'en ai marre de Dublin... j'ai envie de changement. Dix ans que je fais le même métier pour l'antenne du Ministère en Irlande. J'en ai par dessus la tête de m'occuper des portoloins et tout le reste. Je me suis rappelé nos moments dans le dortoir, à vous apprendre comment réaliser tel sort... je me suis rappelé que j'avais eu un Optimal en Sortilèges à mes BUSES puis à mes ASPICS... Alors je me suis dit pourquoi pas postuler à Poudlard. Et comme Pré-au-Lard est tout près, je pourrais tenter ma chance... je verrais bien si Ula m'a oublié...

Seth et Teddy acquiescèrent en silence. Il était inutile d'argumenter de toute façon. Zachary avait pris sa décision. Sous son cynisme habituel, se cachait une inquiétude. Celle de ne pas être le bienvenu à Pré-au-Lard, que celle dont il était tombé amoureux éperdument se soit mise en couple avec un autre. Une éventualité, qu'il envisageait, mais qui ne l'arrêtait pas. Il était prêt à tout pour la reconquérir et il ne doutait pas de ses chances. Il connaissait Ula, ses goûts, ses passions... il savait comment la rendre folle. Ce ne serait ni plus ni moins qu'une affaire de séduction intensive. Un domaine qu'il maitrisait. Mais parviendrait-il à conserver ses moyens ? Rien n'était moins sûr...

Pour la famille Mac Lochlainn, le monde semblait ne posséder aucun secret. Il faut dire que Wilhem, le père de famille exerçait un métier à la pointe de l'actualité : journaliste au sein d'un célèbre média local. Le genre de profession qui vous pousse à faire de nombreuses découvertes et à comprendre tout ce qui se trame ! En épousant Helma, une mécanicienne, dont il était tombé raide dingue en lui amenant sa vieille carlingue en fin de vie, il pensait vivre une vie paisible, faite d'événements rationnels et de pragmatisme.

De leur union naquit Teresa, en 1983, Spencer, en 1985 et puis Zachary, le petit dernier, cinq années plus tard. La naissance de celui-ci fut particulièrement difficile et calma définitivement les deux parents de tenter un quatrième enfant. En fait, avoir trois gamins, c'était déjà suffisamment bien, car après, il fallait pouvoir s'en occuper et le faire correctement. La raison l'emporta donc.

Le couple possédait un train de vie plutôt correct, puisqu'il gagnait bien sa vie. Teresa avait à coeur d'incarner la soeur aînée, protectrice et impliquée. Ce qui amena son petit frère à en jouer et en abuser, parfois sans s'en rendre compte. Les rapports avec Spencer, en revanche, n'étaient pas au beau fixe. Le cadet, se sentant oublié, multipliait les crises de jalousie et les vacheries.

Chez les Mac Lochlainn, on aimait se rappeler de l'importance des aïeux, d'Alistair Mac Lochlainn, surtout, le célébre arrière grand-père qui aimait la bière à tel point qu'il en avait fait une fabrique, reprise par un cousin lointain. On était fier de cet héritage. Mais pour ces moldus plutôt terre-à-terre, la découverte de la magie fut un véritable choc, que les deux parents prirent avec beaucoup de philosophie et de tolérance, à l'inverse de Spencer. Quant à Teresa, elle semblait indifférente, partagée entre la peur et une curiosité secrète. Difficile de choisir...

Cela faisait maintenant cinq minutes que les élèves étaient entrés dans la salle de cours et qu'ils papotaient, sans vraiment se soucier de la présence de leur Professeur de Sortilèges. Celui-ci était installé confortablement derrière son bureau, calé au fond de sa chaise, les pieds sur son espace de travail. Il se contentait d'observer, au travers de ses yeux bleus, couleur ciel, ce petit monde. Il y avait, parmi ces sixièmes années, beaucoup d'insouciance et d'indiscipline. Pourtant, s'ils étaient là, c'est qu'ils passaient leurs BUSES et que par conséquent, ils s'avéraient volontaires. Zachary avait allumé un chronomètre moldu pour voir combien de temps ce manège pourrait durer. Sa posture jouait pour beaucoup dans l'attitude des jeunes. Le fait qu'il soit avachi, leur donnait l'impression que dans la salle, maintenant, ils pouvaient converser sans contrainte. A un moment, le Professeur nota une accalmie. Les regards se posaient successivement sur lui. Il n'avait pas bougé d'un centimètre. La raison, la maturité pointait le bout de son nez. Alors que le silence s'installa, il arrêta son chronomètre, le posa devant lui et se mit à applaudir.

- Bravo ! 6 minutes et 54 secondes, c'est mieux que les cinquièmes années qui vous ont précédé ! Vous me redonnez foi en l'humanité et en son potentiel ! Félicitations !

Évidemment, il fallait y voir une profonde ironie et un cynisme assourdissant. Non, Zach ne cachait jamais son peu de foi en l'individu... Alors qu'il y eut un instant de gêne manifeste, il se leva, agita sa baguette afin de faire leviter les livres pour les mettre à l'abri, sous les yeux ébahis de ses élèves. Il aimait pratiquer la magie. Tout le monde ici savait qu'il était né moldu, mais sa maitrise et son sérieux contribuaient à l'excellente réputation qui était la sienne auprès de ses collègues. Seulement, Zachary possédait aussi un style bien à lui, qui ne plaisait pas à tout le monde mais qui s'avérait pourtant assez efficace. Sa façon d'enseigner contrastait avec le style très pédagogique de ses collègues. Lui, aimait marquer le coup, faire dans le spectaculaire et dans l'inhabituel. Il détestait la routine, très clairement. Les feuilles de papier suivirent les livres dans les tiroirs. A l'aide de sortilèges informulés, Mac Lochlainn verrouilla les portes de la salle, les fenêtres, sous le regard inquiet de son assistance. Il récupéra alors son parapluie et l'ouvrit pour le mettre au dessus de sa tête.

- Aujourd'hui, si Merlin le veut, nous allons tenter de vous apprendre quelque chose.

Il pointa sa baguette vers le plafond, plongé dans l'obscurité. C'est alors que des trombes d'eau se fracassèrent, comme un déluge sur les élèves. Abrité sous son parapluie, Zachary regarda, non sans délectation, la panique gagner les adolescents. Alors que plus aucune goutte ne tombait du plafond, il plia son parapluie et le rangea. Il frappa dans ses mains pour imposer le silence. Les élèves le regardaient incrédules, trempés jusqu'aux os.

- Qui peut me dire comment cette eau est arrivée au plafond ? Sachant que je ne me suis pas servi de seau, qu'elle n'est pas issue d'un lac, d'une rivière, d'un robinet, ni même de la pluie ?

Silence dans l'assistance... Il soupira :

- Ah... Voilà à quoi ressemble l'avenir du monde magique... vous m'offrez un spectacle désolant.

Il fit léviter une craie pour écrire un mot sur le tableau noir qu'il prononça :

- Aguamenti. J'aurais pu croire que pour vos cerveau de batraciens, cette formule magique vous était familière, mais il faut croire que j'avais tort. Bref. Aguamenti est votre amie si vous envisagez de voyager dans le désert ou de partir en expédition. Ce sortilège permet d'invoquer de l'eau. J'ai besoin d'un volontaire pour faire une démonstration.

Comme personne ne se proposa, il désigna un jeune homme dans l'assistance qui ne put se dérober. Il sortit un verre d'eau et le laissa s'approcher.

- Agua, et non pas aqua. Car agua vient de l'espagnol et non du latin. Le geste est simple. Il est à l'image de la formule, une vague, une tilde.

Il opéra le geste à trois reprises, avec sa baguette. Puis il se tourna vers son volontaire par désignation et l'invita à faire de même. Celui-ci tenta une première fois, sans parvenir à réaliser le sortilège. Zachary l'invita à poursuivre. La deuxième fois fut la bonne, puis le verre se retrouva rempli à un quart. Satisfait, Zach reprit :

- Voilà ! Très bien ! 10 points pour Serdaigle. Vous trouverez des verres dans l'armoire au fond de la classe. Vous allez vous placer par binôme et pratiquer ce sort jusqu'à ce que vous soyez capables de remplir le verre totalement, en une seule fois et sans qu'il ne déborde.

Alors que tout le monde s'activait, Zachary slaloma entre les différentes rangées pour prodiguer conseils et quelques remontrances quand il constatait que peu d'efforts étaient fournis.