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Blow out all the candles — AUGUST & WILLOW
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Message(#) Sujet: Blow out all the candles — AUGUST & WILLOW Blow out all the candles — AUGUST & WILLOW EmptyJeu 31 Aoû - 16:03

Blow out all the candles
I'll never be your lover
ft. @August P. Rowle & Willow Gillespie
Le parc était déjà presque vide lorsque Baby quitta les vestiaires du terrain de Quidditch. La nuit commençait doucement à tomber, le froid à reprendre ses droits sur le terrain vaste de Poudlard. Les fleurs vont bientôt mourir, ne put-il s'empêcher de penser alors que son regard clair se perdait entre les arbres dont le vert des feuilles s'estompait un peu. Ça voulait dire que c'était bientôt l'automne. Il avait envie de sentir les jours passer, chacun d'entre eux, qu'ils s'égrainent vite et bien pour que demain les bourgeons reviennent enfin. Il secoua la tête, un sourire triste étirant péniblement ses lèvres. Ça faisait une semaine. Dix jours peut-être. Et le manque était déjà bien installé. Depuis le premier jours, en réalité. Lorsqu'il avait eu fini de montrer aux garçons de première année leur dortoir et expliquer les dernières règles que personne ne prendrait jamais la peine de suivre, et qu'il s'était bêtement rendu dans ce maudit couloir adjacent pour retrouver enfin son lit... La même sensation de vide le reprit rien qu'en y repensant. La porte grande ouverte sur un amas de chaises et de cartons de vieux cahiers sortis d'il ne savait trop où. Aucune trace de ce lit tant attendu, du tapis dont il n'avait jamais aimé la couleur ou de cette coiffeuse à laquelle Bluebell s'installait chaque soir et lui offrait le spectacle le plus agréable qu'il n'ait jamais eu la chance d'observer... Il était resté bête, perdu, sous le choc. Il s'y était attendu, pourtant, mais dans le tourbillon d'un quotidien au centre duquel elle s'était installée, il avait oublié qu'elle ne l'y attendrait plus. Et chaque autre jour n'avait été qu'une suite de souvenirs massacrés par une vie qui avait repris sans elle. Elle n'était plus à ses côtés lorsqu'il ouvrait les yeux, elle ne se glissait plus contre lui sous sa douche post-entraînement, elle ne lui gardait pas de place pour déjeuner en sa compagnie ni ne ponctuait ses journées de petits mots aguicheurs qui lui donnaient envie de tout lâcher pour la retrouver. Bluebell Sherwin avait disparu, emportant avec elle le plaisir amoureux qu'il trouvait à tout ce que la vie ici avait à offrir... Aussi avait-il replongé dans les travers maladroits de son ancienne vie : en quelques jours, à peine, il avait revu l'entièreté de son emploi du temps, rajoutant des heures partout où il lui était possible de le faire. Au diable les devoirs, il se fichait bien de n'avoir plus le temps de les faire ! Tout ce qu'il voulait c'était occuper ses journées pour ne pas voir l'absence pourtant évidente à laquelle il était confrontée. Son réveil sonnait plus tôt encore, il s’entraînait plus longtemps, il enchaînait les heures de cours, se fendait d'informations à l'attention des gamins qu'on lui avait collé dans les pattes, reprenait le chemin du terrain, terminait plus tard encore et poussait le vice jusqu'à rentrer seulement pour aller se coucher. Aucun temps mort, aucune temps libre. Il aimait à croire qu'il en retrouverait l'habitude, peu importe qu'elle n'ait jamais été poussée à cet extrême. Ou, peut-être avait-il plus inconsciemment l'espoir de ne pas réussir à le tenir bien longtemps histoire que Zeus fasse sauter ce qu'il y avait de moins important à ses yeux dans l'équation : l'école.

À l'instar du parc, le Hall semblait presque mort. L'heure du couvre-feu approchait doucement, on profitait des derniers instants plutôt que de se presser pour rentrer. Les portes de la Grande Salle avaient été refermées pour la nuit, quelques tableaux somnolaient déjà dans leur cadre. Le jeune homme étouffa un soupir las et coupa jusqu'aux escaliers qui menaient aux sous-sols. Le bruit de ses pas résonnèrent un moment, l'écho le suivit jusqu'aux premières marches. Ça lui rappelait le MACUSA, ça lui rappelait une autre vie, ça lui rappelait cette solitude écrasante qui finissait toujours par revenir, comme s'ils étaient destinés à ne jamais se lâcher. C'était faux. Il n'était plus tout seul. Il y avait quelqu'un qui l'attendait de l'autre côté de ces grilles de malheur ! Mais il y avait toujours cette petite voix qui lui demandait s'il en était sûr... combien de temps il serait attendu... est-ce qu'elle n'avait pas déjà trouvé mieux... après tout, elle n'avait pas encore répondu à sa dernière lettre... Il essayait de se rassurer en se disant qu'il l'avait envoyée durant la nuit, le temps que son imbécile de hibou fasse le trajet, qu'elle puisse avoir le temps de répondre et que le hibou revienne, ça pouvait prendre un jour ou deux, c'était pas grave, c'était normal même... mais il n'y avait que ce doute lancinant qui revenait encore et encore... Les bêtises d'August avaient au moins eu le mérite de lui changer les idées. C'était un garçon étrange, qu'il n'arrivait pas vraiment à cerner. D'un côté, il ressemblait à tous les amis qu'il avait pu avoir durant cette dernière année, à Ilvermorny, ceux-là même qui gravitaient dans l'ombre du couple qu'ils formaient avec Agatha, trop heureux de faire partie du cercle du couple souverain de ce collège du bout du monde. Et d'un autre... Il y avait quelque chose de faux, chez lui, quelque chose de superficiel qui le poussait à s'en méfier. Et qu'il ait été là au milieu de ces jours d'un désespoir si sourd qu'il en avait abandonné tout bon sens ne jouait pas en sa faveur. Qu'il en joue, désormais, comme s'il n'était question que d'une plaisanterie ridicule le paraît d'atours antipathiques. Mais est-ce qu'il avait vraiment mieux, sur l'instant ? Il y avait bien Jin mais la fadeur de cet enfant n'était plus à prouver... ou Eléonore mais elle tenait finalement plus de l'animal de compagnie que de la compagnie tout court... Alors quoi ? Quel mal y aurait-il à entrer dans son jeu, rien que pour divertir ses soirées ? Quelques fausses notes aguicheuses, probablement quelques sourires qui le seraient tout autant autour d'un repas vite expédié qu'ils remettraient peut-être une fois ou deux... Il n'y avait rien de sérieux ni même de dangereux, rien qui puisse lui donner l'impression de s'éloigner des promesses faites à sa belle. Il ne se serait jamais permis quoi que ce soit avec une autre demoiselle, aussi inintéressante soit-elle, mais avec un garçon... ça donnait à cette histoire une lueur plus comique encore. Il se voyait déjà lui raconter cette aventure sans importance pour meubler le vide que constituait ses journées. Qu'il avait hâte, par Merlin, qu'Halloween arrive enfin ! Pouvoir aller à Pré-au-Lard et transplaner jusqu'à Londres, l'enlacer, l'embrasser, s'enivrer de son odeur, se blottir dans sa chaleur...! Encore deux mois, eut-il le malheur de réaliser alors qu'il chatouillait la poire libérant la poignée. C'était long, deux mois, c'était interminable... Il avait envie de tout plaquer rien que d'y penser... Qu'est-ce qu'il l'en empêchait, sérieusement ? La peur, aurait pu dire cette petite voix traînante, toujours là pour appuyer là où ça faisait mal. Qu'importe. De l'autre côté de la porte, les elfes terminaient de ranger. Ils savaient qu'il pouvait venir, ça faisait partie de l'accord signé l'an dernier, aussi personne ne haussa le moindre sourcil surpris.

On sera deux, c'est possible ? demanda-t-il à l'une des créatures qui hocha la tête, secouant ses grandes et affreuses oreilles en brassant de l'air. Génial, merci. Et y'a moyen d'avoir des chandelles aussi ?

Il y eut une seconde de blanc durant laquelle le domestique n'eut pas l'air de savoir quoi répondre avant qu'il ne claque des doigts et ne fasse apparaître un vieux bougeoir à trois bras sur lequel se dressaient fièrement trois bougies blanches allumées. Il lui offrit un sourire satisfait alors que l'elfe repartait vaquer à ses occupations, non sans lui lancer un dernier regard incertain malgré tout. Baby n'y fit pas attention et se laissa tomber sur l'un des tabourets qui attendaient près de la table. Il repoussa ses cheveux encore humides de sa douche, dont les pointes violacées tiraient presque sur le noir ainsi mouillées, et s'étira paresseusement. Pour un dîner aux chandelles, il n'avait pas fait beaucoup d'efforts, son bas de jogging tombait mollement sur ses hanches et son tee-shirt légèrement trop court – c'est que Madame s'était octroyé le droit de garder les longs pour dormir – laissait parfois apparaître l'élastique de son sous-vêtement. Le tout dans une palette aussi colorée que celle d'un enterrement, comme pour montrer au monde combien sa peine était immense. Il n'était même pas sûr qu'il vienne, cet idiot. Peut-être n'avait-il pris cette invitation pour ce à quoi tout le reste de leur échange avait ressemblé : une plaisanterie ? Il n'aurait pas pu lui en vouloir. Mais l'idée de dîner seul ne le faisait pas rêver plus que ça. Ça voulait dire avoir le temps de réfléchir, de faire une énième fois en trop peu de jours la liste de ce qu'il avait perdu en montant dans ce train de malheur. Il aurait été tellement mieux, ce soir, dans cet appartement trop luxueux, à écouter les jumeaux raconter leur journée pleine de nouveautés en attendant qu'il soit l'heure de refermer la porte de cette chambre de palace et d'empêcher sa belle de fuir de l'autre côté du lit sans fin... Mais la seule porte qu'il y avait, ici, c'était celle de la cuisine, et elle ne se ferma pas, elle s'ouvrit. Le Poufsouffle releva à peine la tête, s'attendant presque à voir un professeur débarquer pour s'assurer que personne ne traînait ici... Mais non, si détenteur de l'autorité il y avait bien sur le seuil, ça n'était pas un de ceux qu'on fuyait, c'était plutôt celui qu'il attendait sans l'attendre vraiment pour autant. August entra, la porte se referma derrière lui. Le rouge de sa chemise lui arracha un sourire moqueur. Alors quoi ? C'était tout ? Il y avait eu tromperie sur la marchandise ! Il aurait pu faire un effort pour les talons, bien sûr, c'était sûrement impossible de marcher avec. Mais le reste, quand même !

Et la robe ? Je savais que t'étais pas joueur. Tu me déçois.

Sans le lâcher des yeux, il poussa du pied le tabouret près du sien pour l'inviter à le rejoindre.

Si Mademoiselle veut bien s'installer, le dîner va être servi.

Et s'il n'avait aucune idée d'à quoi ressemblerait cette soirée, il y avait au moins la satisfaction de pouvoir la passer dans une ambiance légère, bien loin de la lourdeur de ses draps sans personne pour les partager...
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August P. Rowle

August P. Rowle



À SAVOIR
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Arrivé(e) le : 16/05/2019
Parchemins rédigés : 1130
Points : 3
Crédit : ©
Année : 5ème (16 ans)

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Statut Sanguin: Sang-Pur
Pouvoirs spéciaux: Magie sans baguette
Poste de Quidditch: Aucun
Patronus: Un cormoran aptère
Epouvantard: Un miroir de plein pied
Matières suivies et niveau:
Points Défis:
Blow out all the candles — AUGUST & WILLOW Left_bar_bleue1415/2000Blow out all the candles — AUGUST & WILLOW Empty_bar_bleue  (1415/2000)
Disponible pour un RP ?: Si t'es pas pressé, c'est d'accord !
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Message(#) Sujet: Re: Blow out all the candles — AUGUST & WILLOW Blow out all the candles — AUGUST & WILLOW EmptyMar 26 Sep - 4:32


Blow out all the candles
Il y avait quelque chose chez Baby qu’il n’aurait su expliquer, mais qu’il ressentait dans le creux de son estomac. Si la majorité de cette école lui donnait la nausée, avec l’hypocrisie des uns et la stupidité des autres, avec leurs August t’as l’air en forme suintants de l’envie de loucher sur sa canne, avec toutes ces rumeurs qui grouillaient comme autant de parasites sur sa peau, Gillespie, au contraire, lui creusait l'appétit. Ce n’était même pas sa réputation, celle-là même qui affamait toute sa horde de fans, et ce n’était pas non plus son allure, ce physique qu’il donnait en pâture dans un style presque provocateur qu’il trouvait génial d’anticonformisme. C’était cette mise en bouche qu’il lui avait offerte, quelques semaines plus tôt, le visage baigné de larmes dont il n’avait pas su quoi faire. Cette exhibition de vulnérabilité avait été violente, peut-être même plus pour lui que pour le malheureux, parce qu’il ne s’était pas autorisé à pleurer toute cette année de souffrance et de solitude, et qu’on lui présentait soudain cette peine dans ses reliefs les plus saisissants, en miroir de ce qu’il avait ressenti sans jamais l’exprimer. Baby avait pleuré devant lui, comme ça, après avoir ri aux éclats, après avoir fanfaronné, après toute une jolie soirée passée de verres en paris, de paris en jeux hilares ; il avait pleuré, il avait balancé toute fragilité sans la moindre pudeur, et August était resté pétrifié de cet étalage sentimental aussi inconnu que familier. Fasciné, même, parce qu’il avait ainsi assisté à ce dont il avait été incapable. Et si les larmes avaient roulé le long de ce charmant visage sculpté dans une tragédie presque mythique pour ce héros des temps modernes, sans qu’il ne sache comment les cueillir, August était désormais assoiffé. Il avait envie de le voir pleurer à nouveau, de récolter ce chagrin, d’en avaler chaque goutte pour s’enivrer d’une faiblesse décomplexée. Il avait envie de ce lien-là, de cette confiance exacerbée, sans jugement, loin de la lâcheté de Kenneth et des autres, encore plus loin de la fierté qu’il s’était infligée. Il avait envie de le revoir ; il avait envie de renouer avec les ombres de ce garçon ; il voulait retrouver ces secrets exclusifs, tapis dans les heures recluses de la nuit.

Alors, il lui avait envoyé une invitation. Willow se cacha derrière quelques notes désobligeantes. August fut par conséquent contraint de le chercher plus loin encore, par delà l’égo terriblement consternant où il s’était reclus. C’est qu’une telle réserve le rendait fou de frustration ; pourquoi cette distance quand il savait faire preuve de promiscuité ? Aussi esquissa-t-il un superbe sourire quand l’Américain céda finalement pour lui proposer de le rejoindre au dîner. C’était une première victoire dans cette croisade, et le goût retrouvé du challenge était délicieusement doux sur sa langue qui n’avait plus été qu’habituée aux amertumes de ces derniers mois. Ce fut donc dans l’expectative de ce dîner qu’August se traina de cours en cours, jurant contre cet elfe de malheur qui s’était fait un devoir de l’accompagner même quand il lui assurait ne pas avoir besoin de son aide. Après tout, il n’était pas un assisté, mais l’elfe de maison ne semblait pas en penser moins, tenant à lui tendre le bras à la moindre marche pour lui rappeler qu’il pouvait le faire transplanner aussitôt où il le souhaitait. August aurait surtout voulu le voir transplanner au-dessus du vide pour se faire déchiqueter par les falaises et disparaître à jamais de sa vue, pauvre mouche qui s’agitait autour de son regard ; en vain. On lui avait collé cette créature de malheur aux basques et il se devait d’en supporter la présence comme un prisonnier se ferait au boulet qui l’empêchait de courir. De toute manière, avec ou sans ce crétin, il était déjà condamné. Quand il fut de retour dans sa salle commune, l’elfe le saluant gentiment du bout de ses longs doigts crochus, August ne daigna pas lui jeter un regard alors que la Grosse Dame abattait son imposant derrière sur la sortie. Il se pressa au contraire à rejoindre son dortoir que son chien de compagnie avait déserté, sûrement en train de se promener au dehors après avoir glapi toute la journée, pour jeter dédaigneusement sa canne sur son lit, profitant du silence du dortoir afin de savourer les odeurs qu’il sentait déjà émaner des cuisines. Espoir, fierté, joie, aussi, sûrement ; il n’en était plus sûr, peu habitué aux bonheurs dans une vie qui s’était ainsi arrêtée ; et il dénoua précipitamment sa cravate autour de son cou pour libérer sa glotte et clopiner autour de la chambre, réfléchissant à la suite. Une chemise rouge. Il aurait bien tenté la robe, mais il avait encore assez d’amour-propre pour s’épargner l’humiliation (ou plus assez d’autodérision, au choix) et puis, il s’agissait tout de même de rappeler qu’il avait une prestance, et on n’avait encore jamais vu personne de crédible dans une robe moulante, n’est-ce pas ?

Il ouvrit ainsi la lourde armoire de bois à côté de son lit à baldaquin pour en retirer le tissu désiré. Il entreprit alors de défaire les boutons du vêtement qui lui collait la peau après cette journée de moiteur pluviale pour lâcher un soupir de plaisir en s’offrant torse nu à la fraîcheur de la pièce. Quand il rouvrit les yeux, une fourrure tigrée glissa par l'entrebâillure de la porte ; et s’il était habitué à croiser ce monstre difforme qui servait de chat à son colocataire, il se surprit du poil lisse de celui-ci. Poudlard comptait des dizaines de chats errants, aussi lui tourna-t-il le dos sans le moindre intérêt, quoiqu’admiratif de l’entretien de ce pelage. C’était peut-être l'acolyte d’un première année qui venait de se perdre entre les étages. Mais le matou ne semblait pas désorienté, se faufilant sous son lit pour y ronronner à l’abri. August finissait de glisser le nouveau tissu sur ses épaules quand il jeta un nouveau regard vers la bête. A l’ombre de son lit, il ne distingua pas vraiment la couleur de ses poils - roux ? Marron ? - mais il avait une adorable frimousse, semblait effectivement assez jeune pour les vieilles créatures de l’école. “Tu t’es perdu mon petit, les dortoirs des première année, c’est plus bas” lui annonça-t-il d’un ton moqueur en se penchant pour lui tendre les doigts. Une grimace crispa ses traits juste avant que son genou valide ne touche le sol, tirant de trop sur le second ; mais la douleur s’était estompée alors qu’il plongeait son index et son majeur sur le crâne du chat. “Dommage que t’aies pas de collier. Je vais devoir t’appeler l’intrus, maintenant” enchérit-il dans un ricanement en appuyant davantage ses caresses sur l’animal. Parce que c’était ce qu’il était ; un petit intrus, aussi adorable soit-il. “Allez, tu vas me mettre en retard.” Et il grommela pour se relever en prenant appui sur le pied de son lit. La douleur le lança jusqu’à ce qu’il soit sur pieds, tachant désormais de fermer sa chemise. Il ajouta quelques chaînes à son cou avant de changer de pantalon, optant pour un cargo noir, et ne retrouva le regard de l’intrus qu’en s’asseyant au bord de son lit pour réenfiler ses Docs noires. “Je vais y aller alors tu ferais mieux de filer, toi aussi. Je dis ça pour ton bien, ou Jessicat t’aura éborgné avant que je revienne.” Il y avait vraiment toutes les chances du monde que cette créature abominable martyrise ce petit chat, déjà parce qu’il faisait peut-être trois fois sa taille et son poids ; mais surtout parce qu’il avait des traits de bandit à griffes avec ses moustaches plus soignées que les mafieux dans les films. Il allait ajouter un petit sifflement pour le faire fuir mais la bête, docile, se redressa en même temps que lui pour filer entre ses pieds alors qu’il avançait vers la porte. Il disparut aussitôt sans le moindre bruit ; là où August avança du mieux qu’il le put sur ses trois pattes.

Il croisa beaucoup d’élèves sur le chemin, parce que tous allaient dans le sens inverse, à la recherche de leur dortoir pour respecter un couvre-feu dont l’imminence glissait sous les capes au rythme de leurs pas empressés. August ne daigna croiser les regards que des élèves qui l’intéressaient : quelques connaissances de soirées, plusieurs fils à papa, quelques filles à sauter. Les autres pouvaient bien aller se faire voir, parce qu’il portait une insigne dorée sur son torse, et non une croix rouge. Quoique long et sinueux, le trajet lui fit un bien fou  (pas musculairement cela va sans dire, il sentait sa jambe se contracter à chaque effort et il y avait bien cinq étages à descendre) de la liberté de déambuler sans cet elfe qui ignorait son programme personnel au-delà des heures de cours. C’était un plaisir élémentaire que personne ne ressentait, mais toute cette autonomie n’était plus acquise pour lui alors, tout comme il appréciait désormais ces secondes paresseuses à sentir les rayons du soleil picoter sa peau, il buvait ces escapades solitaires avec plus de soif que les boissons qui attendaient d’être consommées sous son lit. Aussi arbora-t-il une certaine suffisance en poussant finalement la porte des cuisines, confiant, à l’aise, satisfait d’une soirée qui ne faisait que commencer mais dont les effluves étaient vives dans ses babines retroussées d’un sourire. Baby était déjà là, prêt à passer à table devant un bougeoir dont les flammes ondulaient encore innocemment en dépit du sourire narquois de l’Américain. “Et la robe ? Je savais que t'étais pas joueur. Tu me déçois” décréta-t-il, les prunelles jaugeant les siennes. August étira un peu plus ses commissures dans un rictus aussi fier que son allure alors qu’il avançait tranquillement vers la table. “Ne confonds pas courtisane et putain… Il me faudra quand même un peu plus qu’un repas dans les cuisines pour t’offrir mon trente-et-un” répliqua-t-il sarcastiquement alors que le Poufsouffle repoussait un tabouret du pied. “Si Mademoiselle veut bien s'installer, le dîner va être servi.” Il mima une révérence féminine pour saillir au mieux son rôle. “Mais bien sûr Monsieur, et laissez-moi dire que c’est un honneur de prendre place aux côtés d’un homme de votre renommée.” Et il se laissa tomber sur le tabouret en posant sa canne contre le rebord de la table, ignorant aussitôt l’appareil et le soulagement musculaire qui accompagna son installation. Il retint ainsi un soupir de plaisir avant de retrouver les prunelles claires de son camarade pour les soutenir sans pudeur. Une longue seconde de silence roula, emportant avec elle son masque narquois pour lui rendre un visage attentif au gré de ce regard sans un mot. “Alors, comment se passe ta rentrée, finalement ? C’est aussi dégueulasse que ce que tu craignais ?” reprit-il en se penchant en avant, les mains jointes sur la table. Parce que c’était exactement cette odeur-là qui l’avait attiré jusqu’ici ; la sincérité, la faiblesse, des confessions qui ne pouvaient prendre vie que sous un bougeoir à l’abri du monde.
code by EXORDIUM.



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