Winners never cheat (Caerwyn)

Winners never cheat

Le visage froncé, tentant de maîtriser le début de colère qui venait lui chatouiller les narines, Violet se dirigea d’un pas déterminé vers le bureau du Professeur Bevans. Elle revenait d’une discussion houleuse avec l’un de ses camarades de classe qu’elle avait accusé de tricherie et, même s’il avait démenti jusqu’au bout, elle ne l’avait pas laissé s’en sortir comme ça et lui avait retiré trente points de maison. Ça lui apprendrait à faire un peu trop le malin. La Serdaigle se comportait rarement comme un tyran et n’aimait pas abuser de ses pouvoirs de préfète, mais là, elle s’était sentie bien légitime de le faire.

L’incident s’était passé un peu plus tôt, durant l’examen pratique de potions pour les sixième année. Ils avaient eu pour consigne de concocter un élixir d’euphorie et si Violet s’en était plutôt bien sortie, elle avait tout de même été un peu déçue d’elle-même d’avoir été un peu trop brutale lors du mélange, ce qui avait causé un léger débordement et la potion était devenue plus turquoise qu’elle ne l’aurait dû. Or, ce type qui se trouvait devant elle, ce Warren Myers qui avait été pourtant parfaitement incapable au cours précédent de faire la différence entre des épines de porc-épic et des épines de noueux et qui avait encore du mal à distinguer la droite de sa gauche, avait terminé avec un résultat impeccable. Cela lui avait valu une bonne note qui, d’après Violet, était loin d’être méritée. Il était évident qu’il avait triché d’une manière ou d’une autre, et d’ailleurs il lui avait semblé le voir regarder quelque chose sous son pupitre à plusieurs reprises. Une anti-sèche ? Très probablement. Or, en tant que préfète, la Serdaigle ne pouvait pas cautionner une telle chose. Elle l’avait donc suivi après le cours pour lui en toucher trois mots et le sanctionner comme il se devait.

Elle prit une inspiration pour tenter de se calmer avant de toquer à la porte du bureau. Warren avait déjà eu ce qu’il méritait mais Bevans devait être au courant de ce qu’il s’était passé dans sa classe. Avec un peu de chance, cela permettrait d’éviter qu’une telle chose se reproduise à l’avenir. Ayant obtenu autorisation, elle poussa la porte pour rentrer et la referma derrière elle, puis s’approcha du bureau où son Directeur de Maison était assis. Sans perdre de temps avec des banalités, elle rentra immédiatement dans le vif du sujet.

« Professeur, je voulais vous prévenir que j’ai surpris un élève en train de tricher durant le devoir pratique de potions de cet après-midi. Il s’agit de Warren Myers, je le soupçonne d’avoir utilisé une anti-sèche pour parvenir au bout de l’élixir. »

Elle n’avait aucun mal à jouer les rapporteuses et à donner les noms complets d’élèves qui selon elle avaient fauté ; s’il voulait rester anonyme, il n’avait qu’à ne pas tricher. Bevans avait l’information désormais, c’était tout ce qui lui importait.

« Je lui ai naturellement retiré des points de maison après le cours mais je souhaitais vous en tenir informé afin que vous preniez les mesures nécessaires pour éviter une récidive. »

La décision lui revenait, mais elle espérait qu’il en ferait quelque chose. Elle trouvait véritablement injuste que certains s’en tirent avec des notes excellentes en utilisant des moyens immoraux tandis que d’autres comme elle prenaient la peine de travailler légitimement pour obtenir le même résultat. Pourvu que son intervention puisse finalement mettre un terme à tout cela.

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Winners never cheat

feat. @Violet McGregor

L’examen du jour s’était plutôt bien passé aux yeux du professeur. Il n’y avait pas eu de détonation catastrophique, pas de potions aux effets indésirables. En réalité, les sixièmes années s’en étaient plutôt bien sortis et il n’y avait pas de plus grande satisfaction pour un enseignant que de voir ses élèves s’en sortir. Il aurait pu mettre cela sur le compte de la chance mais préférait se dire que ses cours portaient leurs fruits. Du moins, n’étaient-ils pas catastrophiques. Il se doutait que van Aken avait laissé des bases solides aux étudiants et ceux-ci mettaient juste en pratique les réflexes et les méthodologies acquises avec feu son homologue mais il essayait de se rassurer en se disant qu’il y était également pour quelque chose. Néanmoins, sa journée était enfin terminée et une fois que tous les élèves furent sortis de sa salle de cours, il retourna dans son bureau, comme à son habitude. Il avait encore quelques parchemins à corriger pour les troisièmes années sur les poisons indétectables. Comme d’ordinaire, il attendait toujours le dernier moment pour le faire, c’était pourquoi il ne planifiait jamais rien pour ses soirées. De toute façon, il appréciait trop le calme de son bureau pour aller papoter avec ses homologues (qu’il appréciait néanmoins).

Il préféra toutes ses petites affaires, mit en route le phonographe avec un album (*) qu’il connaissait par cœur et s’attela à la tâche, chantonnant ouvertement sans s’appliquer le moins du monde. C’était sa façon de se concentrer, de se mettre dans sa bulle. Pourtant, cette intériorisation studieuse et productive fut de courte durée. En effet, alors qu’il venait d’entamer la correction de sa deuxième copie seulement, on frappa à la porte. D’un geste de la main, il baissa magiquement le son du phonographe et invita l’intrus à entrer. Ce fut sa préfète, Violet McGregor, qui débarqua dans son bureau avec un air plus que déterminé sur son visage. Sans plus de cérémonie courtoise (il n’y en eut aucune par ailleurs), elle annonça de but en blanc la raison de son inattendue venue. S’il s’était attendu à voir une élève stressée pour son examen, c’était une préfète prompt à la dénonciation qui se tenait devant lui. Surpris, il haussa les sourcils, ne sachant quoi répondre sur le moment. Il la laissa donc poursuivre, continuant d’être désarçonné par l’attitude entreprenante et autoritaire de la Serdaigle vis-à-vis de son camarade. Sur le coup, il resta coi, essayant de trouver quelque chose à redire face aux accusations de son élève.

Néanmoins, il réfléchit tout de même à ce qu’elle venait de dire. Elle semblait si sûre d’elle que cela ne semblait pas être une fausse accusation. Cependant, il n’avait pas souvenir d’avoir vu la moindre attitude suspecte durant l’examen. Et quelque part, il trouvait cela ridicule de faire apprendre aux élèves certaines potions par cœur. Surtout l’élixir d’Euphorie qui, si Bevans était parfaitement honnête, ne servait pas à grand-chose. Il n’avait pas écrit le programme, il ne faisait que l’appliquer mais il estimait que les antidotes étaient bien plus pertinentes à mémoriser qu’une potion qui provoquait l’hilarité. Il se garderait bien de dire que c’était tout à fait le genre de préparation triviale que tout bon potionniste réalisait avec la méthodologie sous les yeux. Mais en soit, ce n’était effectivement pas ce qui était demandé durant son propre examen. Toujours silencieux, la musique continuant en fond, il prit quelques secondes à répondre, regardant son élève droit dans les yeux, se demandant si ce qu’il allait dire aller provoquer son courroux ou non. Le dos plaqué sur le dossier de son fauteuil, il prit son courage à deux mains et essaya de se convaincre qu’il avait l’autorité nécessaire face à elle. Il n’allait tout de même pas se laisser impressionner par une adolescente au ton rêche. Il s’éclaircit alors la gorge et dit :

— Tu as au moins une preuve de ce dont tu l’accuses ?

Il fronça les sourcils.

— Car tu as dit que tu le soupçonnais mais tu l’as quand même sanctionné. Combien de points lui as-tu retiré ?

Warren Myers n’était pas l’élève le plus brillant en potions. Souvent Caerwyn s’était même demandé pourquoi il avait continué cette matière après ses BUSE mais sa décoction du jour avait été réussie, peut-être que la discipline lui tenait à cœur. Il n’était pas un mauvais bougre en cours, ne faisait pas trop de vagues, probablement que sa présence en cours de potions provenait d’une pression familiale comme il y en avait beaucoup à Poudlard. Avec une moue ennuyée, il reprit :

— Qu’a-t-il dit ? A-t-il avoué ?

Bevans se retrouvait ennuyé par cette situation, ayant l’impression que Violet s’était peut-être un peu précipitée dans sa décision. Concrètement, il manquait trop d’éléments au professeur pour prendre lesdites mesures préventives que souhaitait la préfète. Cela allait sûrement ressembler à un interrogatoire, il le savait, mais on ne pouvait pas condamner hâtivement quelqu’un sur la base de suppositions.

...

ANAPHORE

Winners never cheat

Violet & @Professeur C. Bevans

Violet avait pensé en venant dénoncer son camarade que Bevans allait prendre les choses en main ; qu’il allait peut-être la remercier de l’avoir prévenu et qu’il aurait fait en sorte que la tricherie ne soit plus jamais admise dans son cours. Au lieu de ça, il lui demanda plutôt si elle avait des preuves de ce qu’elle avançait. La jeune fille eut un peu de mal à ne pas se vexer de ce manque de confiance. Ne s’en était-elle pas montrée assez digne depuis ces quelques mois où elle avait été, lui semblait-il, une préfète exemplaire ? Elle avait toujours été très à cheval sur les règles, n’avait jamais causé un seul débordement depuis le début de sa scolarité et prenait à cœur les responsabilités avec lesquelles était venue son insigne. Alors pourquoi, maintenant, lui demandait-on de se justifier alors qu’elle venait simplement rapporter un méfait ? D’accord, elle avait utilisé le verbe soupçonner, cela n’était pas vraiment une marque de certitude, mais elle avait tout de même de bonnes raisons de le penser ; et ses déductions se révélaient rarement inexactes.

Quand il lui demanda combien de points elle lui avait retiré, la préfète hésita un peu avant de lui donner une réponse. La triche était de son point de vue inexcusable et Warren avait indéniablement mérité une sanction, mais peut-être y était-elle allée un peu fort, avec trente points. Quinze auraient été suffisants, mais elle s’était emballée un peu vite, sur le moment. Fichue colère qui n’était toujours bonne qu’à lui faire perdre le contrôle, elle aurait dû mieux la maîtriser. Mais elle avait mis un peu de temps à digérer son propre échec et, quelque part, elle en avait voulu au tricheur de s’en être tiré bien mieux qu’elle sur sa potion. Surtout alors qu’il n’était généralement pas si brillant, c’était le moins que l’on puisse dire. Mais elle n’irait pas admettre tout cela à voix haute - elle n’aurait qu’à trouver une autre façon de justifier ces trente points retirés. Elle saisit l’occasion lorsqu’il lui demanda ce qu’il lui avait dit :

« Il s’est énervé immédiatement, je n’ai rien pu en tirer. Mais je sais qu’il a triché. Il a eu un comportement très suspect pendant tout l’examen et vous devez bien avouer que le résultat de sa potion a été plutôt surprenant compte tenu de ses compétences habituelles. »

Non, ce n’était pas qu’elle venait de traiter son camarade d’idiot devant le professeur de potions, mais… disons qu’il n’était pas la baguette la plus affûtée du tiroir. Et puis, peut-être que la sanction le ferait réfléchir à deux fois, la prochaine fois. Bien sûr, pour cela il faudrait déjà qu’il soit en mesure de réfléchir, mais là, c’était encore une autre histoire. Se forçant à garder son assurance, Violet maintint sa tête bien droite alors qu’elle admettait enfin :

« Pour sa triche insolente et son manque de respect total envers une préfète lorsque je lui en ai fait part, je lui ai retiré un total de trente points pour sa maison. Je voulais que cela lui serve de leçon. »

C’était quelque peu exagéré : Warren n’avait pas eu beaucoup de temps pour s’indigner avant qu’elle ne lui retire les points, elle avait été plus rapide que lui. Mais c’était vrai qu’il avait ensuite été assez furieux pour la traiter de plusieurs noms. Bevans n’avait peut-être pas besoin de savoir dans quel ordre s’étaient déroulées les choses. Dans un sens comme dans l’autre, le tricheur n’avait eu que ce qu’il méritait, finalement, alors c’était plutôt bien fait pour sa peine. C’était tout de même une bonne chose qu’elle ne lui ait pas retiré vingt points supplémentaires pour injures comme elle l’avait pensé sur le moment : cela aurait été sûrement plus difficile à justifier.

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feat. @Violet McGregor

Bevans n’aimait pas cette situation. Il se trouvait bien embêté de remettre la parole de sa préfète en question mais il ne pouvait s’empêcher d’y voir un excès de zèle déplacé. Il y avait presque matière à considérer cela comme un abus d’autorité. Ce qu’elle avança ensuite ne le rassura pas plus que cela. Si Violet semblait particulièrement convaincue de ce qu’elle avançait, son professeur n’était pas sûr de rejoindre sa pensée. Oui, il avait bien remarqué que Warren Myers avait réussi sa potion. Cela pouvait arriver s’il avait travaillé suffisamment. Parfois, les efforts étaient récompensés. Ou alors s’agissait-il seulement d’un coup de chance et dans ce cas-là, tant mieux pour lui. Et il y avait également une situation où l’adolescent avait effectivement triché mais il n’avait rien pour avancer cela. Il envisagea alors de lui refaire passer l’examen à la fin du prochain cours. Il n’était pas sûr que le jeune Myers allait apprécier la démarche mais tant pis. Néanmoins, l’avantage des tricheurs était qu’ils avaient tendance à récidiver. Bevans ne pourrait certainement rien faire pour le précédent examen (le prendre à part était une mauvaise idée à ses yeux), mais il pourrait accroître sa surveillance pour le prochain.

Les justifications de Violet ne firent que confirmer les craintes de son directeur de maison. Tout semblait porter à croire que la jeune fille avait manqué de discernement et il ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’elle se montrait peut-être un tantinet jalouse. Après tout, oui, Warren n’était pas un cador en potions et la plupart du temps, Violet se débrouillait bien mieux que lui. Bevans ne put s’empêcher d’avoir une moue ennuyée. Il ne voulait pas accuser sa préfète de calomnies, après tout, tout ceci partait d’une bonne intention et il était évident qu’elle honorait son rôle avec sérieux. Mais condamner un élève sur de simples suppositions transformées en certitudes peut-être erronées à cause d’une frustration mal placée n’était pas la réaction la plus rationnelle à avoir. La justice ne fonctionnait pas ainsi. Et Caerwyn s’était toujours dit que tricher desservait avant tout les faussaires eux-mêmes. S’ils avaient le culot de le faire lors de leurs BUSE ou leurs ASPIC, les sanctions allaient être terribles et cela n’aurait pas été faute de les avoir prévenus. Il retint in extremis un soupir mais ne pouvait s’empêchait d’arborer cette expression ennuyée face à Violet. Il ne voulait vraiment pas lui rentrer dedans mais il dit pourtant :

— Il a peut-être bien travaillé avant l’examen. Parfois les élèves se décident à se foutre un coup de pied au cul par eux-mêmes… Mais je n’ai toujours aucune preuve de ce que tu avances.

Mais le pire resta à venir. Avec un certain aplomb, elle annonça la nature de la sanction. Elle avait retiré trente points. Il crut et espéra avoir mal entendu mais malgré tous ses efforts pour trouver un nombre qui se rapprochait phonétiquement de celui-là, il ne put que se rendre à l’évidence que sa préfète avait enlevé trente points à la maison de Warren, Poufsouffle. Il se sentit blêmir et se félicita d’être déjà assis car il savait que ses jambes venaient de perdre leur force. Dépité, le regard vide, il finit par poser son visage dans la paume dans sa main avec un profond soupir. Le petit « que cela lui serve de leçon » lui fit se pincer l’arête du nez dans une grimace. Que pouvait-il répondre à cela ? Violet venait très certainement de déclarer la guerre à la directrice de Poufsouffle qui n’allait certainement pas laisser passer une perte si conséquente dans son précieux sablier.

— Trente points, vraiment…

Il finit pas rouvrir les yeux et les poser sur Violet. Il resta silencieux quelques instants puis, après avoir hoché négativement la tête, il reprit :

— Tu ne peux pas faire ça. Tu ne peux pas retirer autant de points pour juste ceci ! Selon le règlement intérieur, 15 points en moins c’est pour l’usage de la magie noire ! Alors trente… Surtout pour une simple supposition de triche…

Il était dépité, dépassé. Il fallait qu’il trouve une solution pour corriger tout cela sans que le dragon de Poufsouffle ne s’en rende compte. Ou sache à cause de qui les grains du sablier s’étaient mystérieusement envolés. Et pourtant, il n’en voulait pas à Violet. Elle était jeune, avait très certainement envie de bien faire et les erreurs pouvaient arriver. Elle apprendrait que l’autorité n’était vraiment pas quelque chose dont il fallait abuser.

— Je ne suis même pas sûr que les préfets aient le droit de retirer autant… Je n’ai pas envie de te donner l’impression de te passer un savon, surtout si tu dis vrai. Mais tu ne peux pas rendre justice comme ça, sans plus de preuve. Je sais que c’est trivial, mais la présomption d’innocence s’applique même dans des petits litiges comme celui-ci.

Violet n’était pas une élève stupide, loin de là, il ne sentait pas obligé de passer pour un professeur condescendant et de lui rappeler ce que la présomption d’innocence signifiait. Il craignait surtout l’effet boule de neige de cet incident. Non seulement la réaction avait été disproportionnée mais en plus la préfète s’était sûrement attaquée à la mauvaise maison. Il reprit :

— Tu as pensé à l’éventualité où tu te trompais ?

Il n’était pas en colère, son ton n’était pas ferme le moins du monde, au contraire même. Mais malgré son apparente douceur, le dépit qui en ressortait était flagrant. Il n’était pas spécialement déçu non plus. Les erreurs de jugement arrivaient et il estimait que tout le monde avait le droit de se tromper. Il espérait juste que Violet comprenne également son point de vue et les possibles fautes qu’elle ait pu commettre.

...

ANAPHORE

Winners never cheat

Violet & @Professeur C. Bevans

Violet était parfaitement sûre de ce qu’elle avançait. Warren avait triché, cela ne faisait pour elle aucun doute. Il n’avait pas pu devenir un génie des potions du jour au lendemain, même en ayant bien travaillé. De toute façon, il n’avait jamais eu l’air de quelqu’un de très studieux. Même si Violet ne le connaissait pas vraiment, il lui paraissait faire partie de ces groupes d’étudiants qui se fichent un peu des cours et qui préfèrent flâner dans la cour plutôt que de réviser. Et puis, n’avait-il pas eu un air coupable pendant l’examen, puis après lorsqu’elle était venue le confronter ? Certes, elle n’était pas toujours très douée pour comprendre les émotions des autres, mais elle supposait que ses réactions étaient des réactions typiques de personnes qui avaient des choses à se reprocher. Pourquoi se serait-il énervé contre elle, sinon parce qu’elle avait bien compris son petit stratagème ? Elle avait visé juste et il s’était braqué, tout simplement. Il avait bien mérité de perdre quelques points.

Mais Bevans n’avait pas l’air de son avis. Il lui demandait des preuves qu’elle n’avait pas. Comment aurait-elle pu en avoir ? Le tricheur avait bien évidemment effacé les traces de son antisèche dès la fin de l’examen. Impossible de la retrouver. Il avait été également trop fier, trop entêté pour avouer sa faute, même alors qu’elle l’avait coincé. Était-ce vraiment une raison pour laisser couler ? Il avait triché, les faits étaient là, et si personne ne le sanctionnait simplement parce qu’il avait tenu son mensonge jusqu’au bout, il en rirait bien. Pire encore, il n’aurait aucune raison de ne pas recommencer, puisque son crime avait été impuni. Bevans voulait-il vraiment prendre le risque de laisser passer une chose pareille ?

Elle voulait bien reconnaître qu’elle y avait été un peu fort, sur les trente points. C’était une réaction à chaud, elle aurait dû prendre le temps d’y réfléchir de manière plus posée, pour lui attribuer une sanction plus juste. Mais dans le fond, ne l’avait-il pas bien mérité ? Au moins, cela devrait lui passer l’envie de recommencer. Bien sûr, Bevans n’avait pas du tout l’air de son avis. Dépité, il eut un profond soupir accompagné d’une grimace puis après quelques secondes de silence, lui expliqua pourquoi elle avait eu tort. Violet se garda bien de répliquer qu’à son sens, la tricherie s’élevait quasiment au même niveau que l’usage de la magie noire, ce n’était sûrement pas une opinion très populaire. Mais elle trouvait tout de même le règlement bien laxiste à ce sujet. Elle rebondit néanmoins sur sa dernière phrase.

« Ce n’est pas qu’une simple supposition, je sais qu’il a triché. Je n’ai pas de preuves à vous présenter, c’est vrai, mais je suis sûre de moi. »

Pourquoi ne pouvait-il pas prendre sa parole comme vérité ? Elle avait raison, elle était sûre d’elle, il devait la croire. Il se justifia en mentionnant la présomption d’innocence et Violet soupira. Ils n’étaient pas devant un tribunal, on ne parlait que de quelques points en moins, pas d’un aller simple pour Azkaban. Et ce n’était pas non plus rendre service à Warren que de le laisser agir ainsi sans conséquence. Bien sûr, Bevans était son directeur de maison et s’il décidait de retirer la sanction qu’elle avait donné, elle ne pourrait pas s’y opposer - mais elle aurait tout de même préféré qu’il aille dans son sens.

« Je voulais bien faire. C’est dans mon rôle de sanctionner ceux qui agissent à l’encontre du règlement et je voulais simplement que Myers sache qu’une telle infraction ne serait pas impunie. Si on laisse passer ça, rien ne l’empêchera de recommencer. »

Elle n’avait dans tous les cas aucune envie de revoir un tricheur la dépasser une nouvelle fois lors d’un examen. Ce n’était juste pour personne, et surtout pas pour ceux comme elle qui travaillaient réellement. Son professeur lui demanda si elle avait pensé à l’éventualité où elle se trompait. Encore une fois, il remettait sa parole en doute. Mais elle n’avait pas pu penser à cette éventualité, puisque cette éventualité était impossible. Warren n’aurait simplement pas pu faire mieux qu’elle sans une aide extérieure. Elle secoua la tête.

« Je comprends que vous ayez vos doutes. » Elle ne comprenait pas du tout. « Mais comme je vous l’ai dit, je suis sûre de moi. Vous êtes sûrement trop optimiste envers les compétences de vos élèves, mais je connais leur façon de faire. Ils préfèrent perdre leur temps à élaborer des techniques de triche qu’à vraiment étudier. C’est injuste pour ceux qui ont vraiment révisé pour l’examen. »

Pour elle, surtout, mais autant en profiter pour englober tous les autres. Ça devrait pouvoir ajouter un peu de poids à son argument.

« Par ailleurs, sa réaction a été complètement démesurée lorsque je lui en ai fait part. Je ne pense pas qu’il se serait énervé ainsi s’il ne s’était pas dit que je l’avais percé un jour. C’est bien un signe de sa culpabilité. »

D’accord, ce n’était pas une preuve en soi, mais cela devait bien avoir un impact, non ? Est-ce qu’on pouvait encore parler de présomption d’innocence lorsqu’il était évident qu’une personne était coupable ? Dans tous les cas, la Serdaigle s’en trouverait bien fâchée qu’il s’en sorte à si bon compte.

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feat. @Violet McGregor

Il existait ce genre de situation où aucune solution distincte ne parvenait à se dessiner. Caerwyn ne voulait pas se fâcher avec sa préfète, loin de là. Il prônait d’ailleurs la bonne entente entre chaque âme de ce château et exécrait les conflits. Il ne voulait pas entrer en guerre contre Violet parce qu’elle semblait si certaine de ce qu’elle avait vu. Mais force était de constater que le zèle de la jeune fille paraissait un peu hors de contrôle et que cela risquait plus de créer plus de problèmes que d’en résoudre. Et malheureusement, la Serdaigle ne semblait pas vouloir lâcher le morceau. Obstinée, elle continuait d’affirmer qu’elle savait que le pauvre Myers avait triché, malgré l’absence de preuves. Ce qui embêtait Bevans et ce qu’elle ne semblait pas comprendre, c’était qu’il ne remettait pas forcément en cause ce qu’elle disait. Oui, certains élèves trichaient. Oui, Warren, qui n’était pas un cador en potions, avait bien réussi son examen. Saige Billington, en cinquième année, avait aussi réussi son Philtre de Paix du premier coup alors que ce n’était clairement pas sa matière fétiche et il était pourtant convaincu qu’elle n’avait pas triché non plus. Ennuyé, il ne put retenir un nouveau soupir.

Incapable de l’interrompre pour le moment, quelque peu désabusé par cette histoire qui prenait un peu trop d’ampleur, il la laissa continuer sa plaidoirie, trouvant que le ton de la jeune fille commençait à se durcir, comme trahissant une certaine impatience. Il pouvait comprendre sa frustration mais rien dans tout ce qu’elle lui disait ne lui semblait réfléchi ou sage. Et pourtant, il ne voulait pas la froisser pour autant. Ses intentions étaient louables, justes même. Oui, la tricherie c’était mal. Elle argua alors que cette sanction démesurée serait dissuasif pour les prochains examens à venir. Oui et non, car même si elle était préfète, certes, elle n’en était pas pour autant professeur. Les adolescents se moquaient bien de se faire faire la leçon par aussi âgé qu’eux. Il suffisait que ledit Myers ait un peu de confiance en lui pour rejeter tout ce que lui disait sa camarade de Serdaigle. Et encore une fois, Caerwyn était convaincu que ceux que pénalisaient le plus les tricheurs étaient eux-mêmes. Une fois lâchés dans la nature, ils seraient bien incapables de faire quoique ce soit de leurs dix doigts. Mais c’était peut-être une vision un peu trop idéaliste. Par le passé, il avait bien eu plusieurs exemples que le karma n’existait pas.

Tandis qu’elle continuait à parler et d’affirmer ses positions, elle se permit des petits commentaires qui firent froncer les sourcils de son professeur. Peut-être était-ce lui, mais il avait l’impression qu’elle commençait à devenir hautaine et limite insolente. Il n’était pas trop optimiste sur les compétences de ses élèves. Il croyait simplement au fait que certains aient l’intelligence de se mettre eux-mêmes un coup de pied aux fesses. Elle invoqua alors l’injustice que c’était pour ceux qui travaillaient vraiment et Bevans leva subtilement et brièvement les yeux au ciel. Il n’était pas exaspéré pour autant mais il comprenait d’où venait le problème. Violet n’avait pas réussi sa potion comme elle l’aurait voulu et elle rabattait sa frustration sur l’élève moyen qu’était Myers et qui semblait être devenu miraculeusement un maître des potions. Avant qu’il ne puisse en placer une, elle ajouta que la réaction démesurée qu’avait eu le prétendu coupable au moment où il avait été confronté était une preuve de sa culpabilité. Décidément, rien allait dans toute cette histoire. Les lèvres de Bevans se pincèrent, trahissant son embarras devant cette situation et finit par lâcher un nouveau soupir. Il la regarda quelques secondes, essayant de chercher ses mots pour éviter de finir d’agacer sa préfète.

— Si tu es arrivée devant lui en l’accusant de tricherie avant de lui enlever 30 points, c’est plutôt normal qu’il s’offusque. Regarde, je remets un peu en doute ta parole et tu deviens presque désobligeante envers moi.

Non, il avait pas tellement aimé le commentaire de Violet à son égard. Il restait son professeur après tout et son directeur de maison qui plus est. Pourtant il ne la menaçait pas. Le ton restait cordial et neutre.

— Pourtant je ne t’accuse pas de mentir non plus. Je pense que tu es réellement convaincue de ce que tu dis mais malheureusement, sans preuve autre que « je le sais c’est tout », je ne peux rien faire de plus.

Il marqua une pause avant de reprendre sur un ton plus embêté :

— C’est le genre d’histoire qui peut se retourner contre toi. Imagine qu’il aille se plaindre au professeur Griffith. Je ne suis pas certain que les trente points retirés lui fassent très plaisir – surtout à elle – et on peut vite t’accuser d’abus d’autorité. Je ne te menace pas du tout, hein ? Je veux juste essayer de te faire comprendre que ce genre de spontanéités, même louable, n’est pas forcément toujours vertueux.

Il la regarda un instant et avant qu’elle n’eut le temps de répliquer quoique ce soit, il leva un doigt, anticipant une potentielle réponse qu’il voulait arrêter de suite.

— Néanmoins. Si je ne peux rien faire pour l’examen qui vient de se passer, je peux le garder à l’œil pour le prochain. J’ai entendu tes accusations et même si elles me paraissent légères pour l’instant, j’en tiendrai compte. Je me doute que tu sois frustrée mais on ne peut passer ses nerfs sur les autres de cette façon.

Il tenta un sourire un léger sourire qui ressemblait plus à une moue compatissante qu’autre chose.

— Et ne t’en fais pas pour ta potion, elle était bien quand même. Je ne suis vraiment pas inquiet pour toi.

Autant essayer de désamorcer le plus possible une possible anxiété pour l’avenir chez la Serdaigle. Bevans n’avait pas eu beaucoup l’occasion de lui parler et ne la connaissait pas très bien. Peut-être allait-elle prendre la mouche suite à cette tentative de réconfort ou alors comprendrait-elle qu’il n’y avait pas à être si froide et exigeante envers soi-même constamment.

...

ANAPHORE

Winners never cheat

Violet & @Professeur C. Bevans

Violet ne s’était même pas rendu compte de sa propre insolence. Elle commençait à perdre patience, c’était vrai, mais elle tenait néanmoins à garder son sang-froid et ne pas s’emporter pour autant. Elle s’était efforcée de rester factuelle, ne prononçant que les mots qu’elle pensait vraiment. C’est pourquoi elle ne pensait pas que ce soit de sa faute si son professeur s’en était senti offensé. D’ailleurs, pourquoi le serait-il ? Elle ne l’avait pas insulté, elle lui avait simplement fait comprendre qu’il était parfois un peu trop optimiste envers les compétences de ses élèves. Il voulait croire en eux, ce qui n’était pas un mal en soit, mais elle savait que ce n’était qu’une porte ouverte pour que les plus cancres d’entre eux n’en abusent, comme l’avait fait Warren. Elle en était parfaitement convaincue.

Elle comprenait malheureusement qu’aucune décision ne pourrait être prise sans preuve, même si ça l’embêtait bien. Elle détestait l’idée que l’un de ses camarades puisse s’en sortir si bien avec une triche. Il trahissait la confiance de son professeur et pour cela, il en serait récompensé par une jolie note dans sa moyenne, qu’il n’avait pourtant aucunement mérité. Elle ne trouvait pas cela très juste ni très correct, mais puisque le règlement tenait à prendre en compte la présomption d’innocence, elle ne pouvait rien y faire. Résignée, elle finit par hocher sèchement la tête pour montrer qu’elle comprenait, mais elle ne prit pas la peine de cacher son mécontentement, marqué d’un soupir.

Les bras croisés, elle écouta la suite des reproches de son Directeur de maison en silence, le visage froncé. Même s’il lui assura qu’il n’essayait pas de la menacer, seulement de lui faire comprendre son erreur, ses mots ne lui plaisait pas davantage. Et si le tricheur allait se plaindre à Griffith, alors quoi ? En tant que Directrice de Poufsouffle, ce ne devait pas être la première fois qu’elle aurait à faire à des cancres. D’accord, les trente points avaient été un peu excessif, elle voulait bien l’admettre, mais de là à l’accuser d’abus d’autorité alors qu’elle n’avait fait que son travail, c’était très exagéré.

Quand elle crut que le sermon se terminait, elle allait exprimer le fond de sa pensée mais Bevans la coupa avant qu’elle n’ait pu formuler une première syllabe. Elle s’attendait à ce qu’il s’étende sur ses reproches, qu’il continue à argumenter sur les raisons pour lesquelles elle avait mal agi, mais il n’en fit rien. Au contraire, il accepta de garder un œil sur lui au prochain examen. Pour la première fois de la journée, un petit sourire se dessina sur les lèvres de Violet qui ne dura qu’une poignée de secondes, mais qui était néanmoins sincère. Ce n’était pas la sanction qu’elle avait envisagé pour faire face à de la triche, mais c’était un bon compromis. Cela signifiait également que Bevans lui faisait confiance, même sans preuve, qu’il prenait ses paroles en compte.

« Merci. »

Il ajouta une phrase à propos de sa propre tentative de réalisation de la potion certainement dans l’espoir de la rassurer, mais la préfète n’en devint que plus embarrassée. « Bien » n’était pas assez pour elle, elle aurait dû être parfaite, irréprochable. Elle n’avait jamais eu l’ambition de devenir une experte dans l’art de concocter des potions, mais elle détestait le simple fait d’avoir fait une erreur, pendant un examen qui plus est. Surtout si c’était pour voir des imbéciles réussir là où elle avait échoué. L’été dernier, elle et Murphy étaient parvenues avec succès à concocter une potion pour rendre la mémoire perdue de Lilith ; et aujourd’hui, elle se trompait sur un malheureux élixir d’euphorie. Il y avait de quoi en être frustrée.

« J’aurais pu faire mieux que ça. » laissa-t-elle finalement échapper en retour aux compliments du professeur.

Elle haussa les épaules, comme si ça n’avait pas d’importance. Ça avait beaucoup d’importance, mais elle n’avait pas envie de s’étendre sur le sujet. Elle avait raté, et même si elle savait que c’était des choses qui arrivait, même si ce n’était qu’une imperfection au milieu des notes élevées qu’elle avait eues depuis le début d’année, c’était d’autant plus énervant de se dire qu’elle avait été moins bonne qu’un mauvais élève. C’était pourquoi elle ne pouvait pas accepter l’idée qu’il ait pu la dépasser sans tricher. Alors elle n’avait pas d’autre choix que d’affirmer avec certitude qu’il l’avait fait.

« Je veux bien rendre vingt-cinq points à Poufsouffle sur les trente, Myers m’a tout de même manqué de respect en m’insultant de folle tout à l’heure, j’estime que cela vaut bien cinq points. Si cela vous convient. Mais je n’irais pas m’excuser pour avoir voulu sanctionner un manquement au règlement de l’école. »

Hors de question qu’elle admette son erreur devant Warren ou pire, devant la Directrice de Poufsouffle, il n’y aurait de toute façon rien de sincère dans cette démarche. Elle avait bien conscience que le fait de ne pas avoir de preuve pouvait laisser penser qu’elle avait agi par abus de pouvoir, mais elle restait convaincue que c’était faux. Elle n’avait fait que son devoir.

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Bevans savait que ce qu’il disait à Violet ne lui faisait pas spécialement plaisir. Qu’il n’allait pas dans son sens et qu’il ne la brossait clairement pas dans le sens du poil. Il n’aimait pas les conflits mais les deux partis avaient des façons de voir les choses bien distinctes. Le professeur comprenait parfaitement les frustrations de son élève, de son jugement hâtif qui manquait encore d’expérience et de nuances. Peut-être que lui-même avait ses torts dans cette histoire : trop sceptique par rapport aux accusations de sa préfète, trop optimiste, comme elle le disait, sur les intentions de ses étudiants. C’était pourquoi il avait mis de l’eau dans son vin et consentait à veiller un peu plus sur le fameux Myers lors de son prochain examen. Violet avait peut-être raison, ce n’était pas cela qu’il remettait en question. C’était le procédé, la façon de faire. Juger par une impulsivité frustrée, omettant toute forme de réflexion réfléchie. Mais c’était la fougue de la jeunesse, l’envie irrationnelle de réussir et surtout de ne pas échouer. Si Violet était exigeante (et elle semblait l’être), il était normal qu’elle réagisse de cette façon. Peut-être avait-il été trop frontal avec elle, trop dubitatif sur ce qu’elle avait avancé.

Pourtant ses quelques derniers mots sur la promesse de surveillance semblèrent détendre la Préfère de Serdaigle et lui arracha même un bref sourire. Le compromis paraissait lui convenir et c’était tant mieux. C’était bien tout ce qu’il pouvait faire dans cette situation. Quelque part, il se sentait quelque peu coupable d’avoir autant remis en doute les paroles pleines de bonne volonté zélée de Violet. Si elle était déjà frustrée par autre chose, il n’y avait rien de pire que de se confronter aux réticences d’un adulte borné. Ce n’était pas ce genre de professeur qu’il voulait être. Il souhaitait être à l’écoute le plus possible, le plus impartial également. Savoir que Violet acceptait son compromis le réconfortait un minimum. Au moins, les tensions au sein des représentants de Serdaigle seraient amoindris. Il sembla pourtant avoir visé juste sur la potentielle frustration de son élève quand celle-ci avoua à demi-mot qu’elle aurait pu faire mieux. Voilà qu’ils venaient de mettre le doigt sur un autre problème. L’adolescente avait été agacée par ses propres performances et n’avait certainement pas apprécié d’être coiffée au poteau par un élève d’ordinaire moyen. Il eut un sourire plus doux et finit par lui dire d’un ton qu’il voulut réconfortant :

— On peut toujours faire mieux. Cela ne veut pas dire que le résultat qu’on a eu n’en est pas moins satisfaisant.

Il était normal à cet âge de se mettre la pression concernant ses études. Par ailleurs, la volonté de bien faire persistait même par delà les années lorsque l’on avait un minimum envie de bien faire. Bevans voyait le perfectionnisme comme une qualité mais également un fardeau. Chaque détail importait, chaque correction était nécessaire et chaque erreur était le plus grand des échecs. Ce fut à son tour de se montrer conciliante cependant, s’emportant dans une petite tirade concernant les points enlevés. Il ne sut si traiter une camarade de folle méritait bien cinq points en moins mais c’était toujours mieux que trente. Si Jack venait lui siffler dans les oreilles, il pourrait toujours trouver une excuse pour couvrir sa préfète. Elle pensait après tout avoir fait son travail de la plus pure des manières, il était inutile qu’elle se retrouve dans la rivalité chauvine des deux directeurs de maison. Il acquiesça donc de la tête et eut un sourire amusé devant la réflexion têtue de Violet qui refusait catégoriquement d’aller s’excuser.

— C’est une décision qui me convient. Et je n’ai pas demandé d’aller te faire pardonner, ce serait inutile. Surtout si tu as raison concernant Warren.

Il tenta d’avoir un sourire complice. Oui, il considérait que ce qu’elle avait avancé était potentiellement vrai. Il ne voulait pas l’encourager à la délation pour autant mais elle prenait son rôle de Préfète à cœur et il ne pouvait que la féliciter pour cela. Voir des élèves investis faisaient toujours plaisir et la sanctionner pour son zèle, même précipité, serait ridicule. Il reprit alors :

— J’aimerais seulement que tu ne te mettes pas une pression excessive, d’accord ? Je vois bien que tu es déçue de ce qu’il s’est passé durant l’examen mais ce n’est pas grave. On ne peut pas toujours tout réussir. Ce serait incroyablement ennuyant sinon, non ?

Il sourit. Il ignorait si Violet était particulièrement anxieuse par rapport à ses études ou s’il s’agissait juste d’une ambition démesurée et déraisonnée de souhaiter atteindre la perfection constamment. Caerwyn avait cependant remarqué qu’il existait plusieurs archétypes d’élèves dans cette génération : ceux qui voulaient toujours faire mieux, généralement froids et bornés, et ceux qui avaient baissé les bras, paradoxalement plus enjoués et souriants. Il y avait des exceptions, bien évidemment, mais de sa faible expérience, c’était ce qu’il en avait ressorti. Conservant son sourire, il ajouta :

— Tu souhaites ajouter quelque chose ?

Le ton était chaleureux. Bevans n’avait pas grand-chose à ajouter de plus concernant le dossier Warren mais si Violet avait besoin de s’épancher sur un quelconque sujet, c’était l’occasion.

...

ANAPHORE

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Il y avait une chose que Bevans ne comprenait pas, une chose qu’il ne pouvait pas comprendre, c’était qu’elle ne pouvait pas se satisfaire d’un résultat moyen. Il ne le savait pas, mais Violet, sans ses études, sans ses bonnes notes, sans ses aptitudes en cours, elle n’était plus rien. Elle n’avait jamais été douée avec les autres, elle n’était pas bonne en sport, elle n’avait jamais eu de réelles facilités pour l’improvisation ; mais en cours, elle excellait. Si elle perdait ça, elle perdait tout. Alors qu’un élève de Poufsouffle, qui n’avait pourtant pas pour habitude d’avoir la lumière à tous les étages, la dépasse en plein examen de potions, elle ne pouvait pas le supporter. Elle aurait pu accepter d’être un tout petit peu moins bonne que Murphy dans cette classe, à la limite, elle connaissait la passion de cette dernière pour l’alchimie alors elle avait le droit d’être la plus douée dans ce domaine ; mais Warren, c’était hors de question. Elle ne voulait pas laisser passer cet affront. Trente points en moins, d‘après elle, aurait été largement mérité ; mais puisqu’elle ne pouvait pas abuser de son autorité de préfète, elle estimait qu’un retrait de cinq points était le minimum. Elle n’irait pas plus bas. Heureusement pour elle, son professeur l’accepta et elle n’eut pas besoin d’aller plus loin dans la négociation.

Elle eut envie de répliquer qu’elle avait forcément raison concernant Warren, mais se retint finalement. Elle avait eu ce qu’elle voulait, même si ce n’était pas autant qu’elle l’aurait voulu, et il n’y avait nul besoin d’alimenter encore le débat avec des répétitions. Bevans enchaîna en lui demandant de ne pas se mettre de pression excessive, qu’il n’y avait pas de quoi s’en faire si elle ne réussissait pas toujours tout le temps. Il sourit en ajoutant que ce serait ennuyant, à force. Mais Violet n’était pas d’accord. Il n’y avait rien d’amusant à se tromper, au contraire. C’était frustrant plus qu’autre chose. Elle n’irait pas jusqu’à dire qu’elle était heureuse quand elle réussissait quelque part, pour elle, ce n’était qu’un devoir, il fallait qu’elle soit brillante parce qu’elle ne supporterait pas de ne pas l’être. Alors, peut-être qu’elle se mettait bien un peu de pression, mais elle ne trouvait pas qu’elle soit excessive. C’était ce qu’elle devait donner pour rester parmi les meilleurs. Son vrai bonheur, elle le trouvait chaque fois qu’elle apprenait quelque chose de nouveau, en cours ou en lisant un livre de son côté. Or, si elle échouait en examen, cela signifiait qu’elle n’avait pas assez approfondi ses connaissances ou pire, qu’elle n’avait pas été assez intelligente pour les assimiler, et c’était quelque chose qu’elle ne pouvait accepter. Bevans lui demanda si elle souhaitait ajouter quelque chose et elle décida de lui donner son opinion.

« Je ne me mets pas de pression excessive. Simplement, les examens sont faits pour être réussis, sinon quel intérêt ? Je pensais qu’en tant que professeur, vous voudriez justement encourager tous vos élèves à donner le meilleur d’eux-mêmes et obtenir de bons résultats. »

Cela lui paraissait contre-productif, pour un professeur, de dire à quelqu’un que ce n’était pas grave d’échouer. Elle n’avait certainement pas envie de lâcher soudainement son apprentissage, ses cours et ses parchemins pour se libérer de la pression. Quelle serait la prochaine étape ? Oublier ses bouquins et participer à des fêtes étudiantes ? Non merci. Elle préférait largement passer son temps à réviser, pour ne plus faire d’erreurs au prochain devoir. Elle avait été stupide, elle s’était trompé bêtement, d’accord, c’était des choses qui arrivaient, mais elle n’avait pas l’intention de laisser cela se reproduire. La prochaine fois, elle aurait une potion irréprochable.

« C’est qu’avec mes responsabilités de préfète, depuis cette année, j’ai moins de temps à consacrer à mes révisions que je le souhaiterais. Je respecte la décision du Directeur de m’avoir donné l’insigne mais parfois, je me dis que j’aurais préféré qu’il l’attribue à quelqu’un d’autre. »

C’était dit. Jusque-là, elle l’avait toujours pensé sans jamais oser l’admettre auprès d’un membre du personnel de Poudlard, parce qu’elle ne voulait pas qu’on pense qu’elle refusait l’honneur qu’on lui avait fait. Mais à présent, c’était dit. Il y avait bien des avantages à être préfète et elle voulait bien les reconnaître, mais elle trouvait parfois qu’elle était mieux avant, à vivre dans l’ombre et à ne se soucier que d’elle-même et de ses résultats, plutôt que de faire respecter l’ordre dans l’école.

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Bevans n’était pas un professeur injuste. Du moins, il souhaitait se voir ainsi. Être le plus impartial possible, ne pas créer de conflits inutiles entre les élèves. Et le cas présent en faisait bien évidemment partie. Il savait qu’il créait de la frustration chez Violet. Qu’il n’avait pas réagi de la manière qu’elle aurait voulu. Mais il ne pouvait se résoudre à condamner un élève potentiellement innocent. Il ne pouvait pas approuver ce genre de décisions hâtives. La prise d’initiative était parfois une bonne chose mais un retour de flamme était toujours envisageable. Ce n’était pas très grave, Violet apprenait. Il ne la blâmait pas pour cela. Néanmoins, il voyait bien dans son regard que les mots du professeur ne lui plaisaient pas. Il avait presque l’impression qu’il l’ennuyait et qu’il ne fallait pas grand-chose pour qu’elle finisse par lever dédaigneusement les yeux au ciel. Le directeur de Serdaigle se demandait ce qui avait bien se passer dans cette génération d’adolescents arrogants qui semblaient mieux savoir que les adultes quelles décisions à prendre. Ça, plus Dmitri et les autres dans son genre qui se croyaient des petits génies de la magie et s’estimaient libre de faire n’importe quelle remarque désobligeante à n’importe qui.

En parlant de remarque désobligeante, Violet semblait vouloir en découdre verbalement avec son professeur également. Ce dernier commençait sérieusement à se demander ce qui dérangeaient tant les élèves dans son attitude. Elle reprit ses mots, lui donnant presque l’impression de l’accuser de négligence et de ne pas assurer ses responsabilités. Il fronça les sourcils de mécontentement. Qu’est-ce qu’elle lui chantait donc encore ? Elle était en train d’insinuer qu’il ne portait guère d’attention sur les résultats de ses élèves ou il se faisait des films ? Ses lèvres se pincèrent dans une moue agacée, tentant de calmer l’envie de répliquer. La froideur austère sur le visage de l’adolescente ne le poussa pourtant pas à l’ouvrir et à remettre l’effrontée à sa place. Après tout, peut-être était-ce lui qui interprétait de travers les propos de Violet. Ce ne serait pas la première fois qu’il aurait des soucis de compréhension. Seulement, jusque-là, ce n’était qu’avec des adultes, que Bevans comprenait tout de travers. Pour les élèves, pour le moment, tout c’était relativement bien passé. Comme quoi, il fallait bien un début à tout. Alors, il garda le silence pour l’instant, préférant expulser cette colère grondante d’un long soupir appuyé, la regardant dans les yeux.

Elle aborda alors le sujet de son grade de Préfète et sembla en parler comme s’il s’agissait d’un fardeau. Il fronça les sourcils, dubitatif face à cette information qui paraissait un peu sortir de nulle part à ses yeux. Entre son discours précédent et maintenant ceci, il avait comme l’impression qu’elle se cherchait des excuses concernant sa potion et son comportement envers Warren. Ne venait-elle pas de dire qu’il devait valoriser ses élèves ? Voilà maintenant qu’elle jouait les victimes en prétendant que c’était trop de responsabilités et que cela empiétait sur ses résultats ? Il aurait pu croire à cette petite plaidoirie, à ses doutes, à ses questions, mais elle gardait ce même air froid, impassible, profondément de marbre qu’il se demanda si cette jeune fille avait déjà souri franchement dans sa vie. Mais encore une fois, il n’eut le courage de s’emporter. Il n’était pas amadoué, pas plus que cela, pas vraiment peiné non plus mais si ce qu’elle disait était vrai, alors il n’y avait aucune raison de la réprimander pour ça. Il soupira profondément, ne sachant pas trop quoi dire à tout ceci. Il se passa une main pensive dans sa barbe, comme si cela allait lui donner une idée et préféra se laisser guider. Il dit d’un ton moins chaleureux que précédemment :

— Si tu ne t’en sens pas capable, je peux voir avec le directeur pour te trouver un remplaçant.

C’était la moindre des choses qu’il puisse faire, après tout. L’objectif n’était pas de piéger les élèves et si Violet ne se sentait pas à l’aise, il valait mieux trouver une solution. Pourtant, toucher néanmoins dans son ego, il reprit :

— En revanche, que tu me dises que je n’encourage pas mes élèves, ça, je ne l’apprécie pas. Ce n’est pas parce que je te dis de ne pas te mettre la pression que je me fiche de tes résultats.

Il repensa à tous ses élèves, et plus particulièrement à Saige, Teodora ou Senna, aux profils forts différents et aux difficultés certaines qu’il essayait tant bien que mal de pousser vers l’avant. Certains avaient perdu l’espoir de briller un jour en potions et il s’efforçait d’essayer de les rassurer, d’y aller progressivement et de noter les progrès à chaque fois qu’il y en avait. Les bons élèves n’avaient pas besoin d’avoir une main dans le dos pour leur donner confiance. Ils l’avaient déjà. Néanmoins, c’était peut-être sur leur vision de l’échec que Bevans devrait travailler. Comment appréhender ceux qui refusaient d’échouer. Ceux qui ne comprenaient pas que ce n’était pas si grave. Il savait gérer les élèves défaitistes, qui partaient déjà avec l’impression d’être des moins que rien et qui voyait en une potion ratée une simple preuve supplémentaire de leur abandon. Violet était d’un autre genre. Il soupira une nouvelle fois et reprit :

— Les bons résultats, tu les as déjà. Je n’ai pas besoin de t’encourager parce que tu as un Effort Exceptionnel au milieu de ta tonne d’Optimal. Tes examens, tu les réussiras, je ne sais même pas pourquoi tu en doutes. Mais au vu de ce que tu me dis, tu as beau prétendre que tu ne te mets pas la pression, si tu penses que ton rôle de préfète met ta scolarité en péril et que cela t’est beaucoup trop chronophage, c’est que tu te mets la pression. Idem quand tu râles pour un Effort Exceptionnel.

Son ton avait peut-être trahi son léger agacement. Mais il n’avait simplement pas l’habitude d’être confrontée à ce genre d’individu à l’impassibilité de marbre. Il était difficile de savoir ce qu’ils pensaient réellement mais Caerwyn était convaincu qu’elle ne serait pas du tout satisfaite de ses paroles.

...

ANAPHORE

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L’avait-elle agacé ? Énervé ? Il lui sembla que le ton de son professeur était plus sec, plus agressif, mais peut-être était-il simplement impatient de couper court à leur conversation. Néanmoins, il lui proposait de trouver des solutions à son problème d’emploi du temps trop chargé, ce qui, d’après Violet, signifiait qu’il la comprenait finalement. À moitié, car ce n’était pas tant qu’elle ne s’en sentait pas capable, plutôt qu’elle voyait ses responsabilités de préfète comme une corvée. Quelque chose qui l’empêchait de passer plus de temps à faire ce qu’elle aimait réellement : lire et apprendre. À la place, elle devait s’embêter à surveiller les élèves et les sanctionner lorsqu’ils ne respectaient pas le règlement. Règlement qu’elle connaissait sur le bout des doigts, bien entendu, c’était pourquoi elle n’avait pas tant de difficulté à l’appliquer et le faire appliquer, mais là n’était pas le problème. Elle se fichait bien de ce que faisaient les autres, si leur avenir était en jeu parce qu’ils préféraient faire la fête toute la nuit plutôt que de réviser et dormir, c’était leur problème, pas le sien. Du moins, ça ne l’était pas, avant qu’on ne lui donne son insigne.

Elle réfléchit et allait donner sa réponse, mais Bevans ne lui en laissa pas le temps. Il exprima son mécontentement suite à sa remarque de tout à l’heure. C’était donc pour ça, le ton sec. Violet n’avait pas souhaité être désobligeante exprès, mais il était vrai qu’elle n’avait pas pris la peine de faire de détour pour exprimer son désaccord. Elle avait été étonnée du conseil du professeur qui, d’après elle, pouvait être contre-productif lorsqu’il était énoncé vers une élève. Après tout, n’était-ce pas son rôle de les pousser vers le succès, plutôt que de leur dire d’accepter leurs échecs ? Bien sûr, ce n’était pas exactement ce qu’il avait dit, mais la jeune sorcière l’avait pris dans ce sens-là. Ne pas se mettre de pression, pour elle, revenait à dire de laisser couler, que ce n’était pas grave si elle ne donnait pas le meilleur d’elle-même, qu’il n’y avait pas de mal à rater complètement son examen. Aurait-il dit de même pour les ASPICs ? Il affirmait que ça ne voulait pas dire qu’il se fichait de ses résultats. Alors pourquoi lui disait-elle qu’elle avait fait du bon travail, puisque sa potion n’avait pas été parfaitement bien réalisée ?

Elle n’eut pas besoin de poser la question à voix haute. Après un nouveau soupir, il expliqua finalement qu’il ne l’encourageait pas, parce qu’elle avait déjà de très bons résultats. Il n’avait pas tort, mais Violet en voulait toujours plus. Non, elle n’était pas satisfaite de son Effort Exceptionnel, parce que cela signifiait qu’elle s’était trompée quelque part, et si elle s’était trompée quelque part, c’était parce qu’elle n’avait pas été à la hauteur, parce qu’elle n’avait pas été assez rigoureuse pour éviter l’erreur. Elle pouvait blâmer son emploi du temps de préfète, elle pouvait blâmer son professeur pour ne pas l’avoir assez entraînée, elle pouvait même blâmer Warren pour avoir été plus fort qu’elle, mais la vérité était là : elle aurait dû être plus soignée, plus attentive. Plus intelligente. Elle n’avait pas été à la hauteur. Peut-être que c’était bien de la pression, finalement. Mais comment pouvait-elle faire autrement ?

« Je m’excuse si certaines de mes remarques vous ont offensé. Mais je n’ai pas besoin qu’on me dise que ce n’est pas grave si je rate. » Elle secoua la tête et soupira à son tour. « Ce n’est pas tant la note en elle-même. Je sais que j’ai le niveau pour passer mes examens, mais j’aurais dû être meilleure que ça. Si j’avais été plus compétente, ça ne serait pas arrivé. »

Comment leur conversation avait-elle autant dévié du sujet initial ? Elle était venue pour dénoncer l’un de ses camarades et elle se retrouvait à débattre sur ses propres aptitudes. Elle ne s’était jamais plainte de ses résultats à quiconque, auparavant - c’était le genre de choses qu’elle gardait pour elle, comme beaucoup d’autres. Mais voilà qu’elle était en train d’admettre à voix haute à son Directeur de Maison qu’elle n’était pas aussi brillante qu’elle n’aurait voulu l’être. Pire encore, qu’elle n’était pas faite pour être préfète et qu’on aurait mieux fait de donner le rôle à une autre, ce qu’elle avait toujours un peu pensé, mais qu’elle n’avait jamais avoué, du moins pas à un membre du personnel de l’école. Ce n’était pas tant qu’elle n’arrivait pas à coupler ses responsabilités de préfète avec celles de simple étudiante. C’était qu’elle n’aimait pas avoir à le faire. Mais elle n’avait pas non plus envie d’être celle qui avait abandonné simplement parce que c’était trop difficile pour elle.

« Je ne voulais pas donner l’impression de dénigrer mon rôle. Je suis reconnaissante que l’on m’ait sélectionnée pour porter l’insigne, seulement cela me prend parfois plus de temps que je ne le souhaiterais. Mais je peux m’y tenir au moins jusqu’à la fin de l’année. Avec les ASPICs en revanche, l’année prochaine pourrait être plus compliquée. »

Contrairement à la plupart des élèves du château, elle attendait ceux-ci avec beaucoup d’impatience et comptait bien les passer haut-la-main ; mais ça l’embêterait d’avoir à bousculer son planning de révisions parce qu’elle devait partir en ronde ou parce qu’il y avait encore une fillette de Serdaigle qui pleurait dans les toilettes. Peut-être pourraient-ils profiter des vacances d’été pour trouver une autre élève qui pourrait prendre la relève.

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Au fur et à mesure que la conversation dérivait et s’éloignait lentement mais sûrement de son sujet d’origine, Bevans semblait comprendre en partie les problématiques de Violet sans pour autant être quasiment certain. Si la préfète s’excusa de l’avoir blessé (avant de retrouver immédiatement un petit ton hautain), elle avoua alors à demi-mot être très exigeante envers elle-même. Son professeur se demanda alors d’où pouvait venir une telle envie de se surpasser, d’être au-dessus de tous les autres. Il espérait seulement que ce ne soit pas une sorte de pression familiale. Il s’agissait de la pire, à ses yeux. De ne pas pouvoir trouver du réconfort auprès de ses parents lorsque l’on doutait, que l’on trébuchait mais d’être uniquement confronté à l’austérité sévère de géniteurs exigeants. Violet n’avait cependant pas l’air facile à pousser à la confession aussi n’insisterait-il pas. Si elle avait besoin de lui dire les choses, elle savait où le trouver. Et, quelque part, c’était déjà quelque chose qu’elle faisait en émettant des doutes sur ses responsabilités de préfète ou si ses motivations à être plus compétente. Songeur, Caerwyn passa une main dans sa barbe, restant silencieux pour le moment, essayant de trouver quelque chose d’adapté pour la jeune fille.

Elle admit avoir des craintes pour ses examens, que cela se couplerait difficilement avec ses responsabilités de préfète. Au fur et à mesure des confessions de la jeune fille, une chose semblait devenir de plus en plus clair : Violet ne voulait pas rester préfète. Ou du moins, évoquait l’éventualité de ne plus l’être, souhaitant avant tout se concentrer sur ses ASPICs. Sans rien dire pour le moment, il se demanda s’il y avait déjà eu des cas de préfets rendant le tablier avant la fin de leur scolarité. Cela avait forcément dû arriver à un moment ou à un autre. En directeur de maison soucieux cependant, il voulait mettre ses élèves dans les meilleures dispositions. Si Violet estimait qu’elle devait renoncer à son badge de préfète afin qu’elle se sente plus à l’aise dans sa gestion de sa scolarité, alors il devait faire en sorte à ce que cela soit respecté. Et puis, cela éviterait des contrariétés comme cet excès de zèle dont elle avait fait preuve plus tôt. Visant à la rassurer, il eut un sourire doux, abandonnant son air légèrement agacé face au côté hautain de son élève. Visiblement, ce n’était pas vraiment de la condescendance, seulement sa façon roide d’être.

— Tu as des notes excellentes partout, Violet. Je vais te décevoir mais la perfection n’existe pas.

Il eut un sourire amusé, se doutant que cette remarque n’allait certainement pas plaire à sa préfète, avant de reprendre :

— Cependant, si tu te sens plus à l’aise sans avoir la responsabilité d’être préfète sur les épaules, je peux en toucher deux mots au directeur pour l’année prochaine. Et tu ne donnes pas l’impression de dénigrer ton rôle, je te rassure. Au contraire même, si tu penses que cela peut influer sur ta scolarité, c’est que tes responsabilités te tiennent à cœur. C’est très sage de le reconnaître.

Autant la brosser dans le sens du poil afin de la rassurer. Néanmoins, il pensait réellement ce qu’il disait. Si Violet était autant allergique à l’échec, avouer que le rôle de préfète n’était peut-être pas fait pour elle était particulièrement admirable.

— J’espère néanmoins que ce n’est pas parce que je t’ai repris tout à l’heure que tu as envie de rendre ton badge ?

C’était pourtant une éventualité. Avait-elle été suffisamment blessé dans son ego pour vouloir tout abandonner instantanément ? Ce n’était pas ce que son ton laissait penser mais Bevans ne connaissait pas suffisamment son élève pour s’avancer sur quelque chose comme cela. Néanmoins, il espérait sérieusement qu’il ne s’agisse pas de quelque chose dans ce genre-là. Non seulement cela aurait le mérite de l’agacer un peu, ayant presque l’impression que Violet remettrait en cause son autorité mais cela le ferait surtout grandement culpabiliser. Il était allergique au conflit et se montrait généralement beaucoup trop conciliant. Cependant, son manque de sévérité n’était pas quelque chose compatible avec ses responsabilités de professeur et de Directeur de maison. Violet avait vraisemblablement commis une faute, il ne pouvait pas laisser filer ceci comme si de rien n’était. Il essaya d’écarter le plus possible l’éventualité que sa volonté de démissionner ne soit qu’un problème d’ego blessé et recouvra son sourire.

— Si tu souhaites vraiment renoncer à ton rôle de Préfète – ce que je respecte totalement et il n’y a aucune honte à cela – fais-moi parvenir un courrier. Ou alors tu peux également le faire parvenir au directeur si tu veux. C’est faisable aussi.

Son sourire s’élargit avant d’ajouter d’un ton neutre et posé :

— Y a-t-il autre chose qui te tracasse ?

Il ne voulait pas la pousser à la confession mais il estimait que si elle avait d’autres choses sur le cœur, c’était bien le moment de les dire. Elle n’était forcée à rien, bien évidemment, et lui ne sous-entendait rien non plus. Mais en bon directeur de maison, il voulait s’assurer que ses élèves soient dans les meilleures dispositions possibles.

HRP :

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