Professeur E. McMorgan & Edward

Je n’aurais jamais dû me bercer d’illusion : cette année n’allait pas être facile simplement parce que j’avais passé mes BUSES ou parce que je me sentais plus ‘mûr’. Ca aurait été trop simple. Or ma vie ne l’a jamais été. Ou si, peut-être avant mes 6 ans, mais ça c’est l’insouciance enfantine. A croire qu’une entité supérieure s’obstine sur mon sort et s’amuse à m’en faire voir de toutes les couleurs simplement pour me pousser à bout. Comme les enfants qui font des tests sur leurs parents. Que voulez-vous que je fasse avec ça ? A part faire de mon mieux pour me relever et donner toujours le meilleur de moi-même. Cependant, parfois je craque. Comme aujourd’hui. Après une semaine éprouvante, je reçois la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Le weekend ne s’annonçait pourtant pas si mal, j’allais tranquillement et gentiment faire mes devoirs, lire des livres et passer du bon temps avec quelques amis proches sans faire de vague, comme tout élève normalement constitué, mais il faut croire que le destin en avait décidé autrement. En ce début de weekend, je suis tranquillement en train de prendre mon petit déjeuné dans la grande salle à la table des Serpentards lorsque les Hiboux pleuvent pour apporter le courrier. Je ne bronche pas étant donné que je ne reçois habituellement rien. Toutes les personnes qui prendraient potentiellement de mes nouvelles se trouvent dans cette école. Alors je reste vaguement concentré sur ma tartine sur laquelle j’essaie d’étaler de la confiture, ce qui n’est pas une tâche aisée quand on vient à peine de se réveiller. Et alors que je n’avais rien demandé à personne, un hibou atterri les deux pattes dans le bol de confiture, salissant ma robe de sorcier et ma joue. Offusqué, je redresse lentement la tête vers celui qui vient d’attenter à ma tartine et suis encore plus choqué quand je reconnais Nimbus, le Hibou Grand Duc de la famille, qui me regarde avec deux yeux qui semblent me reprocher ma lenteur à détacher la petite lettre attachée à sa patte. Lentement, je tends les doigts vers celle-ci, appréhendant son contenu. Qu’est-ce que mes parents peuvent bien me vouloir ou déjà me reprocher. Nimbus hulule comme pour me demander de me dépêcher. Irrité, je lui retire rapidement le lien en lui lançant un regard noir. Il me renvoie mon regard avant de me piquer ma tartine et de s’envoler à tire d’aile. Toujours aussi aimable celui-là. Enervé, j’arrache l’enveloppe pour lire les quelques mots griffonnés par ma mère.

« Edward,

Tu n’es pas sans savoir que l’anniversaire de Cooper approche à grand pas. Avec ton père nous avons pensé lui offrir le tout dernier Nimbus qui vient de sortir avec le kit assorti, nous savons qu’il ne les pas encore et cela lui ferait extrêmement plaisir. Etant donné que tu as gagné de l’argent cet été, pourrais-tu participer ?

Esther Carter »

Je vois rouge. SERIEUSEMENT ? Mes parents SONT SERIEUX ? Je dois relire la lettre une deuxième fois pour être certain de ne pas halluciner mais non … Les mots sont toujours les mêmes, à me faire saigner la rétine. Je me lève d’un coup et je quitte la Grande Salle à grand pas, furieux. Au début je ne sais pas très bien où je me rends, je marche sans but d’un pas vif et enragé à travers les couloirs de l’école et ressassant pourquoi je déteste mes parents puis furibond je tape violemment dans un mur, ce qui a pour avantage de me rendre l’esprit clair quelques secondes alors qu’une douleur fulgurante me traverse les phalanges de la main droite que je viens de bien amocher, du moins en surface. Tandis que je secoue ma main, je réfléchis aux différentes possibilités qui s’offrent à moi. Je pourrai les envoyer chier en beauté. Faire une demande d’émancipation. Ne jamais revenir. Alors que diverses idées me frôlent l’esprit, je sais qui je dois aller voir. Je pourrai en parler à Allen ou à Keagan, mais je ne veux pas qu’ils me voient dans cet état. La lettre toujours en main je monte furieusement les escaliers, la colère reprenant place en moi, jusqu’à me retrouver devant la porte d’un bureau que j’ouvre à la volée sans frapper. Bon, ce n’est certes pas très poli mais je sais que dans le fond il ne m’en voudra pas. Après tout, je ne fais pas ça à n’importe quel prof. Vu l’état dans lequel je suis, peu m’importe de le déranger, tout ce que je veux, c’est pousser une bonne gueulante. J’aurai peut-être dû y réfléchir à deux fois avant de débarquer comme ça mais en réalité … Je ne suis pas en état pour penser. « Ils se foutent de ma gueule ! » j’hurle en ouvrant la porte avant de la claquer derrière moi. Je localise rapidement Erik en fonce vers lui comme une bête enragée –ce que je suis au final– avant de plaquer la pauvre lettre de ce qui me sert de mère sur son bureau sous ses yeux. Tandis que je pense qu’il prend connaissance de ce qu’elle m’a écrit, je me mets à faire les cent pas, totalement déchainé. « Mon père travaille chez Nimbus et a des réductions, grâce au grand et génialissime Cooper ils ont eu les moyens d’agrandir la maison l’année dernière et ils veulent que j’utilise MES économies pour faire un cadeau à celui qui me pourrit la vie ? Mais c’est l’hôpital qui se FOUT de la charité ! » Je bouillonne de rage et je suis vraiment à deux doigts d’exploser. Peut-être que je pourrai leur envoyer une beuglante pour bien leur faire comprendre qu’il faut pas me prendre pour un con comme ça. J’en ai plus que ras le bol qu’il n’y en ai toujours que pour cette crotte de dragon qui me sert de frère.

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Professeur E. McMorgan & Edward

Pas un bonjour ou une simple formule de politesse. Rien. Sympa de ma part. J’aurai pu faire un effort mais à l’heure actuelle je suis tellement en pétard que je ne m’en formalise pas. Et je sais que dans le fond Erik ne m’en voudra pas. Il sait pertinemment mieux que personne que mes nerfs sont mis régulièrement à dure épreuve par ces fous qui me servent de parents et de frère. Il suffit de voir le nombre de fois où j’ai débarqué à l’improviste chez lui à Londres parce que je n’en pouvais plus. En règle générale, il en faut beaucoup pour que j’explose et que je finisse dans cet état avec le commun des mortels, mais il s’avère que les Carter ont trouvé l’astuce pour dégoupiller la grenade en quelques secondes à peine. Et je les déteste encore plus pour me mettre dans cet état. Je déteste craquer de la sorte mais c’est plus fort que moi. J’ai tellement de haine à leur égard que s’en est presque malsain. Je deviens incontrôlable et je ne me reconnais plus. J’ai dû en surprendre plus d’un en sortant comme une furie de la Grande Salle de la sorte. Au moins ai-je eu le réflexe de m’isoler, car je refuse que Poudlard tout entier soit témoin et au courant de ma plus grosse faiblesse. Ma « famille ».

Deux mains puissantes s’abattent subitement sur mes épaules, m’empêchant de continuer mes cents pas de la rage. Prêt à me débattre tant je suis hors de moi, je lève la tête avant de croiser le regard bleu gris de mon cousin éloigné. « Là... Commence par te calmer un peu d'accord? Tu ferai fuir un magnar à pointes vu ton état. Respire un bon coup, et relâche. Tu es dans mon bureau, mais c'est pas la peine de t'exciter autant, on va en parler. » Mon premier réflexe serait de nier tout en bloc, de dire que je ne veux pas en parler, que je ne veux pas me calmer, que je veux continuer à rager et casser quelques briques (ou quelques phalanges). Cependant, si je suis là c’est bien parce que je veux en parler. Je m’applique donc à suivre son conseil en prenant une grande inspiration. Même si ma colère ne s’échappe pas aussi rapidement, au moins je ne tremble plus. Mes poings me démangent toujours mais un peu moins. A moins que ce ne soit le contre coup du choc de toute à l’heure. Mais peu importe, cela n’a pas d’importance.
Devant sentir que j’essaie de retrouver un certain contrôle et que je ne recommencerai pas à sillonner son plancher, Erik me lâche. D’un simple Recurvit, il nettoie ma robe de sorcier. J’avais oublié que grâce à cet idiot de Nimbus, je m’étais couvert de confiture. Je regarde ensuite Erik retourner à son bureau et vais m’assoir presqu’à contrecœur sur le siège qui lui fait face. Je n’ai présentement aucune envie d’être assis pour être honnête. Aussi, je me jète presque dedans et croise les bras, comme un gamin qui se met à bouder. Mais dans l’immédiat, je n’ai aucune honte à me comporter de la sorte. « Là.. On sera mieux pour parler. Puis c'est plus simple de te comprendre quand tu me mitrailles pas tu sais. Pendant un instant j'ai cru que quelque chose de grave était arrivé moi! Enfin, de ton point de vue ça l'est, je le comprend. Un peu de thé ? J'ai l'impression que tu as pas eu le temps de finir ton déjeuner. » Je me renfrogne un peu avant de hocher la tête pour le thé. Evidemment que c’est grave ce qui vient de se passer ! Enfin, tout est relatif mais je considère que c’est grave quand même. C’est surtout l’état dans lequel tout ça me met qui est grave. Quand les cookies apparaissent accompagnés du thé et des tasses, j’ai vraiment l’impression de redevenir un gamin et le regard que je leur lance en dit long. J’essaie cependant de ne pas me jeter dessus quand j’en prends un, ayant trop envie de me goinfrer de ces succulents gâteaux pour noyer ma frustration. « Tu sais.. D'un certains côté tes parents ne sont pas trop au courant que ta relation avec eux et ton frère est si mauvaise. Les parents ont tendance à se dire qu'ils ont tout fait parfaitement avec leurs enfants et ne se remettent jamais en question. Si tu veux mon avis, ils ne t'envoient pas ça pour t'embêter, ils trouvent juste ça normal que tu participe pour le cadeau. Enfin, ce n'est que ce que je crois, peut être que les choses ont changé depuis.. Eux veulent simplement que leur enfant qui a les moyens participe. Quoique, en général on demande pas ça comme ça, on attend que ça vient de la personne elle même. Je pense que c'est plutôt ça qui pose problème là pour le coup. » je lève les yeux au ciel, ne voulant pas réellement entendre ce genre de choses. Pour moi mes parents et Cooper sont des idiots, fin de la discussion. Je ne leurs doit rien et vous pouvez être certain que dès que j’aurai atteint la majorité, c’est-à-dire dans très peu de temps au final, je me casserai loin d’eux. « Dans tous les cas je ne vais pas dire que je sais ce que tu ressens, même si je me doute que c'est pas de la joie p'tit cookie. Alors vas y, parle moi un peu plus et explique moi plus en détails pourquoi ça te met autant en rogne d'accord? Je suis tout ouïe! » J’avais de plus en plus l’impression de me retrouver chez un psy mais bon. Ne sachant pas exactement par où commencer, je m’empare de la tasse de thé bouillante et en boit une longue gorgée, satisfait de la sentir me brûler la gorge. « Ce qui me met en rogne ? C’est qu’il n’y en ai que pour Cooper, tout le temps et depuis toujours. C’est pas compliqué, c’est leur dieu. » Je repose la tasse sur le bureau dès que je sens mes mains trembler de rage à nouveau, de peur de la casser. « Moi à côté, je ne suis rien, je n’existe que pour être rabaissé et comparé à ce troll. Tout ce que je fais n’est rien comparé à ce qu’il a réalisé. » Je prends un cookie pour occuper mes mains et éviter le regard du professeur de runes qui semble me sonder et m’analyser pendant que je parle. « Ca encore, j’ai appris à vivre avec. Mais même à 16 ans, ils se fichent totalement de ce que je peux faire, de mes ambitions, de mes rêves, de ma vie même ! Ils ne m’envoient jamais de courrier, ne prennent jamais de mes nouvelles. T’as bien vu sur la lettre, même pas un « bonjour comment ça va », tout de suite faut que ça parle de Cooper. » Je fais tourner le cookie lentement entre mes doigts tandis qu’une autre vague de rage me submerge. « Ils m’ont obligé à passer tout le mois de juillet avec eux chez lui, et je n’avais pas le droit de prévoir d’autres plans. Un mois. » le cookie commence à se briser entre mes doigts. « Ca a été l’horreur. » je murmure d’une voix grave et tremblante de haine tandis que mes doigts continuent d’émietter le gâteau. « Le pire, c’est que t’as raison ! Ils ne se rendent compte de rien. Ils sont simplement aveugles. Pour eux, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes tant que leur Cooper va bien. Ils auraient jamais dû avoir un deuxième gosse. » Je referme le poing sur le cookie avant de continuer sur ma lancée. « Et puis si j’ai travaillé cet été ce n’est très certainement pas pour Cooper. Je ne dépenserai pas une noise pour lui. De toute façon, qu’est-ce qu’il m’a offert l’année dernière ? Une paire de chaussette sur laquelle on voit le lion de Gryffondor manger le serpent de Serpentards. Ca a eu l’air de faire rire tout le monde étonnamment. Sauf moi. Alors faut qu’ils arrêtent de se foutre de ma gueule. » Je conclu, mauvais, essayant de ravaler toute ma rancœur envers ma famille. Je me demande si c’est normal de haïr à ce point des gens de sa famille. Louna me dirait que oui, mais dans le fond cela montre vraiment que quelque chose cloche. Et c’est forcément de leur faute.

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