La main secourable d'Aisling

La main secourable d'Aisling
ou une visite inattendue

Sa colère avait été brûlante, injuste. Dirigée contre personne et tout le monde à la fois. Contre ces adultes incapables qui se donnaient le beau rôle avant d'avoir l'air surpris qu'on attende quelque chose d'eux, qui prétendaient être là pour les protéger et qui les laissaient finalement livrés à eux-mêmes une fois de plus... Contre Daisy, qui n'avait même pas eu les couilles de lui dire au revoir, qui avait agi comme si tout était normal, comme si elle n'allait pas faire s'effondrer son monde en en claquant la porte... Contre lui, qui n'avait rien vu, rien compris, qui avait été incapable de la retenir. Qui n'avait pas été suffisant, une fois de plus. Qui devait être un être abominable pour que tous ceux qu'il avait de plus chers finissent un jour par disparaître. Oona dont la mémoire avait préféré le rayer de ses souvenirs. Silas qui, même s'il avait fini par lui donner des explications, l'avait tenu hors de son existence pendant des mois. Et maintenant Daisy qui partait sans un regard en arrière alors qu'ils avaient tout partagé, qu'ils s'étaient promis des toujours à ne plus savoir quoi en faire. Il n'avait pas compris. Il ne comprenait toujours pas. Il n'y avait rien au monde qu'il n'aurait fait pour cette fille-là ! Il aurait planté sa scolarité, l'école toute entière si elle était venue le trouver avec ses grands yeux tristes pour lui demander de la suivre, de ne pas la laisser toute seule. Il aurait bataillé contre le monde entier pour qu'elle puisse avoir ce qu'elle voulait, pour rester à ses côtés comme il lui avait juré encore cet été ! Mais... non. Bien sûr que non. Il avait été trop occupé à profiter du retour de son meilleur ami, à s'embourber dans des histoires débiles, à rire, à flirter. Il avait bien vu qu'elle n'allait pas très bien, il avait un peu essayé de lui faire savoir qu'elle n'était pas toute seule, qu'il était là... mais sans creuser, sans forcer, sans s'inquiéter davantage. Et maintenant... Et puis la colère avait laissé place à un manque violent. Un manque qui lui donnait la nausée à chaque fois qu'il s'aventurait dans la Grande Salle, quand son regard cherchait le sien au milieu des Serdaigle, à chaque fois qu'il avait le malheur de mettre un pied dans une salle de classe où la chaise à côté de celle de la jeune femme n'était pas tirée à son attention, à chaque fois qu'il se perdait dans des nuages auxquels elle n'inventait plus une vie, à chaque fois qu'il trouvait quoi que ce soit en forme de cœur, un caillou, une feuille, peu importe. Elle était partout et nulle part à la fois. Le sourire qui avait autrefois illuminé le visage idiot de l'adolescent avait fini par s'éteindre tout à fait. Il ne trouvait plus rien de drôle aux blagues de Silas, ne prenait plus la peine de répondre aux pendus de Kenneth, ne se perdait plus du côté des serres à chaque instant libéré dans son emploi du temps. Il avait l'impression d'être revenu un an en arrière, quand son meilleur ami n'avait jamais pointé son nez au banquet de rentrée au moment où il aurait eu le plus besoin de lui. N'était-ce pas finalement la même chose ? Elle disparaissait au moment où il aurait eu le plus besoin d'elle. Parce que, finalement, ne restait-il pas qu'elle ? Enfin... avant...

Dashiell n'avait pas demandé son reste en sortant du cours de métamorphose. Il avait profité de l'absence d'un Silas un peu trop collant – inquiet, il en était parfaitement conscient, mais l'un n'empêchait pas l'autre – pour remonter dans son dortoir et se rouler en boule sous sa couette, pelotonné contre Jessicat comme il l'avait été autrefois contre Daisy quand le monde s'était appliqué à faire de sa vie un Enfer – et n'avait jamais vraiment cessé depuis. Il lui aurait été difficile de dire combien de temps s'était écoulé depuis qu'il avait laissé la porte de sa chambre se refermer sur lui. Assez longtemps pour que son chat n'attaque un petit mot qui avait volé jusque là. Assez longtemps pour que le jour pourtant long de ce début mai ne décline enfin. Assez longtemps pour que la solitude qui l'étreignait sans fin depuis qu'elle était partie ne se fasse étouffante, angoissante, si grande même qu'il n'aurait eu aucun mal à la croire réelle. Sa plus fidèle alliée avait mis les voiles. Les autres suivraient. Si ça n'était déjà fait... Ne lui restaient en tête que les départs et les éloignements sans réaliser qu'il éloignait ceux qui restaient encore. Un soupir étouffé mourut dans son oreiller, un reniflement qui tentait de lui faire garder la face et ne pas se mettre à chouiner encore comme une gonzesse pathétique... et il fit bien de faire en sorte de la garder, la face, de ne pas se mettre à pleurnicher parce que la porte grinça doucement sur ses gonds dans un bruit de fin du monde. Il ne prit même pas la peine de jeter un œil à l'intrus. Ça n'était pas August. Il serait entré ici en terrain conquis, grand bruit et pique assourdie. Il n'y avait qu'une personne qui pouvait se glisser ici comme si c'était chez lui tout en respectant les véritables propriétaires de cette antre qui n'était pas la sienne. L'adolescent remonta sa couette par-dessus sa tête en jurant entre ses dents, grommelant quelque chose qui ressemblait à un « t'jours pas pendu, pas la peine d'me casser les couilles tous les soirs, c'bon » injuste. Il en aurait fait de même. Il en avait fait de même. Il recommencerait sans l'ombre d'un doute s'il fallait... Mais ça n'avait rien à voir ! Il lui avait dit qu'il avait envie d'être tout seul, en ce moment. Plusieurs fois même ! Mais non, bien sûr... Il passait presque à chaque fois qu'il ne se pointait pas au dîner – trois fois cette semaine – même s'il ne restait pas, juste pour s'assurer qu'il allait bien... ou, du moins, qu'il était toujours en vie. Mais à son agacement répondit une démarche assurée qui n'avait rien de la claudication rassurante qui faisait sa vie chez lui. Il se figea sous sa couette. S'il râlait par principe sur l'entêtement de Silas, il savait sa présence facile à supporter, même là qu'il ne supportait pas grand chose. Il se posait à côté de lui, sans rien attendre en retour... mais il n'avait ni les nerfs ni l'envie de gérer la moindre autre interaction sociale poussée ce soir. Qui que ce soit, il fallait espérer que ça dégage vite...

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À SAVOIR Arrivé(e) le : 04/04/2020 Parchemins rédigés : 1170 Points : 11

Une main secourable

@Dashiell Dashner

Un soir. Deux soirs. Et jamais deux sans trois, n’est ce pas ? Le départ de Daisy avait laissé un vide dans son dortoir dont elle s’était accommodée bien trop facilement pour ne pas ressentir une culpabilité diffuse. Elle aurait dû être inquiète pour la blonde ou regretter sa présence, juste parce qu’elle avait été dans les parages durant l’immense majorité de sa vie. En vrai, elle n’avait rien ressenti, ni joie, ni colère. Ca n’avait été qu’un nouveau paramètre d’adaptation à prendre en compte et perdre du temps sur quelque chose qu’elle ne maîtrisait pas n’avait aucun intérêt. Mais l’absence de Dash aux dîners lui avait démontré que la situation était différente pour lui.

Elle s’était imaginée que c’était difficile pour son frère, mais elle avait naïvement cru que Daisy et lui auraient un moyen de rester en contact et qu’après une soirée de déprime, il serait réapparu, entouré de ses potes. Puis elle n’avait rien vu de tel, alors elle avait commencé à surveiller la situation. Et elle avait enfin fini par comprendre que parce qu’il était perdu rêveries, loin d’être protégé de ce qui se jouait autour de lui, Dashiell s’était pris la réalité en pleine gueule comme on se mangerait un mur. Et le choc n’était pas celui d’une baie vitrée que l’on n’aurait pas vue, mais plutôt celui du crash d’un avion qui aurait raté un amerrissage. Du genre qui vous fait plier. Et elle n’avait pas su quoi faire de cette constatation. Elle n’était pas la bonne personne pour réconforter qui que ce soit et il y avait toujours eu entre eux une forme de distance qui ne se prêtait pas à ce qu’elle s’immisce dans sa vie. Mais quand elle repéra Silas seul au dîner du soir, elle décida que cette situation n’avait plus rien de tenable. Elle avait fait partir un petit mot à son jumeau qui était resté sans réponse, avant de se décider à monter jusqu’à la tour des Gryffondor. Elle n’était pas coutumière du fait et elle avait dû menacer salement un première année pour avoir le mot de passe. Le pauvre gosse était parti sans demander son reste et elle avait presque souri en se rappelant de sa conversation impromptue avec Bailey Dawson. Torturer les premières années ne valait que s’ils étaient Gryffondor. Aurait-elle fait une meilleure Serpentard que lui ?

Evitant les foules, elle se glissa dans le dortoir de son frère et d’August, priant pour que ce dernier ne soit pas présent. Ils ne pourraient pas parler comme elle l’aurait voulu s’il était là. Heureusement pour elle, quand elle poussa la porte, la chambre était déserte en dehors de la silhouette de son frère, allongée sur son lit. Elle n’arrivait pas à en distinguer plus puisque l’adolescent avait remonté la couette sur son visage comme on se pare d’une armure. Bien maigre protection. Alors qu’il râlait, elle se glissa sans ménagement à côté de lui, s’installant par-dessus les couvertures alors que Jessicat poussait un miaulement outré de devoir lui laisser de l’espace. Putain, même son chat l’aimait un jour sur deux, c’était dire à quel point elle gérait l’entourage de son frère !

- J’espère bien que t’es pas pendu, abruti.

Rude. Elle était abrupte parce qu’elle ne savait pas comment gérer sa tristesse et parce qu’elle était morte d’inquiétude. Tapotant la tête ensevelie, elle essaya d’une voix plus douce

- T’veux pas sortir ? Tu m’inquiètes. Je t’ai ramené des biscuits, t’as rien mangé.

Diplomatiquement, elle se garda de demander qui pouvait bien venir lui « casser les couilles » tous les soirs. Bizarrement, elle avait comme une vague idée.

- Steuplait.

lumos maxima

La main secourable d'Aisling
ou une visite inattendue

ft. @Aisling Dashner & Dashiell Dashner

La porte couina en annonçant un visiteur qu'il n'avait jamais invité. Le plancher grinça en assassinant ses espoirs qu'il s'agisse du seul qui n'avait plus besoin d'autorisation. Bien sûr qu'il se plaignait de l'entêtement de son meilleur ami, de cette capacité vexante de faire fi de son avis en supposant à sa place ce dont il avait besoin, ce qui était le mieux pour lui ; mais ça avait au moins le mérite de lui rappeler à chaque fois qu'il était là. Et durant quelques minutes, quelques heures parfois s'il acceptait que ses doigts se perdent dans ses cheveux ou abandonnent des caresses abstraites dans son dos jusqu'à ce qu'il finisse par sombrer dans un sommeil lourd, il n'y avait que cette certitude bienvenue : il était là. Ça ne durait jamais, bien sûr, et à chaque fois qu'il rouvrait les yeux sur son dortoir vide, l'angoisse le reprenait comme si elle ne l'avait jamais quitté. Combien de temps avant qu'il ne se barre, lui aussi ? Il l'avait déjà fait une fois, pourquoi pas deux ? Aussi le repoussait-il la fois d'après, comme pour décider lui-même du moment où il disparaîtrait à nouveau. Mais ça n'était pas lui. La démarche était à la fois familière et lointaine. Trop connue pour qu'il craigne que n'importe qui ne brise sa tranquillité étouffante, trop inattendue pour qu'il ne parvienne à deviner de qui il s'agissait rien qu'aux cris d'agonie du parquet. Les pas se rapprochèrent avant qu'un poids ne fasse pencher le matelas. Avant qu'il n'ait eu le temps de virer sans ménagement celui ou celle qui se croyait un peu trop chez lui, la voix de sa jumelle se fit entendre de l'autre côté de sa carapace-couette :

— J’espère bien que t’es pas pendu, abruti.
— Vas-y ta gueule Ais', soupira-t-il alors qu'il essayait de tirer sur la couverture pour la pousser hors de son lit.

Au lieu de s'énerver d'être si mal reçue, la jeune femme se contenta de lui tapoter la tête, ce qui eut le don de l'agacer davantage encore, le poussant à marmonner un « arrête j'suis pas ton cleb's » qui eut bien du mal à se frayer un chemin au travers des tissus qui le recouvraient tout entier.

— T’veux pas sortir ?
— Nan.
— Tu m’inquiètes.
— T'as rien à fout' là, c'pas ta chambre.
— Je t’ai ramené des biscuits, t’as rien mangé.
— J'ai pas faim p'tain, fous-moi la paix !

Dash essaya de la pousser sans avoir à sortir de sous sa couette mais l'entreprise, à l'aveugle et sur la faible surface de son petit lit, fut soldée par un échec qui le fit gigoter, énervé, comme un enfant capricieux. Jessicat feula sous la surprise de cette attaque en traître et sauta de son lit pour aller se poser sur le rebord de la fenêtre. Pourquoi les gens ne comprenaient-ils jamais rien ? Ils se barraient quand on avait besoin d'eux, faisaient forcing pour être là quand on ne voulait pas les voir... Il était vivant, merde, c'était suffisant non ?! Il allait se traîner en cours demain matin, elle le verrait, pas la peine de lui pourrir sa soirée en plus du reste ! Il voulait juste... il ne savait même pas... mais pas ça, en tout cas ! Il voulait être tout seul mais en même temps ne supportait pas la solitude ; voulait qu'on lui prouve qu'il n'était pas seul mais ne supportait pas la compagnie ; voulait que tout redevienne comme avant mais était incapable de remonter le temps... Il ne savait même pas jusqu'à où il l'aurait remonté. Juste avant le départ de Daisy...? Ça n'allait déjà pas très fort. Ni lui, ni elle, ni personne en réalité... L'année dernière...? Il avait fallu composer avec l'absence de Silas, le silence d'Oona... L'année d'avant...? L'ambiance était lourde et il s'était retrouvé à crouler sous les devoirs supplémentaires et les interdictions injustes parce que des bouffons de première avaient eu un pouvoir débile et avaient saqué ceux qu'ils ne pouvaient pas blairer ou qui n'avaient pas la chance d'avoir dans leur famille des années de consanguinité... En réalité, il n'y avait pas grand chose à sauver. Comme si toute sa vie n'avait été qu'une longue suite de merdes sans fin.

— Steuplait.

Durant un instant, il l'aurait presque oubliée, malgré son gros poids sur son matelas. Il finit par retirer sa couette de sur sa tête et darda sur elle un regard assassin.

— Tu m'emmerdes, bordel, cracha-t-il dans un reniflement pitoyable. C'quoi l'bail ? C'est Silas qui t'a d'mandé de v'nir vérifier qu'j'respire encore ? Nan parc'qu'c'est bon, j'suis juste claqué, c'pas la peine de vous prendre pour mes darons, j'ai pas b'soin !

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Une main secourable

@Dashiell Dashner

Aisling ne pouvait pas dire qu’elle s’attendait à un accueil chaleureux de la part de son frère jumeau. Mais elle ne pensait pas qu’il paraîtrait excédé à ce point qu’elle puisse essayer de le voir. Etait-ce pour cela qu’elle s’aventurait rarement jusque dans son dortoir alors qu’elle était certaine que Daisy ou Silas devaient y passer leur vie ? Elle tangua sous la force de son frère qui essayait de la déséquilibrer et posa un pied à terre afin de se stabiliser, outrée qu’il veuille la faire rouler sur le parquet pour s’en débarrasser plus vite. Mais elle était tenace et bien décidée à parvenir à lui faire avaler quelque chose. Il n’allait pas se laisser mourir de fin pour une idiote come Daisy qui avait fui les ennuis. Même absente, elle arrivait encore à faire la pluie et le beau temps sur l’humeur de son frère, c’était absolument désespérant. Néanmoins, chaque essai se solda par un échec cuisant et une réponse encore plus agressive que la première. Ils n’avaient pas le langage le plus classe du monde dans leur famille, mais elle devait admettre que cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu un tel combo de « Ta gueule », « fous moi la paix » et du « p’tain ». Enfin, tant qu’il avait encore l’énergie de l’envoyer paître, c’était peut-être bon signe. Alors elle continua comme si ses tentatives de se débattre ne la déstabilisait pas en le suppliant presque de montrer sa frimousse.

Sa tête finit par émerger de la couette, mais ce n’était pas vraiment la discussion profonde ou en tant cas salutaire qu’elle avait imaginé. Les yeux de son frère crachaient des éclairs et elle était certaine que s’il avait pu la tuer en cet instant, il aurait essayé sans regret. C’était bizarre de le voir comme ça. Lui si doux habituellement. Elle resta muette face à cette colère qu’elle n’avait pas anticipée. Elle aurait sans doute pu rester là à se faire pourrir sans savoir comment réagir s’il n’avait pas eu le malheur de prononcer le prénom de Silas. Le nouveau doudou. Est-ce qu’il ne pouvait pas vivre par lui-même ? Sans s’enticher d’une personne qui lui semblait vitale que l’oxygène autour de lui alors qu’il pouvait juste envisager une relation équilibrée ? Est-ce qu’il pouvait arrêter de lui préférer l’univers entier ? Il ne savait rien de ce qu’elle aurait prête à faire pour le protéger. Ni même qu’elle s’était impliquée dans leur trafic stupide pour lui. Elle bondit sur ses pieds, tanguant légèrement

- Parce que j’ai besoin de Silas pour m’inquiéter pour toi ? Parce que j’ai besoin d’un autre pour penser que le départ de Daisy t’rend triste ?! J’ai grandi avec toi, idiot !

Elle avait tout vu, tout suivi. L’apparition de Daisy, son omniprésence, leurs promesses de ne jamais se quitter, leurs blagues privées qu’elle ne comprenait pas … Quelque part, elle comprenait aussi, Daisy était une fille fascinante. Elle tenait plus de la fée que de la sorcière. Le problème était qu’on n’enfermait pas les fées pour les garder. Quoi que si c’était le seul moyen de le faire aller mieux, ils pourraient toujours lui courir après.

- Je suis là parce que j’m’inquiète pour toi et t’aurais fait pareil pour moi.

Bien sûr qu’il en aurait fait de même. Dashiell tenait du golden retriever, gentil, câlin … Si elle avait manifesté aller mal, elle était persuadée qu’il aurait trouvé un moyen d’être présent.

- Gueule comme un putois si tu veux. J’vais pas partir sans savoir comment tu vas. J’vais pas partir si t’as besoin de moi.

Prudente, elle ne reposa toutefois pas ses fesses sur le lit. S’il voulait l’étrangler, il devrait la poursuivre dans la chambre, ce qui lui donnait une chance de s’enfuir si sa vie en dépendait. Et encore, même là, elle ne partirait probablement pas. C’était ça le cœur du problème, n’est ce pas ? Daisy était partie. Oona était partie, à sa façon. Est-ce que le meilleur remède n’était pas de rester, même s’il la repoussait ?

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La main secourable d'Aisling
ou une visite inattendue

ft. @Aisling Dashner & Dashiell Dashner

Et elle insistait, bien sûr, comme le Serdaigle insistait aussi, comme si ses refus, aussi clairs et véhéments qu'ils pouvaient bien être, n'étaient pas dignes d'être pris en compte. Comme si son avis, à lui, n'avait aucune importance dans sa propre vie. Ça n'était pas la première fois qu'il en avait l'impression... Daisy la lui avait souvent donnée, elle aussi, mais il n'avait jamais voulu y faire attention... mais là, plus les jours passaient, plus il repassait en boucle toutes les interactions dont il se souvenait, plus ça paraissait évident : personne ne l'écoutait jamais. Au mieux on lui gueulait dessus parce qu'il ne disait jamais rien ou jamais non, au pire on faisait comme s'il ne l'avait jamais dit pour s'éviter d'avoir à y faire attention. Qu'est-ce qu'il était censé faire, lui, hein ?! C'était injuste ! Quoi qu'il tente, ça n'était jamais assez bien, jamais assez à la hauteur de cet entourage trop parfait et trop exigeant. Tu m'étonnes qu'ils se barraient les uns après les autres ! Ils méritaient mieux qu'un nul comme lui ! Dash finit néanmoins par coopérer... et par l'envoyer chier. Il n'avait rien demandé. Ni qu'elle débarque, ni qu'elle lui casse les bonbons. Il était grand, il pouvait passer une soirée tout seul dans son dortoir sans que tout le château ne soit obligé d'être en état d'alerte ! Il n'allait pas se foutre en l'air... il était à peu près sûr qu'il y avait des protections sur les fenêtres des étages, de toute façon. Quoi qu'il en soit, Aisling finit par se relever, presque brusquement, face à la nouvelle agression dont il la gratifia.

— Parce que j’ai besoin de Silas pour m’inquiéter pour toi ? Parce que j’ai besoin d’un autre pour penser que le départ de Daisy t’rend triste ?! J’ai grandi avec toi, idiot !
— Mais ça veut dire walou, t'es jamais là !

C'était Daisy qui avait été là quand Silas n'était pas revenu. Daisy qui avait été là quand Oona l'avait complètement rayé de sa mémoire... et ça avait été Teddy, qui avait été là, quand cette année avait commencé de la pire des manières, quand il s'était senti sombrer sans réussir à remonter, tiré vers le bas par ses deux meilleurs amis... et ça avait été Silas, qui avait été là, quand il s'était retrouvé à l'infirmerie après l'attaque d'hippogriffe, Silas qui avait veillé sur lui quand il s'était retrouvé comme un môme à faire des cauchemars après ça... Elle n'avait même pas été au courant de l'accident ! Elle n'était jamais au courant de rien ! Ils grandissaient côte à côte, sur des chemins parallèles qui ne se croisaient jamais !

— Je suis là parce que j’m’inquiète pour toi et t’aurais fait pareil pour moi.

L'adolescent haussa les épaules. Bien sûr qu'il aurait été là s'il s'était inquiété pour elle. Il aurait remué ciel et terre pour la voir, quitte à aller toquer à sa fenêtre faute de pouvoir grimper dans sa chambre. Mais qu'est-ce que ça pouvait faire ? Elle avait vu qu'il allait bien, elle pouvait repartir, maintenant. Elle ne comprenait pas qu'il n'avait pas envie de la voir ? Qu'il n'avait envie de voir personne ? Que cette année toute entière, que cette vie toute entière commençait à être si pénible qu'il avait juste envie de rester terré sous sa couette jusqu'à qu'on lui annonce enfin qu'il pouvait rentrer chez lui ? ...chez lui où l'absence de sa grand-mère se faisait sentir comme le pire de tous les abandons, peut-être, mais chez lui quand même...

— Gueule comme un putois si tu veux. J’vais pas partir sans savoir comment tu vas. J’vais pas partir si t’as besoin de moi.
— Bah j'vais bien, t'peux t'barrer maint'nant ! C'tait avant qu'fallait êt' là ! Quand personne savait rien, quand j't'ai d'mandé un coup d'main. Même Selene elle était là. Selene putain ! Alors qu'e' m'a largué comme une merde et qu'c'est limite si on s'parle encor' ! T'étais où toi, hein ?!

Nulle part ! Parce qu'elle avait mieux à foutre que de s'intéresser à cette vie qu'elle prétendait avoir partagé depuis le premier jour ! Daisy, ça avait été plus sa sœur que sa propre sœur et maintenant qu'elle était plus là, elle voulait reprendre la place ?! C'était trop tard !

— J'ai pas b'soin d'toi, brailla-t-il avant de s'enfouir à nouveau sous sa couverture, j'ai b'soin d'personne !

Mais sa voix qui se brisa sur ce dernier mensonge, le sanglot étouffé qui y enfla sans prévenir, suffisaient à le trahir tout entier. Bien sûr que si, il avait besoin du monde, parce que Dashiell n'avait toujours vécu que par et pour cet entourage qui le repoussait trop souvent, qu'il repoussait au moins tout autant... et à chaque départ, à chaque dispute un peu trop violente, c'était son équilibre tout entier qui menaçait de céder...

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Une main secourable

@Dashiell Dashner

Aisling recula d’un pas sous l’impact des mots. Enfants, ils s’étaient sans doute tirés les cheveux lors d’une dispute, mais jamais il n’avait cherché à la blesser comme il le faisait là. Et il aurait difficilement pu faire mieux. Après tout, il n’y avait que la vérité qui blessait et son discours n’en était pas dénuée. Elle n’était pas toujours présente pour lui, parce qu’ils avaient toujours évolué sur des routes séparées. Ce n’était pas propre à son caractère, lui non plus n’était pas là pour elle. Elle avait considéré pendant longtemps que c’était une éducation, mais le problème était plus complexe. Les différencier n’empêchait pas qu’ils puissent être proches, mais il avait toujours eu quelqu’un entre eux, selon elle. Il ne pouvait pas deviner qu’elle en avait souffert d’être toujours la cinquième roue du carrosse. Il n’y avait guère que Gil qui l’avait vu. Il voyait tout. Alors oui, il y avait un fond de vérité, mais elle prenait sa remarque comme une injuste crasse parce que s’il lui avait laissé la place, évidemment qu’elle en aurait voulu. Sa voix s’éleva, rageuse

- Mais pourquoi je serais là ? T’as jamais, jamais voulu que je le sois ! Y a toujours mieux que moi, toujours quelqu’un qui vit collé à toi comme si c’était ta putain d’ombre. Tu veux que je me mette où ?

Même cette année où Daisy se faisait plus discrète, il avait passé les vacances de Noël avec Silas. Le garçon était gentil et elle ne regrettait pas que son frère lui ait proposé de venir, mais c’était juste un fait, il avait sa vie, sans elle et elle ne disposait pas vraiment d’interstice dans laquelle se glisser. Et quand ce ne serait pas Silas, ce serait quelqu’un d’autre. Il ne savait pas vivre autrement qu’à travers quelqu’un à qui il se dévouait corps et âme. Comme un miroir inversé, elle ne savait pas forcément vivre dans une relation duale.

Sa colère retomba aussitôt quand il parla du hibou qui lui avait envoyé le jour du départ de Selene, remplaçait par un sentiment de culpabilité dévorant. Ce hibou, c’était son regret. Elle avait trouvé le mot de son frère en décalé et elle avait considéré que rien de grave ne pouvait se dérouler. Daisy n’était pas son amie et elle allait réapparaître. Elle était occupée à autre chose et elle ne voyait pas l’intérêt de se déplacer pour si peu. Quand elle avait compris quelques heures plus tard que la situation était effectivement préoccupante, il était trop tard pour revenir comme une fleur et Dash était entouré de Silas. Alors elle avait fait l’autruche en se disant qu’elle n’aurait de toute façon rien su de plus, même si elle avait vidé chaque recoin de la chambre.

- Dash, j’ai pas compris l’urgence … J’ai pas su quoi dire, quoi faire … Je …

Les mots lui manquaient et il avait raison. Peut-être finalement que ce n’était que sa faute à elle s’ils n’étaient pas proches. Elle n’était capable de gestion de froide, de loin, bien loin de ses besoins. Et le problème des regrets était qu’elle ne pouvait pas revenir en arrière pour changer le passé, peu importe combien elle le souhaitait. Mais elle ne pouvait pas partir alors qu’il était dans cet état, non ? Lui se terra dans sa couette en hurlant presque qu’il n’avait pas besoin d’elle et elle resta immobile, ne sachant que faire, regardant le plafond pour s’empêcher de pleurer. Il avait raison sur un point, il aurait mieux valu que Silas vienne. Ou Selene. Ou Teddy. N’importe qui d’autre qu’elle. Puis un sanglot échappa à Dash et elle se rapprocha lentement du lit, avant de s’asseoir par terre en face de là où devait approximativement se trouver son visage

- Je suis désolée. J’suis vraiment, vraiment désolée …

Désolée d’avoir merdé, désolée de s’être énervée, désolée qu’il soit si triste … Elle ne savait même plus pourquoi elle s’excusait comme une litanie.

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La main secourable d'Aisling
ou une visite inattendue

ft. @Aisling Dashner & Dashiell Dashner

D'aussi loin que Dashiell se souvenait, il ne s'était jamais vraiment disputé avec sa sœur. Oh, sûrement quand ils étaient petits ou pour des bêtises comme un vol de télécommande ou un yaourt disparu... mais jamais pour des raisons profondes, pour un désaccord réel. Pourquoi l'auraient-ils fait, en même temps ? Ils se côtoyaient à peine ! Ils échangeaient pour les affaires de leur père, parfois en cas d'extrême urgence – et encore, il avait eu tout le loisir de remarquer qu'une urgence ne suffisait plus – mais ça s'arrêtait à peu près là. Même durant les vacances, rares étaient les fois où ils partageaient plus de quelques jours... Ils étaient camarades, collègues à la limite, colocataires quand ils n'en avaient pas le choix... mais quiconque les aurait aperçus savoir leur lien de sang n'aurait jamais parié une mornille sur leur gémellité. Et voilà qu'il avait fallu le départ de celle qu'il avait choisie comme sœur pour que n'éclate enfin les non-dits et les rancœurs qui pouvaient bien exister avec la vraie.

— Mais pourquoi je serais là ?

Un hoquet de surprise lui échappa. Parce que c'était sa place, putain de merde !? Il ne lui avait jamais demandé d'être là tout le temps, de lui tenir la main, de ne jamais le lâcher... seulement d'être là des fois. Quand il le fallait. Avant que la situation ne soit si dramatique qu'il lui semblait ne plus y avoir la moindre issue favorable à rien.

— T’as jamais, jamais voulu que je le sois ! Y a toujours mieux que moi, toujours quelqu’un qui vit collé à toi comme si c’était ta putain d’ombre. Tu veux que je me mette où ?
— Mais même quand y'a personne t'es pas là, p'tain ! Ouv' les yeux deux s'condes ! T'as t'jours eu mieux à fout' Ais' !

Au mieux elle faisait des passages dans sa vie pour lui rappeler que ses potes étaient nuls et qu'il savait pas les choisir, pour essayer de lui remettre les pieds sur Terre parce qu'il était soi-disant trop dans la Lune ou qu'il en loupait pas une... Mais s'il avait besoin d'une daronne, il en avait déjà une ! À côté de ça, elle était aveugle à ce qui se passait dans sa vie. Il fallait qu'il ne montre plus le bout de son nez pendant des jours pour se souvenir qu'il existait et qu'il pouvait être sympa de prendre des nouvelles ! Elle ne l'avait pas fait de l'année, avant ça... même pas quand il avait supplié l'infirmière de le laisser finir sa nuit dans son antre plutôt que d'aller en cours après avoir veillé sur Silas et ses blessures, même pas quand il y était retourné quelques semaines plus tard salement amoché... même pas quand il avait passé des jours sans trouver le courage de se montrer au moindre petit-déjeuner tant la vue des hiboux et les souvenirs de l'accident lui filaient des angoisses... même pas quand il avait recommencé à se terrer dans les serres après les retours des vacances et tout le bordel qu'il y avait eu avant et pendant... Et qu'il soit seul ou pas n'y changeait rien. Il n'avait jamais demandé qu'elle soit à ses côtés parce qu'elle n'avait jamais semblé le vouloir non plus. Il y avait toujours « mieux » qu'elle, parce que ça n'était pas difficile de faire « mieux » qu'une absence. C'était seulement triste d'en être arrivés là...

— Dash, j’ai pas compris l’urgence … J’ai pas su quoi dire, quoi faire … Je …
— T'comprends jamais rien !

Il la repoussa une nouvelle fois, plus violemment encore que les précédentes, et finit par se terrer à nouveau sous sa couette, comme si l'épaisseur de l'édredon pouvait le protéger de quoi que ce soit... mais l'échec fut lamentable et tout ce qu'il y trouva, là-dessous, fut un sanglot qui faisait pitié. Le parquet grinça à nouveau et, bêtement, il supposa qu'elle lâchait l'affaire. Dans sa forteresse ridicule, il se roula en boule, comme pour chercher un réconfort qui n'existait pas.

— Je suis désolée. J’suis vraiment, vraiment désolée…
— T'façon, v'z'avez pas b'soin d'moi non plus, bredouilla-t-il alors qu'une main rageuse et un peu fière venait essuyer une larme traîtresse heureusement cachée par le drap.

Oona n'avait aucun mal à supporter une existence dont il ne faisait plus partie. Elle, elle vivait très bien sa vie sans lui. Teddy avait Silas. Silas avait Teddy. Selene les avait tous les deux. Et même Daisy, repère rassurant et phare inébranlable, était finalement partie sans même un revoir, sans un regard en arrière.

— J'veux rentrer à la maison...

Jamais avant cette année il n'avait émis si souvent le souhait de retourner moisir à Ballinaskea avant d'y être obligé. Même pas alors que leurs baguettes avaient été confisquées, même pas alors qu'il vivait coincé entre les murs à cause de la politique injuste de Sørensen... Il avait toujours tout supporté, parfois même le sourire aux lèvres dans l'espoir que le communiquer à ses proches... mais il y avait toujours eu ces autres auxquels se raccrocher.. des autres qui l'avaient abandonné un à un...

(c) jawn

DASHIELL
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À SAVOIR Arrivé(e) le : 04/04/2020 Parchemins rédigés : 1170 Points : 11

Une main secourable

@Dashiell Dashner

Même absente Daisy lui pourrissait la vie. C’était comme si son ombre planait sur son existence et la punissait de s’être secrètement réjouie de son départ. La blonde démoniaque de ses cauchemars se riait d’elle et de sa naïveté d’avoir cru que son frère aurait envie de sa proximité après son départ. Elle se délectait d’être irremplaçable et se réjouissait de la voir se casser les dents dans cette discussion. Parce que, en toute honnêteté, c’était ce qu’il se passait. Quand elle était entrée dans la pièce, elle n’avait jamais eu l’intention de se disputer avec son frère. Elle n’avait même jamais supposé que c’était possible tant il était d’un naturel placide. Il manifestait parfois son désaccord mais tellement de douceur que cela passait presqu’inaperçu. Là, c’était comme si elle avait un nouveau Dashiell devant elle. Enragé et plein de rancœur. Et si elle s’était contentée d’esquives dans un premier temps, le poids de l’injustice l’avait étouffée, l’obligeant à répondre. Bêtement, elle avait cru que sa rebuffade l’adoucirait un peu. Elle n’avait pas cru qu’il lui nierait toute vérité dans ce qu’elle disait. Pourtant, il y en avait, tout comme elle était prête à reconnaître qu’il y en avait dans sa version à lui. Mais il préférait effacer ce qu’elle ressentait depuis des années et des années d’un geste de la main pour mieux lui dire qu’elle craignait.

- Non, toi ouvre les yeux ! Y a mieux que moi depuis qu’on a genre 5 ans, comment tu veux que je fasse ? Comment tu veux que je lutte ? Quand est-ce que j’ai eu de la place ? Ils sont là le jour, la nuit, pendant les vacances … Tu sais quoi, moi je connais le nom de tes potes. Maintenant vas-y, cite les miens ? Fais pas genre que je te repousse depuis 15 ans quand tu les as passés à te trouver une fratrie de remplacement.

Elle renifla, retenant un sanglot. C’était injuste, injuste à en crever. Qui s’était mouillée pour la logistique pour le protéger ? Qui avait tout mis en place avec leur père sous le sceau du secret pour l’épargner ? Qui prêtait son corps et son temps avec leur échange de polynectar ? Alors sûrement qu’elle l’aimait mal. Mais il ne pouvait pas dire qu’elle ne l’aimait pas du tout. La seule sentence qu’elle accepterait sans rechigner serait celle de son dernier hibou. Pour cela, elle avait merdé et elle subirait son courroux parce que c’était mérité. Mais le reste était juste violent, comme si elle lui servait de punching ball. Pourquoi s’en serait-il privé ? Elle était sa sœur, elle n’allait pas le renier pour ça alors que ses amis pouvaient toujours s’enfuir. Voilà pourquoi ils les traitaient comme s’ils étaient fragiles. Il y avait des relations inconditionnelles et d’autres qui ne l’étaient pas.

- Dis pas de connerie, je serais pas là si je tenais pas à toi.

Assise par terre, elle tendit la main avant de se raviser. La réaction avait été vive quand elle l’avait touché. Autant ne pas en rajouter. Et en même temps, ça lui fendait le cœur de l’entendre pleurer sans pouvoir le consoler. Puis il laissa échapper qu’il voulait rentrer et elle se décida à poser sa main sur ce qui semblait être son épaule sous la couette en lui promettant

- Si tu veux je peux négocier avec le directeur pour qu’on rentre un week-end, je lui expliquerai pour Daisy, je ferai ce que tu veux …

Il y avait un peu d’espoir dans sa voix. C’était peut-être le moyen de se rabibocher. Elle se traînerait aux pieds de Fergal, lui promettrait de récurer l’entier château à la brosse à dent s’il le fallait, mais il y avait sans doute un moyen.

lumos maxima

La main secourable d'Aisling
ou une visite inattendue

ft. @Aisling Dashner & Dashiell Dashner

Cette conversation n'avait probablement pas grand sens tant les torts étaient partagés. Bien sûr qu'il avait des amis si proches qu'ils étaient difficiles de l'apercevoir sans – encore que cette année était l'exception qui confirmait la règle tant elle avait été socialement et humainement compliquée – et elle pouvait le lui reprocher... Mais elle ne faisait même pas suffisamment attention à lui pour réaliser qu'il avait frôlé la mort – ou au moins de perdre un œil – et qu'un énième abandon n'avait eu aucun mal à l'entraîner vers le fond. Ses amis avaient remarqué tout ça. C'était tout Poudlard qui avait pris de ses nouvelles ou s'était aventuré à l'infirmerie après l'accident quand elle n'avait appris ce qu'il s'était passé qu'à Noël... Même Kline en avait parlé dans son émission à chier ! Et puis Silas prenait de ses nouvelles tous les jours depuis le départ de Daisy, s'assurait qu'il émergeait assez au moins pour avaler quelque chose, il avait répondu à son appel à l'aide sans sourciller, plaqué tout ce qu'il était en train de faire pour l'aider à la chercher... Même Selene restait dans les environs, alors qu'ils se parlaient à peine. Qu'est-ce qu'il serait devenu s'il n'y avait pas eu ces autres ? S'il n'y avait eu que cette sœur absente, ce vide qui le laissait s'enfoncer sans y porter rien qu'un regard ?!

— Non, toi ouvre les yeux ! Y a mieux que moi depuis qu’on a genre 5 ans, comment tu veux que je fasse ? Comment tu veux que je lutte ? Quand est-ce que j’ai eu de la place ? Ils sont là le jour, la nuit, pendant les vacances…

Dash leva les yeux au ciel, avec une exagération et un sérieux qu'on ne lui voyait pas souvent. Mais elle ne l'avait jamais réclamée, sa place ! Elle n'avait jamais rien fait qui laissait entendre qu'elle la voulait ! Au mieux existait-elle, quelques fois, lors d'un cours, d'un repas de famille ou d'une affaire à gérer ! Et même pendant les vacances, même quand il n'y avait personne d'autre qu'eux, elle était dans sa chambre à écouter des chansons dignes d'un cochon qu'on égorge ou dans les jupons de Gil ! Qu'elle lui reproche ce qu'elle voulait, elle n'aurait jamais eu besoin de cette lutte qu'elle n'avait pas menée si elle s'était juste risquée à lui dire qu'elle voulait faire partie de sa vie.

— Tu sais quoi, moi je connais le nom de tes potes...
— J'ai plus d'potes ! rectifia-t-il dans un gémissement désespéré alors qu'elle continuait.
— ...cite les miens ? Fais pas genre que je te repousse depuis 15 ans quand tu les as passés à te trouver une fratrie de remplacement.

Sa colère retomba un instant à sa question. Les siens...? Elle en avait, même...? Il eut beau chercher, essayé de se remémorer son entourage en cours ou dans la Grande Salle, il aurait été bien incapable de donner des noms. Il ne la voyait pas nécessairement toute seule mais... il avait plutôt l'impression qu'elle passait d'un groupe à un autre sans s'y accrocher, comme si elle comblait la solitude avec des gens qui ne comptaient pas vraiment...? Il ne l'avait jamais entendu parler d'un ou d'une meilleure amie, à la maison... est-ce qu'elle avait ça, même ? Mais lui n'avait jamais cherché à se trouver une fratrie de remplacement... il avait juste trouvé des amis. Des vrais. Des pour lesquels il aurait fait n'importe quoi. Des qui l'avaient abandonné sans se demander une seule seconde l'état dans lequel ils l'avaient laissé. Et s'il avait remué ciel et terre pendant trois mois dans l'espoir d'obtenir des nouvelles de Silas après sa disparition, il savait qu'il n'aurait ni le courage ni l'énergie de lutter contre l'absence de Daisy. Elle était partie. Vraiment. Elle avait été là un matin et elle avait consciemment décidé de le planter là. Sans un mot, sans un regard, sans un au revoir. Encore. Est-ce qu'il était aussi peu digne d'amitié que ça pour qu'on ne prenne même pas la peine de lui dire adieu ?

— Dis pas de connerie, je serais pas là si je tenais pas à toi.

Sous sa couette, il grommela quelque chose qui ressemblait à « mais c'pas c'que j'ai dit ». Il ne doutait pas une seule seconde qu'on tenait à lui. Il remettait seulement en question son utilité dans leur vie. On pouvait l'apprécier, ça n'était pas le problème, on n'en avait pas besoin pour autant. Là où lui peinait littéralement à vivre sans ses proches, eux n'avaient aucun mal à exister sans lui. Il aurait voulu être aussi indispensable pour ses proches qu'ils ne l'étaient pour lui. Qu'il y ait rien qu'une personne, au moins, qui aurait été aussi mal face à son absence qu'il ne l'était face à la leur. Oona ne remarquerait même pas s'il ne venait pas la voir. Silas avait été plus occupé à galocher la seule fille sur laquelle il n'avait jamais crushé qu'à lui envoyer le moindre mot, Teddy avait choisi son meilleur ami dès le premier jour de l'année et n'avait finalement pas eu trop de mal à tirer un trait sur lui. Daisy avait fini par se lasser et préférer une vie dont il ne faisait pas partie. C'était des faits. Il n'en voulait à personne – encore que – juste il n'était pas suffisamment débile pour ne pas le remarquer. Alors oui, bien sûr que tous autant qu'ils étaient tenaient ou avaient tenu à lui, mais qu'est-ce que ça pouvait bien changer, dans le fond, s'ils étaient capables de partir du jour au lendemain...? Finalement, la main d'Aisling se posa sur son épaule alors qu'il geignait qu'il voulait rentrer en Irlande. Ça n'aurait même pas été dans l'espoir de suivre leur camarade, seulement de mettre un terme à cette année lamentable et retrouver enfin un endroit où il pouvait espérer se sentir à sa place. Bien sûr qu'Oona lui manquerait, là-bas, mais au moins ses parents lui offriraient la stabilité rassurante qui lui faisait tristement défaut en ce moment. Il ne la repoussa pas.

— Si tu veux je peux négocier avec le directeur pour qu’on rentre un week-end, je lui expliquerai pour Daisy, je ferai ce que tu veux…
— I' sert à que dalle, c'est qu'des baltringues dans c't'école de merde. Il a rien fait pour qu'elle parte pas, i' fera rien pour qu'e' r'vienne, i' s'en branle d'nous, j'le déteste.

S'il avait prétendu faire un signalement ou écrire au père de Daisy pour qu'il puisse lui parler rien qu'un instant, il ne s'était strictement rien passé depuis. S'il avait été en mesure de prendre un tant soit peu de recul, il aurait sûrement compris que ça prenait du temps, que tout n'était pas uniquement de son ressort... mais tout à son désespoir adolescent, il en avait déduit qu'il n'avait rien fait du tout. C'était à l'image du reste de cette affaire, après tout. Un hoquet humide se fit entendre alors qu'il s'agitait à nouveau pour essuyer ses joues.

— C'pas juste... y'a plein d'aut' gens... p'quoi c'est elle qu'est partie...?

(c) jawn

DASHIELL
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À SAVOIR Arrivé(e) le : 04/04/2020 Parchemins rédigés : 1170 Points : 11

Une main secourable

@Dashiell Dashner

Tout le problème de cette discussion était sans doute qu’elle était en train de se dérouler alors que ce n’était ni le lieu, ni le moment. Dans un autre cadre, plus calme, chacun aurait pu accepter que l’autre n’avait pas fondamentalement tort. Là, c’était plus complexe. Chaque reproche touchait à des sujets sensibles et blessait plus qu’il ne résolvait la situation. Rien que les réactions exagérées de son frère la piquaient plus qu’elle ne l’aurait cru. Lui toujours si calme, si doux, si résilient lui paraissait tellement offensif qu’elle en prenait ombrage, persuadée qu’il frappait comme ça parce que c’était elle. Il n’aurait jamais osé s’énerver ainsi avec la frêle Daisy ou l’adoré Silas. Non, elle y avait droit parce que, comme depuis toujours, elle était une quantité plus négligeable que l’entourage qu’il se choisissait. Comme s’il y a des proches choisis et des proches subis. Bien sûr que c’était faux, qu’il s’énervait parce qu’il était triste et qu’il aurait sans doute fait de même avec n’importe qui. Mais il aurait fallu être un peu moins autocentrée pour s’en rendre compte.

La question piège des amis fonctionna mieux qu’elle ne l’aurait imaginé. Elle coupa l’herbe sous les pieds de son frère qui cessa brusquement de l’accuser de tous les maux pour se taire, incapable de savoir qui elle pouvait bien fréquenter. Peut-être parce qu’elle n’avait pas, comme lui, d’ami à la vie à la mort. Elle appréciait Saige et Teddy qu’elle pouvait aller voir, elle échangeait avec Selene, c’était sa colocataire après tout, mais finalement, elle n’était proche de personne en étant relativement bien acceptée par tous. Ce n’était pas de la faute de ses condisciples, elle aimait vivre dans son monde, dans une mesure différente de celle de Dash. Il était le rêveur, mais elle appréciait la compagnie de sa machine à coudre, de ses tissus colorés et de ses chansons commerciales. C’était un cocon rassurant où rien ne venait l’embêter et où elle pouvait faire preuve d’une forme de fantaisie qu’elle ne manifestait pas vraiment le reste du temps. Il y eut un moment de flottement où il chercha désespérément dans sa mémoire un nom à lui lancer et elle intégra le cri du cœur qu’il avait poussé quand elle parlait. Plus d’amis ? Pourquoi n’en aurait-il plus ? Il avait toujours été si sociable, si entouré. Elle n’arrivait pas à y croire

- Pourquoi tu dis ça ? Silas, ça va pas ? Et Teddy, je sais que ça a été un peu compliqué, mais elle t’apprécie toujours autant

Elle fronçait les sourcils, essayant de réfléchir, sa propre tristesse teintée de colère reléguée au second plan. Surtout parce qu’elle commençait à entrevoir le cœur du problème. Il se sentait abandonné, plus qu’elle ne l’aurait cru. Et dans leur distance habituelle, elle n’avait sans doute pas aider du tout. Voilà pourquoi sa seule chance de lisser cette situation était sans doute d’essayer de lui trouver une solution, quelque chose qui l’aiderait. Elle proposa le directeur, idée qu’il repoussa aussi sec, mais sans pour autant la pousser elle, ce qui était clairement le signe le plus favorable qu’elle ait eu depuis le début de la conversation.

- J’pense pas qu’il ait de pouvoir sur le père de Daisy, mais si t’veux, on peut essayer d’y aller nous ? Je suis sûre que si elle avait eu le choix, elle ne serait jamais partie sans te dire au revoir ou sans garder contact.

Elle n’avait pas besoin de mentir pour dire cela, elle y croyait dur comme fer. Daisy avait été une sangsue selon elle, mais elle était attachée à Dashiell. Il y avait donc quelque chose à creuser s’il en avait envie et elle était prête à lui offrir son aide. Et il ne saurait jamais à quel point cela lui arrachait la gueule. Aisling maintint prudemment sa main sur l’épaule de son frère, se demandant même s’il sentait quoi que soit sous cette foutue couette et elle souffla

- Je sais pas, Dash. Elle a toujours eu une famille compliquée, mais j’aurais jamais souhaité ou pensé ça …

Et en même temps, est-ce que ce n’était pas une leçon qu’il devait apprendre. Les gens sont toujours de passage dans une existence. Certains plus longtemps que d’autres, mais il y avait toujours un risque d’une séparation.

- Tu veux qu’on essaie d’obtenir son adresse ? J’suis même d’accord pour essayer d’entrer dans le bureau du directeur pour tes beaux yeux.

lumos maxima

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