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Nature morte (Alexander & Dmitri)
Dmitri D. van Aken

Dmitri D. van Aken



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Message(#) Sujet: Nature morte (Alexander & Dmitri) Nature morte (Alexander & Dmitri) EmptyJeu 3 Aoû - 20:58

Il y avait un quelque chose d’un peu paradoxal à vivre sur l’île des Hébrides. La vivacité violente des marées de l’Atlantique qui s’échouaient sur les rives et falaises de cette terre rocailleuse tranchait du calme qui régnait habituellement dans les couloirs du manoir. La météo se montrait souvent capricieuse, même en plein cœur de l’été, comme en écho à l’agitation naturelle du garçon qui y vivait. Parfois, lorsque les vents venus de l’ouest se levaient, il aimait à se poser à côté de l’une des plus hautes fenêtres de la bâtisse qui donnait vue sur une partie de l’île et des falaises environnantes pour contempler les déchainements de l’océan. Comme l’île, il était plein de contradiction ; impatient et fougueux, il avait besoin d’action pour agrémenter ses journées mais appréciait se lover dans un endroit familier pour admirer dans la chaleur du foyer les caprices de la nature. C’était la première fois, depuis qu’il avait posé ses valises ici, qu’il décidait d’y passer l’intégralité de ses vacances, sans même envisager de réclamer à son vieil oncle de participer au voyage scolaire. Il avait bien quelques amis qui s’y étaient rendus, et il en avait eu des échos, mais il n’avait pas eu le cœur de s’y rendre. Une fois n’était pas coutume, il avait préféré le silence d’un manoir vieillissant ; il lui arrivait parfois d’envier un peu ses camarades qui se prélassaient sûrement sur les plages brûlantes de l’océan Indien, mais il se plaisait étrangement à rester sur cette île à la végétation rase et aux couloirs que seuls des tableaux venaient animer. Il avait l’impression d’être hors du temps.

Il n’avait de toute façon pas besoin d’être très entouré pour s’occuper. Il y avait plus à faire ici que ce qu’il avait cru lorsqu’il y était venu pour la première fois et l’enfant d’alors, un peu intimidité quoique pas dénué de bravades, avait grandi. Il n’était plus tout à fait le même et le contact d’Alexander l’avait sans aucun doute changé. L’année dernière l’avait même vu s’assagir au profit d’activités extrascolaires qui prenaient leurs sources dans les sous-sols de l’île. C’en était suivi une inévitable chute dans ses notes, mue par l’adolescence et ses préoccupations diverses comme ce sentiment un peu particulier, une culpabilité sourde qui s’était accrue chaque fois qu’il percevait le poids de l’âge sur son aïeul, comme si chacune de ses bêtises avait rajouté une année au compteur déjà bien avancé de l’homme. Il le voyait décliner progressivement et ne parvenait à chasser de son esprit l’idée que cela n’avait fait que s’accroître depuis l’ouverture de cette prison de runes, dans les sous-sols.

Aucun de ses efforts pour se rattraper ne serait-ce qu’un peu – ou au moins se faire pardonner – ne semblait être suffisant ; cela le frustrait profondément. Il se sentait renvoyé à ses plus jeunes années, lorsqu’il était l’enfant exaspérant toujours plus ses parents, le gamin de trop sans doute, qu’il aurait mieux fallu ne pas avoir. Six était un bon chiffre, après tout, pourquoi avait-il fallu en avoir un septième ? Il n’y avait bien qu’avec Alexander, loin de ses frères et sœurs, qu’il avait eu le sentiment que les choses s’amélioraient progressivement. Sans doute était-ce pour ça que le voir décliner le gênait autant. C’était différent que pour sa grand-mère maternelle, quelques années plus tôt. Plus désagréable, plus angoissant. Le fait d’être un peu plus grand y jouait aussi ; il prenait un peu plus conscience de la mort désormais, là où auparavant, il s’agissait d’un concept encore lointain et abstrait. Il avait mis du temps à réaliser que c’était en partie ça qui l’avait dissuadé de partir au voyage scolaire ; il avait promis de se rattraper après tout, partir un mois sur une île où il ne pouvait pas peindre et où il craignait de ne pas suffisamment nourrir le memoria ligno de ses souvenirs serait sans doute aller à l’encontre de son engagement. Et il n’y avait pas meilleur endroit pour perfectionner ses talents d’apprenti peintre que le manoir.

Le jeune Tchèque était resté une partie de l’après-midi dehors, alternant entre un dessin et l’un de ses devoirs à faire pour la rentrée, sans doute l’un des plus pénibles à son humble avis. Il avançait dessus très lentement, passant à autre chose chaque fois qu’il bloquait quelque part ou qu’il apercevait au loin quelque chose de plus intéressant à contempler. Ce qui était relativement rare puisque les navires ne s’aventuraient jamais suffisamment prêt de l’île à cause de ses protections magiques. La météo était, comme toujours, venu jouer les troubles fêtes, déversant une faible averse sur lui et son carnet. Rien de bien méchant, mais suffisamment ennuyeux pour qu’il ne veuille pas prendre le risque de se retrouver trempé jusqu’à l’os si d’aventure il restait là trop longtemps. Il était donc rentré d’un pas vif jusqu’à l’imposante bâtisse, refermant sur sa nuque l’indispensable veste que les températures écossaises ne lui laissaient pas le loisir d’abandonner au fond de l’armoire. En rentrant, il abandonna celle-ci sur un porte manteau – Frimord se chargerait sûrement de la sécher – et se hâta en direction de sa chambre en frissonnant légèrement à cause de ses cheveux mouillés, prenant garde tout même de ne pas laisser quelques goutes d’eau dégouliner sur le sol. Il fallait dire qu’avec tous ces tableaux – et surtout parce qu’il était le seul enfant sur l’île – si quelque chose était abîmé, il ne faudrait guère de temps avant de trouver le coupable. Machinalement, il ralentissait toujours le pas quand il passait à côté du bureau de son aïeul un peu par crainte sans doute de se voir reprocher une trop grande vivacité : il n’avait pas le droit de courir à l’intérieur et prenait toujours garde à ne pas faire trop de bruit en passant là, quand bien même la porte était généralement close.

Sauf aujourd’hui. Elle était entrouverte, trop peu pour qu’il puisse distinguer quoi que ce soit mais juste assez pour que du bruit à l’intérieur n’attire son attention et ne fige son pas. Il n’allait jamais dans l’antre du maître des lieux sans son autorisation – comme il ne se serait jamais permis de le faire avec son père autrefois – mais la curiosité le piqua tout de même au vif : les murs de l’ancestral manoir étaient suffisamment épais pour que d’ordinaire, il n’entende rien qui ne provienne du bureau. Prudent, il approcha de la porte. Son grand-oncle était autant un homme d’habitudes que Dmitri était turbulent ; le quotidien sur l’île était réglé comme sur du papier à musique, la moindre fausse note résonnait d’une façon étrangement inquiétante. Le garçon poussa la porte pour laisser la lumière du bureau s’engouffrer dans le couloir. La silhouette du vieil homme lui tournait le dos, semblant contempler une fresque à laquelle le Tchèque n’avait jamais prêté attention, ce qui n’était pas bien étonnant ; s’il y avait beaucoup de choses qui ne changeaient jamais sur cette île, il y en avait tout autant que l’aiglon ne connaissait pas, lui demeurant encore inaccessible.

Il hésita un instant à l’entrée de la pièce, tiraillé entre la curiosité et la crainte d’irriter son aïeul en restant là, mais ce fut finalement la première qui remporta la bataille, alors qu’il tapotait machinalement du doigt sur le bois comme s’il ne s’était déjà pas arrogé le droit d’entrer.

@Professeur A. van Aken
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Message(#) Sujet: Re: Nature morte (Alexander & Dmitri) Nature morte (Alexander & Dmitri) EmptyLun 7 Aoû - 14:29

Alexander van Aken se sentait fatigué. Si fatigué. Fatigué comme jamais il ne l’avait été. Sa dernière année à Poudlard, il la revoyait comme dans un songe, une succession de problèmes à résoudre, d’épreuves et de difficultés entrecoupées de cours dispensés à des élèves ignares et sans volonté d’apprendre. Même Dmitri, qui était l’une des raisons de sa présence au collège, il lui semblait ne l’avoir entraperçu qu’en coups de vent. Un peu la faute du jeune homme toutefois, car si Alexander s’était un temps convaincu que le portrait libéré se serait contenté de disparaître au diable jouir de sa liberté retrouvée, il était avec le temps devenu de plus en plus clair que ce-dernier avait élu domicile à Poudlard. Les rapports de peintures étaient devenus progressivement de plus en plus alarmants et certains couloirs étaient entièrement gagnés par la végétation. Les portraits, bien sûr, mais cela forçait malgré tout leurs occupants à les déserter et on se bousculait désormais dans le grand escalier, chacun tâchant de se dégotter un petit coin qui n’empiète pas trop sur les cadres des autres.

Si la fin de l’année avait été un soulagement – au moins était-il débarrassé de ses cours – elle n’en avait pas pour autant sonné la fin du travail et dès lors qu’ils étaient revenus au Hébrides, lui et son petit-neveu, van Aken avait passé de longs jours dans son bureau à sonner l’alarme et compiler les rapports de tous les portraits de sa famille, envoyés ici et là en mission de repérage, le tout entre deux siestes. Il avait de plus en plus de mal à garder les yeux ouverts après manger et, symptôme de la débilité de son corps, s’endormait vers 13h pour parfois ne se réveiller qu’à 16, constatant avec horreur et colère qu’un bon quart de la journée avait été perdue.

Malgré tout, heureusement, les choses avaient progressé. Il était des sortilèges connus de sa seule famille, poussé au rang d’art la maîtrise des peintures et, quels que fut ses pouvoirs, le Portrait n’était que cela : toile et pigments, huile et couleurs, une bête image, souvenir d’un passé païen, mais souvenir, rien que cela. Le sorcier qu’il avait put être, ce druide, van Aken préférait ne pas y penser. Les maléfices qui avaient pu rôder dans les forêts d’Irlande et de Grande-Bretagne, avant l’arrivée des Angles, celles des Saxons et des Bretons, avant que le ministère de la magie ne soit créé et Poudlard fondé, cette sorcellerie-là, même lui répugnait à y toucher.

Et pourtant.

Pourtant il y avait dans cette toile une force indiscutable et, il l’avait très tôt compris, quelque chose qui dépassait le monde aplati des peintures et à la manière dont les van Aken mélangeaient leurs couleurs avec des souvenirs, ce portrait était plus qu’un portrait. Se pouvait il qu’il y eut une raison qui ait motivé ses ancêtres à l’enfermer en bas, au lieu de simplement livrer la toile au feu ? Il avait fallu remonter loin pour retrouver les hauteurs de ce maléfice, heureusement tous habitaient encore au manoir van Aken, sur ses murs et dans ses greniers, des toiles anciennes au style d’un autre âge, qu’on rencontrait rarement par hasard car elles étaient si vieilles qu’elles se dissimulaient à la lumière, de peur de perdre les derniers restent de leurs couleurs. Contrairement à des tableaux non-magiques, Alexander l’avait expliqué à Dmitri, il était très difficile de restaurer une peinture ensorcelée car se faisant, on altérait le portrait et les souvenirs qui le composaient. On risquait alors de produire un nouveau sorcier, différent de l’ancien, et il ne serait plus possible de se fier à son témoignage.

La traque finissait ici. Aussi vieux qu’il soit, van Aken restait homme de chaire et de sang et ses maléfices allaient bien au-delà de toute les restes de puissance d’une simple peinture. Il avait déployé ses agents, il avait peint une armée de fourmis et de corbeaux, dispersés à l’insu de leurs propriétaires dans tous les tableaux du monde, du moins, tous ceux à sa portée. L’univers des peintures, aussi vaste qu’il soit, était clôt et ses ancêtres le savaient bien : jamais les van Aken n’avaient prétendus à de hautes fonctions ou à la gloire des vieilles familles. Mais ils étaient les yeux, les oreilles, chaque tableau peint était un espion, et chaque toile une fenêtre.

Il avait convoqué toute sa magie et envoyé ses agents d’huiles et de pigments traquer l’homme cornu et cela avait fonctionné. Un an à poursuivre un fantôme et il était là, devant lui, dans une fresque digne de ses pouvoirs passés, immense forêt silencieuse où dans la pénombre se détachait une présence inamicale : un homme masqué sur un trône de bois fleuri.

Alors avaient commencé les négociations.

- Poudlard vous restera inaccessible, disait van Aken. Tant que nous n’en aurons pas fini tous les deux vous ne serez autorisé à pénétrer ses murs. Transgressez cela et je vous le jure, je peindrai personnellement un incendie tel que votre ne monde ne sera plus qu’un champ de braise.

Le portrait restait silencieux, qui aurait pu dire ce qu’il pensait, derrière l’écorce qui camouflait son visage. Il tourna toutefois légèrement la tête, et ses yeux semblaient voir au-delà du vieile homme.

Votre petit-neveu est ici.

La voix résonnait dans votre esprit plutôt qu’à vos oreilles et dans celui du garçon autant que celui du vieil homme. Van Aken se tourna vers la porte. Lorsqu’il aperçut Dmitri dans son encadrement, son regard sembla un instant ne pas savoir que dire, parcouru entre un élan de colère, de réflexion et… de crainte ?

- Entre, dit-il finalement simplement. Viens contempler celui que tu as libéré.

Il n’y avait pas de reproche dans sa voix, cette partie là ils l’avaient déjà joué, mais une forme de gravité solennelle comme si ce fut la porte d’une nef qu’avait poussé le jeune homme. Van Aken s’était retourné vers la fresque, comme s’il avait craint de la quitter trop longtemps des yeux.

- Il ne peut nous atteindre là-dedans. Regarde, le cadre est gravé de runes. Il me faudra te les enseigner.

Sa voix flancha sur le dernier mot et, imperceptiblement, ses épaules s’affaissèrent.

Vous êtes sur le déclin, vieil homme, et je me renforce chaque jour. Vos exigences outrepassent en ambition votre véritable pouvoir.

- Non. Déclara van Aken. Assez pour aujourd’hui, je vous convoquerai demain à la même heure, et il frappa de sa canne sur le parquet de la pièce. Alors l’homme aux bois se leva de son trône et disparu dans le feuillage.

Lentement, van Aken se porta vers son bureau et prit place dans son fauteuil. Son regard se déposa sur Dmitri.

- As-tu bien nourri ton arbre de souvenirs comme je te l’avais demandé ?
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Message(#) Sujet: Re: Nature morte (Alexander & Dmitri) Nature morte (Alexander & Dmitri) EmptyMer 9 Aoû - 13:09

Dans les couloirs du manoir des Hébrides, il n’était pas si rare d’entendre des bribes de discussions, çà et là. Les portraits avaient eux aussi une vie, une forme bien particulière d’existence, certes, mais tout de même vaquaient-ils à leurs occupations, conversant entre eux avec plus ou moins d’entrain. Et puis ils discutaient avec les rares vivants de l’île. Ça n’était donc pas de reconnaître la voix d’Alexander qui avait attiré la curiosité du garçon, mais tous ces détails qui l’accompagnaient, certains plus flagrants que d’autres. Le ton qu’il employait n’était pas celui qu’il réservait à son portrait d’épouse et l’impression que quelque chose était différent étreignait Dmitri si fort qu’il n’avait su se convaincre de retourner dans sa chambre sans trop s’attarder dans ce couloir. Il n’aurait su totalement décrire ce frémissement mais il avait comme le sentiment que les tableaux du couloir se tenaient eux-mêmes en haleine, comme si quelque chose d’inhabituel se tramait. Tout ce qui pouvait changer un peu, même de manière imperceptible, semblait toujours devenir criant entre ces murs. Et depuis l’arrivée du dernier né des van Aken, il n’y avait guère eu de chamboulement.

Alors celui-ci, aussi discret soit-il, il n’avait su trouver la force de l’ignorer. Ça n’était pas faute de savoir combien cette curiosité lui avait joué des tours ; il lui fallait s’avancer, aller voir cette fausse note dans la partition qui se jouait chaque jour. La voix de son grand-oncle lui parvenait, presque inchangée quoiqu’avec ce brin de gravité qu’il n’employait que dans certaines circonstances. C’était celle du premier cours de peinture, de la découverte de la pharmacopée et non pas le ton d’une banale leçon de potions ânonnée dans les cachots de Poudlard. Et puis il y avait la menace qui survint jusqu’aux oreilles de l’adolescent ; elle n’était pas dirigée contre lui mais le fit malgré tout se figer quelques instants, plus trop sûr de vouloir prendre le risque d’interrompre le vieil homme.

Trop tard. L’interlocuteur de son tuteur résonna dans l’esprit de Dmitri tandis qu’un frisson parcourait son échine et que ses poils se dressaient sur ses bras. D’un coup, il se sentait pris au piège, démasqué comme un petit espion qui n’avait rien à faire là, dévisagé par un portrait qu’il reconnut sans même l’avoir déjà vu en plein jour et par le maître des lieux. Il avait subitement l’impression d’être redevenu cet enfant effrayé lorsque l’homme l’avait sommé de sortir sa baguette et de se lever. Le courroux, qu’il avait un instant cru voir briller dans les iris de son aïeul, ne tomba finalement pas, remplacé par une simple invitation lourde de sens. C’était bien lui, le portrait du sous-sol, celui qui avait parlé avec Judith.

L’aiglon s’avança jusqu’à son grand-oncle, quoique légèrement en retrait. Il n’avait pas encore dit le moindre mot, n’osant à vrai dire pas interrompre ce qui ressemblait à un duel de regard entre le sorcier et le portrait. Ses yeux se posèrent sur les runes, à la fois familière parce qu’il en avait vu de similaires là d’où il avait libéré le tableau et totalement incompréhensibles. Il ne suivait ces cours que depuis un an, après tout, et pas toujours avec beaucoup d’assiduité... peut-être aurait-il dû. La voix, à nouveau, résonna dans son esprit comme pour mieux insister sur ce sentiment de culpabilité qui tiraillait le garçon depuis plusieurs mois. Il fut assez soulagé lorsque la fin de cette discussion atypique fut sonnée, ne réalisant qu’une fois le départ du portrait masqué acté qu’il en avait presque oublié de respirer.

Dmitri se tourna vers le vieil homme, désormais derrière son bureau, lui rendant son regard. Il y avait un quelque chose de las dans ses iris qui faisait écho à la sentence du tableau païen. « Oui, tous les jours. » Ou presque : il y avait bien dérogé à une ou deux reprises, mais chaque fois il s’était mis un point d’honneur à compenser par ce qu’il espérait être d’encore meilleurs souvenirs. S’il y avait une chose qu’il n’avait pas prise à la légère, c’était bien l’arbre des souvenirs. Il en avait un peu délaissé les cours parfois, ou s’en faisait un bon prétexte pour se déculpabiliser de les bâcler, mais jamais n’avait négligé cette tâche qui avait signifiée pour lui comme un retour en grâce. Ses iris brillaient d’une petite fierté, d’une joie qu’il avait de pouvoir montrer qu’il n’était plus tout à fait le petit-neveu problématique qu’il fallait mettre à l’écart.

Pourtant le regard de l’aiglon était inexorablement attiré par la fresque boisée, dénuée de tout occupant. Il tenait là le mystère qui avait tenu en haleine son esprit durant plusieurs mois, le motif de sa culpabilité et de sa curiosité, des discussions avec Judith... « Vous savez ce qu’il cherchait à Poudlard ? » lâcha-t-il finalement, comme si la question lui brûlait tant les lèvres qu’il n’avait été capable de la retenir. La préfète de serdaigle lui avait bien dit ce qu’Il lui avait demandé, une phalange provenant du bureau du directeur, mais c’était si vague, une requête si obscure qu’il aurait été bien incapable d’en déduire quoi que ce soit. Fidèle à sa promesse, il s’était bien entendu empressé de raconter à Alexander mais depuis, il n’avait eu que des échos de l’existence du portrait.
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Message(#) Sujet: Re: Nature morte (Alexander & Dmitri) Nature morte (Alexander & Dmitri) EmptyLun 28 Aoû - 14:59

La réponse du jeune homme le satisfit et van Aken hocha la tête – dodelina, presque. Il eut une pensée rapide pour son propre arbre qu’il nourrissait depuis des années maintenant. Le terme arrivait, c’était de plus en plus perceptible à présent et bien qu’il y ait encore beaucoup de travail à faire, la libération du tableau précipitait les événements, pour le meilleur ou pour le pire.

- Bien bien, très bien…

Il ne doutait guère que son petit-neveu ait d’autres questions à poser, considérant ce qu’il avait surpris de la conversation, aussi le laissa-t-il parler, retrouvant par-là de ses vieux réflexes pédagogiques, solidement ancrés en lui.

- La même chose que nous, à dire vrai. Sa liberté.

Le vieil homme alla planter son regard sur Dmitri, vaguement songeur.

- Il se pourrait qu’en le laissant s’échapper, tu ais volontairement ou non accélérer certaines manœuvres engagées depuis plus longtemps que nous. En cela tes cousins ont fait preuve de témérité et de félonie, mais peut-être pas de sottise.

La sottise ayant été de manipuler Dmitri au lieu de venir le voir, lui. Il laissa passer quelques instants, méditant sur la situation, avant de se saisir de sa canne et de laborieusement de mettre debout.

- Le temps nous est compté maintenant. Je nous ai doté d’armes et j’ai fourbi ta tête de connaissances, il nous reste à les utiliser. Viens.

Il dépassa le jeune homme et prit le chemin des escaliers du manoir.

- Chaque van Aken a contribué à sa manière à notre quête. Ton ancêtre Paulus nous a appris à utiliser les souvenirs pour peindre nos portraits, ton arrière arrière grand-mère Emelia à transmuter les huiles en chaire, Tobias a parcouru le monde à la recherche de savoir cachés, et moi…

Une ombre de fierté lui glissa sur le visage.

- Moi j’ai dressé le bois de nos pinceaux. Ton arbre te servira à tailler l’outil qui, un jour, dessinera ton portrait Dmitri. Il se nourrit de tes souvenirs et devient de facto une part de toi. J’ai un arbre moi aussi, je regrette simplement que Patricia n’ait pas élevé le sien. Le temps est l’ennemi historique de notre famille, mais nous pourrons bientôt le vaincre, je le sais.
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Dmitri D. van Aken

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Message(#) Sujet: Re: Nature morte (Alexander & Dmitri) Nature morte (Alexander & Dmitri) EmptyMer 30 Aoû - 20:10

La pousse d’arbre que lui avait confié Alexander faisait une partie de la fierté du garçon. Il n’avait pas lésiné sur les efforts : il s’agissait de l’une des rares choses suffisamment concrètes sur lesquelles il avait pu se concentrer pour satisfaire son aïeul, un objectif clair quand bien même ne savait-il pas encore exactement en quoi il allait lui servir. Avec le temps, il avait fini par accepter de ne pas toujours avoir de réponses, ou tout du moins par accepter la frustration que cela engendrait. Toute cette frustration, il l’avait mise dans ses souvenirs qui alimentaient l’arbre ; les filaments argentés provenant de moments doux et heureux semblaient moins propices à la croissance du végétal que ceux plus forts, chargés de colère ou de panique. Et en l’espèce, l’année avait été plutôt généreuse : de la frustration, il en avait accumulé mois après mois... jusqu’à ce jour.

Dmitri avait un instant contemplé le tableau où se trouvait quelques instants plus tôt le portrait qu’il avait libéré, pensif, et la tête pleine de questions. Il s’en était finalement détourné pour en lâcher une, la plus importante sûrement, les yeux désormais rivés sur son grand-oncle. Dans ses iris passa un éclair de culpabilité alors qu’il lui répondait d’une façon un peu cryptique mais cette fois-ci l’aiglon n’osa pas reprendre la parole. Il y avait un quelque chose de grave qui planait dans l’air et l’en dissuadait. Il se contenta d’opiner du chef alors que le vieil homme se levait, soulignant verbalement ce que l’adolescent ressentait depuis quelques temps sans trop vouloir le comprendre. Il lui emboîta le pas, buvant ses paroles avec autant d’application qu’une toile le faisait avec la peinture.

- C’est pour le bois des pinceaux ? répéta-t-il d'un ton surpris.

Subitement, il avait comme l’impression d’être revenu plusieurs années en arrière, lorsqu’il s’agissait d’Arthus qui lui expliquait les rudiments de la sculpture de bois de baguette. C’était assez perturbant d’avoir appris à peindre avec sa propre baguette pour s’entendre dire à présent qu’elle n’était plus suffisante pour les plus importants projets de leur famille.

- Ça change quoi, qu’elle l’ait pas élevé ? demanda-t-il finalement, avant de reprendre, presque aussitôt, d’un ton plus hasardeux : « C’est un élément si important que ça pour le rituel ? »

Il suivait son aïeul d’un pas lent, calqué sur celui du vieil homme, mais il peinait à masquer son empressement.
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Message(#) Sujet: Re: Nature morte (Alexander & Dmitri) Nature morte (Alexander & Dmitri) EmptyJeu 31 Aoû - 11:53

Moins rapidement qu’il ne l’aurait voulu, Alexander van Aken s’était engagé dans le grand escalier du hall, descendant de son bureau vers l’entrée du manoir où se dissimulait la porte menant aux souterrains. Un chemin parcouru cent-mille fois depuis sa naissance, quatre à quatre durant son jeune âge, puis plus sobrement lorsque la dignité de l’âge adulte l’avait touché. Maintenant, chaque marche lui donnait l’impression de pouvoir céder sous lui et la canne et la rampe n’étaient pas de trop pour l’aider. Un jour, peut-être lui faudrait-il convoquer Frimord pour descendre ces étages, comme un vieux débile. Mais pas aujourd’hui, pas encore.

- Les rituels servent à convoquer des forces qui nous préexistent Dmitri. La plupart des sorciers se contentent de puiser dans les magies archaïques pour en extraire des bribes de puissance mais nous, nous bâtissons notre propre pouvoir. Il n’est point question de rituel désormais, nul force ancienne ne nous viendra en aide, nous avons toutes les ressources dont nous avons besoin, reste à les canaliser.

Une ombre de tristesse passa sur son visage à l'évocation de Patricia.

- Les portraits ne sont pas exactement nous-même, tu le sais. La Patricia que tu connais, c’est un souvenir, altéré. J’ai peins comme j’ai pu la vision que j’avais d’elle, mais elle n’est pas la femme que j’ai épousé. La Patricia d’antan, elle me surprenait souvent. Celle-ci, je la connais entièrement, c’est moi qui l’ai fabriquée. Les souvenirs qu’elle aurait mis dans son arbre, dans mon pinceau, ceux-là en auraient dit infiniment plus sur elle que tout ce que j’ai pu essayer de reconstituer.

Il aboutit à la dernière marche et les deux se trouvèrent dans l’entrée. Sur les murs, les tableaux demeuraient silencieux, mais aucun d’entre eux ne manquait d’observer la scène avec attention. Comme il se sentait essoufflé, lui vint une espèce d’élan du fond du cœur pour ce petit-neveu tout fringant à ses côtés et en reprenant son souffle, il lui tapota l’épaule d’un air pensif.

- Tu as de la puissance en toi, Dmitri, beaucoup de puissance. Quand je te parlais des vieilles familles, des nés-moldus…

Pourquoi remettre cette conversation sur la table ? Elle semblait remonter à des années maintenant.

- L’homme qui s'éduque seul a un très mauvais maître. C’est le temps, toujours le temps, qui nous rompt avec l’âge. Nos portraits, nous avons apprivoisé le temps, nous l’avons figé pour certains d’entre nous, cela fait notre force, mille ans d’histoire à ta portée, mais ce n’est pas suffisant.

Sa respiration se faisait lourde encore, il semblait que jamais il ne la recouvrerait.

- J’ai besoin… je vais te confier une nouvelle mission… j’ai commencé un portrait, depuis longtemps, mais… je crains de ne pas pouvoir le finir.

Il porta sur le jeune homme un regard las, où se lisait un mélange de résignation et de frustration, tournées vers lui-même.

- Toi tu vas le finir. A ma place. Il est dans l’aile ouest, la luminosité est très belle le matin, viens.

Mais il ne bougea pas. Si fatigué. Il avait maintenant les yeux mi-clos et reposait tout entier sur sa canne. Sa main quitta l’épaule du garçon et chercha son bras.

- Aide moi. Nous allons dans l’aile ouest. Si tu as des questions… il vaut mieux les poser maintenant.
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Message(#) Sujet: Re: Nature morte (Alexander & Dmitri) Nature morte (Alexander & Dmitri) EmptySam 2 Sep - 13:55

Nul besoin à Dmitri de demander où ils se rendaient : dès lors qu’ils avaient quitté le bureau, après une brève évocation de l’arbre des souvenirs, il avait compris qu’ils prenaient la direction des sous-sols du manoir. L’endroit lui évoquait beaucoup de choses, du premier élan de fierté à l’idée de se voir confier un secret familial aussi important à sa plus grande bêtise, celle dont il avait l’impression qu’elle avait précipité Alexander vers cette fatigue désormais si flagrante chez lui. Dès lors, l’idée d’y retourner éveillait, comme toujours, une forme d’excitation grave qu’il peinait à discipliner. S’il n’y avait les explications de son aïeul, la lente descente jusqu’au rez-de-chaussée aurait été le théâtre d’une certaine frustration ; à la place, il l’écoutait attentivement, toujours très calme lorsque le vieil homme entreprenait de lui transmettre son savoir de peintre. En ça, il n’avait jamais failli, tout à la fois passionné et conscient de l’importance de cette transmission.

Ils arrivèrent dans l’entrée sans que l’adolescent n’ait redit un mot, rendu pensif par les affirmations de son oncle. Il n’avait jamais connu Patricia de son vivant mais son portrait était si omniprésent dans le manoir et dans le quotidien du peintre qu’il en était presque facile d’oublier qu’elle n’était qu’un amas de souvenirs et de pigments. Il y avait là quelque chose de très triste, une fatalité assez brutale à entendre pour qui avait commencé à croire qu’il était effectivement possible de vaincre le trépas grâce à leur art : les portraits, aussi remarquables soient-ils n’étaient rien de plus que des tableaux. La maîtresse de la maison, l’épouse d’Alexander n’était en réalité plus depuis bien longtemps et seuls quelques-uns de ses souvenirs subsistaient malgré tout.

Dmitri accueillit le contact physique avec un peu de surprise. Son aïeul n’était pas un homme très tactile et les marques de tendresse toujours teintées d’un soupçon de distance un peu protocolaire. Il ne s’était pas beaucoup plus attendu à ce qu’il fasse écho à leurs vieilles discussions, qui avaient été parfois menées sous le signe du conflit bien qu’aujourd’hui, il les ait lui-même un peu glissées sous le boisseau.

L’adolescent ouvrit la bouche, lorsqu’entre deux lentes respirations Alexander lui confia ses craintes, comme pour protester mais il se ravisa soudainement, laissant l’homme terminer sans trop oser le regarder directement. Il voyait bien que son grand-oncle s’était affaibli mais l’entendre confesser ainsi la faiblesse de l’âge avait un quelque chose d’inquiétant. Couplé à cette main toujours posée sur son épaule, cela donnait à ses paroles une allure de sentence cérémonieuse. Docile, il leva un peu son bras pour que le maître des potions s’en serve comme d’une seconde béquille et lentement, ils prirent la direction de l’aile ouest, Dmitri sentant le poids de son aîné autant que de celui de l’héritage qu’il sentait peu à peu peser sur ses épaules. Les paroles que le tableau avait proférées, quelques minutes plus tôt dans le bureau de l’adulte, résonnaient encore dans l’esprit du garçon : Vous êtes sur le déclin.  

- Tout à l’heure... vous avez dit qu’en libérant le tableau du sous-sol, j’avais accéléré des manœuvres... qu’est-ce que ça voulait dire ?

Il hésita une seconde, précisant ce qui en fin de compte le taraudait depuis plusieurs mois, tandis qu’ils avançaient d’un pas qui prenait des allures de marche funèbre.

- C’est à cause de ça que vous pensez ne pas pouvoir finir le portrait ?

Ça, une traque obsédante, des ennuis qui n’auraient peut-être pas dû voir le jour si seulement il avait écouté le tout premier ordre de son aïeul en arrivant au manoir : ne jamais écouter Tobias. Pendant longtemps, il n’avait perçu ses bêtises que comme une manière de s’affirmer et de se distinguer de ses frères et cousins, une façon d’attirer l’attention à lui, la meilleure qu’il ait alors trouvée, mais désormais et avec le temps, les évènements et sans doute le fait qu’il ait mûri, il en percevait certaines conséquences et portait avec lui une forme de culpabilité.
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Message(#) Sujet: Re: Nature morte (Alexander & Dmitri) Nature morte (Alexander & Dmitri) EmptySam 2 Sep - 19:24

Il reprenait son souffle, simplement son souffle. Rien de plus, il ne fallait pas y voir une alarme. Mais Alexander van Aken était trop effrayé par la mort pour ne pas en sentir intimement les prémisses. Reprendre son souffle, juste ça.

- Parce que… commença-t-il, parce que ce tableau, et je l’ignorais jusqu’à découvrir ses pouvoirs, ce tableau semble bel et bien être en mesure d’agir sur le monde des vivants. Et cela, c’est en soi bien plus que ce que nous sommes parvenus à accomplir. Je comprends pourquoi nos ancêtres ont tenu à le garder ici.

Aussi érudit et maître des lieux qu’il soit, van Aken n’avait pas pour autant la science infuse. Des siècles, des millénaires de connaissances vivaient dans les murs du manoir et avec toute la bonne volonté du monde, une vie n’aurait pas suffit à recueillir les centaines de milliers d’idées et d’expériences menées par leur famille au cours de leur séculaire existence.
Du tableau, il connaissait le danger, les intentions, certaines de ses origines aussi, mais celui qui y habitait avait vécu au temps des anciens druides, quand la mémoire était orale et qu’on écrivait grâce à des runes en gravant la pierre. Aucun portrait ne datait de cette époque et la mémoire de l’être de la forêt était perdue – si elle avait seulement existé un jour.

- Il sait qu’il touche au but, il lui manque certains de nos secrets cependant, et nous, nous voulons les siens. Certaines des formules que je t'ai enseigné pour peindre. Je l’ai fait suivre, j’ai appris de lui-même s’il a également appris de moi. Si nous parvenions à imiter ses dons…

Nous. Le mot sonna creux. Son souffle repris, il laissa couler son regard sur le jeune homme.

- En héritant de notre art, tu hérites également de notre quête. C’est un objectif que tu devras faire tient.

Se sentant quelque peu ragaillardi, il reprit sa marche aidé du garçon. Le long couloir des portraits où logeaient certaines des femmes de la famille, qui brodant, peignant, lisant, puis la double salle qui recevait parfois des invités et derrière encore un couloir, plus petit, et la véranda. Cela avait pris deux fois plus de temps pour l’atteindre que d’ordinaire.

La dernière question de Dmitri était resté sans réponse. Van Aken y avait trop clairement perçu l’ombre de culpabilité du jeune homme et quelque chose en lui brûlait de le rassurer. Mais cela aurait nécessité des explications et l’idée de s’appesantir sur le sujet le répugnait. Bien sûr qu’il avait pris du retard cette année, mais ce retard datait de dix ans déjà, à parler franchement. Les van Aken ne prenaient le pinceau pour se peindre que lorsqu’ils estimaient leur existence suffisamment avancer pour être cristallisée dans les souvenirs et les couleurs d’une toile. Une fois le portrait terminé, on ne pourrait y ajouter autre chose et ce qui viendrait ensuite tomberait dans l’oubli, comme son corps mortel.

La véranda était petite et formait un arc de cercle qui ouvrait sur les falaises et, plus loin, la mer. Des banquettes permettaient d’y lire confortablement tout en observant le jardin à l’abri du vent et des intempéries. C’était un bel endroit. Au milieu se trouvait une toile et peinte dessus, l’admirable et illustre professeur Alexander Augustus Antonius van Aken. Le portrait était presque achevé.

L’homme de chaire se laissa asseoir sur l’une des banquettes. Par terre reposait une fine et longue boîte en bois qui évoquait un étui à baguette. Dedans se trouvait un pinceau dont la couleur du manche était celle exacte de l’écorce de l’arbre à souvenir.

- Ecoute bien ce que je vais te dire maintenant. Ce portrait est dangereux, tu le sais, mais c’est aussi notre chance de percer certains secrets qui nous échappent depuis trop longtemps. Il ne s’arrêtera pas avant d’avoir trouvé un moyen de rejoindre le monde des vivants aussi le gros de la bataille que nous lui mèneront se passera en peinture.

Il avisa l’adolescent.

- Je t’ai armé autant que j’ai pu, j’ai peins en six mois plus que je ne l’ai fait en dix ans, c’est le maximum qu’il m’ait été possible de faire. Découvre la façon dont il a été peint et comment il a conservé ses pouvoirs, c'est la clef. Si nous triomphons, nous lui arracherons ses secrets mais pour cela…

Son regard dériva vers le portrait, immobile.

- Il nous faut être à l’intérieur. Tu vas finir mon portrait Dmitri et je reprendrai vie dans le monde des peintures.

Et il y retrouverait Patricia. Oh, Patricia…
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Message(#) Sujet: Re: Nature morte (Alexander & Dmitri) Nature morte (Alexander & Dmitri) EmptyDim 3 Sep - 16:40

Dmitri était tendu. La discussion et leur lente progression ne lui laissaient que peu le loisir de penser à autre chose qu’aux lourds sous-entendus qu’elles insinuaient. À même pas encore quatorze ans, le temps n’aurait dû être qu’une notion abstraite négligeable, non un ultimatum qui prêtait à inquiétude. Désormais, il en voyait pourtant les limites et les contours : c’était une vision floue, transformée par l’existence de centaines de tableaux qui portaient avec eux autant d’histoires et de connaissances, mais elles étaient bien là, comme une menace un peu étrange pour un garçon qui commençait tout juste sa propre histoire. Cette tension était un peu visible pour qui, comme Alexander, le connaissait bien : dans sa voix, le spectre de la culpabilité s’entremêlait à celui de l’inquiétude... et de la curiosité. Il buvait les paroles du vieil homme en opinant machinalement du chef. Judith lui avait parlé de quelques-uns des pouvoirs du portrait.

Quelque part au fond de lui, quelque chose sembla comme se saisir des révélations de l’adulte pour adoucir un peu ses pensées de culpabilité. Malgré toutes ses bêtises, le tableau qu’il avait libéré pouvait se révéler utile à la quête de son aïeul... leur quête, à présent.

- C’est un objectif que tu devras faire tient.
- D’accord, se contenta-t-il de répondre, quoique son ton était déterminé.

Soutenant une partie du poids de son grand-oncle, Dmitri avait calé son pas sur le sien, ses iris passant du couloir qu’il traversait aux tableaux qui l’occupaient. Les portraits les accompagnait du regard, silencieusement mais avec une attention qui pouvait presque être angoissante. Il y était habitué pourtant, il n’y avait bien que dans les tréfonds du sous-sol que les murs se faisaient vides d’occupants.

Ce ne fut qu’une fois arrivée dans la véranda qu’ils se dérobèrent un peu au poids des regards. Tandis qu’Alexander prenait place dans l’une des banquettes, lui se tournait vers le portrait du maître des lieux, contemplant la toile avec un intérêt manifeste. Il était toujours un peu fasciné par les œuvres de son aïeul ; il n’était pas que son professeur de potions, après tout, mais également et surtout celui de peintures, son exemple et modèle en la matière. Il n’était à vrai dire par surpris de savoir qu’il était question de ce portrait mais le voir était autre chose que de le penser.

Lorsque le vieil homme reprit la parole, l’adolescent quitta l’être fait de pigments et d’huiles des yeux pour se tourner vers celui de chair et de sang. Ses projets, il les avait déjà quelque peu pressentis mais sans jamais trop y réfléchir, sans doute par peur de comprendre ce qu’il préférait voir comme lointain et hypothétique. Il ne soutenait plus l’adulte dans sa marche et pourtant il avait encore l’impression de sentir son corps peser sur son bras, celui-là même d’ailleurs avec lequel il peignait.

- Pourquoi vous ? Il n’y a pas d’autres ancêtres qui sont déjà dans un tableau pour le faire ?

Au fond, ne connaissait-il déjà pas la réponse ? Les autres n’avaient pas été peints dans cet objectif, avec les souvenirs adéquats et un pinceau fabriqué avec le bois d’un arbre spécifique, les autres n’étaient pas Alexander...

- Comment je suis censé découvrir tout ça si vous vous n’y êtes pas encore arrivés ? ajouta-t-il d’une voix légèrement plus aigüe, son accent slave reprenant un peu de ses droits sur son anglais.

Il avait toujours voulu qu’on cesse de le considérer comme un enfant mais à cet instant, il se sentait dépassé. Dans quelques jours, il n’aurait que quatorze ans et ses plus grands faits d’armes n’étaient qu’une succession de bêtises, de provocations et de bagarres. Il n’était tout simplement pas prêt à reprendre la quête des van Aken.
Il se retourna vers le portrait.

- Il est presque terminé... vous l’aurez terminé bien plus vite que moi.

Lui... il était si loin d’être un peintre. D’un coup, il ne se voyait que comme un gamin qui jouait à être un artiste. Alors achever un tableau que son professeur avait commencé ? Pour qu’il reprenne vie dans le monde des peintures... Depuis sa découverte de la pharmacopée, il n’avait jamais su oublier ce sentiment étrange que le tout premier souvenir lui avait laissé. L’échec dans ce qui était alors qualifié de rituel avait insinué en lui quelques élans de panique qui ressurgissait aujourd’hui presque aussi sûrement que si Alexander avait effectivement annoncé qu’ils allaient, tout de suite et maintenant, retenter à leur tour le rituel.
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Message(#) Sujet: Re: Nature morte (Alexander & Dmitri) Nature morte (Alexander & Dmitri) EmptyVen 8 Sep - 8:34

Les mains refermées sur le pommeau de sa canne comme un oiseau de proie ses serres sur sa branche, van Aken hocha la tête. C’était un bien vieil oiseau de proie, à demi ébouriffé, s’il avait eu d’avantage de cheveux sur le crâne.

- Les autres tableaux ne sont que de la peinture. Plus réaliste, plus profonde que la plupart des portraits vivants, mais fondamentalement incapables de faire la moindre magie. Pour cela, il faut emporter un peu de la nôtre, là-dedans.

Son regard s’était posé sur la toile, avec le même air qu’on aurait posé sur son propre linceul. Résolu, circonspect, et quelque part, inquiet. Mais van Aken aurait tout le temps pour la mort, bientôt, ces heures-ci, d’été écossais, il devait encore les destiner aux vivants. Son regard quitta le portrait, revint sur Dmitri.

- Ce n’est pas de talent magique dont j’ai manqué, mais d’occasion. Le portrait…

Il hésita.

- … a une certaine conscience que le temps joue contre moi. Il a tout loisir d’attendre son heure.

Autrement dit, la mort du vieil homme. Mais cela van Aken ne pu se résoudre à le formuler à haute voix. A la place, il fronça les sourcils.

- En cela, il commet l’erreur de te sous-estimer. Et également de penser que mon propre portrait sera aussi incapable que les autres à l’arrêter.

Froidement, son regard sur Dmitri s’acéra.

- Voilà pourquoi c’est toi qui doit le finir. Afin de lui faire baisser sa garde, de provoquer l’occasion.

Il laissa passer un silence où ses yeux se tournèrent vers la baie vitrée et, au-delà, la côte rocheuse des Hébrides où explosaient çà et là entre contre-bas des gerbes d’eau de mer.

- Elle peut être de toute nature et de toute forme mais une chose est certaine : il ne peut agir sans une intervention humaine. Garde un œil attentif sur toutes les initiatives impliquant de la peinture et reste sur tes gardes. Si tu as le moindre doute, ma foi…

Une ombre de sourire lui passa sur le visage, à demi mélancolique, et fière.

- Nous sommes des milliers dans ce manoir à pouvoir te venir en aide.
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Message(#) Sujet: Re: Nature morte (Alexander & Dmitri) Nature morte (Alexander & Dmitri) EmptyDim 10 Sep - 11:20

Le regard posé sur le portrait inachevé de son grand-oncle, Dmitri sentait grandir en lui une inquiétude nouvelle pour un adolescent qui n’avait jamais guère pensé à ça autrefois ; la mort avait longtemps été abstraite et lointaine, jusqu’à ce que Caleb et Finnbjörn ne décèdent presque coup sur coup, en réalité. Il avait bien eu le trépas de sa grand-mère maternelle, plusieurs années plutôt, mais cela n’avait jamais réellement compté... il ne l’avait alors interprété que comme la fin d’une histoire, une chose normale, triste mais prévisible. Le deuil, pour un enfant, se faisait si différemment, particulièrement lorsque l’entourage était abondant et fort présent. Il avait eu du mal avec celui du serpentard et il n’avait jamais autant peint ou dessiné que les premières semaines qui avaient suivies l’annonce de son décès.

Les paroles du vieil homme apportaient une aura funeste à la pièce qui pesait sur l’aiglon avec force. Il se força à quitter des yeux le tableau pour retrouver les iris encore brillantes de vie du maître des potions. Son regard était froid, inquiétant. Il sentait bien ce qu’il se tramait dans cette pièce, ce à quoi il le préparait : à l’après Alexander. Au rôle qu’il aurait à jouer, à son tour.

- Voilà pourquoi c’est toi qui doit le finir. Afin de lui faire baisser sa garde, de provoquer l’occasion.

Le garçon baissa légèrement la tête, comme pour opiner du chef, quoiqu’avec lenteur et gravité. Il n’en avait pas envie mais il ne se leurrait pas ; cela faisait bien longtemps que ce choix n’était plus le sien. Depuis les premières foulées sur cette île, sûrement. Peut-être même avant. C’était son héritage : pas seulement quelques savoirs et des coups de peintures mais plusieurs décennies et générations qui avaient, les unes après les autres, construit cette volonté surnaturelle de dépasser la mort. Il avait suffisamment mûri pour comprendre que cela le dépassait mais sans doute pas encore assez pour ne pas paniquer à la simple évocation de ce qui, un jour, lui échoira.

- Si tu as le moindre doute, ma foi… Nous sommes des milliers dans ce manoir à pouvoir te venir en aide.

L’homme ne le regardait plus mais Dmitri n’avait pas détourné son regard de lui, contemplant sans le voir le profil du maître des lieux. Cette promesse, qui aurait sans doute dû le rassurer, était loin d’obtenir l’effet escompté.

- Vous parlez comme si vous n’étiez déjà plus là...

La remarque avait été faite sur un ton presque banal, comme s’il ne faisait qu’énoncer la liste des manuels que les professeurs de Poudlard requéraient pour leurs cours... il y avait également un soupçon de reproche dans la voix de l’adolescent qui le blâmait de déjà abandonner le combat contre le portrait. Oui, il le préparait à cette échéance, à ce jour sans doute pas si lointain où il deviendrait le dernier peintre de la famille.

- Et si je... on échouait ? C’est peut-être vous qui me surestimez.

Éclipsé par des frères, sœurs, cousins et cousines à foisons, le Tchèque avait toujours manqué de confiance et il s’était, un peu malgré lui, enfermé dans l’idée qu’il était l’élément de trop, le dernier ingrédient qui gâchait la concoction. Seul adolescent sur cette île, il avait dès lors pu s’épanouir en faisant fi de cette impression mais il souffrait toujours d’une forme de syndrome de l’imposteur. Il n’avait après rien mérité de plus que d’être expatrié pour ne pas jeter l’opprobre sur les siens. Les autres... tous avaient toujours donnés de quoi rendre fier leurs parents, infiniment plus que lui, à ceci près peut-être qu’il était le seul à avoir un coup de pinceau un tant soit peu assuré.

- Vous l’avez dit, le portrait est dangereux... ne serait-ce pas plus sage de s’en débarrasser pour de bon ? Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?

L’immortalité, les projets ancestraux des van Aken... ils avaient attendus si longtemps, quelques décennies de plus ne changeraient pas grand-chose après tout. Leur famille s’était construite sur de nombreux générations, ils pouvaient bien patienter encore un peu, ne pas faire peser ça sur ses épaules d’adolescent. Et pourtant, il n’avait jamais rien demandé de plus que d’être reconnu et considéré par les siens non pas seulement comme l’enfant turbulent ou le petit dernier, mais comme quelqu’un d’indispensable, d’unique.
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Message(#) Sujet: Re: Nature morte (Alexander & Dmitri) Nature morte (Alexander & Dmitri) EmptyMer 13 Sep - 18:01

Le vieux professeur laissa passer la remarque de Dmitri sans la commenter. L’existence d’un van Aken se pensait, dès sa naissance, à la manière d’un cycle. Une première vie de chaire, une seconde d’huiles et de pigments. Ce n’était pas tabou – quoi que le sujet ne soit évoqué que par allusions – et pour effrayante que soit la perspective de sa mort, van Aken ne l’envisageait pas moins avec une claire et étonnante lucidité.

« Et si je... on échouait ? C’est peut-être vous qui me surestimez.

- Peut-être, concéda-t-il. Pour autant tu as des devoirs. Envers ta famille, ton école et ton pays. Tu ne pourras concéder ton échec qu’à condition de t’être d’abord donné tous les moyens de la victoire. Le triomphe de notre entreprise marquera à coup sûr une ère nouvelle pour le monde de la magie. »

C’était toutefois un fardeau lourd à porter pour un adolescent, il le reconnaissait assez aisément. Van Aken soupira. Dmitri avait beau être son élève, et son pupille, il n’en était pas moins aussi son petit neveu. L’effrayer pouvait parfois avoir des vertus pédagogiques mais en l’occurrence, il lui déplaisait que leur conversation soit menée sous ce sceau-là.

- Des siècles séparent le début de notre quête familiale et sa résolution. Tu hérites de cela et cet héritage est proportionnel à la tâche qui t’échoie. Personne n’attend de toi de conclure l’affaire d’ici la fin de ta scolarité, ni même dans les décennies à venir. Tâche te sera cependant de former la prochaine génération de peintre et si tu n’avais pas de descendance, d’aller la chercher ailleurs.

D’un coup de menton sec, il désigna son propre portrait.

- Pour ce qui est de certaines choses cependant, le temps presse d’avantage. Nous ne pouvons offrir plusieurs années à notre ami champêtre. Il n’attendra pas si longtemps, il a passé trop de temps dans le noir, il est affamé de réel.

- Vous l’avez dit, le portrait est dangereux... ne serait-ce pas plus sage de s’en débarrasser pour de bon ? Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?

Il fit claquer sa langue.

- Et quoi alors ? Seras-tu celui qui peindra dans nos tableaux l’incendie qui ravagera le patrimoine sorcier ? Ce vieux mage a beau avoir des cornes sur la tête, il n’est qu’un souvenir archaïque, un reste, une relique de l’ancien temps, puissant, mais dépassé. Ne t’en fais pas trop, contrairement à ce qu’il prétend, il n’est pas un ennemi de taille à nous opposer une réelle résistance.
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Dmitri D. van Aken

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Message(#) Sujet: Re: Nature morte (Alexander & Dmitri) Nature morte (Alexander & Dmitri) EmptyVen 22 Sep - 23:08

Les devoirs envers sa famille étaient une vieille marotte que Dmitri avait entendu un bon millier de fois durant son enfance, la phrase sonnant souvent comme un reproche qui lui était fait à cause de l’une ou l’autre de ses bêtises. Il n’avait jamais prétendu être le digne enfant méritant de la fratrie et il avait souvent considéré ses « devoirs » envers ses aïeux comme un poids absurde et ridicule, comme une simple menace qui pesait sur lui dans le seul but d’éveiller une forme de culpabilité... ou de lui donner une raison de se montrer obéissant et de se conformer plus aux attendus parentaux. Pour autant, rien de ceci n’avait suffi jusqu’à présent ; rien, si ce n’était la peinture. L’apprentissage aux côtés d’Alexander lui avait donné un but, un réel intérêt et une motivation certaine pour ne plus penser seulement à ses désirs identitaires. Tout ceci allait pourtant trop vite pour lui et l’enfant qui avait rêvé d’être considéré comme important au sein d’une trop grande famille devenait désormais un adolescent qui craignait de se voir trop considéré. Sa famille, son école, sa patrie... ces mots étaient creux et pourtant si lourds.

- Mon pays, c’est la Tchéquie... souffla-t-il sans trop oser l’affirmer, conscient que là n’était pas vraiment la question. Il ne cherchait en fin de compte qu’à se raccrocher à quelques branches contestatrices.

Des paroles vinrent toutefois pour le rassurer, et sans doute parvinrent-elles un peu à leur objectif, atténuant cette impression d’être submergé qu’il alimentait de ses propres peurs et complexes, mais toujours il gardait ce regard hasardeux tourné vers un avenir qu’il n’avait guère envie de voir.
L’inconnu était effrayant.

- Et quoi alors ? Seras-tu celui qui peindra dans nos tableaux l’incendie qui ravagera le patrimoine sorcier ?

Le courroux tout en sobriété d’Alexander l’était également, d’une certaine façon, et Dmitri se sentit se ratatiner presque instinctivement face aux ripostes de son grand-oncle.

- C’est pas ce...

Les mots s’étouffèrent dans sa gorge, laissant au vieil homme tout le loisir de reprendre.

- Ne t’en fais pas trop, contrairement à ce qu’il prétend, il n’est pas un ennemi de taille à nous opposer une réelle résistance.
- Si vous le dites...

Il n’avait pas l’air si convaincu par les paroles de son aïeul, mais qui pouvait-il ? Son regard se reporta sur le portrait inachevé du maître des lieux, un tableau qu’il devrait finir pour avoir ce soutien dont il avait incontestablement besoin. Il sembla s’écouler un certain temps avant qu’il n’en détache enfin son regard, les yeux voguant de-ci de-là sans jamais regarder directement le seul autre être de chair et de sang, pour marmonner un discret :

- Je ferais de mon mieux.

C’était tout ce dont il était capable de promettre ; comme plusieurs mois auparavant, lorsqu’il promettait de réparer ses erreurs, il ne pouvait réellement se permettre d’affirmer mieux. De toute façon, ça n’était que de vaines paroles, toutes aussi creuses que le reste ; il le savait bien, il n’avait jamais été vraiment question de ce qu’il voulait bien faire... une sombre histoire de devoirs envers sa famille, envers cet héritage qu’Alexander avait entrepris de lui transmettre.
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