Follow the low tide • Selene & Kenneth

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Échapper à l'autorité parentale

"Marchez devant, j’arrive." grommelé-je en direction de mes géniteurs, la tête enfoncée dans mon sweat-shirt à capuche, avec l’espoir naïf de pouvoir y disparaître complètement si je le souhaite assez fort. Parmi tous les dossiers sensibles sur lesquels planche le ministère, la gestion du conflit sorcier avec l’Arabie Saoudite, la construction de ce nouveau complexe sportif en collaboration avec le Premier ministre mordu anglais, la recrudescence des attaques visant les Aurors… il a fallu que mon père arrive à dégager un créneau dans son emploi du temps chargé pour imposer une petite visite de courtoisie à Poudlard. Et tout ça pour voir Poufsouffle se faire ridiculiser face à Serpentard… ! J’ai le démon. J’ai tout fait pour le dissuader de venir, prétexté une épidémie de dragoncelle ravageant les rangs de notre classe, inventé une tonne de devoirs m’empêchant de leur consacrer la moindre seconde, un cyclone ayant ravagé la région… rien n’y a fait : le voilà dans un costume flambant neuf, au bras de ma mère vêtue d’une robe et d’un chapeau trop sophistiqués, flanqué de trois gardes du corps. Nous déambulons dans les ruelles animées de Pré-au-Lard, déclenchant parfois le flash de quelques appareils photos lorsque nous croisons des reporters carnassiers. Sur les toits des échoppes en chaume sont planqués des tireurs d’élite, armés de baguettes à haute précision… Difficile de passer incognito, dans ces conditions. Mon père s’arrête tous les deux mètres pour serrer des mains, ma mère distribue des sourires hypocrites, et moi… je lutte pour ne pas mourir pétrifié de honte. Le match a lieu cet après-midi, je suis certain qu’ils ne vont pas me lâcher d’ici là… J’ai beau m’efforcer de mettre le plus de distance entre nous, en espérant qu’ils finiront par me semer, rien n’y fait : ils se retournent pour m’attendre, avec un sourire mielleux. « Maman, y a plein de gens que je connais là, c’est hyper cringe. » me plaignis-je tandis qu’elle refait mon noeud de cravate, avec la volonté de m’enterrer sous terre pour ne plus jamais en sortir, en me disant que j’aurais préféré naître orphelin. Si j’ai le malheur de croiser un de mes camarades de classe ou certains de mes professeurs, je suis bon pour en entendre parler pendant des siècles… Toni et August vont encore se foutre de moi, c’est toute ma street cred qui menace de voler en éclats avec ces simagrées. « Qu’est-ce qui te ferait plaisir pour déjeuner, mon chéri ? » s’enquit ma génitrice en désignant le Salon de Thé de Madame Piedoddu. « J’ai pas faim » répliqué-je aussitôt, désespéré à l’idée que ce calvaire se prolonge sur le temps du repas. « Ne dis pas n’importe quoi, tu as besoin de prendre des forces pour ton match. » tranche mon père, qui s’arrête un instant pour saluer la barmaid des Trois-Balais et poser avec elle. Je lève les yeux au ciel, marmonne des paroles indistinctes, et les suis jusqu’à l’enseigne avec la même motivation que si je me trouvais dans le couloir de la mort.

La patronne nous accueille avec un enthousiasme trop exagéré pour être sincère et nous dirige vers une table avant de se ruer en cuisine pour hurler des instructions à ses elfes de maison. La nappe se dresse toute seule avant même que nous nous soyons installés, une énorme gerbe de fleurs jaillit dans un vase tandis que la vaisselle de porcelaine se dispose soigneusement devant nous. J’ai la nausée. Ça fait déjà une demi-journée qu’ils sont là et je le ressens comme si plusieurs siècles s’étaient écoulés… Mon regard balaie le reste de la salle, à la recherche d’une issue de secours, d’une trappe dissimulée dans le sol qui m’offrirait la possibilité de partir le plus loin possible, de changer de pays avec un peu de chance. Mais à la place, il tombe plutôt sur une figure familière… Celle de Selene Paulet, en train de déguster une glace à quelques tables de nous. J’aurais nettement préféré qu’elle ne se trouve pas dans les parages… mais j’interprète sa présence comme un signe du destin, et je me lève aussitôt. « Je reviens, je vais juste voir quelqu’un. » déclaré-je d’un ton sans appel. Ils ont proposé à Armitage de nous rejoindre de toute façon… ça lui laissera le temps d’arriver, et moi de trouver un moment pour souffler. Mais avant que je n’ai eu le temps de les planter là, mes parents semblent l’avoir repérée eux aussi. « C’est une bonne amie à toi ? » demande ma mère, les yeux brillants, dévisageant Selene sans retenue. Je glisse un oeil dans sa direction… elle a l’air heureusement trop occupée pour nous avoir remarqués. « Quelque chose comme ça ouais. » me contenté-je de répondre sobrement, avant de les voir échanger un regard lourd de sous-entendus. Oh non… Je sais exactement ce qui est en train de se passer dans leurs esprits détraqués.

L’air bonhomme, mon père propose, indiquant une place libre à notre table. « Tu n’as qu’à l’inviter à la rejoindre et nous la présenter ! » J’ouvre la bouche, la referme, l’ouvre à nouveau. Ils sont sérieux ? Comment ils s’imaginent qu’elle va se sentir, prise au piège à table avec le ministre, le directeur et l’ancienne directrice ? Aylmer a déjà réussi à ruiner mes chances avec elle, on dirait que l’univers tout entier s’est ligué contre nous. Je rétorque aussitôt : « Même pas en rêve, vous êtes malades. » Et tandis que je m’apprête à larguer les amarres, mon instinct m’avise de mettre certaines choses au clair. « Et arrêtez de vous faire des films, je sais ce que vous pensez. » ajouté-je, l’index levé, avant de tourner les talons. Je m’immobilise à nouveau, me retournant une dernière fois dans leur direction pour leur donner un dernier avertissement : « Et interdiction de nous fixer, vous allez la mettre mal à l’aise ! ». Malheureusement, je ne les connais que trop bien, c’est un voeu pieu en ce qui les concerne. Je grimace et me faufile jusqu’à la table isolée de ma camarade, sur laquelle un petit paquet est déposé. Je me demande ce qu’elle peut bien faire ici toute seule… Pour l’instant, j’envie surtout sa tranquillité. Je m’assure une dernière fois que mes parents ne fassent pas peser sur elle le poids de leurs regards indiscrets, et m’adresse à elle : « Salut Selene, je peux squatter avec toi cinq minutes ? »

@Selene O. Paulet

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Avec un petit soupir d'aise, Selene se laissa tomber sur le fauteuil rembourré dont les motifs floraux n'étaient rien de plus qu'une touche supplémentaire au sein de la décoration surannée du Salon de Thé de Madame Pieddodu. La nappe à franges lui chatouillait les genoux, caresse agréable et apaisante qu'elle ne repoussa pas. C'était la première fois qu'elle mettait les pieds ici — ce qui n'avait rien de très étonnant quand on regardait la clientèle composée en majorité de couples qui se regardaient amoureusement par-dessus leurs tasses de thé — et son regard ne savait plus où se poser, quoi regarder, quoi admirer. Une dame au sourire enjoué vint prendre sa commande — une coupe de glace qui sentait bon le printemps : framboise, citron et fruit de la passion — et déposa une carafe d'eau à côté du petit paquet soigneusement emballé que les doigts de Selene ne lâchaient pas. « Est-ce qu'on attend quelqu'un, ma jolie ? » « Ah, euh, non, je suis toute seule. » Les joues roses, elle regarda la dame s'éloigner sur un « Quel dommage ! » sans savoir si elle se sentait aussi gênée à l'idée qu'on l'imagine dans l'attente d'un rendez-vous galant ou parce que, au contraire, elle était l'une des rares personnes seule à sa table.

Ce n'était pas vraiment une journée propice à la mélancolie : le soleil brillait haut et fort dans un ciel dégagé, les fleurs commençaient à dévoiler leurs pétales colorés et l'effervescence du match de Quidditch à venir semblait même avoir gagné le petit village de Pré-au-Lard. Ce n'était qu'une supposition mais Selene ne voyait pas vraiment pour quelle autre raison les seraient si agités. Toutes les boutiques où elle était allée et toutes les personnes qu'elle avait croisées étaient pris d'une excitation qui contrastait vivement avec le calme qui régnait les fois d'avant. Elle aussi, avait hâte. Contrairement à la dernière fois, elle pourrait supporter Jin depuis les gradins et avait même acheté un petit présent pour célébrer son dernier match, raison de sa présence ici ce matin. Ses devoirs de la semaine étaient terminés, ses dernières notes lui avaient offert une lueur d'espoir qui rendait l'avenir un peu plus heureux, la faisait se sentir un peu plus légère.

Sa coupe glacée arriva, mettant un terme à sa contemplation pensive des lieux qu'elle découvrait pour la première fois. En plus du cadeau pour le Serpentard, elle avait trouvé un roman au titre prometteur qu'elle mourrait d'envie de commencer à lire. Si la solitude était le plus souvent propice à des pensées lourdes de peines et de doutes, aujourd'hui faisait exception. Elle ne ressassait rien, profitant simplement de l'instant présent, de la fraîcheur des sorbets et de la belle journée qui se profilait. Complètement absorbée par son livre — l'impératrice venait de découvrir la tromperie de l'empereur — Selene ne remarqua même pas le changement étouffant d'atmosphère qui se produisit dès qu'un couple, accompagné de leur fils et de trois hommes à la mine sérieuse, pénétra dans les lieux. Si elle avait seulement levé les yeux de sa lecture, elle aurait reconnu sans peine Kenneth et en aurait déduit que l'homme et la femme à ses côtés étaient ses parents, donc le Premier Ministre en personne, mais elle était bien trop occupée à dévorer les pages en même temps que la glace framboise pour le remarquer.

En fait, elle ne releva la tête que lorsqu'une fois familière l'interpella. « Salut Selene, je peux squatter avec toi cinq minutes ? » Ses yeux clairs croisèrent ceux du Poufsouffle qui ne dégageait pas la même assurance, la même nonchalance, dont elle avait l'habitude. « Bah oui, bien sûr », acquiesça-t-elle avec un sourire, refermant son roman et le repoussant sur le côté de la table. « T'es super bien habillé, t'as un rendez-vous ici ? » Il portait une cravate et un costume sans le moindre pli, ce qui contrastait, là aussi, avec ce à quoi elle était habituée. « 'fin, je veux pas dire que t'es mal habillé, d'habitude ! C'est juste… la cravate… » s'emmêla-t-elle, les joues rouges par la gaffe qu'elle était peut-être en train de commettre.

Selene ft @Kenneth D. Appleton

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Échapper à l'autorité parentale

Dommage pour ma pomme, la seule journée que j’aurais le droit de passer à Pré-au-Lard muni d’une autorisation me condamne à un tête à tête avec mes parents… A choisir, j’aurais préféré rester végéter dans mon dortoir. Si mes géniteurs ont l'air particulièrement ravis d'être là et d'amuser la galerie tout en dégustant un hydromel à la groseille en apéritif, je préfère ne pas participer aux festivités... Ils ont la mémoire courte : il y a trois ans, tout le monde crachait sur ma mère et de ses méthodes d'éducation, tout le monde médisait sur mon père et sa politique jugée trop laxiste. Ces mêmes personnes qui les ont joyeusement salués dans les ruelles de Pré-au-Lard sont les mêmes que ceux qui témoignaient au Magenmagot pour provoquer leur chute. Et s'ils pardonnent à tous ces gens de s'être détournés d'eux, moi, je n'ai pas envie de me prêter à ce petit jeu malsain. Ils n'auraient pas du se repointer ici. Ma vie scolaire loin d'eux m'offre une bouffée d'air alors que la vie politique m'étouffe, aussi je sais d'avance que la journée sera longue. C'est pourquoi la table de Selene, un peu à l'écart, paraît être le refuge idéal... Comme à son habitude, elle semble s'être construit un cocon, une petite bulle d'intimité que je menace pourtant d'éclater en m'en approchant de trop près... Je l'interpelle, et avec son assentiment, je m'installe en face d'elle. Ses traits sont plus sereins, comme si son visage avait définitivement chassé cet air triste qui s'y était logé au retour des vacances... J'ignore à quoi c'est dû, mais je préfère la voir comme ça. Elle se fend d'un commentaire poli à propos de ma tenue, et je grimace en baissant les yeux en direction de mon col de chemise, fermé par cette horrible cravate : « Tu parles, j’ai l’impression d’être sapé pour aller animer un spectacle de magie. » D'ordinaire, celle de l'uniforme est à peine nouée, se contentant de faire acte de présence autour de mon cou... je déteste cet air formel qu'elle me donne. Dans mon dos, je sens déjà le regard de mes parents peser sur nous ; je ne peux pas les entendre d'ici, mais je suis presque certains qu'ils sont déjà en pleine spéculation à propos des liens que j'entretiens avec ma camarade...

Espérant que leur présence ne viendra pas tout gâcher, je décide de m'attarder un peu. De toute façon, il reste bien trois heures avant que le coup d'envoi ne soit sifflé, je peux bien prendre mon temps sans avoir à subir l'interrogatoire habituel de ma mère sur mes heures de coucher ou sur la composition de mes déjeuners... Avec un bref coup d’œil dans leur direction, je réponds à ma charmante interlocutrice : « On mange là avec mes parents, ils viennent voir le match cet aprem. J’espère qu’on va pas trop te gêner. » Je m’interromps pour voir surgir à travers la fenêtre une envolée de petits rouleaux parchemins cachetés venir se déposer tout près de mon père, s’empilant avec discipline. J’imagine que ça vient du ministère. Je soupire longuement : « C’est pas des as de la discrétion. » C’est un euphémisme… avec les deux grands gaillards positionnés à l’entrée du bâtiments et les experts positionnés sur le haut du toit de chaume, prêts à dégainer leur baguette, autant dire qu’il est difficile de se fondre dans le paysage. Super... Maintenant Selene va croire que je me suis pointé à sa table pour me la raconter, alors que je meurs d'envie de m'enterrer des lieues sous terre. Depuis ce fameux cours de sortilèges, il est devenu plus ardu de provoquer des moments avec elle, alors que j'avais marqué des points après la rentrée. Aussi, je préfère la mettre à son aise : « Mais si tu préfères lire tranquille, t’as qu’à me dire ! ». En fait, j'espère qu'elle ne me le dira pas et qu'elle m'invitera à rester, sinon je suis bon pour essayer de me faufiler à travers la lucarne des toilettes pour échapper à ce déjeuner. Mes yeux se posent sur sa coupe de glace, sur le roman déposé à côté d'elle, le petit paquet emballé sur la table, et je finis par lui demander : « T’es toute seule ? ». "De toute évidence oui, sombre idiot", pourrait-elle bien me répondre, à moins qu'elle ne révèle la présence d'amis à elle planqués sous une cape d'invisibilité, ce qui m'étonnerait quelque peu. Disons que c'est histoire de faire un peu la conversation... Je suis plus ravi de la voir que je ne l'ai jamais encore été, mais je crains qu'à tout instant mes parents atomisent en seulement quelques mots tout ce que je me suis donné du mal à construire avec elle.

@Selene O. Paulet

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Kenneth n'avait pas l'air d'être pleinement lui-même ; était-ce cette chemise boutonnée jusqu'au sommet, ou bien cette cravate nouée bien serrée, à moins que ça ne soit ce quelque chose qui alourdissait la commissure de ses lèvres, d'ordinaire si désinvolte et prompt à se muer en sourire. « Tu parles, j’ai l’impression d’être sapé pour aller animer un spectacle de magie. » Au moins, il confirmait ce qu'elle pensait et ne lui tint pas rigueur de ce commentaire qu'un autre aurait pû mal interpréter — non pas que ce soit dans ses habitudes, le Poufsouffle n'était pas du genre à lui en vouloir de quoi que ce soit, ni de se formaliser de ce qu'on pouvait bien lui raconter. « Pourquoi tu la desserre pas, comme d'habitude ? » fit-elle en mimant le geste au niveau de l'emplacement du nœud coulant. « Je suis sûre que ton rendez-vous t'en voudra pas », ajouta-t-elle avec un sourire joyeux. Parce qu'elle ne voyait toujours pas d'autres raisons qui pouvaient pousser son camarade à se tenir au cœur du salon de thé préféré des amoureux ainsi vêtu si ce n'était pour un tête-à-tête galant. Le quiproquo ne dura pas vraiment puisqu'il la détrompa d'un : « On mange là avec mes parents, ils viennent voir le match cet aprem. J’espère qu’on va pas trop te gêner. » Un « Oooh ! » qui se sentait un peu idiot s'échappa le premier, rapidement suivi d'un sourire qui ne comptait pas se laisser déstabiliser si facilement. « Ben non, pourquoi ça me gênerait ? » « C’est pas des as de la discrétion. » Le regard de Selene se lança à la poursuite du long soupir que Kenneth exhala en direction d'une autre table à laquelle un couple était attablé. Face à l'homme, de nombreux papiers étaient en train de s'empiler qu'il considéra d'un rapide coup d'oeil, tandis que l'attention de sa femme était toute entière dirigée vers les deux adolescents. Polie, Selene lui adressa un sourire et un petit signe de la main avant de reporter son attention sur le Poufsouffle qui donnait l'impression de vouloir être partout, sauf ici. « T'as pas l'air… » Les mots moururent entre ses lèvres qui venaient de prendre la mesure de qui se trouvait attablé non loin de là. À ses yeux, Kenneth était… Kenneth, un camarade de classe qui faisait tourner toutes les têtes, au sourire charmeur et aux blagues nonchalantes, mais elle pensait rarement à son nom de famille et ce que ça impliquait, sauf quand ils parlaient directement, comme lors de leur dîner dans la Grande-Salle où il s'était un peu confié sur ses parents. L'ancienne directrice et le premier ministre, hein ? Et elle venait de lui faire coucou de la main ? Ses joues virèrent à l'écarlate. « Attends, tes parents ? » chuchota-t-elle en se penchant vers lui, juste pour être sûre qu'on ne l'entende pas. Et si elle faisait une gaffe ? Son propre père ne laisserait jamais passer un tel affront. « J'imaginais pas qu'ils viendraient dans un salon de thé comme ça. Et… ça va ? » demanda-t-elle en essayant de croiser son regard qui ne cessait de divaguer du côté de la table paternelle, se souvenant des quelques mots dont il avait enrobé leur relation et qui ne ressemblait pas exactement à celle d'une famille parfaitement unie ou soudée. Enfin, peut-être qu'elle se trompait et qu'il n'était là que pour la saluer.

« Mais si tu préfères lire tranquille, t’as qu’à me dire ! » Aussitôt, Selene secoua la tête, refermant définitivement son roman et le repoussant vers le bord de la petite table ronde. « Non non, c'est bon. Promis. » Ça lui allait tout aussi bien de manger sa glace en compagnie du Poufsouffle et puis, elle avait l'impression qu'il en avait besoin, un peu comme un service qu'il ne demanderait jamais à voix haute. Peut-être bien qu'elle se trompait sur toute la ligne, mais ce serait une erreur sans gravité qui ne causerait qu'un tête-à-tête léger entre les deux adolescents, ce qui ne faisait pas de mal après la gêne qui avait explosé en sortilèges. « T’es toute seule ? » « Oui, je suis venue faire du shopping, et je voulais manger une glace avant de rentrer », fit-elle en tapotant doucement sur le cadeau soigneusement emballé. « Pas trop stressé par le match de tout à l'heure ? » Elle accompagna sa question d'une cuillerée de glace, avant de se dire que ça n'était quand même pas franchement poli de manger devant quelqu'un qui n'avait rien de son côté. « Tu veux manger un truc ? » Probablement que c'était pour cela que ses parents ne les lâchaient pas du regard, parce qu'ils attendaient leur fils pour commander.

Selene ft @Kenneth D. Appleton

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Échapper à l'autorité parentale

À l'horizon, dans ce petit salon guindé au mobilier baroque, cerné par des rideaux de taffetas et des nappes de tulle, Selene s'illumine comme un phare dans la mer, guidant mes pas vers elle. Je m'installe à sa table, en me demandant si quelqu'un a l'intention de la rejoindre... j'aurais préféré la retrouver dans d'autres circonstances - sur un divan après une soirée, par exemple -, mais au vu de la tempête parentale que je dois affronter aujourd'hui, je ne vais pas faire la fine bouche. Elle me suggère de desserrer le noeud de ma cravate, et j'hésite un peu à porter les mains à mon col pour m'exécuter... « Je vais encore me faire remonter les bretelles. » soupiré-je, laissant mon menton reposer dans ma main. Mais ce soir, dès qu'ils auront pris le large, je vais m'empresser de virer ce veston, me défaire de ces atours grotesques et remettre un peu de désordre dans mes cheveux. « Mon rendez-vous… ah ! Euh, non, c’est pas ce genre de déjeuner là. » bredouillé-je maladroitement en me massant la nuque, désireux de désamorcer cet embarrassant malentendu. Putain, si elle savait... Devoir supporter mes parents, leurs encouragements mielleux et leurs recommandations à deux balles pendant tout une matinée, c'est pas franchement le rencard rêvé, si ce n'est avec le diable. Je n'ose même pas regarder dans leur direction, j'ai déjà honte d'eux !

Plus j'y pense, plus je me dis que les approcher de Selene à moins d'une lieue était une de mes pires idées. Puis j'entends le déclic d'un appareil photo, et je lève les yeux au ciel en réalisant que mon père prend la pose à table pour une journaliste qui se trouvait juste à côté. « Leur truc c’est se faire remarquer où qu’ils aillent. C’est un vrai sketch. » ajouté-je en grimaçant. Et tout d'un coup, elle semble réaliser : ses yeux s'écarquillent, et je crains qu'elle ne prétexte une excuse ridicule pour me fausser compagnie... Si elle semble s'étonner du lieu qu'ils ont choisi pour s'y établir, je hausse les épaules. « C’est toujours mieux qu’aux Trois-Balais où je connais plein de monde. » J'ose à peine imaginer la scène : le barman nous ouvrant avant d'aller vérifier en courant que sa licence de distribution d'alcool est bien en règle, les professeurs échangeant des messes basses sur le passage de ma mère, et la plupart de mes camarades de classe agglutinés près du poêle chuchotant en nous observant. Je suis même certain que la connasse qui anime son podcast odieux en aurait profité pour se payer ma tronche... « Là au moins, on est un peu tranquilles. » conclus-je en balayant le reste de la pièce du regard. À part quelques tables occupées, nous sommes à l'abri des regards et des médisances...

Je ne sais toujours pas si la présence de Selene dans les parages est une bénédiction ou un sérieux problème. Après tout, je commence tout juste à retourner dans ses bonnes grâces, le moment n'est pas venu de me faire mal voir auprès d'elle à cause d'une bévue de mes parents... Heureusement, la mine réjouie qu'elle affiche semble présager qu'elle ne me tient pas rigueur de mon intrusion à sa table. Je la questionne sur la raison de sa présence au village, elle me répond qu'elle faisait les magasins. Le bon point, c'est qu'elle n'attend personne... « C’est cool, tu voulais acheter quoi ? ». J’ai bon espoir qu’elle réponde "de la lingerie" afin que la vision que cela m’inspire alimente mes fantasmes pour les prochaines semaines, mais je sens déjà que je vais être déçu. Elle me questionne sur mon état avant-match, ce qui fait naître une moue sur mes lèvres. « J’sais pas trop. D’habitude, je m’en tape un peu, mais là ils sont en train d’en faire des tonnes, ça me fout la pression. » réponds-je en me massant les poignets, trépignant un peu sur ma chaise. Au fond, je sais qu'ils s'imaginent bien faire... et c'est ce qui m'énerve encore plus ; je n'ai pas besoin de leur bienveillante dégoulinante et de leurs attentions ridicules, simplement qu'ils me fichent la paix. "Tu comptes y aller, toi ?" D'un côté, je trouverais plutôt cool de savoir qu'elle est dans les tribunes pour nous encourager... de l'autre, je crois que cet après-midi, je préfèrerais que les gradins soient vides. J'aurais préféré pouvoir fanfaronner auprès d'elle lors des matchs précédents, d'ordinaire je n'ai aucun mal à bomber le torse devant les midinettes qui attendent devant les vestiaires... Là, je ne sais pas trop.

Elle finit par me demander si je souhaite manger... je m'apprêtais à refuser, conscient que ma place vacante à la table familiale n'a pas vocation à le rester. « Y a le dirlo qui doit nous rejoindre, j’sais pas si… » commencé-je, avant de me raviser. Au final, qu'est-ce que j'en ai à faire, de toute cette mise en scène ? Je suis à table avec la fille que je convoite depuis ma première année, je ne vois pas pourquoi je devrais commencer à jouer les fils modèles aujourd'hui. « En fait tu sais quoi ? J’peux bien sécher l’entrée, j’vais prendre une glace aussi. » Avec satisfaction, je fais signe à la serveuse de venir prendre ma commande, décidé à finalement prolonger cette parenthèse. Je sais d’avance que ça me vaudra les reproches de ma génitrice, qui veille toujours à m’empêcher de grignoter à tout-va avant les repas, mais Poudlard, c’est mon territoire maintenant, plus le sien. Et j’ai bien l’intention de lui rappeler que depuis trois ans, ce n’est plus son autorité qui prime…

@Selene O. Paulet

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Kenneth n'était pas tout à fait lui-même, dans ce costume tiré à quatre épingles ; un peu comme s'il se forçait à jouer un rôle trop étroit pour lui. La cravate parfaitement serrée, la chemise repassée et boutonnée, les cheveux coiffés vers l'arrière… C'était le même Poufsouffle qu'elle était habituée à côtoyer ; quelqu'un qu'on essayait de faire passer pour très différent en même temps. Au fond d'elle, elle espérait que ça n'était pas pour un rendez-vous amoureux qu'il s'était ainsi apprêté car il semblait plus gêné qu'heureux or, idéaliste comme elle l'était, malgré les désillusions vécues, Selene espérait qu'il n'aurait pas à se travestir à ce point pour plaire à quelqu'un. « Je vais encore me faire remonter les bretelles. » Il soupira et abandonna l'idée de se mettre un peu plus à l'aise. « Mon rendez-vous… ah ! Euh, non, c’est pas ce genre de déjeuner là. » En quelques mots, il expliqua que ses parents étaient là pour assister au match de cet après-midi, repoussant l'image d'un rendez-vous galant aux oubliettes, allumant une douce lueur compréhensive dans les yeux clairs de l'adolescente. « Ah, je vois… C'est eux qui voulaient que tu t'habilles comme ça ? Pas cool. » D'un côté, c'était presque rassurant de voir que même quelqu'un d'aussi insouciant que Kenneth Appleton devait, parfois, se plier lui aussi aux règles édictées par la toute puissance paternelle. De l'autre, Selene n'était pas du genre à se réjouir du malheur de ses pairs, surtout pas quand elle les aimait bien.

Des pensées innocentes qui laissèrent brusquement la place à son seul nom de famille, imprimé en lettres capitales dans son esprit à des lieues de faire le rapprochement. Appleton, comme dans Monsieur le Premier Ministre et Appleton, comme dans Madame l'ancienne Directrice. Selene manqua de s'étouffer avec sa glace saveur framboise quand elle additionna un plus un. « Leur truc c’est se faire remarquer où qu’ils aillent. C’est un vrai sketch. » À l'autre table, Richard Appleton se faisait prendre en photo sous l'oeil de sa femme. Sa femme, qu'elle avait salué l'air de rien, d'un simple geste de la main, la honte. À défaut de pouvoir disparaître sous terre, elle s'écrasa un peu plus dans son fauteuil et baissa d'un ton pour être certaine que seul Kenneth l'entende et lui demander si ça allait. Ce n'était pas bien compliqué tant ses parents causaient du remue-ménage, mais on n'était jamais trop prudent. « C’est toujours mieux qu’aux Trois-Balais où je connais plein de monde. Là au moins, on est un peu tranquilles. » Tout était relatif, mais sûrement que quand le quotidien se déroulait sous les flash des appareils photos et le monde qui voulait venir vous serrer la main, l'ambiance actuelle ressemblait effectivement à de la tranquillité. « C'est toujours comme ça ? Ça t'embête pas trop ? » demanda-t-elle avec une petite moue désolée pour lui. Il n'avait pas l'air de passer un bon moment, elle le plaignait sincèrement.

Est-ce que c'était la raison pour laquelle il s'était faufilé jusqu'à sa table ? Pour échapper, le temps d'un instant, au fourmillement incessant qui entourait ses parents ? Quitte à ce qu'il veuille se changer les esprits, Selene comptait bien y mettre du sien, laissant la conversation dériver naturellement vers ses emplettes à Pré-au-Lard. « C’est cool, tu voulais acheter quoi ? » « Un cadeau pour Jin, c'est son dernier match cet après-midi, alors… » fit-elle en désignant le petit paquet emballé. « Puis j'ai trouvé un livre, rien de très palpitant. » Ça changeait de sa dernière sortie avec Teddy, où elles avaient passé toute leur après-midi à essayer des vêtements à ne plus savoir qu'en faire, mais ça faisait quand même du bien. En parlant du match de Quidditch, Kenneth jouait, lui aussi, et en parler agita ses traits d'une moue impatience. « J’sais pas trop. D’habitude, je m’en tape un peu, mais là ils sont en train d’en faire des tonnes, ça me fout la pression. » Selene eut le malheur de glisser un autre regard en direction des parents de Kenneth pour constater que ce n'était plus seulement la mère de ce dernier qui l'observait, mais son père également. Les joues rouges, elle reporta toute son attention sur le Poufsouffle, essayant d'ignorer cette impression d'être surveillée. « Je peux comprendre… » Ça faisait seulement deux minutes qu'elle avait conscience de leur présence et elle se sentait déjà étouffée. « Tu comptes y aller, toi ? » « Oui, je peux pas manquer ça. » Elle l'avait promis à Jin, après tout.

Puisqu'ils étaient là tous les deux, Selene évoqua l'idée qu'il prenne quelque chose à manger, avant de se faire silencieusement la réflexion que ses parents l'attendaient peut-être pour ça. « Y a le dirlo qui doit nous rejoindre, j’sais pas si… » Il allait manger avec monsieur Armitage ? C'était vraiment un autre monde. « En fait tu sais quoi ? J’peux bien sécher l’entrée, j’vais prendre une glace aussi. » Un grand sourire dansa sur les lèvres de l'adolescente alors qu'il faisait signe à la serveuse de venir à leur table. « La framboise est super bonne, si tu veux goûter », proposa-t-elle en poussant sa coupe vers lui, cuillère tendue du bout des doigts. La femme qui l'avait servie quelques minutes plus tôt arriva et se fendit d'un clin d'oeil exagérée en direction de Selene, teintant ses joues d'un rouge cramoisi, avant de prendre la commande du Poufsouffle en insistant lourdement sur le fait qu'ils étaient adorables ensemble, puis elle s'éloigna en sifflotant. « Qu'est-ce que t'as pris ? » demanda-t-elle une fois la serveuse partie, se rendant compte qu'elle n'avait rien écouté des dernières secondes tellement elle était occupée à ne pas se laisser envahir par le rouge qui lui montait aux joues.

Selene ft @Kenneth D. Appleton

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Échapper à l'autorité parentale

La situation est quelque peu surréaliste : je suis tout de même en train de partager la même table que Selene Paulet, que j'ai longtemps courtisée sans succès, à tout juste quelques mètres de mes parents qui nous épient comme des vautours... J'ignore si le "moi" d'il y a trois ans m'envierait, ou s'il m'assènerait une petite tape compatissante sur l'épaule en guise de soutien dans cette épreuve. Heureusement, ma camarade d'infortune se montre aussi gentille qu'elle l'était lors de notre premier déjeuner - ou rencard, oserais-je dire - et parvient à faire fi des regards indiscrets que lui jettent mes parents en coin. J'ignore si elle les a remarqués ou non, ou si elle possède suffisamment de sang-froid pour parvenir à s'en désintéresser, mais moi, ils commencent à me taper sur le système. Avec une certaine impatience, je lui réponds : « Ouais, ils sont assez à cheval sur le protocole. Mais ça va, c’est qu’une journée… J’espère qu’en partant ils m’offriront une chaussette pour que je retrouve ma liberté. » Plus que quelques heures à tenir... j'espère seulement que notre équipe parviendra à remporter le match pour ne pas avoir à les entendre me déblatérer de grands discours sur la force intérieure conférée par la défaite, et tout ce bla-bla sempiternel. Ça m'énerve, je me fichais bien de perdre jusqu'à ce qu'ils arrivent, et à cause d'eux je suis en train de vriller complet ! Les sourcils froncés, je me tourne vers eux pour leur adresser un regard réprobateur, espérant qu'ils arriveront à traduire ma pensée. Est-ce que ça ne "m'embête pas trop" ? Je me suis tellement habitué à leurs simagrées que j'ai oublié qu'un jour, on a vraiment été proches, tous les trois. « Si. » lancé-je sobrement, pour toute réponse. Je n'ai pas envie de me lancer là-dessus ni d'imposer ça à Selene, c'est le genre de discussion qui plombe l'ambiance à table.

Pour détendre un peu l'atmosphère et partir sur un sujet plus joyeux, je l'interroge sur ce petit paquet, qui traîne sur sa table. Apparemment, c'est pour Jin, le capitaine de l'équipe de Serpentard... J'y pense maintenant, c'est vrai qu'ils sont assis ensemble quelques fois en cours. Pourtant, ce type ne m'inspire rien, il est hautain par nature et mutique comme une carpe ! Je me retiens néanmoins de laisser échapper le moindre commentaire à son sujet, puisqu'il semblerait qu'ils soient amis. « Ah ouais, je devrais peut-être pas venir déjeuner avec toi si tu fraternises avec l’ennemi. » lâché-je avec un petit mouvement de recul, mimant l’offuscation. Je ne peux pas m'empêcher de rajouter un petit commentaire : « J’espère qu’entre deux encouragements pour Serpentard, tu soutiendras quand même Poufsouffle discrètement. » J'ai encore en tête le chant des Serdaigles entonné dans les tribunes, qui avait manifestement pour ambition de nous descendre les uns après les autres. Et je ne peux m'empêcher de me demander si elle aussi, elle y a participé... En fait, je crois que je préfère ne pas le savoir, de crainte d'être déçu. Je ne sais pas ce qui m'a pris d'accepter ce poste en début d'année, il est certain qu'on ne m'y reprendra pas.

Quand elle tente de me convaincre que la framboise est bonne, ma langue me chatouille, et je parviens de peu à me retenir de lui répliquer que j'espère "qu'elle l'est au moins autant qu'elle". On ne refait pas, hein. « Vas-y ! » lui lancé-je avant d'ouvrir la bouche pour y accueillir la cuillère de glace qu'elle me tend, avant de subitement me rendre compte que... c'est un peu intime, comme geste. Et quand mon palais accueille l'extrémité froide et métallique de l'ustensile, laissant le parfum de framboise ravir mes papilles, je ressens une certaine chaleur gagner mes joues. Alors quand elle me demande de quoi j'ai envie, je suis pris de court : « Euh... pareil que toi. » C'est tout ce que je réponds à la serveuse, avant de m'excuser d'un geste : « Attends une seconde, je reviens. » l'avertis-je, avant de me lever et de marcher d'un pas furieux en direction de la table de mes parents. Armitage n'est pas encore là, mais s'ils croient que je suis sourd au point d'être hermétique à leurs petits commentaires lourdingues, ils se mettent le doigt dans l’œil. Arrivé au niveau de mon père, je croise les bras et leur assène à mi-voix : « Eh, on vous entend d’ici, baissez d’un ton ou je m’émancipe. » Malgré leurs regards scandalisés, je leur fais bien comprendre, d'un signe, que je les surveille... Et je me détourne aussitôt, espérant que le message est passé. De retour à la table de Selene, je lui adresse un large sourire, destiné à camoufler ma petite intervention à la table parentale : « Voilà, désolé. ». Bordel, j'espère qu'ils ne la mettent pas mal à l'aise... Aylmer a déjà failli ruiner mon coup, et avec mes vieux qui l'examinent comme une créature fantastique d'une nouvelle espèce, je commence à me dire que ce sera un miracle si elle me parle encore à la fin de l'année. Décidant de ne pas m'attarder sur eux, je baisse les yeux vers la couverture de sa nouvelle lecture : « C’est quoi, ton livre ? » lui demandé-je, avec un réel intérêt. Disons que je ne suis pas un grand fan de littérature... Mais après en avoir un peu discuté avec Nikita, je me demande bien ce qui peut tant les intéresser dans ces pavés volumineux aux tournures de phrases alambiquées.

@Selene O. Paulet

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( follow the low tide )

Pas besoin d'être premier de la classe pour se rendre compte que la présence de ses parents rendait Kenneth inconfortable. Selene le connaissait assuré, taquin et toujours enjoué — c'était, en tout cas, ce qu'elle avait constaté — et ça la peinait franchement de contempler cette ombre qui voilait ses yeux bruns, d'ordinaire si solaires. « J’espère qu’en partant ils m’offriront une chaussette pour que je retrouve ma liberté. » Elle étouffa un rire dans le creux de sa main, pendant que le Poufsouffle jetait un regard agacé en direction de ses parents, dont les voix portaient sans difficulté jusqu'à leur petite table. Bien évidemment, avec ses souvenirs noyés, elle ne pouvait pas prétendre bien connaître son camarade, surtout qu'ils ne passaient pas tant de temps ensemble, mais elle était un peu attristée de constater qu'elle ne savait vraiment pas grand chose de lui, en dehors du rôle qu'il prenait à Poudlard. Une chose était certaine : il n'appréciait guère la présence de ses parents et s'il y avait bien une chose qui pouvait réveiller l'empathie de Selene, c'était des conflits parentaux. Alors quand il assena une confirmation amère, elle se contenta d'un « Je comprends. » souligné d'un sourire navré. Que dire de plus, surtout quand les coupables de ces maux adolescents se trouvaient si proches ?

Au moins, ils laissaient leur fils s'évader, même si ce n'était que pour quelques minutes. Et, une fois qu'ils s'éloignèrent de la lourdeur associée à leurs noms, les traits de Kenneth s'illuminèrent, retrouvant un peu de leur superbe habituelle alors qu'il s'interroge sur le petit paquet posé entre eux. Elle n'avait rien à cacher et lui expliqua de quoi il retournait, avant de se rendre compte que ça n'était probablement pas très délicat de sa part : il jouait également, cet après-midi, contre Jin qui plus est, et c'était son dernier match à lui aussi. « Ah ouais, je devrais peut-être pas venir déjeuner avec toi si tu fraternises avec l’ennemi. » « Nooon, désolée », lâcha-t-elle, ses joues parées d'un rose embêté. « J’espère qu’entre deux encouragements pour Serpentard, tu soutiendras quand même Poufsouffle discrètement. » Le rose s'accentua alors qu'elle cherchait comment se sortir de ce faux pas. « J'ai donné ma parole à Jin que je ne soutenais que lui », avoua-t-elle timidement. « Mais je t'offre ta glace, pour me faire pardonner ! Et au prochain match, si c'est pas contre Serpentard, je t'encouragerai toi. Ça va, ça fait pas de moi l'ennemi aussi ? » Il plaisantait sûrement, de toute façon, mais c'était sa manière à elle d'être de son côté, sans trahir cette promesse à laquelle elle tenait étrangement.

Kenneth accepta gracieusement son offre de paix et Selene lui conseilla la framboise, la longue cuillère tendue vers lui pour lui faire goûter. Un sourire curieux de voir s'il allait aimer le sorbet accompagna ses yeux clairs qui le fixaient, aux premières loges pour contempler ses joues se colorer. Qu'est-ce qu'il avait ? À cet instant seulement, les gloussements adolescents de la table de derrière lui firent poser un regard un brin différent sur leur tableau, elle penchée vers lui malgré la table qui les séparait, la cuillère qu'elle tenait du bout des doigts glissée entre les lèvres du jeune homme pour partager un peu de sa glace… Ça ressemblait à s'y méprendre à ce couple qui se lançait des regards amoureux depuis qu'elle était arrivée. Selene laissa retomber l'ustensile comme si elle s'était brûlée, quand bien même il n'y avait que ses joues qui étaient enflammées, alors que la serveuse s'approchait, visiblement en proie aux mêmes idées. « Euh... pareil que toi. Attends une seconde, je reviens. » Et le voilà parti, d'un pas rapide et décidé, laissant à Selene le soin de passer commande pour la deuxième fois, plus balbutiante que la première.

Intriguée, elle chercha Kenneth du regard et le trouva sans mal à la table de ses parents qu'il délaissa quelques secondes plus tard. Dès qu'il eut le dos tourné, l'attention d'Evelyn Appleton se porta immédiatement sur Selene, laquelle se questionnait sur ce qui était en train de se passer. « Voilà, désolé. » « T'inquiète, c'est rien. » Non, il n'y était pour rien si elle avait la franche impression qu'on ne la quittait pas du regard. « Est-ce que… » Elle hésita, le regard sombre de son père lorsqu'il était mécontent planant au-dessus d'elle. « Est-ce qu'ils veulent pas que tu restes avec moi ? Je le prendrais pas mal si tu retournes avec eux, si t'as pas le droit j'veux pas que ça t'attire des ennuis. » Parce qu'elle ne savait que trop bien, ce que cela faisait de contrarier des parents autoritaires. Ce qu'elle ne savait pas, c'est qu'elle se trompait sur toute la ligne. « C’est quoi, ton livre ? » Ah, il fallait qu'il s'intéresse à son roman, qu'est-ce qui lui avait pris d'en parler ? Les pommettes plus écarlate que jamais, Selene le fit glisser sous le petit paquet, comme si le soustraire au regard du Poufsouffle pouvait lui faire oublier qu'il existait. « C'est rien de très, 'fin c'est pas un grand classique ou je sais pas, c'est juste une, euh, histoire d'amour et de vengeance », récita-t-elle en caressant la citation qui disait exactement ça du bout du doigt, le visage pas moins cramoisi pour autant. La honte.

Véritable bénédiction, la serveuse revint avec la commande de Kenneth, distraction bienvenue pour ne pas parler plus longtemps de ce livre à l'eau de rose. « Et voici ta glace », fit-elle en déposant la coupe colorée devant le Poufsouffle. « ainsi que le milkshake à la vanille et deux pailles », ajouta-t-elle avec un sourire bien trop fier pour ne pas être noté. « Bonne dégustation, les tourtereaux. » Et elle s'éloigna, ravie, laissant derrière elle un grand verre posé au centre de la table et une Selene qui allait finir par concurrencer les plus belles tomates. « Je sais pas pourquoi elle a amené ça, j'ai commandé juste ta glace. » Mais l'explication était très probablement à aller chercher du côté du couple Appleton dont les gloussements ne pouvaient être couverts par rien, pas même les conversations ambiantes.

Selene ft @Kenneth D. Appleton

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Échapper à l'autorité parentale

Pour moi qui n'ai jamais réussi à approcher Selene Paulet de près en quatre ans, me voilà verni cette année : enfin, c'est ce que j'aurais pensé si seulement mes géniteurs n'étaient pas assis à quelques tables de nous, à nous guetter comme des vautours... Assis à la table de ma muse aux yeux clairs, je tente de trouver un refuge, me permettant d'échapper quelques minutes à l'enfer parental ; et comme d'habitude, l'humour me sert de bouée de sauvetage. Je ne suis pas brillant et je ne trouverais sans doute jamais les mots pour l'amadouer mais... je peux toujours tenter de la faire rire, après tout. Aussi, lorsque nous évoquons le match à venir, je cherche à détendre l'atmosphère, avant que sa réponse ne me cloue soudainement le bec. Merde, le Jin en question, c’est son copain… ? La honte, je n’en avais aucune idée… Et dire que je lui ai fait du gringue en parfaite ignorance de cause ! Je savais qu’ils n’étaient plus ensemble depuis belle lurette, avec Dash, mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle se soit si vite recasée, surtout avec le mec le plus terne de notre promotion. Et vu la tronche d’enterrement qu’il tire en permanence, quelque chose me dit qu’il ne sera pas très ouvert d’esprit face aux propositions indécentes que je me retiens de faire à sa petite amie... Quand je pense que mes parents sont à deux mètres en train de se faire tout un cinéma sur nous deux, je me dis que j'ai eu la pire idée du monde en la rejoignant. Bordel, elle va être tellement mal à l'aise... « Au pire, crie juste mon nom pas trop fort si tu vois que je m’approche du vif. Et t’inquiète, on lui dira rien à ton mec. » Disons que c'est une tentative de désamorcer tout embarras que la situation pourrait lui causer, si elle se rend compte au milieu de quelle galère je l'ai fourrée sans m'en apercevoir.

Désireux de changer de sujet après avoir menacé mes parents d'un scandale familial dépassant de loin celui du dîner de fiançailles d'Alienor, je retourne à ma place et m'intéresse à la lecture que Selene a laissé en évidence, sur la table. Je ne suis pas sûr d'avoir déjà lu quoi que ce soit de ma vie, contrairement à elle qui semble y prendre un plaisir infini... Quand j'y pense, je l'ai déjà observée à son pupitre en classe, avant les cours, perdue entre les pages. Avant, je trouvais ça rasoir et... c'est toujours un peu le cas, mais moins. « Euh… et c’est qui, qui gagne, à la fin ? » demandé-je, parcourant rapidement des yeux la quatrième de couverture pour en lire le résumé. Je n'y connais trop rien, aux histoires d'amour ou de vengeance... Nikita m'a promis de m'initier aux romans de guerre, mais je vais probablement passer pour un gigantesque crétin si je le lui dis. Mais la question qu'elle me pose me surprend ; j'espérais qu'elle ne prête pas attention à ma mise en garde à mes parents, mais elle n'a de toute évidence pas bien compris le manège de ces derniers. « Quoi ? » demandé-je, en me tournant vers eux avec une certaine inquiétude pour m'assurer qu'ils aient arrêté leur petit numéro, avant de revenir brusquement à Selene : « Oh non… non, c’est pas ça, t’inquiète ! Ils ont rien contre toi, rien du tout. Je devais juste leur expliquer un truc. » m'exclamé-je, la mine déconfite. Oh non... je suis encore en train de tout saboter avec elle, avec mes parents comme premiers spectateurs. Bordel, si elle savait, la pauvre ! Ils sont déjà probablement en train de contacter leur notaire pour l'ajouter à leur testament... C'est officiel : je les déteste. Qui croient-ils duper, avec leur mine réjouie et leur sourire jusqu'aux oreilles ? Derrière leur air faussement sympathique, ils sont sûrement en train de se galvaniser de me pourrir la vie par leur simple présence, comme ils le font toujours ! Mais je les incendierais à la sortie du salon : pour le moment, j'essaie encore de sauver les apparences, avant que le décor tombe. « Et puis, je suis déjà privé de sortie toute l’année de toute façon, c’est pas comme s’ils pouvaient faire pire. » ajouté-je avec un petit rire nerveux pour camoufler mon indisposition.

Et alors que j'espérais enfin avoir réussi à ôter ses doutes... Voilà la serveuse qui débarque, armée d'un plateau, d'une coupe de glace dans laquelle deux pailles sont plantées, et un sous-entendu qui ne trompe pas. La mine abattue, j'essaie d'échapper au regard de Selene... Oh, c’est la giga-honte, j’ai envie de m’enterrer. La draguer à coups d'allusions aguicheuse pendant notre rencard dans la Grande Salle n'était pas un problème, mais... à moins de quatre mètres de mes parents, le jeu commence à tourner au vinaigre. Et échanger nos fluides dans une coupe de glace ne me paraît plus être une si bonne idée, tout à coup. « Désolé, elle a pas du bien comprendre… » me justifié-je maladroitement en attrapant ma cuillère, observant le monticule de crème glacée comme une montagne impossible à gravir. « Enfin après ça me dérange pas hein, c’est juste que… je dis ça pour toi, au cas où ça te mette pas bien, tu vois. » Mais qu'est-ce que je raconte, bon sang... ? Elle va juste se lever de table et me planter là, pendant que mes parents se délectent de leur foie d'hippogriffe et se repaissent de mes malheurs. Démuni, je tente malgré tout de rattraper le coup avec elle : "Euh... si tu veux, on peut en prendre chacun son tour ?" Entendre mes parents en fond me donne l'impression de vivre dans un cauchemar dans lequel Selene et moi serions les acteurs principaux. Cette fois, c'est sûr : quand on sortira d'ici, elle ne voudra plus me calculer.

@Selene O. Paulet

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