Les rencontres gênantes des jeunes Sang-Purs

Les rencontres gênantes des jeunes sang-purs

Ha na, de la famille Seo, avait toujours adoré Pré-au-lard, depuis qu'elle avait découvert le village.

Elle aimait ces jolies petites maisons traditionnelles anglaises, ces vieilles pierres, son atmosphère paisible et tranquille. Les petits commerces étaient intéressants, et surtout utiles : ainsi, en ce samedi en début d'après-midi, la jeune fille avait pris avec elle une bourse emplie de gallions et sa grosse besace de cuir, déjà alourdie d'une grosse boite de bois laqué et d'une petite bouse cliquetante.

Levée tôt ce matin-là de fort bonne humeur, la jeune fille s'était vêtue d'un hanbok moderne, dont la jupe courte de mousseline légère semblait brodée de motifs porte-bonheur d'oiseaux et de papillons changeant de place avec lenteur, selon les rayons du soleil qui les effleuraient. La chemise vert forêt était délicatement rehaussée d'un ruban argenté, que sa cape de sorcière cachait presque entièrement, selon la mode de l'école.
Elle était particulièrement fière de sa tenue, et prit un petit déjeuner roboratif, arrosé copieusement de thé, de tartines de confiture et d'un œuf à la coque. Elle ne s'attendait évidemment pas à recevoir un mot de son père, si tôt dans l'année - la livraison de la boîte ne fit que l'intriguer plus encore.
Entourée de ses amies, ce fut avec une curiosité impossible à dissimuler qu'elle put enfin lire la père de son géniteur - et en resta pantoise quelques instants.

Il lui avait organisé un rendez-vous... arrangé ? Certes, il ne s'agissait là que d'une rencontre amicale et parfaitement bienséante ; mais le message était clair. Ses amis devaient être de bonnes relations, de celles qui pouvaient arranger ses affaires, et qui pourrait sans doute constituer un genre de viviers à futurs fiancés potentiels. Bien que naïve, Ha Na n'était pas née de la dernière pluie ; aussi était-elle au fait que "l'après-midi jeux" aux Trois Balais n'était pas optionnel.
Par ailleurs, elle se souvenait vaguement d'avoir croisé ledit Nikita à une réception quelconque : il ne serait donc pas un parfait inconnu, et avait à peu près son âge, ce qui, au moins, devrait leur permettre d'entretenir la conversation sans trop s'ennuyer.

L'adolescente eut énormément de mal à se concentrer pour faire ses devoirs. Après trois heures d'étude passées à la Bibliothèque, elle eut du mal à toucher à son déjeuner, se força à réviser encore une heure avant de ranger soigneusement ses affaires. Au moins, la promenade était agréable, et ce fut d'un pas hésitant, après s'être mis une épingle à cheveux en perles surmontée d'une émeraude dans sa longue tresse - pour compléter sa tenue - qu'elle se décida à sortir.
Son père serait capable de lui reprocher d'être en retard !

La coréenne se demanda si le gryffondor serait présent. Rien n'était moins sûr, mais elle n'avait, quant à elle, pas le choix.
Elle sortit donc de Poudlard, son petit chat tigré sur ses talons, finit par devoir se hâter pour arriver jusque devant l'espèce de taverne ; et ce fut d'un pas un hésitant qu'elle finit par entrer à l'intérieur.
L'atmosphère y était un peu assombrie, et ni les tables de bois, ni les chaises peu rembourrées ne la mit à l'aise. La Sang-Pur soupira, adressa un sourire de politesse à la tenancière, avant de prendre place en commandant une bièraubeurre.

Il n'y avait plus qu'à attendre son "ami", et à espérer qu'il ne la prendrait pas pour une folle avec son jeu de goni...

Codage par Libella sur Graphiorum

Parce qu’il était fils d’ambassadeur, et accessoirement dernier rejeton de deux des plus prestigieuses lignées de son pays, Nikita n’ignorait pas qu’entretenir de bonnes relations avec ses alliés nécessitait parfois quelques mondanités. En l’occurrence, ses parents s’étaient récemment rapproché de la famille Seo, dynastie de sang-purs coréens, dont il avait fréquenté l’aîné pendant l’été. C’était maintenant au tour de la fille d’être honorée de ses attentions.
Il connaissait Ha Na de loin, l’ayant quelques fois saluée dans les couloirs ou lorsque le hasard les collaient l’un à côté de l’autre en classe, mais étant de deux maisons différentes les occasions de se croiser n’étaient pas si fréquentes que cela. La jeune fille semblait gentille et bonne élève. Elle avait également semblé assez attachée à certaines traditions magiques sorcières qui, aux yeux d’autres élèves, pouvaient parfois passer pour archaïque, ce en quoi elle avait marqué quelques points dans l’esprit du jeune Russe. Les Seo feraient assurément de bons alliés en Grande-Bretagne, il comprenait mieux pourquoi son père insistait pour qu’il en fréquente la progéniture.

Le rendez-vous avait été fixé en début d’après-midi et comme il ne s’agissait pas d’une sortie entre copains mais bien de quelque chose d’un peu plus officiel, Nikita fit un détour par son dortoir pour se passer un coup de peigne dans les cheveux et enfiler une chemise propre. Il avait des vêtements en abondance et toujours repassés de frais grâce aux elfes de maison. Chez lui, c’était le domovoï qui remplissait le rôle de lavandière, aussi avait-il toujours eu le réflexe de se changer dès que nécessaire.

Le temps tirait sur le froid en ce début d’octobre aussi s’emmitoufla-t-il dans un manteau de fourrure de son pays pour se rendre à Pré-au-Lard. La perspective de passer l’après-midi avec une fille qu’il ne connaissait pas n’était pas forcément la plus enthousiasmante qui soit, mais il gardait un plutôt bon souvenir de sa rencontre avec Jin Kyung. Il n’y aura pas de sauna cette fois toutefois, ce genre d’activité se pratiquait entre hommes.

Il atteignit rapidement l’enseigne des Trois Balais, largement plus fréquentable que son équivalent la Tête de Sanglier dont il gardait un souvenir passablement amer. L’endroit n’était toutefois pas trop bondé et il eut tôt fait de remarquer la jeune fille, assise sur une banquette dans une espèce d’alcôve un peu à l’écart. Au moins n’auraient-ils pas trop à souffrir du bruit.

- Bonjour, la salua-t-il formellement en prenant place à la table. Il se demanda un instant s’il lui fallait se présenter d’avantage mais conclu que normalement, la jeune fille devait savoir qui il était.

- Bois-tu quelque chose ? Je t’invite naturellement.

Dans son pays, on buvait de l’alcool assez tôt mais il n’ignorait pas que les mineurs n’en avaient pas l’autorisation en Angleterre et ne souhaitait pas embarrasser Ha Na. La plupart des élèves se contentaient de jus de citrouilles ou de bièraubeurres à très faible teneur en éthanol.
C’est alors qu’il avisa l’étrange boîte qui se trouvait sur la table.

- Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il curieux.

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Ha Na se sentait un peu gênée.

Bien sûr, elle reconnu tout de suite Nikita, l'adolescent avec qui elle avait quelques cours en commun. Il était enfin arrivée, mais maintenant qu'elle le voyait, elle se sentait de plus en plus embarrassée. N'était-elle pas trop jeune pour ce genre de rencontres ? Bien sûr, cela n'avait rien à voir avec des fiançailles quelles qu'elles soient - en tout cas son père n'en avait rien dit - et elle savait qu'il s'agissait simplement de relations. Mais c'était si peu naturel que la Sang-Pur en avait le ventre noué.

Cependant, elle lui offrit un sourire de circonstance, déglutit discrètement alors que son interlocuteur s'installa en face d'elle. Cela ne servait à rien de paniquer ! Ce n'était qu'un jeune garçon de son âge, rien qui sorte de l'ordinaire, alors il ne servait à rien de s'en faire !
De plus, il était poli et aimable, ce qui l'aida immédiatement à se détendre.

- "Bonjour, Nikita. Je suis contente de te voir ici. J'ai cru que j'allais rester toute seule ici!"

Elle secoua la tête, se racla la gorge tout doucement, avant de désigner la serveuse du regard.

- "Je vais commencer avec une bièraubeurre, s'il te plait, mais je l'ai déjà commandé. ...Je suis arrivée un peu en avance. En fait, je n'ai pas l'habitude des boissons anglaises, ni de l'alcool... En tout cas, c'est vraiment très gentil de ta part, en tout cas. Qu'est-ce que tu aimerais boire ?"

Son aisance sociale revenait facilement. La coréenne se surprenait à penser à ses deux frères, en se demandant où ils étaient ce qu'ils faisaient - et si Jin était au courant de ce rendez-vous. Comment le prendrait-il ?

- "Ah ! c'est une boîte de jeu de Shogi. C'est un jeu traditionnel Hanguk-in, qui vient de chez moi. En fait, je l'ai pris en me demandant si tu aimerais peut-être y jouer. En fait, je ne sais pas trop ce qui te plait.... Tu aimes étudier à Poudlard ? Depuis combien d'années t'y trouves-tu ?"

Les mots naissaient naturellement dans sa bouche. Finalement, c'était plutôt simple, et elle se sentait à l'aise. Un nouvel ami, un nouveau contact pour son père : tout le monde en sortait gagnant, probablement.

D'un autre côté, l'adolescente regretta presque aussitôt d'avoir soulevé la question de l'arrivée en Angleterre ; si Nikita posait trop de questions, que devrait-elle faire ? Ha Na tenta d'écarter ses mauvaises pensées, son grand-père, le poids terrible de la prétendue culpabilité familiale, la gêne de cette rencontre arrangée : elle ne désirait que passer un bon moment.

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Ha Na était vêtue traditionnellement, ce qui était souvent bon signe. Non pas que Nikita se méfie particulièrement des sweats que ses camarades affectionnaient, mais les jeunes filles de nos jours aimaient un peu trop à se grimer en garçon au point qu'on ne distingue plus guère les uns des unes et les unes des autres. Pour quelqu'un qui, comme lui, avait été initié à la sorcellerie par des rituels d'hommes, dans des cercles genrés où l'on sacrifiait des chats sur des pierres sacrées, les femmes représentaient un continent étranger. Elles possédaient leurs propres secrets qu'il ne fallait pas partager sous peine d'éroder leur puissance. En arrivant en Grande-Bretagne Nikita avait été surpris de ne pas retrouver cette séparation genrée. Ici l'enseignement était parfaitement mixte, dortoirs, vestiaires et lieux de commodité mis à part. Cela avait quelque chose d'un peu déstabilisant, encore aujourd'hui, aussi n'était-il pas mécontent de croiser parfois des élèves - souvent étranger - qui ne partageaient pas le goût des Britanniques pour tous les avatars de la modernité indifférenciée

- Ça n’aurait pas été très correct, répondit-il premier degré à la salutation d’Ha Na avant de suivre des yeux son geste en direction de la serveuse. Oh. Entendu dans ce cas. »

Un peu désarçonné par les prises d'initiatives qui n'étaient pas de son fait, il prit quelques secondes pour réfléchir à la question de la boisson. Avec Kenneth il avait bu de l'eau glouglousse, mais ce n'était pas le genre de boisson à partager avec une jeune fille et par ailleurs il n'était pas certain qu'on accepte de lui en servir une ici, aux 3 balais

- Une biéraubeurre alors.

Malgré tous leurs défauts, les Anglais savaient certainement faire de la bière et celle-ci méritait son succès chez les élèves de l'école. Nikita leva deux doigts en direction de la serveuse qui hocha la tête d'un air entendu. Son attention fut alors attirée par la boîte que tenait la jeune fille posée sur la table.

Il ne connaissait pas le shogi, comme la plupart des éléments de cultures asiatiques d'ailleurs. Malgré la position de la Russie sur deux continents, l'ancrage de sa famille se situait depuis des siècles à l'ouest de l’Oural. A parler franc, Ha Na était plus intéressante que son jeu qu'il ne connaissait pas. La jeune fille avait une jolie voix et présentait bien apprêtée, ce qui était déjà plus que beaucoup d'autres élèves à Poudlard

- C'est gentil à toi d'y avoir pensé, répondit-il avec un sourire poli. Je ne connais pas ce jeu mais je serais heureux d'essayer. Joues-tu aux échecs ? »

Il y avait été initié très jeune, le jeu avait complétement infiltré la société russe pendant l'URSS et la communauté magique n'y avait pas échappé exercice intellectuel par excellence, il était bien vu d'y être bon.

Nikita qui n'étant pas d’un naturel très loquace, son amie avait le bon goût de mener la conversation pour deux. Il hocha la tête à ses questions. Beaucoup de questions. C'était normal après tout ils ne se connaissaient pas encore

- Je suis arrivé en début d'année, expliqua-t-il. Pour le moment je découvre encore. »

C'était vrai, mais ça ne faisait pas une conversation.

- Essayons ton jeu, décréta-t-il. Nous parlerons en jouant.

Le hasard fit qu'on leur apporte à leur bière à ce moment-là coupant la discussion par le milieu. Nikita leva la sienne avec un sourire.

- Za vashé zdorovie. Ça veut dire à ta santé.

il en but une gorgée légère, prit garde à ne pas se laisser une moustache de mousse puis reposa son regard sur Ha Na.

- Poudlard a été assez décevante jusque-là, je la soupçonne de ne pas dévoiler tous ses secrets. Le quidditch sur balais n’autorise pas de se rentrer dedans et il y a des elfes esclaves dans les cuisines.

Surtout, ce qui le gênait était l'apparente non-exploitation du potentiel magique du lieu. Or plus il faisait ce constat plus il soupçonnait une rouerie

- J'espère ne pas t'avoir heurté.

Et si c'était le cas qu'apporter au fond ? il ne devrait vers rien à cette fille sinon la plus élémentaire des politesses.[/color][/b]

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Elle se détendait petit à petit.

Malgré la rusticité des lieux, qui l'indisposait toujours, elle se sentait à l'aise naturellement en société. Elle aimait communiquer avec ses pairs, faire la conversation, éprouvait de la curiosité envers autrui, surtout quelqu'un dont la famille semblait partager ses valeurs.

Par ailleurs, il était de son âge ; et cela facilitait évidemment les choses, puisqu'elles semblaient plus naturelles, comme couler de source. De plus, leurs points communs ne s'arrêtaient pas là, et la jeune fille se retrouvait facilement en lui. Elle aussi, elle était étrangère, arrivée l'année précédente en terre inconnue. Pour mieux se concentrer sur ses résultats, que la coréenne ne pouvait sacrifier, elle s'était uniquement concentrée sur les cours et les devoirs, au détriment de tout le reste - ce qui avait considérablement nuit à sa connaissance générale de Poudlard, aussi bien qu'à son cercle social.

Elle était même heureuse, désormais, de se trouver là, et offrit un sourire poli, réservé mais spontané à son interlocuteur. Ainsi, il connaissait les échecs, lui aussi ?
D'un geste calme, en prenant son temps, Ha Na ouvrit le loquet de la boite de shogi, d'un coup de baguette magique assuré, en reprenant la parole avec un certain enthousiasme qu'elle ne pouvait dissimuler.
Parler de sa propre culture était enthousiasmant - et atténuait le mal du pays, qu'elle éprouvait toujours régulièrement, par longues vagues mélancoliques qui pouvaient durer des jours.

- "Je jouais beaucoup aux échecs coréens à la maison. Cela s'appelle le "Janggi". En fait, c'est amusant comme cela ressemble au jeu que l'on trouve ici, même si les pièces sont différentes, on y trouve à peu près les équivalences des pièces anglaises. En vérité, c'est adapté directement du jeu d'échec chinois. C'est très populaire en tout cas, tout comme les concours pour déterminer le meilleur en la matière à Mahoukotoro."

La serveuse sur ces entrefaites. La Sang-pur la laissa déposer les bièraubeurre, remercia à voix basse, saisit son verre tandis que Nikita portait un toast, lui offrit, à nouveau, un large sourire.

"Za vashé zdorovie" imita t-elle avec un peu de maladresse, déchirant littéralement les propos de son interlocuteur de son accent étranger, avant de boire à son tour une petite gorgée élégante. Elle reposa ensuite son verre, soudainement attentive à ce qu'il lui racontait de lui.
Il était vrai que Poudlard était beau, mais rappelait, semblait-il, l'enseignement classique dispensé aux moldus, à quelques exceptions près.

Elle eut envie de pouffer de rire en l'écoutant se plaindre du Quidditch qui lui paraissait trop policé à son goût, reprit une gorgée de sa boisson, tandis que l'adolescente ouvrait une bourse de soie, avant d'y piocher des pions blancs et noirs, qu'elle commença à disposer sur le plateau.

- "Non, tu ne m'as pas heurté, ne t'en fais pas. Je dirais que Poudlard est à l'image des occidentaux, et de leurs traditions. Il existe de nombreux secrets derrière des portes closes, et si tu veux, nous pourrions tenter de les percer tous les deux, si cela te fait plaisir. De même pour les elfes de maison et le Quidditch, j'imagine. A Mahoukotoro, le sport est à la fois plus raffiné, mais aussi plus cruel. Les élèves qui dégringolent sont exclus de la partie et ils sont souvent tournés en ridicule, même si la plupart des coups sont permis pour que cela arrive. Je me demande comment ton école fonctionnait sans serviteurs, magiques ou non. Tu étais à Durmstrang, si je ne me trompe pas ? Je suis curieuse de savoir comment cela se passait."

La jeune coréenne leva ses yeux noirs emplis d'une curiosité bienséante dans sa direction. Elle désirait mieux le connaitre - et c'était si naturel qu'elle commençait à se demander pourquoi elle éprouvait en arrivant tant d'appréhension.

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Quelques conséquences d’un nationalisme bien ancrée dans son éducation avait fait hériter Nikita d’un intérêt poli, quoique distant, pour les cultures qui lui étaient étrangères. Sorte de curiosité teintée d’étrangeté, que l’on peut ressentir en allant au zoo, trouvant d’étranges similitudes entre eux et nous, pour en ressortir au fond réaffirmé dans sa différence et convaincu de sa supériorité. Ceci dit, il n’était pas contre se faire des amis. Les rares qu’ils s’étaient fait à Poudlard, c’était par intérêt, ou par hasard. Il fréquentait Kenneth d’abord parce qu’on le lui avait demandé, Gwendolyn était plus âgée que lui et on ne pouvait pas la qualifiée « d’amie » quant aux autres, c’était surtout des connaissances, sympathiques, amicales, mais pas des personnes avec qui manger tous les midi ou passer ses soirées lorsqu’on n’a rien à faire. En peu de mots, le jeune homme commençait à se sentir un peu seul.

- « Janggi » répéta-t-il avec application, comme il le faisait pour les nouveaux mots en anglais. Ah vous aussi avez des concours ? »

Son visage s’illumina. Les échecs faisaient presque figure de sport national en Russie, démonstration d’intelligence, de mémoire et très prisé des jeunes gens désireux de se mesurer les uns aux autres sans en passer par la violence ou le sport. Intéressé, il croisa les bras, fixant le jeu avec attention.

- On dit que notre manière de jouer aux échecs révèle beaucoup de notre personnalité, savais-tu ? Chez nous tout le monde y joue, c’est un bon moyen de savoir si l’on peut être ami.

Comme d’autres comparaient les signes astrologiques, lui observait les mouvements de pièces sur l’échiquier. La version d’Ha Na était différente cependant et il ne savait si ses théories fonctionnaient aussi avec ces nouvelles règles venues d’Asie.

- En fait, le jeu est comme une danse. Chaque coup en appelle un autre, il faut s’adapter à son partenaire, épouser ses mouvements mais, attention, à la fin quelqu’un remporte la partie.

Il eut un sourire en levant sa bière avant de reprendre.

- Ceci dit, la victoire n’est pas toujours une fin en soi, une partie élégante et qui satisfait les spectateurs et les deux joueurs est aussi appréciable. Il posa son regard sur la jeune fille avec curiosité. Joues-tu pour gagner ? Ou pour la beauté du jeu ? »

La conversation était lancée à présent et, ayant trempé ses lèvres dans la bière, Nikita se sentit un peu plus libre de se plaindre du quidditch et des enseignements de Poudlard. Il ne l’aurait pas fait en face d’un anglais, ou seulement s’il avait été véritablement en colère, mais son premier contact avec la famille Seo et son aîné, Jin, l’avait un peu rassuré quant à l’état d’esprit de leurs enfants.
Par sa réponse, Ha Na lui confirma d’ailleurs qu’il avait vu juste.

- Je serai heureux de percer des secrets avec toi, répondit-il avec solennité, avant de secouer la tête, un peu vexé d’être associé à Durmstrang. Non. Koldovstoretz. Durmstrang nous a tourné le dos. Il y avait des corvées que chacun faisait à tour de rôle.

Il reprit une gorgée de bière.

- Cela apprend la vie d’homme, il faut être indépendant sinon on reste toujours un enfant. Toi, tu as déjà été à Mahoukotoro ? Ou toute votre famille étudie à Poudlard ?

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Ha Na écoutait attentivement Nikita. Plus il lui parlait, et plus elle se sentait à l'aise en sa présence. Bien qu'il soit de nationalité russe - et presque aussi éloigné de sa culture que ces anglais qui l'insupportaient en grande majorité - la jeune fille devait avouer qu'il était bien différent.
Il avait un vocabulaire normal, ne mâchait pas ses mots, son regard portait droit et son ton semblait assuré ; mais par-dessus tout, il s'intéressait à autre chose que de trouver un moyen de sécher les cours.

Son intérêt pour les échecs ne passa pas inaperçu. Sa définition en fit naitre des étincelles dans les yeux de l'adolescente, qui ne pouvait qu'approuver de la tête.
Voir les échecs comme une danse complexe et comme un révélateur de personnalité prouvait que leurs visions étaient proches, et un sourire réservé illumina le visage de l'adolescente, tandis qu'elle plaçait, une par une, les pièces de son jeu, avec méticulosité.

- "Comme tu viens très justement de le dire, c'est plus qu'un jeu, et mon pays prend très sérieux le Janggi, comme le Japon aime à jouer à la version du Shogi. C'est pratiquement une discipline nationale, parce qu'elle fait appel à toutes les ressources de l'esprit. Bien sûr, j'aime gagner, mais ça va au-delà... c'est un excellent exercice de stratégie, un voyage qui développe l'intelligence et facilite l'éveil. Je dirais aussi que c'est une danse, qui emporte deux volontés, en quelque sorte. Je ne savais pas qu'il y avait une version russe, mais j'aurai dû m'en douter."

A dire vrai, elle était de plus en plus curieuse de cette culture dont elle ignorait tout, et une lueur intriguée illumina ses yeux sombres, qu'elle fixait amicalement sur son interlocuteur. La Sang-Pur se morigéna intérieurement d'être si ignorante ; mais après tout, elle était aussi là pour apprendre à le connaitre.

- "Oh, j'ai entendu parler de Koldovstoretz. Il parait qu'ils y font du Quidditch sur des troncs d'arbre déracinés... Tu as dû avoir du courage pour vivre là-bas, et j'imagine sans peine que Poudlard doit te faire drôle en comparaison. Ici... disons qu'ils ne prônent pas la difficulté, de ce que j'en ai vu. Les forts et les faibles en classe ne sont pas différenciés, et les élèves ne participent pas aux tâches quotidiennes, comme tu as déjà pu le voir."

Cela lui avait toujours paru étrange ; mais elle ne pouvait se permettre de regretter le passé. Cela n'était pas sain, ni pour elle, ni pour le nom qu'elle portait, avec l'héritage de cette triste affaire. Elle rougissait d'ailleurs de honte de devoir toucher à ce sujet sensible.
Peut-être arriverait-elle à lui en parler, s'ils sympathisaient vraiment, et qu'ils devenaient réellement amis.

En attendant, des souvenirs de son ancienne école refluaient lentement. Ha Na se souvenait des Oiseaux-Tonnerre, des uniformes, des longues parties de de jeux et des longues heures de cours, en classe, où les professeurs ne se seraient jamais permis de faire remarquer leurs boutons d'acné ou leur laideur, bien que la beauté soit placée en valeur importante.

- "A vrai dire, toute ma famille a été à Mahoukotoro, et j'y ai passé deux ans. Dans cette école aussi, les élèves doivent s'occuper de certaines corvées, surtout s'ils ont commis des infractions mineures ou que leurs notes ne sont pas satisfaisantes. S'ils prennent un couple à s'embrasser, crois-moi, le prix à payer est rude. Je dirais que ça enseigne la retenue et le contrôle de soi. Ce n'est pas plus mal. Tu avais aimé Koldovstoretz ?"

Elle avait enfin terminé d'installer le jeu, des jetons d'ivoire marqués chacun d'un élégant kanji, et prit une petite gorgée de bière, avec délicatesse.

- "Voilà ! Sans surprise, il s'agit d'une version des échecs, mais provenant du Japon. Ces pièces sont enchantés, et elles se déplaceront d'un simple mouvement de baguette. ...Je dois dire que je suis soulagée que tu aimes ce jeu, parce que j'avais un peu peur tu t'ennuies. Est-ce qu'il y a des concours de jeux de société en Russie, alors ? Tu en as déjà gagné ?"

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L’avantage des conversations entre gens bien-nés était qu’on avait des conversations autrement plus raffinées qu’à l’ordinaire. Beaucoup des camarades de classe de Nikita étaient – sans vouloir les insulter – du genre un peu rustres et le jeune homme n’avait que trop rarement trouvé des points d’affinité avec ces-derniers. Ce qu’ils pouvaient avoir en commun, le jeune homme trouvait souvent leur manière de l’envisager vulgaire, littéralement, ou médiocre. Nul grandeur, aucune qu’être d’infinité ni désir patriotique, il fallait souvent se contenter de petites conversations banales et frustrantes à force.

Au moins les échecs avaient le mérite d’offrir un sujet de discussion un peu plus technique que les autres, et donc naturellement de faire le tri entre ceux conviés à rejoindre la conversation et ceux qui resteraient à l’écart.

Nikita opina silencieusement de la tête aux paroles de la jeune Coréenne, confirmant ses dires. Ils se retrouvaient sur leur vision du jeu. Loin d’être un simple divertissement, il s’agissait, comme le sauna et le samovar, d’un exercice de sociabilité et à ce titre, disposait de règles cachées avec lesquelles le jeune homme appréciait de s’exercer. Au-delà d’une simple tactique, on pouvait lire dans le jeu de l’autre certaines dispositions de caractères et remporter la partie asseyait sa dominance.

- Tu as entendu juste, commenta-t-il. Le jeu est plus brutal que sur des balais taillés. On va moins vite mais on frappe plus fort aussi.

Moins que l’adresse, c’était le courage qui primait pour remporter les matchs en Russie, et il n’était pas rare de forcer un mur de défenseurs à coups de tronc, à la manière d’un bélier défonçant une porte en bois.

Il releva le nez de sa bière aux paroles de la jeune fille, l’œil brillant et hocha vigoureusement la tête.

- C’est vrai ! L’école est franchement laxiste !

Ça lui avait brûlé les lèvres depuis son premier jour à Poudlard mais il n’avait jamais vraiment pu l’exprimer en face d’un autre élève, sauf à paraître trop hostile, ou prétentieux.

- Cela nivelle toujours le niveau, nous devons suivre des cours avec des gens qui ont de graves lacunes, et ceux qui en ont sont humiliés.

Il en savait quelque chose, ses difficultés en sortilèges lui faisaient systématiquement grincer des dents lorsqu’on exigeait des élèves une démonstration de magie en classe, et une fois sur deux il échouait à l’exercice. Mais par ailleurs, Nikita était atterré par le faible niveau des cours en histoire de la magie et l’évident manque d’objectivité historique des enseignements dès lors qu’il fallait traiter l’internationale ou la politique intérieure du Royaume-Uni en matière de réglementation magique. On présentait encore les gobelins comme des créatures à moitié dangereuses pour, dans le même temps, vanter sans recul l’intégration des sorciers qui n’étaient pas de sang-pur.

Tout à ses pensées, il reprit la discussion à la volée, sur la sévérité du règlement de Mahoukotoro.

- Il faut des règles pour les briser, conclue-t-il d’un air sentencieux. Une école a besoin de cadre. Ce n’est pas rendre service aux élèves d’ici que de les laisser faire n’importe quoi, la plupart sont trop puérils pour savoir ce qui est bon pour eux.

Quelques images de la fête où Kenneth l’avait invité lui revinrent en tête. C’étaient des festivités à l’occidentale, vaines et autodestructrices. Il n’en voyait pas l’intérêt.

Nikita sortit sa baguette et d’un simplement mouvement de celle-ci, les pièces du plateau se rangèrent d’elles-mêmes sous son nez. Satisfait, il hocha la tête.

- Il faudra m’expliquer les déplacements si ce ne sont pas les mêmes règles qu’en Russie.

Il se saisit d’une pièce de forme étrange et l’observa avec curiosité. « La facture est bonne. »

- Non je n’ai jamais participé à des concours, toi si ? C’est d’avantage une activité pour discuter même si certaines s’y plongent si intensément qu’elle devient une véritable compétition.

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Ha Na Seo se sentait vraiment très bien. Elle avait redouté un moment désagréable, à la conversation difficile, mais Nikita s'avérait tout autre ! En réalité, ils étaient bien plus proches qu'avec leurs pairs occidentaux : les écoles de Mahoukotoro et de Koldovstoretz prônaient la pugnacité et le courage malgré l'adversité, dans l'adversité. Il fallait puiser dans ses ressources et se surpasser, que ce soit scolairement, ou lorsqu'ils faisaient du sport. Dans les arts même, les élèves étaient poussés à l'excellence ; peu importait qu'il s'agisse d'un passe-temps ou non.

Dans un sens, la coréenne était rassurée par l'attitude de son interlocuteur. Oui, elle trouvait que l'école était laxiste, qu'elle ne poussait pas les élèves à donner le meilleur d'eux-même, et qu'il était scandaleux que des élèves de faibles niveaux soient mélangés aux forts.
C'était comme le règlement. Il était facile ici d'y faire des infractions, mais il offrait malgré tout une trop grande latitude aux élèves. L'éducation devait être sévère et stricte, pour pousser l'enfant à grandir dans un environnement droit, où il aurait le temps d'élaborer son système de pensée avant d'avoir le droit de prendre ses propres décisions.

- "Je pense que c'est mieux d'évoluer dans un environnement plus stricte, je suis d'accord avec toi. Tu sais, la vie en Corée est plutôt difficile pour les occidentaux. Il est interdit de fumer ou de s'embrasser dans les rues, ce genre de choses, alors à l'école, c'est encore plus surveillé. Si ton uniforme devient blanc à l'école, c'est que tu as fait une infraction grave, et tu es renvoyé. Le respect est aussi une notion très importe : on doit parler aux élèves plus âgés avec politesse, et on s'incline quand les professeurs entrent en classe, ou quand on doit s'excuser, par exemple. C'est très codifié... J'ai l'habitude de toutes ces règles."

Enfin, la jeune fille avait finalement placé toutes les pièces. Elle aimait la perfection du premier placement, où toutes les pièces étaient à leur place, où le jeu était encore vierge de toute stratégie, parce qu'alors tout était possible, comme dans un arrangement floral.

- "J'ai fait quelques concours, oui, à Mahoukotoro. Il y a avait aussi des concours dans les matières, comme celle de potions ou d'arts martiaux. Ça stimule l'émulation, et on peut être vraiment fier de soi. Techniquement, c'est aussi bon pour le dossier scolaire, ce qui n'est pas un mal. Bon, alors les règles sont simples. Normalement, le joueur qui commence est déterminé par le « furigoma » : le joueur le plus gradé jette cinq pions et observe leur état à l’atterrissage : s’il y a plus de pions non promus, il commence. Sinon c’est son adversaire qui commence. Mais je te propose de commencer, si tu le souhaites, pour plus de simplicité. Tu as ici le pion..."

Ce faisant, elle désigna chaque pièce d'un doigt, le sourire aux lèvres et les yeux brillants. Elle avait complètement oublié sa boisson, savourant le jeu et l'instant présent.

- "Ici, le Lancier, qui peut se déplacer devant d'autant de cases qu'elle veut, jusqu'à rencontrer un obstacle, le cavalier, qui se déplace d'une case vers l'avant, puis d'une case en diagonale. Attention, contrairement à son cousin des échecs, il ne va pas sur les cotés ni en arrière. C'est aussi la seule pièce qui peut passer par dessus les autres lors de son déplacement. Le Général d'Argent se déplace d'une case à la fois tout autour de lui, sauf sur les cotés et vers le bas. Pour mémoriser, tu peux penser au "A" de argent qui permet de sa rappeler que celui-ci peut bouger dans les diagonales arrières.Le Général d'Or est le complémentaire du Général d'Argent. Il se déplace également tout autour de lui sauf dans les diagonales arrière. Le Fou peut se déplacer autant qu'il veut sur ses diagonales, tant qu'il ne rencontre pas d'obstacle. Tu as également la Tour, qui peut se déplacer sur toute sa ligne et toute sa colonne, jusqu'à ce qu'un obstacle l'interrompt, et enfin, le Roi, qui se place d'une case tout autour de lui."

Loin de l'ennuyer, expliquer le jeu à quelqu'un de réceptif était un véritable plaisir, et ce fut avec un enthousiasme perceptible qu'elle continua.

- "La spécificité du shogi vient de plusieurs aspects : Le Parachutage, qui consiste à pouvoir réutiliser une pièce préalablement capturée, comme renfort à ses propres troupes.Tu peux replacer la pièce quasiment n'importe où sur le jeu. Il faut respecter une restriction importante, c'est-à-dire que la pièce doit pouvoir se déplacer par la suite. Enfin, tu as la Promotion. Elle t'autorise à transformer une pièce lorsqu'elle atteint le camp adverse. Par "camp adverse", j'entend les trois dernières lignes du jeu, c'est à dire celles où les pièces adverses sont disposées en début de partie. Voilà, tu sais à peu près tout. Ah oui, un dernier détail : Les pièces prennent une pièce adverse lorsque leur déplacement les amènent sur une case où se trouve cette pièce. Il n'y donc pas de pion qui prend soudain en diagonale, ni de "prise en passant", par exemple. cela ne se fait pas d'annoncer l'échec, ni le mat: si l'adversaire ne se rend pas compte de la situation de son roi, on lui prend et on remporte ainsi la partie... c'est tout à fait loyal. Est-ce que tu as des questions ? C'est juste un peu plus compliqué que les échecs occidentaux, mais j'aime bien les nuances de ce jeu. Ça demande une réflexion différente, mais sans doute pas moindre."

Finalement, elle but une petite gorgée de sa boisson, sans même s'en rendre compte, avant de soupirer de plaisir. Elle était désormais très curieuse de connaitre la culture russe, l'univers de ce jeune garçon si intéressant et étonnamment profond.

- "Tu as des frères et sœurs pour jouer avec toi quand tu rentres en Russie pour les vacances ?"

Codage par Libella sur Graphiorum

La vie en Corée semblait assez différente de celle en Europe, que ce soit en Angleterre ou en Russie d’ailleurs. Chez lui la discipline était stricte mais les mœurs n’étaient pas autant contrôlées que chez Ha Na. Au contraire, on pensait assez librement que « jeunesse devait se passer ». Cela n’empêchait pas de recevoir des coups de règles sur les doigts ou de passer la nuit au cachot si d’aventure vos frasques venaient à être découvertes, mais personne ne semblait penser sérieusement que cela empêcherait les élèves de recommencer. Comme l’avait dit Nikita, les règles étaient là pour être outrepasser.

- Les règles donnent un cadre, abonda-t-il après les explications de la jeune fille. A Poudlard, il n’y en a presque aucune, les élèves n’ont plus le sens du bien et du mal, ils sont comme des bâtons qui flottent sur une rivière. »

Il eut une pensée pour son ami Kenneth qui était, à ses yeux, l’exemple parfait de ce manque d’encadrement des adolescents dans l’école. Libre, il fallait le lui reconnaître, mais terriblement insouciant au point de n’avoir aucun sens du devoir ni des responsabilités. Il mourrait probablement jeune et sans avoir probablement jamais rien accompli de son existence.

Nikita eut un sourire.

- Je ne sais pas si je serai très à l’aise de devoir m’incliner devant les professeurs. Certains sont franchement idiots.

Il tâcha de se concentrer sur les règles du jeu, peu intuitive quand comme lui on avait été formé aux échecs « classiques » à l’européenne. Joignant ses mains devant son visage, les sourcils froncés pour tenter de retenir les informations que lui donnait Ha Na, il hochait la tête pensivement tout en se faisant la réflexion que quelques antisèches ne seraient pas du luxe pour se souvenir de tout.

- Des questions ? Cent-mille oui, plaisanta-t-il sans toutefois sourire. Mais on n’apprend bien qu’en pratiquant. »

D’un geste assuré, il s’empara de ce que la jeune fille avait expliqué être un pion, hésita un quart de seconde puis le déplaça d’une case en avant sur le plateau. Un coup d’œil au visage de sa camarade pour vérifier qu’il ne venait pas d’enfreindre une règle puis il hocha la tête.

- Non je suis fils unique. Et toi ? J’ai toutefois un démon qui accepte de jouer avec moi après la tombé de la nuit.

Le domovoï était assez mauvais aux échecs et avait tendance à balancer le plateau par terre à la première contrariété, mais c’était toujours mieux que de jouer seul.

- Je me demande ce qui se passerait si nous opposions des pièces de Shogi à des pièces d’échec avec chacun leurs propres règles. Crois tu qu’un camp serait avantagé ?

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