Samedi. Seize heures. L’entrainement de quidditch avait pris fin une demi-heure plus tôt, laissant du temps à Bailey de prendre une douche et de se changer. Avec l’approche du match contre les Serdaigles, Jin ne leur laissait presque aucun répit. Il se montrait particulièrement dur avec Bailey, ce qui ne l’étonnait pas le moins du monde en vue de leurs relations. Cependant il ne s’était pris que deux remontrances à ce jour, un exploit, connaissant ce dont le garçon était capable. L’adolescent ne s’attarda pas sur le terrain une fois le coup de sifflet final donné. Propre mais fatigué, il se mit en route pour les serres. En effet, quelques jours plus tôt, l’un de ses camarades avait pris contact avec lui pour lui demander une faveur : des cours particuliers de botanique. Son niveau pouvait être qualifié de passable, voir pas trop mauvais. Mais on ne pouvait pas dire qu’il représentait l’excellence dans cette matière. Il avait la main verte, mais ne se faisait pas violence pour apprendre ses cours et pour s’exercer outre mesure. Cependant, il devait donner des conseils à un quatrième année, cela ne serait donc pas sorcier. Deux ans auparavant, ses notes étaient bien plus hautes en botanique, assez pour lui offrir un Effort Exceptionnel l’année d’après aux Buses.

Son apprenti du jour se nommait Silas. Serdaigle. Attrapeur de l’équipe de quidditch de sa maison. Activiste au sein de quelques clubs de l’école. Président de l’association des élèves (chose qui jusqu’à hier il ignorait l’existence). Peu d’information sur son sujet en soit. Ou du moins peu qui avait atteint les oreilles du serpentard. Peu surprenant puisqu’il ne se tenait pas au courant des ragots de l’école. Ainsi, il lui resterait tout à découvrir en tête à tête avec ce dernier pour une formation sur les plantes de l’école. Bailey espérait tout de même pouvoir marchander quelques points pour sa maison en échange de son coup de main ‘altruiste’ à l’un de ses camarades en difficulté. Après tout, il fallait bien gagner quelque chose en échange de sa ‘gentillesse’, n’est-ce pas ? Tout travail mérite salaire, avait-il entendu, et à Poudlard ledit salaire se traduisait par des rubis dans le sablier.

Ainsi, comme convenu, le garçon arriva dans la serre numéro cinq à seize heures précise (plus une dizaine de minutes à peu près). Quart d’heure de politesse rien de plus. Silas l’attendait déjà. En tant que bon serdaigle, le garçon s’était surement pointé à l’heure. Mais de toute façon, Bailey lui donnait gracieusement de son temps pour lui enseigner l’art subtile des plantes, il n’oserait pas se plaindre de son retard.

– Salut Silas, prêt à apprendre comment s’occuper des plantes que tu fumes ?

Demanda-t-il avec un petit sourire accroché au coin de sa lèvre. Dans l’une de ses lettres, le garçon avait abordé le sujet ou du moins utilisait apparemment la fumette pour se détendre. Pourquoi pas après tout. Le serpentard ne pouvait pas critiquer ces habitudes puisqu’il n’avait pas non plus des habitudes très bonnes pour la santé. Il avançait en terrain inconnu n’ayant aucune idée de la personnalité du garçon. Le serdaigle lui était apparu sympathique à travers ses hiboux. Mais en même temps il ne pouvait être désagréable en demandant une faveur à son ainé. Encore aujourd’hui, en théorie, il devait se montrer tout aussi sympathique. Silas avait besoin de lui. Le contraire n’était pas juste. Ainsi s’il se montrait désagréable, Bailey pouvait tout aussi bien tourner les talons. Espérons que cela ne soit pas nécessaire.

– C’est ça ta chaise qui se transforme en animal ?

Demanda-t-il en montrant du doigt la fameuse chaise sur laquelle Silas était assis. Il faut dire que cette idée qu’un animal prenne la forme d’un objet puis se retransforme en animal avait quelque chose d’assez fascinant. Le serpentard tira une chaise pour se poser à son tour, l’histoire de quelques minutes pour se reposer. Après tout, il sortait d’un entrainement intensif, il pouvait faire une courte pause. Les deux n’étaient pas pressés par le temps, de toute manière, n’est-ce pas ?  


@Silas Jørgensen

Alors qu’il entra dans la salle, il décida d’ouvrir cette discussion et séance de tutorat par une petite blague qui trouva son public puisque Silas laissa échapper un petit rire. Bailey se sentit immédiatement fier d’une telle entrée. Evidemment le serdaigle lui confia n’avoir aucun mal à s’occuper des plantes qu’il utilisait pour son plaisir personnel. Il s’en serait douté, même s’il se demandait tout de même où l’adolescent pouvait les dénicher. S’amusait-il à piquer ici et là quelques plantes pour les assécher avant de les fumer ? Après tout, leur professeur de botanique semblait s’adonner également à ce plaisir de temps à autre, et apparemment avant de devoir supporter les sixièmes et septièmes années en cours. Ceci en tête, il se pouvait qu’en trouver soit bien moins dur que Bailey ne pouvait le penser.

Son regard se posa presque immédiatement ensuite sur la ‘chaise’ sur laquelle son camarade était assis. Cet objet massif, un poil menaçant, était toutefois bien impressionnant. Et le serpentard ne put garder sa curiosité pour lui. Il ne connaissait que peu de choses sur Silas et sur sa chaise bizarre, simplement quelques bruits de couloirs. Rien de très précis en soit. Le garçon acquiesça et fit les introductions. Bien qu’un peu surpris, il ne put s’empêcher d’afficher un faible sourire railleur. Venait-il de lui donner le nom de sa bestiole ? Intéressant. L’instant d’après, il se leva, grimaça, puis attrapa une chaise pour se poser près de lui. La chaise devint une vraie (?) bestiole : un chat. Celle-ci semblait le fixer, et le mit légèrement mal à l’aise l’espace d’une seconde. Il ne détestait évidemment pas les animaux, mais n’ayant jamais grandi auprès d’un, il ne ressentait pas ce besoin étrange qu’avaient certaines personnes de s’extasier devant une bête. Alors il la regarda quelques secondes, sans bouger, avant de reporter son attention sur son camarade humain. Celui-ci lui donna de plus amples explications sur la chose. Apparemment il possédait cette bestiole depuis sa tendre enfance. Bailey hésita un instant à lui demander pourquoi, mais se ravisa. Après tout, les raisons en étaient surement personnelles. Et à sa place, Bailey n’aurait certainement pas envie de se confier à un parfait inconnu.

– Chelou comme bestiole. Mais c’est un peu ouf, je savais pas que les chats pouvaient se transformer en canap’.

Cela ne devait pas être quelque chose de courant, non ? Sinon il en aurait eu connaissance. Quoique. Bailey n’ayant pas été élevé dans le monde sorcier, cette chose aurait très bien pu lui échapper jusqu’à présent.

Bon. Après quelques échanges polis et amicaux, nul ne devait oublier la raison pour laquelle ils se retrouvaient un samedi après-midi dans la serre. Bailey devait lui enseigner quelques notions de la pratique de la botanique. Il n’avait jamais été le plus nul des élèves, mais il trouvait cela assez intéressant qu’on l’ait choisi pour faire du tutorat. Après tout, il n’avait rien d’un premier de la classe. Et la plupart du temps en cours, il se contentait de faire le strict minimum, pas plus, pas moins. Alors oui ses résultats en demeuraient corrects, mais il pouvait nettement faire mieux. Mais ça, Silas l’ignorait surement, et Bailey ne serait certainement pas celui qui lui avouerait la vérité sur ses talents en la matière. Il avait d’ailleurs dans l’idée de prendre cette heure de soutien comme une manière de coercer son chef de maison de lui rajouter quelques points : pour son altruisme.

– Euh tu as une idée précise de la ou les plantes que tu veux apprivoiser ou j’y vais au feeling ? Vous avez déjà vu le bubobulb ou l’alihosty ? J’sais plus c’est quoi le programme à votre p’tit niveau.

Dit-il en sortant un petit carnet noir. Petit carnet de botanique qui lui servait depuis quelques années à prendre des notes sur certaines plantes ou sur comment s’occuper de ces choses de manière plus ou moins réussi. Comme son travail en classe, le carnet était brouillon.

L’idée de travailler sur une plante qui pouvait le rendre légèrement malade lui traversa l’esprit. Après tout, un joueur de moins chez les serdaigles pouvait les arranger ? Mais le match était encore un peu trop loin. Pour l’instant ce genre d’idées ne lui servait à rien. Il sourit un peu en s’imaginant la scène. Pas cool de sa part. Non … il n’oserait pas quand même. Autant gagner à la loyal bien évidemment (quoique).

– T’utilises quoi comme plante pour te défoncer ?

Demanda-t-il finalement un peu plus curieux qu’il ne l’imaginait à première vue. En même temps, il se demandait si Silas faisait simplement de l’humour ou s’il était vraiment sérieux. C’était un gamin après tout, en début de quatrième année. Il semblait possiblement un peu jeune pour faire des trucs dans ce genre non ? Il ne pouvait certainement pas lui donner des leçons de moral s’il en fumait réellement. Après tout, il ne pouvait être désigné comme un saint à l’école, mais il en resterait tout de même assez surpris.