Si j’étais enthousiaste à l’idée d’un événement Halloween organisé par l’école, j’ai changé mon avis lorsque tout a commencé à dérailler. Les choses ont pourtant bien commencé quelques minutes auparavant, quand les professeurs nous ont répartis en groupe de quatre. J’ai regretté de ne pas être avec mes amis mais il fallait s’y attendre quand ce n’est pas nous qui choisissons les membres de notre équipe. Bon, je n’avais jamais parlé à Edward Carter et je n’avais eu l’occasion de croiser Matrim qu’une fois dans l’école durant la nuit mais je me suis dit que ce serait une bonne occasion de faire de plus amples connaissances avec eux. De plus, j’ai pensé qu’on nous ferait simplement participer à une sorte de concours costumés ou quelque chose du style à faire ensemble face aux autres mais j’étais bien loin de la réalité. Heureusement que le professeur Ziegler était avec nous.

« Je me demande ce qu’ils nous ont préparé. » Ai-je dit, un index interrogateur posé sur ma lèvre inférieure.

Nous avons franchi le hall de la Cabane Hurlante ‒ un endroit qui me faisait toujours flipper mais qui m’intriguait également ‒ avant de parvenir jusqu’à la salle à manger puis de redescendre à nouveau des escaliers craquants qui menaçaient de s’effondrer sous notre poids. J’ai fait preuve de prudence en les descendant et je n’ai pas refusé la proposition de notre professeur lorsqu’il a souhaité prendre la tête du groupe. Je ne trouvais pas la Cabane Hurlante rassurante de base donc je préférais qu’il mène la marche pour être certains que nous n’allions pas nous perdre et nous rendre au bon endroit. Quel endroit en particulier ? Je ne le savais pas mais j’imaginais que tout avait été arrangé pour que l’on puisse s’y retrouver. Et cette pensée fut une erreur !

Nous nous sommes engouffrés dans un couloir aux tapisseries jonchées de moisissures et de saletés. L’odeur de renfermé n’aidait pas à rendre le tout plus chaleureux, bien au contraire. Sans un mot, j’ai suivi notre professeur ainsi que les deux autres garçons qui semblaient aussi observer ce qui nous entourait. J’avais hâte de voir ce qui se cachait au bout de ce couloir mais plus les secondes défilaient et plus j’avais le sentiment que c’était sans fin. Avait-on un couloir aussi long comme celui-ci à Poudlard ? Je ne crois pas, non.

« Ca commence à faire long, non ? » J’ai demandé avec scepticisme.

J’ai croisé les bras tout en continuant de marcher. Je n’aimais pas la monotonie et j’espérais qu’on allait vite passer à autre chose de plus intéressant comme par exemple, un vestiaire rempli de costumes d’Halloween. Au bout de ce qui me semblait être des heures de marche ‒ bien qu’en réalité, cela ne devait faire que quelques minutes, ce qui était déjà énorme pour un couloir ‒ quelque chose a stoppé mon avancée. A un peu moins d’une dizaine de mètres de nous, deux petites filles se tenaient main dans la main en étant tournées vers nous. Je ne pouvais pas distinguer précisément leur visage mais je me demandais ce qu’elles faisaient ici. Pourquoi des enfants se rendraient dans la Cabane Hurlante en sachant qu’elle était hantée ? En observant autour de moi, j’ai constaté par ailleurs qu’il y avait plusieurs portes fermées. Où devait-on se rendre ?

« S'il vous plait... Venez jouer avec nous... S'il vous plait... Venez jouer avec nous... S'il vous plait... Venez jouer avec nous... » Ont-elles dit à l’unisson.

Cela sonnait assez étrange… Je n’étais pas très rassurée de les entendre parler en même temps en restant immobile, sûrement en train de nous fixer sans que nous puissions voir leurs yeux. J’ai jeté un coup d’œil soupçonneux au professeur Ziegler, puis à Edward et Matrim.

« Qu’est-ce qu’on fait ? C’est un peu bizarre, non ? »

J’ai pivoté en essayant de voir s’il était possible de revenir en arrière mais la porte derrière nous était verrouillée. Ca, c’était encore plus étrange.

1,2 : Tasha fait quelques pas en avant pour espérer entrevoir un minimum le visage des deux filles. Elle est un peu hésitante mais elle a tout de même l'audace de prendre la parole pour leur répondre. « Bonsoir. Euh, à quoi voulez-vous jouer ? »
3,4 : Les deux filles paraissent trop bizarres aux yeux de Tasha pour qu'elle daigne vouloir leur parler. A la place, elle ouvre une des deux portes situées sur sa gauche.
5,6 : Tasha décide d'ouvrir la porte de droite la plus proche mais celle-ci est verrouillée...

« Tu parles souvent aux inconnus flippants ? » M’a demandé Edward. Je lui ai fait un sourire timide, un peu embarrassée. Bon, d’accord, ce n’était sûrement pas une super bonne idée d’aller parler à ces filles mais je me disais que cela ne pouvait pas être bien dangereux même si elles étaient flippantes. Bien sûr, je ne l’aurais pas fait si j’avais croisé ces filles autrement que durant cette soirée festive puisque je n’étais pas suicidaire mais là, je ne pensais pas qu’il pouvait nous arriver quelque chose de grave.
« Non mais c’est Halloween. On est là pour s’amuser, non ? » Ai-je répondu en lâchant un petit rire.
Lui aussi, cela avait l’air de l’amuser. Je n’attendais plus que des petites araignées ne nous tombent dessus ou qu’un squelette créé par la magie nous fasse peur. Tout était possible avec la magie et je supposais que les professeurs ayant participé à cet événement avaient dû s’en donner à cœur joie pour nous préparer de bonnes surprises.
« Vous croyez que ce sont des poupées ou des automates ? »
J’ai haussé les épaules. Je n’osais pas trop m’en approcher mais je me demandais si elles étaient faites de magie ou non.
« Les automates, c’est moldu... Je dirais plutôt que cela doit être des illusions comme lorsque l’on fait apparaître des faux oiseaux avec le sortilège Avis. »
J’étais certaine qu’elles ne pouvaient pas nous faire de mal. Pendant ce temps, Edward a entrepris d’ouvrir une des différentes portes du couloir avec une curiosité égale à la mienne. Je me demandais ce qui s’y cachait… Et j n’ai pas tardé à entendre des bruits étranges métalliques comme des cliquetis que l’on provoquerait à l’aide d’outils. C’était assez inquiétant et l’obscurité générale de la pièce ne donnait pas l’envie de franchir le pas.

« Qu’est-ce que vous préférez ? »

Ma réponse a été immédiate :

« Ces filles ont l’air plus commodes, vous ne trouvez pas ? »

Bon, je n’étais pas très sûre de mon choix mais au moins, même si je ne pouvais pas apercevoir leur visage, je trouvais cela plus rassurant que de s’engouffrer dans l’inconnu. Toutefois, Matrim en a décidé autrement et il s’est avancé vers la porte qu’Edward tenait toujours ouverte. J’ignorais où le Poufsouffle trouvait l’audace de vouloir s’y rendre mais à cet instant, je n’imaginais pas encore que la situation pouvait devenir dramatique alors je supposais qu’il allait juste avoir une frayeur et courir comme une fillette et que l’école entière se moquerait de lui par la suite. Mais non. Cela a été pire. Jetant de temps en temps un œil aux gamines puis à l’entrebâillement de la porte, j’ai guetté d’éventuels mouvements jusqu’à ce que je n’entende la voix de notre camarade.

« Ça ressemble à une boucherie là-dedans... »

J’ai frissonné mais je me suis persuadée que cela devait être une mise en scène alors je l’ai plutôt bien pris. J’ai même jeté un regard complice à Edward.
« C’est sûrement une idée du concierge d’avoir mis du ketchup partout. » Ai-je murmuré.
J’imaginais bien cet homme chercher des idées sordides et glauques pour nous présenter un Halloween digne de ce nom. Il avait la tête pour ce genre d’emploi ! Mais deux secondes plus tard, la voix de Matrim a ôté aussitôt tout sourire sur mon visage
« Aidez moi quelqu'un ! »
Pris de panique, il nous a demandé de l’aide et mon cœur a fait le plus gros bond qu’il ait jamais fait.
« Matrim ?! »
Nerveuse et cherchant rapidement que faire, je n’ai pas fait gaffe et j’ai reculé ‒ et donc avancé vers les deux filles ‒ et à cet instant, un autre hurlement me fit sursauter, cette fois-ci venant du couloir lui-même. « AAAAAAAH ! » Une sorte de trappe s’est ouverte sous le sol, là où se tenait le professeur Ziegler, et ce dernier a été entraîné dans les profondeurs en ne laissant derrière lui qu’un énorme trou duquel on ne pouvait rien apercevoir.
Le cœur battant, je suis restée immobile sur place, cherchant visuellement de l’aide auprès d’Edward. D’abord Matrim, puis le professeur ?
« Qu’est-ce qui se passe ? Ce n’est pas sérieux, tout ça ? Qu’est-ce qu’on fait ? »
Mon ton n’était pas paniqué mais je n’étais pas non plus confiante. Je ressentais plutôt un mixte de crainte et de culpabilité. J’avais l’impression que les choses tournaient mal et que c'était de ma faute…

« EDWARD FAIT QUELQUE CHOSE ! IL APPROCHE ! »

Qui, il ? C’était la question que je me posais tandis que je commençais à perdre ma sérénité. Je savais que tout cela n’était qu’un événement pour fêter Halloween et que c’était destiné à nous faire peur mais entendre de pareils hurlements, ce n’était pas rassurant. Je n’ai pas bougé de ma place, hésitante. Je ne voulais pas me faire de frayeur en sachant que Matrim avait peut-être pris trop à cœur la plaisanterie. Je me doutais que la disparition du professeur Ziegler était loin d’être rassurante mais je ne m’imaginais pas que les choses avaient pu mal tourner, cette fois-ci. Tout avait dû être organisé par Londubat, n’est-ce pas ?

Mon cœur battait toujours rapidement et plus les secondes passaient, plus j’essayais de me convaincre que tout allait bien et qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Heureusement que le côté zen d’Edward était là pour me rassurer. Il a vérifié si tout allait bien du côté de Matrim et à mon grand soulagement, ce dernier est parvenu à se sortir de son soi-disant pétrin. Il a refermé la porte derrière lui sans aucun souci et mis à part son essoufflement de peur, il semblait bien aller. Je lui ai souri de manière compatissante puisque je savais qu’il était sensible à tout ce qui touchait à Halloween.

« Ca n’a pas l’air d’être ton truc Halloween ! »

J’ai accompagné Edward dans son côté amusé par les événements. Hélas, sa réponse n’a pas plu au Poufsouffle qui est monté sur ses grands chevaux en lui lançant un regard foudroyant. Cela m’a de suite calmée. Je ne pensais pas que cela l’énerverait autant puisqu’après tout, nous étions le jour où les monstres et les trucs flippants étaient à l’honneur.

« T’es sérieux là ? Parce que toi, ça te plait d’être victime d’un sortilège d’attraction qui te balance directement sur un mec avec un couteau long comme mon avant-bras ? T’as qu’à y aller si t’es si brave monsieur « ça pas l’air d’être ton truc Halloween ». Vas-y, ouvre la porte. »

Mmh, les tensions commençaient à monter et ce n’était vraiment pas le moment de nous disputer. Nous étions ici pour nous amuser, pas pour nous embrouiller. Je me suis mise entre les deux garçons en observant Matrim droit dans les yeux. J’ai posé une main sur son épaule en lui répondant très clairement :

« Calme-toi, ne t’en fais pas, il ne va rien nous arriver, tu sais. C’est une soirée Halloween, ils ont pour objectif de nous faire peur mais c’est tout. »

Londubat ne pouvait pas se permettre de nous faire du mal, il était le directeur de notre école et je ne le voyais pas capable de traumatiser des élèves qui sortaient à peine de l’enfer des Mangemorts. Matrim prenait cela trop à cœur et il se sentirait sûrement mieux s’il se montrait ouvert à la plaisanterie. Tout cela ne pouvait pas être sérieux et le professeur Ziegler dont la disparition m’a fait pas mal peur devait se trouver quelque part où il était sain et sauf. Peut-être même qu’il faisait partie intégrante de ce cirque et qu’il avait voulu nous effrayer en activant lui-même la trappe ! Je n’avais peut-être rien enclenché de moi-même et au vu du caractère loufoque de cet enseignant, cela ne serait pas étonnant qu’il nous ait joué un tour de ce genre. J’ai regardé une dernière fois la larme du prétendu boucher transpercer la porte mais je me suis dit que tout allait bien et que ce n’était qu’une mise en scène.

Peu après, Edward a inspecté le trou qui, justement, s’était créé sous le poids de Ziegler. Je n’ai pas osé trop m’en rapprocher en sachant que quelque chose pouvait peut-être y jaillir mais je ne pensais pas que cela pouvait être dangereux.

«Ca c’est ouvert sous Ziegler. Je me demande où ça peut bien emmener … J’ai l’impression que ce couloir est truffé de surprises destinées à nous faire peur. » A-t-il dit avec amusement.

En vérité, il y a trop de chemins pour que nous puissions prendre une décision rapidement. Soit nous empruntions une des portes, soit nous poursuivions notre chemin vers ces deux fillettes encore inactives ou soit nous sautions dans le trou. Je devais avouer que j’étais tout de même curieuse de pousser les portes, juste pour voir quels faux monstres s’y cachaient.

« Mais on est des guerriers. On ne se laissera pas faire ! Peut-être devrait-on ouvrir une autre porte ? » J’ai répondu en riant.

Matrim, lui, n’a pas eu l’air convaincu du tout et je devinais qu’il préférait rester avec les filles. En même temps, elles étaient certes glauques mais pas très horribles non plus. Du moins, je croyais. Mais soudain, une tentacule noire a émergé du trou en question et j’ai eu un mouvement de recul tandis que Matrim a sursauté. J’ai observé la chose sans un mot, à la fois curieuse et un peu mal à l’aise parce que je ne connaissais pas vraiment les créatures à tentacules noires. Qu’est-ce que c’était comme invention ? Peut-être un délire du professeur de Soins aux Créatures Magiques ? En tout cas, c’était rapide et ça escaladait les parois bien trop facilement. Une fois qu’elle s’est montrée entièrement face à nous, sa face toute noire et apparemment dénuée de yeux, la créature a poussé une sorte de grognement à en donner la chair de poule.

« Flippant… » J’ai murmuré.

Puis, derrière moi, des cliquetis se sont fait entendre aussitôt. J’ai sursauté et je me suis retournée légèrement pour voir les deux filles s’animer et nous regarder avec des yeux remplis de sang. Elles ont ouvert la bouche et ont dévoilé des canines énormes et elles aussi tâchetées de sang. Elles nous ont dévisagés d'un air carnassier avant de déclarer, en choeur :

« Jouez avec nous à cache-cache. Nous allons compter jusque 30 et vous devrez vous cacher derrière l'une de ces portes. Nous viendrons vous chercher un à un avec notre ami, hihihi. Le perdant mourra. »

Je ne me suis pas attendue à ça, à vrai dire. Mais pourquoi pas. Elles voulaient qu'on joue avec elles depuis le début, non ?

« Mourir ? Vraiment ? » Ai-je répondu sans vraiment prendre l'avertissement au sérieux.

Les deux filles n'ont pas répondu à mes questions mais j'ai entendu un autre grognement venant de la chose à tentacules. Pendant ce temps, les petites se sont retournées pour ne pas observer la direction qu'on allait prendre.

« Ca commence ! Un. Deux. »

J'ai jeté un regard à moitié excité et à moitié pris au dépourvu à mes deux camarades.

« Okay, on ferait mieux de se dépêcher. Je vais ouvrir celle-là ! »

1 - 2 : Tasha choisit la porte qui fait face à celle derrière laquelle Matrim a confronté le boucher. C'est une porte en marbre qui a l'air plutôt correcte. A l'intérieur se cache une sorte de dortoir ancien, avec des lits alignés et ensanglantés, des volets ouverts laissant entrer le vent et de nombreuses armoires. Les cachettes ne manquent pas.
3 - 4 : Tasha choisit la porte noire située à côté de celle derrière laquelle Matrim a confronté le boucher. Elle mène à une grande cuisine. Serait-ce celle du boucher ? En tout cas, cette cuisine est malaisante avec des couteaux bien aiguisés, des assiettes brisées au sol, des marques sombres qui rappellent le sang et qui tapissent les murs. Plein de meubles sont présents pour leur servir de cachettes.
5 - 6 : Tasha choisit une porte en bois, la plus éloignée du couloir. A l'intérieur, c'est une grande salle remplie de jouets pour filles qui les attend. Serait-ce celle des deux gamines ? En tout cas, l'ambiance rappelle celle des bons films d'horreur dans lesquels les enfants sont ceux qu'il faut craindre.