Moment de faiblesse (feat

Kath)

Leurs promotions et leurs Maisons les séparant, Shayne n’avait pas vu Kathleen depuis l’épreuve des Olympiades Magiques. Il n’était même pas au courant de l’accident avec son hippogriffe avant qu’on ne lui ait raconté les événements. Il s’était d’ailleurs senti terriblement mal vis-à-vis de sa meilleure amie : elle qui lui tendait toujours l’oreille pour essuyer ses caprices, il n’avait même pas eu la diligence de se préoccuper d’elle ces derniers temps. Aussi songea-t-il à lui rendre une petite visite à l’infirmerie. Mais comme lors de l’accident de Lilith l’année précédente, en s’y rendant on lui apprit qu’elle avait quitté les lieux juste avant qu’il n’arrive. Décidément son emploi du temps et son organisation ne concordaient jamais avec ceux de ses plus proches amis… En bref, cela ne l’aidait pas à calmer son inquiétude. Voilà pourquoi il avait proposé à Kath de la retrouver à la Volière, leur lieu de prédilection pour se retrouver chaque semaine, de sorte à ce qu’il se rassure de son état et surtout à ce qu’il puisse la retrouver après toutes ces épreuves et péripéties passées.

Connaissant la modestie de son amie, il se doutait bien qu’elle n’éprouverait aucun plaisir à ressasser les mauvais moments dans un lieu de tranquillité comme leur lieu de rencontre. Aussi avait-il songé à lui parler de son idée de cadeau à offrir au professeur Griffith, sachant qu’elle était la Directrice de Maison de Poufsouffle et que par conséquent elle était suffisamment proche de Kath pour impliquer celle-ci dans la surprise et lui demander son avis. Non seulement il aurait un regard externe sur le type de surprise qu’il souhaitait faire au professeur de Botanique pour son aide indéfectible durant ses B.U.S.E, mais il parviendrait à faire changer les idées à sa meilleure amie. Mais lorsque la jeune femme lui répondit, Shayne comprit, rien qu’en constatant son écriture inhabituellement maladroite, que quelque chose n’allait pas. Au début, il pensait que ce ne pouvait être que le résultat d’une potentielle blessure à la main ou au bras qui l’empêchait d’écrire correctement sur le papier, ce qui expliquerait le manque de délicatesse qu’elle employait sur ce mot contrairement à d’habitude lorsqu’elle lui envoyait des hiboux. Mais en lisant le contenu, il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre ce que les trois petits points écrits signifiaient : un appel à l’aide. Kathleen avait vraisemblablement un problème, bien plus grave qu’un petit accident de course. Un frisson d'inquiétude le traversa, et Shayne, guidé par une compassion instinctive, se dirigea vers la Volière.

Il gravit les marches, son regard balayant la pièce à la recherche de Kathleen. Les hiboux perchés sur leurs cages semblaient partager une atmosphère empreinte de mélancolie. Puis, dans un coin obscur, il la découvrit, et ses yeux s’écarquillèrent de stupeur, se coupant ainsi sa phrase :

« Kath, désolé, j’ai fait aussi vite que j’ai pu mais j’ai pas… »

La cause de son arrêt soudain… ? Devant ses yeux se trouvait Kathleen, assise, les épaules secouées par des sanglots, les joues parsemées de larmes bien qu’elle se tînt de profil. La scène le toucha en plein cœur. Approchant silencieusement, Shayne se tint à une distance respectueuse, conscient de l'intimité de l'instant. Il comprenait son besoin de solitude, quand bien même il n’en connaissait pas encore la raison, aussi refoula-t-il en lui le besoin de la saisir par les épaules, de la tourner en sa direction et plantant son regard dans le sien pour la confronter et la pousser à se confesser. Ce serait trop brusque, et elle n’en avait pas besoin. Et surtout pas venant de lui.

« Kathleen… Est-ce que ça va ? »

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Moment de faiblesse (feat

Kath)

Shayne observa Kathleen, son visage déformé par la tristesse et des traces récentes de larmes. L'atmosphère pesante s'accrochait à elle comme une ombre indésirable. Il n'avait pas anticipé une telle scène en retrouvant leur lieu habituel de rencontre, mais les yeux de Kathleen en disaient long sur la profondeur de sa détresse. Il savait en lisant le dernier hibou que quelque chose n’allait pas, mais il ignorait que c’était à ce point-là : il ne s’attendait pas à la voir ainsi, aussi faible et désorientée. Ces retrouvailles eurent l’effet d’un coup de poing dans l’abdomen lorsqu’il l’aperçut dans cet état, se sentant instantanément démuni car il avait l’impression d’être inutile pour la première fois. Lui qui d’habitude savait comment réagir lorsqu’il se doutait des malheurs de ses amis proches, il était désarçonné face à tant de détresse, ce qui l’empêcha de s’approcher trop près d’elle afin de la laisser respirer proprement.

Chaque fois que l’un retrouvait l’autre dans ce coin de la Volière qu’ils aimaient tant, qu’importe lequel d’entre eux il s’agissait, celui-ci n’hésitait jamais à prendre place près de son ami cher. Bien que le jeune Gryffondor ne fût pas de nature tactile contrairement à sa meilleure amie, la proximité chez eux voulait dire bien plus que des mots. Tandis que ses gestes à lui n’allaient pas plus loin qu’une main posée sur une épaule ou un bras, voire répondre à un câlin de Kath, celle-ci était toujours la première à s’approcher pour une simple bise comme pour une étreinte chaleureuse et amicale. Et parfois lorsqu’il n’y avait pas matière à débiter, ils se contentaient de rester assis l’un près de l’autre dans un silence, long mais apaisant, échangeant des regards doux et complices tandis qu’ils observaient les horizons par-delà les fenêtres de la Volière. Mais cette fois-ci, Kathleen n’était clairement pas en état de l’accueillir à bras ouverts comme elle en avait coutume. La réponse qu’elle lui donna se révéla pleine d’amertume et d’ironie que Shayne, bien qu’un peu sonné par ce ton soudainement froid, choisit d’ignorer. Elle n’avait d’ailleurs pas besoin de s’excuser, il n’en voulait pas à Kath, il comprenait qu’en ces moments de colère et de tristesse, la dernière chose qu’une personne endolorie pouvait faire était de sourire ou parler calmement. Il se maudit néanmoins pour la question stupide qu’il lui posa avant qu’elle ne réponde aussi sèchement : bien sûr que ça n’allait pas, qui dirait le contraire ?

« C’est moi qui suis désolé, Kath. J’aurais pas du te demander si ça allait sachant pertinemment que c’est pas le cas pour toi. Sérieusement, j’aurais dû trouver mieux comme phrase d’intro... »

Toujours debout devant elle, il esquissa un sourire en coin en sa direction comme pour la rassurer, toujours hésitant à s’asseoir près d’elle puisqu’il se doutait bien qu’elle avait besoin de suffisamment de distance pour tolérer la douleur qu’elle semblait ressentir.

« Kathleen… Je suis pas venu pour des retrouvailles chaleureuses. Si je suis là, c’est parce que tu es ma meilleure amie… Et que tu comptes pour moi. Je suis pas vexé, je m’inquiète. »

Il fut soulagé de voir que les larmes que versaient son amie ne coulaient plus aussi abondamment qu’auparavant au moment où il pénétra les lieux. Il souffla profondément avant de lui poser la question qui lui trottait dans la tête depuis qu’il l’avait découvert ainsi.

« Qu’est-ce qui s’est passé ?... Quelqu’un t’a embêté ? Parce que si c’est le cas, Kath, s’il te plaît reste pas comme ça et dis-moi qui c’est. Je te jure que je ferai de sa vie un p*tain d’enfer… bon au moins à Poudlard. »

Il finit sa phrase en inclinant un peu la tête, les sourcils levés et un rictus aux lèvres, son expression habituelle chaque fois qu’il ajoutait un peu d’humour à ses propos.

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