C’était le mois de septembre et selon sa bonne habitude, lorsqu’elle ne se trouvait pas à la bibliothèque sur son temps libre et n’étudiait pas, Sarah était le plus souvent dehors. C’était le cas ce jour-là. Au lieu de son arbre préféré en bordure du lac, la jeune rouge et or s’était rendue en lisière de la forêt interdite. Bien souvent, elle avait envie de l’explorer, d’observer les animaux qui y vivaient. Mais, elle se retenait pour ne pas faire perdre de points à sa maison. Elle n’était donc plus entrée dans cette forêt depuis ce jour, durant sa première année, en mai 2027, où son actuel directeur de maison l’avait trouvée en larmes au pied d’un arbre.

Toujours était-il qu’en ce jour de septembre, la jeune adolescente s’était adonnée à l’un de ses sports favoris depuis toujours : grimper dans les arbres. Comme toujours, elle avait fait cette ascension avec l’agilité d’un écureuil.
Après quelques acrobaties auxquelles elle n’avait su résister, elle s’installa confortablement sur une branche et observa la forêt de son promontoire. Elle se demandait si elle pourrait convaincre un adulte – et si oui lequel – de l’emmener y faire un tour.
Ses pensées se bousculant comme souvent dans sa tête, elle songea également aux Olympiades magiques qui devaient se tenir cette année et auxquelles elle s’était inscrite : elle avait hâte de pouvoir participer à la course en Hipogriffe et avant cela de nouer un lien avec sa future monture pour l’épreuve.

Elle en était là de ses réflexions et sa rêvasserie lorsqu’elle entendit un cri. Regardant dans la direction d’où celui-ci provenait, elle reconnut le concierge, Septimus Veturia, qui les avait libérées, Agatha et elle de la bibliothèque au mois de mai précédent. Jusqu’à cette nuit de mai 2029, elle avait toujours été polie avec lui, le saluant quand elle le rencontrait. Cette nuit de mai où il les avait découvertes enfermées à la bibliothèque, il était intervenu à temps pour éviter que le malaise de Sarah dû à sa claustrophobie n’empirât au point de lui faire perdre conscience. La jeune fille avait pu alors repérer toute l’étendue de la gentillesse du concierge, qui avait été tout bonnement adorable. Et bien qu’elle estimât hors de question d’en abuser, elle n’y avait pas été moins sensible pour autant. Et elle considérait également qu’il faisait partie des membres du personnel de l’école auxquels elle pourrait peut-être accorder sa confiance.
L’ayant donc reconnu, elle descendit prestement, toujours avec toute l’agilité et l’aisance qui étaient siennes.

« Bonjour Monsieur Veturia. Comment allez-vous ? »

Puis, légèrement embarrassée de l’émotion qu’elle lui avait causée, elle rajouta :

« Désolée… »

Il serait largement temps d’ajouter ensuite qu’elle avait l’habitude de grimper aux arbres depuis son plus jeune âge, continuait à le faire souvent et qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter pour cela.
 

(c) Kira pour Never Utopia

Lorsque Sarah avait vu Septimus à terre suite au cri qu’il avait poussé en la remarquant dans l’arbre, Sarah était descendue prestement, avec l’agilité d’un petit animal arboricole, voulant vérifier comment il allait et s’excuser aussi de la frayeur qu’elle lui avait faite.

« Je grimpe aux arbres depuis que je suis toute petite, alors, c’est en quelque sorte devenu une seconde nature chez moi » fit-elle, ne semblant pas voir ce qu’il y avait d’extraordinaire là-dedans.

« Mais, vous ne vous êtes pas fait trop mal, j’espère ? Et votre appareil photos n’est pas cassé au moins ? » continua-t-elle à vérifier, avec douceur et montrant son naturel prévenant.

« Je ne voulais pas vous faire peur…. » rajouta-t-elle.

Le concierge avait beau dire que ce n'était rien, la pré-adolescente n'aimait pas causer des émotions négatives à autrui, c'était plus fort qu'elle.
Sarah ne voyait pas du tout le mal qu’il y avait à aller jusqu’à la lisière de la forêt interdite tant qu’elle n’entrait pas dans la forêt.

« J’ignorais ce qu’il en était des centaures, mais je saurais me souvenir qu’il faut y faire attention » commença-t-elle.

C’était purement vrai, et ça lui permettait de chercher à formuler sa réponse à la première partie. Elle n’était pas menteuse et dirait la vérité, là n’était pas la question. Elle ne voulait juste pas inquiéter l’adulte alors qu’elle avait vu des journées bien pires que celle-là et qu'elle estimait même au contraire que c'était plutôt une bonne journée, ce même si son besoin de tranquillité était sans doute assez révélateur.

« Je viens souvent dans les arbres, que ce soit pour lire ou réfléchir. Là, j’avais besoin de tranquillité et j’ai pensé qu’il y aurait trop de monde autour du lac… Peut-être que quelque part aussi j’espérais apercevoir des animaux depuis la branche de mon arbre, dans la forêt… »

Elle n’avait pas voulu dire pour l’instant que c’était la pagaille – comme souvent chez elle – dans ses pensées, surtout que de ce qu’elle avait pu remarquer, il n’y avait rien de si négatif que cela. A part qu’elle savait devoir aborder certains sujets délicats tôt ou tard, peut-être avec son directeur de maison et en tous cas avec le psychologue scolaire. Tout comme elle savait qu’elle devrait avoir une conversation avec son cousin Shayne qui impliquerait pour elle de se replonger dans un mauvais souvenir de l’été 2027, mais rien d’alarmant en soi, n’est-ce pas ? Surtout que pour l'instant, elle n'était pas focalisée sur cela.

« Je ne pensais pas que ça pourrait poser un problème tant que je ne pénétrais pas dans la forêt ou que je ne dépassais pas la lisière en grimpant dans mon arbre… » continua-t-elle.

Il fallait dire qu’elle était douée aussi pour ne pas voir quand elle jouait avec les limites de manière que certains adultes pouvaient sûrement trouver discutable.

« Si… je puis me permettre cette question… Vous cherchiez quelque chose ? »

Si pour une raison ou une autre, il ne souhaitait pas lui répondre, elle n’en prendrait pas ombrage, mais si elle pouvait profiter de l’occasion pour donner un coup de main, elle était toujours volontaire.
Sans doute était-ce aussi une manière de ne pas s'attarder sur la pagaille qui régnait dans ses pensées ni sur son besoin de tranquillité. 

(c) Kira pour Never Utopia

Sarah s’était donc confondue en excuses auprès du concierge qu’elle n’avait ni voulu surprendre ni effrayer. Cette fois-ci, sa réponse la rassura.

« Je suis heureuse que vous n’ayiez rien et que votre appareil photos soit intact » répondit-elle, non sans avoir noté le sourire de son interlocuteur, son amusement et son attendrissement. Il lui paru également évident qu’il ne voulait pas épiloguer sur le sujet et elle était tout à fait prête à respecter cela.

Quand on connaissait Damoclès Davenport, il était surprenant de voir à quel point ses enfants lui ressemblaient peu et Sarah n’avait toujours pas compris – bien qu’elle fut heureuse que ni Matthew ni elle n’aient hérité de la cruauté de leur géniteur – comment c’était possible.

Elle écouta attentivement ce que Septimus lui dit concernant les créatures. Elle ne pouvait décemment pas lui promettre qu’elle ne s’approcherait plus de la forêt – elle savait même que dans certains cas, elle ne saurait résister à y pénétrer malgré le danger et l’interdiction -. Ou du moins, ce n’était pas une promesse qu’elle saurait tenir, alors, elle s’abtint. Et l’idée même de se retrouver nez à nez avec une créature magique ne l’effrayait a priori pas (et encore moins perchée dans un arbre) – bon, tout dépendait aussi de la créature, elle ne tenait pas non plus à se retrouver nez à nez avec un loup-garou -, mais elle comprenait que son point de vue pût ne pas être partagé ainsi que l’inquiétude du concierge.

« Je comprends votre point de vue et votre inquiétude »

Ce qui était vrai et lui évitait de faire des promesses qu’elle ne tiendrait pas. A la limite, elle lui ferait celle de se montrer particulièrement attentive, si elle sentait que c’était nécessaire.

Sarah n’avait pas échappé aux questions qu’elle craignait et il lui paraissait difficile de ne pas inquiéter son interlocuteur. Si elle ne répondait rien ou fuyait de trop la question, il s’inquièterait. Si elle disait qu’elle avait trop de choses en tête… Elle obtiendrait probablement le même résultat… Et être plus précise n’y changerait probablement rien… Elle laissa un léger silence s’installer. Si elle devait apporter des précisions, elle évoquerait peut-être sa claustrophobie, après tout, qu’il s’en doutât ou pas, il en avait été témoin…

« J’avais besoin de réfléchir… Au calme… » commença-t-elle, cherchant comment elle pourrait le rassurer.

Elle eut une pensée pour la citation, dans les films de "Sissi" d’Ernst Marischka à propos de la forêt – qu’elle avait vus avec Kathleen – et pour le personnage principal du Baron perché d’Italo Calvino, roman moldu qu’elle avait lu et relu depuis que Matthew le lui avait offert. Elle se retrouvait tant et dans le personnage du roman italien et dans la citation du film… Mais, encore une fois, c’était révélateur de ce que tout n’était pas aussi paisible qu’elle voulait bien le dire en elle-même et elle se retint d’y faire référence, comme si elle en avait l’intuition.

« Mais, ça va » rajouta-t-elle, non parce qu’elle n’avait pas assez confiance en son interlocuteur pour partager avec lui ses pensées, en soit, de ce point de vue-là, elle l’aurait pu. Mais, en dehors de la question de la claustrophobie, elle ne tenait pas à se plonger une fois de plus dans ses pires souvenirs… Et au fond d’elle, quelque part, elle restait persuadée que plus elle les racontait, plus elle prenait le risque de mettre en danger ceux qu’elle mettait au courant.

Après quoi, elle l’avait donc interrogé sur les raisons de sa présence là. Aux premiers mots qu’il prononça, autant à sa manière de parler qu’à l’expression de son visage, la jeune fille comprit que son interlocuteur aimait particulièrement les lapins. Craignant sans doute d’effrayer les dites créatures, elle fit attention à la façon dont elle parla ensuite, de ne pas trop élever la voix.

« Oh ! C’est vrai ?! Il y a des lapins qui vivent par ici ?! J’aimerais beaucoup avoir la chance de les voir. J’aime tous les animaux, ce n’est pas un hasard si j’ai choisi l’option de soins aux créatures magiques » répondit-elle.

« Je crois que j’avais compris que vous adoriez les lapins » fit-elle avec un doux sourire.

« J’espère que vous aurez l’occasion d’en prendre toutes les photos que vous souhaitez » ajouta-t-elle.

« Vous connaissez bien les lapins, leurs habitudes… ? » demanda-t-elle, à peu près certaine que cette question ne serait pas indiscrète et qu’il serait ravi de continuer à parler de ce sujet.

(c) Kira pour Never Utopia

Selon sa mauvaise habitude, Sarah avait tenté une dérobade. Autant elle avait confiance en Septimus autant il y avait des sujets qu’elle peinait à aborder. Et alors qu’elle avait besoin de réfléchir à certain d’entre eux, elle avait préféré se focaliser sur la prochaine arrivée des Olympiades. Ce fut sans grande surprise qu’elle entendit la question de son interlocuteur, qui visait à l’inciter à se confier. Elle avait également noté son haussement de sourcils, signe qu’il n’était ni convaincu ni rassuré par sa réponse.

« Je vous assure, par rapport à mes deux premières années ici, ça va. » insista-t-elle.

Ce qui n’était pas faux en soi, mais elle avait toujours des bagages bien lourds à porter bien qu’elle les eût partagés quelquefois.

« Pour l’instant, dans mon arbre, je pensais juste aux Olympiades… »

Elle n’insista pas sur son envie de voir les animaux de la forêt.

« Sinon, je sais que je dois aborder des sujets pas évidents pour moi avec certaines personnes parce que ça suppose que je me remémore mes pires souvenirs… Et quand c’est le cas, c’est comme si je les revivais, comme si je les voyais se dérouler sous mes yeux » finit-elle par admettre, lui montrant par là-même que malgré ses précédentes dérobades, elle lui accordait sa confiance.

« Et… depuis mai… j’ai pris conscience que plus aucun adulte ici n'est au courant de quelque chose me concernant... Vous vous souvenez quand vous m’avez trouvée enfermée dans la bibliothèque avec Agatha ? »

Quand il eut répondu à cette question, elle continua :

« Je ne sais pas si vous avez vu ou pas d’autant que j’ai tout fait pour ne pas le montrer… Et je n’étais pas assez proche d’Agatha pour pouvoir vous en parler devant elle… Je ne tiens pas à ce que ça se sache dans tout le château… Je ne supporte pas d’être enfermée, ni les endroits exigüs… Il paraît que ça s’appelle la claustrophobie… Enfin, bref, avant vous maintenant, plus aucun adulte n'en était au courant ici... et vu le don que je semble avoir pour me retrouver enfermée ici et là ou même pour me sentir pas très bien dans les sous-sols… Je ne pense pas que le fait que mes amies les plus proches le sachent soit suffisant… » finit-elle par lui expliquer, de manière quelque peu désordonnée.

« Je me disais… entre autres… que ça serait peut-être bien que j'en parle à mon directeur de maison »

Elle n’était pas encore prête à admettre qu’elle avait accepté de voir Monsieur Raywood pour éviter que l’information ne se diffusât, même si elle s’était assurée avec le psychologue d’assurer ses arrières par rapport à ses géniteurs.

Puis, elle rebondit sur les lapins, ravie d’avoir l’occasion d’en apprendre plus sur des animaux et de faire plaisir à son interlocuteur en le faisant parler d’un sujet qui le passionnait.

« Non, pas encore. Nous avions l’un comme l’autre d’autres choses en tête au moment où vous nous avez délivrées Agatha et moi de la bibliothèque… Et depuis, nous n’avons finalement pas tant discuté que cela… Et vous ne m’aviez donc pas encore dit que vous teniez un refuge pour lapins avant de venir ici. »

Sarah se fiait beaucoup plus à ce qu’une personne pouvait lui apprendre d’elle-même qu’aux rumeurs, même si elle savait que certaines pouvaient être fondées. Tout comme elle préférait observer les gens, voir leurs attitudes (etc) pour se faire un avis.

« Vous vous occupiez donc de recueillir des lapins abandonnés ou blessés ? » demanda-t-elle, pas si surprise que cela dans la mesure où elle avait déjà mesuré à quel point Septimus avait du cœur.

(c) Kira pour Never Utopia

Sarah avait fini par reconnaître qu’en disant que ça allait, elle établissait la comparaison avec ses deux premières années à Poudlard.

« Et avant aussi en fait. Et c’est vrai, pour l’essentiel, vous ne pouvez pas deviner en quoi c’est différent maintenant pour moi… Mais, si je vous réponds plus précisément, ça risque… d’être un peu long. Je ne voudrais pas que ça vous dérange de quelque manière que ce soit » prévint-elle.

Après tout, il avait peu d’être d’autres choses de prévues que d’écouter l’enfance d’une élève de l’école pendant un long moment. Et elle le comprendrait fort bien. Elle n’était pas vraiment décidée quant au fait de vraiment lui raconter ses pires souvenirs, elle avait toujours autant envie de les fuir. Elle ne pourrait certes pas lui répondre sans les effleurer, mais peut-être pourrait-elle s’arrêter là… Quand elle reprit la parole, ce fut d’une voix totalement blanche, accusant la terreur que lui inspirait toujours Damoclès Davenport :

« Si je vous raconte… Est-ce qu’avant… Je peux avoir votre parole que vous n’en parlerez à personne, du moins, personne d’autre que le professeur Alexander – qui sait déjà l’essentiel de tout ça – ou du moins pas sans en parler avec moi auparavant ? Pas sans me prévenir ? Mes géniteurs doivent continuer à ignorer ce qu’ils ne savent pas actuellement… »

Orion et Matthew l’avaient tenue à distance du procès qui les opposaient à Damoclès et Lavinia Davenport pour la garde de la jeune fille. Ce qu’elle en savait, c’est que la garde avait été confiée à Orion, qu’on lui avait demandé si cela lui convenait. Elle avait vaguement le souvenir d’avoir confirmé des accusations d’Orion d’un signe de tête, en entretien privé. Elle était même surprise à vrai dire que son géniteur n’eût pas encore retourné la justice magique et le Magenmagot contre eux, mais force était de constater qu’il n’y était pour l’heure pas parvenu. Elle savait néanmoins que s’il venait à apprendre qu’elle avait parlé de la mort d’Ellen – et encore pire, à plusieurs personnes - il était capable du pire. Même si elle n’arrivait pas à imaginer précisément quelle forme pouvait prendre ce « pire ».  

Si elle n’était pas disposée à lui dire à quel point elle avait envie de s’enfoncer dans la forêt pour observer les animaux, elle avait néanmoins admis avoir songé aux Olympiades magiques. Sa réponse risquait de ne pas beaucoup plaire à Septimus, mais sur l’instant, elle n’en eut pas vraiment conscience, prise par l’excitation que représentait l’évènement pour elle.

« Je suis curieuse de savoir quelles seront les autres épreuves que la course en Hippogriffe. Et je trouve que justement, cette course peut être très amusante ! Et je me suis inscrite, oui » fit-elle avec vivacité et des étoiles dans les yeux.

Ce n’est qu’après ça qu’elle lui parla de sa claustrophobie. Elle nota la chaleur dans le regard du concierge et comprit à quel point il appréciait cette preuve de confiance de sa part, qu’elle estimait pour sa part qu’il méritait très largement depuis la fin mai.

« Je sais depuis le jour où vous nous avez libérées de la bibliothèque que je peux vous en parler, l’occasion ou les conditions ne se sont justes pas présentées avant. Et je suis bien placée pour savoir que Monsieur Alexander sera à l’écoute… Mais… J’ai su aller en cours de potions pendant trois ans, je peux bien continuer quatre ans de plus… Tant que je n’ai pas à passer plus longtemps qu’un cours de potions dans les sous-sols et que je ne m’y retrouve pas enfermée… Je pense pouvoir globalement faire face. Je ne veux pas d’un traitement de faveur, juste passer le moins de temps possible dans cette partie du château… Et ça me sécurisera que ma meilleure amie ne soit plus la seule au courant. Et si malgré tout à un moment je me retrouve dans une situation trop difficile à cause de ma claustrophobie, savoir que j’aurai des adultes vers lesquels me tourner sera une bonne chose. » fit-elle, avec le courage qui la caractérisait, sans pour autant en prendre la mesure.                                        

Après ça, elle fit dévier la conversation sur le sujet de prédilection de son interlocuteur : les lapins. Un peu de légèreté après ses confidences leur ferait du bien. Et puis, de son côté, les sujets qui pouvaient l’intéresser étaient nombreux et les animaux en faisaient partie.

« Oui, c’est sûr que c’était mieux pour les lapins sauvages de revenir à leur milieu naturel » acquiesça-t-elle, même si elle devinait à quel point ça pouvait sûrement être tentant de les adopter aussi.

« Et si vous avez fait votre maximum, c’est l’essentiel. » rajouta-t-elle.

« Vous en avez recueilli beaucoup des lapins dans votre refuge ? » demanda-t-elle.

Elle ne voulait pas le mettre mal à l’aise avec une question trop personnelle et n’aimait pas être indiscrète, mais elle était aussi assez curieuse. Elle savait que le « trop personnel » » pouvait varier d’une personne à l’autre et ne savait pas exactement ce qu’il en était pour Septimus, même si elle avait bien senti un peu plus tôt quand il avait été temps de ne pas s’étendre sur un sujet. Elle se montra donc prudente avant d’ajouter :

« Si ma question n’est pas trop indiscrète… Sinon, je comprendrais très bien que vous ne souhaitiez pas répondre... Vous n’étiez pas trop tenté de tous les adopter ? »

(c) Kira pour Never Utopia

Répondre de façon exhaustive à la question de Septimus ne pouvait pas être court. Qu’elle décidât d’évoquer de manière superficielle ou en profondeur ses pires souvenirs, il s’était passé tant de choses pour elle durant sa première année à Poudlard et sa situation avait tellement changé que c’était une question beaucoup plus vaste qu’elle pouvait en avoir l’air. Elle appréciait la douceur et la patience dont Septimus faisait preuve, non sans être par ailleurs embêtée de l’avoir inquiété. Car elle voyait bien que c’était le cas.

« Je suis désolée de vous inquiéter… » fit-elle.

Elle attendit une réponse de sa part quant à la promesse qu’elle lui avait demandé, c’était essentiel pour elle pour réussir à combattre suffisamment sa terreur de son géniteur pour se lancer dans son récit. Une fois qu’elle eut obtenu l’assurance qu’un long récit ne le dérangeait pas et la promesse de sa part de ne pas partager ses confidences sans son accord, la jeune adolescente prit le partit de s’asseoir, prévenant ainsi une éventuelle chute dont elle savait qu’elle pourrait se produire à un moment de son récit autrement.

Néanmoins, avant de se lancer dans toute son histoire, Sarah lui répondit concernant les Olympiades. Elle ne savait pas à quel point elle serait encore compréhensible à la fin de son récit de tout ce qu’elle avait vécu. Une manière peut-être aussi de retarder le moment d’aborder tous ces sujets difficiles ;

« Pour les Olympiades… Vous savez… Il est arrivé assez souvent que je me mette en danger ou limite sans vraiment en avoir conscience, alors, je peux difficilement vous promettre que ça ne sera pas le cas. Mais, je peux vous promettre que je ne le ferai pas consciemment pour gagner la compétition. Et je ferai tout mon possible pour ne pas mettre en danger mes camarades. Tant mieux si je remporte la compétition, mais ce n’est pas mon objectif principal. Je me suis inscrite pour le plaisir du sport, de voler à dos d’hippogriffe aussi » lui dit-elle.

Elle s’assura aussi d’apporter le reste des réponses qu’il était en droit d’attendre avant de raconter son passé.

« Je ne tiens pas à me faire remarquer par mon absence dans un cours, mais j’en parlerai avec le professeur Alexander, oui » acquiesça-t-elle.

Sarah était têtue, pour autant, elle n’en faisait pas toujours preuve à bon escient. Et elle rebondit également sur les lapins avant de se lancer, toujours une manière de repousser le moment de se lancer dans son récit.

« Oui, c’est vrai qu’il faut des moyens pour accueillir un animal quel qu’il soit et assurer son bien être » fit-elle, déjà très consciente de certaines choses malgré son jeune âge.

« Vous avez des histoires concernant les lapins que vous avez recueillis à raconter ? » demanda-t-elle.

« Je… Pour vous répondre à propos de mon histoire… je pense que je ne fais pas faire un récit chronologique… »

Elle n’arriverait jamais à la fin sinon, si elle commençait par le plus dur, elle n’aurait plus la force de raconter la suite, elle le savait. En même temps, ça lui répondrait plus vite concernant sa première année à Poudlard, dont Jamie même ignorait toute la première partie (ou du moins, une bonne partie de ces événements qui l’avaient pourtant affectée à l’époque et qu’elle n’avait pas oubliés entretemps, même si à ses yeux, ça restait dérisoire par rapport à tout ce qu’elle avait enduré chez ses géniteurs.

« Déjà ma première année a mal commencé, puisque la première semaine, le jour du premier cours de potions, un élève m’a enfermée dans un cachot. J’ai pas su retrouver la formule "Alohomora", je l’oublie à chaque fois que je suis enfermée, et j’ai dû passer 2 ou 3h là jusqu’à ce qu’une autre élève m’y trouve inconsciente. J’en ai parlé à mon amie Kathleen et à ma cousine, Cassiopeia Boréalis dans un premier temps, mais jamais au professeur Van Aken. Quelques temps plus tard, un article est sorti dans le journal de l’école sur moi. Cette année-là, chaque numéro évoquait un élève de première année et ces textes étaient… disons… moqueurs, mais surtout pas tendres et toujours assez limite dans leur genre. En substance, dans celui qui me concernait, il y avait une incitation aux autres à m’enfermer dans des endroits exigüs tels que des armoires ou des armures par exemple… Il a fallu que cet article paraisse et que mon professeur d’astronomie de l’époque vienne me faire descendre de l’arbre dans lequel je m’étais perchée pour que je raconte tout ça à un adulte… Je n’ai cependant pas eu d’ennuis ensuite liés à cet article »

Elle marqua une première pause, là, faisant défiler la chronologie de sa première année. Il lui semblait que l’événement marquant suivant avait été le renvoi de Cassi… Ou plutôt, non, les cours d’études des moldus obligatoires et surtout le fait que ça la renvoyait à Ellen…

« Vous l’avez peut-être compris à mon nom de famille, mais si vous ne l’avez pas repéré… Avant que je n’ajoute quoique ce soit d’autre… Je viens d’une famille dite de "sang-pur" qu’on peut qualifier de pro-sang-pure assez… disons… traditionnaliste. Je suis d’opinion totalement opposée à mes géniteurs. Mon grand-frère, Matthew, mon cousin Orion Boréalis et ma cousine, Cassiopeia Boréalis partagent mon point de vue. Mais, avant l’année dernière, je ne pouvais pas me permettre d’exprimer ma pensée à ce sujet… Ou très peu, dans un cadre privé, dans des moments où j’étais sûre que mes propos ne seraient pas rapportés à mes géniteurs » précisa-t-elle.

C’était un nœud d’une partie de tous les drames qui s’étaient joués dans sa vie.

« Vous avez peut-être entendu parler de ce qu’il s’est passé à Poudlard, plus généralement, les dernières années par ouï-dire… En tous cas, cette première année, a été celle où les cours d’études des moldus a été rendue obligatoire pour toutes les années. Si contrairement à beaucoup d’élèves issus de familles pro-sang-pures, je n’ai pas remis en question les fins pédagogiques de cette mesure – quoi que je m’interroge toujours sur l’intérêt que cela pouvait bien avoir pour les nés moldus -, ça m’a posé quelques problèmes. J’étais assez déroutée sur la manière d’aborder ce cours pour que mes géniteurs continuent à ignorer que je n’étais pas celle qu’ils croyaient avoir éduquée. Questionnement que ma cousine Cassi a su m’aider à résoudre. Et surtout, chaque cours était difficile pour moi parce qu’il me ramenait à mon pire souvenir. Monsieur Alexander sait que c’est pour ça que je n’ai pas pris cette option »

A la fin de cette partie de son récit, sa voix était devenue fragile, comme à chaque fois qu’elle pensait à son amie Ellen.

« Ensuite… je crois que c’était vers mars ou avril… Une conférence sur le code international du secret magique a été organisée. Ce jour-là, la conférence a été sabotée et on s’est tous vus retirer nos baguettes… Mais,…. Pour moi… C’est surtout le jour où Cassi, ma cousine et grande-sœur de cœur, a été renvoyée sous mes yeux parce qu’elle a voulu se révolter… A partir de là, je n'avais plus à Poudlard avec moi celle qui était à la fois un repère, une confidente et surtout la seule personne à connaître mon passé. »

Elle se revoyait complètement figée… En grande partie absente à ce qui l’entourait. En somme sous le choc, même s’il n’était pas sûr que même maintenant, elle mît ces mots-là sur son état du moment. Mais, sa voix, son regard, accusaient de ce qu’elle ne formulait pas. Comme souvent, son corps parlait davantage que les mots qu’elle voulait bien mettre sur les faits. Pour elle, cela avait indéniablement été un des pires moments de cette première année.

« Il a fallu l’intervention de notre préfet de l’époque et d’une camarade plus âgée pour que je réalise qu’il fallait rejoindre les rangs de ma maison… »



Elle s’arrêta là, incapable de prononcer un mot de plus tandis que ses larmes s’étaient transformées en un torrent. Elle tremblait toujours violemment et à la tristesse dans ses yeux s’était de nouveau associée de la terreur.

(c) Kira pour Never Utopia

Sarah nota que Septimus s’asseyait comme elle, dans l’herbe. Cela serait sans doute mieux pour lui lorsqu’elle en arriverait à son récit, même si elle ne pouvait pas mesurer tout l’impact que celui-ci aurait sur le concierge. Dans un premier temps, elle continua un peu à s’expliquer sur le sujet des Olympiades plutôt que de passer à son récit, tellement difficile pour elle à faire. Ce n’était pas tant une question de confiance en l’occurrence – même si c’était un critère déterminant pour elle – que le fait qu’elle devait revivre ses pires souvenirs pour pouvoir les raconter et que ça la mettait toujours dans des états pas possibles de les revivre. En même temps, elle ne pouvait supporter les images de ce qu’elle avait vu et vécu et pour cause !

« Je le réalise, là, en vous parlant, en pensant à toutes les fois où des adultes m’ont dit qu’une situation dans laquelle je m’étais mise était dangereuse ou pouvait vite le devenir. Sinon, pour ce qui est de chevaucher un Hippogriffe, j’adore voler, la sensation de liberté que cela me procure et les animaux. Et je n’aurais pas tous les jours la chance de voler à dos d’hippogriffe… Et puis, globalement, je suis quelqu’un qui a besoin de bouger… » dit-elle à ce propos.

« Ce n’est peut-être pas une mauvaise idée effectivement d’y revenir quand je vous aurai tout raconté, ça me changera les idées… »

Tout serait bon après pour évacuer les images tenaces de l’horreur qu’elle avait vécue et elle le savait. Des histoires de lapins pourraient sans doute l’y aider un peu.

Puis, après avoir dit cela, elle se lança enfin dans son récit, gardant ce qui était le pire pour elle pour la fin afin d’être sûre d’être en mesure de tout raconter et sans doute un peu pour repousser le moment le plus difficile de la conversation. Quand elle leva brièvement les yeux sur lui, elle put constater que son récit avait à peu près le même effet sur son interlocuteur que le souvenir qu’elle en gardait avait sur elle. A la différence près que lui n’avait pas à le vivre en boucle en direct. Elle ne soupçonna pas l’espace d’un instant que cela le ramenait à son propre passé, n’ayant aucun moyen de s’en douter.
Et elle termina donc son récit en proie à une grosse crise de larmes, comme elle en faisait à chaque fois qu’elle évoquait Ellen. Si la rouge et or était très tactile avec ses proches, elle l’était beaucoup moins avec tous les autres, adultes en tête. De sorte que cela ne la surprit pas le moins du monde que Septimus ne la serrât pas dans ses bras (même si cela aurait sans doute contribué à l’apaiser). Tout ce dont elle estimait avoir besoin était qu’il répondît quelque chose, n’importe quoi, et qu’il restât auprès d’elle aussi longtemps qu’il le faudrait pour qu’elle se calmât. Recroquevillée sur elle-même, elle remarqua que son interlocuteur lui tendait un mouchoir et le prit, le remerciant entre deux sanglots :

« Merci »

Elle pleura encore un bon moment, incapable de s’arrêter jusqu’au moment où les larmes s’espacèrent d’elle-même, même si l’adolescente n’avait pas l’impression d’en avoir épuisé la source. Elle utilisa alors le mouchoir avant d’écouter le concierge reprendre la parole et le sérieux qu’il y mettait. Le fait qu’il en vînt à évoquer le psychologue scolaire ne l’étonna pas.

« Je comprends » fit-elle, avant de se lancer dans des explications.

« Et je ne m’attendais pas forcément à ce que vous sachiez quoi me dire, surtout quoi me conseiller. Je sais que même pour vous les adultes c’est difficile de savoir trouver les mots face à ce que j’ai vécu. Et pour ma part, je n’ai pas su en parler à mes amis. Pour les protéger, mais aussi parce que je les trouve jeunes ou sensibles pour faire face à de telles confidences » rajouta-t-elle.

« Mon grand-frère, mes cousins Orion et Cassiopeia, sont au courant depuis l’été 2023 de ce qu’il s’est passé en mai de cette année-là. Même s’ils n’étaient que des adolescents à ce moment-là, je n’avais qu’eux vers qui me tourner. Et à ce jour, ils savent tout ce que je vous ai dit. Donc même s’ils ne sont pas à mes côtés à Poudlard, cela fait longtemps que je ne suis pas seule à porter ce poids. Mais, c’est justement parce que j’avais conscience que je ne pouvais plus y arriver que malgré la peur que j’avais, j’ai tout raconté à Madame Cooper. J’aurais tout aussi bien pu le faire avec Monsieur Alexander, c’est juste que ce jour-là, je suis tombée sur Madame Cooper. » commença-t-elle, cherchant comment elle allait formuler l’idée que le fait qu’elle avait accepté l’aide de Monsieur Raywood ne devait pas se savoir, ou pas selon la façon dont les choses s’étaient réellement passées.

« Je ne parlerai pas à un membre de la justice, pas pour le moment, je ne peux pas, ça risquerait de se retourner contre mes proches et moi, d’une manière que je ne suis pas capable d’imaginer, mais dont je ne doute pas qu’elle serait terrible. Je suis déjà surprise que mes géniteurs n’aient pas trouvé le moyen de garder leur autorité parentale sur moi. » expliqua-t-elle, de la terreur dans les yeux et d’une voix sans timbre.

Elle savait bien que si elle ne le faisait pas, ses géniteurs resteraient libres de leurs mouvements et qu’elle ne serait pas complètement en sécurité, mais elle n’avait pas encore la force de les affronter.

« Quant à ma responsabilité dans ce qu’il s’est passé… Vous n’êtes pas le premier à me le dire… Même du haut de leur jeunesse, mon grand-frère et mes cousins me l’ont dit ainsi que Monsieur Alexander… Je n’en suis pas convaincue. C’est bien moi qui ai enfreint les règles de mes parents. C’est bien moi qui ai décidé de continuer à voir Ellen alors que je savais que si on était découvertes… Donc certes, je ne lui ait pas fait de mal, mais j’aurais pu éviter ce qu’il s’est passé… » répondit-elle, incapable de chasser le sentiment de culpabilité qui la hantait depuis 2023.

« Pour ce qui est de Monsieur Raywood, Madame Cooper a tenu des propos similaires aux vôtres, de manière différente, quand je lui ai fait mon récit. Sauf qu’à ce moment-là, Monsieur Raywood n’était pas encore à Poudlard et que j’étais encore sous la responsabilité de mes géniteurs. Vous savez, par d'autres sang purs pou pro-sang purs, les informations peuvent très vite circuler jusqu'à mes géniteurs... Et si mes géniteurs doivent ignorer autant que faire se peut que j’ai parlé, ils ne toléreraient pas non plus que je le fasse avec quelqu’un comme Monsieur Raywood. Et moi, je ne me sens pas capable de faire face aux conséquences s’ils l’apprennent… Ce que je vais vous dire ensuite doit rester entre vous et moi, s’il-vous-plait. Je tiens à décider à qui je le dis ou pas. »

Elle attendit la promesse de sa part que sur cela aussi il garderait le silence, mais la suite de ce qu’elle allait dire devrait sans doute le rassurer un minimum, autant que possible vues les circonstances… Même si elle n’avait pas encore réussi à raconter son histoire au psychologue scolaire. Elle était de toute façon décidée à le faire et rapidement, mais pas le jour-même. Elle ne ferait pas deux fois son récit dans une même journée.

« En février, Monsieur Raywood a compris qu’il y avait quelque chose qui me pesait que je ne pouvais pas partager avec mes amis. J’ai accepté de lui parler à condition que ça ne se sache pas ou pas trop. Officiellement, si jamais cela devait se savoir, c’est lui qui m’a convoquée »

Elle expliqua ensuite quel était le prétexte officiel qu’avait trouvé Ezekiel pour la convoquer.

« Pour l’heure, si j’ai pu lui faire comprendre à quel point j’avais peur, j’ai eu besoin d’un peu de temps pour apprendre à le connaître, pour savoir si au-delà de ses compétences professionnelles, il pouvait être un bon interlocuteur pour moi. Et je n’ai pas encore réussi à lui raconter mon histoire. A moins qu’il ne l’ait remarqué, il ne sait pas que je suis claustrophobe. Pour ce que j'ai vu et vécu, je sais que rien ne peut me préparer à revivre encore ces moments pour les raconter, mais je sais aussi qu’il ne pourra m’aider que si je lui parle. Et je vais le faire quand je le reverrai, juste… Pas aujourd’hui, je n’aurai pas la force de faire ce récit deux fois dans une même journée. Mais, c’est à lui en plus de mon cousin Shayne que je faisais référence en disant que je devrais partager mes pires souvenirs. »

Si elle savait devoir parler au psychologue scolaire de ce qu’il s’était passé chez ses parents, elle ne savait pas trop si le concierge estimait également qu’elle ferait bien de parler de ce qu’elle avait traversé à Poudlard. Si elle ne pouvait nier que ces épisodes avaient également eu un impact certain sur elle lorsqu’ils étaient survenus, ils n’étaient en rien comparables pour elle avec ce que ses géniteurs lui avaient fait vivre, cela lui semblait même dérisoire en comparaison. Et le reste des adultes de l’école en sachant désormais moins que l’ancien Serpentard sur elle, ne pouvaient avoir de sentiment à cet égard.

« Quand vous parliez de partager tout ceci avec Monsieur Raywood, vous parliez simplement de ce que j’ai vu chez mes géniteurs et de l’histoire d’Ellen ou de ce qu’il s’est passé à Poudlard pendant mes premières années également ? » demanda-t-elle.

Elle leva sur Septimus un regard encore brillant de larmes, qui voulait dire ce qu’elle ne formula pas immédiatement : une demande qu’il restât pour l’heure auprès d’elle, qu’il ne la laissât pas seule dans un tel état alors qu’elle n’aurait pas la force de se confier le jour même à Ezekiel (même si elle savait que la porte du psychologue était ouverte même en dehors des heures de rendez-vous). Finalement, elle se décida à formuler ce qu’elle avait tenté de lui dire du regard :

« Monsieur Veturia … Vous pouvez rester encore un moment avec moi, s’il-vous-plait ? J’ai toujours autant – voir plus encore que tout à l’heure – besoin de rester loin de la foule de mes camarades, mais je préfèrerais ne pas rester seule, pour le moment »

Elle avait autant besoin de présence que de tranquillité à cet instant précis et elle en avait parfaitement conscience. Et si elle comprenait parfaitement qu’il ne sût quoi dire face à ce qu’elle avait vécu, l’aider à trouver calme et présence en même temps, voire même l’aider à se changer les idées ne lui semblait pas si difficile que cela.

« Et peut-être me raconter une des histoires de lapins que vous avez gardé pour après le récit de mon histoire ? » suggéra-t-elle, sûre que d’entendre parler de charmants petits animaux par quelqu’un de passionné par les dites créatures lui permettrait d’avoir des images plus agréables en tête que ses souvenirs.

(c) Kira pour Never Utopia