[SUJET COMMUN] Bal de fin d'année

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Bal de fin d'année
sauvons le cochon

Dans le fond, la présence d'Hayden était la bienvenue. Peut-être qu'elle aurait préféré qu'il passe une bonne soirée plutôt que de faire le service mais, égoïstement, elle était plutôt contente de l'avoir à ses côtés... comme toujours, en fait. Si elle avait dû parier sur une amitié possible en arrivant dans cette classe, elle n'aurait sûrement jamais parié sur celle-là... et pourtant, c'était sûrement l'une de celles qui avaient le plus d'importance à ses yeux, pour ne pas dire la plus importante. Et quand il tira d'elle ne savait trop où de quoi manger, il lui sembla que c'était un ange venu du ciel ou un machin comme ça... Ou au moins le garçon le plus prévoyant et attentionné de l'univers. Elle, elle avait été trop occupée à afficher sa pancarte sous le nez de toute l'assemblée qu'elle n'avait pas pensé à sauver le moindre petit four.

— Tu m’étonnes… attends, dès que Sherwin tourne la tête je te récupère des poivrons grillés.
— Ouuuuh, on a peur des grands méchants Sherwin, le taquina-t-elle dans un sourire qui n'avait rien de méchant ni de moqueur. Je passerai aux cuisines en rentrant, t'inquiète.

Parce que l'idée n'était évidemment pas de lui attirer des ennuis pour trois poivrons... mais Michaela revit rapidement ses plans lorsqu'il lui fit maladroitement remarquer la présence d'un cochon en train de rôtir à la broche... Peut-être que ça, ça valait quelques ennuis... Bien sûr, elle avait bien conscience qu'elle ne pourrait rien faire pour lui, il était déjà mort, mais peut-être qu'ils pouvaient lui éviter d'être ainsi exposé aux yeux d'un monde cruel qui n'avait finalement pas plus de considération pour les animaux que pour les humains. Il y avait des causes qui méritaient qu'on prenne des risques... même les perdues...

— Mais qu’est-ce que tu veux qu’on y fasse, Mika ? Y a plein de monde autour, on va pas le…

Sans même savoir ce qu'il allait dire, elle hocha la tête avec conviction. Bien sûr que si, ils allaient le... ! Et sûrement qu'il comprit exactement que c'était ce qu'elle comptait faire parce que son visage se figea dans un « o » qu'elle ne parvenait pas à décrypter... surpris...? désespéré...? réprobateur...? les trois à la fois...? Peu importe. Même s'il ne voulait pas l'aider, elle tenterait le coup toute seule, tant pis ! Elle pouvait comprendre que c'était trop pour lui, que s'accrocher aux animaux vivants c'était suffisant, que c'était trop demander que de rajouter les morts en plus... Mais bon, pour elle, il n'y avait finalement pas trop de différence... Est-ce qu'on laisserait le cadavre de l'un d'entre eux exposé comme ça juste pour distraire les autres ? Probablement pas ! Enfin... elle espérait en tout cas... alors il n'y avait pas de raison qu'on le fasse là sous prétexte que c'était un cochon. Il avait droit au respect, lui aussi !

— … non, non, je connais cette tête-là et t’es pas vraiment en train de penser à ce que je pense. C’est une très, très, très mauvaise idée.

Elle haussa les épaules et allait pour lui faire savoir que si, elle était justement en train de penser à ça quand son directeur de maison arriva pour récupérer son plateau, comme s'il avait compris que c'était pile le moment pour jouer les bons samaritains et leur laisser le champ libre pour agir... Alors, c'était peut-être risqué de parler « d'action » quand on savait aussi bien qu'elle que ça allait droit dans le mur et qu'ils allaient sûrement se faire coller jusqu'à demain matin... voire pour la rentrée si c'était légal... mais peu importe. Ça se tentait. Vraiment, ça se tentait ! Elle lui fila leur plateau et embarqua son ami un peu à l'écart. Il fallait monter un plan vite vite et tirer ce pauvre cadavre de cochon avant que quelqu'un ne se doute de quelque chose...

— Comment tu veux sauver la dignité d’un cochon déjà mort, devant Sørensen et toute sa clique, sérieux ?

Oui... bon... présenté comme ça, forcément... mais franchement, qu'est-ce qu'on s'en foutait de Sørensen et toute sa clique, hein ? Il allait faire quoi ? Filer une heure de colle le dernier soir ? Leur demander de faire la vaisselle pour se venger ? C'était bon, elle en faisait son affaire... et si lui se sentait pas de la suivre, elle ne le forcerait pas et ne lui en voudrait même pas. Elle avait bien conscience que c'était foireux, comme truc, quand même...

— Tu veux quoi, qu’on l’empaille et qu’on le dépose chez Duncan ?
— Non, qu'on l'embarque et qu'on l'enterre, avoua-t-elle le plus sérieusement du monde.

La rouquine leva les yeux au ciel comme si c'était abusé qu'il se fiche d'elle mais évidemment c'était justifié... Le cochon était mort, elle allait pas pouvoir faire de miracle mais... juste un petit peu... un petit quelque chose... trois fois rien...

— Bon, je sens déjà que je vais regretter cette question, mais… c’est quoi, ton plan ?

Elle dut se retenir pour ne pas lui sauter au cou mais, à la place, elle sautilla en battant silencieusement des mains, enthousiaste à l'idée qu'il l'accompagne dans cette mission suicide.

— Il est tout simple. On va voir les elfes en expliquant qu'un prof nous a demandé de ramener le cochon parce qu'il a vu quelqu'un mettre un truc dessus, on file en direction de la forêt, on creuse un trou, on le met dans le trou, on rebouche le trou et on revient finir de servir les petits fours comme si de rien n'était. Ni vu ni connu... enfin... quasi quoi.

Parce qu'évidemment, se barrer dans la forêt avec le dîner sur l'épaule, surtout un dîner de la taille d'un cochon entier, ça allait être d'une discrétion incroyable... mais elle avait pas mieux pour l'instant et de toute façon y'avait pas le temps de monter un plan parfait. Il fallait agir maintenant.

(c) jawn

Bal de fin d'année

Michaela & Hayden orchestrent un vol de cochon

Il était plutôt vexant que Michaela sous-entende qu'il était effrayé par les Sherwin... Bien sûr, ces derniers n'avaient pas l'air bien commodes, mais assumer sa réticence naturelle à leur égard ne faisait que renforcer leur légitimité. « Bien sûr que non, trop pas. » répondit-il, un brin sur la défensive. « Mais ils peuvent nous mettre dans la galère, alors je fais gaffe. » se contenta-t-il simplement de répondre, en se massant la nuque, observant les deux jumeaux maléfiques un peu plus loin avec un peu de ressentiment à leur égard, se retenant d'ajouter qu'il les trouvait réellement flippants. Il n'avait jamais été confronté à eux directement, mais puisqu'il semblait que ce soit les deux seuls membres de la brigade présents ce soir, il préférait nettement les éviter. Surtout au vu de l'idée saugrenue de Michaela, qui songeait le plus sérieusement du monde à aller rendre justice à ce pauvre cochon de lait, en le dérobant et en l'emmenant bien loin du buffet... « … qu’on l’enterre ? » demanda-t-il, estomaqué, avant d'ajouter sa conclusion aussitôt : « T’es barge. » C'était bien la seule explication crédible qu'il voyait là... ! Il savait pertinemment que les prises de position de Michaela pouvaient être radicales, et le plus souvent, il comprenait bien volontiers pourquoi ce sentiment d'injustice la mettait à ce point hors d'elle. Mais dans cette situation-là... Il ne voyait même pas comment ils pourraient mettre en place ne serait-ce que la première partie de ce plan-là. « Et où ça, dans un mausolée pour cochons ? Y a la Terre entière qui va nous capter ! » signala-t-il en désignant d'un geste de la main les petits groupes d'étudiants formés autour d'eux, les rassemblements de professeurs autour du buffet, ainsi que le directeur un peu plus loin, qui conversait joyeusement avec des individus qu'il ne connaissait pas. Leur position était d'autant plus délicate, parce qu'ils étaient au service, et que l'on avait, de ce fait, les yeux rivés sur eux.

Mais sans faillir, la Gryffondor demeura sur ses positions, expliquant comment elle comptait récupérer l'animal, afin de lui rendre sa dignité... Il plaqua une main contre son front. « C’est… J’ai jamais rien entendu d’aussi flingué de ma vie, j’te jure. » Il n'imaginait pas une seule dimension où tout fonctionnerait comme elle semblait le prévoir, et où on les laisse prendre le large avec ce cochon mort entre les bras. Bon, peut-être que la situation n'était pas aussi désespérée qu'il l'imaginait, mais il avait sincèrement du mal à imaginer comment ils pourraient terminer cette soirée ailleurs que dans le bureau de Sørensen, qui leur demanderait sûrement des comptes pour ce cochon volé. Il se mit aussitôt à imaginer ses parents convoqués, contraint de redoubler, et s'entrevit lui-même derrière un guichet de cinéma, dans une réalité alternative. Pourtant, il jeta un dernier regard à l'animal, toujours embroché, rôtissant sous le regard des plus curieux. « Mais ok, c'est bien parce que c'est toi, mais on va le faire. » Et sûrement le regretter, pensa-t-il aussitôt. Il était loin, très loin d’être convaincu par cette idée qu’il jugeait franchement suicidaire ; mais à bien y songer, il préférait franchement se remémorer sa soirée de fin d’année en se rappelant qu’il avait manqué de se faire renvoyer pour le vol d’un cochon de lait, plutôt qu’en se souvenant qu’un directeur suprémaciste les avait flanqués au service. Enfin, même s’ils n’étaient plus vraiment grades acier, c’était leur manière de montrer qu’ils désapprouvaient ce système mis en place…

Et tandis qu'ils se dirigeaient, non sans une certaine prudence, vers les elfes qui faisaient tourner l'animal, il sentit comme une bouffée d'adrénaline circuler dans ses poumons ; avec les quelques dernières semaines qu'il avait passées au château, c'était plutôt revigorant... Et ne serait-ce que pour cette simple raison, il en était reconnaissant avec Michaela, qui parvenait toujours à lui faire entrevoir les bons côtés d'une situation, même lorsque celle-ci semblait désespérée. Il se surprit notamment à songer que s’il se transformait, ils pourraient récupérer ce cochon en moins de deux. Il aurait été tout à fait aisé pour lui d’aller se dissimuler un peu plus loin, d’emprunter les traits de l’un des rejetons Sørensen - qui n’étaient pas présents pour une raison qui lui échappait - et de demander à récupérer l'animal sans aucune justification... Mais il n'était pas question de mettre à mal son identité ce soir. Comme s'il ne prenait pas déjà suffisamment de risques... Appréhensif, il s'arrêta finalement devant le feu, et échangea un dernier regard avec la Gryffondor avant de se décider à prendre la parole, timidement. « Excusez-moi, je… On doit le récupérer pour le ramener aux cuisines, c’est Mr. Armitage qui a vu quelqu’un renverser du jus de citrouille dessus. » commença-t-il d’une voix hésitante, avant d’ajouter précipitamment : « C’est lui qui nous a demandé. » Comme s’il y avait un espoir que cela leur confère une légitimité… Il sentit son estomac se nouer, et ses mains moites, tandis que l'elfe le dévisageait avec insistance. Il s'attendait à un refus strict de la part des petites créatures, qui semblaient sérieusement attelées à la tache. Mais pourtant l'un d'entre eux hocha la tête, et sortit la pique en fer du feu pour pouvoir la leur tendre. Perplexe, le Serdaigle bredouilla : « Euh… merci ! » Et il fit aussitôt demi-tour, entraînant sa meilleure amie avec lui, en lui confiant l'autre côté de la broche. « Putain j’y crois pas… Baisse la tête et trace, vite, vite. »

@Michaela O'Delee

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