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fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST)
Selene O. Paulet

Selene O. Paulet



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Message(#) Sujet: fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST) fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST) EmptySam 26 Aoû - 22:29






(selene ☉ august)
fragile echoes in autumn breeze

Dehors, une branche presque nue venait de perdre un nouvel éclat orangé. La feuille ne tenait plus que par quelque miraculeux effort et voilà qu’elle avait abandonné, baissant les bras une dernière fois avant de tournoyer sans se presser vers ses comparses éparpillées au sol. L’automne glissait doucement sa couverture sur les derniers relents estivaux, colorant le parc du château de charmantes nuances. « Miss Paulet ? » Selene cilla, dirigeant ses prunelles vers le psychologue assis en face d’elle, quand bien même elles n’étaient, en réalité, tournées qu’en elle-même, à la fois actrices et témoins de cette introspection guidée à laquelle elle se livrait tous les lundis matins. « Je ne sais pas vraiment, je ne me souviens que de deux saisons… » Elle savait déjà qu’il faisait trop chaud, en été, pour pouvoir disparaître dans des pulls aussi grands que confortables, sans compter que les longues journées où le soleil brillait plus haut que jamais n’étaient visibles qu’à travers les carreaux des fenêtres de sa chambre, à Londres. Certainement, ce n’était pas là sa saison préférée. L’automne lui plaisait un peu plus, avec ses nuances qui lui faisaient tourner la tête, ses journées de pluies qui laissaient la place à des rayons pâles et timides, comme s’ils ne voulaient pas brusquer qui que ce soit. Dans ses carnets, quelques feuilles ramassées à la faveur d’un moment perdu dans le parc s’étaient vues insuffler une seconde vie. L’une, allongée et d’un vert sombre, avait pris la forme d’un oiseau sous la plume de Selene ; une autre, dotée de trois pointes d’un rouge vibrant, était devenue la robe d’une princesse imaginaire ; une troisième, d’un jaune pâle, s’était transformée en la carapace dodue d’une tortue. Ainsi, elles survivraient à l’hiver. Selene ne pouvait que s’imaginer le château recouvert d’un manteau blanc, le ciel plus pâle qu’il ne le serait jamais, les jours bien courts et les nuits bien longues. Il y avait un tableau, sur le chemin du bureau du psychologue, qui représentait justement un paysage hivernal et elle ne pouvait passer devant sans tirer un peu plus sur les manches de son pull. « J’aime bien l’automne, mais je crois que j’aimerais bien le printemps. J’imagine que ce doit être super beau de voir les fleurs éclore et les arbres retrouver leurs couleurs. Oui, je dirais le printemps. » Là où l’automne s’étiolait en teintes foncées, jusqu’à ce que toutes soient avalées par les premiers frimas, le printemps n’était qu’une déclinaison de délicats pastels qui se réveillaient après un long repos.

« Bien. J’aimerais que pour notre prochaine séance, vous fassiez le point sur comment vous vous sentez. » conclut l’homme au regard perspicace avant d’amorcer le départ de la jeune fille en se glissant sur le bord de son fauteuil. Il la raccompagna jusqu’à la porte et lui souhaita une bonne journée, politesse qu’elle lui retourna avant de disparaître au coin du couloir. Ses pensées suivaient déjà le fil de la question qu’ils aborderaient dans huit jours, l’étudiant sous tous ses angles, cherchant au plus profond d’elle-même une réponse honnête. Selene ne disait pas toujours tout, à M. Raywood. Nombreuses étaient les incertitudes qu’elle gardait pour elle-même, hésitante à tout partager, craignant que cela parvienne, d’une façon ou d’une autre, aux oreilles intransigeantes de Père. Peut-être qu’elle pourrait tout de même lui dire qu’elle se sentait bien. Tous les jours n’étaient pas aussi faciles que les autres et sa mémoire n’était gorgée que des souvenirs qu’elle se créait au fur et à mesure, mais elle avait l’impression de respirer plus facilement. Poudlard était si grand que les murs ne l’étouffaient pas comme le faisaient ceux de sa chambre, les devoirs étaient une corvée banale dans cette école, le reste du monde n’était pas qu’une secte étroite et imperméable. Surtout, elle se sentait libre de ses mouvements, comme si les filins translucides qui la maintenaient sous le bon vouloir paternel s’étaient détachés lorsqu’elle s’était engouffrée dans le train. Ils gisaient à plusieurs  centaines de kilomètres, abandonnés sur le quai d’une gare silencieuse, et elle seule décidait désormais de ce qu’elle voulait faire et où elle souhaitait aller. Elle hésitait encore souvent, parce que l’été n’était pas si loin et ses habitudes non plus, mais elle hésitait de moins en moins et chaque fois allégeait ses épaules habituées à crouler sous le poids des attentes. Un léger bruit coupa court à ses réflexions et un éclat argenté sur le sol attira son regard. Un bracelet gisait là, les trois fines bandes de métal tressées les unes aux autres dans un cercle qui n’avait ni début, ni fin. Du bout des doigts, elle le ramassa et le fit danser quelques secondes sous ses prunelles attentives, cherchant en vain une initiale ou quelque chose qui le lierait à quelqu’un.

Un peu plus loin, les arches en pierres qui donnaient sur une cour intérieure entrecoupaient les ombres du couloir de coupoles lumineuses asymétriques. L’une d’entre elles différaient plus encore de ses égales puisqu’elle hébergeait une silhouette immobile et esseulée. Des rires étouffés provenant de l’autre côté du cloître s’enfuirent en ne laissant derrière eux qu’un écho qui ne dura pas, poussant Selene à jeter un regard derrière elle, mais il n’y avait pas âme qui vive aux alentours. Excepté cette forme dont les détails lui échappaient encore mais se précisaient à chacun de ses pas. Elle avait déjà parcouru la moitié de la distance qui les séparait quand elle reconnut les mèches châtains du garçon qu’elle croisait tous les lundis matins dans un chassé croisé qui le libérait du bureau du psychologue pour laisser sa place à la Serdaigle. August. Un prénom retrouvé, non pas grâce à un éveil inespéré de sa mémoire, mais du fait de toutes ses lèvres adolescentes qui s’agitaient ici et là pour disséquer, jour après jour, les dernières nouvelles. C’était arrivé peu de temps après la rentrée, un murmure entre deux élèves de sa classe à propos du Gryffondor qui était resté absent une année entière. Elle n’avait pas été sûre, pas immédiatement, qu’il s’agissait du même A. griffonné en bas de l’unique carte postale en sa possession, mais les indices s’étaient accumulés, se transformant en une déduction presque impossible à désavouer. August était rarement seul alors Selene n’avait pas osé l’approcher une seule fois, se contentant d’un regard en biais dans l’antichambre du thérapeute, un regard qui s’enfuyait de quelques battements de cils rapides. De crainte de forcer son intimité, elle était restée étrangère au retour de ce garçon envers lequel la Selene du passé se sentait si redevable. Ce n’étaient plus vraiment des sentiments qui lui appartenaient mais, malgré tout, elle était parfaitement incapable d’ignorer l’ombre qu’il laissait traîner ici et là. Encore quelques pas et elle passerait à côté de lui qui ne l’avait même pas vue, ou qui faisait semblant de ne pas la voir. Rares étaient les fois — en dehors de cette passation matinale — où elle le croisait seul, était-ce une chance qu’elle pouvait laisser filer ? Avant que ses pensées aient eu le temps de se fixer — sur ce qu’elle voulait lui dire, sur ce qu’elle pouvait aborder, sur cette envie qui frôlait le besoin et qui serpentait dans sa poitrine sans qu’elle ne le comprenne bien — elle toussota pour adoucir son intrusion dans le silence qui enveloppait son camarade. « August ? » Le prénom frôla ses lèvres, laissant une gêne muette s’emparer de ses joues. La jolie poupée s’était débarrassée de ses chaînes, goûtant la saveur de la spontanéité, mais c’était encore trop frais pour qu’elle soit capable de bien la maîtriser, ce qui la laissait gauche et un brin désemparée. « Je sais pas si… si tu te souviens de moi, » Quelle terrible entrée en matière. « on s’en fiche, en fait. Je voulais juste te dire que j’étais contente de voir que tu allais mieux, assez pour revenir à Poudlard. » Un sourire chaleureux chassa l’embarra de son visage, sincère élan qui venait souligner ses mots qui l'étaient tout autant.

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Dernière édition par Selene O. Paulet le Mer 24 Jan - 4:46, édité 1 fois
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August P. Rowle

August P. Rowle



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Message(#) Sujet: Re: fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST) fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST) EmptyMar 26 Sep - 4:30


fragile echoes in autmun breeze
Une journée à chier. August n’aimait ni l’automne, trop maussade dans la grisaille de la pluie, ni les lundis, chargés de contraintes scolaires dont il se serait bien passé, ni cette rentrée à Poudlard, marquée par les regards en coin, les murmures, les rumeurs qui couraient plus vite que les feuilles mortes. En vérité, ça avait été moins pire qu’escompté, parce que tous avaient eu l’obligeance de faire semblant - de ne rien voir, de croire qu’il allait bien. Il avait été accompagné par les autres préfets et leur insigne dorée dans le train, il avait été escorté par Kenneth dès les pieds posés dans la Grande Salle, il avait passé tous les jours suivants à être talonnés par Ash, par Toni, par tous ces gens qui avaient décidé de rendre son retour à l’école aussi normale que possible, comme si chacun de ses pas n’était pas martelé du bruit systématique du bois sur les dalles de pierre. Toc, August, ça plaisir de te revoir ! Toc, tu verras, t’as rien raté l’année dernière, toc, maintenant que t’es préfet, on va vraiment s’éclater. Quel plaisir y avait-il à le voir déambuler en clopinant, comment affirmer qu’il n’avait rien manqué quand il s’était isolé une année entière et était-il seulement possible de s’éclater encore quand on était déjà brisé de l’intérieur ? Mais tout ça, ils ne le voyaient pas, ils croyaient qu’il allait bien. Et c’était exactement ce qu’il voulait renvoyer, cette image brillante qui ne devait rester ternie que dans le noir. Alors, oui, c’était une journée à chier, sinistre dans le brouillard de l’automne, ennuyeuse dans les contraintes scolaires d’une nouvelle semaine de cours, agaçante dans le retour à cette vie qu’il s’acharnait à se réapproprier comme si elle ne lui avait jamais échappé - mais il faisait jour, le matin s’était levé et il n’avait d’autres choix que d’afficher ce stupide sourire qui creusait ses fossettes, ignorant chacun de ces maudits toc qui le suivaient comme son ombre. “Tu as autre chose à ajouter, pour aujourd’hui ?” “Non” répondit-il dans un raclement de gorge. “Très bien. Dans ce cas, à la semaine prochaine, August.” Un sourire de politesse à peine esquissé, le Gryffondor se hâta de quitter la salle, maugréant contre cette foutue thérapie qu’on lui avait collé de force ces lundis matins, au prétexte que la psychologie était différente de la psychothérapie et qu’au vue de son état, il valait mieux combiner les pratiques. De l’acharnement thérapeutique, voilà ce qu’il en était réellement : on se désespérait à le maintenir en vie quand il aurait fallu accepter qu’il ne serait plus jamais vraiment lui-même. Mais ça, ni ses parents, ni ses proches n'étaient prêts à l’entendre et d’ailleurs, il n’était même pas sûr d’être enclin à le croire tout à fait, lui non plus. Après tout, ce semblant de vie n’était-il tout de même pas un peu rassurant ?

La porte se referma dans son dos, il quitta l’antichambre de la salle de thérapie d’un pas pressé pour rejoindre l’extérieur. Le brouillard de la matinée s’était levé, laissant poindre une lueur pâle qui glissait péniblement entre les feuilles dégarnies de la fin septembre. August se surprit à s’arrêter sur le pas de la porte pour fermer les yeux une longue et précieuse seconde. Il faisait frais, peut-être même un peu trop pour la légèreté de son pull, mais c’était justement cette sensation de picotement qui lui était plaisante. Il avait passé des mois, non, une année entière enfermé dans sa chambre, à se priver de l’extérieur comme il aurait craint de ne supporter les stimuli du monde sur sa peau. La fraîcheur d’une matinée d’automne, l’éclaboussure de la pluie, la brise derrière ses oreilles. Il s’était reclus loin de ces sensations dont il ne voulait plus, se confortant dans l’idée qu’il était mort, de toute façon, qu’il n’avait plus rien à apprécier dans une existence qui n’avait plus le moindre intérêt. Mais à présent qu’il avait quitté ses quatre murs, qu’il s’était à nouveau confronté au monde, il chérissait tous ces moments anodins, où il pouvait renouer avec ses sens délaissés à l’abri des autres. C’était comme reprendre à vivre progressivement, d’abord par les éléments en pleine solitude avant de retrouver un quelconque intérêt social. Il esquissa un rictus en rouvrant les paupières, réalisant de fait qu’il pouvait encore rester seul s’il le souhaitait ; il avait du temps avant son prochain cours et personne n’osait jamais le chercher quand il quittait la salle de Raywood, certainement parce que ça consistait à se souvenir qu’il n’était plus le même. Alors, sans hésiter un instant de plus, August avança jusqu’à l’extrémité du péristyle dans un toc toc toc qui pour une fois ne résonnait plus que pour lui, avant de s’installer contre le rebord des arcades. Il délaissa sa canne dans un coin et, attrapant l'extrémité de pierre dans ses doigts, renversa la tête en arrière en observant la petite cour ainsi renversée. “Mais quelle connerie ces thérapies” souffla-t-il pour lui-même. Une feuille frémissa sous un coup de vent et s’arracha de sa branche pour voltiger jusqu’au sol, là-haut. Il attendit qu’elle se mélange au petit tas orange déjà formé au pied de l’arbre pour redresser le visage.

Il détestait ces exercices, où on consultait ses souvenirs, où on lui demandait de parler de lui - où on essayait de le décortiquer comme s’il n’était qu’un simple sujet de la science, et non l’être humain complexe qu’il se traînait en boitant. Tous ces médecins ne voyaient en lui qu’un amalgame de cellules et de traumatismes, ne pouvait-on pas juste le laisser en paix avec ses troubles ? A croire qu’il fallait se purifier de ses pêchés pour avoir une chance de guérir - ne savaient-ils pas qu’il ne guérirait pas, et que dans cette optique, il était donc bien plus sage de le laisser pourrir dans ses vices ? Il trouvait plus de réconfort dans cette arcade silencieuse que dans les regards complaisants des thérapeutes - tout comme il trouverait bien plus de consolation dans la cigarette qu’il se retenait de sortir, les phalanges désormais blanchies de se serrer si fermement au rebord de pierre. C’est qu’il n’en avait pas amené beaucoup et que s’il cédait déjà maintenant, il n’aurait plus de quoi tenir le reste de l’année… Il pouvait encaisser plus de stress, il pouvait encaisser encore bien plus de colère. Alors, à défaut de sortir la cigarette qu’il avait dans sa poche, il en extirpa un briquet pour jouer avec sa flamme. Plutôt que de perdre son temps à allumer et éteindre ce feu, il aurait mieux fait de rejoindre Kenny, ou Ash, ou Willow, même, profiter de son retour pour rebâtir cette popularité délaissée en juin dernier… Mais il n’avait plus envie de renoncer à cette tranquillité qui s’était ainsi offerte à lui. Plus tard, il rirait aux éclats avec ses amis, il les suivrait comme s’il était capable de maintenir leur rythme. Mais rien que pour cette matinée, il s’accordait la fraîcheur de l’extérieur, le silence entrecoupé du gaz qu’il ouvrait et refermait. Rien que pour cette matinée d’une journée à chier, il s’accordait un semblant de repos. Tac tac tac. Des talons rapides, assurés. Quelqu’un passait par là, pauvre âme damnée dans les tréfonds d’un château qui peinait à s’éveiller. Mais l’âme damnée décida de se glisser dans son champ de vision, ses petites chaussures vernies reflétant la brûlure d’une nouvelle flamme. August coupa le briquet, l’élève toussota. Il releva les yeux avec désinvolture, la blonde chuchota son prénom. “August ?” “Selene” répondit-il aussitôt dans un brin de moquerie. C’est qu’il n’était pas sûr de comprendre pourquoi cette gamine avait décidé de le rejoindre - ils s’étaient déjà croisés à plusieurs reprises, sur le pas de la porte de Raywood, dans l’ignorance la plus délibérée. Inutile de faire du copinage avec qui se soumettait au même pathétique exercice et puis, inutile de faire du copinage avec elle tout court, qu’avaient-ils en commun à part quelques lettres amoncelées ? Il ne s’était jamais expliqué sa manie de lui écrire quand bien même il ne lui répondait pas. Alors, naturellement, il avait fini par lui adresser une carte en retour - un mot, une phrase tout au plus, parce qu’elle avait semblé y tenir et parce qu’il se plaisait à croire qu’ainsi, elle le laisserait enfin tranquille... Kenneth s’évertuait à lui courir après, pourquoi cherchait-elle à remonter jusqu’à lui ? “Je sais pas si… si tu te souviens de moi, on s’en fiche, en fait. Je voulais juste te dire que j’étais contente de voir que tu allais mieux, assez pour revenir à Poudlard.”

Evidemment. Il n’était question que de son retour à Poudlard, d’un énième encouragement comme s’il avait réussi quelque chose quand il ne s’agissait que de retourner à l’école. On l’acclamait comme un enfant et lui devait se soumettre à cette humiliation répétée comme s’il y en avait le moindre sens. Il alluma à nouveau une flamme sans pour autant détourner les yeux de son interlocutrice qui lui souriait docilement. “Comment oublier celle qui m’a harcelé toute l’année ?” répliqua-t-il en répondant à son sourire par un rictus moqueur. Juste pour la taquiner, juste pour le plaisir de voir ces prunelles de glace fondre à nouveau dans l’embarras qui avait empourpré ses joues quelques instants plus tôt. “Ouais, ça va” reprit-il plus froidement au sujet de son état, préférant chasser au plus vite ce sujet qu’il éteignit aussitôt, à l’instar de son briquet. Il baissa les yeux pour mieux se soustraire à toute nouvelle tentative d’empathie de la part de la jeune fille, ce qu’il exécrait plus que tout, avant d’arquer un sourcil à la vue d’un petit éclat qui pendait entre ses doigts serrés. Elle semblait effectivement tenir dans son poing un bijou et à présent qu’il l’observait, il se devait de reconnaître que ce tressage d’argent lui était étrangement familier… “Mais dis-moi, ce serait pas mon bracelet que t’as là… ?” Et comme pour chercher confirmation par lui-même, il porta son regard sur son poignet où manquait, entre deux bracelets de tissu échangés avec Ash et Kenny, sa chaîne d’acier. Il releva aussitôt les yeux sur la demoiselle, dans un air faussement indigné. “Alors quoi, tu me voles en plus, maintenant ?” Il se doutait bien que non, parce qu’il n’imaginait pas une fille aussi transparente qu’elle capable de quoi que ce soit de foncièrement méchant… A moins qu’elle ne soit vraiment dérangée, derrière son petit minois de poupée ? Il sonda une seconde encore ses iris, comme pour y chercher la moindre lueur offusquée qui aurait pu assouvir son envie de jouer, avant de se targuer d’un sourire plus effronté encore, creusant ses fossettes d’une ironie évidente. Elle était venue le chercher, soit - il se montrait à elle dans toute son extravagance ;  qu’elle ne soit pas déçue de son trajet, que son arrivée inopportune ne soit pas qu’un simple gâchis de sa première belle matinée.
code by EXORDIUM.



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Message(#) Sujet: Re: fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST) fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST) EmptyVen 29 Sep - 19:17






(selene ☉ august )
fragile echoes in autumn breeze

Il avait des yeux aussi bleus qu'un lac sans fond et le calme régalien de ceux qui ne doutent de rien, si ce n'est d'eux-mêmes. Entre ses doigts, les flammes vacillantes qui se succédaient jouaient le rôle d'un phare sournois, attirant la petite barque perdue jusqu'à un rivage mensonger, profitant du brouillard automnal pour ne rien dire des récifs tranchants qui la feraient, tôt ou tard, s'échouer. La dernière étincelle brûlante mourut dès qu'elle s'approcha et un bref silence se déposa sur l'étrange tableau qui se dessinait. « Selene. » Son cœur s'élança, sans savoir si c'était de crainte ou d'espoir. August était une occurrence ténue, à peine un lointain personnage secondaire dans des carnets qui se penchaient sur tant d'autres silhouettes. Pourtant, c'était de lui dont elle avait fait un fantasme intouchable, un rêve lointain auquel elle se raccrochait sans bien en saisir les raisons. C'est qu'il l'avait sauvée des eaux une première fois et, au sein du gouffre de celles qui l'avaient finalement emportée, sa carte était tout ce qui lui restait, petit rectangle de papier cartonné dont l'écriture différait de celle qui recouvrait les pages de ces cinq carnets. Jusqu'à ce qu'elle mette les pieds à Poudlard, c'était la seule preuve tangible qu'elle n'avait pas été qu'un bâteau fantôme errant en solitaire sur des mers infinies. Des chimères dont le souffle puissant gonflaient son gréement du courage nécessaire pour aborder ce grand voilier à trois-mâts, aussi impressionnant qu'il paraissait inaccessible depuis sa frêle embarcation à elle. Derrière son sourire quasi parfait, les fêlures de ses blessures hurlaient des espérances vaines, sottises d'une naïveté débridée. Les prunelles au couleur de l'océan ne lui ouvriraient pas les portes d'une cité perdue où elle trouverait la place qui lui manquait, elles n'étaient que l'œuvre d'une sirène dont le chant pouvait l'entraîner plus profondément encore.

Clic. Une nouvelle flamme vint faire briller plus fort ses espoirs aveugles. Les signes étaient là — elle se sentait ballotée comme dans cette barque qu'elle avait oubliée, le lac placides était le même que le flegme de ces pupilles, les brumes matinales les isolaient — mais elle ne les voyait pas, hypnotisée par la lueur dorée qui dansait au bout de ses doigts. « Comment oublier celle qui m’a harcelé toute l’année ? » Une main invisible déposa un manteau de culpabilité sur ses épaules, lui susurrant qu'elle n'était décidément bonne à rien, elle qui l'avait oublié tout entier, n'était-ce cette correspondance passée dont elle n'était même pas tout à fait l'auteure. Dans le fond, était-elle autre chose qu'une imposture, vêtue d'un costume trop grand pour elle, engoncée dans un rôle dont elle peinait à se remémorer les répliques. L'embarras succéda aux remords, tirant une couverture rosée sur les pommettes mortifiées de Selene. Comment ça, harceleuse ? Cette moue était-elle moqueuse ou accusatrice ? « Je… » Prise au dépourvu, sa voix mourut sans se battre. Alors quoi ? Depuis des jours, elle réfléchissait à la meilleure manière de venir lui parler, le moment le plus opportun de lui glisser quelques mots amicaux, la façon la plus adéquate de renouer ce lien qui lui pendait entre les doigts ; tout ça pour découvrir que ses fantaisies n'étaient que des mensonges ? Le nœud dans son estomac se resserra, poussant ses doigts à raffermir leur prise crispée sur la torsade argentée trouvée un peu plus tôt. Ce n'était pas qui elle était, ce devait être une plaisanterie qui lui échappait… Cette petite voix perfide qui s'assurait de ne jamais lui laisser de répit susurra à son oreille une mélodie qu'elle seule pouvait percevoir. Comment pouvait-elle être sûre de ce qu'elle était et de ce qu'elle n'était pas ? La Selene qui errait dans Poudlard n'était rien d'autre qu'une coquille vide soumise aux bons souvenirs de ses camarades ; ils étaient les seuls à savoir.

« Mais dis-moi, ce serait pas mon bracelet que t’as là… ? Alors quoi, tu me voles en plus, maintenant ? » Le rose sur ses joues se transforma en un rouge écarlate tandis que sa poitrine se révoltait contre ces appellations. Harceleuse, voleuse, quelle piètre image avait-il de cette inconnue qui le tenait en si haute estime ? Selene pensait qu'en suivant le fil, elle serait tombée sur une main tendue, similaire à celle qui l'avait déjà sauvée par le passé, mais elle n'en était plus certaine. Un courant invisible glissa sur les traits princiers de l'adolescent, déroulant un sourire railleur qui frappa Selene avec la violence d'une vague poussée par un océan joueur. Il se moquait d'elle ? Son menton se leva dans une pointe de défi soulignée par un regard froncé d'être ainsi tourmenté. August, à la morgue sereine ; Selene, déstabilisée par cet aplomb souverain ; le combat était parfaitement déséquilibré. Elle se sentait sur le point de perdre pied mais l'air qui emplit ses poumons après avoir brièvement retenu sa respiration la rassura : elle ne s'était pas encore noyée. Elle ne s'en sentait pas moins ridicule, petite poupée désarticulée entre des mains trop habiles pour qu'elle puisse leur résister. « Désolée, je te dérange pas plus. Bonne journée. » La fuite n'était pas la solution mais que pouvait-elle faire de plus que mettre les voiles pour s'éloigner du danger ? Il la troublait et ça l'affolait. August n'avait rien de la rassurante spontanéité de Dash, rien des élans curieux de Silas, rien de la compréhension qui brillait dans cet étrange reflet aux cheveux blonds et aux yeux bleus qu'était Daisy, rien non plus des émotions débordantes de Jin qu'elle pouvait presque toucher du doigt, rien des prunelles noires de colères et de dédain de son père. Il siégeait, inaccessible et incompréhensible, ni doux ni brutal, dans un entre deux narquois que Selene découvrait pour la première fois.

Elle n'avait pas fait huit pas qu'elle s'arrêta net. Telle une ancre l'empêchant de dériver plus loin, le bracelet d'argent la coupa dans son élan. Si elle ne voulait pas qu'il continue de lui prêter les traits d'une voleuse, peut-être que lui rendre son bijou avant de s'enfuir pouvait s'avérer utile. Selene fit donc volte face, ses prunelles accrochant presque immédiatement celle de son camarade dont le sourire goguenard semblait savoir qu'elle n'allait pas aller très loin, déposant un nouvel affront rougeoyant sur ses joues déjà bien malmenées. « Je ne suis pas une voleuse, il était par terre. Je crois qu'il est cassé, » clarifia-t-elle, son intonation accompagnée d'une moue plissée, indignée qu'il puisse sérieusement penser cela d'elle, encore plus à l'idée qu'il était juste en train de la mener en bateau. Aussi immobile qu'une statue grecque, le héros présomptueux n'esquissa pas le moindre geste pour reprendre ce qui lui appartenait, aussi Selene finit-elle par laisser retomber son bras le long de son corps. C'était dur, de lui parler alors que ses prunelles mi-sérieuses mi-moqueuses ne lui laissaient pas une seconde de répit, mais elle s'était promis d'essayer, de ne pas laisser les fils abandonnés par l'ancienne Selene l'entraver. « C'est vrai que je t'ai harcelé ou… ou tu te fiches de moi ? » demanda-t-elle avec un air de défi bien peu convainquant qui faisait luire ses pupilles d'une émotion nouvelle. Elle ne portait pas le pull magiquement modifié par Silas dont les lettres traçaient une vérité sans qu'elle n'ait besoin de la déclamer, non, elle n'avait qu'un haut crème sur lequel, ironie du sort, deux mains tendues ne se touchaient jamais. « Je ne m'en souviens pas, si c'est le cas. » Peut-être en avait-il entendu parler, cette histoire d'amnésie qui s'était répandue ici et là dans Poudlard, occupant les rumeurs pendant quelques jours avant qu'une affaire plus adolescente ne la remplace.

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Message(#) Sujet: Re: fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST) fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST) EmptySam 30 Sep - 16:39


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Un corbeau piailla, une branche s’agita. L’automne tout entier déployait ses ailes sur le château, couvert de cette grisaille qui n’appartenait qu’aux lundis matins. Miraculeusement, lueur d’espoir parmi la déprime du paysage, un petit rayon de soleil perçait la brume, réchauffant la nuque du Gryffondor, illuminant la chevelure de la Serdaigle. Elle avait quelque chose de ces créatures mystiques décrites dans les épopées, ça, il pouvait bien le concéder à Kenneth. Ses longues mèches dorées, ses grands yeux pâles. Elle aurait tout aussi bien pu venir des tréfonds des océans, invisible et secrète, pour guetter de loin les marins qui s’aventuraient autour d’elle. Mais la sirène ne savait pas nager, aussi avait-il dû sauter de sa barque pour l’empêcher de sombrer parmi les abysses - c’était pourtant ce même reflet obscur qui ondulait sur son visage levé vers le sien. Elle semblait interdite, quelque part entre la surface où il l’avait rencontrée et des profondeurs atones qu’il ne s’expliquait pas. ”Je…” Il l’avait connue plus éloquente, sur ces morceaux de papier glacé qu’elle lui avait adressés chaque mois, réminiscence d’un sauvetage qu’elle semblait désespérer de lui rendre. Son sourire s’élargit jusqu’à ses canines. Il ne la mordrait pas, mais elle semblait croire le contraire, écarlate de malaise. Elle était plus jolie quand elle était blanche, mais le rouge rappelait ces émotions indéfinies qui luisaient dans ses prunelles, récifs coralliens d’un trouble où elle s’était échouée. Il l’y avait poussée dans l’attente de la voir s’en extirper, parce que c’était elle, qui était venu le chercher, et qu’il était plaisant de lui montrer qu’il n’était pas le rivage sécurisant qu’elle avait envisagé quand il l’avait repêchée du lac. Il était au contraire ces remous qui avaient failli l’emporter, joueurs et inoffensifs pour qui savait se laisser porter, sauvages et menaçants pour qui, au contraire, tentait d’y résister. “Désolée, je te dérange pas plus. Bonne journée.” Et la jeune fille tourna les talons pour s’éloigner plus loin dans le péristyle, dont chaque pas résonna parmi les voûtes de pierre. August étouffa un rire pour ainsi lui laisser le luxe du silence où claquaient ses talons, qu’elle puisse y entendre le regret qu’il devinait déjà glisser le long de son échine. Toc. Elle ne pouvait pas partir comme ça, parce qu’il n’y avait que les immatures pour jouer aux indignées et que ce qu’il avait deviné sur ses traits était bien plus latent. Toc, toc. Elle se retournerait, appelée par le regard qu’il avait planté sur ses épaules, à l’affût de sa faiblesse comme un prédateur savait sa proie blessée. Toc, toc, toc. Elle avait sauté dans un lac par seule fierté en risquant de s’y noyer, s’en irait-elle vraiment sans venir récupérer cet égo meurtri sur le pas de ses répliques ? Toc. Il n’y en eut pas un de plus, la jeune fille s’arrêtant net dans son avancée.

Un sourire de satisfaction sur ses lèvres tirées d’arrogance, August se félicitait de sa victoire alors qu’elle se retournait à nouveau pour lui faire face. Sans doute voulut-elle le toiser pour se donner un air en retour, mais il pencha aussitôt le visage de défiance, comme un félin désinvolte face au ridicule du jeu proposé. Elle se trempa un peu plus du cramoisi qui avait déjà tacheté ses joues. “Je ne suis pas une voleuse, il était par terre. Je crois qu'il est cassé.” August hocha lentement la tête, faisant mine d’être intéressé par sa défense. “Mhmh” acquiesça-t-il ainsi avec désinvolture, “et donc, tu comptes me le rendre ?” Elle avait le bras tendu, mais il n’avait pas la moindre intention d’avancer vers elle - parce que c’était à elle de revenir vers lui, en gentille subordonnée de sa moquerie. Elle finit ainsi par abaisser le coude, réalisant que de toute évidence, il ne lui céderait pas, et un nouveau rictus railleur releva le coin de ses propres lèvres. Elle comprenait vite, c’était bien, elle ne lui ferait pas perdre trop de temps - quoique, avait-il envie de presser la fin de cette curieuse rencontre ? Il s’amusait bien, peut-être même qu’ils s’amusaient bien. La noyée semblait finalement prendre goût au sel de ces vagues où il l’entraînait. Les tourbillons étaient plus excitants que le quotidien insipide qui devait l’attendre au-delà de cette cour où ils se jaugeaient à quelques malencontreux pas d’écart. Aussi se conforta-t-il dans sa posture à la voir relever le menton, cherchant tant bien que mal à arborer un air présomptueux au lieu de se rendre docile et sage comme lorsqu’il l’avait attrapée pour la ramener vers la rive. Elle aimait ça, autant que lui aimait sa stupide obstination à prétendre qu’elle n’avait pas déjà perdu : tant qu’elle luttait, il pouvait se divertir, et il avait donc tout le temps de jouer avec cette demoiselle du bout de ses griffes. Oh, qu’elle se rassure, il n’avait pas l’intention d’égratigner son joli minois. Seulement de la stimuler encore un peu, avant qu’elle ne se laisse finalement porter par le flot de ses yeux qui l’agitaient toujours un peu plus à mesure qu’elle s’y plongeait. “C'est vrai que je t'ai harcelé ou… ou tu te fiches de moi ?” reprit-elle alors en expression de son trouble. Ses fossettes se creusèrent en guise de seule réponse, car elle ne lui en laissa pas le temps, ajoutant aussitôt : “Je ne m'en souviens pas, si c'est le cas.” Naturellement ; comment se souvenir d’une allégation qu’il avait montée de toutes pièces ? Ne voyait-elle pas tout le sarcasme de ses répliques, était-elle donc plus naïve encore qu’il ne l’aurait cru ? Il avait bien envie de l’embêter, mais une telle candeur finirait par le lasser - c’était comme le sucre : écoeurant. “Quoi ? Tu t’en souviens pas?” répéta-t-il en feignant l’indignation. “Mais comment oublier toutes ces heures perdues à m’envoyer des cartes ? A moins que t’en écrives à tous les garçons que tu trouves charmant…” Et il mima la tristesse, une moue chagrinée pinçant son visage.  “Quel dommage. Moi qui pensais être ton préféré.” Allons, il était évident qu’il se moquait allègrement d’elle à présent, d’autant qu’il n’essayait même plus de s’en cacher, laissant courir un ricanement qui s’embrasa des flammes du briquet qu’il réactionna.

Mais elle ne riait toujours pas, le visage trempé de cette part d’ombre qu’il s’expliquait de moins en moins à mesure qu’il brillait d’ironie, que le soleil montait dans son dos. C’est vrai, toute sa crinière de sirène irradiait à présent, splendide créature montée à la surface pour lui rendre le bijou perdu en mer ; mais elle conservait un visage fermé, à peine rougi d’un embarras plus éloquent que ses lèvres closes. Pourquoi demeurait-elle aussi sérieuse ? Ses lettres s’étaient avérées plus enthousiastes que ce regard confus qui, à force d’immobilisme, commençait presque à le déconcerter lui-même. Il éteignit à nouveau le briquet avant de l’enfoncer dans sa poche. “Qu’est-ce qu’il y a, princesse en détresse ? T’as aussi oublié qui j’étais ?” reprit-il alors en se défaisant de sa mine goguenarde. Parce que ce n’était plus une énième plaisanterie ; c’était de l’agacement. Tous ces remerciements chaleureux dont elle l’avait affublé deux ans plus tôt en quittant de l’infirmerie, toute cette attention qu’elle lui avait portée cette année où il avait disparu, tous ces regards qu’il avait sentis peser sur ses épaules en sortant de Raywood ; cette précipitation à le rejoindre en s’immisçant dans son champ de vision par cette belle matinée, cette manière de s’en aller pour mieux revenir, tout ça pour qu’elle continue de se montrer aussi ingénue ? Elle pouvait jouer aux prudes si ça lui chantait, mais ce rôle de vierge effarouchée n’allait pas à la Selene qu’elle avait laissée transparaître, et encore moins à celle qu’il espérait titiller. Il était là pour rire du petit oiseau coincé entre ses pattes, pas pour s’amuser avec une victime déjà éteinte. Et c’était pourtant une lueur semblable qui voilait ses prunelles qu’il contemplait désormais comme si c’était la première fois qu’il sondait véritablement son regard. Je ne m’en souviens pas. Et alors qu’elle avait parlé clairement, utilisant ces exacts mots, le sens de sa phrase ne lui parut limpide qu’à cette confrontation embuée. Il lui sembla que le rayon de soleil qui avait percé la brume disparut soudain au profit d’un brouillard plus froid, aussi épais que celui qui enveloppait la jeune fille à quelques mètres de lui. “T’as vraiment tout oublié, c'est ça ?” devina-t-il alors en relevant le menton. Il se fichait bien des rumeurs qui rampaient entre les couloirs ; mais elles se faufilaient partout, s’immisçant jusqu’à ses propres oreilles entre deux messe-basses de cours. Selene, accident, amnésie. Il n’avait pas compris si elle était responsable d’un accident, s’il y avait eu un amnésique, si c’était même d’elle dont il s’agissait ni à quel degré. Mais ces trois mots venaient soudain de s’aligner dans l’ombre de son visage, versant que le soleil n’était visiblement pas capable d’atteindre pour l’isoler dans la glace qui couvrait ses yeux. Tout prenait soudain sens, tout en s’alourdissant pourtant du poids d’innombrables questions. Mais sûrement en avait-elle encore plus, passant du Styx où elle avait failli périr au Léthé qui n’avait recraché qu’un fantôme du passé.
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Message(#) Sujet: Re: fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST) fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST) EmptyDim 1 Oct - 19:02






(selene ☉ august )
fragile echoes in autumn breeze

Partir sans se retourner était le choix le plus sûr ; de fait le meilleur. Car Selene n'avait rien du courageux Orphée venu braver les Enfers impénétrables pour en tirer ses espoirs les plus fous ; August n'était pas Eurydice se voyant offrir une seconde chance pourvu que les rimes de son poète soient assez fortes. Se souviendrait-elle de ce mythe ancien qu'elle ne percevrait nulle concordance avec la réalité, n'était ce chemin qu'elle essayait d'emprunter avec la même peine que cette légende oubliée, le silence suspendu à ses pas, le regard de celui qu'elle ne sauverait d'aucunes limbes planté dans son âme. Nul héros, nul amour tragique, rien que des moqueries méconnues qui la poussaient dans une fuite en avant timide. Elle ne le tirerait d'aucune prison éternelle et croiser son regard ne le ferait pas disparaître à tout jamais ; se retourner ne causerait donc aucune perdition, sauf la sienne peut-être. Dans les brumes épaisses de l'automne qui les dissimulaient au reste du monde — et qui leur voilaient réciproquement ce monde en question — il était facile de se figurer un Styx austère et immobile dans l'attente de ce revers fatal. Parce qu'elle n'était nul Orphée et qu'il n'était pas Eurydice, l'inverse non plus ; parce qu'elle pouvait donc s'arrêter entre ces colonnes dont les ombres entrecoupaient brutalement les carreaux de marbre sur le sol ; parce qu'ils n'étaient pas grand-chose et trop à la fois ; parce qu'elle caressait encore ces reflets engageants que le petit A en bas du papier cartonné faisait miroiter ; parce qu'il était un lien paradoxal qu'elle craignait de lâcher ; toutes ces choses et bien d'autres encore qui la poussèrent à faire volte face et à perdre, aussi facilement que ça, aussi fatalement que que l'ancien héros grec avait laissé filer entre ses doigts son unique de chance de ramener sa bien-aimée. Contrairement au récit épique, la silhouette d'August ne se volatilisa pas au moment où les prunelles claires de Selene se posèrent sur ses traits railleurs, ni quand elle revint sur quelques-uns de ses pas pour se rapprocher de lui. Elle ne le comprenait vraiment pas, pas plus qu'elle ne discernait les récifs dangereux qui sommeillaient bien au fond des yeux bleus lénifiants de son camarade. Il n'était pourtant pas un lac tranquille dans lequel on sombrait sans s'en rendre compte, presque sans troubler la surface, dans une chute lente et silencieuse ; non, il était un océan dormant dont les vagues glacées jouaient avec les pieds nus pour mieux les entraîner loin du rivage, les faire danser dans l'écume de ses étreintes et les attirer dans ses profondeurs, le tout avec une violence inouïe que l'on avait tout le temps de goûter. Étrangère à ces contrées nouvelles qu'elle appréhendait mal, Selene n'était qu'une silhouette indistincte qui, apercevant un éclat brillant, s'était penchée pour le ramasser, sans remarquer, juste sous la surface, les doigts acérés qui n'attendaient que ça pour l'entraîner dans des abysses inconnues. Peut-être les verrait-elle plus tard, peut-être pas. Pour l'heure, jaugée par toute la morgue du garçon dont la nonchalance n'avait pas frémi — alors qu'elle-même frémissait toute entière de ce qu'il lui infligeait — elle se justifia sur la présence du petit bracelet entre ses doigts. Le bras tendu, elle était prête à rendre à August ce qui appartenait à August, mais l'empereur sur son trône de pierre n'amorça pas  le moindre geste pour lui faciliter cette épreuve. Au contraire, il semblait se renfoncer dans le confort de sa position, un sourire fauve sur ses lèvres désinvoltes. « Mhmh. Et donc, tu comptes me le rendre ?  » Jusqu'au bout, il se jouait d'elle. Le bleu tendre de ses yeux se fronça légèrement. Cette spéculation commençait à se muer en certitude et d'autres s'effondrèrent sous le poids de celle-ci. Entre les hauts murs de Poudlard, elle avait commencé à se rendre compte d'un décalage dérangeant entre les sentiments les plus intimes couchés sur le papier par celle qu'elle avait été et ce qu'elle découvrait jour après jour. Personne n'était tout à fait le même, tout paraissait différent, à se demander si la Selene d'avant était vraiment passée par ici ou si elle avait tout inventé. « Ça dépend. Tu veux le reprendre ? » répliqua-t-elle avec un élan d'effronterie insoupçonnée. Lancée dans un jeu dont on ne lui avait pas expliqué les règles, elle était assurée de perdre mais se débattait quand même.

Essayant de ne pas perdre pied dans cet océan d'inconnues, Selene chercha à démêler le vrai du faux, à savoir où commençaient les railleries, où s'arrêtait la sincérité, dans quel entre deux elle était piégée. Elle n'était pas capable d'imaginer le pire et de partir du principe que rien n'était vrai, que tout n'était que fabulations d'un esprit moins candide que le sien. Son sourire lui allait bien, il ne dégageait pourtant rien de rassurant ; ses fossettes étaient des leurres qu'il fallait être bien habile pour discerner. « Quoi ? Tu t’en souviens pas ? » Sans se méfier un seul instant de ce que cachaient ses pupilles écarquillées et cette indignation exagérée, Selene secoua la tête en réponse à sa question. Une seconde trop tôt, juste avant que le verbe pointu d'August ne réponde à son interrogation à elle, coupant net son élan. « Mais comment oublier toutes ces heures perdues à m’envoyer des cartes ? » Le résultat était clair, il se fichait bel et bien d'elle, petite poupée désarticulée qui s'était perdue bien plus profondément dans ce labyrinthe décadent qu'elle ne le savait. « À moins que t’en écrives à tous les garçons que tu trouves charmant… » « Je ne t'écrivais pas parce que t'étais charmant ! » se défendit-elle instinctivement — quand bien même son instinct lui jouait décidément des drôles de tours, car n'était-il pas le responsable de cette conversation aux allures de confrontation ? — l'estomac brûlant de ces aveux qu'il lui arrachait sans en vérifier l'authenticité, les joues brûlées par l'amusement narquois qui trouait les pommettes de son vis-à-vis, les yeux brillants du reflet agité de la flamme que son briquet venait de faire naître. Petite flamme qui dansait gaiement au bout de ses doigts, tel un présage de mauvais augure susurrant qu'il pouvait la brûler toute entière si l'envie lui prenait, aussi facilement qu'un clac composé par ses doigts. « Quel dommage. Moi qui pensais être ton préféré. » Son ricanement trancha dans le vif la tension qui s'était emparée de ses épaules, ses joues pâlissant sous le constat que son sérieux à elle n'était pas de taille face à son amusement à lui. De fait, tout ce qu'elle pouvait lui dire ne servirait à rien. Quelque part, entre les pages cornées d'un grimoire de botanique, les lianes d'une plante complexe dessinaient un destin funeste pour ceux qui n'étaient pas capable de la reconnaître, s'entortillant autour de leurs victimes et l'enserrant de plus en plus à mesure que celles-ci se débattaient. La seule manière de sortir vivant d'une telle étreinte était de se détendre et de cesser de lutter ; alors la plante perdait tout intérêt pour sa proie et la libérait. La frontière entre conscience et inconscience était trop bien gardée pour qu'une pensée clandestine comme celle-ci puisse s'y faufiler mais, à son insu, August lui faisait penser à cette plante dangereuse. « Et si c'était le cas ? » Les battements de son cœur s'emballèrent face à l'imprudence de cette réplique. Selene discernait désormais le sarcasme dans les sourires de son camarade sans en saisir pour autant toutes les subtilités. Dans ce péristyle grignoté par le brouillard, elle goûtait une saveur nouvelle qu'elle n'était pas certaine d'apprécier mais, comme toute nouveauté, il lui était impossible de trancher si aisément. Elle pouvait bien se gorger de toute la fausse assurance à sa portée, elle n'était pas moins une âme errante qui s'accrochait de toute ses forces aux rebords de sa frêle embarcation, contemplant les eaux qui l'avaient dévorées comme si, cette fois, elles pourraient la sauver. Or, ils n'étaient que deux inconnus dont les fils de vie s'étaient brièvement entremêlés sous la houle de clapotis funestes qui les avaient poussés dans les bras l'un de l'autre, lors d'un sauvetage qui n'avait rien de romantique, rien de rédempteur non plus.

Suspendus aux rayons de soleil, les confettis de brume conféraient une teinte mystique à ce tête-à-tête irréel. Ils flottaient avec légèreté, gagnant en intensité à mesure que l'astre diurne poursuivait sa conquête de la galerie dans une bataille contre les ombres qu'il était en train de remporter. Il n'en restait plus que sur le visage de Selene qui retenaient son sourire de fleurir. Elles avaient l'avantage sur ce terrain fragile et ne comptaient pas laisser passer leur chance, étendant leur emprise jusque dans ses orbes pâles, éteignant tout sur leur passage. C'était une chose que de dévoiler son amnésie à des visages inquiets ou surpris ; c'en était une autre de la nommer en plein milieu d'une tempête qui avalait ses cris. En fin de compte, est-ce qu'il ne valait pas mieux renoncer à ce fil tissé par ses espoirs et ramasser les quelques miettes restantes de son ego éreinté ? Ce n'était pas une question de fierté, elle n'en était pas encore là, c'était plus pragmatique que ça. Son âme avait beau avoir quinze ans, son je n'était vieux que de quelques semaines et il se laissait si facilement influencer qu'elle devait fournir des efforts constants pour qu'il ne se morcèle en plein de petits bouts qui ne seraient plus tout à fait les siens. Il n'était pas encore trop tard, elle pouvait laisser une seconde chance à sa fuite avortée et s'échapper de cette atmosphère particulière qui annonçait un orage unique, elle pouvait... « Qu’est-ce qu’il y a, princesse en détresse ? T’as aussi oublié qui j’étais ? » Selene n'était pas une princesse, c'était Daisy qui en était une, Daisy et ses beaux cheveux blonds qui brillaient au soleil, Daisy et ses grands yeux bleus qui faisaient rêver ceux qui les croisaient, Daisy et son aura naturelle qui enchantait tout un chacun, alors qu'elle, elle était plutôt un fantôme du passé qui cherchait son présent, une ombre qui se fondait parmi toutes les autres, un personnage secondaire oublié. Selene chercha une trace de moquerie sur le visage d'August mais ses fossettes avaient disparues. Était-il troublé par cette soudaine compréhension ou était-ce son souhait à elle ? « Pas que. » Elle éprouva de la difficulté à articuler ces deux petits mots maintenant que les flammes n'étaient plus et que leur morsure ne l'échauffait plus. Oui et non aurait aussi été une réponse juste. Non et oui. Si elle ne se souvenait de rien le concernant, ses espoirs avaient tissé des images sans aucune ancre, prêtes à s'envoler au moindre coup de vent trop violent. Il y avait cette réalité oubliée, fragments fragiles hors de sa portée, et il y avait ses envies, ses attentes, ses rêves informulés qui lui faisaient espérer des choses insensées. « T’as vraiment tout oublié, c'est ça ? » Les particules aériennes retombèrent à ces mots, le soleil cédant finalement la place aux ténèbres et à la grisaille de cette matinée. C'était comme ça qu'elle risquait de se noyer, encore une fois, les yeux fermés et le pas volontaire. Parce qu'une fois toute la moquerie effacée de son visage, son instinct ne se méfiait plus de rien. August se rapprochait dès lors du garçon qu'elle avait imaginé et le lien entre ses doigts devenait impossible à abandonner. « Oui. Un accident idiot. Il y avait… » personne pour me sauver, s'apprêtait-elle à dire, mais elle retint cette dure vérité du bout des lèvres. C'était un accident stupide qui avait avalé toute sa mémoire, aussi facilement qu'August faisait apparaître et disparaître des flammes grâce à son briquet. Aussi facilement que ça. « Il y a pas grand-chose à faire à part attendre que ça revienne ou s'adapter si ça ne revient jamais. » se reprit-elle, repoussant tant bien que mal l'étreinte glaciale des eaux dont elle ne se remémorait rien d'autre que cette sensation saisissante. C'était ironique : il l'avait sauvée une fois et il se heurtait maintenant à un fantôme que la fatalité avait poussé dans un autre lac, loin de celui où ils s'étaient trouvés et pourtant si similaire. Était-ce le destin ou bien quelque funeste jeu, l'un dans l'autre c'était bien mesquin.

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Message(#) Sujet: Re: fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST) fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST) EmptyDim 3 Déc - 4:37


fragile echoes in autmun breeze
Kenny était un con, un lâche, un salaud, mais dans le fond, il n’était pas complètement stupide, ou dépourvu de bon sens. Selene était effectivement jolie. Petite sirène aux longs cheveux d’or, dont les grands yeux miroitaient l’océan auquel elle appartenait. C’était une créature marine, de ces chimères qui n’apparaissaient que dans les recoins isolés pour emplir les voûtes de pierre d’une voix fragile, hésitante, et irrépressiblement intrigante. Elle semblait pure, délicate, sûrement était-elle naïve et il aurait été absolument honteux de sa part de se jouer d’une telle candeur - mais cette lueur dans ses prunelles était bien plus plaisante que la grisaille dans son dos, dans son crâne. Les yeux clairs du jeune homme dévièrent un instant sur le cou de la demoiselle. Il se demanda le goût de sa peau. Était-elle salée, cristaux des fonds marins où il l’avait repêchée ? “Ça dépend. Tu veux le reprendre ?” L’effronterie claqua entre eux, ramenant le regard du Gryffondor à celui de sa proie. Enfin, elle se défendait sous sa prise, lui arrachant un sourire de satisfaction qu’elle ne devait pas comprendre, car enfin, comment se satisfaire de son refus d’obtempérer quand ils auraient pu en finir bien plus vite ? Mais tout faisait pourtant sens, insidieusement, alors qu’ils bravaient le silence et l’ignorance de ces dernières semaines de cet échange animal, souris contre chat, bestial, sirène contre marin. “Pas forcément” répliqua-t-il alors, le visage penché d’indolence. “Je préfère plutôt que tu le gardes, même, que t’aies un petit souvenir de moi. Ça te ferait pas plaisir ?” reprit-il dans un rictus ambigu, entre sarcasme et invitation, jouissant de la lueur d’incompréhension qui s’alluma dans le regard plongé dans le sien. Parce qu’il n’était pas comme tous les autres marins, à voguer inconsciemment sur les flots ; il était déjà mort dans une tempête, il flottait parmi ses condisciples, éthéré, au-dessus de toutes leurs futilités. Il était transcendant, ressuscité, divin ; il était ce dieu intouchable qui se demandait encore la saveur de l’épiderme nacré de sa créature.

Avec brio, il poursuivit ses répliques sans tressaillir de la pudeur de la Serdaigle. Il y en avait des tas, des vierges effarouchées dans cette école, à commencer par cette débile de Violet ; mais Selene n’en était pas, ne pouvait pas en être une. Elle avait mis trop de cœur à lui rédiger toute cette année, tout comme elle mettait encore bien de la fougue à se défendre de ses insinuations, les joues rosies, la langue sèche. “Je ne t'écrivais pas parce que t'étais charmant !” rectifia-t-elle aussitôt. Non, une vierge effarouchée serait déjà partie sans s’évertuer à prouver qu’elle était chaste. C’était comme si cette gamine devait justifier ce qui n’avait pourtant aucune cause, aucune raison ; ne voyait-elle pas qu’il n’y avait de toute évidence pas de sens à ce jeu, qu’elle n’était là que pour le divertir ? C’en était presque attendrissant d’ingénuité. “Et si c'était le cas ?” fit-elle finalement pour se donner un semblant de contenance. August, qui n’avait pas bougé depuis ses répliques précédentes dans toute la nonchalance de sa posture, se redressa lentement pour finalement pencher le visage de l’autre côté. “Je croyais que j’étais pas charmant” rappela-t-il tranquillement en découvrant ses canines. “Mets-toi d’accord avec toi-même, on verra ensuite ce qu’il se passe si c’était le cas. Il appuya son insolence d’un clin d'œil avant de lâcher un ricanement, bras croisés sur son torse. C’était presque trop facile, et d’un autre côté, pouvait-il s’en plaindre ? Il s’était attendu à un début difficile, à une rentrée épuisante, à une année insoutenable. Et en fin de compte, le temps s’égouttait comme une petite rivière qui glissait d’un rocher à un autre, bruit clair au milieu d’une forêt où on lui laissait le même chemin balisé. Il avait la même voie, les mêmes proches, on lui offrait exactement ce qu’il avait toujours connu, comme s’il n’avait jamais quitté ce domaine et cette jeune fille devant lui ne valait pas mieux qu’une nymphe ; dans le décor, là où il le fallait, comme il le voulait. C’en aurait été risible s’il n’en tirait pas dans le fond une sincère félicité. Oui, il aurait pu râler de cette facilité, lui qui s’était préparé au pire, parce qu’il détestait la simplicité et qu’il s’estimait capable de ce pire. Mais après le chaos de son année passée, le répit était le bienvenu. Cette fille était la bienvenue.

Le soleil perça le brouillard pour irradier leur couloir. La conversation, à son contraire, s’éteignit d’une ombre qui tira ses commissures vers le bas. Il s’en dégageait une gravité inexplicable, onde imperceptible qui venait de fissurer le fragile minois devant le sien. Et puisqu’il nourrissait cette même obscurité en lui, August se sentit soudain moins auguste. Ce n’était peut-être pas qu’une simple créature docile, mais une paire, assombrie par le sang coagulant d’une destinée déchiquetée. Il y avait eu des rumeurs, mais il ne s’en était pas officialisé, bien peu soucieux des messes-basses lui qui ne croyait en aucun dieu et encore moins en aucun adolescent de ce maudit château. Il fallait croire qu’il aurait peut-être dû, à présent que la cible de ces dires se présentait effectivement peinte du rouge de l’embarras, du blanc de la terreur. “Oui. Un accident idiot. Il y avait…” Rien, il n’y avait rien puisque ses lèvres scellèrent des mots jamais avoués. August se surprit à les attendre, la bouche entrouverte pour mieux les avaler, et il se ressaisit en se redressant un peu, réalisant de fait qu’il ne pouvait être sensible au chant de la sirène lui qui avait connu les mêmes abysses. “Il y a pas grand-chose à faire à part attendre que ça revienne ou s'adapter si ça ne revient jamais.” Fataliste et pourtant réaliste, terriblement proche de ce qu’il savait déjà, de ce qu’il avait vécu. Ses propres lèvres s’entrouvrirent à nouveau, prêtes cette fois-ci à expier sa propre expérience pour qu’elle frappe à son tour son interlocutrice, qu’elle vibre le long de son échine comme il venait de relever la tête - mais il n’avait pas envie de se reconnaître en elle, fragile petit créature blessée, et il avait encore moins envie d’admettre ce qu’il s’obstinait à retenir depuis des mois. Il n’était pas aussi chétif, vulnérable. N’en déplaise à sa canne qui attendait sagement à ses côtés, n’en déplaise à ses pensées qui commençaient soudain à fourmiller. “Aussi idiot que de plonger dans le lac quand tu sais pas nager ?” s’enquit-il alors, choisissant l’attaque en guise de défense. “Parce que c’est que t’as fait, y a deux ans. C’est comme ça que tu m’as connu” ajouta-t-il aussitôt d’un ton bien moins moqueur. Si elle avait effectivement tout oublié, elle ne devait même pas se souvenir de leur rencontre, c’était même à se demander comment elle avait pu retenir son prénom et encaisser cette conversation sans sourciller. Mais il avait d’autres questions d’abord, et il reposa ses mains sur la rambarde de pierre où il se retenait comme pour mieux s’accrocher. Le terrain où il s’aventurait était glissant, non pas parce qu’il s’agissait d’un sujet sensible qui aurait pu toucher la jeune femme (il se moquait pas mal d’heurter sa sensibilité car enfin, ils ne se devaient rien), mais parce qu’il avait conscience d’en cacher les mêmes reliefs derrière toute sa superbe. “Et t’aimerais que ça revienne ?” reprit-il après un instant en relevant ses yeux. Peut-être n’en voulait-elle pas de ses souvenirs, de ce passé de toute évidence inaccessible… Hier était un fruit pourri. L’espoir sucré qui devenait acerbe à la moindre morsure, parce qu’il ne serait jamais aussi juteux, aussi brillant. Ses lèvres se pincèrent malgré lui. L’amertume était contagieuse.
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Message(#) Sujet: Re: fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST) fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST) EmptyDim 10 Déc - 20:06






(selene ☉ august )
fragile echoes in autumn breeze

Un sourire louvoya sur ses lèvres ombragées et le pauvre palpitant malmené de la sirène échouée cogna à en perdre la voix. August n'était ni Eurydice, ni aucune âme en peine à sauver des abysses infernales ; il était Hadès en personne, maître par delà le Styx, silhouette régalienne surplombant les morts qui contemple avec indolence les vivants. Il ne craignait rien ni personne, lui qui était la fin de toute chose, lui qui savait tout posséder, lui à qui tout revenait, tôt ou tard. Un enfant capricieux qui transformait les non en fatalité, lui dont les rictus esquissaient des calamités. Une flamme affolée réchauffa un instinct primaire qui n'avait pas eu à survivre depuis trop longtemps, un sens éphémère que ses prunelles orgueilleuses soufflèrent sans peine ; le jeu ne faisait que commencer et la petite poupée continuerait de danser entre ses griffes acérées jusqu'à ce qu'il se lasse. « Pas forcément. Je préfère plutôt que tu le gardes, même, que t’aies un petit souvenir de moi. Ça te ferait pas plaisir ? » L'incompréhension étincela dans ses yeux clairs. Il l'accusait de vol et de harcèlement puis lui offrait ce bracelet en argent ; comment pouvait-elle s'y retrouver, dans ce labyrinthe savamment élaboré ? Du bout des doigts, elle caressa distraitement les brins entremêlés du bijou. Un murmure imperceptible souhaitait la convaincre de lui rendre et d'ainsi s'en débarrasser, mais le bruit des vagues glacées étouffait tout le reste, ne laissant que cette douce mélodie trompeuse capable de perdre même une sirène. « Pas si c'est pour mieux me traiter de voleuse. » Pourtant, sa main était retombée le long de son corps, et l'éclat argenté qui sommeillait entre ses doigts tissa un fil moiré entre les deux silhouettes séparées par quelques pas. Selene pouvait bien se débattre, elle avait déjà perdu ; elle n'avait jamais eu la moindre chance de gagner. Il savait évidemment ce qu'il faisait et en jouissait sans s'en cacher mais comment aurait-elle pu le savoir ? Il était ce A que ses espoirs avaient maintes et maintes fois caressé, une lettre lumineuse jetée dans l'obscurité de son été. Il était un habitué rusé de ces chemins de traverses là où elle n'était qu'une sirène échouée sur des rivages inconnus. Elle pouvait essayer, de toutes ses forces, mais il était un fantôme imperméable à son chant, aussi doux soit-il, un être dépourvu de pitié qui se délectait de son propre plaisir. « Je croyais que j’étais pas charmant. » Selene cilla et ses sourcils se froncèrent le temps d'une seconde échappée. Sa langue était douée pour déformer les propos étourdis de la sienne. « Mets-toi d’accord avec toi-même, on verra ensuite ce qu’il se passe si c’était le cas. » Ce n'était pas ce qu'elle voulait dire, il devait le savoir, pourquoi ce sourire sinon ? Elle ne lui écrivait pas parce qu'il possédait un charme certain, ce qui ne voulait pas dire qu'elle ne constatait pas ce dernier, rien de plus. Mais il lui arrachait sa propre voix pour la transmuer en semi-vérités qui l'entraînaient dans les profondeurs glacées de ces eaux traîtresses, la laissant sans défense, incapable de rétorquer et de lui faire entendre raison. Pire encore, il s'en délectait, forçant la naissance d'un rosissement impromptu sur des pommettes sensibles à ses clins d'œil. Elle s'était montrée imprudente et en payait un prix au goût salé ; mieux valait arrêter les frais et tourner les talons, sauver ce qu'il lui restait de dignité et ne pas se faire plus malmener. Pauvre petite âme dépourvue de cette sagesse qui s'élança maladroitement dans la toile tendue par des soins malintentionnés. « J'ai jamais dit ça. Je disais que ce n'était pas pour ça que je t'écrivais. Puis, tu peux parler, qui fait des cadeaux à une harceleuse et une voleuse ? » C'était une défense bien effrontée pour quelqu'un dont la mémoire en lambeaux la laissait à nue ; elle s'en rendit compte à mesure que les mots quittait ses lèvres et que quelque amusement moqueur dansait sur les traits définitivement pourvus de charme de son camarade. Il ne fallait surtout pas qu'elle poursuive ce sentier escarpé et qu'elle garde pour elle les et si dangereux qui fleurissaient sur le bas côté ; et si son cadeau lui faisait plaisir, et si elle le trouvait charmant, et s'il était son préféré, et si tout était perdu avant même d'avoir commencé ?

Un nuage passa, travestissant les ombres en lumières et l'inverse aussi. August se para d'un sérieux qui brisa les faibles résistances de Selene et celle-ci s'abandonna plus volontairement dans l'étreinte saline de l'océan tourmenté, accrochée comme si sa vie en dépendait à la chaleur du métal contre sa paume, tel un lien l'ancrant à un rivage fantasmé. Du bout des lèvres, elle conta sa dérive et perdition, incapable de mettre le doigt sur ce qui la poussait à se livrer comme ça. Derrière la douceur de ses douleurs, il y avait un espoir vain et inconséquent d'éveiller une tendresse quelconque, une chaleur dont elle manquait cruellement. Sotte espérance qui se brisa sur les récifs vicieux et bien cachés. « Aussi idiot que de plonger dans le lac quand tu sais pas nager ? » Un frisson désagréable lui griffa lentement le dos, remontant jusqu'à sa nuque, redressant son menton, crispant ses poings impuissants. Le contrecoup de ses mirages voila ses prunelles. « Parce que c’est que t’as fait, y a deux ans. C’est comme ça que tu m’as connu. » « Je sais », répliqua-t-elle d'une voix enrouée par l'amertume des souvenirs qui n'étaient pas vraiment les siens, pas non plus ceux d'une autre. « Tu veux toute l'ironie de la chose ? Oui, c'était aussi idiot, en fait c'était aussi un lac, aussi des garçons idiots, mais personne pour… me rattraper. » Ces derniers mots s'échouèrent quelque part entre cet élan mordant et la violente douleur qu'ils réveillaient dans sa poitrine. C'était comme se noyer encore une fois, sentir l'eau emplir ses poumons et l'air lui manquer, ne plus être capable de respirer et n'avoir d'autre choix que de se laisser couler, main tendue vers un ciel éclatant dévoré par ce trouble opaque qui se refermait sur sa fragile silhouette. « Pas la peine d'en rajouter », conclut-elle en vain, feignant le désintéressement alors que sa gorge enflait de cette tristesse qui finissait toujours par déborder. C'était hors de question, pas devant August, pas face à lui. « Et t’aimerais que ça revienne ? » Selene, sonnée, chercha le regard pénétrant de son camarade pour s'y raccrocher. La question était tombée, inattendue et violente. Comment faisait-il pour que chacun de ses mots touchent leur cible, sans jamais se rater et tomber à côté ? Ses yeux papillonnèrent, échappant pour une seconde au moins à l'intensité qui émanait de sa silhouette, se perdant dans les ombres qui cachaient ces filins qu'elle seule pouvait voir. Si elle tendait le bras, elle pouvait les effleurer, les raccrocher et se reconstituer prisonnière de tout ce qu'ils représentaient. La voix du psychologue qu'elle venait de quitter traversa le temps et les couloirs pour souffler à son oreille. J’aimerais que vous fassiez le point sur comment vous vous sentez. Avait-elle le droit de l'avouer à haute voix ? De l'avouer à lui en premier ? D'en faire une réalité qu'elle ne pourrait plus jamais ignorer ? Quelque chose dans les lèvres pincées d'August, dans son corps penché légèrement en avant, dans l'amertume avide de ses prunelles qui hurlait des choses insensées dans une langue étrangère, dans l'attention dont il la couvait toute entière, un rien du tout jeta ses doutes au feu, embrasant son être tout entier. « Non. » La douce sonorité claqua en elle et la fit chanceler. Elle ne voulait pas que ses souvenirs reviennent, elle ne voulait pas renouer avec la Selene du passé qui semblait si triste dans ses carnets, elle ne voulait jamais retrouver cette peine et devoir la faire sienne. Elle souhaitait avancer sur des chemins nouveaux, se débarrasser des fantômes accrochés à ses pas et danser aussi joyeusement qu'elle l'avait fait avec Silas. Danser à en avoir le vertige, à en perdre la tête, à ne plus se retrouver peut-être. « J'aime ça », avoua-t-elle d'une voix asséchée par cette constatation, si lointaine que ça ne semblait pas être la sienne. « C'est comme… une seconde chance. » Une chance à ne surtout pas gâcher, mais cette vérité était si nouvelle qu'elle n'en saisissait pas encore tous les tenants et aboutissants ; ni la beauté de cette vision, ni son égoïsme profond. Elle voulait profiter de sa résurrection, se détourner des Enfers qu'on lui promettait pour goûter tout ce qui lui avait été inaccessible jusque là. Si elle s'inquiétait de renouer avec les silhouettes de son passé, elle adorait cette sensation de compter pour elles, de sentir le vide se combler. « Et toi ? » Ses yeux clairs ne quittèrent pas les siens, abîmés dans cette curieuse proximité qui venait de s'établir par cette conversation déroulée à l'abri de ces colonnes, entre les jeux d'ombre et de lumière, là où personne ne pouvait ni les voir, ni les entendre, ni même les atteindre.

ft @August P. Rowle
(c) SIAL ; icons sial


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Message(#) Sujet: Re: fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST) fragile echoes in autumn breeze (SELENE ☉ AUGUST) EmptyDim 21 Jan - 10:02


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Salée. Il lui avait fallu quelques minutes, quelques œillades clandestines et pourtant bien visibles, mais il était désormais formel : sa peau devait être salée. Il s’imaginait effleurer cette nuque du bout de ses lèvres avant de remonter l’épiderme de nacre d’un coup de langue carnaire, et il se figurait en bouche les cristaux salins des mêmes embruns qui battaient dans ces yeux qui attendaient désespérément les siens. Prenant le temps de savourer les sensations fantômes du sel sur ses papilles, August n’interrompit le tourment de sa sirène qu’avec une poignée de secondes de paresse, ancrant à nouveau ses prunelles dans les siennes. Et elle s’amarra aussitôt à lui, relâchant son bras, inerte, sur le trésor qu’il lui avait si généreusement offert. Un sourire aussi fauve que ses pensées inconvenantes releva ses commissures. Elle était curieuse de lui, elle tenait à capter son regard, elle restait là, immobile, en dépit des courants agités dans lesquels il l’avait précipitée. La créature semblait déjà dépendre de son bon vouloir et c’était aussi grisant que le picotement imaginaire sur sa langue, parce que c’était intense, plus réel que tous les échanges ennuyeux qu’il avait dû tenir jusqu’à présent. Nager dans les remous des fantasmes valait bien mieux que flotter à la surface de la réalité. “Pas si c'est pour mieux me traiter de voleuse” répliqua-t-elle fièrement sans pour autant renvoyer le moindre orgueil, toute soumise à ses iris qu’elle était. Les fossettes du jeune homme se creusèrent davantage, amusé, presque attendri de la contenance qu’elle essayait en vain de refléter dans les reflets obscurs où elle baignait. “Tu préfères que je te traite de quoi ? De fille sage et docile ? Tu trouves pas que ce serait encore plus insultant ?” La rhétorique était comme écrite devant ses lèvres qui se contentaient ainsi de suivre ce fil rouge qui la reliait à elle. Allons, aucune fille n’aimait être considérée comme une poupée, prétendant toutes être actrices d’une vie qu’elles choisissaient ; sans même réaliser qu’elles suivaient inexorablement le chemin de la subordination en cherchant l’approbation de leurs propres marionnettistes… Mais qu’importe, ce n’était pas son problème, bien au contraire, c’était arrangeant qu’elle réponde ainsi aux fils qu’il se plaisait à tirer. Et de fait, August poursuivit de nouvelles répliques parfaitement tissées où sa proie était désormais captive, se débattant inutilement contre la toile où elle s’était elle-même jetée. “J'ai jamais dit ça. Je disais que ce n'était pas pour ça que je t'écrivais. Puis, tu peux parler, qui fait des cadeaux à une harceleuse et une voleuse ?” “Et alors, c’était pour quoi, que tu m’écrivais ?” rétorqua-t-il aussitôt, balayant de fait la seconde partie de sa réponse comme si son souffle n’était qu’un désagrément qu’il pouvait ignorer au gré de ses propres respirations. De toute manière, il lui avait déjà ce qu’il pensait, d’une certaine façon. Il préférait les harceleuses aux vierges effarouchées, et il s’avérait que Sirène avait un peu plus de piquant que ces vestales. Salée.

La lumière s’appesantit, l’automne sembla pour la première fois de l’année fléchir sous l’impulsion d’un hiver qui s’impatientait. Peut-être était-ce la teneur de la discussion qui abordait des abysses plus opaques que le rivage où ils voguaient jusqu’à présent, peut-être était-ce l’ombre de la mort qui s’immisçait dans cette rencontre pourtant bien vivante. Selene avait manqué de perdre la vie, et August la comprenait probablement mieux que quiconque parmi les âmes errantes de ce château ; parce qu’il avait survécu, lui aussi, ou bien au contraire était-il mort et se reconnaissait-il par conséquent dans cette résurrection. Ses traits se froncèrent, miroir de la crispation qui assombrit la blonde. “Je sais” signala-t-elle froidement à son rappel. Le changement de ton n’était qu’une matérialisation de la pesanteur qui s’était infiltrée entre les rayons, projetant parmi les arcades des nuances sinistres qu’il ne pouvait qu’accueillir avec tout le sérieux de qui les avait déjà entrevues. “Tu veux toute l'ironie de la chose ?” Le jeune homme arqua un sourcil malgré lui alors qu’elle poursuivait sans plus afficher de retenue : “Oui, c'était aussi idiot, en fait c'était aussi un lac, aussi des garçons idiots, mais personne pour… me rattraper.” La rattraper. Le terme aurait été intelligent s’il n’avait pas été aussi spontané. Ce n’était pas une simple rhétorique de sa part, c’était son vécu, rigide comme une lame, rouillé comme le fer qui s’était abattu sur le fil de sa vie. Elle avait manqué de se noyer la première fois, son destin s’était assuré qu’elle chavire la seconde. Selene devait devenir sirène, et lui n’avait fait que retarder cette sombre et pourtant fascinante métamorphose. “Effectivement, c’est…” Mais il n’y avait pas de mot ; ironique, idiot, elle les avait déjà tous cités et de toute façon, il n’avait pas envie de surenchérir, bien au fait de la douleur que pouvait causer une telle fortune. Il la ressentait, lui aussi. Il avait ces mêmes lèvres pincées quand il pensait à son accident, la même conscience que tout ça avait été bien stupide, qu’il avait été stupide et que la mort était toute aussi stupide, loin de la chevalerie comptée dans les récits qui glorifiaient les défunts. Mourir était stupide et cette fille, quoique foncièrement idiote d’avoir à nouveau risqué sa vie dans les flots, souffrait déjà suffisamment pour qu’il se permette d’appuyer sur cette blessure. Car lui n’était pas un crétin, n’en déplaise aux rumeurs lancées par ceux qui le jalousaient. Il valait mieux, infiniment mieux, héros des Enfers où il avait même un trône dans l’or funeste de ses ambitions. “Pas la peine d'en rajouter” reprit la demoiselle en enterrant ainsi son histoire. August acquiesça, cette fois-ci sans le moindre mot. Il n’y avait rien à dire et de toute évidence, leur regard était assez éloquent, brûlant de flammes qui semblèrent dissiper l’ombre environnante.

Éclairé par cette lueur, il lui demanda si elle espérait que ses souvenirs reviennent. La réponse tarda, mais il oublia l’impatience lorsque la sentence tomba comme du plomb. “Non.” Lourd, affirmé, irrévocable. Un refus catégorique presque inattendu dans la fragilité de son être. Il s’imaginait la créature plus éthérée, chimère des contes qu’on racontait aux enfants ; au lieu de quoi, cette sirène-là était plus tangible, empruntant l’auréole dorée du soleil pour couronner ses cheveux de blé. Un étrange sourire se dessina sur les lèvres du Gryffondor, quelque part entre de la surprise et du contentement. La proie avait du caractère, en faisant une cible bien plus intéressante que ce qu’il avait envisagé. Une fois la carcasse consommée, il aurait encore une âme avec laquelle se délecter. “J’aime ça” reprit-elle d’une voix étrangement détachée. “C'est comme… une seconde chance.” Et sa mâchoire se crispa pour retenir un ricanement acerbe qui se contenta de remonter en une exclamation rauque. Combien de fois avait-il entendu parler de seconde chance, ces derniers mois, et combien de fois avait-il argué qu’il aurait préféré ne pas en avoir si c’était pour récupérer une vie à moitié ? Tout l’intérêt de l’existence était son éphémérité, cette seule et unique chance de marquer l’histoire. Et il échappait aux règles pour devoir composer avec des restrictions, des chaînes sur sa cheville. Il n’avait pas voulu être l’exception imposée par les circonstances, il aurait préféré se démarquer de sa seule personne. Mais voilà que ce royaume de solitude accueillait une nouvelle résidente. Elle n’avait pas son fardeau physique, mais elle avait le poids de l’oubli ; et elle s’en accommodait fort bien, dans l’ivresse de reprendre une vie à zéro. Elle était innocente, il était aigri, elle était naïve, il était désabusé. Elle était touchante, il était insensible. Seconde implique qu’il n’y en aura pas de troisième. Fais attention, Selene” souffla-t-il. Ce n’était ni une menace, ni un conseil ; un simple constat du haut de sa tête de plus. “Et toi ?” eut-elle le culot de s’enquérir. Cette fois-ci, le garçon n’eut aucun égard et lâcha le rire jaune qui lui chatouillait le ventre. “Ça ne reviendra pas, alors je ne peux que m’adapter” observa-t-il en lui empruntant ses mots. Car il avait été question de ça, attendre que ça revienne, ou s’adapter le cas échéant ; et il était en plein cas échéant, conscient que ses espoirs de rémission étaient, selon la médecine moderne, inexistants. Heureusement que lui incarnerait la médecine contemporaine ; mais dans l’attente de sa réussite, il devait composer avec ce corps atrophié, s’adapter à cette seconde chance qui était déjà de trop. “Même si en toute honnêteté, je préfèrerais que le monde s’adapte à moi. Y en a marre de leur obéir, pas vrai ?” En vérité, il ignorait bien si la Serdaigle approuverait sa remarque. Elle avait certes le sel des embruns d’où elle venait, mais elle n’avait pas non plus les crocs qu’il exhibait sous son rictus prétentieux. Néanmoins, elle aurait été bien sotte de le contredire, son cadeau fermement serré dans ses petits poings… Et elle en avait justement assez d’être idiote, maintenant qu’elle avait survécu à sa stupidité. “Content de t’avoir parlé, Selene” lâcha-t-il abruptement sans attendre de réponse à sa question restée en suspens. De fait, il se redressa, attrapant au passage sa canne laissée de côté, pour écraser la distance qu’il restait entre eux, un, deux pas tout au plus. “On se reverra sûrement… Enfin, si tu te tiens à l’écart de tout point d’eau.” Il marqua sa plaisanterie, à peine chuchotée dans leur proximité, d’un clin d'œil insolent au vu du toupet de son humour, avant d’effleurer le pendentif qui dépassait des phalanges de la jeune fille du bout de son petit doigt. Tout à fait malencontreusement, sa caresse glissa sur sa peau, juste assez longtemps pour qu’elle la ressente, juste assez brièvement pour n’avoir l’air que d’une étourderie ; et il s’éloigna sans autre révérence, clopinant plus fièrement qu’il ne l’avait fait depuis le début de l’année. Sûrement parce que dans l’éclat de leur royaume des ombres, celui-là même qui n’appartenait qu’à eux, damnés du château, il avait bien plus d’assurance que dans la fange grisonnante des vivants.
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