A part quelques mèches qui encadraient son visage et qui avaient réussi à s’échapper de son bonnet, il était difficile de deviner quoi que ce soit d’elle tant elle était emmitouflée. Le froid avait commencé à devenir bien trop mordant pour qu’elle n’essaie pas de conserver un maximum de chaleur à grand renfort de laine. Elle avait même ressorti une parure qu’Oona lui avait tricoté. Il y avait du rose, du jaune, du vert, bref trop de couleurs pour ne pas donner l’impression qu’elle se prenait pour une licorne – potentiellement sous acide, d’ailleurs – mais elle préférait cela que les nuances un peu trop ternes de sa maison. Puis, il fallait bien qu’elle soit couverte pour attendre Dash. Il était souvent en retard. Cette idée lui arracha un soupir et elle pressa le pas vers le lieu de rendez-vous, comme dans un esprit de contradiction. Quitte à l’attendre, elle le ferait en étant à l’heure, question de principe.

Sauf que surprise, alors qu’elle avançait, la silhouette de son jumeau se détachait, adossée aux Trois Balais. Lui n’était manifestement pas assez couvert, il ne l’était jamais, et il était à l’heure, ce qui était exceptionnel. Cette constatation lui tira un sourire. Elle savait reconnaître l’effort et elle devait admettre qu’elle était touchée qu’il s’y astreigne pour elle. Depuis la rentrée, ils n’avaient pas réellement eu le temps de se voir, à peine de se croiser. Assez pour lui arracher quelques grognements. Ils n’étaient pas fusionnels, certes, mais ce n’était pas non plus déconnant d’arriver à se voir sérieusement une fois par mois. Et d’un autre côté … De quoi se plaignait-elle ? Il semblait plus entouré et épanoui que jamais. Est-ce que ce n’était pas ce qu’elle avait tant souhaité après cet été et l’absence d’Oona ? Parfois, elle était paradoxale, même un peu trop pour qu’elle se comprenne elle-même.

Accélérant encore la cadence, elle se retrouva à le rejoindre en trottinant et, comme prévu, il lui fit remarquer qu’il avait failli se transformer en Mister Freeze.

- En même temps, t’as vu ta tenue ? C’est l’hiver, hein !

Nouvelle preuve que rien n’avait changé. Le réel continuait de lui résister. Et après avoir râlé pour le principe, elle fit tout de suite mine d’enlever ses gants pour les lui tendre, un chouïa trop maternante.

- Tu veux mes gants ? Je te propose pas le bonnet, je connais la réponse.

Elle faillit en rajouter dans la taquinerie en précisant qu’elle pouvait aussi lui donner le numéro de son coiffeur, mais elle n’était pas entièrement certaine qu’il apprécie la plaisanterie. Il fallait tout de même reconnaître qu’il avait quasiment les cheveux plus longs que les siens et bien moins l’intention de s’en occuper. Elle sourit quand il lui attrapa le bras pour l’entraîner dans les rues, babillant joyeusement

- Ch’ais pas … Tu veux qu’on passe chez Honeydukes ? A moins que tu acceptes de me dire ce que tu veux à Noël pour qu’on aille l’acheter ? Parce qu’après, si tu me dis pas ce que tu veux, je peux aussi t’offrir un CD  de Taylor Swift !

Menace ou offense ultime, le but restait quand même qu’il crache le morceau et lui dise ce qu’il avait bien pu écrire sur sa liste au père Noël. Elle détestait devoir trouver une idée toute seule.

- J’ai l’impression qu’on s’est pas vus depuis deeeeees mois. Tu fais quoi, espèce de star ? T’as trop de fans ?

T’as Daisy qui te colle aux basques était la vraie question qu’elle aurait aimé poser. Mais il y avait des batailles inutiles. C’était d’ailleurs à se demander ce qu’il avait fait de l’autre blondinette pour se soustraire à sa présence systématique.

lumos maxima

Aisling faillit lever les yeux au ciel quand il décréta être parfaitement au courant de l’hiver avec un pull et une écharpe. Mais bien sûr ! C’était une tenue tout juste bonne pour l’automne en vrai. Et si le garçon avait le malheur d’attraper froid, il rejetterait la faute sur la terre entière et chouinerait à qui veut l’entendre qu’il était l’agonie. C’était un mec, quoi. Effrayé par rien, mais terrassé par des rhumes. Néanmoins, puisque la victime serait l’infirmière de l’école et non elle-même, elle ne voyait pas la nécessité de dévoiler le fond de sa pensée. D’ailleurs, tel le héros bravant le froid qu’il était, il se permit de dédaigner la proposition de ses gants, mais elle vit bien dans son regard comme aux coins de ses lèvres qui remontaient en un sourire qu’il était plutôt heureux de sa réaction. Et bien sûr, elle s’en voulut un peu plus d’avoir elle-même passé le début de l’année à vaquer à ses occupations. Elle oubliait toujours que même s’il évoluait plus dans ses rêveries que dans la réalité, Dash avait besoin qu’on l’entoure. Ce qu’elle n’avait pas fait, pas assez. Pourtant, elle se l’était promis avec l’album photo. Mais, les choses s’étaient enchaînées et de fil en aiguille, elle avait cessé de penser – parce que cela l’arrangeait – qu’il pouvait avoir besoin d’un petit peu de la maison.

- Je ne me fous pas de toi, j’ai toujours été la seule de nous deux à avoir une tête à chapeau ! Si tu veux te plaindre, t’appelles maman !

Menteuse, menteuse. Il avait autant une tête à chapeau qu’elle. Il avait toujours eu des jolis traits. Daisy ne s’y trompait pas en ayant jeté son dévolu sur lui depuis tant d’années. Et Silas non plus vu comment il lui avait parlé quand il avait cru qu’elle était son frère. Elle piqua un fard à cette idée. Elle avait avantageusement refourgué cet épisode au fin fond de sa mémoire sans lui en parler, mais il faudrait bien qu’un jour elle lui en parle non ? Quoi qu’il savait sans doute déjà tout. Après tout, il avait bien dû recroiser son ami depuis la semaine précédente, non

- Mais comment t’as autant de boutiques à faire ? On pourrait croire que c’est toi la fille de nous deux. Remarque Gaichiffon, ça m’intéresse

Un pull de plus n’aurait pas été de trop, mais elle hésitait depuis des plombes. L’argent ne tombait pas du ciel et elle en voulait en conserver pour les cadeaux de Noël.

- Tu veux qu’on commence par Derviche et Bang ?

Meilleur moyen de pouvoir affiner son budget pour la suite. Si elle achetait d’abord son cadeau, elle ne s’en voudrait pas de s’accorder une fantaisie. Le plan était diabolique. Elle laissa échapper un rire quand il la supplia presque de ne pas mettre ses menaces à exécution, tout en sachant pertinemment qu’il cherchait surtout à l’embêter. Un jour, elle l’avait entendu fredonner et peu importe qu’il nie farouchement cet épisode. Ses oreilles ne la trompaient pas. Jessycat, témoin de la scène, avait d’ailleurs affiché une tête effarée. Enfin, à condition qu’un chat puisse manifester ce genre d’émotions.

- Si tu me proposes un selfie … Puis c’est cool, je vais pouvoir vendre les photos de toi enfant et me faire un max de fric si t’es célèbre. On partagera les gains.

Son ton joueur s’estompa quand il précisa que c’était la pire rentrée de sa vie et elle le couva des yeux, inquiète. Pourtant, à chaque fois qu’elle le croisait, il était bien entouré et ne semblait pas malheureux. Pourquoi ça serait a pire rentrée de sa vie ? Et pourquoi il ne lui avait pas dit ?

- La pire ? T’as un problème ? C’est Daisy ? Ou Silas ?

Elle se glissa dans le magasin de bonbons et se fraya un chemin avec lui, essayant de dévorer des yeux un maximum des sucreries présentes. Elle adorait cet endroit. Est-ce qu’il y avait un seul magasin qui pouvait faire plus Noël que celui-là ?

- Un, j’ai pas le droit. Deux, si je prends le droit, ça va jaser. Trois, t’es toujours avec un ami ou Daisy.

N’empêche que si elle avait su que c’était la pire rentrée de sa vie, elle aurait rappliqué dans la seconde. C’était bien l’intérêt d’être jumeaux non ? Ils ne passaient pas leur vie ensemble, mais elle était là si besoin.


lumos maxima

Aisling afficha immédiatement un air scandalisé quand il lui répliqua qu’elle avait une tête de Toad et sa main s’éleva pour retirer aussitôt le bonnet avant qu’elle n’abandonne son geste au dernier moment. Le style importait peu, elle n’aurait pas l’air plus maligne quand ses oreilles deviendraient bleues et finiraient par geler. Mais inutile de préciser que l’idée d’avoir la même tronche qu’un champignon géant l’enchantait assez peu. Elle aimait ses cheveux au carré qu’elle agrémentait parfois de quelques mèches colorées, mais quand elle voyait passé des filles comme Daisy ou Selene, si éthérées avec leurs longs cheveux blonds, leurs traits délicats et leur peau de porcelaine, elle se sentait toujours un peu à côté de la plaque. Elle avait l’impression que plus elle grandissait, plus elle était en capacité de ressentir le décalage avec les filles dans leur genre et elle. Pourtant, elle n’avait pas envie de leur ressembler. Alors pourquoi est-ce que cela la touchait ?

- Toad toi-même.

Elle avait grommelé ces mots d’un ton grognon avant de se laisser prendre dans le tourbillon de la conversation. C’était généralement l’inconvénient des sorties à Pré au Lard, il y avait trop peu de temps pour tant de choses à dire et à faire.

- Je ne savais pas que tu t’entendais aussi bien avec Selene et Teddy. Faudra que tu me briefes si un jour je les croise alors que tu es absent.

Parce qu’on ne savait jamais quelles oreilles indiscrètes étaient à proximité, la tournure de sa phrase était volontairement sans intérêt. Mais elle savait que même si la réalité lui résistait parfois, le sous-titre était parfaitement clair. Elle avait besoin de connaître l’état de ses amitiés pour quand elle paradait dans sa peau grâce au Polynectar et qu’elle le couvrait en lui servant d’alibi. La dernière fois avait failli être fiasco de l’enfer avec Silas. A moins que l’on puisse considérer que c’en était un ?

- J’ai vu un pull hyper joli et il irait bien avec la dernière robe que je me suis faite. Mais j’hésite. C’est pas comme si j’en avais vraiment besoin, tu vois ? Y a toujours plus utile.

Il suffit qu’elle dise cela pour qu’il l’entraîne au paradis de l’inutile. Personne n’avait besoin de sucreries pour survivre. De nourriture, oui, mais pas de bonbons. C’était de la futilité par excellence, du caprice en barre. C’était peut-être pour cela qu’elle aimait autant toutes les friandises aux tons vifs qui l’entouraient. Son premier réflexe fut de s’astreindre à être raisonnable. C’était toujours son premier réflexe. Le second fut de ne pas avoir la volonté nécessaire pour s’empêcher de saisir une plume en sucre. Est-ce qu’elle n’avait pas droit à un plaisir pour ces retrouvailles ? Ce n’était pas bien grave. Coup de coude dans les côtes en guise de mesure de rétorsion, elle répliqua à son jumeau

- Oh tais-toi espèce de jaloux ! Mes photos se vendraient mieux que les tiennes, je suis sûre !

Elle tendit ensuite la main pour qu’il lui donne les sucreries qui trouvaient grâce à ses yeux

- Donne, je t’invite. J’ai pas la moitié de l’école à gâter, moi.

Elle était ravie qu’il ait des amis. A condition que cela en soit. Il était si gentil qu’elle se demandait toujours si des personnes mal intentionnées n’allaient pas graviter dans son entourage pour se servir de lui. Il n’aurait rien vu. Au contraire, il les aurait aimées. Pour cela, il tenait plus du golden retriever que de l’être humain.

- Un poulet géant ?!

Elle observa son frère sans comprendre, ne sachant pas s’il se moquait d’elle, s’il disait la vérité ou s’il n’était pas en train de confondre ses cauchemars et rêveries avec la réalité. Parce que, même dans un monde magique, il n’était tout de même pas courant de devoir affronter des poulets géants. Elle était presque capable d’imaginer le volatile rôti armé de la broche comme d’une épée. Mais ça n’avait aucun sens, non ?

- Tu veux raconter ?

Ils n’avaient jamais été intrusifs autrement que pour des plaisanteries. Alors même si elle mourrait d’envie de le devenir en cet instant, elle ne s’en sentait pas vraiment le droit. Lui ne lui posait que rarement des questions. Elle avait généralement toutes les réponses qu’elle souhaitait en l’observant. Mais là, elle devait bien reconnaître qu’ils s’étaient trop peu croisés pour qu’elle arrive à rattacher les wagons.

- Tu squattes souvent chez Silas ?

Les mots lui avaient échappé. En même temps, après leur rencontre, il y avait de quoi s’interroger, non ?

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Grand seigneur, il accepta son insulte comme si elle glissait sur lui comme de l’eau sur les plumes d’un canard. La jeune fille se fit d’ailleurs la réflexion que c’était le cas sans l’ombre d’un doute. Il ne semblait pas intéressé un quart de seconde par ce que le reste de l’univers pensait de lui. Elle l’enviait pour ça. C’était une force de caractère dont il ne se rendait même pas compte. Il ponctua son détachement par un léger coup dans ses côtes, comme pour lui rappeler que de toute façon, cela n’était qu’une plaisanterie et qu’elle ne devait pas s’en offusquer. Certes. Mais il n’avait jamais vécu dans un milieu féminin au cœur d’un pensionnat. Il comprendrait, sinon.

Toujours de bonne composition, il commença lui fournir tous les renseignements dont elle avait besoin et bien plus encore. A tel point qu’elle se maudit de ne pas avoir pris le temps de faire un point avec lui avant. Pour elle qui se prétendait la pro de l’organisation – elle l’était souvent – cette négligence constituait une sacrée bavure.

- Silas a une copine ?

Franchement, si on lui avait demandé, elle ne lui aurait pas vu cette orientation là, mais c’était aussi un biais de jugement un peu stupide. Il était de constitution assez fine, avec des traits délicats. Peut-être que ça avait faussé son analyse et fait appel à des stéréotypes idiots dont elle n’avait pas conscience.

- Ouais, mais maintenant qu’elle est plus pote avec Daisy, t’es encore pote avec elle ? C’est bien.

Diantre, Princesse Daisy avait enfin perdu du terrain. Jour béni à marqué d’une pierre blanche, fallait faire péter le champomy là. Aisling se nota mentalement d’aller parler à Selene qui décidément avait moults qualités. Elle faillit par contre s’étouffer littéralement quand son frère continua tranquillement en lui expliquant que ce sera sa meuf avant la fin de l’année. Elle l’observa bouche bée. A quel moment le golden retriever était devenu un tombeur ? A quel moment ce n’était pas Daisy ? C’était quoi cette réalité parallèle ? Puis bonjour les complications, est-ce qu’elle devrait rouler un patin à Selene quand elle serait lui. Parce qu’elle n’aimait pas les filles pour sa part et l’idée lui paraissait juste hyper dérangeante.

- Y a pas de raison que ça ne soit pas possible.

Wow. Dash avec une copine. C’était bien. Enfin, sûrement. Alors pourquoi est-ce qu’elle avait l’impression d’être bêtement sur le carreau ? Elle se mordit légèrement la lèvre, ne sachant quoi ajouter de plus et acquiesça plus volontiers quand il recommença à parler chiffon

- Ca serait top ! Je te le montre, tu me dis ce que tu en penses ?

Autant qu’ils fassent en sorte d’avoir des cadeaux potables entre eux. Certains membres de leur famille n’auraient pas cette intelligence. Elle récupéra les plumes en sucres pour se diriger vers la caisse tout en continuant leur babillage

- Ca, je sais pour les Olympiades, j’ai vu la liste sur panneau d’affi…

Ok, elle était généralement prise dans ses cours et concentrée, mais tout de même. Puis elle s’arrêta brusquement, commençant à comprendre où son frère voulait en venir

- P’tin le poulet, c’est l’hippogriffe ?

Un poulet géant. Comment est-ce qu’elle était censée comprendre qu’il ne parlait pas d’une hallucination visuelle mais bien d’une créature réelle ?

- Mais j’ai pas compris que c’était toi … Pourquoi tu ne m’as rien dit ? Mais on a pas idée d’aller se frotter à un hippogriffe quand on tolère même pas un pov’ moineau !

Sa voix s’était agacée, mais ce n’était pas contre lui qu’elle en avait, mais contre elle-même. Elle avait été si absorbée par sa rentrée et les buses qu’elle n’avait même pas compris que c’était de son jumeau dont on parlait. Et s’il lui était arrivé quelque chose et qu’elle ne l’avait pas su ? Elle était vraiment naze, parfois. Les excuses se bousculèrent contre ses lèvres sans sortir. Qu’est-ce que ça valait, après coup ?

Dashiel continua leur discussion comme si de rien n’était, pas perturbé un quart de seconde par sa demande sur Silas. Et sa réponse couplée à un possible date avec Selene la laissa perdue. Elle aurait juré, mis sa main à couper que quand elle avait vu le Serdaigle, il agissait avec son frère de manière possessive, presque charmeuse et Dash ne lui en touchait pas un mot. Et elle oscillait entre lui déballer ses interrogations et lui laisser le choix d’en parler. Après tout, s’il la tenait volontairement à l’écart et qu’elle était en train de mettre les pieds dans le plat, est-ce que ce n’était pas maladroit ? Pire, est-ce que ça n’aurait pas pour effet de le braquer ou de le contraindre à des confidences dont il n’avait pas envie ? Voyant qu’il continuait d’attendre sa réponse pendant qu’elle se perdait dans ses doutes et ses pensées, elle finit par répondre rapidement

- Euh … Ouais, volontiers. Ca serait cool de se voir. Et Silas est cool.

Trop de fois le même adjectif, elle était en train de se noyer. Il fallait croire que c’était une habitude quand il s’agissait du blond. Pourtant d’habitude, elle était du genre à garder son sang froid, à gérer les problèmes. Là, elle était bonne à rien.


lumos maxima

Ainsling grimaça à la description de son frère de la relation pour le moins floue de ses deux amis. Ouais, ça serait gênant qu’ils n’aient pas la même version, mais pas si surprenant. Voilà pourquoi elle conservait les histoires d’amour pour la musique pop acidulée qu’elle affectionnait. La réalité était toujours bien plus décevante et elle n’avait pas le temps pour ce genre de conneries. Dans cette famille, elle était la pragmatique. Cela sous-tendait également qu’elle ne pouvait pas être la romantique. Jusqu’ici, elle avait considéré ce rôle dévolu à leur mère, mais si Dash voulait si engouffrer, ce n’était pas un souci. Ca allait de pair avec la sensibilité, sûrement.

En tout cas, il lui fit son plus joli sourire quand elle lui répliqua qu’il n’y avait pas de raison que cela ne se fasse pas et elle se surprit à le lui rendre. Il était mignon et il était gentil, pourquoi est-ce qu’il n’aurait pas ses chances ? Il était tellement mieux qu’un Kenneth Appleton qui se démarquait par sa vulgarité à en crever. Pour une fille délicate comme Selene, ce serait clairement mieux un garçon comme lui. Et une pierre deux coups, ça remettrait un peu Daisy à une place moins dévorante.

Poulet et hippogriffe. Sérieusement, comment est-ce qu’elle était censée faire le lien entre les deux ? Il y en avait qu’elle mangeait en nuggets et un autre qui pouvait vous arracher la tête d’un coup de bec. Rien que cette idée la fit frissonner alors que son regard s’attardait sur la fine cicatrice sur la joue de son frère. Elle était presque imperceptible, à tel point qu’elle ne l’avait pas vue. Maintenant, elle avait presque la sensation qu’elle lui crevait les yeux et lui brûlait la rétine. Alors, elle s’énerva, comme souvent quand elle ne savait pas comment gérer. Dashiell était gentil, elle, elle ne savait pas. Parfois, elle avait l’impression d’avoir de la colère à revendre à l’univers entier, parfois, c’était juste de l’indifférence. Dans ce genre de moments, elle préférait que Gil soit là. Il était celui qui comprenait le mieux ses silences agacés, qui étaient en mesure de déterminer ses sautes d’humeur et e les tempérer. Il avait toujours une phrase anodine qui pourtant la poussait à se canalise. Mais il n’était pas là, alors il n’y eut pas de garde-fous pour l’empêcher de parler plus vite qu’elle ne pensait. Dash parut heurté de ses mots et la culpabilité continue d’enfler. Rendre son jumeau triste, c’était comme taper sur un chaton. Il ne se rebellait pas ou peu, se contentait de vous fixer avec de grands yeux aussi adorables que meurtris jusqu’à ce que vous soyez convaincu d’être un infâme personnage. En l’occurrence, c’était exactement ce qu’elle ressentait. Elle n’avait clairement pas gagné le prix de la sœur du mois en ne comprenant pas qu’il avait été l’élève blessé, mais en plus, elle lui avait fait de la peine. Elle se dandina, mal à l’aise tandis qu’il continuait à essayer d’expliquer que la moitié cheval aurait pu sauver l’ensemble. Oui. Non. Peut-être. Elle s’en moquait bien en fait de savoir s’il se faisait picorer par un bec ou piétiner par des sabots. Dans les deux cas, c’était dangereux. Pourquoi alors qu’il était doux et gentil, il tenait toujours à se lancer dans les plans les plus violents ? Elle lui tendit les bonbons en silence, avant de lâcher

- J’suis désolée de pas avoir compris. Je ne veux pas qu’il t’arrive un truc, tu vois.

Elle allait devoir surveiller la deuxième épreuve de près. Encore une chose à faire. Sa liste mentale ne cessait de s’allonger. Alors qu’elle était en train de se lamenter intérieurement sur toutes les heures de révisions perdues l’année des BUSE, Dash, manifestement moins soucieux qu’elle de sa vie privée lui demanda si Silas lui plaisait et elle le dévisagea sans comprendre avant de saisir que son comportement, loin de démontrer son inquiétude pour lui, montrait plutôt son intérêt à elle.

- Silas, me plaire ?

Son bégaiement ne fut guère convaincant et elle se tut une seconde. Gentil, c’était une qualité. Mais ce n’était ni le moyen le plus bref de se faire comprendre, ni même un métier. Voilà pourquoi elle se lança les pieds dans le plat, avec cette fois bien moins de pincettes qu’elle ne pouvait en prendre précédemment.

- Non, ce qui est heureux. Dash, tu te rends compte que ce que ce garçon préfèrerait chez moi, c’est mon frère ?

Ca serait un peu malsain tout de même. Trop pour elle.

- Je l’ai croisé quand j’étais toi. C’était … bizarre.

lumos maxima

Ses excuses avaient été aussi nulles que son manque d’investissement de ce début d’année. Elle aurait mérité qu’il s’énerve. Aisling venait presque à se demander si, dans une étrange logique, cela ne lui aurait pas fait du bien, même. S’il avait pu lui hurler dessus une bonne foi pour toute, elle aurait considéré son erreur expiée. Là, il n’y avait que sa culpabilité et elle finissait par penser que c’était pire. Il n’y avait pas de limite aux reproches intérieurs qu’elle pouvait se faire. Une engueulade avait le mérite d’avoir un début et une fin. Mais parce qu’il était Dash, le garçon le plus doux du monde, il accepta ses excuses sans sourciller, sans reproche et tenta même de la rassurer aimablement. Elle aurait voulu protester en répliquant que les tableaux ne lui semblaient pas beaucoup plus rassurants que les hippogriffes, dans un autre style mais il y avait des règles tacites dans leur discussion à respecter. S’il acceptait ses mouvements d’humeur sans sourciller, elle n’était pas censée insister. Elle lui offrit donc le contraire exact de ce qu’elle pensait.

- T’as raison. Doit y avoir aucun risque avec des peintures.

Son apparente docilité était juste une reddition. Intérieurement, elle se promit de faire plus attention et de le protéger un peu plus en cas de besoin. Quoi qu’elle ne pourrait rien faire. Elle manqua de soupirer. Elle n’aimait pas ce sentiment d’impuissance. Elle pourrait peut-être lui filer un devoir dans une matière pour lui faire gagner du temps pour qu’il puisse se préparer à l’épreuve. C’était un coup de main comme un autre.

Ils ressortirent de la boutique et le froid lui mordit à nouveau la peau. Son frère engloutit sa plume en sucre à une vitesse qui pouvait laisser supposer que personne ne le nourrissait. Bien sûr, c’était totalement faux et il était bien nourri. Mais c’était un garçon adolescent et en pleine croissance, ce qui le poussait à manger des quantités astronomiques. A ce jour, il valait clairement mieux l’avoir en photo que le nourrir. Le sujet dériva dangereusement sur Silas. Il crut d’abord qu’elle l’aimait bien, ce qu’elle réfuta aussi rapidement que possible. Beurk non. Enfin, c’était la réaction la plus logique vu qu’elle se demandait très sérieusement si le garçon n’avait pas un crush durable et persistant sur son frère. Quant à elle, elle ne savait même pas si elle était intéressée par une quelconque relation romantique. Comme elle l’avait pensé avec une pointe cynisme, ce n’était pas son rôle dans la famille de jouer la fleur bleue. Pas le temps. Fallait bien que quelqu’un vive dans le réel. Son frère lui répliqua avec hauteur qu’il espérait bien passer avant la copine de son meilleur ami et son visage se décomposa. Elle pensait avoir été parfaitement claire dans ce qu’elle tentait de lui expliquer, peut-être même un peu frontale. Pourquoi est-ce qu’il faisait semblant de ne pas comprendre ? Ou alors sa question le gênait peut-être ?

- C’était pas exactement ce que je voulais dire, Dash.

Elle le fixa pour essayer de lui faire comprendre, il lui renvoya son regard le plus innocent. Celui qui signifiait qu’il ne captait pas du tout ou qu’il n’avait pas envie de faire d’efforts, au choix.

- Bizarre dans le genre il a capté en dix secondes qu’un truc était chelou. Alors j’ai essayé de le détromper en parlant d’autre chose et dès qu’il était inquiet pour toi, il est devenu très … tactile ? Genre affectueux ? D’où le fait que je pense qu’il te préfèrerait.

Nouvelle tentative de faire passer un message. Potentiel nouvel échec.

lumos maxima

Plus elle tentait de lui parler de son entrevue avec son ami, plus Aisling avait l’impression que cette discussion spécifiquement renforçait la différence qui avait toujours existé entre eux. Ils n’étaient fusionnels comme beaucoup de jumeaux, elle ne pouvait même pas dire qu’ils se ressemblaient beaucoup. C’était le fruit d’une éducation, mais si on lui demandait son avis, c’était aussi le résultat de l’existence de Daisy. Peut-être, sûrement même, qu’il y avait assez de place dans le cœur de Dash pour des multitudes de relations fusionnelles, mais ce n’était pas son cas. Pas le temps, pas l’envie, pas l’intérêt … Bien sûr qu’elle avait des copines, mais aucune relation d’une profondeur équivalente aux siennes. Si demain il se baladait en se faisant passer pour elle, elle était presque prête à parier que le reste du monde s’en ficherait. Elle avait conscience de tout cela. Mais c’était autre chose que lui le réalise et en semble presque désolée pour elle. Elle n’était pas à plaindre, elle devait se concentrer sur les cours, sur tous les trucs extérieurs à gérer et mener sa barque pour avoir un bon métier. Avec assez d’argent pour aider sa famille. Il n’y avait pas de place pour le reste, non ?

Il rit gentiment de ses sous-entendus quand il finit enfin par les comprendre et elle dut reconnaître qu’elle en était presque un brin vexée. Peut-être qu’elle se faisait des idées, mais elle ne parlait pas d’une accolade ou d’une tape sur l’épaule qui se serait éternisée. Il lui avait pris la main. Il lui avait caressé le bras. Pas frôlé, caressé. Alors ok, manifestement pas ils ne vivaient pas les interactions avec le reste du monde de la même façon, mais tout cela prêtait à confusion. Et on ne lui enlèverait pas de la tête qu’il y en avait peut-être une de confusion, justement. Il lui renvoya la question en lui demandant s’il n’y avait personne dans son entourage à qui elle faisait des câlins et ses yeux s’agrandirent un peu plus. Elle n’était pas rétive aux contacts, elle était juste plus … pragmatique ? Si ça n’allait pas, le fait de se faire câliner n’allait strictement rien n’y changeait, donc elle n’envoyait pas l’intérêt. Dans un cercle plus restreint, familial, elle était en mesure d’y trouver du réconfort et d’apprécier ça, mais elle ne se sentait pas assez proche de qui que ce soit d’extérieur pour l’envisager.

- Non. Si je devais faire un câlin à quelqu’un, j’imagine que tu serais en tête de liste, mais même là, ça me branche moyen.

Elle était même presque surprise qu’il lui pose la question. Il devait bien le voir qu’elle ne courait pas après les marques d’affection, non ? Voilà pourquoi elle avait été si surprise. Voilà également pourquoi, elle gardait de cette entrevue une impression de malaise. Le contact n’avait pas été désagréable. Juste inapproprié. Elle se mordilla la lèvre et plutôt que de confier ses états d’âme à son frère, elle décida de s’engager vers une voie plus légère.

- Mais limite j’suis déçue pour toi, je te jure, j’étais à deux doigts de conclure !

Son sourire se fana quand il lui demanda si Silas ne se doutait de rien et elle eut un mouvement d’épaules comme pour dire qu’elle n’en savait rien.

- Il t’a trouvé bizarre, donc je ne pense pas qu’on puisse dire que j’ai géré. Et j’ai dû parler un peu d’Oona ..

Il la fixa sans rien dire, ce qui accentua sa gêne. Est-ce que cela voulait dire qu’il lui en voulait ? Est-ce qu’il était content qu’elle ait abordé le sujet sans qu’il ait à le faire ? Une nouvelle fois, elle aurait préféré qu’il s’énerve une bonne fois pour toute que d’essayer de deviner ses pensées. Elle était loin de toujours gagner à ce jeu là.

- Tu m’en veux ?


lumos maxima

Est-ce qu’elle aimait les câlins ? La question avait au moins le mérite de la faire réfléchir sur la question. Oui, sans doute, elle avait des souvenirs d’enfance de câlins, comme tout le monde. Mais en grandissant, elle était devenue plus distante que son frère. Finalement, les seuls qu’elle gratifiait encore de gestes de tendresse étaient sa mère et Gil, avec une préférence pour ce dernier. Dash avait Oona, elle avait Gil. Toutes les filles étaient proches de leur père, finalement, elle n’échappait pas à la règle.

- Tu voudrais que je te poursuive dans Poudlard comme ça ?

Elle écarta les bras comme si elle voulait l’enlacer et quémanda, l’air faussement triste et le ton geignard.

- J’veux un câliiiiiin.

Elle ne voulut pas réellement réfléchir au fait que son frère avait manifestement un panel de baisers à comparer pour savoir quel était le meilleur de sa vie quand elle était encore au stade où elle ne rêvassait que sur les musiques de sa chanteuse de pop préférée. Décidément, il fallait croire qu’elle avait plutôt signé pour vivre par procuration. Alors elle opta pour la stratégie la plus sûre quand elle ne voulait ni réfléchir, ni parler : le taquiner. Elle ricana à sa remarque et renchérit avec son plus beau sourire angélique

- Ravie de l’entendre. Du coup je lui en volerai une aussi la prochaine fois histoire d’avoir la meilleure de la mienne.

Elle mima un baiser avec exagération sous son œil effaré, avant d’éclater de rire à son tour. Désormais, il aurait autant le doute qu’elle de savoir si elle roulait réellement des pelles à ses potes. Ou si elle serait capable d’essayer pour voir. L’atmosphère légère se retrouva plombée dès qu’elle parla de leur grand-mère. Dash lui opposa en première intention un silence qu’elle ne sut pas décrypter. Colère ou réflexion ? Les deux étaient possibles. Il se perdait parfois – souvent – dans ses pensées et c’était à elle de lui courir après. Puis il finit par articuler une réponse qui était sans doute ce qu’il savait faire de plus fermé pour son caractère bienveillant. Il ne lui dit pas qu’il en lui en voulait, mais il admit que cela le faisait chier et elle baissa la tête dans un signe de contrition.

- J’ai dit qu’elle n’allait pas très bien et que ça te rendait triste.

Elle avait marmonné, peu sûre d’elle. Déjà parce qu’elle savait pertinemment qu’elle édulcorait la vérité. Ses mots exacts avaient été qu’elle avait peur qu’elle l’oublie. C’était plus personnel. Et elle se sentait si stupide de ne pas avoir songé que cela le contrarierait qu’elle n’avait pas envie d’en rajouter. Elle lui ouvrit la porte de Derviche et Bang silencieusement avant de se risquer à poser une nouvelle question.

- Si c’est ton meilleur ami, pourquoi tu ne voulais pas lui en parler ? J’sais que ça te rend malheureux et t’as dit qu’il était celui qui te réconfortait. Et en quoi il passe une année de merde ?

Quelque part, cela ne faisait que conforter ce qu’elle pensait de la dynamique de son frère avec les amis. Il disait avoir des relations profondes et au regard de l’inquiétude de Silas, elle ne doutait pas qu’elle le soit, mais il y avait un déséquilibre permanent. Il voulait tellement faire plaisir aux autres qu’il s’en oubliait. Silas passait une mauvaise année, ok, mais pourquoi cela aurait rendu son chagrin à lui moins légitime ? Ce n’était pas toujours à lui de se plier en quatre pour le monde entier. Parce que la cruelle vérité était qu’on ne l’aimerait pas plus pour cela mais qu’on le détesterait plus sûrement le jour où il serait indisponible.

lumos maxima

Aisling avait cru très sincèrement Dashiell céderait à l’idée d’une petite sœur trop câline qui l’aurait poursuivi, mais il ne se dégonfla pas et répliqua que ce serait bien drôle qu’elle le poursuive ainsi. Elle arqua un sourcil sceptique avant de laisser retomber les bras le long de son corps et marmonna quelque chose qui ressemblait à un « T’peux toujours te brosser pour que j’le fasse ». Elle avait encore un semblant de dignité, ce n’était pas pour la perdre aussi bêtement.

Alors que lui mimait exagérément un haut le cœur, elle haussa les épaules, continuant sur la même lancée

- Ca vaaaaa, ça reste en famille.

Que l’on ne se méprenne pas. Elle pensait exactement comme lui et elle n’avait aucune envie de partager la moindre conquête avec son frère. Cela aurait été malsain et perturbant. Mais l’espace d’un dixième de seconde, elle s’était demandée avec une curiosité non dissimulée ce que l’expérience d’un baiser avec Silas aurait donné. Elle avait déjà été dans ses bras, ce n’était pas come si le fossé à affranchir était insurmontable. Sauf si son frère l’embrassait réellement et elle ne l’exclurait jamais. Leur manière d’interagir avait été si bizarre quand Silas croyait qu’elle était son jumeau qu’elle avait cru à une romance. Alors, pourquoi est-ce que ce ne serait pas le cas au moins dans l’avenir ?

Sur le reste, elle se mura dans le silence tout en déambulant dans le magasin aux côtés de son frère. Elle s’en voulait d’avoir vendu son secret, même si ce n’en était pas vraiment un et elle s’en voulait d’avoir imposé à Silas ses états d’âme alors qu’il ne semblait pas en meilleur état. Mais surtout, elle préférait ne rien répondre parce que la conclusion de son frère était à ses yeux complètement fausse. Ok, il n’y avait pas mort d’homme chez eux, mais est-ce qu’une enveloppe charnelle sans les souvenirs et la personnalité qui allaient avec était vraiment la définition de la vie . et surtout, est-ce qu’il se rendait compte que la santé d’Oona, en déclinant, annonçait une mort à plus ou moins brève échéance. Alors oui, il n’y avait pas de décès, mais c’était probablement le moment de commencer à faire son deuil. Elle entrouvrit les lèvres pour lui dire, avant de se raviser. Elle n’avait pas envue de gâcher ce temps ensemble, ni de générer un stress insurmontable chez lui. Elle finit donc par fixer ses pieds et lâcha

- J’suis vraiment désolée, j’ai pas fait ce qu’il fallait. J’voulais pas que ça t’embête.

Elle faillit lui demander si une nouvelle mission était bientôt prévue avant de se raviser. Elle le saurait bien assez tôt, c’était le propre d’un alibi.

- C’est cool s’il vient, ça te ferait plaisir et à lui aussi.

Oh la vilaine menteuse. Elle était suffisamment mal à l’aise de leur interaction alors qu’elle était dissimulée grâce aux effets du Polynectar pour ne pas avoir envie de le croiser au quotidien pendant deux semaine de vacances quand elle se baladerait en pyjama ou s’endormirait sur le canapé après un repas trop copieux. Mais comment est-ce qu’elle aurait pu le dire ? Dash venait de lui expliquer qu’il avait des problèmes personnels et il avait été si gentil avec elle, tellement dans la volonté de la réconforter qu’elle ne voyait pas comment elle aurait pu le priver d’une possibilité de panser ses blessures. Elle allait juste devoir se trouver des activités pour s’échapper. Ca ne serait sans doute pas très difficile. Puis elle n’était pas sûre que la famille ait le cœur à la fête sans Oona.

- Il dormirait où ?

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