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Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas
Silas Jørgensen

Silas Jørgensen



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Message(#) Sujet: Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas EmptySam 26 Aoû - 20:48

( whatever this world can give to me
it's you, you're all I see )
La rentrée était probablement l’événement que Silas avait le plus appréhendé cette année. En fait, il n’était même pas sûr de la voir arriver. Il ne savait pas trop comment, mais il s’était persuadé qu’il ne retournerait jamais en cours ; qu’il ne reprendrait jamais sa vie normale. Ça lui paraissait impossible, après l’année écoulée. C’était comme si un voile invisible le séparait du reste du monde. Il se sentait seul ; et même lorsqu’il était accompagné, il lui semblait voir les autres évoluer à travers une vitre embuée. Quelque chose, toujours, le séparait des autres. Il ne se sentait pas à sa place ; plus à sa place. Tout lui paraissait vide de sens. Seule sa sœur Nora demeurait une ancre rassurante dans cette mer de visages pourtant familiers, mais qui lui semblaient noyés dans les ténèbres des eaux agitées de la gare de King’s Cross. Nora qui le couvait d’un regard inquiet, sans prêter attention aux quelques paires d’élèves et de parents venus très tôt déposer la marmaille en partance pour Poudlard.

Sur le quai 9 ¾, l’agitation était palpable, bien qu’il n’y ait encore que peu de gens. Et ça allait très bien au jeune homme, qui se tenait debout près du seul membre de sa famille qui le soutenait encore. Son genou le lançait, mais il ne voulait pas risquer d’être encore plus reconnaissable en demandant à Bane – chat noir se frottant contre son mollet en l’observant de ses grands yeux inexpressifs – de se transformer en chaise pour soulager la pression exercée sur sa mauvaise jambe. L’adolescent n’avait vraiment, vraiment pas envie d’affronter les regards des élèves, de leur apprendre ce qu’il s’était passé, de leur expliquer pourquoi il n’avait donné aucune nouvelle, de remuer la lame dans la plaie encore purulente dont il peinait à contenir l’infection. Tout ce dont il avait envie, c’était de se réfugier dans le compartiment le plus éloigné du Poudlard Express et qu’on lui foute la paix.

— Ça va aller ? s’enquit Nora, l’air toujours anxieux.

Comme sur des roulettes, avec Bane, grinça son frère en désignant le félin qui poussait des miaulements agacés face à son jeune maître persistant à souffrir plutôt que de faire appel à lui.

La jeune femme haussa un sourcil circonspect en croisant les bras, la bouche pincée.

— Et pour de vrai ?

Écoute, No, je t’écrirai, OK ?

— Comme tu as écrit à Dashiell ?

Le coup était tellement bas qu’il en eut un instant le souffle coupé. Dash. C’était surtout pour lui qu’il s’était levé ce matin ; enfin, pas tout à fait. Il était terrifié à l’idée de le voir lui tourner le dos ostensiblement ou l’ignorer, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’espérer le revoir et saisir l’occasion de s’expliquer. Lorsqu’en cours d’année, il s’était aperçu que les détails de son visage et les inflexions de sa voix s’estompaient dans son esprit, que son souvenir lui échappait, ce fut comme un poignard planté en plein estomac. Il lui manquait tellement ; c’était peut-être la seule personne avec qui il avait vraiment envie d’être, en ce moment.

Au regard noir d’orage que lui jeta son cadet, Nora sut qu’elle était allée trop loin dans la provocation.

— Attends, Silas ! tenta-t-elle de le retenir alors qu’il tournait les talons d’un pas pressé, traînant sa mauvaise jambe en se fichant des regards insistants ou effarés devant sa démarche arachnéenne, difforme.

La voix du jeune homme claqua comme un fouet :

Viens, Bane. On se casse.

Le ronronroulant marqua un temps d’arrêt, alors qu’il trottinait aux côtés de Nora dans l’espoir de voir la fratrie se réconcilier, puis il suivit son propriétaire en levant bien haut la queue comme un étendard dans la foule, après avoir posé une dernière fois ses deux billes rondes et vides sur la cracmol en désespoir de cause.

— Tu vas même pas me dire au revoir ? lâcha-t-elle, la voix pleine de sanglots, tandis que son frère montait péniblement dans le premier wagon venu.

Bah ouais, comme à Dash, non ?

— Je suis désolée, tu sais que c’est pas ce que…

Que quoi ? Que c’est pas ce que tu voulais dire ? explosa-t-il en se retournant vivement vers elle malgré l’éclair de douleur qui lui fit monter les larmes aux yeux à travers sa fureur palpitante. C’est exactement ce que tu voulais dire. T’es comme les autres, comme les… les… médecins et papa, cracha-t-il, sa voix à lui aussi pleine de trémolos. Je suis un cas désespéré, ça va, j’ai compris. Tire-toi, maintenant.

Avec détermination, Nora monta la première marche du wagon pour le rejoindre et déposa si violemment la valise du jeune homme entre eux que les parois avoisinantes du train en vibrèrent. Ses yeux, identiques à ceux de son jeune frère, brillaient avec la même férocité. Aucune des quatre prunelles n’abandonna le combat.

— Tu comptais y aller sans ta valise, trou de balle ? lança-t-elle avec agressivité.

À l’insulte, le rire de Silas partit comme un coup de canon – avant même qu’il ait pu y réfléchir. Presque nerveusement, celui de Nora suivit. D’un coup de pied, elle écarta la valise et le serra contre elle pour lui coller un baiser presque enragé sur sa joue saillante. D’abord tendu, Silas abandonna la partie et se laissa faire, lui rendant son étreinte comme la colère refluait de ses iris pâles.

— Promets-moi que tu sauteras pas à la gorge de tout le monde, OK ? Ils sont pas comme papa. Ils vont pas t’abandonner.

Qu’est-ce que t’en sais ? répliqua-t-il acerbement, avant d’ajouter sur un ton contrit. Toi, t’es pas comme papa. Je pensais pas ce que j’ai dit.

— Je sais, dit-elle doucement en caressant son visage avec adoration. Et je sais que Dash ne t’abandonnera pas.

Ouais, il est trop con pour ça, sûrement.

Nora soupira et lui adressa un regard lourd de reproches, dont il se détourna avec une grimace embarrassée.

Mais c’est bon, j’ai capté. Tu peux me lâcher, maintenant ?

Sa sœur s’exécuta, non sans avoir ébouriffé ses cheveux savamment décoiffés devant le miroir, ce matin.

Hey ! Connasse ! jura-t-il en essayant de lui rendre la pareille, mais elle s’était déjà éclipsée sur le quai en lui adressant un fier majeur, que son frère lui retourna en rigolant bêtement.

Les liens fraternels avaient ses raisons que la raison ignorait. Ses sourcils se froncèrent un instant, espérant qu’elle ne tomberait pas comme la dernière fois sur un pro-sang-pur qui lui déclinerait le passage à travers le mur. Son souci fut cependant rapidement balayé par les regards qui pesaient sur lui, qui venait tout juste de faire une scène alors qu’il s’était promis de ne pas attirer l’attention. C’était raté. D’un claquement de langue agacé, il pénétra dans le wagon en traînant péniblement sa valise et avança le plus profondément possible pour se dégoter un compartiment isolé, Bane sur les talons. Dans un grognement irrité, il se laissa tomber sur la banquette pour se lover tout contre la fenêtre ; du côté des rails, où personne ne pourrait le dévisager.

Maintenant qu’il était seul, ses épaules s’affaissèrent dans un reniflement et il essuya d’une main nerveuse le coin d’un œil un peu trop larmoyant. À la seule idée de retourner à Poudlard, son ventre se contracta douloureusement. Pire, l’idée de gâcher les seuls liens positifs qu’il avait noués les années précédentes lui pesait comme une enclume chauffée au fer rouge. C’était tout à fait son genre de refermer des mâchoires de molosse sur la première main tendue s’il se sentait en danger. Et en danger, il l’était constamment dès qu’une relation importante était en jeu ; il se sentait terrorisé comme un môme à l’idée de perdre encore quelqu’un. Le psy avait parlé d’un trouble post-truc muche ; il croyait se souvenir de quelque chose en rapport avec un traumatisme. Soi-disant, c’était pour cette raison qu’il se sentait aussi extérieur à lui-même et qu’il avait l’impression que tout le monde le détesterait quoi qu’il arrive. « C’est la raison de ton agressivité, mon garçon. On va travailler sur ton comportement autodestructeur. »

Mon cul, ouais. La raison de mon agressivité, c’est que t’es nul à chier dans ton taf, pauvre type.

Il n’y était plus retourné depuis. Nora avait vaguement tenté de le convaincre, mais bah, ça ferait des économies de toute façon.

Pensivement, il défit sa valise et y glissa la main pour en extirper la liasse de lettres destinées à Dash. Nora lui avait suggéré de les lui remettre en main propre, pour lui prouver qu’il lui avait écrit malgré son silence. C’était pas con, fallait admettre.

Dash,

J’espère que tes vacances se passent bien ! Les miennes sont franchement pas ouf.

Papa et maman veulent me traîner en Irlande pour « me remonter le moral ». Ils sont relous, sérieux. J’ai pas envie d’aller en Irlande ou même nulle part en fait, à part dans ma chambre. Après l’année de merde qu’on a passée, j’ai plutôt envie de dormir mille ans. Tu sais, ma mauvaise jambe ? La douleur est toujours pas partie. Je sais pas si je dois leur en parler ou si c’est normal. Le médicomage m’avait dit que ça empirerait avec le temps et qu’ils pouvaient rien y faire, mais je sais pas, j’ai l’impression que c’est pas normal.

Heureusement, Nora me soutient. Enfin… Elle a envie d’aller en Irlande, mais elle voit bien que j’ai pas l’énergie. J’ai l’impression que des fois y a qu’elle qui me comprend dans cette famille de cons.

Je te dirai si j’ai réussi à les faire changer d’avis.

Et toi, ça va comment ?

X

Silas


Dash,

Désolé, j’ai pas eu le temps de poster de lettre. Je te jure que je voulais t’en envoyer une mais là en fait je désolé putain [gribouillis incompréhensibles] J’en avais écrite une mais il s’est passé un truc et j’ai pas eu le temps de l’envoyer, là je suis à l’hôpital en thérapie, je te donne des nouvelles quand je peux.

J’aimerais [gribouillis incompréhensibles]


Cher Dashiell,

Je n’ai pas eu le temps de poster de poster de lettre pour le moment, parce que [gribouillis raturés si forts que le papier est transpercé]



Dash,

Je crois que maman va mourir mal.

Viens me voir s’il te plaît.

J’ai besoin de toi.

Je suis au

[Le reste de la lettre est vide.]


Dash,

Je suis désolé de pas t’avoir envoyé de lettres. J’arrive pas à écrire ce qu’il se passe. J’y arrive pas, je te jure que c’est pas bidon, j’arrive juste pas. Il se passe des trucs graves dans ma famille.

J’ai

[Le reste de la lettre est vide.]


Dash,

Je crois que ça sert plus à rien que j’essaie de t’envoyer une lettre, tu dois me détester de toute façon. C’est peut-être mieux comme ça. Je vaux pas la peine.


Dash,

Papa est dans l’aile psychiatrique. C’est un pauvre type. Je préférerais que ce soit lui qui soit dans le coma. Il nous a abandonnés.


Dash,

Je vais chercher un remède. Il doit forcément en exister un. Et s’il existe pas, je le ferai moi-même. Ces gros nullos de médicomages servent à rien à part à pomper notre thune.

Je crois qu’on a plus rien à bouffer, Nora me ramène des trucs qu’elle a piqués au magasin. Enfin, elle m’a pas dit qu’elle les avait piqués, mais elle a pas l’argent pour acheter les trucs qu’elle a ramenés. Papa cuve sa cuite dans son canapé puant d’alcool. Parfois, je rêve qu’il crève et que maman se réveille.


Dash,

J’ai tellement mal. Je dors plus. Est-ce que ça sert encore à quelque chose ? Tout ça, là. J’ai juste envie que tout s’arrête.

Mais j’ai envie de te revoir.

Je t’aime,

S.


Mais revoir certaines des ratures qu’il avait sous les yeux fit surgir brusquement la peau qui fond, le hurlement de maman, les cheveux brûlés, l’odeur de viande.

Les lettres lui échappèrent des mains, alors qu’il reprenait sa respiration, une main sur la poitrine. Il ferma brièvement les yeux pour s’astreindre au calme, Bane se hissant sur ses cuisses pour s’y lover en ronronnant anxieusement. Il lui fallut quelques secondes supplémentaires pour revenir au présent et ramasser les feuilles éparpillées au sol pour les enfouir à nouveau dans sa valise, qu’il referma aussi sec. Juste à temps pour voir la porte du compartiment coulisser, provoquant un sursaut désagréable dans ses entrailles – qui manqua de lui faire faire un bond lorsqu’il reconnut Dash.

Ça lui fit un choc. Déjà, ses cheveux ; ils étaient plus courts, plus foncés. Son visage avait peu changé ; en revanche, il avait un peu grandi et il nota son oreille percée – presque avec amusement en songeant à son propre piercing au nez. Ils auraient pu faire ça ensemble (il se voyait très bien, tous les deux, morts de rire avant de pousser un couinement en sentant le pincement de l’anneau dans la chair meurtrie), s’il ne l’avait pas ignoré pendant un an. Son estomac chavira dans les eaux glacées de la peur qui le tenaillait depuis qu’il avait posé le pied sur le quai.

Dash, Dash, Dash… Ne me laisse pas, toi aussi.

Il aurait voulu dire quelque chose, s’excuser, le saluer ou même sortir une connerie, mais sa gorge était trop étroitement serrée. Tout ce dont il fut capable, c’est de se redresser maladroitement, de s’appuyer en chancelant sur son genou déformé et de l’envelopper tout entier dans ses bras pour l’attirer à lui pour une étreinte qu’il espérait ne jamais voir finir. Son odeur, terriblement familière, l’assaillit et il sentit à nouveau les larmes piquer ses yeux. C’était lui.

Dash, hoqueta-t-il, peinant à masquer les sanglots qui revenaient hanter sa voix muée.
ft. @Dashiell Dashner
— Long time no see, sweetheart
Poudlard Express


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Dashiell Dashner

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Message(#) Sujet: Re: Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas EmptySam 26 Aoû - 22:59

Long time no see, Sweetheart
mais ta place est toujours là
ft. @Silas Jørgensen & Dashiell Dashner
Dépêche-toi de finir ton petit-déjeuner, on bouge dans quinze minutes, rappela Gil alors qu'il abandonnait sa tasse vide dans l'évier.

Avachi sur la table de la cuisine, la grosse horloge tictaquant sévèrement dans son dos, Dashiell consentit à peine à jeter un regard à son bol de lait où flottait encore une armée de Chocapic ramollis. Il n'y avait pas touché. Pas plus qu'il n'avait touché à son verre de jus d'orange ou aux restes du petit-déjeuner de sa sœur qu'il prenait toujours un malin plaisir à finir, « pour ne pas gâcher » disait-il, pour assouvir une gourmandise tyrannique aurait dit très justement le reste du monde. Il attrapa sa cuillère, l'agita dans l'océan blanchâtre et observa un pétale sombre disparaître dans les profondeurs pour n'en ressortir que quelques secondes plus tard. Le métal finit par s'effondrer contre la céramique dans un boucan d'enfer avant que l'adolescent ne s'avachisse à nouveau, enfouissant son visage au creux de ses bras nus.

J'ai pas faim.

Son aveu résonna dans la pièce, implacable. Le silence qui suivit se fit assourdissant d'éloquence. Les pieds de la chaise d'à côté grincèrent contre le carrelage, le bois craqua quelques secondes plus tard. La main de Gil se posa sur son épaule avant qu'il ne la serre doucement. Jamais Dashiell Dashner n'avait sauté un repas, bien au contraire. Il proposait spontanément de mettre la table pour gagner du temps, il avait érigé le goûter au rang de religion et pris le rôle de poubelle de table de la famille avec un naturel tel que c'en était devenu une sorte de taquinerie récurrente dans cette maison... Aussi son manque d'appétit sonnait comme un détail surprenant, inquiétant même.

Eh... tout va bien ?
J'ai mal au vent', admit-il d'une petite voix alors que les doigts de son père remettaient en ordre quelques mèches rebelles sur le haut de son crâne, et j'ai pas envie d'y aller.

Un nouveau silence. Jessicat entra dans la cuisine, son collier tressé faisant tinter sa clochette dorée, et vint se glisser entre leurs jambes puis planta ses griffes dans la cuisse de son maître pour quémander quelques caresses. Il les lui accorda d'une main molle qu'elle n'apprécia pas, aussi raffermit-elle sa prise sur cette chair aussi molle que ses attentions. Il la repoussa dans un soupir gémissant et repoussa sa chaise en arrière pour aller finir de se préparer. Gil attrapa son poignet avant qu'il n'ait eu le temps de s'éclipser.

Est-ce que tu veux en parler ? Tu sais que tu peux tout me dire, hein...?

Dash secoua la tête puis la hocha avant de se défaire doucement de son emprise et de filer dans sa chambre. Le bazar habituel avait été rangé la veille, ne laissant plus dans cette pièce que la même impression d'agonie qui régnait dans le reste de la maison depuis Noël dernier. Son ventre se serra de plus belle. C'était idiot parce qu'il n'était pas mécontent de quitter cet endroit... mais, en même temps, il aurait préféré ne pas avoir à reprendre le chemin de l'école. Il s'y était toujours senti comme chez lui, pourtant, ne s'était jamais ne serait-ce que posé la question. Il n'était pas très doué, râlait souvent de ces journées qui ne servaient à rien mais c'était normal d'y aller, normal d'y perdre son temps, normal d'y rester sept ans... Mais là... là il avait peur de ce qu'il pourrait y trouver. Ou plutôt, de ce qu'il n'y retrouverait peut-être pas. Son regard se perdit du côté de son armoire. Une place de concert, quelques tickets de ciné, une carte postale du Pérou avec des alpagas et des photos en tout genre y étaient collés dans un joyeux bazar... et, au milieu de tout ça, le sourire satisfait de son meilleur ami et lui qui riait comme un con à une blague dont il ne se souvenait même plus. Elle datait de même pas deux ans, cette photo, et pourtant elle datait déjà d'une autre vie. Parce que son meilleur ami n'avait plus daigné en donner signe depuis une année entière. Au début, il avait juste cru qu'il avait des vacances si chargées qu'il n'avait pas eu le temps d'écrire de l'été. C'était pas cool, parce qu'il lui avait écrit, lui, même depuis cette forêt où on l'avait forcé à aller pour ne pas épuiser sa grand-mère plus qu'elle ne l'était déjà... Il lui avait écrit parce qu'il avait bêtement eu besoin de lui, de ses bêtises, de savoir que même si sa vie en dehors des murs rassurants de Poudlard était en train de lui glisser entre les doigts, il y avait des choses stables, encore, des choses fortes, invincibles. Mais ses lettres étaient restées sans réponse... et le quai du Poudlard Express était resté désespérément vide. Il ne s'était pas inquiété tout de suite, se disant simplement qu'ils n'étaient pas montés dans le même wagon, qu'ils s'étaient loupés, qu'ils se retrouveraient à l'école... Mais il n'y avait eu personne à l'attendre près des calèches, personne à l'attendre dans le Hall non plus, ni à la sortie du dîner, pas même aux alentours de Gryffondor. Il n'y avait pas eu de traces de ce meilleur ami au petit-déjeuner du lendemain matin, ni aucun autre matin après ça... Alors il s'était inquiété. Il avait été interroger les professeurs qui n'avaient rien lâché, il lui avait réécrit mais sa lettre était restée sans réponse, une fois encore. Il avait écrit trois fois, en tout, durant ce début d'année, trois lettres où transpirait plus de crainte que de colère. Mais il n'y avait jamais eu le moindre retour. Alors, quelques jours avant les vacances de Noël, il s'était risqué à écrire à sa sœur... Il lui avait juré qu'il voulait pas forcer, qu'il avait bien compris qu'il voulait plus lui parler et qu'il insisterait pas, il voulait juste être sûr que ça allait. Il n'en avait rien attendu, de cette lettre, et pourtant, la veille du départ, un hibou lui avait déposé une enveloppe où s'étirait une écriture qui ne lui disait rien – dans tous les sens du terme. Il ne la reconnaissait pas et il n'en apprit rien non plus. Il t'expliquera tout à la rentrée, qu'elle lui avait dit. Pas un mot de plus. Le reste de son existence s'était effondré quelques heures plus tard et cette histoire de rentrée avait été rangée dans un coin de son esprit, ensevelie sous un monticule d'angoisses plus pressées. Jusqu'à cette nuit. Il était à peine trois heures quand il s'était réveillé en sursaut. C'est la rentrée s'était imposé au milieu des vestiges d'un rêve dont il ne se rappelait rien. C'était la rentrée... et il devait tout lui expliquer. Ça l'avait frappé comme la foudre, si soudainement qu'il en avait été tout étourdi. C'était aujourd'hui... Du moins, s'il revenait... L'adolescent tira la porte de son armoire, arrachant à sa vue le visage de Silas. Il attrapa un blouson, le passa négligemment par-dessus son t-shirt et se détourna tout entier du meuble mal décoré.

Vingt minutes plus tard, tout au plus, Gil et les jumeaux traversaient le mur qui séparait la gare moldue du quai magique. À peine eut-il le temps de passer la tête de l'autre côté que, déjà, Dashiell se perdit dans l'espoir vacillant de trouver la silhouette familière du disparu au milieu de la vapeur. En vain. Il baragouina quelque chose qui ressembla à un « c'tait sûr » qui fut assassiné par le brouhaha de la vie qui enflait autour d'eux. Mais la déception ne se fit pas moins lourde au fond de son estomac. Ses doigts se resserrèrent sur la poignée du panier de son chat. À quoi s'était-il attendu, en même temps ? À ce qu'il soit vraiment là, un an après, à l'attendre comme lui l'avait attendu ? C'était ridicule. Il était ridicule. Son absence avait été assez parlante pour ne pas croire quelques mots balancés à l'arrache par la plume d'une fille qu'il connaissait à peine ! Il n'y avait plus de cette amitié que des souvenirs un peu effacés. Il ne se souvenait plus vraiment du son de sa voix, avait perdu depuis longtemps la lueur complice de son regard... Sûrement que son visage se serait fait plus incertain s'il n'y avait pas eu quelques photos pour le lui rappeler. Son épaule s'appuya discrètement contre celle d'Aisling, elle répondit silencieusement à son geste par un identique. Il avait souvent parlé de lui, au début, il envisageait toutes les raisons possibles d'une absence aussi longue : un accident quelconque, un changement d'école soudain ou des scénarios plus abracadabrantesques à grand renfort de dangereux criminels ou de problèmes avec la justice ; il n'avait jamais caché lui avoir écrit, de n'avoir jamais eu de réponses, il n'avait jamais tu le manque non plus, pas plus que l'espoir de le voir revenir après les vacances de Noël... Mais il n'avait jamais rien dit quant à cette lettre envoyée à une pauvre frangine qui n'avait sûrement rien à voir dans cette histoire, pas plus que d'un hypothétique retour plus lointain... le sujet avait fini par se tarir de lui-même... Parfois on lui avait demandé s'il avait des nouvelles, il avait répondu que non et la vie avait repris son cours comme s'il n'en avait jamais fait partie. Mais sa jumelle n'avait probablement pas besoin de savoir qu'il y avait eu un jour mention d'une éventuelle réapparition pour savoir qu'il s'y attendait. Parce que même sans cette lettre, il s'y serait attendu. Juste comme ça, par bêtise, parce qu'on savait jamais. À côté de lui, la voix de son père se mêlait aux conversations alentours dans un bruit de fond qu'il n'écoutait pas. Il ne lui restait plus désormais qu'à attendre Daisy. À moins qu'elle soit déjà arrivée...? Bêtement, machinalement, son regard se perdit entre les rares visages qui se pressaient déjà derrière les vitres du train. Un éclat blond, un profil trop flou pour être certain mais reconnaissable entre mille pourtant et puis plus rien. Le Gryffondor se redressa si brusquement que Gil et Aisling tournèrent la tête vers lui. Sur le quai, à quelques mètres à peine de ce fantôme d'autrefois, une jeune femme qui ressemblait à Nora s'éloignait de la porte du wagon.

Il y a un p-

Mais il ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase qu'il plaquait déjà un baiser sur la joue ronde de son père et remontait la lanière de son sac à dos sur son épaule.

J'dois y aller, lâcha-t-il sans préambule. Bisous à Maman et à Oona.

Son prénom retentit derrière lui mais il ne s'offrit même pas le luxe de se retourner, tirant sa valise d'une main, ballottant la cage de son chat de l'autre. Il balança son bagage à l'intérieur sans prendre la peine de s'inquiéter au bruit de verre brisé et bondit à sa suite sans prendre la peine de faire attention où il mettait les pieds. Il trébucha sans surprise contre la dernière marche, Jessicat miaula dans sa prison. Son cœur avait accéléré la cadence. Il y avait un monde dans lequel ça n'était qu'un délire de son imagination, un espoir un peu trop violent. Il y voyait que dalle, sérieux, ça aurait pu être n'importe quel type blond, il n'y en avait pas qu'un dans cette école de malheur ! Et la fille, sur le quai, ça aurait pu être n'importe quelle fille ; la sœur, la mère, la cousine d'il ne savait pas qui ! Il s'était enflammé pour rien, sûrement. Pourtant, alors qu'il jetait des coups d’œil fébrile à l'intérieur de chaque compartiment, il ne pouvait s'empêcher d'y croire un peu. Malgré l'évidence, malgré le silence, malgré les semaines d'absence. Puis il se figea tout net tout au bout du wagon. Sa respiration se suspendit d'elle-même. Il dut s'appuyer contre le mur derrière lui pour ne pas tomber. Silas Jørgensen était de retour à Poudlard ! Occupé à ramasser il ne savait quoi, à fourrer il ne savait quoi dans sa valise, peu importait ; il était là malgré tout. Alors, sans se laisser le temps de changer d'avis, Dash lâcha son bagage et ouvrit la porte du compartiment, comme il l'aurait fait un an avant, presque comme si rien n'avait changé. Pourtant, ça n'était pas l'envie de lui raconter ses vacances qui l'animait ce jour-là, pas même celle d'avoir des réponses après tout ce temps, seulement une appréhension sourde et douloureuse : celle d'un rejet aussi évident que l'avaient laissé entendre toutes ces lettres auxquelles il n'avait jamais répondues. Son camarade releva la tête, son regard croisa le sien, un choc similaire se lut sur son visage. Et la suite lui échappa. Il se leva, s'avança, l'attira à lui, l'enlaça. Il n'aurait su dire si l'enchaînement avait pris quelques secondes ou des heures.

Dash.
P'tain, va t'faire foutre, grogna-t-il quelque part entre colère et soulagement alors même qu'il lui rendait son étreinte, toute tentative de le repousser verbalement devenue inutile grâce à son geste contradictoire.

Ses doigts s'étaient agrippés au tissu de son t-shirt pour l'empêcher de le fuir à nouveau, son visage blotti contre son épaule pour cacher les larmes qui lui montaient bêtement aux yeux... Il avait grandi, beaucoup. Sa voix lui semblait changée. Et en même temps, c'était comme si tout était exactement pareil qu'un an auparavant. Comme s'il n'était jamais parti. Comme s'il ne l'avait jamais abandonné. À cette pensée, Dashiell s'arracha à ces retrouvailles. La lueur d'ordinaire si joviale qui brûlait au fond du chocolat de ses prunelles se fit plus sombre, plus orageuse.

C'quoi ton problème, sérieux ?! Ça t'aurait cassé l'cul d'donner des nouvelles, genre ?! Un an, bordel ! Un an !

Et même davantage, en réalité... S'il espérait revenir comme une fleur et qu'ils fassent comme s'il n'y avait jamais rien eu, il se fourrait le doigt dans l’œil ! … ou du moins, il fallait l'espérer.
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Message(#) Sujet: Re: Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas EmptySam 26 Aoû - 23:01

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Toute la pression accumulée, toute la peine, la rage et le désespoir qui débordaient dans sa poitrine furent balayés par cette tempête qui couvait dans la voix de son meilleur ami lorsqu’il lâcha un « P'tain, va t'faire foutre » à peine articulé. Il était en colère – et c’était normal –, mais il était surtout soulagé, tandis qu’il lui rendait son étreinte sans même une seconde d’hésitation. Silas sentit ses doigts s’enfoncer dans le coton de son tee-shirt pour le retenir ; mais il n’avait pas besoin de le retenir, il était là, tout à lui et il n'avait plus jamais envie de partir, de quitter ces bras, cette peau et cette odeur qui lui étaient si familiers et qui crevaient son cœur du manque cruel qui l’avait abîmé. L’adolescent aurait aimé suspendre le temps et empêcher les secondes de s’égrener, figer cette bulle de bonheur qui gonflait dans ses entrailles pour l’éternité. Il ne s’était plus senti aussi heureux depuis si longtemps.

Dash, c’était son meilleur ami. Il ne le connaissait peut-être pas depuis aussi longtemps que Daisy, et peut-être qu’il ne méritait pas son amitié, mais il l’aimait tellement. Plus fort encore que ces sentiments emmêlés qui avaient émergé durant leur troisième année, plus fort encore que l’envie de l’embrasser quand il le faisait rire aux éclats lorsqu’il était de mauvaise humeur, plus fort encore que le désir secret de goûter cette peau qui n’avait pourtant pas la douceur et le velouté de cette fille qu’il avait rencontrée à la fin de l’été. Il l’aimait comme on aime son souvenir le plus précieux, comme on goûte un instant de sérénité, comme on embrasse le ciel bleu d’un été insouciant. Il l’aimait plus que l’idée que Dashiell lui retourne cet amour qui avait subtilement glissé vers quelque chose de moins amical et de plus romantique. Tout ce qu’il souhaitait, c’était que Dash l’aime – peu importe ce qu’il était capable de lui donner, il s’en contenterait du moment qu’il restait à ses côtés. Il aurait donné n’importe quoi pour pouvoir remonter le temps et trouver le courage de lui envoyer ces lettres incomplètes. Dash, c’était son être humain préféré au monde.

S’il avait été là cette année, avec lui… Mais il s’était retrouvé englué dans le chagrin, l’impuissance et la détresse de ne pas savoir poser des mots qui le hantaient sur le papier. Au cœur d’une nuit sans étoiles et sans rêves, la pensée farouche qu’il refusait que Dash soit éclaboussé de ce tourment à peine supportable l’avait saisi. Dash, si gentil, si naïf, véritable éponge à émotions… Comment pouvait-il l’embarquer dans ce naufrage en connaissance de cause ? En sachant qu’il le ferait souffrir, en sachant qu’il le regarderait sangloter de douleur avec la mort dans l’âme ? S’il pouvait supporter l’idée de se montrer cruel avec sa sœur dans ses épisodes douloureux, c’état uniquement parce que Nora avait la force de caractère suffisante pour voir qu’il ne pensait pas un seul mot de ce qu’il disait. Silas ne se serait jamais pardonné de s’adresser à Dash comme il s’était adressé à sa sœur et à son père dans les heures les plus sombres de ses insomnies. Et peut-être qu’au fond, il n’avait pas envie que son meilleur ami voie à quoi il était réduit au plus fort d’une crise de douleur ; il n’avait pas envie qu’il le voie supplier que ça s’arrête, qu’on lui coupe cette putain de jambe pour en finir, qu’on lui donne n’importe quoi pour que la douleur reflue, qu’il les détestait tous de pas être foutu de l’aider, de refuser de lui donner plus de cette potion antidouleur pourtant déjà puissante.

Silas avait toujours été la grande gueule. Farouche, déterminé, toujours prêt à rire de tout – même du pire – avec une nonchalance étudiée. S’il pouvait se montrer grincheux ou râleur, il dégageait malgré tout quelque chose de plutôt solaire ; il chassait les nuages d’un revers de main négligent, décidant que la vie serait belle et que les autres n’avaient qu’à aller se faire foutre s’ils n’étaient pas d’accord. Mais cette année, il lui était arrivé régulièrement de ne plus être capable de ça ; d’abandonner, même. Ce n’était pas qui il voulait être. Il refusait que la vie lui arrache cette volonté arrogante de rire dans les pires ouragans.

Il serra Dash plus fort, posant sa joue contre ses cheveux tandis qu’il sentait son visage contre son épaule anguleuse. Silas aurait voulu lui dire tout ça, mais il en était incapable. Mettre des mots aussi crus sur son monde intérieur, c’était une intimité qu’il fuyait depuis que chaque mention de l’accident faisait remonter des souvenirs synesthésiques trop précis à la surface.

Mais on ne pouvait pas rester éternellement dans l’œil du cyclone en espérant qu’il nous protégerait des vents furieux qui rugissaient tout autour de nous. Le Gryffondor brisa l’étreinte.

— C'quoi ton problème, sérieux ?! rugit soudain Dash en rompant l’instant suspendu. Ça t'aurait cassé l'cul d'donner des nouvelles, genre ?! Un an, bordel ! Un an !

Silas tressaillit, mais ne répliqua pas sur le mode de la défensive comme il en était coutumier. Il voyait la fureur et l’incompréhension couver dans le regard ordinairement si doux de son ami. Il avait mérité sa réaction.

Il entrouvrit des lèvres soudain tremblantes ; ce grand garçon toujours à fanfaronner, à se jouer des moqueries, à s’approprier les insultes les plus humiliantes, à sortir sa baguette à la moindre tentative de blesser Dash… Toujours prêt à répliquer. Et là, à ce moment précis, il n’avait pas les mots. Ils le fuyaient, tombaient au sol comme des gouttes de pluie dans un « ploc » sinistre. Tout ce qu’il parvint à émettre, c’est un borborygme mortifié qui ne lui ressemblait pas.

Son regard vacilla, peinant à soutenir celui qu’il ne voulait pas décevoir – encore une fois.

Pardon, dit-il d’une toute petite voix qui ne lui ressemblait pas. Je suis… tellement, tellement désolé, Dash. Je… Je vais tout t’expliquer, promit-il, ses mains se tordant en tous sens avec nervosité.

Finalement, les mots trébuchèrent sur sa langue dans un ordre qu’il n’avait pas prévu :

C’est maman, croassa-t-il, alors que les larmes troublaient son regard sans qu’il n’y puisse rien.

Silas ne pleurait pas. Jamais. Sauf cette année de malheur qui l’avait cassé, déréglé, détraqué.

Mais Dash savait à quel point son meilleur ami vénérait sa mère. C’était son modèle, son héroïne, la femme de sa vie. C’était celle qui le cajolait avec la même tendresse qu’elle sanctionnait ses erreurs pour apprendre à son fils qu’il y avait des choses importantes, avec lesquelles on ne pouvait pas plaisanter ; c’était elle qui lui avait donné l’envie et le goût d’apprendre, de connaître, de déposer son jugement à l’entrée de la maison pour mieux découvrir les coutumes de ceux qui lui étaient étrangers. C’était la personne qui lui racontait ses rencontres touchantes, ses manifestations violentes, ses actions engagées avec le même sérieux que si elle s’adressait à un adulte ; c’était celle qui lui caressait les cheveux, le soir, en lui promettant qu’elle serait toujours là pour lui.

Mais là, elle ne l’était plus. Et peut-être que…

J-Je crois qu’elle va mourir, acheva-t-il dans un gros sanglot qui détruisit le barrage avec la force surnaturelle des courants désespérés qui s’agitaient dans les recoins sombres de son esprit.

Debout, tremblant de tout son corps, le fier Silas chialait comme un môme abandonné sans pouvoir s’arrêter.

Toutes ses recherches, toutes ses tentatives de trouver un remède au mal qui rongeait Blair Jørgensen avaient été vaines. Pourtant, elle s’enfonçait chaque jour un peu plus dans un coma que les médicomages ne comprenaient pas ; chaque jour, ses signes vitaux s’affaiblissaient un peu plus tandis que son mari se gavait déjà d’alcool comme si elle était morte. Tout le monde avait abandonné, et son propre fils était incapable de l’aider malgré des mois de recherches intensives. Le temps courait plus vite que lui, et il n’était pas sûr de pouvoir le rattraper malgré toute sa détermination, du haut de ses quinze ans.
ft. @Dashiell Dashner
— Long time no see, sweetheart
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Message(#) Sujet: Re: Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas EmptySam 26 Aoû - 23:08

Long time no see, Sweetheart
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Le temps s'était suspendu, quelque part entre le couloir et ce compartiment du bout du monde. Le soleil pointait en même temps que l'orage grondait, dans un entre-deux troublant. Et, au milieu de tout ça, perdu dans des secondes qui n'en finissaient plus, dans une année qui semblait elle toucher à sa fin, Dashiell se raccrochait à ce garçon qui avait disparu comme s'il risquait de disparaître à nouveau, s'abandonnant à son retour autant qu'il le détestait pour son départ. Était-ce seulement pour son départ...? Il n'en était pas si sûr. Pour son absence, pour son silence, pour cette étreinte qu'il attendait depuis des mois et qui tombait désormais comme un cheveu sur une soupe devenue froide d'avoir été tant délaissée. Il se fichait des raisons qui l'avaient poussé à partir, il était prêt à les entendre, à les comprendre, à les accepter sans ciller, certain d'avance qu'elles étaient forcément bonnes parce qu'il ne l'aurait jamais planté là sans un véritable au revoir si elles ne l'avaient pas été... mais le reste ? Qu'est-ce qui aurait pu justifier plus d'un an sans nouvelle ; plus d'un an sans la moindre lettre, ne serait-ce que pour lui rappeler qu'il ne l'oubliait pas ou lui signifier qu'il était toujours en vie quelque part dans ce monde ? Et même aujourd'hui ?! N'aurait-il pas pu le prévenir qu'il revenait vraiment, lui donner rendez-vous sur le quai, agir comme si l'année qui s'était écoulée avait une existence réelle plutôt que de laisser jouer le hasard et d'étouffer l'abandon qu'il avait commis dans cette étreinte ?! C'était injuste ! Et même sans avoir jamais eu la moindre exigence en matière d'amitié, se contentant volontiers de ce qu'on était prêts à lui donner, quelque chose au fond de lui ne pouvait s'empêcher de s'offusquer. Il méritait mieux que ce foutage de gueule en bonne et due forme ! Mieux que ces retrouvailles qui tentaient de cacher ce qui les avait précédées ! Il voulait des explications sans être certain d'être prêt à les entendre, il voulait des excuses sans être certain d'en avoir seulement besoin. Il voulait retrouver ce qu'il avait connu sans pouvoir y croire en même temps... Il voulait remonter le temps et qu'il soit là, ce con, quand il avait eu besoin de lui, quand Daisy s'était retrouvée seule à se poser en digue face aux vagues qui avaient ravagé son existence, cette Daisy qu'il avait toujours essayé de protéger, d'épargner... Et peut-être que c'était pour ça qu'il lui en voulait le plus, en fin de compte : pour être capable de le prendre dans ses bras maintenant qu'il commençait à être capable de tenir bon face aux rafales sans l'avoir jamais fait lorsqu'il n'y parvenait pas. Alors, au prix d'un effort qui lui parut surhumain, l'adolescent s'extirpa d'entre ses bras. Les mots passèrent ses lèvres avant qu'il n'ait eu le temps de les réfléchir, crachant dans l'air soudainement électrique de ce maudit train toute la tristesse déçue qu'il pouvait bien ressentir. Face à lui, Silas ouvrit la bouche mais se contenta de vomir quelque chose d'indistinct, comme s'il n'avait rien à lui répondre, aucune défense à fournir. Le regard du Gryffondor se voila davantage. Alors c'était tout ? Toutes les explications promises par Nora bien des mois plus tôt se réduisaient à quelques syllabes à peine baragouinées ? Il avait envie de le secouer autant qu'il avait envie de le planter là. Ce serait légitime, n'est-ce pas ? De reprendre sa vie comme s'il n'était pas là, comme lui avait continué la sienne sans prendre la peine de se rappeler de son existence. Il n'avait même pas pris la peine de répondre à ses lettres, putain ! Et maintenant qu'il se tenait devant lui, il n'avait même pas le cran de lui dire pourquoi ?! Ça aurait dû être à la vie à la mort, entre eux, comme entre tous les meilleurs amis du monde et c'était tout ce qu'il était prêt à faire pour sauver leur amitié ?! Dash secoua la tête, le cœur lourd et la gorge nouée. Il n'avait pas envie de rester là à le regarder dans le blanc des yeux – encore fallait-il qu'il affronte son regard plutôt que de le fuir ainsi – en se demandant combien de temps allait passer avant qu'il se barre à nouveau. Le mieux qu'il pouvait faire était de récupérer sa valise et son chat pour rejoindre la Serdaigle qui l'attendait peut-être vraiment quelque part, elle.

Pardon, lâcha-t-il finalement. Je suis… tellement, tellement désolé, Dash.

Les épaules de l'interpellé s'affaissèrent. Il y avait quelque chose dans sa voix qu'il ne lui connaissait pas. Quelque chose de fragile, de brisé peut-être, des inflexions désespérées qui semblaient vouloir se raccrocher aux branches pour ne pas tomber. Et lui, pauvre abruti, était faible. Si faible même qu'il laissa échapper un soupir étouffé qui suffisait à faire comprendre à qui le connaissait qu'il avait capitulé. C'était ça qu'il avait espéré, non ? Qu'il admette avoir merdé, qu'il arrête de faire comme s'il ne s'était rien passé...? Si c'était le mieux qu'il pouvait en tirer, il était sûrement prêt à s'en contenter. Il lui avait manqué, dans le fond, bien assez pour abandon l'espoir de comprendre ce qu'il s'était passé pour un peu qu'il lui promette de ne jamais disparaître à nouveau. C'était ridicule, c'était lamentable, c'était pitoyable. D'aucuns se seraient sûrement offusqués face à la simplicité de ce repentir, lui ne se sentait pas guerrier au point de partir en croisade pour obtenir davantage. Après tout... il était revenu.

Je… Je vais tout t’expliquer.

Il n'eut pas le temps de balayer cette promesse d'un geste de la main comme pour lui signifier qu'il n'en était même pas obligé que son camarade reprenait déjà :

C’est maman.
Hein ?
J-Je crois qu’elle va mourir.

Cette seule phrase résonna dans le wagon comme un coup de tonnerre, à moins qu'il ne s'agisse du sanglot qui éclata dans sa voix. Durant un instant, Dash fut littéralement incapable de réagir. Il resta là à fixer son ami dont le corps paraissait parcouru de spasmes, des larmes qu'il ne lui avait jamais vues coulant à n'en plus finir sur son visage moins enfantin que sur leurs vieilles photos.

Oh merde, murmura-t-il au terme de ce qui avait l'air d'une éternité.

Ce fut seulement après ça qu'il parvint à bouger. Dans un sursaut mécanique, il poussa le panier de Jessicat à l'intérieur du compartiment d'un geste du pied qui la fit miauler de mécontentement avant de refermer la porte derrière lui pour offrir au jeune homme une intimité maladroite. On se plaindrait sûrement bientôt de sa valise abandonnée au beau milieu du petit couloir ou des places désespérément vides face aux autres wagons surpeuplés. Il tira de sa poche un paquet de mouchoirs si froissés qu'il avait l'air d'avoir été fourré là-dedans depuis des lustres et lui fourra dans les mains avec une brusquerie adoucie par une compassion évidente. Sa main s'enroula autour de son bras avant qu'il ne l'incite à se rasseoir sur son siège et ne prenne place sur celui d'à côté. Le silence qui s'était installé entre les deux rangées de fauteuils lui faisait bourdonner les oreilles... à moins que ça ne soit le choc, la peine, la sensation douloureuse de comprendre un peu trop bien ce qu'il avait l'air de traverser.

I' s'est passé quoi ?

Sa voix était rendue incertaine par cette gorge qui s'était bêtement serrée, sa question trop franche faute de savoir quoi dire pour le consoler. « Mais non, dis pas ça » ? Sûrement qu'il savait mieux que lui de quoi il parlait. « La médecine fait des trucs ouf maintenant » ? Il ne savait même pas ce qu'elle avait, sa mère, mais il savait pourtant que c'était un mensonge à vomir. « Je suis désolé » ? Qu'est-ce que ça aurait changé...? Bien sûr qu'il l'était, et il espérait que Silas le connaissait assez pour le savoir... mais lui avait haï chaque personne qui avait eu le malheur de cracher ça quand ils avaient appris, les uns après les autres, qu'Oona Corcoran devenait peu à peu que le fantôme de celle qu'elle avait été un jour, qu'elle s'effaçait derrière cette pauvre vieille qu'il ne reconnaissait pas, incapable de foutre un prénom correct sur le visage de son gendre et un lien quelconque sur le sien. Il s'efforça de faire refluer la peur qui lui vrillait les entrailles à chaque fois qu'il y pensait trop longtemps, le manque, la tristesse aussi... ça n'était pas le moment ! On s'en fichait de savoir qu'il n'aimait pas qu'on lui dise qu'on était désolé ou qu'il craignait d'ouvrir son courrier le matin – encore plus qu'il ne craignait de voir les hiboux entrer dans la Grande Salle – parce qu'on pouvait lui annoncer le pire dans chaque lettre qu'il recevait.

Tu... T'veux d'l'eau ou... ou j'sais pas... n'importe quoi...?

Peu importe pour un peu que ça lui permettait de se calmer, de se reprendre, de faire cesser les larmes qui commençaient à laisser des traces rouges sur la peau claire de ses joues et dans ce cœur idiot qui pleurait aussi de le voir ainsi...
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Message(#) Sujet: Re: Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas EmptySam 26 Aoû - 23:13

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Lorsqu’un premier bafouillement passa le barrage de ses lèvres tremblantes, et malgré les yeux effrayés qu’il détournait, Silas surprit la façon dont Dash secoua la tête – il avait l’air déçu. Silas l’avait déçu. C’était pire que de prendre sa colère en pleine gueule comme on claque une porte au nez. Tout ce qu’il devait voir, c’était un pauvre con égoïste qui se pointait la bouche en cœur et la fleur au bout du fusil après un an d’absence, un an de silence, sans être foutu de lui pondre un seul mot valable, un seul son intelligible. Et quelque part, c’était vrai. Il avait beau avoir les meilleures excuses du monde, il avait échoué – en tant que meilleur ami, en tant que personne qui se targuait d’agir pour le mieux, pour le bien commun. Durant un an, il avait sombré dans un gouffre qui avait avalé toute sa bienveillance, toute son énergie, toute sa bonne volonté ; il était devenu mutique, égoïste, agressif. Il n’avait même pas été capable de lui envoyer une seule pauvre lettre ; même pas capable d’en finir une sans en avoir mal au cœur et aux tripes au point que la nausée le rattrapait et que ses larmes s’écrasaient sur le papier gribouillé et raturé.

Il devait lui prouver qu’il était prêt à fournir cet effort, maintenant. Qu’il tenait suffisamment à lui pour s’infliger ce retour en arrière, ces réminiscences qui le hantaient et le prenaient parfois à la gorge à la vue d’un simple détail stupide ; des fois, le simple effluve d’une grillade le faisait courir jusqu’aux toilettes. Il était écœuré de se sentir si faible, cet ado qui jadis ne reculait devant rien ni personne pour dire ses quatre vérités à tout le monde et prendre la parole dans les pires circonstances pour lâcher ce qu’il avait sur le cœur. Il était écœuré de la loque qu’il était devenu. Ce n'était pas qui il voulait être. Il voulait être comme avant, avec Dash, avec Daisy, avec Azure, avec Dmitri – même avec ces gros cons de Kenneth et August. Tout ça lui paraissait futile, ridicule à côté de la détresse qui l’étouffait, à côté de la douleur qui le rendait fou lorsqu’il tentait de trouver le sommeil.

Alors, il lâcha prise. À ses excuses idiotes, les épaules de son ami s’affaissèrent ostensiblement. Silas ne s’en réjouit pas une seule seconde. Il connaissait Dash ; Dash qui pardonnait en un claquement de doigts, Dash qui était prêt à effacer n’importe quelle ardoise pourvu qu’on revienne, qu’on soit tout pareil, qu’on rie avec lui, qu’on l’étreigne et qu’on l’assure qu’on l’aimait. Mais Dash méritait mieux, c’était tout.

Alors, il affirma qu’il lui expliquerait tout. C’était vrai. Il le voulait vraiment, il voulait tout lui dire, il aurait voulu qu’il soit là, avec lui, toute l’année écoulée ; mais voilà, il n’était pas là, juste à côté, pour comprendre sans avoir à demander. Et Silas n’avait pas été capable d’écrire ces putains de lettres. Sans qu’il y réfléchisse vraiment, il avoua la peur qui le taraudait, la terreur qui le plaquait au sol et le désespoir qui l’enveloppait de ce linceul à travers lequel il voyait le reste du monde, comme on se regarde passer à travers la fenêtre sans pouvoir bouger. Les sanglots, bruyants et anarchiques, s’échappèrent immédiatement – la digue avait cédé, emportant avec elle toute la fierté de ce garçon bravache et fanfaronnant. Il pleura seul, debout comme un con, sans pouvoir s’arrêter. Dash le fixait, effaré, immobile ; choqué.

— Oh merde, lâcha-t-il.

Avec des gestes à la fois gauches et brutaux, il referma la porte du compartiment sur les gémissements enfantins de Silas après avoir attiré la caisse du chat à l’intérieur. Maladroitement, il extirpa un vieux paquet de mouchoirs froissés de sa poche, qu’il s’empressa de fourrer dans la main tremblante de son ami ; elle se referma à peine dessus, engourdie et molle. Sans attendre, Dash passa son bras sous le sien pour lui assurer son soutien, une épaule que Silas savait solide et indéfectible. Il s’y appuya de toutes ses forces malgré les reniflements grotesques à travers lesquels il hoquetait sans pouvoir s’arrêter, les yeux embués de grosses larmes irrépressibles. Avec une douceur palpable, le Gryffondor l’entraîna avec lui sur le siège pour reposer son genou brûlant de douleur. Pourtant, Silas n’accueillit pas ce soulagement comme quelque chose de positif ; la douleur le raccrochait encore au présent, l’empêchait de sombrer dans le marasme de cet accident qui lui avait tout pris, qui lui avait volé sa vie.

— I' s'est passé quoi ? demanda timidement Dash, la voix sourde. Tu... T'veux d'l'eau ou... ou j'sais pas... n'importe quoi...? proposa-t-il avec hésitation.

R-Reste… M-Me laisse pas, hoqueta Silas d’une voix suppliante qui ne lui ressemblait pas.

C’était tout ce qu’il voulait. Il enfouit son visage bouffi contre son épaule dans une plainte pathétique, fracassé par les vagues du chagrin qui se déchaînaient soudain sur lui. Le jeune homme se noyait dans la peur viscérale de perdre son meilleur ami comme il avait perdu sa mère dans les limbes d’un coma dont tout le monde s’accordait à dire qu’elle ne se réveillerait pas, comme il avait perdu son père dans les brumes tentatrices de l’alcool, comme il avait perdu son innocence d’adolescent prêt à conquérir le monde à coups de grandes idées et de doux rêves.

Il lui fallut de longues minutes pour parvenir à se calmer, ses doigts serrant convulsivement le paquet de mouchoirs avec rage et impuissance. Il haletait quelques « Désolé » geignards, désolé de ne pas avoir été là, désolé de ne pas avoir répondu, désolé de ne pas être capable de s’arrêter de chialer sur son épaule en foutant de la morve partout. Enfin, enfin, sa respiration s’apaisa un peu en constatant que Dash restait là, qu’il ne s’envolait pas, qu’il ne l’abandonnerait pas lui aussi – l’air dégoûté, défait comme son propre père, le regardant sans savoir quoi faire de cette épave qu’était devenu son fils.

Pardon, répéta-t-il piteusement en se redressant un peu, essuyant grossièrement ses yeux et son nez du revers de la manche. Je t’en ai foutu partout…, soupira-t-il, irrité, en frottant son épaule avec un mouchoir.

Ses sourcils froncés et sa concentration triviale lui permirent de regagner un peu de contenance. Ses pensées se remirent un peu plus en ordre, et les mots revinrent goûter sa langue amère.

Y a eu… un accident, dit-il enfin, levant lentement ses yeux rougis sur le visage de celui qui lui avait tant manqué. M’man… Elle… Je lui ai… J’ai…

Il bloqua résolument un énième sanglot, émettant un grognement contrarié. Il n’avait jamais dit tout ça à haute voix ; à personne, jamais. Même pas à l’écrit. Il n’y était jamais parvenu depuis tout ce temps. C’était trop dur. Seuls Nora et son père savaient, mais parce qu’ils étaient là ; ils avaient vu. Ils n’avaient pas besoin qu’on leur dise quoi que ce soit.

On était chez un copain de papa, l’été dernier. Je venais de t’écrire une lettre, mais j’ai pas eu le temps de l’envoyer…, reprit-il avec difficulté, serrant un peu plus son bras sous le sien en penchant la tête vers lui, l’appuyant contre le dossier du siège pour le regarder. Ça l’aidait, de le regarder. Et j’avais mal au genou, tu te souviens ? Bref. J’en ai pas trop parlé en rentrant, je sais pas vraiment pourquoi. Comme j’étais pas très causant, ils se sont mis en tête de nous emmener en Islande. Au début, j’ai cru qu’ils parlaient de l’Irlande, enfin, bref, on s’en fout, bafouilla-t-il, confus de se perdre dans des détails insignifiants, qui lui paraissaient un peu trop opportunément retarder l’échéance. Donc on était chez ce copain et… Avec No, on a fouillé un peu dans sa collec d’objets magiques pour s’occuper. Maman est arrivée… Et papa, aussi. Je… Je lui ai montré ce que j’avais trouvé. Je savais pas ce que c’était, je te jure que je savais pas, assena-t-il comme si Dash lui demandait de se justifier devant un tribunal.

Sa respiration se fit plus laborieuse, à mesure que les images affluaient, que la culpabilité serrait sa gorge.

Elle l’a pris. C’était une boule de verre toute conne avec des trucs bleus bizarres dedans, comme de la fumée. Et là, le pote de papa est revenu… Il a pété un câble et il l’a insultée ce connard, il a pris la boule… Et je sais plus trop comment, mais… Elle est tombée.

Son cœur battait trop fort. Mais il ne pouvait plus s’arrêter, il débitait tout d’un bloc, comme on tranche un câble épais, sans reprendre sa respiration, seulement concentré sur ce qu’il devait à son meilleur ami. C’était plus facile de se dire que c’était une façon de se punir.

Les trucs bleus sont sortis. Ils… Ils…

Il plaqua une main sur sa bouche pour empêcher le haut-le-cœur qui le secouait de se répéter.

Je peux pas, réalisa-t-il, glacé.

Qu’est-ce que Dash allait penser s’il n’y arrivait pas ? La panique le saisit, avant de refluer en jetant un œil nerveux à sa valise. Nora. Elle avait pensé à tout. Elle avait répété avec lui, elle avait conçu toute une stratégie pour lui permettre de parler à Dash sans devoir tout dire. Il aimait tellement sa sœur – à la folie.

À regret, il s’arracha aux yeux – si doux, si tendres qu’il en crevait d’envie de l’embrasser et de plus jamais le lâcher – de Dash pour ouvrir en partie sa valise et attraper la liasse de lettres ainsi qu’un épais dossier cartonné marqué au feutre noir de l’écriture pressée de Silas : « Pour Dash ». Sur la banquette d’en face, Bane les observait depuis tout à l’heure de son regard inexpressif, battant la queue en silence.

C’est une idée de N-Nora… Elle, elle… Elle sait parce qu’elle était là… Mais toi… Toi, t’étais pas là…, bredouilla le jeune homme en lui fourrant tout dans les mains.

Ce n’était pas un reproche. Plutôt la plainte désespérée d’un navire parti à la dérive sans son ancre, qu’un récif inattendu lui avait arrachée. Il se racla la gorge pour se reprendre, tentant de lui fournir des éclaircissements sur ce qu’il baragouinait.

Ce que je viens de te raconter… Je l’ai dit à personne. Y a que Nora et papa qui savent, mais j’ai pas eu besoin de leur parce que… Ils étaient là.

Il reporta des yeux tristes sur le visage de son meilleur ami, l’air vaincu.

J’arrive pas, Dash. J’arrive pas à en parler. J’te jure que j’ai essayé… Je t’ai écrit quinze mille brouillons de lettres… Mais j’arrivais pas à…

Sa voix mourut dans un filet ténu, comme il désignait vaguement les documents qu’il lui avait remis.

Y a tout là-dedans, promit-il en détaillant son expression avec inquiétude.

Et il disait la vérité. Il y avait le compte rendu de sa propre hospitalisation, celui de sa mère – assorti de photos des blessures ignobles infligées par la magie noire qui avait brûlé sa chair –, celui de son père, son bilan psychiatrique (qui évoquait tout autant le mutisme dans lequel il fut plongé pendant plusieurs semaines que le truc traumachinchose), et pour finir, quelques selfies débiles imprimés par Nora pour alléger un peu cette sinistre compilation de son année. Sur la dernière, on voyait Nora, hilare, en train de faire l’idiote sur l’escalier de rééducation, tandis que Silas était assis en contrebas en levant les yeux au ciel, une main sur son genou pour le masser. Aucun cliché de leur père ou de leur mère, en revanche.
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Message(#) Sujet: Re: Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas EmptySam 26 Aoû - 23:18

Long time no see, Sweetheart
mais ta place est toujours là
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En un battement de cil, tout ce que Dashiell avait toujours cru savoir de son meilleur ami s'envola en fumée. Il n'y avait plus rien de mordant, de fier, d'amusant, seulement un gamin effondré incapable de s'expliquer, comme si ce qu'il devait porter était devenu soudainement trop lourd pour ses épaules. Il n'avait jamais eu à faire face à ce garçon-là. Oh, il ne prétendait pas qu'ils n'avaient traversé que des bons moments, ensemble, c'était faux, bien sûr, mais il n'avait jamais eu l'air à ce point coincé au fond d'un gouffre dont il ne savait rien. Les larmes qui roulaient sur ses joues avaient quelque chose d'effrayant. Il n'avait jamais été doué pour gérer ça. Il n'avait aucun mal à rigoler, savait à peu près faire face aux conflits – il se contentait bêtement d'acquiescer en attendant que l'adversaire ait fini de s'énerver pour rien – pouvait être une oreille à peu près attentive s'il y avait des choses à évacuer... mais ça, là, cette tristesse liquide et si étouffante qu'elle faisait trembler la haute silhouette de son camarade, elle le mettait mal à l'aise. Dans beaucoup d'autres circonstances, il se serait sûrement contenté de lui tapoter l'épaule en vomissant un « courage, bro » avant d'aller chercher quelqu'un pour prendre le relais... mais là ? Il n'était même pas certain d'avoir envie de laisser quelqu'un d'autre faire à sa place, comme si c'était par là qu'il fallait commencer pour rattraper le temps perdu. Et sûrement que c'était le cas. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il avait dû affronter cette année mais ça l'avait brisé. Alors, pour se donner l'impression de servir à quelque chose, l'adolescent brassa du vent. Il s'occupa de lui offrir une intimité au moins potable, pour que ses pleurs n'attirent pas tous les curieux des compartiments alentour, lui trouva de quoi essuyer ses yeux et se proposa même pour lui dégoter tout ce qu'il pourrait vouloir pour aller mieux, pour se calmer. S'il ne savait pas comment faire face à ces larmes assassines, il pouvait encore se plier en quatre pour rendre son chagrin un peu plus supportable. Mais parmi tout ce qu'il aurait pu demander, Silas se contenta de la seule chose qu'il aurait bien voulu éviter :

R-Reste… M-Me laisse pas.
Bien sûr qu'non j'vais pas t'laisser, crétin, tenta-t-il de le rassurer avant qu'il ne vienne cacher son visage toujours humide contre son épaule.

Son cœur sembla louper un battement, à moins qu'il ne soit littéralement tombé dans son estomac. S'il n'avait jamais voulu imaginer vraiment leurs retrouvailles de peur qu'elles n'arrivent jamais, il fallait bien reconnaître qu'il n'aurait jamais pu s'attendre à ça. Il avait espéré faire la gueule au moins tout le trajet – disons trente minutes – avant de l'écouter raconter des aventures incroyables qui auraient pu rendre jaloux n'importe qui... Qu'il ait tout plaqué pour partir faire le tour du monde avec ses parents, qu'il n'ait pas écrit parce que les hiboux risquaient de se faire bouffer par des créatures sanguinaires... En réalité, il aurait été prêt à l'écouter faire l'étalage d'une vie géniale, trop géniale pour être partagée avec lui même, plutôt que de le voir si mal sans en saisir les raisons. Au début, il lui tapota maladroitement le dos, comme on voyait dans les séries mal jouées et puis, doucement, il abandonna son geste pour le serrer simplement, plus étroitement encore, et lui murmurer des « ça va aller » trop incertains pour avoir l'air crédible. Il se fichait de ses désolé, il se fichait de ses explications, il se fichait des raisons qui avaient pu être assez bonnes – ou assez horribles – pour le tenir à l'écart de sa vie pendant si longtemps... Finalement, c'était débile tout ça. Il voyait bien, là qu'il l'avait sous le nez, qu'il ne s'était pas contenté de l'abandonner. Bien sûr qu'il l'avait fait aussi, mais ça n'était sûrement qu'une conséquence de plus à une existence dont il ne savait plus rien. Ses doigts finirent par se perdre dans ses cheveux, doucement, précautionneusement, presque tendrement, comme son père l'avait lui-même fait ce matin dans les siens. Même s'il l'avait voulu, comment aurait-il pu lui en vouloir encore ? Il avait été blessé, d'accord, délaissé, oublié peut-être même, mais tout ça ne suffirait jamais à faire de l'andouille qu'il était le monstre qu'il aurait dû devenir dans un sursaut d'ego. Tant pis. C'était Silas, et Silas méritait bien de le laisser marcher sur sa fierté mal en point.

Pardon.

Il haussa les épaules et relâcha son étreinte pour le laisser se redresser.

Je t’en ai foutu partout…

Le Gryffondor ne put s'empêcher de ricaner alors que l'autre lui frottait l'épaule avec son mouchoir. Le train n'était pas encore parti que, déjà, ça n'avait plus aucun sens.

Nan mais on s'en branle d'ça !

Comme s'il en avait quelque chose à faire, lui, d'avoir le t-shirt trempé ou plein de morve, sérieusement ! Dans le pire des cas, il mettrait son uniforme plus tôt et ça irait au lavage en arrivant. Il y avait mille fois plus important à ses yeux : que son meilleur ami aille un peu mieux, assez pour arrêter de pleurer, par exemple. Le regard prudent qu'il coula vers lui allait dans ce sens et laissait entendre tous les « ça va aller ? » de l'humanité. D'énièmes « ça va aller », comme s'il n'était plus bon qu'à prononcer que ça...

Y a eu… un accident, reprit finalement l'adolescent en face de lui. M’man… Elle… Je lui ai… J’ai…

Un nouveau silence, seulement brisé par le grognement agacé qui lui échappa. Dashiell attrapa maladroitement sa main et la serra dans la sienne, tout à la fois pour l'encourager à continuer et lui faire comprendre qu'il pouvait s'arrêter là.

On était chez un copain de papa, l’été dernier. Je venais de t’écrire une lettre, mais j’ai pas eu le temps de l’envoyer… Et j’avais mal au genou, tu te souviens ?

Il hocha la tête. Il s'en était inquiété, dans ses lettres de l'été... avant de s'inquiéter pour tellement de chose à la fois que ça s'était finalement noyé au milieu du reste. Jessicat gratta pour sortir de sa prison, il n'y fit pas attention.

Bref. J’en ai pas trop parlé en rentrant, je sais pas vraiment pourquoi. Comme j’étais pas très causant, ils se sont mis en tête de nous emmener en Islande. Au début, j’ai cru qu’ils parlaient de l’Irlande, enfin, bref, on s’en fout. Donc on était chez ce copain et… Avec No, on a fouillé un peu dans sa collec d’objets magiques pour s’occuper. Maman est arrivée… Et papa, aussi. Je… Je lui ai montré ce que j’avais trouvé. Je savais pas ce que c’était, je te jure que je savais pas.
J'sais, balbutia-t-il sans avoir la moindre idée de quoi il était question mais en même temps intimement convaincu que jamais son ami n'aurait fait courir volontairement le moindre risque à sa mère.
Elle l’a pris. C’était une boule de verre toute conne avec des trucs bleus bizarres dedans, comme de la fumée. Et là, le pote de papa est revenu… Il a pété un câble et il l’a insultée ce connard, il a pris la boule… Et je sais plus trop comment, mais… Elle est tombée. Les trucs bleus sont sortis. Ils… Ils…

Et sa phrase n'eut jamais la moindre fin. Il plaqua une main sur sa bouche comme s'il était sur le point de rendre son petit-déjeuner et lui, pauvre abruti, n'eut pas le réflexe de sauver potentiellement ce qu'il restait de propre sur son t-shirt, bien au contraire... Il s'agita légèrement sur son siège, se rapprocha davantage, frottant son bras dans un geste un peu empoté qu'il espérait malgré tout apaisant.

Eh, t'pas obligé d'continuer, ok ? On s'en fout si j'sais pas tout aujourd'hui. Y'a l'temps, c'pas grave. D'accord...? C'pas grave.

Mais Silas n'y fit pas attention, à moins qu'il s'en fichait. Quoi qu'il en soit, il bougea enfin, sautant presque sur sa valise pour en sortir une pochette en carton et un tas de feuilles qu'il lui fourra dans les mains.

C’est une idée de N-Nora… Elle, elle… Elle sait parce qu’elle était là… Mais toi… Toi, t’étais pas là…

Ces derniers mots lui firent l'effet d'une gifle, emplissant sa gorge de milliers d'aiguilles et son cœur d'un sentiment de culpabilité teintée d'injustice. Il aurait bien voulu être là, lui ! Il aurait servi à rien, sûrement, mais au moins il aurait pu essayer de le soutenir, de lui faire savoir qu'il était là, encore, toujours, quoi qu'il puisse arriver ! Mais il ne lui avait pas laissé le choix... Il baissa les yeux sur la pochette pour éviter le regard de Silas. Son nom s'y étalait en grosses lettres noires.

Ce que je viens de te raconter… Je l’ai dit à personne. Y a que Nora et papa qui savent, mais j’ai pas eu besoin de leur parce que… Ils étaient là.

Eux, ne put-il pas s'empêcher de penser avant de se baffer mentalement pour avoir eu la connerie de tomber si bas. Ses doigts resserrèrent leur emprise sur ce qu'ils tenaient. Jessicat miaula pour attirer leur attention.

J’arrive pas, Dash. J’arrive pas à en parler. J’te jure que j’ai essayé… Je t’ai écrit quinze mille brouillons de lettres… Mais j’arrivais pas à…
C'pas grave, répéta-t-il si bas que les conversations qui avaient cours dans le couloir à quelques mètres d'eux pouvaient suffire à le rendre inaudible.
Y a tout là-dedans.

Il hocha la tête, les yeux résolument fixés sur son nom. Il lui fallut bien quelques longues secondes pour ouvrir la pochette, incertain de ce qu'il pourrait trouver à l'intérieur. Son regard sombre survola des compte-rendus pleins de mots scientifiques et de sentences qui avaient l'air dramatiques, affronta des photos horribles avec une indifférence habituée malgré la peine que ça lui causait de savoir qu'il s'agissait de la mère de son meilleur ami, s'illumina à la vue des selfies qu'il y avait glissé... puis il se fit plus perdu en tombant sur les lettres, plus ému peut-être aussi. Il se mordit la lèvres pour faire refluer des larmes idiotes amenées par les vides et les ratures, par des confidences qui n'étaient jamais parvenues jusqu'à lui, par des épreuves qu'il aurait voulu l'aider à surmonter. Sa lecture s'était faite en silence, tout juste malmenée par quelques claquements de langue réprobateurs avant qu'il ne lâche tout son barda sur le siège à côté et n'attrape le t-shirt de Silas pour le tirer vers lui dans un geste aussi soudain que spontané. Il l'enlaça plus franchement qu'il ne l'avait fait jusque là et laissa échapper à son oreille un :

Moi aussi j't'aime, et tu m'as manqué p'tain.

Lorsqu'il se redressa, il récupéra la pochette et lui en asséna un coup léger sur la tête avant de darder sur lui un regard assassin.

Mais t'es un abruti fini, Silas Jørgensen ! P'quoi t'as rien dit sur rien ?! J't'aurais pas lâché ! On vous aurait pas lâchés !

Parce qu'il était évident que ses parents auraient été réquisitionné pour vérifier qu'ils allaient bien, sa sœur et lui, qu'ils manquaient de rien, qu'ils pouvaient gérer. Et il savait pertinemment que personne n'aurait râlé à cette idée, même s'ils avaient leurs propres soucis à gérer. Mais bien trop conscient – pour avoir encore maintenant ses yeux rougis face à lui – que le sujet était sensible, Dashiell se contenta de le clore d'un geste de la main comme s'il n'était pas particulièrement important et attrapa le visage de son ami entre ses doigts pour le forcer doucement à tourner la tête.

Et c'quoi, ça ? demanda-t-il en appuyant un regard gentiment moqueur sur l'anneau qu'il avait dans le nez. T't'es pris pour la Vache qui rit ou quoi ?


Dernière édition par Dashiell Dashner le Dim 27 Aoû - 11:11, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas EmptySam 26 Aoû - 23:21

( whatever this world can give to me
it's you, you're all I see )
À défaut d’avoir vidé toute la bile corrosive qui grignotait son cœur, Silas était parvenu à se faire comprendre avec des gestes, des mots, des documents – sur la brillante idée de Nora. Sans doute ses larmes avaient-elles valeur d’aveu ; de faiblesse, d’impuissance, de désespoir. Il aurait voulu lui dire « Tu m’as tellement manqué » en boucle, jusqu’à en être écœuré, jusqu’à ce que Dash le supplie en riant de se taire. Il aurait voulu le serrer contre lui en silence pendant tout le trajet pour remplir ces poumons vides de son odeur depuis plus d’un an. Il aurait voulu lui dire sans avoir à le dire tout l’amour qu’il éprouvait pour lui et qu’il s’efforçait de contenir pour ne pas l’effrayer et le perdre pour de bon, cette fois. Dans le chaos des mois écoulés, il s’était perdu dans son présent, sa réalité – en oubliant presque que quelqu’un, ici, ne l’abandonnerait pas comme tous les autres. Lui et sa sœur n’étaient pas seuls au monde ; il y avait Dash, et il y aurait toujours Dash. C’étaient ce que lui criaient toutes ses interventions rassurantes, ces caresses maladroites sur son dos et ces doigts qui brossaient ses cheveux avec plus d’assurance, faisant se fermer les yeux de Silas avec un peu plus d’abandon. Son meilleur ami se montrait si prévenant, si doux, si douloureusement gentil avec ce chagrin trop gros pour un seul corps, alors même qu’il était aussi doué avec les larmes qu’avec les lettres. Il n’avait pas changé d’un poil, il était resté lui-même, il l’avait attendu. L’adolescent se sentait immensément reconnaissant pour tout ce qu’il lui donnait en cet instant de basculement ; pour tout ce qu’il ne méritait pas. Souvent, il se faisait la réflexion que Dash serait sans doute plus heureux sans lui.

Il y avait pensé longuement, cet été, alors que la perspective de la rentrée approchait trop vite. Après avoir fumé son premier pétard avec Nora – et surtout après avoir constaté en silence que l’effet du cannabis sur sa douleur était plus efficace que toutes ces drogues légales que lui refourguaient les médicomages –, Silas s’était penché sur les équivalents magiques. Rien de bien compliqué quand on avait un père sorcier absent (par le biais du travail ou de l’alcool) qui laissait sans surveillance son propre hibou. Grâce à Fluffy Guy et à quelques gallions subtilisés dans le portefeuille paternel, il avait commandé tout un tas de magazines magiques spécialisés, puis d’ingrédients nécessaires à ses mixtures psychédéliques. Il n’en avait pas touché un mot à Nora, qui se serait probablement insurgée qu’il utilise l’argent que ne dilapidait pas leur père dans l’alcool pour des potions expérimentales plutôt que pour leur acheter de quoi manger. Le jeune homme avait craint de ne pas disposer de suffisamment d’équipement pour mener à bien son petit projet secret, mais il était parvenu à créer ce qu’il avait baptisé le « sang d’étoiles » ; une potion couleur goudron, piquetée de scintillements étranges qui donnaient l’impression de contempler le ciel nocturne.

Lorsqu’il but la version finale, sans se soucier des conséquences que cela pouvait avoir sur son organisme, il se trouva tellement hilare et joyeux qu’il fut difficile de faire avaler à sa sœur qu’il n’avait fait que fumer un peu trop. Le sang d’étoiles rendait toute source de lumière éblouissante, mais pas de façon négative ; c’était assez hypnotisant, et on l’entendait presque chanter. Mais enfin, ça n’avait pas du tout l’effet relaxant et antidouleur escompté. Cette potion ne permettait de passer qu’un bon moment (assorti d’une bonne migraine le lendemain). Si au début il fut frustré par le manque de finesse du résultat – qu’il ne pourrait perfectionner qu’une fois à Poudlard –, il garda tout de même la recette dans un coin de sa tête ; c’était assurément quelque chose qu’il pourrait faire circuler parmi les élèves. Enfin, pas la recette bien sûr, la potion. Peut-être qu’il pourrait gagner de l’argent avec, tiens. Mais quoi qu’il en soit, sa petite expérience extatique ne lui avait donné qu’un seul mot à la bouche : Dash. Il s’était senti si heureux qu’il lui paraissait improbable que son meilleur ami ne partage pas ce moment avec lui. Lorsque l’effet de la potion avait reflué, il avait été écrasé par un accès de désespoir comme jamais il n’en avait connu à la constatation qu’il n’était pas là et qu’il n’était même pas foutu de lui envoyer une lettre pour réclamer sa présence. Une urgence avait comprimé sa poitrine, une urgence qu’il n’avait jamais éprouvée auparavant, et qu’il n’avait su calmer qu’en dessinant de longues zébrures écarlates sur l’intérieur de ses cuisses avec la pointe de son couteau de potions. Bizarrement, cette douleur-là faisait du bien ; elle éclipsait l’autre, celle de sa mauvaise jambe. Mais lorsqu’il eut terminé, ce fut un sentiment de honte qui lui tira des larmes. Silas n’avait pas pu s’empêcher de recommencer à chaque fois qu’il échouait à écrire une lettre, puis lorsque l’idée de la rentrée devenait de moins en moins une idée à mesure que les jours passaient. Ça voulait forcément dire qu’il ne méritait pas Dash s’il était capable de faire ça mais pas d’écrire une pauvre lettre. C’était forcément pour ça qu’il avait si honte.

Pourtant, il était trop lâche pour prendre la décision de le laisser en paix. Il n’entendait même pas le chat s’agiter et miauler ou la rumeur des conversations qui enflait dans le couloir ; il n’avait d’yeux que pour Dash. « Bien sûr qu'non j'vais pas t'laisser, crétin » qu’il avait dit. Comme une évidence. Aimer Dash, c’était une évidence, oui. Tout le monde aimait Dash parce que ce garçon était un putain de soleil auquel on voulait graviter sans jamais quitter son système. Mais aimer Silas ? Aimer Silas, c’était aimer un trou noir.

Lorsque son meilleur ami se plongea dans la découverte du dossier que Nora avait soigneusement concocté, les yeux de Silas le couvèrent avec anxiété. Il patienta dans le même silence religieux qu’observait Dash durant sa lecture, qui parut l’affecter aussi positivement que négativement. Silas adorait lire ses émotions sur son visage ; il était si honnête, si spontané. C’était une bouffée d’air frais dans une pièce sombre et surchauffée.

Soudain, il lâcha ses affaires – si brutalement que Silas en sursauta, pris de court –, puis agrippa le tee-shirt de son ami pour le prendre dans ses bras ; cette fois, il n’y avait ni maladresse ni hésitation dans son geste. Un soupir étranglé échappa au blondinet, qui referma ses propres bras sur le corps de Dash comme s’il voulait lui briser les os.

— Moi aussi j't'aime, et tu m'as manqué p'tain, chuchota-t-il à son oreille.

Sans qu’il puisse le retenir, un sanglot de soulagement franchit ses lèvres tremblantes et il enfouit son nez dans son cou en reniflant.

Tu m’as tellement manqué, murmura Silas d’une voix sourde.

Ses doigts s’enfoncèrent dans les plis de son haut froissé, comme pour s’accrocher plus fort à cette ancre qu’il avait oubliée derrière lui. Il se délecta de sa chaleur familière et de cette odeur dont il s’était langui, sans plus se soucier de quoi il avait l’air ou de ce que son meilleur ami pouvait penser de cette tendresse qui avait doucement glissé vers un sentiment plus profond et viscéral. Se perdre en lui était finalement bien plus tentant que de refermer ses doigts autour de ce couteau. S’il ne pouvait pas être le soleil de Dash, il voulait au moins être une étoile plutôt qu’un trou noir. Il pouvait… Il devait essayer.

Lorsqu’il relâcha Dash pour ne pas l’étouffer – ce qu’il était plutôt en bonne voie de faire –, ce dernier, avant même qu’il ne l’anticipe, avait saisi la pochette de documents pour l’en frapper sur le crâne avec un regard noir (enfin, aussi noir qu’un regard de Dash pouvait l’être).

Hey ! s’insurgea Silas en portant une main à sa tête. Tu frappes les handicapés, maintenant ? lança-t-il avec un sourire en coin malgré ses yeux brillants.

— Mais t'es un abruti fini, Silas Jørgensen ! l’engueula son meilleur ami sans faire attention à ses pitreries. P'quoi t'as rien dit sur rien ?! J't'aurais pas lâché ! On vous aurait pas lâchés !

Le sourire du Jørgensen en question s’effaça pour laisser place à un air coupable, prenant conscience que Dashiell interprétait malgré tout son silence comme s’il n’était pas capable de lui venir en aide.

Je sais, dit-il aussitôt, l’air grave. C’est pas le problème, Dash… Je… Je voulais pas…

Il soupira en détournant brièvement les yeux vers la porte close du compartiment.

J’arrive pas à en parler et… Je voulais pas que toi aussi, tu sois dans le même état que moi… T’avais Poudlard à gérer – et c’est déjà suffisamment un merdier comme ça, je trouve. Tu vois…

Sa voix s’enroua, tandis que ses yeux retrouvaient les siens.

Personne en parle chez moi. On fait tous comme si ça existait pas. Parce que de toute façon, ça sert à quoi d’en parler ? Et papa, il est… C’est une épave. Je voulais pas que tu viennes à la maison et que tu… Tu vois l’état dans lequel elle est… Dans l’état dans lequel moi j’étais. Je suis vraiment horrible quand j’ai mal. Tu mérites mieux.

Ça, au moins, il le pensait le plus sincèrement du monde. Et il espérait qu’il le croirait.

Je te fais confiance, Dash, je te le promets, assena-t-il avec une détermination farouche en prenant ses mains dans les siennes spontanément. Je… Je te cacherai plus jamais rien, OK ? Et, du coup… Il faut que je te parle d’un truc, avoua-t-il dans une voix qui s’éteignait, tandis que ses yeux se posaient sur ses cuisses avec dégoût. Mais pas maintenant, ajouta le jeune homme en désignant le couloir du menton, dont on entendait le brouhaha diffus caractéristique d’un départ imminent. Quand on sera sûrs de pas être dérangés.

Fermant la discussion d’un simple geste de la main, Dash tendit les doigts vers le visage de Silas pour le saisir doucement et le tourner vers lui. Surpris, l’adolescent écarquilla les yeux, le cœur parti comme un fou après cet espoir emballé qui n’avait pas de sens, pensant à mille à l’heure qu’il allait peut-être l’embrasser. La pulpe de ses doigts sur son visage lui donnait l’impression d’être branché sur mille volts, déclenchant au moins autant de frissons électriques. Mais la poignée de secondes durant laquelle son délire dura fut rapidement balayée par le regard amusé que Dash appuya non pas sur ses lèvres, mais sur son nez percé.

— Et c'quoi, ça ? T't'es pris pour la Vache qui rit ou quoi ? balança-t-il.

Ébranlé par le contact, Silas mit quelques instants avant d’éclater de rire et de gifler l’une de ses mains en se composant un visage outragé, la bouche ouverte sur un o ébahi qui disait « Mais quel connard ! »

Tu peux parler, avec ta bouclette de tapette sur l’oreille, hein ! répliqua-t-il aussi sec en tendant la main pour tirer gentiment sur le lobe percé. Moi au moins, j’ai fait un vrai piercing, fanfaronna-t-il en haussant un sourcil dédaigneux sur ce visage froissé par les larmes. Et je crois bien que ma tête de Vache qui rit a au moins plu à une meuf, la semaine dernière, ajouta-t-il pour faire bonne mesure, renouant avec un naturel déconcertant avec la connivence qu’ils partageaient avant son absence.
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Message(#) Sujet: Re: Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas EmptyDim 27 Aoû - 12:26

Long time no see, Sweetheart
mais ta place est toujours là
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Tu m’as tellement manqué, lâcha Silas, son souffle s'écrasant dans son cou.

Et c'était, dans le fond, tout ce que Dashiell avait pu espérer. Lui manquer autant qu'il lui avait manqué lui-même, ne pas avoir passé ces derniers mois à lui garder cette place centrale dans son existence pour le voir la dédaigner à la moindre occasion. Recommencer, un jour, comme s'ils ne s'étaient jamais quitté. Ses lèvres s'étirèrent d'un sourire idiot et soulagé que son ami ne pourrait pas voir et ses bras s'efforcèrent de le serrer plus fort encore, craignant presque qu'il ne prenne la fuite à chaque instant. Ils avaient tellement de choses à rattraper ! Tellement de choses à se dire, sûrement aussi. Toutes ces bêtises adolescentes qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de partager, toutes ces anecdotes ridicules qui auraient dû les faire glousser rien qu'en y repensant. C'était long, un an, quand on en avait que quinze... Ils s'étaient quittés presque bébé et maintenant... Maintenant il n'y avait qu'à le regarder, lui, avec ses traits plus adultes et cette hauteur qui pouvait filer des complexes ! Mais peut-être que le temps n'était pas vraiment perdu perdu... juste égaré. L'adolescent l'espérait... tant et si bien qu'il pouvait le laisser de côté rien qu'une seconde encore, juste assez pour lui faire comprendre qu'il n'était pas tout seul, qu'il ne l'aurait jamais été et que, même dans les pires moments, il ne l'aurait jamais abandonné. Ça avait toujours semblé évident, pourtant. Ces promesses de toujours débiles qu'on se fait étendus dans l'herbe verte du parc à l'aube des vacances, un goût d'indéfectibilité auquel il avait toujours cru dur comme fer... Il lui asséna un coup de pochette molle sur la tête et l'engueula autant qu'il lui était possible de le faire.

Hey ! Tu frappes les handicapés, maintenant ?

Il ne releva pas, n'esquissa même pas le plus petit des sourires. Ça n'arrivait pas souvent mais il était sérieux. Vraiment sérieux. Ils auraient le temps de se bidonner pour des conneries après, jusqu'à la fin de l'année, de leur vie même s'il le voulait. Mais pas là. Là, il voulait qu'il ouvre les yeux, qu'il arrête de se croire seul au monde ou simplement obligé de porter le poids de son existence sans l'aide de qui que ce soit. Du moins... sans la sienne... Il se fichait de ne pouvoir rien faire de concret, d'être une potiche parmi tant d'autres dans une vie qui lui avait échappé tant il l'en avait tenu éloigné... mais il pouvait au moins être une épaule sur laquelle s'appuyer, sur laquelle s'épancher, pleurer, peu importe. Il voulait juste être son ami, en fin de compte, comme il avait toujours imaginé l'être ; de ces amis qui ne disparaissent pas à la première épreuve, qui ne ferment pas les yeux sur le chagrin qui emplissait les siens... Le sourire de Silas se fana, titillant une culpabilité trop bien réveillée. Il ne voulait pas en rajouter, bien sûr, encore moins lui faire du mal ou de la peine, juste... Juste le retrouver, merde ! Vraiment, sans non-dit débile ou quoi que ce soit qui risquait de s'installer depuis qu'il était parti.

Je sais. C’est pas le problème, Dash… Je… Je voulais pas…

Son regard lui échappa et lui ne put que soupirer tristement.

J’arrive pas à en parler et… Je voulais pas que toi aussi, tu sois dans le même état que moi… T’avais Poudlard à gérer – et c’est déjà suffisamment un merdier comme ça, je trouve. Tu vois…
Mais...?! hoqueta-t-il bêtement alors que son camarade continuait sur sa lancée.
Personne en parle chez moi. On fait tous comme si ça existait pas. Parce que de toute façon, ça sert à quoi d’en parler ? Et papa, il est… C’est une épave. Je voulais pas que tu viennes à la maison et que tu… Tu vois l’état dans lequel elle est… Dans l’état dans lequel moi j’étais. Je suis vraiment horrible quand j’ai mal. Tu mérites mieux.

Le regard planté dans le sien, si proche qu'il aurait pu distinguer chaque nuance de ses iris, Dash secoua doucement la tête. Pas vraiment agacé, pas vraiment déçu... quelque part entre un désaccord touché et une résignation un peu attristée.

P'tain, j'ai plus cinq ans et t'pas ma mère. J'suis assez grand pour savoir si j'peux gérer, ou au moins si j'veux essayer, finit-il par déclarer sans la moindre animosité, au contraire. Et j'aurais voulu essayer. Parc'que j'tiens à toi, bouffon. Et qu'j'pensais pas que... 'fin... genre t'as honte d'n'imp... avec moi quoi...! T'pensais qu'j'allais t'juger ou...? Parc' que sérieux j'm'en branle d'l'état d'ta baraque, j'te jure, c'pas elle ma pote. ...et j'aurais p't'être pu comprendre qu't'allais pas bien, j'sais ça s'voit pas toujours mais des fois j'ai deux neurones qui fonctionnent hein.

Il se risqua à un sourire sans grande joie, bien loin de ceux immenses et rayonnants qu'on lui connaissait d'ordinaire.

Et just' pour info, ça fait cinq ans qu't'es vraiment horrible et j'm'en suis quand même toujours carré l'cul d'savoir si « j'mérite mieux ».

Il hocha la tête d'un air grave, comme si cette seule phrase détenait toute la vérité du monde. Et dans le fond, peut-être qu'il y avait un peu de ça. Il s'en fichait de ce qu'il méritait ou non, c'était des conneries ça. C'était trop facile de sortir cette excuse pour le lâcher pendant un an. Alors oui, objectivement il méritait mieux qu'un pote qui lui faisait assez peu confiance pour mettre les voiles comme ça mais... en même temps, est-ce qu'il méritait mieux que l'amitié géniale qu'ils avaient partagé avant ça ? Non. Mille fois non. Et au nom de cette amitié-là, il était prêt à faire comme si le reste n'existait pas.

Je te fais confiance, Dash, je te le promets.

Et lui, pauvre abruti, ronronna presque de plaisir à cette idée, répondant sans même s'en rendre compte à la pression des mains du Serdaigle sur les siennes.

Je… Je te cacherai plus jamais rien, OK ? Et, du coup… Il faut que je te parle d’un truc. Mais pas maintenant. Quand on sera sûrs de pas être dérangés.
T'sais où j'crèche t'açon.

Ce fut là-dessus que le sujet fut clôturé. On était jamais vraiment tranquille, dans le train. Y'avait même des cadavres planqués dans les coins, on était jamais sûrs de rien. Alors le jeune homme repoussa tout le sérieux de ces retrouvailles pour attraper le visage de son ami et le forcer à tourner la tête vers lui, lorgnant d'un air goguenard sur l'anneau passé dans son nez. Silas éclata de rire avant de le chasser d'une claque sur la main qui le fit ricaner à son tour.

Tu peux parler, avec ta bouclette de tapette sur l’oreille, hein !
Aïe, exagéra-t-il en essayant d'esquiver la main qui s'en prenait à ladite oreille. Et la tapette e' t'emmerde !
Moi au moins, j’ai fait un vrai piercing.
Chochotte comme t'es, c'du fake plutôt, ouais !

C'était dommage en vrai, ils auraient pu partager ça aussi... Bon, d'accord, ça avait été fait sur un coup de tête, un caprice débile, l'espoir de faire chier ses parents pour se venger du départ d'Oona... mais ça n'avait pas vraiment fonctionné. Sûrement qu'ils étaient si mal pour lui qu'ils auraient accepté n'importe quoi... et sûrement que ça, ils l'auraient accepté de toute façon. Ça leur ressemblait bien... Le sifflet retentit enfin sur le quai, les portes se refermèrent dans un boucan d'enfer. Jessicat se mit à brailler comme un licheur à l'agonie et Dash soupira en levant les yeux au ciel alors qu'il consentait enfin à bouger.

Et je crois bien que ma tête de Vache qui rit a au moins plu à une meuf, la semaine dernière.
Whaaaaaat ?! Atta, j'ouvre au chat et tu m'racontes ! J'te jure, j'aurais dû l'échanger cont' un poisson rouge, i' casse trop les couilles.

Joignant le reste à la parole, il tira sur les fermetures du panier de transport et le gros museau carré de l'animal haut sur pattes émergea en reniflant. Son œil unique se posa partout autour de lui, observant tour à tour Silas et Bane sans parvenir à savoir si c'était potentiellement des amis ou des menaces. Son propriétaire le laissa faire sa vie et tira un paquet de cigarette de la poche de son blouson avant d'en coincer une entre ses lèvres. Il ouvrit la petite fenêtre, grimpa debout sur le fauteuil le plus proche et resta près de l'ouverture pour que l'odeur n'attire pas tout ce que Poudlard comptait de détenteurs de l'autorité.

Bon, vas-y, c'quoi c't'histoire d'meuf là ?!

Il n'avait finalement fallu que d'une poignée de minutes à peine pour retrouver un semblant d'habitude, les restes d'une complicité naturelle qui avaient sagement attendu son retour pour être déterrés...
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Message(#) Sujet: Re: Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas EmptyMar 29 Aoû - 16:31

( whatever this world can give to me
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Sentir son corps contre le sien, son cœur battre au rythme de son propre pouls, son odeur si familière et la chaleur de cette étreinte qu’il avait rêvée mille fois… C’était tout ce dont il avait besoin pour apaiser les émotions qui avaient débordé sur ses joues en laissant des traces luisantes. Sans qu’il n’ait besoin d’esquisser un geste ou de chuchoter un mot, Dash demeura contre lui autant de temps qu’il en avait besoin malgré les secondes qui s’égrenaient, les élèves qui continuaient leur vie sans prendre conscience qu’elle n’était qu’une parenthèse dans ce moment intime. S’il se sentait pathétique d’avoir fondu en larmes devant son meilleur ami, alors qu’ils se revoyaient après un an d’absence et de silence, la poitrine de Silas s’était nettement allégée en retrouvant le réconfort de sa présence indéfectible. À nouveau, il fut pris de l’envie de lui dire combien il l’aimait, combien il lui avait manqué, combien il avait failli crever d’envie de le retrouver malgré ce putain de cerveau incapable qui transformait chaque tentative de lettre en échec lamentable. L’adolescent aurait aimé qu’il soit possible de lui transmettre toute la lumière dont il avait rempli ses yeux. Malheureusement, ce moment dut prendre fin, bien qu’il aurait aimé qu’il dure aussi longtemps qu’une vie – que rien ne les sépare plus, jamais, et que rien ne puisse leur arriver.

Contre toute attente, Dash se redressa pour lui assener un coup sec avec la pochette contenant les documents soigneusement assemblés par Nora. Son ami poussa une exclamation indignée en lançant une plaisanterie de son cru, mais elle ne produisit aucun sourire sur ce visage inhabituellement sérieux. Cette constatation lui tira un pincement de culpabilité en même temps qu’un élan de joie stupide, ravi, au fond, que le Gryffondor refuse de prendre la situation à la légère – de le prendre, lui, Silas, à la légère. Alors, il se confondit en excuses et en explications, sans se laisser perturber par l’interjection produite par Dash. En revanche, la façon dont il riva ses prunelles aux siennes, avec une détermination farouche, presque avec rage, le déstabilisa suffisamment pour que son cœur rate un battement. À cet instant, il était si transparent, si vulnérable que n’importe quel spectateur aurait su dire que ces mots qu’il taisait, ce secret qu’il gardait dans les replis moites de ses entrailles étaient d’une évidence terrassante. Enfin, Dash secoua la tête avec une expression que son meilleur ami ne sut interpréter.

— P'tain, j'ai plus cinq ans et t'pas ma mère, lâcha-t-il avec un étonnant calme.

Je sais, glissa le Serdaigle d’une petite voix contrite.

— J'suis assez grand pour savoir si j'peux gérer, ou au moins si j'veux essayer.

Je sais, répéta-t-il d’une voix de plus en plus ténue.

— Et j'aurais voulu essayer, poursuivit son ami, implacable.

Mais tu ne m’as pas laissé faire, c’était tout ce que contenait cette assertion. Et il avait raison, bien sûr.

— Parc'que j'tiens à toi, bouffon. Et qu'j'pensais pas que... 'fin... genre t'as honte d'n'imp... avec moi quoi... ! T'pensais qu'j'allais t'juger ou... ? Parc' que sérieux j'm'en branle d'l'état d'ta baraque, j'te jure, c'pas elle ma pote… et j'aurais p't'être pu comprendre qu't'allais pas bien, j'sais ça s'voit pas toujours mais des fois j'ai deux neurones qui fonctionnent hein.

Je sais ! s’écria cette fois Silas, plus fort. Mais…, reprit-il en avalant sa salive, j’étais pas… en état de gérer. De… De prendre des bonnes décisions. J’étais… Tu vois, cet état second quand on t’annonce une mauvaise nouvelle ? L’impression que c’est pas vrai, que ça se peut pas, que ton cœur coule dans ta poitrine ? Et que tu peux rien y faire ? C’était ça. Tout le temps, pendant un an. Et maintenant… Maintenant que t’es là… C’est plus facile, avoua-t-il, un peu honteux.

Honte de ne pas avoir été capable de finir une seule foutue lettre, honte de ne pas avoir su prendre des décisions évidentes, honte de s’être laissé engloutir comme son bon à rien de père. Bien sûr que maintenant, tout lui paraissait simple ; que ça tombait sous le sens de se blottir dans les bras de son meilleur ami pour y chercher un peu de calme dans le chaos. Mais lorsqu’il était tout seul, dans son lit, à veiller jusqu’à l’aurore sans pouvoir détacher ses yeux de la tache d’humidité qui s’étendait lentement au plafond, il avait l’impression que rien ne serait plus possible et qu’il ne lui restait plus qu’à se faire avaler par le néant. C’était une forme de désespoir qu’il n’avait jamais connue jusqu’alors, et qu’il n’était probablement même pas capable d’expliquer correctement.

Mais je te laisserai décider, la prochaine fois, promit-il avec détermination. Je prendrai pas de décision pour toi. Mais… Enfin… La prochaine fois… Si je donne plus de nouvelles, c’est pas que j’ai plus envie de te parler, c’est que j’y arrive pas, alors, euh… Tu peux débarquer quand tu veux chez moi, si je réponds pas, ajouta Silas, mal assuré.

Il n’avait vraiment aucune envie de lire la pitié dans le regard si doux du Gryffondor, encore moins d’y voir du dégoût lorsqu’il était contraint de nettoyer les flaques de vomi occasionnellement laissées par son ivrogne de géniteur. Mais puisqu’il n’était pour le moment pas capable d’assurer qu’il aurait les capacités de maintenir le lien ténu avec l’extérieur, qui s’effilochait avec une rapidité affolante à mesure que les jours s’enfonçaient dans le triste quotidien de cette maison vidée de sa famille, il n’avait pas d’autre choix que de l’inviter à combler la distance de la manière la plus brutale. Pour l’obliger à se rappeler que cette réalité-là n’était pas la seule qui l’attendait.

Dash étira un drôle de sourire, un sourire que Silas n’aima pas beaucoup voir sur ces lèvres si promptes à la joie.

— Et just' pour info, ça fait cinq ans qu't'es vraiment horrible et j'm'en suis quand même toujours carré l'cul d'savoir si « j'mérite mieux », déclara-t-il en hochant la tête avec un grand sérieux.

Le jeune homme se mordit les lèvres à cette conclusion sans appel.

Tu trouves vraiment que je suis horrible ? ne put-il pas s’empêcher de demander d’une petite voix.

Quand bien même le ton était pince-sans-rire, cette simple idée lui transperçait les poumons d’un tisonnier brûlant. Elle confirmait tout ce qu’il pensait de lui-même, qu’il lâchait au détour d’une plaisanterie acide ou sous couvert d’autodérision crasse. Elle confirmait que, si Dash méritait mieux, lui ne le méritait pas ; et ne méritait rien tout court.

Il assura ensuite qu’il lui faisait confiance, sentant les mains de son ami serrer les siennes avec soulagement, avant de promettre de lui confier ce qu’il avait sur le cœur – ou plutôt, sur les cuisses. Il se sentait extrêmement nerveux à cette idée, mais Silas était bien décidé à repousser aussi loin que possible ce voile invisible qui entravait parfois ses mouvements et embrouillait ses idées jusqu’à lui faire croire qu’il ne lui restait plus qu’à se punir pour tout le mal qu’il avait fait ; pour cette boule de verre qu’il avait donnée à sa mère ; pour toute la peine qu’il avait faite à ses amis ; pour la douleur qu’il avait infligée à Dash ; pour le dégoût qu’il s’inspirait à lui-même.

— T'sais où j'crèche t'açon, répondit le Gryffondor, sous-entendu « Ouais, on se fera ça. »

Silas acquiesça, refermant l’épais volume de ce sujet épineux. Ils le rouvriraient ensemble plus tard, lorsqu’ils seraient tranquilles – et vraiment seuls. La simple perspective de glander dans le lit à baldaquin de Dash comme ils s’amusaient à le faire jadis le réjouit cependant suffisamment pour chasser l’anxiété provoquée par la prochaine révélation qu’il devrait lui faire.

Pour acter la fermeture de cette discussion un peu trop sérieuse, son meilleur ami s’empara de son visage pour émettre un commentaire moqueur sur son piercing. Passé le premier trouble qui saisit Silas à ce contact intime, il finit par chasser l’une de ses mains en riant pour le charrier à son tour en tirant sur l’anneau qu’il portait à l’oreille. Dash tenta de se soustraire à son contact en poussant un « Aïe ! » (très franchement exagéré, il l’avait à peine effleuré), mais Silas referma tout de même son pouce et son index sur le lobe de son oreille pour faire mine d’examiner le bijou – et un peu parce que cette partie tendre et sensible de son anatomie l’attirait inexplicablement.

Le tien a l’air d’être un vrai, en tout cas, décida-t-il en ignorant ses provocations.

Prenant conscience que le contact durait un peu trop longtemps et qu’il ne pourrait pas éternellement malaxer le lobe de son oreille comme un chat ronronnant enfonçant ses pattes dans une texture moelleuse, il soupira en entendant le sifflet annoncer le départ du Poudlard Express. À contrecœur, il retira sa main lorsque le chat encagé de Dash se mit à faire des siennes, non sans effleurer le contour de sa mâchoire adolescente au passage. Ce remue-ménage parut agacer le Gryffondor, mais il fut vite distrait par la petite anecdote croustillante de son ami.

— Whaaaaaat ?! Atta, j'ouvre au chat et tu m'racontes ! J'te jure, j'aurais dû l'échanger cont' un poisson rouge, i' casse trop les couilles.

Silas émit un petit rire amusé, l’observant s’exécuter tout en étirant sa jambe douloureuse restée un peu trop longtemps immobile dans une position inhabituelle.

Il vient d’où, ton matou ? l’interrogea-t-il en suivant du regard la bête franchement hideuse qui sortit de la caisse de transport.

Ce chat était salement amoché. Bane, qui s’était élégamment assis bien droit sur la banquette leur faisant face, la queue enroulée autour de ses pattes rondes, tourna la tête vers le nouveau venu en dressant les oreilles. Puis il s’en désintéressa en posant à nouveau ses yeux inexpressifs sur son maître. Le ronronroulant n’avait strictement aucun intérêt personnel pour son environnement ; seul lui importait ce qui comptait aux yeux de son propriétaire.

De son blouson, Dash tira un paquet de cigarettes, puis s’en fourra une dans le bec.

File ! exigea Silas en tendant la main pour prélever sa taxe de nicotine. J’espère qu’elles sont pas aromatisées ou je sais pas quelle connerie, grogna-t-il en se souvenant des clopes mentholées de sa sœur.

Vraiment, qui avait inventé ces merdes ?

Une fois Dash hissé sur la banquette pour fumer par la fenêtre ouverte (leur évitant ainsi de perdre bêtement des points avant même que le Choixpeau n’ait eu le temps de dire « GRY… »), son meilleur pote le pressa aussitôt :

— Bon, vas-y, c'quoi c't'histoire d'meuf là ?!

Son impatience tira un ricanement à Silas, qui étira ses longues jambes pour croiser les pieds sur la banquette lui faisant face, calant sa jambe tordue par-dessus la valide pour se mettre davantage à l’aise. Bane l’observa faire sans bouger une moustache.

En vrai, c’est rien de vraiment fou, commença-t-il en étouffant un bâillement dans sa main, fatigué par les montagnes russes émotionnelles dont il descendait à peine. Ma sœur m’a traîné à Londres pour ses histoires de prérentrée ou je sais même plus quelle connerie de fac moldue, et elle m’a plus ou moins envoyé promener du côté d’un festival indé. Sauf que cette bouffonne m’a pas dit que ça commencerait pas avant le soir ! Donc moi, j’avais pas l’air fin, là. Du coup j’ai essayé de trouver de quoi m’occuper et là, bam ! Meuf mignonne. En plus, coïncidence de dingue, elle est à Poudlard ! S’appelle Teddy. On a sympathisé, je crois qu’on s’est un peu dragués vite fait. Rien de dingue. Par contre, elle fait de la musique, alors je sais pas, je me suis mis en tête de lui ouvrir un passage vers la scène pour improviser un truc sauvage, tu vois. C’était super marrant, même si on s’est fait tej et engueuler après. Forcément, elle s’est fait punir par sa daronne… Enfin, non, c’était pas sa daronne, mais elle était plus vieille que nous. Bref.

Il s’interrompit un instant pour se remémorer la sensation délicieuse du baiser, qui le taraudait encore lorsqu’il était seul. Presque agacé, Silas chassa la chaleur qui s’accumulait dans son ventre comme on vide l’eau croupie d’une vieille fontaine.

On s’est dit au revoir et elle m’a embrassé. Elle a mis un peu la langue et tout…

Si ça n’avait pas été Dash, il aurait fanfaronné. Mais c’était Dash.

Mais c’était la première fois que j’embrassais une meuf et franchement j’ai un peu genre… paniqué ? Je sais pas. Je crois que je l’ai mal galochée, en vrai, parce qu’après elle m’a peu dit « Allez, salut ! » alors que je lui avais proposé qu’on se refasse ça juste tous les deux, tranquilles. Bref, mon premier baiser était raté, conclut Silas en éclatant de rire, relevant les yeux pour chercher le même amusement sur le visage de son meilleur ami. Et toi ? Il s’est passé des trucs avec des meufs… ou des mecs ? s’enquit-il sans pouvoir s’en empêcher.
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Dernière édition par Silas Jørgensen le Mer 6 Sep - 15:58, édité 1 fois
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mais ta place est toujours là
ft. @Silas Jørgensen & Dashiell Dashner
Il y avait une multitude de choses à prendre à la rigolade. Beaucoup trop pour le reste du monde sûrement, juste ce qu'il fallait pour Dashiell. Mais s'il y en avait bien une qui méritait un traitement différent, c'était sa relation avec ses amis. Ses meilleurs amis en tête de liste. Et que Silas ait pu croire rien qu'une seconde qu'il risquait de le juger, de se moquer, de s'éloigner ou il ne savait trop quoi encore lui donnait l'impression d'avoir échoué. Peut-être ne lui avait-il pas assez répété qu'il était là pour lui, qu'il le serait toujours quoi qu'il arrive, qu'il pouvait tout lui raconter, qu'il l'aiderait à surmonter n'importe quoi...? C'était pas impossible. Il fallait dire que tout avait toujours eu l'air simple, dans l'ensemble, alors il ne s'était peut-être pas attardé sur ce genre de détails qui semblaient sans importance à l'époque... Aussi se fit-il un devoir de le faire maintenant. Qu'il ouvre enfin les yeux sur la sincérité de son amitié, sur la force du lien qui les unissait. Le sourire de Silas se fana et lui, pauvre idiot, culpabilisa un peu. Les réponses qu'il obtint furent faibles, presque penaudes. Il ne voulait pas lui reprocher quoi que ce soit, juste qu'il accepte de le compter à nouveau dans sa vie comme lui voulait le compter dans la sienne. Sans limite, comme avant. Comme s'il ne s'était jamais écoulé un an depuis le dernier regard complice qu'ils avaient échangé. C'était sensiblement au même endroit, quelque part entre le train et le quai de la gare. Il ne se souvenait plus très bien. Sûrement qu'ils s'étaient enlacés, qu'ils avaient eu du mal à se lâcher, qu'ils s'étaient promis de s'écrire souvent, de se revoir très vite...

Je sais !

Le Gryffondor sursauta sous la violence de cette voix qui résonna dans le compartiment.

Mais… j’étais pas… en état de gérer. De… De prendre des bonnes décisions. J’étais… Tu vois, cet état second quand on t’annonce une mauvaise nouvelle ? L’impression que c’est pas vrai, que ça se peut pas, que ton cœur coule dans ta poitrine ? Et que tu peux rien y faire ?

Il hocha la tête. Oui, il voyait. L'attente idiote, dans un premier temps, que tout continue exactement comme avant. Les repères qui se brouillent tellement que tout a l'air à la fois trop habituel pour être supportable et trop nouveau pour être rassurant. Cette fracture brutale qui ne laisse plus voir qu'un avant qui n'existe plus et un après dont on ne veut pas sans rien entre les deux, rien à quoi se raccrocher pour éviter d'avancer immanquablement vers cette suite qui se terminera forcément mal. Il aurait voulu lui dire qu'il comprenait, lui raconter tout ce qu'il aurait dû lui dire dans des lettres interminables et désespérées si seulement il avait eu la moindre raison de les lui envoyer. À la rentrée qu'elle avait dit, Nora... comme s'il ne fallait pas le déranger jusque là. Alors il avait rien dit. Il n'avait même plus écrit. Il s'était reposé sur Daisy, parce qu'elle était là, Daisy, et qu'elle l'avait vu revenir au trente-sixième dessous après Noël et y rester durant des semaines, s'acharner sur une correspondance idiote avec ses parents à les supplier de revenir en arrière, à proposer de plus aller à l'école pour rester avec Oona même puisqu'il fallait pas la laisser toute seule... Mais au final, ça avait l'air dérisoire en comparaison de cette pochette pleine d'horreurs. Ils auraient l'occasion d'en parler un autre jour... Un jour où il n'aurait pas l'impression de pleurnicher pour trois fois rien.

C’était ça. Tout le temps, pendant un an. Et maintenant… Maintenant que t’es là… C’est plus facile.

Sauf qu'il avait toujours été là ! Il n'avait jamais bougé ! Il avait attendu un retour, un signe peu importe. Il aurait traversé le pays tout entier pour le rejoindre s'il lui avait demandé, déplacé des montagnes. Il n'aurait eu qu'un mot à dire... Pas d'explications, pas d'excuses, rien, il n'en aurait probablement même pas demandées. Juste un « viens » griffonné sur un bout de papier aurait suffi à rendre les choses « plus faciles » depuis bien longtemps déjà.

Mais je te laisserai décider, la prochaine fois. Je prendrai pas de décision pour toi. Mais… Enfin… La prochaine fois… Si je donne plus de nouvelles, c’est pas que j’ai plus envie de te parler, c’est que j’y arrive pas, alors, euh… Tu peux débarquer quand tu veux chez moi, si je réponds pas.
Nan mais y'aura pas d'prochaine fois, déclara le jeune homme d'un ton doux mais sans appel, j'te laisserai pas faire.

S'il ne lui disait pas clairement qu'il n'avait plus envie d'être son ami, il le harcèlerait jusqu'à ce qu'il réalise qu'il était là et qu'il savait ce qu'il faisait. Enfin... plus ou moins... assez pour savoir, en tout cas, qu'il voulait en chier avec lui plutôt que de le laisser galérer tout seul. Alors oui, clairement, il débarquerait. Dès le premier jour de silence, même, s'il fallait ! Il faudrait demander à ses parents s'il pouvait les inviter, sa sœur et lui, si un jour ils avaient besoin de souffler loin de cette maison qui semblait être devenue étouffante. Ils ne diraient pas non. Ils ne diraient jamais non. Il y avait fort à parier qu'on leur proposerait de rester aussi longtemps qu'ils le voudraient, que Nora serait la bienvenue même une fois son frère de retour à Poudlard... Oui, il faudrait faire ça, qu'il sache qu'il pouvait débarquer, lui aussi, s'échapper un peu.

Tu trouves vraiment que je suis horrible ?

Le sourire de Dash retrouva l'amusement qu'on lui connaissait d'ordinaire, teinté d'une tendresse évidente.

Bien sûr qu'non, idiot. T'as jamais été horrible. T'crois vraiment qu'j'serais encore là sinon ?

Oui, probablement qu'il y serait encore. Parce qu'en soi, il n'y avait pas grand logique à cette amitié. Ils étaient tout ce qu'il y avait de plus différents au monde. Presque aucun goût en commun, des objectifs rarement identiques, des caractères radicalement opposés, ils ne voyaient pas le monde de la même façon, ne l'appréhendaient pas de la même façon, ne l'appréciaient pas de la même façon... Il aurait même été incapable de dire comment il en était arrivé, un jour, à se dire que sur tous les garçons qu'il y avait dans l'école, c'était lui son préféré... et pourtant, aujourd'hui, c'était évident. Quelques mots de plus, de nouvelles promesses, et le sujet fut clos. Ils auraient l'occasion d'y revenir plus tard... ils avaient au moins un an, après tout, n'est-ce pas ? Il refusait de le laisser passer son trajet à déprimer. Il revenait à Poudlard, merde ! Il fallait lui donner envie de rester ! Aussi Dash retrouva facilement ses habitudes, quelque part entre taquineries et enfantillages. Silas lui tapa sur les doigts en ayant l'air outré, lui gloussa comme un crétin avant d'esquiver ces doigts qui voulaient se venger. Malheureusement, il ne parvint pas à s'y soustraire bien longtemps, son ami réussissant à attraper l'un des anneaux passés à son oreille. Si son geste le surprit, les frissons qu'il déclencha le surprirent plus encore. Il ne put s'empêcher de ricaner alors qu'il s'agitait mollement pour se dégager.

Le tien a l’air d’être un vrai, en tout cas.
Arrête d'me tripoter, là, t'chatouilles, râla-t-il par principe dans un énième ricanement à mi-chemin entre une bêtise adolescente et un plaisir maladroit.  

Ce fut ce moment-là que choisit le Poudlard Express pour amorcer son départ et Jessicat pour rappeler sa présence. Le Serdaigle relâcha sa proie et celle-ci libéra le chat. Le félin avança à pas prudents et regarda les deux intrus avec méfiance. C'est vrai qu'il était moche, quand même. Le museau trop carré, presque écrasé, ses grandes pattes qui le faisaient ressembler à un poney, celle qui traînait qui lui donnait une démarche gauche et un peu ridicule, ses oreilles pointues et toujours dressées même pas symétriques parce qu'il manquait un bout sur l'une des deux et cet œil unique d'une couleur jaunâtre pas très jolie... C'était pas un chat, c'était une épave. Parfois, il se disait qu'il avait bien fait de pas le laisser chez le vétérinaire, parce qu'aucune famille aurait jamais voulu l'adopter... et puis il se faisait réveiller par un coup de griffes au travers du draps parce qu'il avait osé bouger les pieds et il retirait tout ce qu'il avait bien pu penser de sympa à son sujet. Mais en même temps, il l'aimait bien, quand même. Il aimait bien la façon dont il se calait contre ses jambes pour dormir, la nuit, et la maladresse qu'il avait lorsqu'il sautait quelque part, son entêtement à essayer encore et encore même quand il se vautrait et ses miaulements plus aigus quand il voulait lui remonter le moral. Sûrement qu'il n'aurait jamais choisi ce chat-là si on le lui avait laissé, le choix – encore que, ça lui aurait fait de la peine d'imaginer qu'il resterait à jamais dans un refuge faute de pouvoir cocher toutes les cases des critères de beauté – mais maintenant qu'il était là, il ne le regrettait pas.

Il vient d’où, ton matou ?
D'dehors. E' s'appelle Jessicat.

L'animal huma l'air avant de s'approcher prudemment de Bane qui, lui semblait s'en ficher royalement. Dash eut envie de lui dire de pas perdre son temps parce que c'était pas vraiment un chat mais il laissa tomber. Ça deviendrait évident, à un moment. Alors, à la place, il tira un paquet de cigarette de sa poche et relança Silas sur son histoire de meuf.

File ! J’espère qu’elles sont pas aromatisées ou je sais pas quelle connerie.
Bah si ! Barbapapa et même qu'ça fume rose à paillettes, répliqua-t-il en lui lançant le paquet avant d'ouvrir la fenêtre du compartiment.

Le Serdaigle savoura son moment en prenant le temps de s'installer plus confortablement sur toute la longueur du compartiment. Le regard sombre de Dashiell suivit le moindre de ses mouvements. Il avait sacrément grandi, quand même. Dans ses souvenirs, ils étaient plus ou moins de la même taille et là... il avait bien dix centimètres de plus, ou quasiment. Lui se redressa contre le mur, comme pour en gagner un ou deux, et souffla distraitement par la fenêtre.

En vrai, c’est rien de vraiment fou. Ma sœur m’a traîné à Londres pour ses histoires de prérentrée ou je sais même plus quelle connerie de fac moldue, et elle m’a plus ou moins envoyé promener du côté d’un festival indé. Sauf que cette bouffonne m’a pas dit que ça commencerait pas avant le soir ! Donc moi, j’avais pas l’air fin, là. Du coup j’ai essayé de trouver de quoi m’occuper...

Sans qu'il s'en rende compte, son regard se voila légèrement. Il était venu à Londres cet été...? Il y avait eu du temps à perdre...? Et il n'était même pas passé par l'herboristerie, juste pour voir s'il y était...? Si c'était pendant le voyage, il n'y aurait eu que son père, bien sûr, mais quand même... On lui aurait fait passer le message, fait savoir qu'il ne l'avait pas totalement oublié. Mais non, c'est vrai, c'était pas qu'il voulait pas... c'est qu'il avait un peu mieux à faire, comme profiter d'une soirée sympa dans un festival. L'adolescent se contenta de hocher la tête pour l'encourager à continuer.

...et là, bam ! Meuf mignonne. En plus, coïncidence de dingue, elle est à Poudlard ! S’appelle Teddy.
Sérieux ? Teddy ?
On a sympathisé, je crois qu’on s’est un peu dragués vite fait. Rien de dingue. Par contre, elle fait de la musique, alors je sais pas, je me suis mis en tête de lui ouvrir un passage vers la scène pour improviser un truc sauvage, tu vois. C’était super marrant, même si on s’est fait tej et engueuler après. Forcément, elle s’est fait punir par sa daronne… Enfin, non, c’était pas sa daronne, mais elle était plus vieille que nous. Bref.
Jocasta...?

Il n'avait jamais vraiment compris qui elle était exactement, seulement qu'elle faisait souvent partie des histoires qu'elle leur racontait. Alors comme ça, il disparaissait pendant un an et ne faisait escale dans l'existence de Poudlard que pour draguer « vite fait » la fille la plus jolie et la plus cool du bahut...? Si ça n'avait pas été Silas, sûrement qu'il aurait ricané en lui demandant d'arrêter son char. Mais là, il ne savait même plus ce qui était le plus dérangeant dans cette histoire. Un peu tout, sûrement.

On s’est dit au revoir et elle m’a embrassé. Elle a mis un peu la langue et tout…
Ah s'étrangla-t-il alors qu'un poids tombait brutalement dans son estomac. Il réussit à transformer son hoquet en un ricanement pathétique. P'tain, t'fais pas les choses à moitié ! Même pas rev'nu qu'tu joues d'jà les roméos !

Il avait pas pris la peine d'essayer de venir le voir mais il avait été assez en forme pour embrasser Teddy Von Meissen... avec la langue en plus... Il avait embrassé Teddy. Est-ce que ça voulait dire qu'ils étaient ensemble...? peut-être pas totalement totalement mais un peu quand même... au moins qu'elle était chasse gardée... Non pas qu'il ait espéré quoi que ce soit un jour, il fallait être réaliste, elle pouvait avoir tous les garçons les plus canons de l'école si elle voulait alors que lui... il était juste lui, quoi, et ça lui avait jamais posé de problème... mais c'était Teddy.

Mais c’était la première fois que j’embrassais une meuf et franchement j’ai un peu genre… paniqué ? Je sais pas. Je crois que je l’ai mal galochée, en vrai, parce qu’après elle m’a peu dit « Allez, salut ! » alors que je lui avais proposé qu’on se refasse ça juste tous les deux, tranquilles. Bref, mon premier baiser était raté.
Ah meeeerde, la poisse ! T'sûr ? S'ça s'trouve, elle a juste paniqué aussi...?

Il n'était pas certain d'avoir envie d'obtenir plus de détails... C'était déjà assez gênant comme ça. Mais en même temps, ça le faisait chier pour Silas qu'il pense s'être foiré à ce point... même si, objectivement, y'avait moyen, pour qu'elle se barre comme ça alors qu'il lui proposait un date... Les yeux rivés sur ses chaussures un peu crado, Dash haussa les épaules avant de porter sa cigarette à ses lèvres.

On est potes. Avec Teddy, j'veux dire... J'essaierai d'plaider ta cause, s'tu veux.

De toute façon, foutu pour foutu... autant qu'il puisse se rendre utile, c'était déjà ça. Et puis, quoi de mieux pour reprendre sa scolarité à Poudlard que former le couple le plus badass de l'école avec une fille géniale ? Il avait de la chance, fallait bien le reconnaître. C'était pas tout le monde qui pouvait se vanter d'avoir roulé une pelle à Teddy. Non... vraiment pas tout le monde...

Et toi ? Il s’est passé des trucs avec des meufs… ou des mecs ?
T'vas t'calmer tout d'suite, rigola-t-il alors qu'il relevait les yeux vers Silas. T'me traites de tapette, t'penses que j'fume des merdes parfumées et maintenant qu'j'me suis tapé des mecs. T'as cru que j'étais d'venu une gonzesse pendant ton absence ou ça s'passe comment ?

La cendre tomba dehors et s'envola loin du train.

Que dalle. Mais sérieux, j'ai pas l'temps pour ces conneries.

Il fallait dire que durant tout le début de l'année dernière, il avait cherché à savoir où il était passé... et sur toute la fin, à ramener Oona à la maison... se superposaient à ça des cours débiles qu'il fallait quand même suivre un minimum si on voulait éviter de retaper et les affaires de son père qui lui prenait quand même pas mal de temps... Franchement, où est-ce qu'il voulait qu'il case une amourette débile ? Et puis, c'était peut-être pas plus mal comme ça finalement...
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Silas Jørgensen

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Et plus en détails ?
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Message(#) Sujet: Re: Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas EmptyMer 6 Sep - 18:21

( whatever this world can give to me
it's you, you're all I see )
Ses explications ne sonnaient pas comme il l’aurait voulu. D’ailleurs, elles ne sonnaient pas comme des explications, mais comme des excuses. Lorsque son exclamation fit sursauter le Gryffondor, il s’en mordit l’intérieur des joues, le cœur valsant avec la peur de perdre cet ami tout juste retrouvé à cause des émotions dans lesquelles il s’empêtrait. Sa voix faiblit à mesure qu’il tentait d’exposer ce qu’il avait ressenti, pourquoi il n’avait pas été capable de franchir ce pas, pourquoi il aurait eu besoin que quelqu’un le fasse pour lui… Mais lui-même ne s’excusait pas de s’être mis dans cette situation. Il en voulait à la terre entière et – plus que tout – à lui-même de ne pas avoir été en mesure d’envoyer un simple mot de détresse. Il savait que Dash serait venu sans poser de questions, qu’il serait même accouru aussi vite que possible. Alors pourquoi n’en avait-il pas été capable ? Pourquoi avait-il préféré fixer cette tache d’humidité au plafond jusqu’à ce que l’idée que le sol de la salle de bains ne s’effondre sur lui ne devienne séduisante ? Comment expliquer qu’il avait trouvé plus facile de se laisser glisser dans cette torpeur morbide plutôt que d’appeler son unique meilleur ami, la personne à laquelle il tenait plus que tout au monde ? La rage bouillonna à nouveau dans son ventre brûlant de dégoût, et une part de lui aurait aimé que Dashiell le plante pour de bon et ne revienne jamais vers lui – parce qu’il ne ferait que l’avaler dans son trou noir, lui et tout le reste. L’autre part, qui bataillait férocement contre cet abandon tentant, contre cette dernière balle du barillet qu’il ne lui restait qu’à s’enfoncer dans le crâne, espérait rattraper ses erreurs et se faire pardonner ; faire de son mieux ; faire ce qu’il pouvait. Être là pour celui qu’il avait abandonné une année entière comme s’il s’était enfui dans un nuage de fumée ; comme si leur amitié n’avait jamais existé. Les médecins avaient beau parler de tous ces trucs savants – sidération, dépression, apathie et autres mots vides de sens –, il ne se pardonnerait jamais d’avoir creusé lui-même la tombe dans laquelle il s’était allongé en attendant qu’on le recouvre de terre.

Silas avait beau essayer de le rassurer, de lui assurer que ça ne se reproduirait pas… Au fond, qu’en savait-il ? N’allait-il pas à nouveau être avalé par ce gouffre sans fond sans lui laisser le temps d’ouvrir la bouche pour crier « à l’aide » ? Les cicatrices maculant l’intérieur de ses cuisses le brûlèrent comme autant de rappels de son cas désespéré.

— Nan mais y aura pas d'prochaine fois, assena Dash avec une assurance détonante, j'te laisserai pas faire.

Les yeux perçants du Serdaigle luisirent d’un éclat triste.

Me laisse pas faire, le supplia-t-il à mi-voix. Je gâcherai tout, sinon…

Lorsqu’il lui demanda s’il le trouvait vraiment horrible, Dash retrouva un visage connu, familier – doux comme un sucre fondant sur la langue. Un sourire amusé se peignit sur ses lèvres et embauma le cœur de son ami avec son affection.

— Bien sûr qu'non, idiot. T'as jamais été horrible. T'crois vraiment qu'j'serais encore là sinon ?

Oui, chaton, tu serais toujours là.

Et c’était désespérant. Parfois, il aimerait que Dash lui mette des claques ; ne serait-ce que pour lui montrer qu’il ne se laisserait pas faire, qu’il ne le laisserait pas lui faire du mal – même involontairement. Le blesser, c’était sa hantise ; et pourtant, il semblait le faire constamment. Alors, il décida d’être honnête, sans lui rendre ce sourire qui le démangeait pourtant.

Bien sûr que oui, Dash. T’es bien meilleur que moi.

Et c’était la vérité.

Et ça me fout la trouille, ajouta-t-il, la gorge nouée et les yeux brillants. Je veux pas te faire du mal, mais j’ai l’impression de faire que ça. T’es tellement plus fort que moi…

Cet aveu d’une honnêteté fracassante fit scintiller de nouvelles larmes qui ne roulèrent pas. Il les essuya d’un revers de main pressé, presque agacé. Le dégoût baignait sa langue d’une bile âcre qui lui tira un haut-le-cœur. Il avait besoin d’aide, c’était une certitude, mais devait-il la demander à celui qu’il avait laissé tomber et qui pourtant lui avait rendu son étreinte avant même de commencer à lui poser des questions ou à émettre le moindre reproche ? Dash ne méritait pas qu’on dépose une telle charge sur ses épaules. Silas l’aimait plus que tout au monde ; il aurait fait n’importe quoi pour lui, y compris s’effacer pour lui rendre la vie plus facile. Il aurait voulu lui transmettre tout ce qui étreignait sa poitrine dès qu’il posait les yeux sur lui, dès qu’il humait son odeur, dès qu’il détaillait sa gestuelle familière ; pour le convaincre que oui, vraiment, il était parfaitement sincère quand il disait qu’il n’avait pas été capable d’écrire ces lettres, de le contacter ; et que plus le temps passait, plus il se sentait ridicule et plus il n’osait pas. C’était idiot et irrationnel, peut-être, mais c’était la vérité. Le jeune homme avait longtemps rejeté cette étiquette de « malade » que les médicomages lui avaient collée, lui affirmant que son état s’expliquait par de nombreux termes techniques qu’il s’efforçait d’enfouir loin sous le sable du déni. Mais à présent, il constatait bien à quel point il l’était et à quel point ça avait affecté et ça affectait toujours ce garçon près duquel il se tenait et pour lequel il aurait donné n’importe quoi pourvu qu’il lui promette d’aller bien. Silas était cassé, brisé – et il n’y avait rien ni personne pour le réparer. Est-ce que Dashiell Dashner méritait de se traîner un boulet pareil ?

Non, jamais.

Alors, il fallait qu’il aille mieux. Il fallait qu’il fasse mieux. Pour Dash.

L’atmosphère s’allégea tandis qu’ils tendaient des mains inquisitrices vers les piercings de l’un et de l’autre. Silas se perdit un instant sur la peau de son ami, dont il aimait la légère rugosité qui contrastait avec la tendresse et la douceur de ce lobe à la merci de ses doigts. Pendant un curieux instant, Silas caressa et Dash se laissa faire, avant que ce dernier ne rie et se dégage sans conviction.

— Arrête d'me tripoter, là, t'chatouilles, protesta-t-il en gloussant à nouveau un peu bêtement, l’air toutefois pas mécontent.

S’engouffrant immédiatement dans la brèche après le sifflet du train, le Serdaigle haussa un sourcil faussement suggestif et releva une commissure tandis que son meilleur ami répondait à l’agitation de sa bestiole encagée.

T’aimes bien que je te chatouille, avoue, le taquina-t-il en agitant ses doigts d’un air menaçant.

Le Poudlard Express se mit en branle et Dash libéra l’affreuse chatte que dissimulait la caisse de transport. Jessicat, apparemment. Le nom fit rire Silas de bon cœur.

Meilleur nom ! s’exclama-t-il aussitôt. Dehors ? Elle a eu une sacrée vie, ta bête. On dirait moi en chat, ricana-t-il, avant de réclamer sa taxe de cigarette, exigeant qu’elles ne soient pas aromatisées.

— Bah si ! Barbapapa et même qu'ça fume rose à paillettes.

Silas se mit à l’aise sur les banquettes en récupérant une taffe pour reprendre l’histoire avec Teddy.

Là, je suis déçu que ça fume pas vraiment rose, tu vois, plaisanta Silas en observant pensivement les volutes qu’il expira par les narines.

Mais l’histoire qui, pensait-il, amuserait Dashiell, modula plutôt son regard d’une façon qu’il ne connaissait que trop bien. Le Serdaigle fut un peu distrait par la façon dont il répéta « Teddy » et donna le nom de Jocasta, avec une familiarité à laquelle il ne s’attendait pas. Il le traita de Roméo, mais Silas sentit que le cœur n’y était pas vraiment. Son pouls s’emballa, le sang battant désagréablement à ses tempes. Il avait encore fait une connerie ? Il tenta d’adoucir l’anecdote en se tournant en ridicule et en insistant sur le baiser raté, mais le regard de l’adolescent encore débout près de la fenêtre se fixa sur ses chaussures. À cette vue, l’estomac de Silas se ferma comme un poing et lui remonta dans la gorge. Il avait encore fait une connerie.

— Ah meeeerde, la poisse ! T'sûr ? S'ça s'trouve, elle a juste paniqué aussi...? supposa-t-il en haussant mollement les épaules. On est potes. Avec Teddy, j'veux dire... J'essaierai d'plaider ta cause, s'tu veux.

Il la connaissait, donc. Ils étaient amis. Et visiblement, quelque chose lui déplaisait dans son histoire. Était-ce parce qu’il s’était déplacé sans lui annoncer qu’il passait dans le coin ? Ou parce qu’il n’appréciait pas qu’il ait embrassé Teddy ?

Non, t’inquiète, évacua-t-il aussitôt avec un geste un peu tremblant. Ça se voyait que c’était pas important pour elle, et en vrai, c’était juste comme ça, sur le moment.

Pour tenter d’alléger l’atmosphère, il lui demanda s’il avait fait des rencontres, des expériences… Hésitant, il tenta de s’aventurer du côté d’un éventuel coming-out, sans trop savoir s’il avait véritablement l’intention de franchir le pas.

— T'vas t'calmer tout d'suite, rit le Gryffondor en le regardant. T'me traites de tapette, t'penses que j'fume des merdes parfumées et maintenant qu'j'me suis tapé des mecs. T'as cru que j'étais d'venu une gonzesse pendant ton absence ou ça s'passe comment ?

Silas tressaillit comme s’il l’avait giflé et se mordit les lèvres. Non, pas de coming-out. Il ne supporterait pas que son regard sur lui change, qu’il se comporte avec lui comme avec une « gonzesse ». Pire, qu’il prenne ses distances et change de comportement. Une pierre dans l’estomac, il baissa les yeux sur son genou déformé. Il ne partait déjà pas avec des points d’avance, autant ne pas se tirer une balle dans le pied.

— Que dalle. Mais sérieux, j'ai pas l'temps pour ces conneries, acheva Dash.

Alors que moi, si. Alors que moi, je t’ai laissé dans ta merde, c’est ça ?

Ses yeux tombèrent sur le sol poussiéreux du compartiment, cherchant désespérément quoi dire pour rectifier le tir, pour lui plaire à nouveau.

J’étais pas censé y aller, même pas censé passer un bon moment, dit-il finalement d’une voix étranglée. Mais Nora voulait pas me laisser tout seul avec… lui. J’étais crevé et j’avais super mal à cause de la nuit, du trajet… Alors j’ai zoné pas trop loin de la Queen Mary, la fac de ma sœur, qui m’a dit d’aller du côté de ce festival qui était proche… J’étais à plat, j’aurais pas pu aller beaucoup plus loin, je…

Il s’humecta les lèvres, cessant de tirer sur sa cigarette avec nervosité et releva les yeux vers son meilleur ami.

Si j’avais pu échanger Teddy contre toi, je l’aurais fait sans me poser de question.

Sa bouche se pinça en une fine ligne et il soupira en se frottant le visage, tenant sa cigarette entre deux doigts.

Putain, je suis vraiment con… Je pensais que ça te ferait marrer. Mais non, évidemment, je lâche ça comme si j’avais vécu ma meilleure vie sans te prévenir…

Il se sentait tellement stupide.

Je suis désolé, Dash. J’ai pas d’excuse, en fait. Je suis juste trop con. Je sais même pas vraiment pourquoi j’ai pas été foutu de t’envoyer un mot, alors que c’est juste un bordel de putain de mot, ou pourquoi j’ai donné de nouvelles à personne ou pourquoi je passais des heures à fixer le mur en attendant que ça passe… Je sais pas, en fait, c’est ça le truc. Je sais pas… Je sais même plus qui je suis.

Cette dernière phrase lui échappa avant qu’il n’y réfléchisse, et la détresse brouilla son regard. De la cendre tomba sur le siège à côté de lui tandis que ses doigts tremblaient furtivement, ébranlés par cette constatation terrifiante. Il n’était qu’une boule de chair pleine de rage et de désespoir, et le reste de ses sentiments se résumait à un chaos assourdissant.

J’ai l’impression d’être… d’être devenu l’accident, bredouilla-t-il, sans vraiment savoir si ce qu’il disait voulait dire quoi que ce soit.

Arrête de parler, s’intima-t-il en sentant que les frontières de l’intime et de l’indicible se confondaient à nouveau.

Péniblement, il déglutit et ferma les yeux pour se reprendre. Il était l’accident ; tout à la fois le coupable, la victime, l’épave et le choc. C’était incompréhensible et sa tête rebondissait sur les murs de cette cellule dans laquelle il s’était enfermé en oubliant où il avait dissimulé la clé. Dash allait le prendre pour un fou. Et il aurait raison ; il aurait mille fois raison de laisser ce pauvre connard égaré dans les limbes de ses propres cauchemars. Il méritait tellement mieux. Il méritait d’avoir un meilleur ami fonctionnel, logique, raisonné, qui ne soit pas l’esclave de ses traumatismes et de ses échecs. Et malgré tout, Silas restait là, implorant une seconde chance, son pardon, des miettes de cet amour passionnel qu’il aurait aimé qu’il lui retourne rien qu’un peu.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, ce fut pour tirer longuement sur sa clope dans l’espoir de faire partir en fumée cette angoisse de le perdre qui le bouffait à l’en rendre dingue.

La vérité, croassa-t-il, c’est que sans toi, j’étais personne. J’étais juste paumé et cette année a pas vraiment compté parce que j’étais pas avec toi. Je me suis laissé couler comme une merde et je peux m’en prendre qu’à moi-même.

Un gémissement hululant et pathétique lui échappa quand il réprima un sanglot. Le Serdaigle dut raffermir sa prise sur la cigarette pour ne pas la lâcher – bien qu’à présent, la tentation soit forte d’écraser son bout brûlant sur sa peau nue pour se punir.

Sans toi, ça vaut pas la peine, parvint-il à articuler péniblement, la gorge nouée.

La collision de sa pulsion automutilatrice et de cet aveu éclaira son regard d’un éclat de compréhension hébété.

En fait, j-je crois que je voulais me punir pour la… pour avoir donné ce truc à ma mère et que… et que rester loin de toi, c’était la meilleure façon de m’assurer que je toucherais le fond.

Il n’aurait pas dit un seul mot d’une autre façon si on lui avait fait avaler du veritaserum. Est-ce que Dash y croirait, seulement ? Ou est-ce qu’il avait définitivement perdu sa confiance, cette affection après laquelle il courait désespérément depuis qu’il avait posé le pied à Poudlard ?
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Message(#) Sujet: Re: Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas EmptyMar 19 Sep - 17:16

Long time no see, Sweetheart
mais ta place est toujours là
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Silas parlait comme s'il savait que cet abandon – ou peu importe comment il voulait l'appeler en réalité – était le premier d'une longue série d'autres semblable. La prochaine fois s'était-il appliqué à répéter à plusieurs reprises. Son cœur idiot avait accéléré la cadence, craignant qu'il puisse dire vrai et qu'il ne disparaisse à nouveau. Alors Dashiell fit ce que n'importe qui d'autre aurait fait à sa place : il se voila la face avec un soin maladroit. Il s'accrocha à l'espoir de pouvoir faire quelque chose, de pouvoir lutter contre ces démons qui le dépassaient totalement et qui n'auraient probablement de cesse de tirer son meilleur ami loin de lui. De pouvoir se rendre utile, d'une manière ou d'une autre, d'être l'épaule dont il pourrait avoir besoin... C'était idiot. Et c'est qu'il trouva l'insolence d'avoir l'air de savoir ce qu'il racontait, en plus, d'être sûr de lui ! Comme si les douze mois passés n'avaient pas été criant de vérité quant à son impuissance. Maintenant ou plus tard, ça n'y changerait sûrement rien, il ne pourrait qu'assister à un nouveau départ sans être en mesure de faire changer le cours des choses. Parce que, quand bien même il débarquerait chez lui, qu'est-ce qu'il pourrait bien faire depuis le seuil si on ne lui ouvrait pas ? ...ou pire, s'il lui demandait de lui foutre la paix, de le laisser tranquille ? C'était facile, toutes ces belles paroles, mais elles semblaient basées sur du vent.

Me laisse pas faire. Je gâcherai tout, sinon…
J'te lâcherai plus, ok ? Plus jamais.

Qu'importe s'il ne l'avait pas vraiment fait, s'il avait tenté désespérément de faire vivre ce lien malgré l'absence et le silence... Il avait sûrement échoué, en quelque sorte. Parce que s'il avait été à la hauteur, le Serdaigle se serait senti assez soutenu, assez entouré pour faire un pas vers lui, même riquiqui... Il n'en savait rien, n'avait aucune preuve de ce qu'il avançait mais ne voyait finalement pas beaucoup d'autre explication. Enfin... en attendant, il tâcha de dissiper les doutes qui avaient voilé le regard clair de son camarade à sa bêtise. Mais son sourire ne trouva aucun écho sur ses lèvres.

Bien sûr que oui, Dash.

Ça sonnait presque comme un reproche... comme un aveu de sa stupidité ou quelque chose qui y ressemblait. Quelque chose de désagréable. D'un peu blessant entre les lèvres de ce garçon-là. Son amusement faiblit avant de mourir totalement.

T’es bien meilleur que moi. Et ça me fout la trouille. Je veux pas te faire du mal, mais j’ai l’impression de faire que ça. T’es tellement plus fort que moi…

Il ouvrit la bouche pour lui demander d'arrêter de raconter de la merde mais le voir s'essuyer les yeux comme s'il était sur le point de pleurer à nouveau le coupa dans son élan et il la referma sans lâcher le moindre son. Il lui faisait de la peine, tellement qu'il n'aurait même pas cru ça possible.

J'te jure, tout va bien. J'peux gérer. Et d'toute façon, tant qu't'es là, ça ira.

Il aurait forcément moins mal, et ça ferait sûrement moins peur, aussi. Il fallait qu'il arrête de se prendre la tête, qu'il se contente de l'enlacer comme il l'avait fait quand il avait ouvert la porte et de reprendre la place qu'il lui avait gardé tout ce temps. Le reste, ils auraient le temps de voir plus tard, c'était pas à la minute. Ils allaient avoir une vie entière pour paniquer pour un mot de travers ou une blessure involontaire. Heureusement, l'atmosphère devint plus légère lorsqu'ils se mirent à se charrier bêtement pour des anneaux. Les doigts de Silas s'attardèrent contre sa peau sans qu'il n'ait le réflexe de le repousser. Oh, il tenta bien de lui échapper mais y mit tellement peu de conviction que l'échec fut évident. C'est que ça n'était pas déplaisant, en soi, même s'il ne fut pas en mesure de poser sur cet instant hors du temps un avis aussi clair.

T’aimes bien que je te chatouille, avoue.

Le geste qui accompagna cette bêtise lui arracha un rire stupide.

Ouais mais range tes doigts là, gloussa-t-il avant d'ouvrir à Jessicat.

L'animal avait fini par faire partie de son quotidien, tant et si bien qu'il ne réalisa pas tout de suite que son meilleur ami n'en avait jamais eu vent... Il l'avait trouvé l'été dernier. Il ne savait même plus s'il lui avait raconté, dans une lettre... Sûrement, en soi. Il avait bien dû glisser un mot ou deux sur le chien qui lui voulait du mal ou les risques énormes qu'il avait pris pour lui venir en aide – et qui aurait pu lui faire perdre un bout de derrière au passage. Mais ça remontait à si loin... Il ne savait même pas s'il les avait lues, ces lettres, s'il en avait eu quelque chose à faire. Probablement pas. Il avait eu plus important à penser. Et personne ne pouvait lui en vouloir pour ça, certainement pas lui !

Meilleur nom !

Dash afficha un sourire satisfait.

Dehors ? Elle a eu une sacrée vie, ta bête. On dirait moi en chat.

Le regard qu'il posa sur son chat eut alors quelque chose de différent. Comme s'il réalisait soudainement que ça n'était pas particulièrement faux.

Ah ouais...

Il n'était pas du genre à croire à beaucoup de conneries spirituelles ou quoi mais... mais peut-être qu'il était entré dans sa vie pile au moment où Silas en était sorti... comme une réincarnation pourrie de leur amitié ou une merde du genre. Mais vraiment, il n'était pas assez débile pour y croire vraiment. Et puis, le plus objectivement du monde, son meilleur ami faisait quand même moins peur que le félin. Ok, ils avaient potentiellement une démarque similaire mais c'était bien là le seul point commun. Et heureusement pour lui d'ailleurs ! Une fois le fauve remis en liberté, il tira un paquet de clopes de sa poche et partagea sans broncher, prêt à écouter les aventures estivales et romantiques qu'on avait commencé à lui teaser.

Là, je suis déçu que ça fume pas vraiment rose, tu vois.
J't'en trouverai si y'a qu'ça.

Malheureusement, le récit ne fut pas à la hauteur de ce qu'il avait espéré. Non seulement il comprenait Teodora Von Meissen en personnage principal mais en plus tranchait violemment avec toutes les explications qu'il avait bien pu lui balancer jusque là. En soi, il avait le droit de faire ce qu'il voulait, avec qui il voulait, quand il voulait... mais il aurait préféré qu'il lui dise clairement qu'il avait eu mieux à faire que de donner des nouvelles plutôt que de lui faire croire qu'il en était incapable alors qu'il pouvait traverser la Grande-Bretagne pour rouler une pelle à la fille la plus incroyable du bahut. Un poids tomba dans l'estomac du Gryffondor qui s'efforça malgré tout à continuer cette conversation. Il lui proposa même son aide, s'il voulait, pour éviter que son amourette naissante ne se termine aussi soudainement qu'elle avait commencé et sur un baiser raté.

Non, t’inquiète.

Il haussa simplement les épaules l'air de dire « comme tu veux », et tira sur sa cigarette.

Ça se voyait que c’était pas important pour elle, et en vrai, c’était juste comme ça, sur le moment.

Il se doutait bien que c'était pas une promesse de mariage non plus, juste un baiser, mais ils auraient pu vouloir une suite... Ou il aurait pu la vouloir, la suite... Enfin, ça ne le regardait pas. Et c'était finalement toute l'histoire qui tendait à le lui prouver. Il ne faisait pas partie de tout ça. C'était probablement pas plus mal. Il n'était pas certain d'avoir envie d'avoir sous les yeux l'idylle naissante entre son meilleur ami disparu et Teddy... L'ambiance ne devint pas vraiment plus légère lorsque le Serdaigle s'intéressa à sa vie sentimentale. S'il tenta de répondre sur le ton de la plaisanterie, ça n'eut visiblement pas l'effet escompté. Le regard clair de son camarade lui échappa. Dash pensa bêtement que c'était parce qu'il lui avait rappelé qu'il n'avait pas été là ces derniers mois. En même temps, c'était un fait. Il ne l'avait même pas dit méchamment, juste... comme ça. Presque pour appuyer le fait qu'il n'avait pas tant changé que ça durant l'année, qu'il pouvait retrouver le même meilleur ami qu'il avait quitté l'été dernier.

J’étais pas censé y aller, même pas censé passer un bon moment.

Il lui fallut un moment pour comprendre quoi il était question. Le festival, Teodora, tout ça... Un nouvel haussement d'épaules lui échappa. C'était cool qu'il se soit amusé, c'était pas le problème. Il n'y avait même pas de problème en réalité, il faisait ce qu'il voulait. Ça ne le regardait pas. Il avait rien dit.

Mais Nora voulait pas me laisser tout seul avec… lui. J’étais crevé et j’avais super mal à cause de la nuit, du trajet… Alors j’ai zoné pas trop loin de la Queen Mary, la fac de ma sœur, qui m’a dit d’aller du côté de ce festival qui était proche… J’étais à plat, j’aurais pas pu aller beaucoup plus loin, je…

T'justifie pas, qu'il aurait voulu lui dire. Il avait sûrement eu raison d'y aller, ses raisons de pas juste envoyer un mot à l'herboristerie ou de lui balancer ça maintenant comme si c'était normal... Il s'en fichait – non – il s'adaptait, voilà tout. C'était pas si grave que ça soit vexant, qu'il se sente plus con encore à l'idée d'avoir passé des mois à essayer de garder contact, tous les autres à espérer qu'ils se reverraient un jour, sa matinée à se rendre malade en craignant de ne pas le retrouver... c'était la vie. Juste la vie. Il ne lui en voulait même pas. Au contraire, il avait plus de peine encore en l'entendant faire l'étalage de toutes les épreuves qu'il avait dû traverser. Mais son regard se planta dans le sien et il oublia de prononcer quoi que ce soit.

Si j’avais pu échanger Teddy contre toi, je l’aurais fait sans me poser de question.
Boarf, elle embrasse sûrement mieux j'pense, souffla-t-il bêtement, sans l'ombre d'un sourire amusé ou d'un air satisfait de sa bêtise.
Putain, je suis vraiment con… Je pensais que ça te ferait marrer. Mais non, évidemment, je lâche ça comme si j’avais vécu ma meilleure vie sans te prévenir…

Une fois de plus, Dash se contenta de hausser les épaules. Qu'est-ce qu'il attendait comme réponse, hein ? Oui, il avait lâché ça comme s'il avait vécu sa meilleure vie sans le prévenir... encore qu'il n'avait jamais demandé d'être prévenu, juste de pouvoir la partager avec lui, cette vie, en faire partie même de loin. Son regard se fit fuyant, suivant la cendre qui s'envola par la fenêtre et disparut dans le paysage urbain qu'ils traversaient.

Je suis désolé, Dash. J’ai pas d’excuse, en fait. Je suis juste trop con.
Laisse tomber, OSEF...

Sa voix n'était rien de plus qu'un souffle maladroit. Plus blessé qu'il ne voulait bien l'admettre, qu'il acceptait de le montrer. De nouvelles excuses ne changeraient pas le cours de son existence, de toute façon.

Je sais même pas vraiment pourquoi j’ai pas été foutu de t’envoyer un mot, alors que c’est juste un bordel de putain de mot, ou pourquoi j’ai donné de nouvelles à personne ou pourquoi je passais des heures à fixer le mur en attendant que ça passe… Je sais pas, en fait, c’est ça le truc. Je sais pas… Je sais même plus qui je suis.

Il aurait eu envie de lui dire que lui savait qui il était, qu'il n'avait aucun mal à reconnaître ce meilleur ami qu'il avait eu la certitude ridicule de connaître par cœur, dont il avait un jour été certain de savoir le moindre secret, de deviner d'un regard toutes les pensées... Mais force était de constater que ça n'était plus le cas. Il ne savait pas qui lui faisait face. Il ne reconnaissait rien de ce garçon qui avait partagé trois ans de sa vie. Il était prêt à tout recommencer avec lui, bien sûr, ça n'était pas le problème, mais au milieu de ce compartiment soudain silencieux, le Silas qu'il avait aimé plus que tout au monde lui manqua terriblement.

J’ai l’impression d’être… d’être devenu l’accident.

Son cœur loupa un battement et il lutta pour ne pas assassiner la distance et le prendre dans ses bras. Peut-être qu'il n'était plus très sûr de qui il était mais il s'en fichait. Il réapprendrait à le connaître, il le saoulerait pour tout savoir de lui comme ça avait été le cas autrefois, il lui offrirait malgré tout la place centrale qu'il avait occupée un jour dans son existence. Ce garçon ne pouvait pas être totalement différent de celui qu'il avait connu, n'est-ce pas...? Ils ne partaient pas de rien, juste d'un peu plus loin que prévu...

La vérité, c’est que sans toi, j’étais personne.
Dis pas n'import' quoi, grogna-t-il faiblement alors que sa gorge qui s'était brusquement nouée à cet aveu devenait douloureuse.
J’étais juste paumé et cette année a pas vraiment compté parce que j’étais pas avec toi. Je me suis laissé couler comme une merde et je peux m’en prendre qu’à moi-même.
Eh... Arrête... T'y es pour rien...

Il écrasa grossièrement sa moitié de clope contre le métal de la fenêtre et l'abandonna sur le petit rebord intérieur avant de sauter de son perchoir pour rejoindre Silas en quelques pas nerveux. Il s'accroupit près de lui et posa sa main sur sa jambe valide pour garder un semblant d'équilibre malgré les cahots du train.

C'est pas ta faute, ok ? répéta-t-il dans l'espoir qu'il finisse par intégrer le message.
Sans toi, ça vaut pas la peine.

Ce qui aurait dû être qu'un appui comme un autre se mua finalement en un semblant de caresse alors que son pouce se perdait dans un geste répétitif qu'il espérait apaisant.

En fait, j-je crois que je voulais me punir pour la… pour avoir donné ce truc à ma mère et que… et que rester loin de toi, c’était la meilleure façon de m’assurer que je toucherais le fond.

De l'autre main, il le força doucement à relever la tête pour pouvoir planter son regard dans le sien.

T'as pas à t'punir parc' que c'tait un p'tain d'accident. C'pas ta faute. Rien est d'ta faute.

Il avait assez souffert comme ça pour ne pas s'en rajouter une couche tout seul. Qu'il en veuille au monde entier s'il fallait mais qu'il ne s'en veuille pas à lui. C'était une victime, pas le coupable.

Et moi j'te lâcherai pas, j'te l'ai dit. T'vas l'oublier, l'fond, et t'vas remonter, et j'resterai avec toi tout l'long. D'accord...? T'es pas tout seul, Silas, j'te jure qu't'es pas tout seul.

Et tant pis s'il n'était plus tout à fait sûr de qui était ce garçon qui lui faisait tant de peine et qu'il aurait voulu protéger contre toutes les horreurs possibles, et tant pis s'il ne savait plus vraiment la place qu'il était censé occuper à ses côtés ou que ses maladresses étaient plus blessantes qu'il ne l'aurait imaginé... Il y avait plus important pour l'instant : comme être présent, par exemple, comme il l'aurait fait un an plus tôt, parce que même s'il ne le reconnaissait pas tout à fait, il n'en était pas moins son meilleur ami et que même aujourd'hui il était prêt à faire n'importe quoi pour lui...
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Message(#) Sujet: Re: Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas Long time no see, sweetheart – Dashiell & Silas EmptyVen 22 Sep - 23:48

( whatever this world can give to me
it’s you, you’re all I see )
Est-ce que tout ça avait la moindre importance, au fond ? Silas se débattait avec la culpabilité comme un animal emporté par le courant d’une rivière trop sauvage pour lui ; Dash se débattait avec la blessure qu’il lui avait infligée par son silence sans qu’aucun mot ne puisse la guérir. C’était ainsi et aucune parole n’y changerait quoi que ce soit. Bien sûr, la tendresse et l’amour qui couvaient au fond de ces quatre yeux qui ne s’étaient jamais affrontés et qui n’en avaient pas la moindre intention débordaient sur les plaies encore suintantes, lavant le désespoir, détachant ces dés du destin cruels pour ne laisser que l’espoir qui battait aussi farouchement que les ailes d’un albatros prenant son premier – et peut-être son dernier – envol vers la haute mer, sans avoir le droit à l’erreur ; au risque de finir dans la gueule de l’un de ces requins qui guettaient vicieusement la berge où s’amassaient les jeunes intimidés. Ce n’était plus deux enfants qui s’étreignaient à s’en étouffer, s’accrochant l’un à l’autre plutôt que de risquer d’attraper une bouée ; plutôt que de risquer de lâcher cette main et de voir une vague emporter son ami au loin. C’étaient deux adultes en devenir, qui prenaient soudain conscience que l’innocence ne durait qu’un temps et qu’aucune relation n’était parfaite – encore moins vierge de toute erreur. Mais ils avaient tous les deux la volonté de ne pas se laisser emporter, la volonté de ne pas se lâcher ; la volonté d’essayer. De faire avec, de tenter de saisir la première opportunité venue pour se hisser à deux sur la terre ferme, loin de cette tempête qui avait manqué de les séparer. Ils avaient fait le plus dur, en réalité. Ils avaient tenu le choc de ces retrouvailles, tenu le choc des sentiments qui n’avaient pas disparu, dilués dans cette année aux allures d’éternité – aux allures de purgatoire, même. La seule chose qui importait à Silas, désormais, ce n’était rien de plus qu’une place aux côtés de Dash – quitte à s’y faire tout petit, quitte à perdre des plumes en cours de route. Et des plumes, il en perdrait. Il fallait du courage et de la force pour nourrir une amitié près de chavirer ; une amitié qui valait la peine, plus que tout.

Le jeune homme avait beau avoir l’impression de se noyer, force était de constater que la main de son meilleur ami demeurait tendue, fermement ancrée à la sienne ; qu’importaient ses maladresses, ses erreurs, cette absence qui lui avait crevé le cœur, Dash était toujours là et le berçait de mots rassurants sans le lâcher une seule seconde du regard et du corps. Silas aurait voulu figer cet instant, il aurait voulu effacer le reste du monde pour que plus jamais rien ni personne ne les sépare ; plus d’accident, plus de traumatisme, plus de douleur lancinante ; juste eux et rien qu’eux. Et il y avait encore un eux qui palpitait à l’unisson ; leurs cœurs s’accordaient à ce diapason, se cherchaient dans l’intimité crue de ce moment de vérité. Et ils se trouvaient, quoi qu’en montraient les larmes et le sang qui perlait de ces lèvres trop mordillées d’appréhension. La vérité n’était pas dans la tristesse encore difficilement apaisée, pas plus que dans les visages chiffonnés, mais dans ces doigts qui s’attardaient sur le bord du tee-shirt, ces mains qui effleuraient l’oreille, ces sourires qui renouaient une complicité inébranlable, cette promesse mutuelle qui flottait dans l’air : s’aimer, quoi qu’il arrive, qu’importe qui ils étaient devenus après cette année blanche.

Des poils de chat, un peu de fumée, des cendres et des larmes qui ne coulaient pas s’ajoutèrent à ce tableau griffé par l’angoisse du vide, mais pas une seule fois la rancœur ou le désespoir ne prirent le pas sur la joie et la peur de se retrouver. Étroitement entremêlées, ces deux émotions se nourrissaient l’une l’autre d’une affection profonde qui n’avait pas l’intention de s’éteindre pour l’instant ; au contraire, même, flamboyait-elle plus que jamais dans le secret de ce compartiment agité des soubresauts du train en marche.

« C’est pas ta faute. »

Comme la tache floue d’une goutte tombée sur le beau roman rédigé en lettres calligraphiées que se racontait le cerveau malade de Silas, ces mots répétés à l’envi lui arrachèrent un sanglot, tandis que Dash se rapprochait précipitamment après avoir abandonné son mégot au bord de la petite fenêtre coulissante. Le Gryffondor s’accroupit près de lui et pressa sa cuisse pour ne pas perdre l’équilibre, réduisant la distance et la douceur de ces mots à un contact qui se mua en caresse rassurante. Son pouce dégageait une chaleur qui lui réchauffait le cœur et adoucit immédiatement sa peine – le contact de l’adolescent avait toujours été sa plus grande source d’apaisement. Le Serdaigle frémit en sentant une main saisir délicatement son menton pour lui faire relever le nez, puis se perdit dans ces yeux d’une tendresse confondante ; il aurait voulu s’y perdre jusqu’à en mourir. L’envie de l’embrasser était si forte qu’il dut s’en mordre les lèvres, le prenant en traître après pourtant plus d’un an sans l’avoir vu. Et pourtant, cette alchimie bouillonnante demeurait, prête à surgir au moindre effleurement ; et maintenant plus que jamais, alors que Dash prononçait ces mots :

— Et moi j’te lâcherai pas, j’te l’ai dit. T’vas l’oublier, l’fond, et t’vas remonter, et j’resterai avec toi tout l’long. D’accord… ? T’es pas tout seul, Silas, j’te jure qu’t’es pas tout seul.

Je suis plus tout seul.

C’était tellement difficile de ne pas l’embrasser. Alors, tout ce qui lui vint fut d’écraser sa cigarette, encore mollement tenue entre deux doigts, sur cette banquette dont il n’avait rien à faire – un trou de cigarette, c’était bien le sort qu’il souhaitait à cette année de merde qui avait osé le séparer de la personne qu’il préférait au monde –, puis il jeta ses bras autour de son meilleur ami pour le serrer contre lui pendant de longues secondes qu’il aurait voulu transformer en heures. D’un baiser appuyé, il embrassa le coin de front émaillé de mèches en bataille auquel il avait accès, puis murmura tout ce qui comptait :

Je t’aime.

Et c’était la seule vérité qui avait de l’importance. Ça, il était bien déterminé à le lui démontrer durant les mois à venir ; il ferait tout ce dont il était capable pour lui prouver qu’il était digne d’être le garant de ces sentiments qu’il avait abîmés par son silence cruel. Silas aurait voulu que cet épisode n’existe pas, mais il était aussi immuable que cette réalité qu’il avait énoncée tout haut avec l’évidence qu’ont les amoureux éperdus. Alors, ils feraient avec ; ils guériraient – ensemble.

Maintenant, ça va aller, chuchota-t-il, le nez enfoui dans ses cheveux pleins de cette odeur qu’il avait oubliée et qui lui rappelait soudain que l’avenir lui réservait de bons souvenirs. On est ensemble.

Et ils le restèrent jusqu’à atteindre la gare ; et ils comptaient bien le rester aussi longtemps qu’il le leur était permis.
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