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Hold me tight (Willow & Blue)
August P. Rowle

August P. Rowle



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Arrivé(e) le : 16/05/2019
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Points : 5
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Année : 6ème (17 ans)

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Statut Sanguin: Sang-Pur
Pouvoirs spéciaux: Magie sans baguette
Poste de Quidditch: Aucun
Patronus: Un cormoran aptère
Epouvantard: Un miroir de plein pied
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Message(#) Sujet: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyJeu 6 Juil - 17:19


HOLD ME TIGHT
@Willow Gillespie

Petite, Bluebell pouvait passer des heures accrochée aux fenêtres de sa chambre, à contempler le domaine sous le vent, sous la pluie, sous le soleil. Elle s’y figurait des ennemis imaginaires qu’elle toisait à l’abri de sa tour, elle y projetait des rêveries de gloire dont les ombres ondulaient au clair de lune. Elle y avait passé assez de temps pour y aménager un renfoncement couvert de quelques coussins de velours, brodés de ses initiales. B.E.S, comme pour mieux se tisser à ces lettres qui ne lui appartenaient pourtant pas. Ni Elisabeth, ni Sherwin, rien d’autre que Bluebell, recueillie dans cette forteresse où l’abri n’était qu’une illusion. Elle n’avait jamais été en sécurité nulle part, constamment menacée par les fantômes de son passé, par les chimères de son avenir. Alors, elle avait cessé d’observer le parc en contrebas, préférant se confronter directement au champ de bataille, aux côtés d’un jumeau plus hargneux, plus belliqueux. Ils passaient ainsi leurs journées à mimer des combats, de leurs mains, de leurs baguettes encore illusoires. Son goût du sang était parti de ces marronniers, de la poussière d’un terrain qu’ils apprenaient à conquérir. Puis Maxton s’était assagi, comprenant très vite que la diplomatie valait mieux que les coups, et Bluebell avait dû retenir sa violence dans le mordillement frénétique de ses lèvres, souvent jonchées d’aphtes. Elle avait ensuite grandi, déserté le domaine après avoir abandonné ses fenêtres, appelée dans d’autres guerres plus grandes et plus retentissantes encore où s’opposaient son égo, sa volonté, ses ambitions, ses devoirs. Des années de front et des mois de deuil, pour ce qu’elle avait parfois perdu, pour ceux qui l’avaient souvent délaissée. Elle avait vu ses ennemis se relever. Elle avait enterré un allié. Elle s’était perdue en chemin, persuadée qu’elle s’était aventurée trop loin pour un jour pouvoir revenir en arrière. Et pourtant, en cette précieuse soirée de la fin août, alors que l’horizon tombait par delà le bois du manoir dans l’auréole bleue du crépuscule, Bluebell était bel et bien de retour.

Un rictus sans la moindre joie souleva ses lèvres alors qu’elle détachait son visage de la vitre contre laquelle elle s’était installée, le dos enfoncé dans l’un des coussins marqués de son nom. Oui, elle était revenue, elle avait délaissé conflits et adversaires pour s’installer précisément là où elle l’avait fait dix ans plus tôt, elle avait sécurisé ce domaine et il ne lui restait à présent plus qu’à se prélasser de cette fortune pour entrer dans l’âge adulte avec toute l’impétuosité de son tempérament. Mais à quoi bon ? Elle s’était tant précipitée à grandir, à vaincre, qu’elle en avait oublié la motif. L’espoir de la paix, peut-être, mais était-elle réellement tranquille à présent ? Elle avait passé un été merveilleux. Le souvenir de juillet, passé dans les champs dorés de la Toscane au bras de son frère, les réminiscences d’août, plongé dans les éclats de l’Atlantique entre les doigts de Willow, s’éteignaient à présent sous cette nuit qui précédait le mois de septembre. Rien n’avait véritablement changé. Les lettres E et S avaient plus de sens, le Ministère lui ouvrirait prochainement ses portes, la précarité de sa vie se stabilisait dans l’avènement de ses aspirations. Mais la solitude de ses contemplations était encore plus opaque qu’avant, cristallisée dans quelques fioles de pensine alignées près de la cheminée à côté d’elle, imprimée dans les parchemins qui jonchaient son bureau. Finnbjörn était mort depuis un an, Willow ne reviendrait pas avant l’été suivant. Elle avait perdu ce premier et s’apprêtait à perdre ce second, dans une symétrie temporelle bien trop géométrique pour être anecdotique. Son cœur se serra et ses lèvres se pincèrent. A chaque fois qu’on lui apprenait à aimer, on lui rappelait comment détester. Et l’espace d’une longue seconde étirée dans le violet du ciel, elle se surprit ainsi à maudire Willow d’avoir conquis sa confiance. Il avait juré que ses peurs étaient infondées, mais il ne les voyait pas valser dans le parc devant elle. Il ne les voyait pas, car il n’était plus là.

Au revoir. Les mots étaient tombés comme une épée, s’abattant sur elle pour lui déchirer le ventre. Bien sûr qu’ils se reverraient, mais quand, comment, dans quelles conditions ; ce n’était pas tant les adieux, c’étaient les retrouvailles, c’était la suite qui n’avait pas encore de contour et qui restait suspendue dans les limbes. Comment avancer quand on était piégé dans leur brouillard ? Mais elle lui avait souri, fièrement, les prunelles à peine humides, le laissant relâcher son dos pour se reculer, pour s’éloigner, pour partir. Et elle avait décidé de s’en aller à son tour, sans même se retourner pour observer son ombre disparaître dans le monde, persuadée que si elle pressait le pas, elle s’en sortirait plus vite, oubliant de fait que c’était elle Eurydice, qu’elle était de toute évidence condamnée dans ces Enfers qu’il venait de quitter. Et elle assistait désormais au sinistre bal des spectres dans son jardin, aux premières loges de son propre chagrin. C’était un spectacle vide de sens, absurde, aussi se résolut-elle à ne pas applaudir, préférant l’éloquence de larmes difficilement retenues sur le pas de ses paupières. Et quand enfin, le rideau tomba dans le noir désormais opaque de la nuit, Bluebell s’arracha à son siège pour rejoindre au plus vite la salle d’eau attenante à sa chambre. Elle se noya dans la baignoire de marbre, laissant ses cheveux s’étendre comme autant de nénuphars autour de son corps immergé. Sa peine put ainsi couler librement dans l’eau d’où elle ne sortit qu’après une longue heure de perdition.

Ses cheveux gouttaient encore quand elle enfila un long t-shirt blanc qui ne lui appartenait de toute évidence pas. Elle se risqua à croiser le regard de son reflet dans le miroir de sa coiffeuse, le jaugeant de tout le pathétique de son allure fantomatique, avant de se servir un verre d’eau d’un geste de sa baguette. Ce dernier voleta jusqu’à elle, mais elle n’eut le temps que de quelques gorgées avant qu’un craquement n’attire son attention. Personne se tenait devant sa porte, penaud, triturant sa tunique d’un geste nerveux. Il ne se permit de prendre la parole qu’au soulèvement de sourcil de sa maîtresse qui ne l’interrogea que de ce seul regard hautain. “Pardonnez-moi, Madame” glapit-il en gardant ses yeux braqués sur ses doigts, “je sais que vous n’aimez pas être dérangée passé le dîner, mais…” Sa voix semblait buter sur chaque mot, comme il aurait eu honte de sa propre intervention. “Mais vous avez de la visite. Nous l’avons identifié il y a quelques instants, devant le manoir.” Bluebell n’eut cependant pas le temps de l’interroger sur l’identité du visiteur, car déjà, les portes de sa chambre s’ouvrirent dans le dos de l’elfe. Ce dernier se retira aussitôt tandis que Bluebell portait son regard sur l’intrus, la baguette immédiatement pointée sur son ombre dans un réflexe de défense. Mais ce fut au contraire dans un réflexe d’abandon qu’elle lâcha son arme et son verre, lequel répandit l’eau tout autour de ses pieds ; mais qu’importe ; elle avait déjà pressé le pas pour se précipiter sur le jeune homme qui venait d’entrer. “Willow” gémit-elle en rejetant ses bras autour de sa nuque, enfouissant son visage dans son cou. La violence de son parfum l’étourdit encore un peu plus contre lui, si bien que l’espace d’un instant, elle se demanda si elle n’était pas plutôt en plein délire, la tête lourde, les jambes cotonneuses. Mais la chaleur qui émanait de ce corps contre le sien, le souffle qu’elle devinait dans ses cheveux, les mains portées sur son échine étaient tangibles, plus encore que le soulagement immense de le voir s’approprier ce théâtre macabre où elle avait été retenue par ses plus vilaines craintes. “Qu’est-ce que tu fais là ?” lui murmura-t-elle sans pour autant parvenir à se défaire de son corps. Il devait être à la gare le lendemain, et c’était précisément pour cette raison qu’ils s’étaient salués quelques jours plus tôt… Il n’avait rien à faire ici, il était censé la laisser seule, et dans le même temps, il avait tout à faire ici ; à commencer par l’aimer aussi fort qu’elle le serrait pour mieux étouffer chacune de ses peurs.
code by EXORDIUM.


BORDERLINE
Are you too terrified to try your best? Better ascend into the sky, dangerously fine and unforgiven, relentless, zealous: inspired by the fear of being average.

Hold me tight (Willow & Blue) K233
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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyDim 9 Juil - 22:45

HOLD ME TIGHT
juste une dernière fois
ft. @Bluebell E. Sherwin & Willow Gillespie
Certains auraient parlé d'un nouveau départ, lui n'y voyait qu'une nouvelle fin. Une de plus, après ce soir du bal de fin d'année et cette chambre trop bien rangée. Celle-ci n'était pas dans un meilleur état. Sa malle soigneusement bouclée, ses affaires posées dessus pour demain matin, la cage de son stupide hibou ouverte sur son bureau et son occupant hululant joyeusement sur son perchoir. Il rentrait à la maison et lui quittait la sienne. Étendu sur son lit, Willow tourna péniblement la tête vers sa table de nuit. Dans leur cadre, ils souriaient comme si tout allait bien, il posait ses lèvres sur la joue de sa belle qui étouffait un rire surpris avant de poser sur lui un regard amoureux. Son cœur se serra. Sa gorge aussi. Ça avait été une chose de faire face à quelques nuits sans elle, pris dans le tourbillon d'une autre vie... c'en serait une autre que de faire face à son absence quotidienne, à des semaines entières sans la voir, à l'espoir vacillant que la distance n'assassine pas tout. Il avait voulu croire que ça ne changerait rien, qu'ils seraient au-dessus de ça, au-dessus de tout... mais maintenant qu'ils étaient aux portes de cette séparation de fait, il n'en était plus certain. Elle serait loin de Poudlard, dans un monde qui lui ouvrait littéralement les bras... elle aurait mille et une occasions de trouver des garçons – des hommes ! – qui pourraient lui offrir autant sinon plus que ce qu'il pourrait lui promettre, lui, derrière les grilles désespérément closes de cette école de malheur. Dans son ventre, un poids tomba, et eux, dans leur cadre, ils souriaient comme si tout allait bien, il posait ses lèvres sur la joue de sa belle qui étouffait un rire surpris avant de poser sur lui un regard amoureux. Il avait essayé de changer le cours des choses, de mettre un terme à cette scolarité qui ne menait à rien. Il avait prétendu qu'il voulait se concentrer sur sa carrière. Le géant Gillespie n'avait pas été dupe. Il avait insisté, expliqué qu'il n'avait pas besoin de ses ASPICs. Son père avait haussé le ton, lui avait fait savoir qu'il était hors de question de le laisser gâcher sa vie pour une petite idiote qui l'aurait oublié d'ici la fin du mois. Il avait élevé la voix, lui aussi, avant de menacer de tout plaquer, il était majeur, il n'avait besoin de l'accord de personne pour ne pas prendre ce putain de train. Et pour la première fois, il n'y avait eu aucun artifice pour que l'orage n'éclate, aucun liquide ambré dans un verre bancal, aucun voile devant le regard haineux de cet autre qui resserrait un peu plus son emprise sur son existence à chaque fois qu'il tentait misérablement de s'en défaire. Mabel avait tenté de calmer les choses, avait donné raison à son mari mais elle n'avait fait que brasser de l'air avant d'étouffer un cri d'effroi quand son demi-dieu d'époux s'était levé si brutalement que la saucière avait répandu son contenu sur la nappe immaculée, laissant une tache brunâtre qui ressemblait à s'y méprendre à du sang séché... et quand elle était venue le retrouver dans cette même chambre un peu plus tard, un pot d'onguent à la main, elle avait eu le bon sens de lui rappeler qu'il avait été trop loin, qu'il savait qu'il ne fallait pas trop le contrarier en ce moment... Il avait été trop loin, lui, parce qu'il avait juste voulu qu'on l'écoute rien qu'une fois, qu'on réalise que cette vie qu'on lui reprochait de vouloir gâcher allait voler en éclats entre les murs d'un château qu'il ne voulait pas retrouver. Il avait fait accepter d'y aller, l'an dernier, pour laver ses fautes, prouver qu'il était prêt à y mettre du sien... et il l'avait fait ! Il n'avait pas fait de vagues, avait été irréprochable ! Il avait même obtenu des notes potables à ses examens de fin d'année ! Il était peut-être temps de faire un pas vers lui, désormais, non ? ...d'accepter de lui faire confiance, rien qu'une fois...? Il ferma les yeux, lâcha un soupir pitoyable. Dans sa cage, Owlie battit des ailes et eux, dans leur cadre, ils souriaient toujours comme si tout allait bien, il posait à nouveau ses lèvres sur la joue de sa belle qui étouffait un rire surpris avant de poser sur lui un regard encore amoureux.

Et puis merde, grogna-t-il en se redressant d'un geste brusque.

Il attrapa la photo, la jeta dans son sac à dos, y glissa pêle-mêle tout ce qu'il aurait dû y mettre le lendemain matin et l'abandonna sur sa valise avant de passer la porte sans un regard en arrière, ses chaussures à la main. Dans l'escalier, il donnait l'impression de n'être qu'une ombre. Silencieux, invisible, immatériel. Aucune marche ne grinça, aucun courant d'air ne fit bruisser les fleurs dans l'entrée, aucun souffle ne fit tourner la tête de ses parents dans le salon. Il avait appris à longer les murs, à se faire oublier, à n'exister véritablement qu'une fois la porte passée. Du coin de l'oeil, il aperçut sa mère feuilleter un magazine dont elle faisait vraisemblablement la couverture, son père faire s'entrechoquer les glaçons dans son verre d'un air absent. Il retint sa respiration et posa la main sur la poignée. Le poids sur la clenche déclencha le mécanisme qui s'actionna dans un silence identique au sien. Il referma derrière lui de la même manière et, seulement à cet instant, accepta de souffler enfin. Il ne prit pas garde à la lumière automatique qui se déclencha lorsqu'il se pencha pour enfiler ses baskets et eut tout juste le temps de transplaner avant que quelqu'un ne vienne ouvrir la porte qu'il venait de passer pour voir qui avait le malheur de déranger à une heure aussi tardive. Ce ne fut qu'une fois arrivé devant l'imposante bâtisse des Sherwin qu'il réalisa l'impolitesse de son entreprise. Il débarquait tardivement à l'improviste chez des gens qu'il connaissait à peine, simplement parce qu'il avait eu le malheur de s'enticher de leur fille et refusait de partir sans la voir une dernière fois. Ils s'étaient dit au revoir quelques jours plus tôt, pourtant. Ils avaient été adultes, responsables, déchirés. Ils avaient prévu de s'écrire, de se retrouver lors de la première sortie autorisée. Dans une éternité. Le cœur battant à tout rompre, conscient qu'il risquait de se faire chasser sans ménagement, Willow avança d'un pas dans l'allée. Aussitôt, un elfe apparut devant lui. Personne. Peut-être pouvait-il encore espérer tirer quelque chose de sa folie. Il décida de ne pas lui laisser le temps d'ouvrir la bouche, de balancer la vérité, aussi puérile et capricieuse soit-elle :

Faut que je voie Blue.

Le regard mauvais de la créature le toisa sans la moindre compassion, comme elle l'avait toujours fait au cours de ces mois partagés.

Je sais, on débarque pas chez les gens comme ça, et si tu me laisses entrer c'est toi qui vas prendre, je sais comment ça se passe, s'enfonça-t-il d'une voix pressée, presque suppliante, mais la rentrée c'est demain et on va pas se voir pendant des mois et... laisse-moi juste lui dire au revoir, je me casse après, je te jure que personne remarquera rien.

Il soutint ses yeux sombres et méfiants, n'essaya même pas de lui rappeler ni sa place ni la sienne. Il ne voulait pas jouer les coqs ou les conquérants, juste qu'il comprenne l'importance de ce qu'il lui demandait.

Laisse-moi juste lui dire au revoir...s'il te plaît, rajouta-t-il en désespoir de cause, conscient de s'adresser à un esclave comme il se serait adressé à un égal.

Le serviteur sembla hésiter un instant, sa loyauté pour l'ancienne Serpentard d'un côté de la balance, les risques qu'il encourait auprès des maîtres de maison s'il désobéissait aux ordres de l'autre, probablement... Et puis il claqua des doigts. Le jeune homme eut le souffle coupé, la sensation désagréable qu'on venait de le plonger dans une bassine d'eau glacée... Il ne comprit pas grand chose mais l'elfe sembla satisfait. Sans un mot, sans se défaire de cet air revêche qu'il lui connaissait depuis le premier jour, il lui attrapa le bras et les fit transplaner à l'intérieur. Le couloir n'était éclairé que par quelques rayons de lumière passant sous les portes, ne dévoilant rien des imposants tableaux dont les yeux semblaient rivés sur lui. Personne disparut à nouveau, le laissant seul dans immensité d'une maison qu'il ne connaissait pas. Dans une vie lointaine, il y avait accompagné son père, une fois. Rien qu'une. Il se souvenait du hall et du regard glacé de cette fille désagréable ; de la salle à manger et de cette répartie qui avait si bien sied à la sienne. La voix de l'elfe couina un peu plus loin.

...nez-moi... pas être dé...

Il se rapprocha de la source du bruit. Une porte derrière laquelle vacillait visiblement la flamme d'une bougie. Le bruit de ses pas était étouffé par le tapis qui courait tout du long du couloir et, plus il avançait, plus la voix désolée de la créature se faisait claire :

Mais vous avez de la visite. Nous l’avons identifié il y a quelques instants, devant le manoir.

Sans s'offrir le temps de l'hésitation, pas plus que celui de la réflexion, il ouvrit cette porte. Ça aurait pu être n'importe quelle pièce, n'importe quelle chambre... mais il priait si fort pour que ça soit celle de Bluebell qu'il n'aurait pu en être autrement. Celle-ci le mit aussitôt en joue, il leva les mains sans résistance. L'elfe disparut dans la foulée. Il y eut une seconde d'un silence tellement assourdissant qu'il aurait pu prédire la fin du monde... c'était la fin du sien, assurément. Puis la jeune femme réalisa enfin qu'il n'était en rien un ennemi. Elle laissa tomber sa baguette, le verre qu'elle tenait. Tout eut l'air de se passer au ralenti, comme si le temps était un allié et s'étirait pour leur laisser l'occasion d'en profiter.

Willow, souffla-t-elle alors qu'elle se jetait littéralement à son cou, l'enlaçant comme s'ils ne s'étaient pas vus depuis longtemps.

Trois jours, à peine... interminable quand on imaginait qu'ils seraient suivis par une soixantaine d'autres tout aussi longs et vides qu'ils l'avaient été. Ses bras glissèrent autour de sa taille, son nez s'enfouit dans ses cheveux. Elle sentait bon. Elle sentait la maison. Parce que, lorsqu'il angoissait à l'idée de quitter ce qui ressemblait le plus à un chez lui, c'était à ça qu'il pensait à chaque fois. À cette fille qui l'étreignait comme si sa vie en dépendait, à cette chambre minuscule qu'ils avaient partagé comme s'ils vivaient déjà ensemble, à cette bulle qu'elle avait toujours su construire autour d'eux... À tout ce qu'il allait perdre, bientôt. Il resserra son étreinte tandis qu'il fermait les yeux.  

Qu’est-ce que tu fais là ?
Le train part que demain, bredouilla-t-il d'une voix qu'il s'efforçait de rendre plus stable qu'elle ne l'était réellement. Je...

Je veux pas te laisser. Je veux pas te perdre. Je veux m'accrocher à chaque seconde de ce qu'on a vécu parce que je suis terrorisé à l'idée que ça s'arrête ce soir. Mais tout ça, il ne lui dit pas. À la place, il se drapa d'une désinvolture maladroite qui ne la tromperait probablement pas :

Je me suis dit que ce serait l'occasion de t'embrasser encore une fois avant de partir.
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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyLun 10 Juil - 18:44


HOLD ME TIGHT
Bluebell ne l’avouerait jamais, mais en dépit de son âge, elle avait peur du noir. Il s’agissait pourtant de sa couleur préférée, vêtue exclusivement de tons monochromes, sombres, qui épousaient sa fine silhouette comme un vêtement unirait une veuve avec sa peine. Le noir était réconfortant, le noir était hautain. Une forme de sobriété supérieure qui seyait à ses moues souvent indéchiffrables, toujours moqueuses. Mais la nuit tombée, le noir projeté sur ses murs se chargeaient d’ombres bien plus vivantes que sa malice alors recluse sous ses draps. A dix-huit ans, elle avait bien plus peur du noir qu’à son plus jeune âge, parce que la mort avait abattu sur la pénombre les fantômes qu’elle avait arrachés de ses espoirs. Chaque déception, chaque douleur, chaque désillusion ondulait ainsi dans l’opacité du vide, sous ses paupières résolument fermées pour ne pas voir ce qui était pourtant aveuglant. Elle n’était pas aussi assurée qu’elle le pensait et elle était encore moins autant impétueuse qu’on ne la croyait. Elle était au contraire recroquevillée de craintes, attendant que l’aube se lève pour brûler les chimères qui couraient dans sa chambre. Elle se souvenait encore des insomnies de l’été passé où chaque meuble craquelait sous le poids de l’absence de Finnbjörn, elle se rappelait les nuits blanchies par les lampes éteintes autour de son lit alors qu’elle tournait le dos à sa table de chevet pour resserrer un coussin qui n’émanait que plus de solitude dans le vaste château à son retour à Poudlard. Puis Willow était arrivé, non, il avait débarqué dans sa vie comme en conquérant, s’autorisant tous les droits, y compris de la posséder jusqu’aux tréfonds de son âme. Docilement, elle l’avait laissée tout spolier pour ne plus être que cette petite créature fragile aux grands yeux amoureux, parce que la nuit, il était là, la nuit, il était encore là, la nuit, il était toujours là. Les meubles ne craquelèrent ainsi plus que dans sa mémoire, le lit s’était réchauffé de son corps et elle avait même déserté son matelas pour l’épaisseur de ses bras. Il avait coloré le noir des mèches absurdes de ses cheveux. Bleu comme la douceur de ses regards, rouge comme l’ardeur de ses phalanges sur sa peau, vert comme l’espoir de ne plus jamais être esseulée. Non, Bluebell n’avait plus eu peur du noir, car elle était d’une certaine façon redevenue une enfant, préservée du monde à l’abri de ses draps, tout en se transformant en femme, confiante en l’avenir dans la prise de ses doigts. Et à présent que Willow n’était plus là et d’ailleurs qu’il ne serait plus là, rien ne lui parut plus violent que ce noir qui s’était à nouveau levé sur le jour. Les bougies de sa chambre vacillaient tranquillement, gages d’une brise invisible qui glissait depuis une fenêtre entrouverte. Les longs rideaux gonflèrent, voiles pour avancer vers une aube encore terriblement lointaine. L’Américain lui manquait. Lui aussi, était terriblement lointain. A des semaines de distance, à des mois d’espoir. A des nuits de peur, encore, où la certitude qu’il disparaîtrait comme les autres évinçait l’assurance qu’il l’aimait.

Mais voilà que les portes de sa chambre s’ouvrirent sur son spectre. Ses cheveux étaient aussi furieux que son vivant, ses prunelles glacées, aussi transperçantes et d’ailleurs, il leva les mains d’un air parfaitement spontané ; peut-être parce que c’était lui, c’était vraiment lui, c’était évidemment lui ; et Bluebell accourut pour plonger son nez dans sa nuque, levant la tête hors des eaux noirâtres où il lui avait paru sombrer quelques instants plus tôt pour mieux se noyer dans son parfum. Son cœur battait à tout rompre, affolé par la virulence de ses sentiments qui semblèrent tout embraser, de ses plus stupides peurs à cette nuit au-dehors, soudain incandescente, soudain jour. “Le train part que demain” lui rappela-t-il dans un murmure hésitant. “Je…” Sa voix se tut, sûrement à la recherche d’une vérité que Bluebell avait déjà trouvée, resserrée contre lui au point d’espérer se frayer un chemin par delà sa cage thoracique pour se débarrasser de son coeur fou et battre au rythme exclusif du sien. Willow était revenu. Il avait disparu dans les ombres trois jours plus tôt, mais il était revenu, tout comme il avait été happé par ce couloir le soir du bal pour la rattraper en courant ensuite, tout comme il l’avait retrouvée sur ce petit ponton quand elle pensait qu’il s’en irait, tout comme toutes ces fois où il était réapparu dans le miracle de ses sourires aimants. Il n’avait jamais failli, il ne l’avait jamais délaissée, même dans les moments où les circonstances entières semblaient le pousser ailleurs. Il était là, même quand il aurait dû être nulle part, comme en cet instant, où il n’aurait pas dû franchir ces portes ou la serrer si fort contre lui. Le train partait le lendemain. Mais il lui offrait quand même ce soir. “Je me suis dit que ce serait l'occasion de t'embrasser encore une fois avant de partir” reprit-il finalement après quelques secondes d’un silence qui l’emporta loin de ces quatre murs, dans un au-delà pourtant réel où ils étaient bien vivants, ivres même d’un trop plein de vie. Ainsi enivrée, Bluebell leva doucement le visage pour admirer ses prunelles, si proches des siennes tant elle serrait encore sa nuque de ses bras. Elle aurait voulu embrasser chacune des inquiétudes silencieuses qu’elle y devina, au lieu de quoi, elle effleura ses lèvres du bout des siennes, cachant ses propres préoccupations derrière ses paupières fermées. “Pas qu’une seule fois, j’espère” chuchota-t-elle dans un sourire. Et pour mieux appuyer ses propos, elle pressa ses lèvres. Elle ne comptait plus le nombre de baisers échangés ; dans le secret de sa chambre, dans la frénésie d’une salle abandonnée, dans la fièvre de la moiteur américaine - sous la mer, contre un mur, sur un oreiller - passionnément, délicatement, effrontément. Et pourtant, ce baiser-là eut quelque chose de singulier, encore, une petite lueur dans un chagrin qui n’en attendait pas. Il n’était plus à des mois de distance, il était tout contre elle, c’était presque trop beau pour être vrai, et pourtant, rien n’était plus véritable que cette sensation contre sa peau.

Elle relâcha sa lèvre inférieure pour plonger à nouveau dans ses yeux, ignorant si les siens étaient rougis ou au contraire, aussi limpides que les sentiments qui la submergeaient.  “Tu peux rester avec moi, cette nuit ?” demanda-t-elle alors d’un timbre plus suppliant que prévu. Parce que dans le fond, il ne s’agissait pas que d’une question, mais d’une véritable envie, d’un besoin, même, de goûter encore et encore à ses lèvres pour chasser un peu plus un au-revoir dont elle ne voulait plus, dont elle n’avait même jamais voulu. De fait, sa voix faisait curieusement écho à cette première nuit partagée ensemble, où la demande avait été identique, à quelques choses près, où il avait été question de vouloir rester près d’elle, là où il s’agissait désormais de le pouvoir. La nuance était subtile pour un fait qui restait tout aussi important : elle ne voulait pas du vide de sa chambre et savait que ses bras lui apporteraient toute la force qu’il lui fallait pour garder la tête haute, aussi haute que la sienne et ainsi mieux attraper ses lèvres, boire son essence. “Et comment es-tu entré ? Personne t’a vraiment guidé jusqu’ici ? Que vont dire tes parents, est-ce qu’ils sont au courant ?” C’était comme si la réalité venait de la rattraper ; oui, c’était trop beau pour être vrai, et c’était pourtant véridique, si bien que c’en était étrange, irréel, ce qui signifiait nécessairement un réveil prochain, brutal, comme à la sortie d’un rêve pour affronter un monde trop virulent. Oh, mais qu’elle n’avait pas envie de se réveiller ! Alors, sans même lui laisser le temps de s’expliquer puisque dans le fond, les circonstances importaient bien peu au regard de l’imminence de leurs adieux, de la brièveté de cette nuit d’été, Bluebell l’embrassa à nouveau, plus fort, assez pour manquer de souffle en s’écartant à nouveau, les yeux hagards. “Tu es complètement fou” annonça-t-elle dans un sourire qui signalait combien elle était aussi dingue que lui. “Je t’aime tellement.” Une affirmation de plus, à peine plus basse que la précédente, alors que ses commissures s’étiraient davantage dans un étrange sourire, à la fois troublé et amusé. C’était effectivement aussi déconcertant que drôle, après tout, c’était grave, terrible maladie dont on ne guérissait jamais vraiment et qui laissait les pires séquelles à qui avait le malheur de l’attraper, et c’était ridicule, pathétique, car quel éminent soldat, connu pour être redoutable, pouvait décemment s’alourdir de si vulgaires sentiments ? Un aveu de faiblesse, peut-être la pire de toutes ses fragilités, souvent écrit mais jamais admis de vive voix, lâché comme ça, au détour d’un baiser et de retrouvailles qui n’auraient jamais dû avoir lieu. Et c’était peut-être parce que cette scène n’aurait jamais dû exister qu’elle se permit ce relâchement, parce qu’il était aussi dément qu’elle, à brusquer le destin pour écrire une suite contre le gré des dieux, pour la retrouver quand elle était destinée aux abandons, pour revenir d’entre les ombres et s’ériger en éclat d’une existence vouée au noir. Elle n’aurait jamais pensé tomber dans cette lumière, parce qu’elle n’avait toujours connu que l’obscurité et parce que sortir de la pénombre, toute aussi effrayante soit-elle, lui ferait du mal ; la nuit n’était-elle finalement pas moins dangereuse, plus constante, là où on brûlait sous la brutalité des rayons du soleil ? Aimer, c’était aussi détester. Elle souffrirait, inexorablement, si elle n’en mourrait pas de douleur. Mais Willow la serrait fort, et elle avait envie de l’embrasser toute la nuit. Alors, elle l’aimait en dépit d’elle-même ; elle l’aimait, malgré tout.
code by EXORDIUM.


BORDERLINE
Are you too terrified to try your best? Better ascend into the sky, dangerously fine and unforgiven, relentless, zealous: inspired by the fear of being average.

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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyMar 11 Juil - 12:30

HOLD ME TIGHT
juste une dernière fois
ft. @Bluebell E. Sherwin & Willow Gillespie
Willow n'avait pas réfléchi, comme souvent. Il avait quitté la petite bâtisse de Montpelier Terrace sur un coup de tête, transplané seulement mu par le manque, supplié l'elfe sous le coup du désespoir. Peut-être aurait-il fait les choses autrement s'il s'était posé, rien qu'une seconde, avant de disparaître... Il aurait écrit à Bluebell pour savoir si elle faisait quelque chose de sa soirée, il lui aurait proposé de passer ces dernières heures en sa compagnie, ils se seraient sûrement trouvé un endroit à l'abri des oreilles indiscrètes pour se murmurer des toujours jusqu'au petit matin... N'importe quoi qui ne l'aurait pas obligé à s'imposer de la sorte, sans même savoir si elle était là. Elle aurait pu être n'importe où ailleurs, comme elle le serait chaque jour à partir de demain. Elle profiterait de cette vie dont il ne ferait plus partie, sortirait avec des amis, découvrirait le monde. Qui savait si elle n'avait pas déjà commencé ? Oh, il lui souhaitait, bien sûr ! Mais la vicieuse jalousie n'en vrillait pas moins ses entrailles rien que d'y penser. Il n'avait jamais eu l'intention de la garder que pour lui, seulement de faire partie de cette humanité qui pouvait se targuer de la côtoyer. Il était prêt à la partager pour un peu qu'elle lui revienne, chaque soir, comme ça avait été le cas jusque là. Il n'avait jamais cherché à savoir où et avec qui elle passait ses journées, ne s'était pas mêlé de ses sorties au village quand lui ne pouvait pas y aller – et quand elle ne lui imposait pas de baby-sitter – elle était libre de vivre sa vie tant qu'elle continuait à faire partie de la sienne... C'était sur le point de s'arrêter. Personne coupa court à ses pensées, l'obligea à s'expliquer, s'offrit le luxe de le faire mariner. Si tout devait changer, demain, il voulait au moins la voir une dernière fois. Il devait la voir une dernière fois. Il l'aurait littéralement supplié, s'il l'avait fallu, cet elfe de malheur ! Mais il céda avant ça et le planta dans le silence d'un couloir obscur. Le Poufsouffle aurait voulu continuer à y croire, s'accrocher à l'éternité promise... mais dans sa chambre trop bien rangée, face à son sourire qui ressemblait déjà à un souvenir, ça lui avait paru absurde. Ils étaient jeunes, trop sûrement pour s'enchaîner durant des mois à quelque chose qui n'aurait aucune existence réelle. Elle deviendrait quoi, hein, cette histoire ? Des mots balancés sur des parchemins ? Passionnés au début, habitués au milieu, bâclés à la fin ? Des entrevues express le temps d'une sortie surveillée ? Ils profiteraient de la première, trouveraient une excuse pour la seconde, oublieraient de se mettre d'accord pour la troisième ? Elle passerait à autre chose, elle finirait par l'oublier. Peut-être aurait-elle la décence de mettre un terme aux pointillés qui les lieraient encore, par principe, peut-être ne prendrait-elle même pas cette peine, comme l'autre avant elle ? On étouffait, dans ce corridor ! Il fallait qu'il la voie. Son regard perdu dans le sien lui hurlerait sûrement que c'était un abruti d'avoir ne serait-ce que penser un seul instant qu'elle était comme ça, qu'elle tomberait si bas, et il acquiescerait, parce que c'était vrai, et il oublierait jusqu'aux doutes qui lui avaient rongé l'estomac, parce qu'elle serait là, encore ce soir, encore une fois. Alors il ouvrit la porte, faisant fuir Personne sans même le vouloir vraiment. Les bras de Bluebell se resserrèrent autour de son cou avec un empressement touchant, comme si elle n'avait attendu que lui, son corps se pressa contre le sien dans un désespoir qu'il connaissait bien, comme si elle avait voulu qu'ils ne fassent plus qu'un pour ne pas avoir à subir ce qui les attendrait demain. Il sentait un cœur battre furieusement dans sa poitrine, sans savoir s'il s'agissait du sien ou de celui de sa compagne. Les deux, peut-être, dans une course effrénée contre un temps qui jouait à la fois les alliés et les opposants. Et puis elle effleura enfin ses lèvres et l'apocalypse imminente accepta de suspendre son cours rien qu'un instant.

Pas qu’une seule fois, j’espère.
C'est que je voulais pas trop abuser, souffla-t-il dans un amusement qu'elle fit taire d'un nouveau baiser.

Elle avait le goût rassurant de la maison, des promesses mille fois renouvelées, des certitudes inébranlables. Elle avait le goût de l'évidence, celui-là même qui l'avait tout étourdi dans une salle déserte, au cœur d'une nuit glacée. Et dire qu'ils avaient lutté pour ne pas sombrer. Qu'ils s'étaient débattus, l'un et l'autre, pour ne pas céder. Il ne fallait pas s'attacher, encore moins à cette insupportable pimbêche qui le prenait de haut quand il baissa sa garde, qui avait l'air si fragile quand il répondait à ses coups. Ils avaient lutté avec acharnement, terriblement, inutilement... Et, ce soir, au creux de ses bras, aux portes de la fin, il n'était pas certain qu'il aurait recommencé s'il avait fallu. Il ne se serait pas échiné à la repousser, à feindre l'indifférence, à fermer les yeux sur cette vérité qui lui éclatait au visage dès qu'il avait le malheur de les ouvrir... Il aurait voulu profiter davantage, dès le premier jour, accepter qu'elle ne soit pas qu'une histoire de plaisir, qu'elle soit rien d'autre que cette histoire d'amour qu'elle avait fini par devenir.

Tu peux rester avec moi, cette nuit ?
Ça dérangera pas tes parents ?

Déjà qu'il n'avait pas pris la peine de les saluer, de prévenir de son arrivée, d'agir en jeune homme poli, bien élevé, respectable. Il ne savait même pas si Personne s'en était chargé à sa place. Probablement pas... Il n'espérait pas, en tout cas. Mais oui, bien sûr, il pouvait rester avec elle cette nuit. S'il n'avait pas poussé la réflexion aussi loin, il n'en était pas moins venu pour ça. Pour s'enivrer de sa présence jusqu'à la dernière seconde, jusqu'à ce qu'il faille récupérer ses bagages laissés à l'abandon pour ne pas louper ce maudit train ! … et encore... peut-être pourrait-il rester davantage, même, les nuits suivantes et toutes celles qui suivraient aussi, si elle prenait la peine de le lui demander. N'être que l'adolescent irresponsable que ses parents voyaient en lui et ne penser qu'à cette envie irrépressible, qu'à ce besoin vital de rester à ses côtés. Qui est-ce que ça étonnerait, hein ? C'était exactement ce qu'on attendait de lui, n'est-ce pas ? Qu'il gâche son existence, qu'il ruine sa réputation, celle des siens, pour une petite idiote qui l'oublierait bien vite .

Et comment es-tu entré ? Personne t’a vraiment guidé jusqu’ici ? Que vont dire tes parents, est-ce qu’ils sont au courant ?

L'enchaînement des questions lui arracha un gloussement stupide, un peu surpris. Elle semblait revenir à la réalité, comprendre enfin qu'il n'avait rien à faire là. Un hochement de tête lui échappa alors que ses doigts s'égaraient sur la joue de la jeune femme. Il était prêt à lui répondre, à subir tous les interrogatoire du monde mais elle ne lui en laissa pas le temps, pressant à nouveau ses lèvres contre les siennes. Elle ne saurait jamais que son elfe avait probablement eu pitié de ses grands yeux larmoyants, qu'il avait peut-être eu peur qu'il soit assez déterminé à la voir pour ensorceler tous les cailloux du domaine pour venir taper à sa fenêtre ; pas plus qu'il ne lui dirait qu'il était parti en douce au beau milieu de la nuit, que ses parents découvriraient son absence en même temps que sa chambre vide, qu'il n'avait aucune idée de ce qui l'attendrait demain matin. Qu'il s'en fichait, même, parce que tout ce qui comptait c'était elle et ces secondes infinies qu'elle lui accordait ce soir. Il y avait quelque chose de différent, dans ce baiser-là, une saveur presque plus adulte, presque plus sauvage, presque plus urgente que tout ce qu'ils avaient connu jusque là. On sentait la fin qui pressait, on sentait le manque qui refluait pour mieux revenir, on sentait la nécessité de nouveaux souvenirs, plus forts que les autres encore pour pouvoir se dresser face à l'absence sans jamais s'effacer. Lorsque leurs lèvres se lâchèrent enfin, les souffles étaient courts, les yeux brillants, perdus dans un trop plein de sentiments.

Tu es complètement fou.

Fou ? Fou d'elle, oui ! Du reste, il n'avait pas l'impression de faire quoi que ce soit qui mérite un tel qualificatif. Venir la rejoindre dans l'indécence la plus totale était folie ? Peut-être un peu, dans le fond, oui... et à en croire son sourire, il n'y avait rien de dérangeant à ça. Alors tant pis si elle disait vrai, tant pis si elle lui avait arraché tout bon sens, il était prêt à s'enfoncer sur ces chemins-là, avec elle, pour la voir sourire encore et encore de la sorte, pour que son regard se drape d'un bonheur éphémère qui lui allait à ravir. Il n'y avait rien qu'il pouvait désirer davantage, ce soir.

Je t’aime tellement.

Et là, soudainement, brusquement, le monde stoppa sa course, le laissant sonné, pantois.

Tu m'aimes...? répéta-t-il dans un rire incrédule, comme s'il ne pouvait qu'avoir mal entendu, être victime de la plus délicieuse des hallucinations.

Bien sûr, il le savait. Il n'en doutait plus depuis longtemps. Elle avait eu tout le loisir de le lui faire comprendre au détour de leurs lettres... Mais il y avait une différence entre le savoir et l'entendre ! Et puis le message monta enfin au cerveau, s'insinua lentement entre ses neurones ralentis par la douceur de ces dernières minutes. Son regard s'arrondit, se braqua sur elle, se perdit dans le sien.

Tu m'aimes.

Ça n'était plus une question, ça n'était plus un gloussement. Ça n'était rien d'autre qu'une répétition maladroite et tremblante, tant sa gorge s'était nouée sous le coup de l'émotion. Ça n'était pas ce qu'il avait espéré trouver, dans cette chambre qu'il n'avait jamais osé imaginer, mais il lui semblait tout à coup que c'était exactement ce qu'il était venu y chercher. Sans un mot, il reprit possession de ses lèvres, plus amoureusement qu'il ne l'avait jamais fait, plus conquis qu'il ne l'avait jamais été. Elle l'aimait. Elle l'aimait ! Elle qui s'était targuée dès les premiers jours de n'aimer personne, d'être incapable de le faire. Ça sonnait brutal, ça sonnait officiel, ça sonnait vrai.

Je t'aime aussi, Bluebell, répondit-il enfin d'une voix si basse qu'elle aurait pu se briser, une déclaration à peine murmurée mais sans la moindre hésitation pourtant. D'aussi loin qu'il se souvenait, jamais ces quelques mots n'avaient franchi la barrière de ses lèvres. Pas même avec Agatha, pas même avec sa mère. Jamais. Il n'y avait qu'elle qui était parvenue à les lui arrachés, sans le moindre mal, à la seule force de ses propres aveux. Et je te jure que je t'aimerais toujours l'été prochain, et même plus encore, et que tu regretteras de m'avoir laissé tomber amoureux de toi tellement je serai insupportablement collant pour rattraper le temps perdu.

Et sûrement qu'il ferait exactement la même chose que cette nuit, d'ailleurs, qu'il débarquerait à l'improviste à une heure indue, après avoir abandonné ses bagages dans cette petite maison de Montpelier Terrace, à la différence près qu'il ne viendrait pas lui dire au revoir mais lui promettre de ne plus jamais la quitter...
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August P. Rowle

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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyMer 19 Juil - 11:43


HOLD ME TIGHT
Il était revenu. Encore. Chaque retour était une surprise alors même qu’il s’agissait en fin de compte d’une constance. Willow ne partait pas, il s’absentait tout au mieux, avant de revenir sur ses pas pour à nouveau emplir l’espace de ses sourires. Elle les adorait, tous - qu’ils soient amusés, qu’ils soient sarcastiques, qu’ils soient timides. Authentiques, ils dégageaient autant de particularités d’une mentalité complexe, bien plus que la version simplifiée qu’il offrait au reste du monde. Parce qu’elle n’était pas le reste du monde. Depuis le début, cette rencontre insolite dans l’intimité de son palais des glaces, il l’avait érigée en égale, lui tendant la main pour la relever d’entre les décombres et la couronner princesse d’une existence qu’il avait magnifiée. Coloriée. Au gré de ses teintures, verte à Noël, rose à la Saint-Valentin, blanchie en l’été, il avait bariolé son quotidien qu’elle avait fini par embrasser de la même passion que ses lèvres. Elle avait retrouvé le goût de l’avenir dans le parfum de sa peau. Et à présent qu’elle respirait à pleins poumons cette odeur familière sous son nez plongé dans son cou, maintenant qu’il était revenu, encore, désormais qu’elle souriait d’un bonheur obscène après un malheur mortuaire le front collé à ses fenêtres, Bluebell songea qu’elle ne partirait plus. Ni pour s’isoler quand le poids des souvenirs était trop étouffant, ni pour chasser un égo féroce qui lui donnait l’illusion d’encore maîtriser quelque chose. Elle s’était abandonnée à lui et se perdrait encore dans ses sentiments, s’égarerait à nouveau sur une table bancale dans le cœur d’une nuit trop opaque et lâcherait prise une fois de plus en lui admettant ses plus lourds secrets. Parce qu’il revenait sans cesse et qu’elle ne pourrait donc plus craindre d’errer comme l’ombre qu’elle avait été l’année passée, parce qu’elle se raccrocherait à lui pour le restant de ses jours pourvu qu’il continue de peindre chacune de ses nuits. Celle-ci venait à peine de se lever et il lui restait encore des heures pour en dessiner les contours, figurer une suite par delà l’imminence de la fin. Peut-être parce qu’il ne s’agissait de toute évidence pas d’une conclusion, mais au contraire, d’un début de plus avec lui qui ne cesserait jamais de la retrouver. Il prétexta l’occasion de l’embrasser une nouvelle fois, elle devina qu’il ne s’agirait pas que d’une seule fois. ”C'est que je voulais pas trop abuser” répliqua-t-il dans un sourire qu’elle emporta d’un baiser. Elle les adorait, ces sourires. C’était comme s’ils alimentaient les siens, lui faisant découvrir de nouvelles nuances qui se mirent à briller dans son regard. Non, personne ne lui avait jamais fait sentir autant d’émotions, et voilà que ce bougre fanfaron qui s’était fait le devoir d’être apprécié par elle, passant de ses foudres à ses caresses, lui réveillait ce cœur léthargique. Ceci étant, ces nouvelles palpitations lui allaient bien. Elle était moins pâle, plus rosie, moins belliqueuse, plus apaisée.

Elle aurait voulu que cette étreinte dure pour toujours, elle lui demanda si à défaut, il pouvait rester avec elle le temps de cette nuit. ”Ça dérangera pas tes parents ?” s’enquit-il en retour, les yeux sondant les siens. Bluebell laissa échapper un ricanement de toute évidence fort éloquent. “Je me contrefiche de ces parents” répondit-elle avec dédain. Ce n’étaient pas les siens, du moins, pas véritablement, et elle était désormais majeure et, mieux, elle ne leur devait plus rien. Il lui sembla que sa dette était quitte, car enfin, elle arpentait une destinée désormais assurée, elle s’apprêtait à entrer au Ministère et avait semé tous ces démons laissés en arrière. Ils pouvaient susurrer tout ce qu’ils voulaient, elle ne les écouterait plus, toute occupée à admirer le visage de son amant devant elle où se reflétaient de bien plus intéressantes promesses. “Ils n’en sauront rien” ajouta-t-elle un peu plus bas. Et quand bien même ils le découvriraient par quelques hasardeuses circonstances, que craignaient-ils ? Ils connaissaient Willow et même s’ils ne pouvaient que deviner l’évidence qui les reliait, n’ayant pas encore eu droit à des officialisations trop pesantes pour la légèreté de leur bonheur estival, ils ne s’offusqueraient guère de le savoir épris de leur enfant. Bluebell soupçonnait même déjà Elisabeth d’espérer un avènement de blanc et de dentelles, soulagée que son héritière ait trouvé un nom fortuné et prospère. Mais pour l’heure, la Serpentard n’était vêtue que d’un t-shirt trop long et trop large pour sa carrure, les cheveux encore humides de son bain coulants le long de son dos - et comme elle serait revenue d’entre ses plus folles rêveries à présent que la certitude de demeurer entre ses bras ce soir avait remplacé la surprise de sa présence, les questions affluèrent à son esprit. Comment diable Personne avait-il accepté de le laisser entrer, lui qui était d’une nature presque plus suspicieuse que la sienne ; se pourrait-il qu’il lui ait consenti l’accès par pure dévotion et d’ailleurs, comment Willow lui-même s’était-il aventuré jusque-là ? Ils n’étaient pas voisins, il était tard, et si Bluebell se moquait bien de ses propres parents qu’elle se plaisait à dénigrer pour la seule impression d’être plus autonome qu’elle ne l’était, elle savait combien ceux de Willow étaient présents dans sa vie. Il n’aurait pas fallu qu’ils soient écrasants au constat de son absence, car quand bien même Elisabeth devait rêver d’alliances, les Gillespie semblaient plus mesurés. Bluebell se souvenait en particulier du regard que lui avait coulé Mabel un matin où elle s’était présentée au petit-déjeuner. Maquillée, coiffée, élégamment vêtue, Bluebell l’avait saluée de tout son respect en dépit de l’effronterie de sa nuit, bien brève - et la matriarche s’était contentée d’une moue de politesse, les yeux brillants d’une méfiance saugrenue. Le reste du séjour, cette belle-mère sans étiquette était demeurée des plus agréables, il ne lui avait donc fallu que cette seconde de non-dits pour exprimer tout ce qu’elle avait préféré taire en public. Willow l’avait prévenue. Et elle espérait au fond d’elle-même que ses parents finissent par l’être, aussi, mais en de meilleures conditions qu’une fugue nocturne.

Car il ne s’agissait en définitive que de ça : une fugue nocturne pour la rejoindre avant de prendre son train pour l’autre côté du pays. Alors Bluebell abandonna ses futiles interrogations pour retrouver aussitôt ses lèvres, l’embrassant plus fort, les bras serrés derrière sa nuque, le corps collé contre le sien. Il était complètement fou, et elle était toute aussi démente, détaillant son visage près du sien d’un éclat fasciné alors que ses doigts suivaient le contour de sa mâchoire. Ce n’était plus que par lettre, c’était réel, là, sur le pas de ses lèvres qui s’entrouvrirent sur cette délicate vérité qui brillait pourtant si fort dans le fond de ses prunelles. Elle l’aimait. Elle l’aimait tellement. “Tu m'aimes...?” demanda-t-il dans un rire, hagard, alors qu’elle lui soumettait un sourire encore plus marqué. “De toute évidence, oui” répondit-elle, amusée. “Tu m'aimes.” Cette fois-ci, un gloussement lui échappa, reculant son visage qu’il rattrapa presque aussitôt pour l’embrasser encore une fois. Elle avait déjà perdu le compte de toutes ces fois promises pour la nuit, lui rendant sa ferveur dans un sourire insatiable. Oui, elle l’aimait, et elle l’aurait encore répété des centaines de fois, là, immédiatement, s’il le lui avait demandé, parce que rien n’avait jamais sonné aussi juste, rien n’avait résonné aussi furieusement. Mieux que les plus cinglantes insultes, mieux que les pires menaces. Un gage d’un amour violent, prodigieux, qui étincella dans son ventre maintenant que Willow retenait ses lèvres plus fermement qu’il ne l’avait jamais fait. Il finit néanmoins par se reculer et elle manqua de souffle, ou plus exactement du sien, si proche d’une bouche qu’elle avait encore envie de caresser, quand le silence retombé ondula de sa voix. “Je t'aime aussi, Bluebell.” Elle rouvrit les yeux, à la recherche de ces aveux déjà disparus, desquels ne resta qu’une étrange lueur dans le regard du jeune homme devant elle, aussi singulière que la sensation qui l’embrasa. Elle avait déjà été brûlée par son désir mais ce feu-là n’avait rien à voir. Il l’effrayait autant qu’il l’auréolait ; il la consumait toute entière autant qu’il s’émanait de son épiderme. Il avait été facile de l’aimer, dans le fond, elle l’aimait déjà depuis des semaines, ou des mois, en vérité, depuis que les bourgeons avaient grimpé sur les branches des arbres ; mais il était difficile de l’être en retour. Elle n’avait toujours été que l’ennemie, l’adversaire, le danger - la tempête, l’incendie, la folie. Un soldat enragé dans une guerre contre le monde, dont chaque allié avait fini par disparaître, si bien qu’il ne lui avait resté que Maxton, parfois lui-même inquiet de ses états d’âme et de cette fureur qui battait dans ses tempes. Et Willow estimait l’aimer, tout simplement ? C’était comme lui sourire au milieu du champ de bataille, en ruines, lui tendre la main, lui offrir ce regard amoureux pour l’inviter à se débarrasser de ses armes, de son armure, pour ne plus être que cette version nue d’elle-même, celle qu’il aimait. Car dans le fond, il ne pouvait l’aimer que pour cette fragilité-là, n’est-ce pas ? Il ne l’aurait pas aimée pour sa hargne, il y était imperméable. C’était bien de faiblesse qu’elle avait fini entre ses bras, cette nuit-là, et c’était bien de vulnérabilité qu’elle s’était offerte à lui, toutes ces heures perdues entre leurs draps. Elle glissa ses doigts jusqu’à ses joues, comme pour mieux retenir son visage et s’ancrer dans cette affection. C’était tout simplement ça, la clé de la paix. Ces yeux confiants d’une certitude exclusive, qui ne lui appartenait pas tout en étant intimement sienne.

Elle avait cessé de respirer quand il pressa doucement son dos pour la serrer un peu plus fort tout contre lui. “Et je te jure que je t'aimerais toujours l'été prochain, et même plus encore, et que tu regretteras de m'avoir laissé tomber amoureux de toi tellement je serai insupportablement collant pour rattraper le temps perdu.” Ses commissures s’étirèrent dans un sourire aussi triste que ses prunelles désormais humides. Elle ne regretterait rien du tout, sinon de le laisser s’en aller au petit matin, et de ne pouvoir rendre cette nuit aussi immortelle que l’empreinte qu’elle lui laisserait. “Ce ne sera pas perdu” promit-elle alors dans un souffle. “D’une certaine façon, tu seras quand même là, avec moi. Et moi, je te retrouverai dès que tu me le demanderas.” Il serait dans chaque réussite, dans chaque victoire, et elle viendrait à lui pour la moindre sollicitation, le moindre caprice. Elle lâcherait tout comme il venait de tout délaisser pour la rejoindre, elle se frayerait un nouveau chemin entre ses bras, au plus près de sa cage thoracique, et elle le laisserait lui voler encore d’innombrables sommeils pour répondre présente comme il savait être disponible pour ses batailles. Aussi simplement que lui, à lui tendre une main pour l’accompagner dans les pires débris de la vie. “Je suis sérieuse, Willow. Je suis là pour toi, et je ne bougerai pas d’ici” reprit-elle en glissant ses doigts de ses joues à ses tempes, où elle entreprit de caresser doucement ses cheveux. Qu’il l’emmène dans les limbes où il se perdait, parfois, le visage inexpressif alors qu’il ressassait des chimères invisibles. Elle avait déjà passé quelques nuits à le bercer pour chasser les souvenirs sans un mot qui éteignaient ses yeux, et s’il le lui demandait, elle irait les confronter elles-mêmes, ces créatures qui le hantaient. “Ni de là” poursuivit-elle avant de l’embrasser délicatement dans un sourire. “Et encore moins de là.” Elle plongea dans son cou pour y entreposer un nouveau baiser, tout contre sa jugulaire. “Et surtout pas de cet endroit” conclut-elle en posant finalement son front contre son cœur. Elle ferma les yeux, les phalanges serrées dans ses cheveux, et visualisa cet endroit préservé dont ils avaient besoin pour se retirer ce soir. En un tourbillon, ils disparurent de sa chambre pour parvenir dans un appartement sombre, à peine éclairé des reflets de lune par delà de hautes fenêtres vitrées. La décoration semblait moins archaïque, plus épurée, également, sous de hauts murs blancs et un parquet clair, entre lesquels siégeaient quelques canapés de cuir, une cheminée de marbre gris et un large tapis tissé. Bluebell se défit doucement du jeune homme, souriant à la surprise de son regard, quand par enchantement de leur arrivée, les lampes vitrails disposées ça et là s’éclairèrent d’un coup, laissant reluire une lueur tamisée. C’était un élégant salon, encastré d’une part et d’autre de portes fermées. S’asseyant sur le dossier d’un canapé, Bluebell étira les bras d’un geste théâtral sans se défaire du large sourire qui laissait découvrir toutes ses dents. “Voici notre appartement pour les prochaines années. Bienvenue chez toi, Gillespie.” Parce qu’il serait ici chez lui, elle l’y attendrait à chaque occasion et il pourrait s’y présenter à la moindre contrariété, au plus piètre bonheur. Mieux qu’un manoir où rôdaient encore les risques familiaux et les rumeurs désobligeantes, mieux qu’une chambre attenante à celle de son jumeau… Ici, ils seraient tranquilles et ici, ils avaient bien plus d’espace qu’à Poudlard. Ils avaient même toute une vie à y établir.
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BORDERLINE
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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyMer 19 Juil - 16:26

HOLD ME TIGHT
juste une dernière fois
ft. @Bluebell E. Sherwin & Willow Gillespie
Ça ressemblait étrangement à cette première nuit ; quelques heures volées au bon sens, à la décence ; des retrouvailles aussi bien que mal venues. Et ils étaient là, agrippés l'un à l'autre, retenus à cet autre souffle comme si leur vie en dépendait, comme s'il n'y avait aucune autre issue que celle qu'ils accepteraient gracieusement de s'offrir. Le monde continuait sa course folle sans même les compter en son sein, ils s'accrochaient à des secondes qui s'étiraient à l'infini, à des heures qui se rapprochaient inexorablement de la fin. Comme lors de cette première fois, le jour qui se lèverait bientôt arracherait à l'obscurité tout ce qu'elle avait de rassurant, toutes les promesses à peine chuchotées, les caresses d'une douceur acquise. Ce serait la vie qui viendrait les cueillir au réveil, la vraie, dans toute ce qu'elle avait de plus cruel. Et même là, entre les bras de Bluebell, alors qu'il n'était jamais senti plus à l'abri que pressé contre son corps, il savait qu'il n'y échapperait pas. Il faudrait réapprendre à composer sans elle, à se blottir dans la solitude de ses draps, à supporter le silence de ses nuits. Faire cavalier seul, encore. Museler la confiance, se jouer de sourires hypocrites. Revenir en arrière, comme si cet abandon salvateur n'avait jamais existé rien qu'un instant. Il faudrait supporter le fantôme qu'elle laisserait derrière elle, cet être immatériel fait des souvenirs merveilleux qui se feraient douloureux au fil des jours, hantant chaque salle, chaque couloir, sans lui laisser le moindre répit tant elle avait été partout. Il sentait d'avance le manque qu'elle lui causerait, le même que ce soir en infiniment plus grand parce qu'il ne suffirait pas d'un transplanage inopiné pour pouvoir le combler. Willow resserra son étreinte, comme s'il pouvait encore l'empêcher de l'abandonner, juste au moment où elle s'enquérait des heures qu'il était prêt à lui offrir. Toutes, si elle savait ! Il aurait tout abandonné, cette nuit, pour un peu qu'elle le lui demande, pour la promesse de mille et un réveils à ses côtés, pour la certitude que rien ne changerait jamais, qu'ils resteraient aussi étroitement liés, soudés qu'ils ne l'avaient été depuis janvier.

Je me contrefiche de ces parents, répliqua-t-elle dans un ricanement dédaigneux, avant d'ajouter : ils n’en sauront rien.

Le jeune homme hocha doucement la tête. Ils n'en sauraient rien. En soi, il s'en fichait pas mal qu'ils l'apprennent. S'ils n'avaient rien officialisé, drapés dans l'insolence qui s'accrochait à cette fin d'adolescence, ils n'avaient dupé personne. Le couple souverain n'avait pas manqué de lui faire savoir ce qu'ils pensaient de cette petite idiote de passage. Bien sûr, on se fichait bien de savoir avec qui il passerait le reste de sa vie pour un peu qu'elle accepte de jouer le jeu des paparazzi, d'offrir une partie de leur vie en pâture aux vautours qui n'attendaient que ça... Il n'avait jamais été question d'avoir un mot à dire sur ce choix, tout au plus de le critiquer parce qu'il n'était bon qu'à en faire de mauvais... mais pas maintenant. Il était trop jeune, trop occupé pour se perdre sur les chemins tortueux de ce genre de sentiments. Ça le perdrait ! Ils n'étaient pas stupides, ils avaient vite fait le rapprochement avec ce qu'on leur avait rapporté : ses retards, son manque de motivation, ses excuses ridicules pour annuler ou déplacer ses entraînements. Il avait eu mieux à faire, plus important à penser qu'à ce qu'on attendait de lui. Il avait usé et abusé de la liberté que lui offrait cette école lamentable... Face à cette lueur humide et constante qui faisait briller l'océan désespéré de son regard ces derniers jours, on n'avait pas hésité à lui faire savoir que c'était ce qui pouvait lui arriver de mieux. Il s'était amusé, personne ne le lui reprocherait pour cette fois, mais maintenant il fallait retrouver son sérieux s'il ne voulait pas en pâtir, il ne voulait pas regretter. … qu'on lui fasse regretter, avait été plus exactement prononcé. Mais ça pourrait attendre demain... De toute façon, le mal était déjà fait, il s'était lâchement enfui, il avait pris le risque de louper ce train de malheur seulement pour la revoir une dernière fois... Alors au diable le sérieux, ce soir, il voulait en profiter encore, en profiter toujours, se voiler la face et prier pour que ça ne s'arrête jamais.

Alors je reste avec toi jusqu'à la dernière seconde.

Si sa voix se voulait assurée, presque joueuse, il n'en luttait pas moins pour ne pas s'effondrer. Il n'avait jamais été très doué pour les adieux. On le mettait généralement devant le fait accompli, on ne lui laissait guère l'occasion de se perdre dans des étreintes larmoyantes et craintives. Comme lorsqu'elle l'avait laissé partir, sans tenter de le retenir, déjà disparue lorsqu'il s'était retourné dans l'espoir idiot de prolonger cette vie de quelques instants volés. Il était venu les réclamer, ce soir, ces instants. Il le regretterait sûrement demain matin, lorsqu'il faudrait se quitter encore, se dire au revoir à nouveau, s'embrasser pour la dernière fois, pour la vraie dernière fois. En attendant, il y en aurait d'autres avant cela. Des dizaines, des centaines d'autres baisers qu'elle plaquerait sur ses lèvres avec la fougue de celle qui se sait tellement importante qu'elle est la cause de bien des incartades. Autant de baisers qu'il voulait graver dans sa mémoire et se souvenir chaque soir lorsque le froid viendrait l'étreindre à sa place. De ça et de ces trois mots retentissant comme un coup de tonnerre dans le ciel de cette chambre violée. Elle l'aimait. Elle l'aimait assez pour le lui avouer de vive voix, pour abandonner toute retenue, toute pudeur, toute prudence. Oh, les risques étaient minimes, bien sûr, il était là, encore, il avait bravé tous les interdits, une fois de plus, il ne se risquerait ni à ricaner, ni à se moquer, pas même à repousser cette déclaration de quelque manière que ce soit. Tout au pire avait-il été pris par surprise, laissé hébété par le choc. C'est qu'on ne disait pas ces choses-là, par chez lui. C'est à peine si on devait les penser. Alors, oui, bien sûr, ils s'y étaient risqués tous les deux au détour d'une lettre ou d'une autre, avaient soufflé les contours d'aveux somme toutes similaires mais jamais, au grand jamais, ils ne s'étaient à ce point aventuré sur ces chemins inconnus. S'il n'y avait plus grand chose d'une amourette adolescente pour survivre au milieu de leurs étreintes, elle venait d'en éteindre les dernières braises. Elle l'aimait, elle qui n'aimait personne, qui n'appréciait personne, qui ne s'attachait à personne. Elle l'aimait malgré tout ce qu'elle lui avait reproché au fil des mois, toutes ces batailles perdues, ces disputes éclatantes, ces larmes essuyées. Elle l'aimait autant qu'il l'aimait lui-même, d'un amour inattendu et maladroit, sans borne surtout, sans limite.

Ce ne sera pas perdu.

Willow s'efforça de sourire, aussi tristement qu'elle pouvait bien le faire, sans oser la contredire quand bien même il n'en croyait pas un mot. Ça serait perdu. Ces nuits blanches, vides de sa présence ; ces journées sombres, pleines de son absence. Toutes ces heures à attendre ce qui ne viendrait pas... parce qu'il n'y aurait plus rien, ou quasiment. Une lettre par-ci, par-là, la flamme rapidement soufflée de retrouvailles qui ne dureraient pas... C'était long, un an. Ça le serait d'autant plus qu'ils avaient trop partagé ces derniers mois. Ça n'était pas qu'un éloignement qui les attendait, c'était une séparation de fait. Elle délaisserait le lit conjugal, abandonnerait un domicile qui serait rendu à la communauté. Ils ne resteraient ensemble que sous le poids des mots, sans rien pour le leur rappeler au quotidien. Parce qu'ils ne le partageraient plus. Ni ça ni le reste.

D’une certaine façon, tu seras quand même là, avec moi. Et moi, je te retrouverai dès que tu me le demanderas.

Il hocha simplement la tête, la gorge nouée, le cœur lourd, le regard fuyant pour ne pas laisser voir combien il brillait. Il avait été stupide, ce soir. Stupide de leur imposer ça, de les laisser se rapprocher plus qu'ils ne l'avaient jamais fait à l'aube de cette page qui était sur le point de se tourner. Ça n'était pas une fin, pas vraiment, mais ça n'était pas une suite pour autant. C'était une pause effrayante, une pause étouffante, une pause décorée des promesses de toujours mais trop obscure encore pour leur laisser l'occasion de les admirer.

Je suis sérieuse, Willow.

Sentait-elle les doutes qui l'animaient, cette peur farouche qui refusait de le lâcher depuis qu'il était rentré sans elle quelques jours plus tôt ? Ou alors avait-elle seulement conscience de ce qu'il traversait parce qu'elle traversait sensiblement la même chose ?

Je suis là pour toi, et je ne bougerai pas d’ici, reprit-elle en laissant ses doigts se perdre dans ses cheveux.

Il secoua imperceptiblement la tête. Il penserait à elle à chaque seconde, comme il le lui avait promis plus d'une fois. Elle le hanterait plus qu'elle ne l'avait jamais fait. Il érigerait son souvenir en religion jusqu'à son retour pour ne jamais l'oublier rien qu'un instant.

Ni de là...

Ses lèvres se posèrent sur les siennes. Il se laissa faire, un sourire à peine visible illuminant faiblement ses traits. Il aurait pu lui jurer qu'elle serait la seule à avoir le droit de s'y risquer mais il n'était pas certain que ça vaille la peine de briser ce moment hors du temps pour si peu. Elle le savait, n'est-ce pas ? Elle n'avait plus eu peur de le voir s'enfuir, ces derniers temps, hein ? C'en était fini des ombres menaçantes de filles qui n'avaient jamais que croiser son chemin ; Kline, Wright et peu importe les autres encore...?

Et encore moins de là.

Son visage se nicha au creux de son cou, son souffle s'écrasa contre sa peau en même temps qu'un nouveau baiser. Un frisson lui échappa, la peur des nuits sans elle lui revint de plus belle. Il la voulait encore blottie contre lui, ses doigts agrippés aux siens, à son t-shirt, ses bras enroulés autour de sa taille, de son cou, l'empêchant de bouger, de s'enfuir, de la laisser. Il voulait se réveiller encore trop tôt, la regarder dormir jusqu'à ce qu'il soit trop tard, sentir les nuits se rétrécir sous ses caresses, oublier la vie qui l'attendait au-delà de ses soupirs. Elle était encore là qu'elle lui manquait déjà.

Et surtout pas de cet endroit.

Son front se posa contre son torse, juste là où son cœur s'efforçait de marquer violemment son désaccord. Il étouffa un sanglot puéril. Il n'avait jamais été très doué pour les adieux. Il espérait ne jamais le devenir.

Tu m'écriras souvent, hein ? s'entendit-il lui demander d'une voix étranglée, si fragile qu'il aurait pu s'en moquer. Tu m'oublieras pas ?

Depuis quand les rôles s'étaient-ils inversés à ce point ? C'était elle, normalement, qui craignait d'être évincée de ses pensées quand il quittait l'école. Lui n'avait peur de rien, parce qu'il savait qu'elle serait là à son retour et que rien n'aurait changé en quelques jours à peine... Mais là...? Tout allait changer. Tout aurait le temps de changer. Parce que ça n'était pas des jours, c'était des semaines, des mois peut-être même, qui savait si ça ne durerait pas davantage ? Elle disait qu'elle serait là, qu'elle le retrouverait dès qu'il le lui demanderait mais qu'est-ce qu'ils en savaient, en réalité ? Elle aurait une vie qu'elle ne pourrait pas systématiquement délaisser pour ses beaux yeux,; elle ne pourrait pas tout plaquer seulement parce qu'elle aurait le malheur de lui manquer... Il ne voulait pas la perdre, pas la laisser. Il avait bien trop peur de ce qu'il pourrait retrouver. Et puis sans prévenir, la chambre disparut dans un tourbillon brutal. Elle les avait fait transplaner sans un mot. Le Poufsouffle mit quelques secondes à comprendre ce qu'il venait de se passer. Son regard perdu glissa tout autour de lui alors que la jeune femme relâchait son étreinte. Il ne reconnaissait pas l'endroit. La pièce était épurée, lumineuse, loin des manoirs austères qu'il avait rencontrés ici. Bluebell s'installa sur le dossier d'un canapé, s'attirant son attention sans avoir à la réclamer.

Voici notre appartement pour les prochaines années. Bienvenue chez toi, Gillespie.

Bienvenue chez toi... ça sonnait étrangement à ses oreilles, comme un écho d'une vie passée... « Tu peux rester tant que tu veux, Willow, t'es ici chez toi » qu'avait lâché Danielle il y avait de ça une éternité. Il y avait cru, de toutes ses forces, de son être. Il avait voulu avoir un chez lui, un vrai, un endroit où il pourrait être lui-même, où il pourrait être en sécurité. Quelque chose qui ressemblerait à un abri... Quelque chose qu'il avait trouvé dans cette petite chambre du premier étage et qu'on lui arracherait à la rentrée. Aujourd'hui, même s'il avait envie d'y croire encore, il savait que c'était un mensonge. C'était chez elle. C'était chez son frère. C'était leur appartement pour « les prochaines années ». Un poids tomba dans son estomac alors qu'il s'efforçait de lui sourire comme si tout allait pour le mieux. Des projets sur le long terme, des projets dont il ne faisait pas partie, parce qu'il serait coincé un an et qu'en dépit des promesses, c'était stupide de vouloir voir plus loin. Elle avait raison. Bien sûr qu'elle avait raison. Il ne doutait pas qu'il y passerait peut-être une nuit ou deux, en invité, durant les prochaines vacances... mais ça ne serait jamais « chez lui » quoi qu'elle en dise. Mais ça n'était pas si grave. Il avait un chez lui, de toute façon, quelque part de l'autre côté de la ville, quelque part de l'autre côté de l'océan. Et eux, ils seraient bien, ici. Ça avait l'air agréable. Elle méritait bien ça. Elle méritait tellement plus encore. Il s'arracha à la contemplation des meubles, des lumières qui brillaient faiblement à l'extérieur pour venir s'installer à côté d'elle. Sa main réclama la sienne, son nez se nicha contre son cou, comme le sien l'avait fait avant de changer de décor.

C'est toi « chez moi », Blue, souffla-t-il alors.

Ça avait été cette salle abandonnée une nuit d'hiver, ça avait été les canapés crasseux de sa salle commune, ça avait été les quatre murs de son palais, ça avait été ce ponton perdu au milieu du parc, ça avait été chaque endroit qui les avaient vus grandir, chaque endroit qui les avait vus s'aimer... et un jour, peut-être, ce serait un appartement comme celui-là, ou une maison, ou un château, tout ce qu'elle voudrait, où elle déciderait de s'installer avec lui, pour de bon; pas seulement l'espace d'une nuit quand l'occasion se présenterait. Ce serait là où ils choisiraient de faire leur vie, si elle voulait encore de lui d'ici là, si elle acceptait de lui faire une place dans ses projets d'avenir, s'il lui semblait assez digne d'elle pour envisager « les prochaines années ».
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August P. Rowle

August P. Rowle



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Arrivé(e) le : 16/05/2019
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Année : 6ème (17 ans)

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Statut Sanguin: Sang-Pur
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Disponible pour un RP ?: Si t'es pas pressé, c'est d'accord !
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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyJeu 27 Juil - 16:22


HOLD ME TIGHT
”Alors je reste avec toi jusqu'à la dernière seconde.” Ça sonnait officiel, ça sonnait grave, ça sonnait imminent. Une promesse qui tombait dans l’ordre pour ne surtout pas dévier d’une trajectoire définitive. Il resterait avec elle, non pas pour toujours, mais jusqu’à la dernière seconde, car il y en aurait une dernière, juste après des adieux pour sceller encore plus officiellement, plus gravement, plus imminemment une fin décisive. Willow avait sûrement voulu se faire rassurant, Bluebell se mit au contraire à réaliser l’imprudence de sa visite. Il n’était même pas question du risque absurde que ses parents découvrent la présence d’un fugitif sous leur toit, encore moins des qu’en dira-t-on qui suivraient ce secret de polichinelle ; il en allait du goût acerbe qui emplirait sa bouche après le sucre de ses lèvres, venin d’un chagrin qui empoisonnerait encore un peu plus les relents endeuillés de cette chambre. Les volutes d’argent des fioles qui s’alignaient dans son dos s’opacifieraient alors d’un gris de plomb, le monde entier retomberait dans ses nuances monochromes où le futur n’avait pour valeur que les spectres du passé. Willow ne devrait pas partir. Il ne devrait pas y avoir de dernière seconde, rien d’autre qu’un à jamais qui ne franchit cependant pas leurs lèvres. Serait-ce un mensonge ? Elle l’aimait ; il l’aimait ; alors ils ne pourraient pas mentir et pourtant, auraient-ils le moindre pouvoir face à la réalité qui s’amusait déjà à les rattraper ? Dernière seconde. Leur temps était compté, et si leurs aveux amourachés résonnaient de sincérité, la vérité se réverbérait d’échos bien plus implacables. Ils n’étaient que deux enfants vulnérables sur le front d’une guerre éminente. Leur amour ne voulait rien dire, en dehors d’une parenthèse de paix pour mieux serrer les dents dans la suite de leurs propres batailles. Bluebell avait pourtant l’impression, le front posé contre le cœur battant du jeune homme, qu’elle ne pourrait plus jamais serrer les dents en son absence, pire, qu’elle en mordrait la poussière. C’était grâce à lui qu’elle avait tenu, c’était même pour lui qu’elle avait cessé de pleurer dans la salle-sur-demande et c’était avec lui qu’elle s’était relevée. Si leurs semblants d’adieux, quelques jours plus tôt, l’avaient affectée à retardement, lui permettant de s’en aller le menton haut et l’allure digne pour ne s’effondrer qu’à l’abri de ses ombres, ceux-là semblèrent soudain l’accabler par avance, alors qu’ils avaient encore toute la nuit pour s’oublier. Parce que désormais, il n’y aurait plus de latence avant son retour à Poudlard. Il y aurait une vraie fin. Il y aurait une dernière seconde. ”Tu m'écriras souvent, hein ?” s’enquit-il tout bas, interrompant ses inquiétudes. “Bien sûr” chuchota-t-elle plus bas encore. ”Tu m'oublieras pas ?” Bluebell hocha lentement la tête contre son torse, les yeux fermés pour mieux chasser ces questions, pour mieux chasser ses larmes. “Jamais.” Sa voix s’était raffermie alors même qu’une larme perla de ses cils. Elle n’était pas de celles qui oubliaient, au contraire, elle était toujours celle qui restait, Circée observant les odyssées des autres le long du Styx. Son cœur s’emballa un peu plus et ses phalanges se serrèrent davantage autour du cou de Willow. Elle détestait la tournure de cette conversation, pire, celle de ses pensées, infâme, celle de ses souvenirs. Ils hantaient ce manoire, cette chambre où elle avait passé tant de veillées funéraires, où elle devinait les contours lointains des vitres d’un gazébo qui lui rappelait les reflets jaunes de sa solitude.

Alors, elle choisit de prendre la fuite, attrapant Willow pour un exode vers un meilleur horizon, rien que pour cette nuit. L’emménagement définitif n’était prévu que dans quelques jours, mais le plus gros des meubles avait été soigné et l’appartement était ainsi en conditions pour recevoir. Tout était impersonnel, vide de souvenirs, page blanche qu’il lui restait à colorier des caresses de Willow pour dépeindre l’espoir d’un avenir. Il y aurait une dernière seconde, mais ici, il s’agissait aussi des premières. Elle s’éloigna doucement pour s’installer sur le dossier de l’un des canapés de cuir, lui présentant cet endroit qu’il pouvait considérer comme chez lui, puisque de toute évidence, il y serait toujours invité, aussi longtemps qu’il habiterait ses pensées - toujours. L’Américain finit de contempler le décor pour retrouver son regard. Il y eut une seconde de flottement, rien qu’une seconde, qui fut cependant bien assez pour briser l’illusion d’une quelconque rémission. Il n’y aurait pas de rémission, car en revenant près d’elle, Willow avait accepté une rechute et elle en était malade, les yeux brillants d’une fièvre qui s’accentua alors qu’il s’installait près d’elle, glissant ses doigts entre les siens, plongeant son visage au creux de son cou. Bluebell avait été si heureuse de le revoir. Ce qu’elle ressentait désormais n’avait plus rien de ce soubresaut de joie. ”C'est toi « chez moi », Blue” lui souffla-t-il. Elle entrouvrit ses lèvres comme pour mieux respirer cet aveu qui au contraire étouffa ses poumons. Ses paupières se fermèrent, laissant aller une nouvelle larme le long de sa joue, quand elle quitta le dossier pour revenir entre les bras du jeune homme, posant délicatement ses mains autour de son visage. Elle l’admira un long moment sans un mot, comme fascinée par ses traits qu’elle connaissait pourtant par cœur, parce qu’il était toujours aussi beau, peut-être même plus à présent qu’il était tout aussi fragile qu’elle. Elle détestait ses mimiques arrogantes, elle adorait ses moues égarées ; elles lui rappelaient qu’il était comme elle, vulnérable, fissuré, elles lui prouvaient qu’il lui était authentique, elles démontraient tous les non-dits qu’elle pouvait ainsi saisir sans un mot. De toute façon, avaient-ils jamais eu besoin de parler pour se comprendre ? Il leur avait suffi de quelques répliques pour s’abandonner l’un à l’autre et de quelques étreintes pour s’admettre leurs pires secrets. Ils essayaient encore de se rassurer sur la suite de cette histoire, leur histoire, en vain ; aucune promesse n’était assez concrète, aucun ordre, assez féroce pour contredire la réalité qui s’ensuivrait. Ils s’aimaient, et c’était finalement tout ce qui comptait - ces trois mots pour décrire un lien inextricable, violent, évident. Elle leva l’index pour écarter précautionneusement une mèche de cheveux décolorée qui tombait devant son œil, en vain ; elle y retomba aussitôt. Bluebell glissa alors tous ses doigts dans ses cheveux pour les tenir en arrière, découvrant tout le visage du jeune homme qu’elle détailla encore un instant avant d’esquisser un sourire triste, si triste qu’elle n’essaya même pas de lui conférer le moindre enthousiasme. De toute manière, elle avait perdu toute chance de victoire au moment même où elle s’était donnée à lui. C’était elle qui l’avait embrassé la première et elle avait la ferme intention d’être celle qui l’embrasserait la dernière, ce soir. “Alors reviens-moi vite” susurra-t-elle d’une voix plus proche de la supplication que de l’invitation. Elle attrapa doucement ses lèvres, se forçant à faire preuve de retenue comme elle aurait craint de le heurter sous la virulence de son affection, avant de lui rendre son souffle, le front posé contre le sien, les mains toujours fermement nouées dans la folie de ses cheveux. “Reviens vite à celle qui t’appartient.” Un goût de sel se mêla au baiser qu’elle lui porta, une troisième larme roulant jusqu’à ses lèvres.

Mais cette fois, elle n’y mit pas autant de considération, laissant aller l’urgence manifeste de ces retrouvailles qui ressemblaient davantage à de nouveaux adieux à présent que la surprise était passée. L’image de leur dernière rencontre repassa sous ses paupières closes, cet au revoir presque glacial qui avait fait courir sur sa peau une chaire de poule qu’elle avait décidé d’ignorer de toute sa droiture pour partir la tête haute, comme si elle n’avait pas le tourni de ces prochains mois de vide. Cette sensation de vertige la rattrapa à l’instant, étourdie de la chance de cette nouvelle dernière occasion, de ce qu’elle venait de lui annoncer, également. Elle lui appartenait. Il s’était octroyé le droit de la posséder la nuit où ses mains avaient arpenté son corps pour la première fois et elle lui offrait à présent toute son âme, sans la moindre hésitation, mais avec toute sa plus fébrile crainte. Elle n’avait pas peur de lui - elle redoutait leur fin. Elle voulait qu’il n’y en ait tout simplement pas, qu’il puisse jouir d’elle toute cette nuit mais également toutes celles d’après, et les jours, aussi. Elle lui avait écrit n’être qu’à lui, et elle le lui avait même déjà murmuré dans quelques gémissements égarés parmi le désordre de ses draps. Mais en cet instant, serrée contre son corps, les mains retenant son visage et son souffle, elle espérait le lui faire entendre, mieux, s’incruster sous sa peau pour battre aussi furieusement que son sang dans ses veines et palpiter au rythme exclusif de son cœur. Elle avait failli le perdre, quelques jours plus tôt, dans toute la stupide fierté qu’elle avait contenue en s’éloignant de lui. Désormais, elle préférait se perdre elle-même, ne jamais se retrouver, même, pourvu qu’elle existe encore dans son pouls, dans cette vie à laquelle elle voulait se fondre toute entière. Il lui sembla être parfaitement clairvoyante et assurée, assez pour appuyer davantage ses baisers et presser encore un peu plus son corps contre le sien, assez pour se permettre de laisser courir toute la frénésie de son amour en y mettant l’ardeur qu’elle avait essayé de contenir jusqu’alors - sans même s’apercevoir qu’elle pleurait, qu’il ne s’agissait pas que d’une quatrième larme, mais d’une cinquième, mais d’une sixième, mais d’une infinité qui commençait à peine à s’étirer dans toute la terreur d’une dernière seconde. “Je ne veux pas que tu me manques” souffla-t-elle entre deux baisers, préférant ce glapissement à son propre souffle. “S’il te plaît, fais-moi oublier que tu me manqueras” ajouta-t-elle, haletante, en coinçant un peu plus ses doigts dans ses cheveux qu’elle commençait à emmêler de son échauffement, les phalanges serrées pour mieux se raccrocher à lui. C’était insensé, cet élan brutal, cette passion soudaine, mais y avait-il le moindre sens, depuis que leur regard s’était croisé dans le hall du manoir l’été précédent ? Toute leur relation n’avait été qu’une série d’absurdités lissées de la seule cohérence de leur connexion. Ils n’auraient jamais dû se rencontrer, il venait d’un autre continent, elle venait d’un autre univers ; il avait une vie différente, elle n’avait plus vraiment de vie. Mais elle était tombée amoureuse de lui, éperdument ; elle ne l’aimait pas tellement comme elle le lui avait dit, elle l’aimait à la folie, à sa folie, parce qu’il était la seule évidence d’une existence jonchée de pièges et de tromperies. Et cette nuit en particulier, plus rien d’autre n’existait que ce sentiment furieux, où se mêlaient certitude et pleurs. Parce que cette nuit, elle lui appartenait, elle et ses ambitions, elle et son avenir. Elle lui appartenait toute entière. Jusqu’à la dernière seconde.
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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyVen 28 Juil - 15:14

HOLD ME TIGHT
juste une dernière fois
ft. @Bluebell E. Sherwin & Willow Gillespie
Jamais Willow n'avait détesté ces deux petits jours de septembre qui l'avaient contraint à attendre un an de plus pour entrer à Ilvermorny. Il ne les avait jamais détesté parce qu'ils lui avaient permis de vivre une année de plus par et pour son balai uniquement. Il ne les avait jamais détesté parce qu'ils lui avaient permis de tomber dans la meilleure classe qu'il n'aurait jamais pu espérer, de rencontrer les meilleurs amis qu'il aurait pu avoir au monde, qu'importe si ça n'avait pas duré. Il ne les avait pas détesté parce qu'ils lui avaient permis de se gargariser d'une place d'aîné qui ne valait rien mais qu'il s'était plu à agiter à tout va... Mais ce soir, dans cette chambre à la lumière tamisée, au cœur de cette nuit qu'il n'aurait jamais dû tenter de voler, il les détestait, il les haïssait de tout son être, ces deux jours de septembre, parce qu'ils l'obligeaient à partir à nouveau, à s'arracher à l'étreinte rassurante de celle qui s'était imposée comme la plus inattendue des alliées. Il aurait donné cher, pourtant, pour les oublier et rester à ses côtés, pour laisser cette nuit se prolonger, une autre, et puis une autre, et puis toutes les autres jusqu'à ce « toujours » qu'ils s'étaient promis plus d'une fois.

Bien sûr.

Le jeune homme hocha doucement la tête. Bien sûr, ils s'écriraient. Ce serait le seul lien qu'ils pourraient avoir pendant des semaines, pendant des mois... Il n'y aurait que ça pour garder en vie toutes les belles paroles qui avaient tapissé les murs de ce palais du premier étage, que des mots couchés sur des parchemins désespérés, des espoirs farouches qui ne suffiraient pas à faire taire le manque.

Jamais.

Bluebell hocha la tête contre son torse, lui raffermit doucement son étreinte. Il avait envie de la croire. De fermer les yeux sur le monde qui lui ouvrirait les bras alors qu'elle quitterait les siens. De faire comme si sa vie s'était pas sur le point de changer alors qu'elle laisserait un vide immense au beau milieu de la sienne. D'oublier qu'elle pourrait vouloir en profiter, un jour, qu'importe ce qu'elle disait aujourd'hui, qu'elle pourrait croiser une autre évidence sans même l'avoir cherché, comme ils s'étaient croisés, eux, à plusieurs reprises sans avoir jamais rien demandé. Alors qu'importe si ça n'avait aucun sens, qu'importe s'il risquait d'être déçu – anéanti – il décida de s'accrocher de toutes ses forces à cette promesse mille fois formulées au cœur des nuits qu'ils avaient partagé. Elle ne l'oublierait pas, quoi qu'il arrive, elle l'attendrait durant ces mois d'absence, elle serait toujours là à son retour, prête à reprendre leur histoire là où ils la laisseraient demain matin... mais sa chambre d'enfant s'effaça dans un tourbillon violent pour laisser place à un salon bien plus adulte qu'elle présenta comme l'endroit où ils vivraient, Maxton et elle, pour les prochaines années. Sans le savoir, elle raviva ces craintes contre lesquelles il luttait ardemment. Elle lui agitait sous les yeux une existence qu'elle avait choisie sans lui, dont il ne ferait partie qu'en pièce rapportée, qu'en invité quoi qu'elle puisse prétendre. Il n'était pas question d'un an, parce qu'ils n'en avaient pas le choix, il était question de plusieurs années et elle ne le lui laissait pas. Les battements de son cœur se firent plus douloureux : ça commençait déjà à changer alors même qu'il était encore là. Son sourire se voila de ce quelque chose d'impersonnel derrière lequel il se retranchait face au monde. Feindre qu'il allait bien, qu'il ne la sentait pas déjà lui glisser entre les doigts. Il la rejoignit contre le dossier de son canapé, sa main attrapa la sienne, son visage se nicha dans son cou. S'il ne devait rester que cette nuit avant qu'elle ne plonge dans une vie qui ne le compterait plus vraiment en son sein, il voulait en profiter. Passer chaque seconde au plus près d'elle, s'enivrer de son parfum, se nourrir de sa chaleur. Mais elle ne lui laissa pas l'occasion de le faire bien longtemps. À peine eut-il le temps de s'installer qu'elle bougeait déjà. Willow releva brusquement les yeux, perdu, paniqué, craignant bien malgré lui qu'elle ne s'échappe si tôt. Il n'en fut rien. Loin de fuir, elle revint tout contre lui, se glissant entre ses bras comme si elle ne les avait jamais quittés.

Eh, souffla-t-il en voyant une larme rouler sur sa joue. Il l'essuya du bout du doigt, avec une douceur telle qu'on aurait dit qu'il avait peur de la briser. Ça va aller, Princesse. Tout ira bien...

Il aurait voulu lui promettre, lui jurer même, mais il n'était plus aussi certain de pouvoir la tenir, celle-là. Il pouvait lui promettre de ne jamais l'oublier, de penser à elle à chaque instant, de vivre pour les plus courtes des retrouvailles, il pouvait lui promettre tout ça sans craindre de mentir mais il se savait impuissant quant à cet avenir qui ne lui avait jamais semblé aussi incertain que dans cet appartement bien décoré. Les doigts fins de la Serpentard se posèrent sur ses joues, les siens se nouèrent au creux de ses reins. Elle ne lui avait jamais semblé aussi belle. La lune jouait sur sa peau, faisant briller l'humidité salée qui zébrait son visage. Elle avait l'air fragile, attachée,  amoureuse. Il ne l'aimait jamais tant qu'ainsi défaite de son arrogance, de ces sourires presque carnassiers qui lui conféraient quelque chose de sauvage. Il aurait voulu l'admirer assez pour ne jamais oublier le moindre détail de son visage. Les ombres que ses longs cils laissaient sous ses jolis yeux, les constellations que formaient ses taches de rousseur, les petites fossettes qui se creusaient aux coins de ses lèvres quand elle souriait, toutes les nuances de bleu qui formaient ses iris... Il aurait voulu pouvoir la redessiner toute entière de mémoire à chaque fois qu'il fermait les yeux. Elle repoussa une mèche qui lui tombait devant les yeux mais celle-ci y retomba aussitôt, alors elle glissa ses mains entières dans ses cheveux, les tirant en arrière, dégageant tout son visage. Son regard s'accrocha au sien rien qu'une seconde avant qu'il ne dévie à nouveau, le détaillant comme il l'avait détaillée, elle, un instant plus tôt. Un sourire triste se posa sur ses lèvres, lui nouant brutalement l'estomac. Il l'attira un peu plus contre lui, ses cuisses enserrant doucement ses hanches pour l'empêcher de s'enfuir. Il aurait voulu se laisser aller à cette peine qui l'étouffait, lui aussi, s'effondrer tout-à-fait comme il le ferait sans l'ombre d'un doute demain, dans le train peut-être, dans ce dortoir qui n'avait jamais été sien plus probablement mais de quel droit l'aurait-il pu alors qu'elle semblait si mal, elle, qu'elle avait besoin de lui ? Alors il s'efforça de sourire, lui aussi, de chasser la tristesse qui l'étreignait pourtant si fort qu'il avait l'impression qu'elle ne le lâcherait jamais. Comporte-toi comme un homme, qu'elle lui avait dit il y avait de ça une éternité... alors c'est ce qu'il ferait. Il s'obligerait à être fort pour eux deux, à la soutenir autant qu'elle en aurait besoin, à chasser le vide et le noir qui l'effrayaient tant quand ils s'étaient rencontrés. Il refusait de la laisser croire que tout recommencerait pour elle, même s'il était quasi certain que ça serait le cas pour lui. Elle méritait un prince pour veiller sur la princesse qu'elle était.

Ça va juste être un petit au revoir de rien du tout, pas un adieu, d'accord ? reprit-il d'une voix qu'il espérait à la fois ferme et rassurante. Je ne vais pas t'abandonner, je te le promets. Parce que je t'abandonnerai jamais. Tu le sais, ça, hein ? Et tu verras, dans moins d'un an, ce sera fini, et je reviendrai, et je te quitterai plus, Bluebell. Plus jamais.
Alors reviens-moi vite.

Le Poufsouffle hocha la tête une nouvelle fois avant qu'elle ne le contraigne à arrêter d'un baiser. Il reviendrait aussi vite qu'il le pourrait. Il serait là à Noël, il tenterait de voler quelques heures à chacune de ses sorties et il transplanerait à la fin de l'année dès que son pied toucherait le quai de la gare. Il refusait rien que l'idée de laisser la moindre seconde inutile se glisser entre eux.

Reviens vite à celle qui t’appartient.

Il aurait voulu lui faire savoir à quel point c'était réciproque mais déjà ses lèvres le faisaient taire. Elles avaient un goût de sel et de dernière fois, une pression d'urgence et de désespoir. Son cœur loupa un battement, se perdit dans une course qu'il ne maîtrisait pas. Jamais une nuit ne lui parut aussi courte. C'était la dernière. Quelques heures à peine avant de devoir la laisser pour de vrai. Quelques heures à peine pour lui rappeler combien il l'aimait, pour lui jurer sans un mot qu'il n'y aurait jamais qu'elle. Elle se rapprocha davantage, il resserra son emprise. Il aurait voulu qu'elle se rapproche encore, qu'elle se rapproche assez pour pouvoir se fondre en elle, ne faire plus qu'un, littéralement, que rien ni personne ne puisse jamais les séparer. Ne méritaient-ils pas qu'on les laisse enfin tranquilles, tous les deux ? Que cette existence pénible et traumatisante se pose enfin pour leur apporter ce calme qu'ils avaient effleuré du bout des doigts ? Les larmes de Bluebell se mirent à couler plus franchement, plus poignante à chacune d'entre elles. Si seulement il avait pu lui éviter ça. Faire fleurir les plus heureux des sourires sur ce visage de poupée, chasser toutes les ombres qui noircissaient ses pensées. Il ne méritait pas ses larmes, il ne méritait pas sa peine, il ne méritait pas cette dernière nuit qu'il était pourtant venu réclamer. Elle était partie si droite, si indifférente l'autre jour... ils auraient pu en rester là. Il aurait dû se contenter de ça. La laisser sur cet au revoir presque froid, ne pas s'acharner sur une plaie qu'elle s'était affairée à garder cacher. Qu'il avait été bête, ce soir ! Qu'il avait été égoïste ! Il l'avait attiré avec lui dans un caprice qui les laisserait meurtris, tous les deux, qui les laisserait plus mal encore qu'ils ne l'avaient été jusque là. ...pourtant, il ne parvenait pas à s'en vouloir. Sûrement qu'il l'aurait dû, bien sûr, mais c'était la dernière nuit avant bien longtemps. Il n'avait pas pensé à mal, il avait juste voulu l'embrasser une dernière fois...  

Je ne veux pas que tu me manques.

Sa gorge se remplit de mille et unes épines alors que ses lèvres se posaient à nouveau sur les siennes. Il espérait lui manquer, au contraire. Lui manquer autant qu'elle lui manquerait. Qu'elle pense à lui à chaque instant, qu'elle attende fébrilement chaque lettre, chaque rendez-vous. Que la distance n'efface rien... Lui ne voulait pas lutter contre ça. Il voulait la laisser emplir ses pensées jour et nuit, rêvasser à ce qu'ils avaient vécu, revivre tout éveillé les instants qu'elle lui avait offerts. Il voulait que son fantôme soit partout, aussi dur que ce soit, qu'il l'accompagne tout au long de cette année de malheur comme elle l'avait accompagné, elle,  tout au long de celle-ci. Qu'elle s'approprie chaque dernière pensée, qu'elle vienne hanter ses nuits, qu'elle se faufile au cœur de chaque première aussi. Il voulait que son âme continue de vivre avec elle, qu'importe si son être ne le pourrait plus. Il voulait qu'elle soit toujours là, et là, et là aussi comme elle le lui avait promis, qu'importe les kilomètres et les murs de prison qui les tiendraient éloignés bien malgré eux.

S’il te plaît, fais-moi oublier que tu me manqueras.

Durant une seconde, il eut envie de lui dire qu'il ne lui manquerait pas, qu'elle n'aurait même pas le temps de réaliser son absence qu'il serait déjà là... mais le mensonge était si gros qu'elle ne l'aurait probablement jamais cru... Néanmoins, l'idée même de ne pas lui laisser l'occasion de souffrir de son absence se fraya insidieusement un chemin dans le brouillard de son esprit et y laissa une graine d'espoir qui aurait tout le temps nécessaire pour germer plus tard. Alors tout ce qu'il fut faire, faute de parole rassurante à lui susurrer, fut de hocher la tête, étourdi par la violence de cette affection autant que par l'imminence de la séparation. Il s'arracha à ses baisers, essuya ses larmes du bout des lèvres et retourna brusquement la situation, la plaquant à sa place contre ce canapé anonyme. Il s'appliqua à dévorer son cou, son épaule qui nageait dans ce t-shirt trop grand pour elle, céda à l'envie de s'aventurer dessous. Il ne voulait rien oublier, de la douleur agréable de ses doigts s'agrippant à ses cheveux à son souffle qui s'échauffait à chacun de ses gestes, de son corps qui palpiterait bientôt sous ses caresses à la mélodie de ses gémissements étouffés au creux de son oreille. Si ça devait être la dernière nuit, alors il fallait que ce soit à l'image de la première, éperdu, évident, incendiaire... en d'autres mots, il fallait que ce soit parfait.
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August P. Rowle

August P. Rowle



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Et plus en détails ?
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Hold me tight (Willow & Blue) Left_bar_bleue1925/2000Hold me tight (Willow & Blue) Empty_bar_bleue  (1925/2000)
Disponible pour un RP ?: Si t'es pas pressé, c'est d'accord !
D'autres comptes ?:

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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyDim 30 Juil - 14:05


HOLD ME TIGHT
Il ne pleuvait pas, à vrai dire, la nuit était au contraire aride d’une longue journée de chaleur où l’air s’était fait rare, les brises, miraculeuses. Et pourtant, c’était tout comme. Bluebell aurait juré les entendre perler, ces grosses gouttes tombées du ciel, sur le toit du manoire, s’éclatant sur leurs tuiles dans des tintements clairs et réguliers, brisant l’uniformité d’un silence qui n’existait que dans leurs cœurs. Car le monde extérieur était à l’agonie, grondant d’un orage en tout point identique à celui qui avait déchiré Pré-au-Lard un an plus tôt. Il faisait nuit, les murs étaient secs, mais Bluebell savait bien qu’il ne s’agissait que d’illusions, qu’en vérité, elle assistait, impuissante, à la répétition d’un adieu en plein après-midi par une tempête prophétique. On n’échappait pas à son destin et le sien consistait en ces étreintes mensongères qui avaient inexorablement marqué, dans le mirage adouci d’un début, une fin. Willow était revenu à elle, encore, mais l’aube levée, il ne le pourrait plus, les nuits passées, il ne le voudrait plus. Il s’effacerait dans ce dernier souvenir d’eux, étiolé aux tréfonds de sa mémoire comme les filaments argentés des pensines qui s’alignaient dans un coin de sa chambre. Et ses promesses de toujours resteraient confinées à ces fioles, luisantes sous le clair de lune où son absence serait trop opaque pour ne pas être tangible. C’était comme si le vide de son départ, dans quelques heures à peine, se tissait déjà dans l’air, pour ensuite s’enrouler entre eux, pour enfin les séparer de nouveaux aurevoirs qui n’auraient de vrai que l’espoir tressaillant d’une suite qui ne viendrait pas. Non, il ne pleuvait pas ce soir, mais Bluebell les entendait tout de même distinctement, ces gouttes qui explosaient au-dessus de leurs têtes protégées par la bulle de leurs baisers. Finnbjörn avait assuré qu’ils avaient tout le temps en dépit de l’urgence de cette pluie torrentielle, Bluebell savait dorénavant qu’il n’y en avait plus, du temps, que ces retrouvailles croulaient sous l’imminence d’un départ. La nuit pouvait être encore longue, ils pouvaient s’entêter à en tuer chaque heure de la minutie de leurs caresses, mais l’éternité se limiterait à l’horizon verdâtre de l’est. Elle avait tant redouté la nuit pour finalement craindre l’aurore. Willow avait renversé son monde, et celui-ci était désormais en pleine apocalypse. Que laisserait son départ, maintenant qu’il lui avait tout pris ? Rien, plus rien, elle n’avait eu droit qu’à un soubresaut de vie sous ses doigts, il s’en irait en la lui reprenant, et elle ne tiendrait à nouveau qu’à la force d’une triste colère, sans cible pour s’abattre, sans allié pour s’écouler.

Elle avait cru que changer d’environnement l’éloignerait de cette maudite pluie battante, mais dans cet appartement qu’il leur restait à remplir de souvenirs, la tempête sembla frapper plus fort encore, dans tous les échos permis par le néant des murs. C’était assourdissant, c’était terrifiant, et Bluebell se mit à pleurer, trop consciente pour être naïve comme avant, trop fatiguée pour être fière à nouveau. “Eh, ça va aller, Princesse. Tout ira bien…” Willow accompagna ce souffle d’une délicate caresse sur sa joue, emportant la larme qui avait glissé de son œil comme un marionnettiste aurait chassé une poussière du visage de son œuvre. Elle l’observa de la même fascination, se perdant sur chacun de ses traits, le creux de ses joues qui s’étirait jusqu’à la pointe de sa mâchoire, l’arrondi de ses lèvres pêche, l’éclat glacé de ses prunelles appuyées du chatain de ses sourcils. Elle avait éhontément ri de la fantaisie de ses cheveux dans son palais des glaces, elle esquissa un sourire sombre en y enfonçant ses doigts dans l’intimité de ce salon. Cette couleur polaire, c’était tout ce qu’il ne serait jamais, tout ce pourquoi elle l’adulait. Il ne se conformait pas, il se démarquait, il n’hésitait pas, il détonnait. Un explosif qui avait incendié son existence, réchauffant son âme de ses étincelles. Ce blond décoloré, c’était l’opposé du noir qu’elle avait caressé l’été dernier. Il était différent, il était lui-même, et il s’était octroyé toute sa personne de la seule impertinence de cette vie qui battait son plein. Elle n’avait pas envie d’y être arrachée, d’être rejetée loin de toute cette lumière qui irradiait ses ombres et brûlait son obscurité, de ces palpitations près de son propre cœur qui redonnaient un rythme au sien. Y avait-il une chance, une infime chance que l’histoire ne se répète pas, qu’il ne pleuve pas vraiment ce soir, que le ciel étoilé au-dessus de Londres soit assez dégagé pour abriter leurs rêves ? Elle eut envie de se laisser aller à cette naïveté tant exécrée, rien que cette nuit, juste pour oublier que le temps leur était compté, que ces retrouvailles qui n’auraient jamais dû avoir lieu ressemblaient inextricablement aux dernières. Son corps se pressa alors un peu plus au sien, sous l’impulsion de ses cuisses qui se refermèrent étroitement autour de ses hanches. Elle croisa à nouveau son regard, égarée, quelque part entre cette étreinte rapprochée et son passé affamé par l’odeur bien familière de ce présent sans avenir. “Ça va juste être un petit au revoir de rien du tout, pas un adieu, d'accord ?” glissa-t-il d’une voix sans appel. La tristesse de son sourire s’adoucit sous cette ingéniosité alors que ses yeux s’emplissaient au contraire de larmes guère crédules. “Je ne vais pas t'abandonner, je te le promets. Parce que je t'abandonnerai jamais. Tu le sais, ça, hein ?” Non, elle ne le savait pas, enfin si, mais pas vraiment, mais plus vraiment. Bluebell cessa de sourire, se contentant de soutenir ce regard assuré qui la retenait de l’océan agité du sien. ”Et tu verras, dans moins d'un an, ce sera fini, et je reviendrai, et je te quitterai plus, Bluebell. Plus jamais.” Elle ne répondit que d’un hochement de tête avant de lui demander de lui revenir vite. Elle ne fut pas capable de plus, déjà à nouveau happée dans les vagues de son chagrin, de ses peurs, ne reprenant son souffle qu’au travers de ses baisers.

Mais elle manquait d’air sous cet orage sans fin, elle s’asphyxiait dans cette bulle trop petite pour les protéger assez longtemps. Aussi l’embrassa-t-elle à nouveau, encore, une fois de plus, lui susurrant de l’aider à oublier le manque imminent de sa personne, étourdie d’angoisse et d’amour tout à la fois. Quand Willow s’arracha à ses lèvres pour embrasser chacune de ses larmes, Bluebell réalisa qu’elle pleurait vraiment ; elle n’eut le temps que de ses mordre les joues pour retenir ces pathétiques sanglots qui brouillaient l’image qu’elle aurait souhaité renvoyer en guise de dernier souvenir quand il l’attrapa fermement pour la retourner contre le canapé. Son visage disparut dans son cou, sur son épaule tandis que ses mains s’aventuraient sur son corps ; mais elle ne fut capable pour sa part que de se retenir encore à ses cheveux, dont les pointes bleutées s’enroulèrent autour de ses doigts. En cet instant précis, elle ne l’aurait pas laissé partir. Si elle l’avait prié de rester auprès d’elle en cette première nuit partagée, elle l’aurait littéralement supplié en cette dernière, désespérée de le garder pour elle dans une ultime tentative de se fondre toute entière dans son corps. Et de fait, il parvint à lui faire oublier qu’il lui manquerait, prise dans la frénésie de ses étreintes, brûlante de sa présence à laquelle elle se raccrocha de ses ongles. S’il lui avait semblé monter au bûcher dans la salle de classe abandonnée, il lui parut plutôt être déjà aux Enfers, cette nuit-là. Dans le fond, ils avaient tout perdu à force de tout espérer. Il ne leur resterait bientôt plus que des cendres, la pénombre après les flammes. Ils étaient déjà condamnés d’une sentence qu’ils avaient eux-mêmes décrétée, pauvres fous qui se pensaient capables de jouer avec le feu. Brûlés vifs, ils basculèrent, raccrochés à l’autre comme s’ils pouvaient errer ensemble pour l’éternité. Au lieu de quoi, on ne leur offrit que ces derniers instants où ils débattirent dans l’espoir démesuré de les étirer à l’infini, cuisse contre hanche, torse contre dos, main contre joue. Violente dans sa douceur de savoir aimer quand elle s’était persuadée de ne pas en être capable, délicate dans son ivresse de prendre soin de ce futur souvenir pour les nuits solitaires qu’elle passerait dans ces mêmes lieux, Bluebell cessa finalement de pleurer au détour d’un énième baiser, d’une énième promesse, aussi réconfortée que résolue dans son abandon. Il partirait, il s’en détacherait peut-être à une prochaine rencontre, il l’oublierait potentiellement à un nouveau printemps, parce qu’il n’attachait pas autant d’importance à la loyauté qu’elle, soleil entouré et adoré de tous ; mais en cet instant d’éternité éphémère, il lui appartenait tout entier et il lui offrait l’espoir de l’illusion. Et si finalement, tous ces adieux étaient à revivre, si on lui donnait l’occasion de revenir en arrière et de réécrire ces fragments de mémoire, elle les reprendrait exactement de la même façon, enveloppée de cette candeur sur laquelle elle cracherait ensuite de dédain, parce que c’était précisément ça, l’amour. Cette crédulité délibérée, cette envie d’y croire aveuglément, de faire taire toute conscience pour profiter d’une spontanéité qu’on ne s’accorde pas dans ses propres batailles. Si le reste de sa vie devait être une guerre perpétuelle, alors qu’elle fasse de cette trêve un souvenir où se réfugier dans ses blessures. Finnbjörn lui avait offert une bulle. Willow serait sa paix.


*


Elle faisait dos à la lune. La tête posée contre son épaule, Bluebell laissait pensivement courir ses doigts sur son torse blanchi par les rayons qui s’inflitraient depuis la fenêtre, perdue parmi ses réflexions sans pour autant penser à quoi que ce soit. Elle leva alors les yeux et croisa son regard, presque irréel sous le clair de lune. Il brillait comme de l’or blanc, et elle lui répondit d’un sourire intimidé avant de se blottir un peu plus contre lui, remontant le plaid en coton qui les enveloppait jusqu’à son menton. Il ne faisait en vérité pas bien froid, mais le contraste avec son ardeur précédente laissa remonter un frisson le long de son échine. Elle reposa ses doigts sur le petit creux entre ses clavicules, caressant sa peau du bout de ses ongles, quand une idée perça les limbes de son esprit égaré. “Attends, j’ai quelque chose pour toi” lança-t-elle en se redressant pour s’extirper de la chaleur du canapé. “Je reviens tout de suite” crut-elle bon de préciser en embrassant son front. Et sans autre explication, elle attrapa le t-shirt délaissé par terre pour l’enfiler sur sa peau nue. Avec cette robe de fortune, elle rejoignit la porte plantée dans le mur de gauche, prenant soin de la refermer derrière elle pour conserver le peu de mystère qu’elle avait instauré. La contemplation de sa chambre qui n’en était pas encore vraiment une, n’ayant pour l’heure passée aucune nuit entre ces draps blancs, la laissa dubitative un long moment, miroir d’une vie future qui n’avait pas encore commencé et qui pourtant l’attendait dès l’aube. Il n’y aurait alors plus Willow sur son canapé, rien qu’elle et ses ambitions dont elle n’était même plus sûre de vouloir. Toutes ces années à courir après ses aspirations pour espérer ralentir la cadence la veille du jour où elle les rattraperait enfin… Bluebell serra la mâchoire en rassemblant ses cheveux pour les dégager de son vêtement. Ils étaient lourds, emmêlés d’avoir séché entre les phalanges de Willow. Aussi entreprit-elle de les nouer en un semblant de tresse, cherchant encore à occuper ses doigts pour mieux ignorer la nervosité qui montait en elle depuis qu’ils s’étaient enlacés sur le canapé. Elle n’était plus sûre de rien, mieux, elle ne savait plus rien, se demandant si elle voulait ce qu’elle avait toujours désiré, se demandant s’il était encore temps de le retenir de s’en aller. Mais elle n’avait pas la force d’affronter ces questions, ni de rester dans cet endroit anonyme - il lui tardait de se reposer contre le cœur de Willow, de respirer à nouveau son odeur. Elle approcha alors de l’ample commode qui siégeait sous sa fenêtre et, sa coiffure promptement achevée, tira le premier tiroir. Elle extirpa d’un amas de tissus un petit coffret de bois sculpté, acheté quelques jours plus tôt dans une bijouterie du chemin de Traverse. Refermant le tiroir d’un coup de hanche, Bluebell s’empressa de tenir parole, revenant aussitôt auprès du jeune homme.

Elle s’installa à même le sol pour rester à hauteur de son visage, un large sourire illuminant le sien. “J’avais l’intention de te l’envoyer le jour de ton anniversaire, mais… Maintenant que tu es là, et puisque c’est demain, je préfère autant te le remettre en main propre.” Ses lèvres se pincèrent à la prise de conscience qu’effectivement, minuit était passée, ils étaient déjà le premier septembre. Mais il n’était pas question de pleurer à nouveau, de laisser le moindre doute s’insinuer entre eux. Il était encore là, et elle le retiendrait jusqu’à la toute dernière seconde que cette nuit leur consentirait. “Tu me diras ce que tu y vois. Je n’ai pas eu l’occasion d’en vérifier le sortilège” ajouta-t-elle plus bas en lui tendant le petit coffret. Et pour cause. Il contenait une longue chaîne de platine au bout de laquelle pendait en guise de médaillon un petit morceau de miroir rectangulaire, élégamment taillé. C’était évidemment une relique de leur palais des glaces, rescapée du nettoyage de Personne après son coup d’éclat, qu’elle avait soigneusement ensorcelée. Ainsi, le bijou restait un simple miroir aux yeux du monde, où chacun pouvait se refléter comme d’ordinaire - mais pour Willow, il projetait à ses côtés une ombre familière, aux longs cheveux ondulés et aux prunelles bleutées. Rien de très tangible, juste une forme éthérée pour lui rappeler son souvenir. Après tout, c’était ensemble qu’ils avaient brillé dans le miroitement des débris de glace à leurs pieds ; c’était leur reflet qui s’y était projeté à l’infini, précisément quand elle ne supportait plus de s’y voir seule. Il ne s’agissait ainsi pas que d’un simple éclat de miroir, mais d’un petit bout d’eux, de cette rencontre qui leur avait permis de s’appréhender, de s’apprécier, de s’aimer. Deux animaux blessés qui s’étaient trouvés, deux plantes vénéneuses qui s’étaient liées. Deux reflets brisés qui parvenaient à projeter un avenir par delà les larmes. “Joyeux anniversaire” chuchota-t-elle dans un sourire alors qu’il ouvrait la boîte. Elle aurait pu choisir un présent où elle ne figurait pas, mais il lui semblait que son anniversaire méritait un peu de sa présence après leurs séparations… Et que ce royaume qu’il lui avait offert avait toute sa place autour de son cou. Il l’avait érigée en Princesse des glaces, il serait son Prince. Peut-être que le chemin qu’il leur restait à parcourir serait long, compliqué, peut-être même prendrait-il fin, un autre jour, une autre nuit, dans les pires hypothèses qui tournaient autour de leur relation comme des vautours. Mais personne d’autre que lui ne mériterait jamais ce titre, car elle n’aurait pas été anoblie sans son regard, elle n’aurait pas été adoubée sans sa main tendue. Elle n’aurait pas été capable d’aimer sans lui. Et pour toutes ces raisons sans la moindre raison à la fois, perdue dans une évidence qui ne leur avait jamais appartenue, elle lui serait dévouée sans échéance. Sienne, et à jamais sienne.
code by EXORDIUM.


BORDERLINE
Are you too terrified to try your best? Better ascend into the sky, dangerously fine and unforgiven, relentless, zealous: inspired by the fear of being average.

Hold me tight (Willow & Blue) K233
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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyDim 30 Juil - 23:55

HOLD ME TIGHT
juste une dernière fois
ft. @Bluebell E. Sherwin & Willow Gillespie
Comme la toute première nuit, il ne resta bientôt plus du brasier que quelques braises sur lesquelles ils reposaient encore, une douce chaleur en guise de souvenir des flammes qui les avaient consumés tout entiers. Et bientôt, des souvenirs, c'est tout ce qu'il resterait de cette nuit, des précédentes, de leur histoire même, des images rendues un peu floues par le manque et l'attachement auxquelles il faudrait se raccrocher encore. Dans le silence obscur de ces dernières heures, alors que le corps de Bluebell reposait encore contre le sien, sa tête tout contre son épaule, ses doigts abandonnant des caresses abstraites sur son torse, Willow eut peur de les oublier, ces souvenirs. D'y penser si souvent, si fort qu'il finirait par les déformer. De ne plus savoir exactement les termes qu'elle avait pu employer, la lueur qui brillait au fond de son regard...  De perdre les inflexions de sa voix, les nuances de son parfum, la sensation de sa chaleur sous les draps, de superposer des rêveries à leur réalité, sans le savoir, sans le vouloir... de dénaturer cette vie qu'ils avaient partagé à trop vouloir s'y noyer. D'aucuns auraient prétendu que ça n'arriverait pas en deux ou trois mois, pas même en un an mais ça avait tout l'air d'un mensonge... Un an, à leur âge, n'était-ce pas presque toute une vie ? Elle bougea à peine, juste assez pour lui faire baisser les yeux vers elle, croiser les siens. Un sourire timide se fraya un chemin sur ses lèvres auxquelles il s'était pendu. Un plus amusé étira les siennes. Elle l'avait été bien moins, timide, quand ils étaient au cœur de l'incendie ! L'amusement se mua en tendresse alors qu'elle remontait le plaid sur leurs corps enlacés et se blottissait plus encore contre lui. Il voulait vivre ça chaque jour de sa vie. Ça, exactement. Pas l'abandon sauvage de leurs étreintes ni les accents jaloux de leurs disputes... Juste ça. Parce que c'était dans ces moments-là, enveloppé dans une sérénité rassurante, dans une sécurité tranquille comme il l'était dans le coton du plaid qu'il se sentait le plus à sa place. Il ne se faisait pas d'illusions, si elle partait demain, il en trouverait toujours une autre pour assouvir quelque pulsion  primaire, ça ne serait qu'un corps près du sien, qu'une courtisane entre ses mains... mais jamais la confiance aveugle qu'il pouvait lui porter, celle-là même qui l'avait poussé à revenir encore et toujours, qui avait transformé les sentiments balbutiants qu'il lui portait en un amour si grand qu'il se sentait parfois dépassé, ne pourrait fleurir auprès de quelqu'un d'autre. Si elle partait demain, l'évidence qu'il ressentait à chaque fois qu'elle se faisait une place tout contre lui, cette évidence qui semblait lui hurler que c'était pour cette fille-là que le destin l'avait jeté de l'autre côté de l'océan,  mourrait en même temps. Les lèvres se posèrent sur sa tempe, ses doigts caressèrent ses cheveux, prenant soin de ne pas tirer sur les nœuds. Il eut envie de lui dire qu'il l'aimait, de laisser ces trois mots couler sur sa langue, courir sur ses lèvres, de le lui répéter encore pour qu'elle s'en souvienne toujours mais déjà elle se mettait à bouger :

Attends, j’ai quelque chose pour toi.
Hein...? hoqueta-t-il sans trop comprendre alors qu'elle se redressait. Non...?

Il essaya de la rattraper mais elle lui glissa entre les doigts et posa un baiser presque cruel sur son front avant de lui échapper tout à fait.

Je reviens tout de suite.

Elle ramassa son t-shirt, l'enfila dans une pudeur qui lui allait bien et disparut derrière une porte qu'il n'avait jamais franchie. Il eut envie de la suivre, de la rejoindre, de lutter contre cette distance qui n'aurait jamais dû exister ce soir... Mais ils n'avaient jamais fonctionné comme ça, tous les deux. Ils s'offraient le droit de vivre comme bon leur semblait, de s'éloigner s'il le fallait, quand bien même le poids qui se posa au creux de son estomac semblait s'en offusquer. Il se laissa aller contre le coussin du canapé et posa son regard clair sur l'horloge qui indiquait une heure et demi. Le temps filait. Willow enfouit son visage entre ses mains, lâcha un soupir oppressé et se frotta les yeux comme un enfant qui aurait refusé d'aller se coucher avant d'imiter la jeune femme et d'attraper son sous-vêtement gisant au milieu d'autres cadavres en tissus. Comme à chaque fois qu'elle s'arrachait à ses bras, le charme de leur étreinte était rompu. Il se rassit sur le canapé et tira maladroitement sur le plaid pour avoir l'impression que la chaleur de Bluebell le réchauffait encore. La solitude qui l'étreignit à la place de la jeune femme fut si soudaine que ses doigts se crispèrent sur le tissage fin qui recouvrait ses jambes nues, dans un étourdissement auquel il ne s'attendait pas. Dans moins de dix heures, ce serait ça qui l'attendrait. Le souvenir de sa présence, à peine quelques riens aussi tangibles que le tissus sous ses doigts, et le vide étouffant, effrayant, total qu'elle lui laisserait. Parce qu'elle ne serait plus nulle part. Elle le laisserait partir, comme la dernière fois, sans le retenir, comme la dernière fois, forte, froide, indifférente, comme la dernière fois, alors que lui pauvre idiot sentait son cœur se briser un peu plus à chaque battement. Il allait la perdre. Elle sortirait de sa vie comme elle était sortie de sous ce plaid qui ne sentait rien, sans même qu'il ne puisse la retenir. Un bruit se fit entendre dans la pièce d'à côté, un tiroir qui grince, qui claque peut-être, un bruit infime qui le ramena à ce présent qui n'avait plus rien du cocon rassurant qu'il était venu chercher ce soir. Il se redressa machinalement, l'air un peu hagard, alors que la jeune femme revenait dans le salon. Elle s'installa sur le sol, près du canapé qu'il occupait toujours, un sourire immense sur les lèvres. « Demande-moi de rester » eut-il envie de la supplier, trop lâche pour prendre la décision lui-même, trop inquiet qu'elle puisse espérer autre chose, mais il n'en fit rien. Il se contenta de l'admirer, comme si c'était la dernière fois. Ses cheveux emmêlés et maladroitement tressés, ce t-shirt dans lequel elle flottait, tout en elle renvoyait une image négligée bien loin du soin presque précieux qu'il lui avait souvent connu... Elle était magnifique. Mille fois plus que dans ses robes sur mesure, apprêtée comme une princesse. Elle se glissait dans tous les costumes, habillait tous les tableaux. Elle était incroyable. Elle était parfaite dans toute l'imperfection qu'elle avait embrassée depuis qu'il la connaissait. « J'ai peur de pas te retrouver quand je reviendrai » aurait-il pu ajouter... parce qu'hier soir, lorsqu'il était allongé sur son lit de cette maison maudite de Montpelier Terrace, ou à cet instant précis, échoué sur ce canapé, il était terrorisé. Il savait ce qu'il allait laisser en montant dans le train mais il était incapable de savoir ce qui l'attendrait dans un an quand il en descendrait. Rien, peut-être. Rien... parce que cette fille était beaucoup trop incroyable pour perdre son temps à s'accrocher à du vent. Mais il voulait que cette nuit, surtout si elle devait être la dernière, soit à la hauteur de ces six derniers mois, que rien – et lui encore moins – ne fasse à nouveau couler les larmes sur son joli visage... Alors il s'efforça de lui sourire en retour, qu'importe s'il avait le cœur au bord des lèvres et la crainte enroulée autour de son estomac.

J’avais l’intention de te l’envoyer le jour de ton anniversaire, mais… Maintenant que tu es là, et puisque c’est demain, je préfère autant te le remettre en main propre.

Demain, c'était son anniversaire. L'information eut du mal à se faire une place dans le désordre de ses pensées. Tout à cette rentrée, obnubilé par ce départ, par ces au revoir, par cette vie qui s'apprêtait une fois de plus – une fois de trop – à changer, il en avait oublié jusqu'à son anniversaire. Et rien, ce soir, n'aurait pu lui paraître plus futile que cet événement alors qu'il s'agissait surtout du premier jour qu'il allait devoir passer sans elle.

Oh, bredouilla-t-il à la fois touché et gêné par son attention, t'étais pas obligée...

Oui, sûrement qu'elle le savait, tout comme il ne s'était senti obligé de rien en janvier dernier, quand elle lui avait écrit pour lui signifier que c'était un jour particulier. Mais il aurait renoncé à tous les cadeaux du monde, venant d'elle, venant de ses parents, venant de la Terre entière pour la possibilité de l'avoir à ses côtés, pour une étreinte au réveil, pour ces deux mots bateau soufflés à l'oreille. Elle lui tendit un petit coffret de bois sculpté qu'il attrapa dans un geste presque machinal. Ça semblait irréel.

Tu me diras ce que tu y vois. Je n’ai pas eu l’occasion d’en vérifier le sortilège.
Ce que j'y vois ?

Il n'attendit pas de réponse, conscient qu'il en trouverait sûrement une en ouvrant ce coffret qu'elle lui avait glissé entre les mains. Alors il s'exécuta et souleva doucement le couvercle ouvragé. À l'intérieur, une chaîne au bout de laquelle pendait un petit rectangle. Dans l'obscurité, le miroir se fit si discret qu'il ne le remarqua pas tout de suite. Ce fut seulement en bougeant imperceptiblement l'écrin qu'il le vit refléter péniblement un éclat de Lune qui s'était perdu jusque là. Il s'en saisit plus franchement, abandonnant la boîte sur le canapé. Le pendentif lui renvoya son image si faiblement éclairée qu'elle se confondait presque avec la nuit... mais à ses côtés, une autre se découpait dans les ombres. Une autre à la crinière ondulée et au regard océan, une autre floue, impalpable. Presque un mirage.

Joyeux anniversaire.
Merci, souffla-t-il sans même s'en rendre compte, fixant cet être de souvenir immobile à ses côtés.

Sa mère avait toujours dit que souhaiter un joyeux anniversaire en avance portait malheur. Il avait toujours cru que c'était une manière pour elle de s'éviter le moindre dîner dont elle ne serait pas le centre, de ne pas perdre de temps à organiser une fête ridicule pour un gamin qu'elle connaissait à peine... mais il sut, cette nuit, qu'elle disait vrai. Il n'y avait qu'à voir à quoi ressemblerait le lendemain et tous les autres jours qui suivraient pour en avoir la certitude ! Willow s'arracha finalement à la contemplation de ce qui s'était approprié l'allure de Bluebell sans pourtant en avoir vraiment les traits et s'appliqua à passer la chaîne autour de son cou.

C'est pour mieux me surveiller ?

Sa voix se voulait légère, amusée, comme il aurait pu l'être à n'importe quel autre moment qui n'était pas ce soir. Il peina un peu à attacher le fermoir. La lune fit briller l'argent qui pendait à son poignet. Le poids, dans son estomac, se fit plus lourd encore. À croire que ça allait devenir une habitude de porter sur lui les vestiges de ses plus belles histoires, les souvenirs douloureux de ceux qu'il n'avait pas su garder. Il avait envie de se secouer, de se hurler qu'elle n'était pas encore partie, qu'il ne l'avait pas encore perdue, qu'elle était là, devant lui, à s'accrocher à cette soirée comme il pouvait le faire lui-même... mais le tic-tac de l'horloge lui rappelait cruellement que ça n'était plus qu'une question de temps. Lorsqu'il releva la tête, il laissa un sourire se poser sur ses lèvres. Ni triste ni joyeux, juste là. Il ne voulait pas qu'elle pense que ça ne lui plaisait pas, parce que c'était faux au possible. Le geste était adorable, l'attention plus encore... mais on était le premier septembre et aurait-elle eu une telle idée si l'imminence de leur séparation ne les attendait pas déjà ?

Je le retirerai jamais, comme ça tu seras toujours un peu avec moi.

Ça sonnait comme une promesse de plus qui montait au ciel de leur amour. Une qu'il se savait en mesure de tenir, quoi qu'il arrive. Finalement, il repoussa le plaid et abandonna le canapé pour venir s'asseoir près d'elle sur le sol. Ses doigts effleurèrent sa tresse, sa joue, passèrent sur son front comme s'il avait voulu chasser les pensées qui tournaient dans son esprit. Puis il finit par l'embrasser. Doucement. Chastement. Comme si c'était la première fois. Elle serait toujours un peu avec lui... Il n'était pas doué pour s'attacher mais il l'était moins encore pour faire marche arrière. Et sûrement que même dans un an, dans deux ans, dans plus longtemps encore, elle serait toujours là, presque contre son cœur, pour lui rappeler qu'il avait tout donné à cette fille qui s'était envolée, comme la gourmette au nom de son meilleur ami lui rappelait qu'il n'avait pas su le retenir. Ses lèvres se reposèrent sur les siennes avant qu'elles ne se fendent d'un nouveau sourire.

On a encore toute la nuit devant nous, reprit-il même s'il savait que c'était un mensonge, tu comptes enfin me faire visiter ton appart' ou tu voulais juste me coincer sur ton canapé...?

C'était pitoyable, bien sûr, et Willow en avait parfaitement conscience mais il aurait été prêt à n'importe quelle stupidité pour un peu qu'ils s'éloignent des ombres étouffantes de ces dernières minutes...
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August P. Rowle

August P. Rowle



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Arrivé(e) le : 16/05/2019
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Année : 6ème (17 ans)

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Et plus en détails ?
Statut Sanguin: Sang-Pur
Pouvoirs spéciaux: Magie sans baguette
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Disponible pour un RP ?: Si t'es pas pressé, c'est d'accord !
D'autres comptes ?:

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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyLun 31 Juil - 12:56


HOLD ME TIGHT
“Merci.” Rien de plus qu’un souffle pour accompagner son regard rivé sur le cadeau, interdit. L’espace d’une longue seconde, sournoisement plus étirée que la dernière qu’ils partageraient ce soir, Bluebell se demanda s’il porterait jamais ce bijou autour de son cou. S’il ne préfèrerait pas se débarrasser de son reflet une fois qu’il serait loin, pour mieux se réapproprier un quotidien dans lequel elle s’était un peu trop immiscée ces derniers mois. Elle s’était faite omniprésente, allant jusqu’à conquérir le sol américain en rencontrant cousins, amis, parents. Il en semblait enchanté, tant que l’illusion durait, mais quand le charme de sa présence serait rompu, peut-être aspirerait-il à plus de liberté ; celle d’être à nouveau par lui-même, loin de ses délires, loin de ses crises ? N’était-ce pas exactement ce que lui avait formulé Maxton, quelques mois plus tôt ? Il était resté, malgré ses crises. Et d’un autre côté, il n’existait probablement pas de meilleur qualificatif, petite enfant terrorisée qu’elle était, recluse dans un corps trop grand, méticuleusement soigné comme celui d’une poupée. Cette nuit, elle ne s’était jamais sentie aussi désarticulée, prête à se mouvoir selon la seule volonté de Willow. Il en tirerait les ficelles à sa guise, parce que cette nuit, elle dépendrait entièrement de lui. Il ne lui avait jamais semblé aussi beau, installé sur le canapé au pied duquel elle s’était assise, patiente, il ne lui avait jamais semblé aussi admirable, le visage sculpté par les rayons de lune et les éclats des lampes vitrail auxquels elle tournait le dos, docile. C’en était risible, c’en était méprisable. Tout ce pourquoi elle avait lutté ces dernières années, son indépendance, sa rage, sa gloire, coulaient tout autour d’elle, dans un tapis poussiéreux là où lui avait droit à un trône, siège d’un royaume qu’elle était même prête à lui offrir s’il le lui avait demandé. Parce qu’en ces dernières heures d’une apocalypse imminente, plus rien ne comptait vraiment en dehors de la glace de ses prunelles. Elle adorait la voir fondre sous ses caresses, sous ses mots, elle était terrifiée de la voir se solidifier quand il contemplait des pensées silencieuses. Et quitte à ce que le monde, son monde s’arrête de tourner, demain, quand il partirait pour l’autre bout du pays, pour la vraie vie loin du mirage de l’espoir, elle voulait au moins la chance d’observer encore une fois cette mer lumineuse dans ses yeux. S’y plonger, s’y baigner, s’y laisser couler, dans les tréfonds d’une âme qui ne lui appartenait qu’en ces heures reculées. Alors, quand il finit par attraper la chaîne pour l’attacher autour de son cou, Bluebell se surprit à respirer à nouveau. Il y aurait tout de lui en elle, mais il y aurait un peu d’elle en lui, aussi.

“C'est pour mieux me surveiller ?” lança-t-il avec malice en attachant le fermoir. Bluebell esquissa un sourire en contemplant, satisfaite, le petit miroir qui pendait désormais au-dessus de son sternum. “Maintenant que tu le dis, j’aurais effectivement dû ajouter un sortilège de suivi…” Ses commissures s’étirèrent davantage, mais son cœur n’était pas à l’amusement. Bien sûr qu’elle aurait aimé le surveiller, s’assurer qu’il rentrerait chaque soir dans son dortoir qu’il avait si souvent déserté l’année passée, qu’il se contenterait d’étudier et de s’entraîner, que ses fréquentations seraient essentiellement masculines ; évidemment qu’elle aurait voulu assister à chacune de ses réussites, à chacune de ses défaites, accompagner cette vie qu’il poursuivrait sans elle. Mais qui était-elle pour se permettre cette surveillance quand elle était encore pleine de secrets ? Elle devait lui consentir cette part d’intimité tant qu’elle ne serait pas prête à lui offrir pleinement la sienne. C’était encore plus difficile que de lui accorder sa confiance. Elle savait au fond d’elle-même qu’ils ne se permettraient jamais de se heurter frontalement, qu’importe l’issue de leur avenir, dans une alliance désormais explicite contre le reste du monde. Mais elle savait également qu’ils ne se disaient pas tout, chacun trop effrayés par la difformité de leurs propres monstres. Et c’était dans ces non-dits que résidait le plus grand risque ; ils pouvaient gonfler, encore et encore, jusqu’à les séparer. Ou ils pouvaient crever pour les laisser se retrouver, comme ils l’espéraient encore. Bluebell cilla à la pensée des dernières confessions qu’elle lui devait. Un cadavre, non, deux cadavres, au-delà d’une génétique hasardeuse, d’une mère démente ; tout un passé décousu qu’elle se devait pourtant de lui tisser si elle voulait un jour connaître elle aussi les dernières toiles manquantes de la composition de sa vie. Dans la tranquillité de cette nuit, la tâche lui paraissait insurmontable. Elle espérait juste ne jamais le perdre, car elle n’était rien de plus qu’une petite poupée de chiffon usée, paniquée à l’idée d’être à nouveau rejetée par celui à qui elle s’était offerte - et le reste des questionnements, tout ce chemin à parcourir pour s’assurer qu’il veuille bien d’elle encore était long, terriblement long, trop long pour le peu d’heures qu’il leur restait. Une éternité qui ne leur était pas permise dans l’avancée de cette nuit où seule importait sa présence. “Je le retirerai jamais, comme ça tu seras toujours un peu avec moi” décréta-t-il finalement. “Un substitut avant de me retrouver pour de vrai” compléta-t-elle dans un chuchotement. Il éloigna alors le plaid pour se glisser à ses côtés, à même le sol. Bluebell esquissa un nouveau sourire, moins enthousiaste que le précédent, plus sincère, aussi. Elle n’avait plus la force de quoi que ce soit, surtout pas de réfléchir. Elle voulait simplement l’aimer, parce que c’était encore ce qu’elle avait réussi de mieux dans le chaos de ses relations. Les doigts de Willow caressèrent ses cheveux, sa joue, puis son front, et elle finit par fermer les yeux, comme pour mieux se défaire de ces dernières pensées qui n’avaient pas leur place dans l’intimité de ce moment. Il dut partager son avis, car il l’embrassa avec respect, doucement. L’apocalypse aurait pu commencer - elle était prête, à l’abri de ces lèvres qui l’auraient protégée de tous les maux.

Pourquoi tout avait toujours été si compliqué, quand en réalité, tout pouvait être aussi simple ? Elle s’était acharnée pour que le destin lui obéisse, dans la futilité de qui n’avait pas encore rencontré l’évidence. Celle-ci s’était abattue sur elle, traçant une lignée qu’il lui avait alors suffi de suivre, jusqu’à cette paix insolite, consolatrice, délicate. Les lèvres de Willow sous les siennes se fendirent alors d’un sourire qu’elle partagea, curieuse de connaître ses songes. “On a encore toute la nuit devant nous, tu comptes enfin me faire visiter ton appart' ou tu voulais juste me coincer sur ton canapé...?” La nonchalance avec laquelle il avait articulé ces mots lui arracha un rire. Il n’y avait que ses manières décomplexées, presque désinvoltes, pour chasser ses nuages ; il lui rappelait qu’avec un peu de légèreté, il était encore possible de s’envoler loin de la réalité. “Je voulais évidemment juste te coincer sur mon canapé, histoire que tu ne puisses plus jamais m’échapper” répondit-elle alors sur le même ton. Et pour appuyer ses dires, elle lui grimpa dessus, comme si elle avait la moindre chance de l’immobiliser, lui. “Je me demande seulement où je vais t’enfermer. Une préférence ?” enchérit-elle dans un sourire goguenard. Ses yeux dévièrent du visage de Willow pour se promener le long de sa chaîne. Elle attrapa doucement le petit miroir et croisa son propre regard, un peu rougi par ses sanglots, par la fatigue. Elle tourna légèrement le pendentif pour projeter son épaule, en vain. Il n’y avait qu’elle, dans ce rectangle, rien qu’elle et sa tresse déstructurée, elle et sa peau brillante dans la pénombre, elle et ses ombres ; elle et ses mensonges, elle et la solitude qui l’attendait à nouveau, vorace, affamée, impatiente. “Willow…” Et si je te demandais de rester, pour de vrai ? Tu m’as répété en boucle que tu n’avais pas besoin de tes ASPICS pour ta carrière, alors, reste, s’il te plaît, rapporte une fois de plus tes affaires dans ma chambre et ne la quitte plus que pour récupérer cette vie qui t’appartient de droit. “Tu ne m’oublieras pas toi non plus, n’est-ce pas ?” s’entendit-elle murmurer à contrecœur. Ce n’était pas ce qu’elle avait voulu dire, mais c’était encore ce qu’il y avait de mieux à formuler. Parce que ça allait au-delà de Poudlard, de la distance de cette année ; ça allait de son pays, de l’autre côté de l’Atlantique, de ses aspirations, qui finiraient toujours par l’éloigner d’elle. Elle lui avait juré qu’elle ne l’oublierait jamais, dans la facilité de qui avait déjà tout à proximité. Mais lui ? Il ne pouvait renoncer ni à sa scolarité, ni à son existence, là-bas. A défaut, il pouvait au moins se souvenir d’elle. Elle s’en contenterait, c’était mieux que tout ce qu’on lui avait déjà offert ; l’ignorance, la folie, la mort.

Sa prise se serra sur ce morceau de miroir, quand un sourire vint chasser la menace d’une nouvelle tempête dans ses yeux. “Quoique, c’est idiot, tu as mon visage autour du cou, comment m’oublier ?” Sa voix sonna étrangement, quelque part entre de la moquerie et du trouble, dans tout son effort de tenir bon tant qu’il était là, près d’elle, tout attentif, tout amoureux. Elle relâcha alors le pendentif, sans pour autant parvenir à se défaire du poids dans son estomac. “Allez, viens, que je te fasse le tour du propriétaire.” Elle avait encore envie de lui arracher mille confidences, même sans en croire une seule, même en ayant désormais laissé une ombre d’elle-même près de son cœur. Elle avait encore envie de se faire rassurer, cajoler de promesses pour entretenir cette petite part naïve en elle, celle qui espérait encore quand il faisait pourtant si noir dehors, dedans. Comme une enfant aurait eu besoin d’être protégée de chimères irréelles et pourtant si tangibles dans l’obscurité de sa chambre. Ce fut avec ce même sourire timide, de crainte inavouable, qu’elle laissa son index s’attarder le long de sa mâchoire avant de se résoudre à se défaire de lui pour se relever. Quoiqu’elle en pense, elle n’était plus une enfant, depuis bien longtemps, même en ayant peur, même en ne voulant plus rien faire d’autre que suivre les caprices de ses angoisses. Elle se devait de garder contenance comme la femme qu’elle devenait, qu’il aimait, et de retenir ces énièmes larmes pour lui présenter le domaine où ils gouverneraient ensemble, un jour ; ou à défaut, une nuit, au creux de ses rêveries. Après tout, il le lui avait demandé, il avait mieux à faire que de la noyer de ses confessions dont ils avaient déjà fait le tour, à court d’arguments pour exprimer ce qui ne pouvait que se ressentir, ce qu’ils ne maîtriseraient de toute façon pas, pions d’une destinée qui jouait avec eux depuis que leur regard s’était croisé dans le hall de son manoir. Elle noua alors ses phalanges autour des siennes pour le guider à sa suite. Ils avaient encore toute la nuit devant eux, avait-il signalé - tout le temps de se perdre ensemble avant de reprendre leur chemin, séparés.
code by EXORDIUM.


BORDERLINE
Are you too terrified to try your best? Better ascend into the sky, dangerously fine and unforgiven, relentless, zealous: inspired by the fear of being average.

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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyMer 2 Aoû - 13:12

HOLD ME TIGHT
juste une dernière fois
ft. @Bluebell E. Sherwin & Willow Gillespie
L'été avait filé à tout allure. Ils étaient montés dans le Poudlard Express hier à peine et, déjà, demain aurait lieu son anniversaire. Ça n'avait aucun sens. Où étaient donc passés les deux mois promis ? ...les vacances qui, sur le papier, avaient l'air de durer des années ? Un battement de cils et tout s'était envolé, ne laissant plus planer que cette rentrée dont il n'avait jamais voulue. Il ne voulait déjà pas de la précédente alors qu'il avait tout perdu... mais celle-là...? Il avait tout à perdre, cette fois-ci ! Cette vie qu'il s'était construite dans ce pays trop gris, cette existence paisible qu'il n'avait jamais crue possible ! Qui savait si ce train qui l'y avait déposé sans rien laisser paraître ne l'y arracherait-il pas définitivement tout à l'heure ? Dans le morceau de miroir, le fantôme de Bluebell le toisait sans un mot. Il lui aurait été facile de tout envoyer valser. ...enfin non. Parce qu'il savait que ça ne serait pas sans conséquence, on ne lui pardonnerait pas ce nouvel affront, on refuserait de comprendre que ça ne changerait rien parce que ça remettrait en question l'autorité toute puissante du géant Gillespie devant les yeux du monde... On le lui ferait payer, un jour au l'autre, sans l'ombre d'un doute. Mais il était convaincu que ça en valait la peine ! Qu'elle en valait la peine... mais c'était elle qu'il ne voulait pas décevoir. Qu'est-ce qu'elle en dirait, hein ? Et cette société arriérée dans laquelle elle évoluait ? Et sa famille, même, qu'importe si elle l'abhorrait ? Il ne voulait pas être une épine dans le pied de sa réputation, l'ombre au tableau d'un avenir parfait. Et si elle finissait par avoir honte de ce saltimbanque sans diplôme, comme ses propres parents en auraient honte ? Elle n'était pas ses parents, bien sûr. Elle n'avait pas la douceur hypocrite de sa mère ni la colère injuste de son père... et même si, parfois, les frontières se floutaient un peu pour un mot de travers qui ravivaient des souvenirs qu'il aurait préféré garder enfouis, il savait, dans toute l'agitation désespérée de son esprit, que jamais, au grand jamais, elle ne s'égarerait sur ces chemins-là. Alors quoi ? Ça voulait dire qu'elle s'en ficherait ? Probablement pas... ne lui aurait-elle pas demandé de tout abandonner pour ses beaux yeux, si c'était le cas ? Il lui avait dit plus d'une fois qu'il n'avait pas besoin de tout ça. Il le lui avait dit sans pression, juste au détour d'une conversation. Il avait laissé entendre que c'était le seul souhait de Robert, pour ne pas jeter l'opprobre sur leur famille étincelante... Elle savait. Alors si elle n'avait jamais émis rien que l'idée de le garder auprès d'elle... En même temps, Bluebell Sherwin méritait un conjoint à la hauteur de celle qu'elle était.

Maintenant que tu le dis, j’aurais effectivement dû ajouter un sortilège de suivi…
Quelle erreur de débutante.

Non, évidemment. Elle se serait ennuyée à le suivre. L'année n'avait pas encore commencé qu'il savait déjà comment elle se déroulerait : se reconcentrer sur sa carrière et passer tout le temps qu'il ne pourrait plus perdre à ses côtés sur ce terrain de malheur. Offrir à son géniteur le sérieux qu'il attendait de lui et, dans ses rêves un peu fous, remporter toutes les victoires qu'il en espérait pour pouvoir enfin raccrocher. Qu'est-ce qu'on pourrait lui demander de plus, hein, lorsqu'il serait le champion des champions ? C'est qu'il allait être ravi de voir ce pitoyable rejeton n'avoir plus d'yeux que pour son balai ! De gré ou de force, quelle différence ? Il se ficherait bien que le sourire heureux et idiot qui avait étiré ses lèvres sans discontinuer depuis des mois ne soit plus qu'un lointain souvenir... est-ce qu'il avait seulement remarqué qu'il souriait, de toute façon ? Est-ce qu'il s'était seulement rendu compte qu'il semblait vivre pour de vrai pour le première fois depuis longtemps...? Probablement pas. Il avait échoué, c'était tout ce qui comptait, et c'était intolérable que lui ne l'ait pas plus mal vécu. Willow n'avait jamais envisagé de s'abandonner tout entier à sa discipline depuis bien des années. Depuis qu'il était entré à l'école, en réalité, depuis qu'Ashley s'était dressé maladroitement sur son chemin, avec son regard triste et son sourire timide, depuis que Jake et Lucas avaient mis le bazar dans leur dortoir un vendredi soir et qu'il avait eu plus envie de mettre le bazar avec eux plutôt que de se coucher avec les poules, depuis que la belle Agatha avait ri dans un couloir en faisant chavirer son cœur d'enfant... Depuis qu'il n'avait plus aucune raison de se détourner du droit chemin, parce que plus rien ne semblerait important maintenant que son monde était sur le point d'arrêter de tourner. Mais en même temps, elle aurait pu l'ajouter, son sortilège. Elle se serait certes ennuyée mais elle aurait compris qu'il n'avait rien à lui cacher... du moins, pas grand chose. S'il n'avait jamais mis de mots sur ses démons, par pudeur, par loyauté peut-être aussi, n'en avait-elle pas aperçu les contours alors qu'il s'était effondré entre ses bras ? N'avait-elle pas compris aux regards qu'il avait échangé avec son père, au silence qu'il retrouvait souvent en sa présence, à son attention plus accrue, ses gestes plus tendus ? Peut-être pas... personne ne comprenait jamais rien, n'est-ce pas ? C'est qu'ils avaient toujours su donner le change, toujours su feindre une relation sincère, touchante. Combien de photos où on les voyait rire ensemble ? Combien d'événements sans importance où il l'avait introduit auprès de tout le gratin sorcier avec le sourire satisfait du paternel fier de sa progéniture ? Et même là, il avait pris sur lui pour ne pas entacher l'image rutilante de Zeus au sein même de l'Olympe. Alors sûrement qu'elle s'était laissée avoir, elle aussi. Le jeune homme ne savait pas ce qu'il préférait, de toute façon. N'avoir plus de secrets pour elle, pouvoir tout lui confier sans prendre soin d'omettre les détails gênants...? Ou qu'elle réalise qu'elle s'était entichée d'une petite chose fragile incapable de se défendre comme un grand ? L'aimerait-elle encore si elle savait qu'il n'était bon qu'à attendre que l'orage passe, recroquevillé pour se protéger lamentablement de la foudre ? Il s'était toujours posé en Prince Charmant, la main tendue et salvatrice, prêt à supporter le fardeau de ses faiblesses pour ne pas la laisser le porter seule... L'aimerait-elle encore si elle réalisait qu'il n'était qu'une sale imposture ?

Un substitut avant de me retrouver pour de vrai.
J'espère au moins qu'il tient chaud la nuit, lui aussi, plaisanta-t-il presque timidement avant d'abandonner plaid et canapé pour la rejoindre sur le tapis à ses pieds.

Qu'est-ce que ça allait lui manquer, ça aussi ! La retrouver parfois somnolente à attendre son retour, la sentir se blottir contre lui à peine glissé sous les draps, se laisser bercer par le bruit tranquille de son souffle à son oreille, par la caresse de son souffle sur sa peau... et l'admirer, littéralement, seulement éclairée par les rayons de Lune ou par un soleil à peine balbutiant, se perdre dans sa contemplation au point d'entre perdre la notion du temps et s'extirper à contrecœur de la douceur de ses bras pour reprendre le cours d'une vie diurne qui semblait si fade en comparaison de celle qu'elle lui offrait à la nuit tombée... Il voulait remonter encore et encore la couverture sur son corps endormi, se plaindre par principe pour tous ces t-shirts volés qui lui allaient si bien, abandonner sur l'oreiller des mots doux griffonnés pour qu'elle se sente importante et aimée même s'il n'était pas là pour l'en abreuver. Et toutes les entrevues volées, ses intrusions dans les vestiaires, leurs incartades entre deux étagères de la bibliothèque et les dîners en tête à tête et leur correspondance si fournie qu'il en avait rempli une pochette pleine... Le vide qui l'attendait l'étourdissait déjà. Alors il se raccrocha à elle, à la sensation de sa peau sous ses doigts, de ses lèvres contre les siennes, à ce visage mutin qu'il voulait apprendre par cœur même s'il le connaissait déjà comme s'il n'avait jamais vu que lui... Il aurait tant voulu l'imprimer sur ses rétines pour ne plus jamais se défaire de son image. Qu'elle lui revienne où qu'il pose les yeux, qu'elle l'étreigne à chaque fois qu'il les fermerait... Qu'il n'y ait plus qu'elle, partout, même quand elle ne serait plus là. Mais elle y était encore, pour l'instant, et il refusait de donner à cette fin de soirée la lourdeur attristée qu'ils lui avaient connue, celle-là même qui avait laissé tant de larmes zébrées sa peau pâle. Il fendit d'un sourire et d'une bêtise supplémentaire et elle, adorable, accepta de rire.

Je voulais évidemment juste te coincer sur mon canapé, histoire que tu ne puisses plus jamais m’échapper.
Rhaaaa, je me suis encore fait avoir ! Je le savais pourtant !

Elle quitta le tapis pour ses genoux, donnant autant de poids qu'elle le pouvait à cette menace mille fois plus plaisante que ce que lui promettait la liberté. Un sourire amoureux illumina doucement ses traits alors que ses bras se glissaient autour de sa taille et qu'il croisait les mains dans le creux de ses reins.

Je me demande seulement où je vais t’enfermer. Une préférence ?

Il allait pour lui dire qu'il était prêt à tout endurer puisqu'il avait été enfermé ses six derniers mois dans un placard mais son attention lui échappa. Son regard glissa sur la chaîne qu'il avait passée à son cou, ses doigts se saisirent du miroir. Il aurait bien voulu savoir ce qu'elle y voyait, elle, pour perdre la légèreté fragile qu'ils s'étaient efforcés de retrouver.

Willow…
Qu'est-ce qu'il y a, mon amour ? chuchota-t-il d'une voix si douce qu'on aurait pu croire qu'il craignait de l'effrayer.
Tu ne m’oublieras pas toi non plus, n’est-ce pas ?

Son sourire se voila d'une tristesse immense. Elle avait peur, elle aussi, qu'une page se tourne sans qu'ils n'aient eu le temps de la retenir ? Elle se sentait aussi impuissante que lui, prise dans le tourbillon d'une existence qui lui échappait ? Contrainte d'avancer parce que c'était ce qu'on attendait d'elle, tout en sachant ses pensées tournées vers un passé qu'elle ne pourrait même plus effleurer ? La pression de la chaîne se fit plus forte autour de son cou tandis qu'elle resserrait sa prise sur le pendentif.

Quoique, c’est idiot, tu as mon visage autour du cou, comment m’oublier ?

Elle se fendit d'un sourire indéchiffrable, son ton ne fut pas plus simple à comprendre.

Je ne t'oublierai pas, Bluebell, lui assura-t-il alors, et pas seulement parce que j'aurai ton visage autour du cou...

Il attrapa tendrement sa main et la porta à la masse brouillonne et décolorée de ses cheveux, la laissa effleurer son front.

...mais aussi parce que tu seras là...

Il la glissa jusqu'à ses lèvres, en embrassa le bout des doigts.

...et là...

Et la plaqua sur son torse, juste à l'endroit où résonnaient les battements de son cœur.

...et surtout là.

Il serra cette main kidnappée dans la sienne et, de l'autre, força doucement sa propriétaire à relever la tête pour se perdre dans l'océan de son regard.

Je ne t'oublierai pas parce que je suis tout à toi et qu'avec ou sans ton visage en pendentif, je t'aime plus que tu peux l'imaginer. ...d'accord ?

Ce fut seulement après ça qu'il accepta de lui rendre sa liberté. Il ne savait pas si ça avait suffi à la rassurer, rien qu'un peu, qu'elle acceptait enfin de croire qu'il ne tirerait pas un trait sur elle sitôt qu'elle aurait le dos tourné mais il aurait difficilement plus faire plus sincère. Il aurait voulu qu'elle se sente en sécurité, qu'elle comprenne qu'il n'avait pas l'intention de l'abandonner. Vraiment. Que d'autres avant lui avaient pu prendre la fuite, qu'on avait pu la délaisser mais que lui ne s'y risquerait pas. La jeune femme caressa une dernière fois son visage avant de se relever enfin.

Allez, viens, que je te fasse le tour du propriétaire.

Il l'imita, hébété, plus très sûr que ça soit le tournant que devait prendre cette soirée. N'aurait-il pas mieux fallu passer ces dernières heures à lui répéter encore et encore qu'il était éperdument amoureux d'elle et qu'il n'attendait déjà plus que le jour où il pourrait la retrouver ? Sa main retrouva la sienne et il s'y accrocha pour se laisser guider. Si elle devait vraiment vivre ici durant quelques années, autant qu'il se familiarise avec les lieux dès maintenant... et qu'il garde en tête ce qu'il lui fallait pour se sentir bien, histoire que, le jour où il quitterait le domicile de ses parents, elle puisse se sentir à son aise dans ce qu'il désignerait comme un « chez lui » qu'il espérait d'avance temporaire... Parce que s'ils devaient faire un bout de chemin ensemble, il espérait quand même qu'elle finirait par accepter de vivre avec lui et non plus avec son frère. Oh, il ne voulait pas les séparer, il était même prêt à vivre dans le même immeuble, sur le même palier si elle voulait, juste avoir une porte à pouvoir fermer pour garder un tant soit peu d'intimité et pouvoir construire quelque chose à eux, rien qu'à eux, sans qu'il n'ait à partager cette bulle-là. Enfin... ils n'en étaient pas là. Il fallait survivre à cette année, déjà, et à ces autres dont il ne savait rien mais qu'elle lui avait déjà refusées.

Et vends ça bien, hein, que ça me donne au moins envie de réserver pour Noël.

Mais sa main resserra son étreinte sur celle de sa concubine, comme pour lui faire savoir sans un mot qu'elle n'aurait qu'à l'inviter pour qu'il débarque sans une pensée pour la décoration ou l'agencement de cet appartement. S'ils voulaient bien lui faire une place pour quelques jours, il n'y aurait bien que la mort pour le pousser à la refuser...
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August P. Rowle

August P. Rowle



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Arrivé(e) le : 16/05/2019
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Année : 6ème (17 ans)

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Et plus en détails ?
Statut Sanguin: Sang-Pur
Pouvoirs spéciaux: Magie sans baguette
Poste de Quidditch: Aucun
Patronus: Un cormoran aptère
Epouvantard: Un miroir de plein pied
Matières suivies et niveau:
Points Défis:
Hold me tight (Willow & Blue) Left_bar_bleue1925/2000Hold me tight (Willow & Blue) Empty_bar_bleue  (1925/2000)
Disponible pour un RP ?: Si t'es pas pressé, c'est d'accord !
D'autres comptes ?:

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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyJeu 3 Aoû - 10:20


HOLD ME TIGHT
Le sortilège n’avait pas été bien difficile à réaliser. Expliqué dans un vieux grimoire déniché dans une librairie de renom sur le chemin de Traverse, il n’avait requis que quelques essais pour ensorceler le morceau de miroir poli par le bijoutier. La page de l’ouvrage avait illustré, dans toute la tragédie dont raffolait l’époque victorienne, une maîtresse larmoyante qui s’appliquait à envoûter le miroir de chambre de son amant, marié, incapable de lui offrir l’éternité. Une légende qui racontait que le malheureux avait ainsi été contraint, jour après jour, de prétendre ne voir que son propre reflet devant sa femme, tout en retenant les larmes de ce souvenir figé à ses côtés. Bluebell se moquait bien de cette histoire, car elle n’avait pas de vengeance à appliquer ; rien que l’envie de tenir parole, de ne plus jamais le laisser partir sans elle. Tant que son ombre accompagnait Willow, il lui semblait avoir trouvé une façon détournée de rester avec lui comme il le lui avait demandé, jusqu’à ce qu’elle puisse enfin suivre chacun de ses pas. “Quelle erreur de débutante” jugea-t-il alors qu’elle regrettait ne pas avoir ajouté de sortilège de traçage. Bluebell laissa échapper un ricanement, d’abord parce qu’elle n’était en rien une débutante, au contraire déjà bien coutumière de la dynamique jalouse qui avait si souvent pollué son énergie, ensuite parce que si elle avait su qu’il adopterait un ton si décomplexé pour aborder une éventuelle surveillance de sa part, et bien, elle s’en serait donnée à coeur joie… Elle l’aurait vraiment accompagné de loin. Mais soit, elle l’avait laissé libre de ses mouvements, à défaut de le laisser libre de sa pensée. “J'espère au moins qu'il tient chaud la nuit, lui aussi” railla-t-il par la suite. “Non, ça, c’est une particularité exclusive de la vraie, qu’on ne retrouve chez aucune contrefaçon” répliqua-t-elle, présomptueuse. Elle esquissa alors un rictus un peu trop marqué pour ne pas faire miroiter de double-sens. Quelle que soit le modèle qu’il rencontrerait, aucun ne vaudrait sa propre combustion, parce qu’elle était de toute évidence la meilleure… Libre à lui de s’intéresser à la concurrence, naturellement, mais pouvait-on vraiment parler de concurrence ? Car celle de Bluebell était déloyale. Mais sûrement le savait-il déjà, à ainsi exhiber fièrement autour de son cou la marque de sa prépondérance. Et comme pour mieux appuyer celle-ci, la Serpentard lui grimpa dessus, signalant sa ferme intention de le posséder en l’enfermant dans un endroit qu’il lui restait seulement à déterminer ; et Willow, parce qu’il avait autant besoin de divertissement qu’elle pour reculer l’aube qui approchait, poursuivit sur cette même lancée taquine. “Rhaaaa, je me suis encore fait avoir ! Je le savais pourtant !” s’exclama-t-il d’un air faussement désemparé. Bluebell ricana de plus belle, quand ses yeux dévièrent du visage chimérique de son amant dans ce clair-obscur pour observer la chaîne qui pendait près de son cœur. Le miroir suspendu à son bout reflétait une réalité bien plus cruelle que la douce illusion qu’ils entretenaient de leurs rires. S’ils se savaient vivre à retardement depuis qu’ils s’étaient choisis en dépit de l’inconsistance de leurs aspirations respectives, le compte à rebours avançait inexorablement vers la fin de leur sursis. C’était aussi sinistre que la tristesse peinte sur son reflet dans ce bout de miroir. Alors, elle délaissa malgré elle cette parenthèse pour reprendre la toile de ce dernier souvenir. L’identité de l’Américain glissa entre ses lèvres dans une goutte bleutée, comme la pointe de ses cheveux ébouriffés, avant que ne s’ajoute la zébrure rougeoyante d’une inquiétude vive, celle d’être oubliée. Elle bariola finalement le tout du jaune de son sourire, essayant d’alléger ces taches qui n’avaient pas lieu d’être dans un moment aussi immaculé. Mais Willow sembla considérer qu’il manquait encore un peu de couleurs. “Je ne t'oublierai pas, Bluebell, et pas seulement parce que j'aurai ton visage autour du cou…” promit-il dans le vert d’un espoir qui lui fit pencher le visage d’émotions alors qu’il guidait sa main jusqu’à son front. “ ...mais aussi parce que tu seras là…” Bluebell souffla un rire sous la référence de ces mots, de ces doigts qui conduisaient désormais les siens sur ses lèvres. Il les embrassa délicatement avant de les descendre vers son torse. “...et là…” Sa paume se colla à sa peau, juste au-dessus du tambourinement de son cœur. “...et surtout là” conclut-il en lui arrachant un nouveau sourire par delà le trouble évident qui animait les larmes retenues sur le pas de ses prunelles.

Et peut-être pour mieux le cacher, ce trouble, ou simplement pour mieux ressentir les battements cardiaques sous ses doigts, Bluebell décida de fermer les yeux. Elle avait été attirée par ses pulsations de vie comme un papillon de nuit par une lueur, précieux éclats de ce qui lui manquait. Même ce soir, à des mois de distance du bal de Noël, à des lumières de ces premières clartés, ce pouls frénétique continuait de la captiver. Un boom boom plus sourd, plus rond, plus chaud que les plocs plocs qui la hantaient. Le rythme régulier sous ses doigts fut soudain absorbé par le contact de sa main qui se serra autour de la sienne, laissant le cœur résonner sous leur peau comme un tambour lointain. Boom boom, en appel solennel, en invitation qui ne se refusait pas. Boom boom, en écho d’une vie qui les attendait juste derrière les montagnes. Boom boom. Ses doigts glissèrent alors sur son menton, la pressant doucement à rouvrir les yeux pour mieux s’enfermer dans les siens. “Je ne t'oublierai pas parce que je suis tout à toi et qu'avec ou sans ton visage en pendentif, je t'aime plus que tu peux l'imaginer. ...d'accord ?” Bluebell esquissa un sourire complice, intime, d’une éloquence que seul Willow était en mesure de saisir de par toute la sincérité qu’elle ne réservait qu’à lui. “D’accord” chuchota-t-elle finalement dans cette mimique indescriptible dont il était l’exclusif destinataire. Et peut-être pour la première fois depuis qu’il cherchait à la rassurer, elle le pensait : elle était véritablement d’accord, et pas seulement parce qu’elle avait envie d’y croire. Elle le croyait, pour de vrai. “Je te fais confiance” ajouta-t-elle tout aussi bas. Parce que la dernière fois qu’elle avait affirmé ces quatre petits mots, on l’avait dupée, on l’avait délaissée ; parce qu’il valait mieux enrober cette confidence de la chaleur de son murmure pour ne pas qu’elle attrape à nouveau froid. “Et j’espère que tu me fais confiance aussi, parce que je jure que je ferai tout pour toi. A commencer par t’attendre le temps qu’il faudra.” Elle avait la voix assurée, presque implacable ; mais ses yeux se mirent pourtant à hésiter, passant de son œil gauche à son œil droit, de son œil droit à ses lèvres, de ses lèvres à son œil gauche. Elle était terrifiée par ses propres aveux. Comment avaient-ils pu s’attacher aussi vite ? Aussi fort ? Elle n’avait pas voulu de tout ça, en entrant dans cette salle abandonnée du premier étage avec lui, elle n’avait pas vu les chaînes s’enrouler autour de leurs corps en serrant sa poitrine contre son torse dans leur étreinte flamboyante. Elle recherchait seulement un peu de légèreté ; et d’un autre côté, n’était-ce pas ce qu’il lui offrait à chaque regard, à chaque sourire depuis que leur existences s’étaient entremêlées ? Ne se sentait-elle pas libre, ainsi pressée contre lui et n’était-elle d’ailleurs pas en pleine envolée, caressant les nuages dans son état cotonneux de l’avoir aimé si fort quelques instants auparavant, de l’aimer si inconditionnellement en ces confidences ? C’était normal d’avoir le vertige, de flâner si haut. Il l’avait aidée à se relever des débris où elle s’était effondrée, il l’avait érigée sur un piédestal princier, il lui avait permis d’élever à nouveau ses espoirs et par tous les dieux, combien ils brillaient, cette nuit ! Le ciel était sombre, l’horizon était tapi dans le noir, mais il lui suffisait de suivre les étoiles disseminées ça et là, et là, et surtout là. Boom boom. Merlin, combien elle l’aimait.

Tant et si bien qu’elle préféra s’arracher de l’étourdissement de leurs mots et de leurs caresses pour revenir à la simplicité élémentaire de cette nuit, aussi loin que possible de leurs divagations alourdies de larmes invisibles. Ils devaient en profiter, qu’importe l’imminence des séparations, et il avait demandé une visite - alors, il l’aurait, sa visite, et ses sourires, et sa tranquillité, et tout ce que lui offriraient les meilleures heures qu’il leur restait encore avant l’aurore. Bluebell se releva, suivie presque aussitôt par le Poufsouffle dont elle attrapa les phalanges pour l’attirer à sa suite. Il s’y conforma tout naturellement, serrant sa prise. “Et vends ça bien, hein, que ça me donne au moins envie de réserver pour Noël” exigea-t-il alors qu’elle les conduisait près de la porte enfoncée dans le mur de droite. Bluebell lui jeta un regard faussement outré par-dessus son épaule. “J’espérais naïvement que la propriétaire te suffirait à en avoir envie mais, soit, je vais donc préparer mon meilleur argumentaire” soupira-t-elle théâtralement. Elle poussa alors la porte en bois devant laquelle ils étaient parvenus, en tous points semblables à celle qu’elle avait franchie à gauche pour aller récupérer son cadeau. Et pour cause : il s’agissait désormais de la chambre de Maxton, réplique symétrique de la sienne à l’exception de la décoration plus spartiate. Il n’avait pas de coiffeuse, pas de banquette pied de lit ; juste un large lit en bois d’acacia, deux tables de chevet assorties, un élégant fauteuil de velours vert, une armoire et une commode finement travaillées, un épais miroir de style colonial entreposé sur cette dernière et une secrétaire en bois massif avec son siège… L’essentiel, de toute évidence. “Voici la chambre de mon frère - euh, autant pour moi, la chambre d’amis se reprit-elle en se souvenant du rôle qu’il lui avait attribué. “Spacieuse pour convenir à tous les invités, neutre pour ravir tous les goûts.” Et avant de s’attarder davantage sur le pas de cette partie de l’appartement qui ne les concernait guère, Bluebell referma la porte pour entraîner Willow derrière une arche, à proximité de la porte d’entrée. “La cuisine, peu intéressante dans la mesure où ce bien est fourni avec un chef privé qui en fera ses quartiers.” Et de fait, la pièce était profonde, d’un marbre blanc trop soigné pour être manipulé par n’importe quelles mains. Celles de Personne, appliquées, sauraient en sortir les meilleurs mets, avec à sa disposition un long plan de travail central, autour duquel étaient disposés à droite et à gauche tiroirs et placards pour les ustensiles et la vaisselle de porcelaine. Tout au fond, on apercevait une jolie verrière en dessous de laquelle s’étendait une table dînatoire et ses chaises assorties. “Mais passons, le meilleur est encore à venir.” Elle lui désigna le salon derrière eux d’un geste nonchalant. “Le séjour, qu’on a déjà eu l’occasion de tester - et approuver” poursuivit-elle en appuyant le regard qu’elle lui adressa, comme pour le défier de la contredire sur la qualité du canapé en cuir. “Et bien sûr, la pièce maîtresse : la suite parentale.”

Là-dessus, elle l’amena jusqu’à la porte de gauche pour cette fois l’attirer en son sein et lui présenter l’ensemble des meubles. Le lit d’acacia aux draps de soie de Chine, le duo de tables de chevet où attendaient déjà deux lampes à gaz dont les modèles anciens n’étaient plus commercialisés, l’armoire et la commode aux bois nobles et taillés en de subtiles arabesques, le fauteuil capitonné, la lourde secrétaire et son siège ; mais aussi une splendide coiffeuse du début du siècle dernier et la banquette pied de lit qui prolongeait ce dernier, donnant l’illusion qu’il était encore plus imposant que ne le laissait déjà paraître son matelas king size et ses innombrables coussins brodés. Ici, bien sûr, la moquette de laine était encore plus moelleuse, les rideaux, plus épais, parant de chic la haute fenêtre à la vue dégagée sur une rue piétonne endormie. Des bougeoirs dispersés dans différents recoins attendaient sagement de faire valser les ombres sur les fines boiseries des murs blancs. Ici, pas de parquet grinçant, pas de sombres meubles ancestraux, si bien qu’ils purent s’y mouvoir avec toute la discrétion requise pour apprécier le charme classique de cette chambre sans doute plus distinguée encore que celle d’un palace. “Et parce qu’une suite parentale n’en serait pas une sans salle de bain privée…” Bluebell les porta à côté du lit, où s’ouvrait une porte donnant de fait sur une salle de bain - qui tenait plus de la salle d’eau, à en juger l’ameublement. La superficie n’était pas excessive, à peine suffisante pour une personne, comme en témoignaient l’immense baignoire centrale en marbre surélevée de quelques marches, la douche à l’italienne vitrée dans le fond et les deux vasques de l’autre côté surmontées d’un long miroir… “Il ne manque en vérité qu’un dressing room. Je finirai par l’avoir, un jour” geignit-elle dans ce rêve inassouvi. Mais elle n’avait pas fini de jouer son rôle, bien au contraire, Willow devait encore rendre son verdict final, à savoir s’il avait l’intention d’occuper les lieux pour les prochaines vacances. Alors, Bluebell lâcha sa main pour s’avancer vers la baignoire. Les marches s’illuminèrent sous ses pieds nus, dans l’enchantement qui en animait les lampes cachées en dessous, projetant sur la baignoire d’un blanc vernis une lueur tamisée qui se confondait avec le calme de cette nuit à l’agonie. La jeune fille effleura le robinet qui s’ouvrit en conséquence, libérant un flot continu d’une eau parfaitement chaude et parfumée de pivoines. “Alors, encore besoin d’arguments, Monsieur Gillespie, ou me suis-je montrée suffisamment convaincante?” demanda-t-elle d’une voix commerciale qui couvrit l’écoulement de l’eau dans son dos. Ses commissures s’étirèrent de malice dans l’attente de son verdict.  Elle obtiendrait gain de cause - il signerait, à défaut d’une promesse d’éternité, l’assurance de lui revenir en ces lieux exacts dans quelques mois. Et elle aurait tout fait pour cette garantie officielle… Qu’importe l’évidence officieuse qui dansait déjà dans ses prunelles.
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BORDERLINE
Are you too terrified to try your best? Better ascend into the sky, dangerously fine and unforgiven, relentless, zealous: inspired by the fear of being average.

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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyVen 11 Aoû - 0:53

HOLD ME TIGHT
juste une dernière fois
ft. @Bluebell E. Sherwin & Willow Gillespie
La tension allait et venait dans cet appartement inhabité. Chaque seconde oscillait entre une légèreté forcée et une angoisse qu'ils peinaient à cacher. Ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps, se fréquentaient depuis moins longtemps encore, s'aimaient depuis une poignée de semaines à peine mais jamais Willow n'avait senti le monde aussi instable avec elle. Pas même au cours de leurs plus violentes disputes, pas même au cours de leurs retrouvailles houleuses, pas même ce tout premier soir, autour d'une table surpeuplée et d'un dîner qu'ils n'avaient pas demandé. Tout avait toujours pu basculer pour un mot, pour un geste, pour moins que ça parfois, mais il avait toujours su qu'il n'y aurait eu qu'à claquer la porte pour se libérer de cet étau... mais maintenant...? Il n'y avait aucune porte à claquer... Non ! Il n'y avait aucune porte qu'il voulait claquer, aucune liberté qu'il voulait retrouver. Seulement qu'une larme ne vienne obscurcir le joli visage de cette insupportable pimbêche qui n'avait plus été ni insupportable ni pimbêche depuis ce qui ressemblait à une éternité. C'était effrayant, de se retrouver là, avec elle, à se sentir aussi impuissant là où ils avaient toujours eu l'impression de gérer leur vie comme des grands, là où ils avaient toujours fait fi des règles et des qu'en-dira-t-on... Comment avaient-ils pu fermer les yeux à ce point, hein ? Comment avaient-ils cru rien qu'un instant qu'ils maîtrisaient quoi que ce soit ? Même leurs au revoir leur avaient échappé ! C'était tout un avenir qui s'apprêtait à leur glisser entre les doigts, celui-là même qu'ils avaient pris plaisir à façonner, chaque soir, la tête posée sur l'oreiller et le regard dévorant cet autre qu'on désirait garder pour l'éternité.

Non, ça, c’est une particularité exclusive de la vraie, qu’on ne retrouve chez aucune contrefaçon.

Le ton ressemblait à un défi, le rictus à une menace. Le jeune homme ne put s'empêcher de sourire, un brin provocateur, comme s'il pouvait vraiment envisager de vérifier. Il aimait à croire qu'il l'aurait fait, quelques mois plus tôt, comme pour s'affranchir des mailles d'un piège dans lequel il s'était lové de lui-même. N'avait-il pas renoncé dès février alors qu'elle le repoussait de toutes les forces de sa mauvaise foi ? Ne lui avait-il pas juré, déjà, qu'il n'avait aucunement l'intention de la remplacer ? Ça faisait deux mois à peine, moins que ça, même... des années en temps adolescent, des années alors qu'ils passaient déjà presque chaque nuit blottis sur le canapé crasseux du terrier des blaireaux pour repousser encore et toujours la nuit menaçante de son palais privé. Que pouvait-il faire, six mois plus tard, sinon s'empêtrer davantage dans ses filets et acquiescer docilement comme l'idiot amouraché qu'il était en réalité ?

Mouais, nuança-t-il néanmoins, pour le simple plaisir de se rebiffer un peu, disons que je veux bien te croire sur parole, pour cette fois... Mais seulement parce que je n'aurais pas le temps de vérifier s'il est vrai, ce mensonge.

Mais il ne doutait pas qu'elle saurait lire entre les lignes de cette nouvelle taquinerie et comprendre qu'il n'avait pas l'intention d'aller voir ailleurs. C'était trop tard, de toute façon, ils s'étaient promis bien trop de choses pour abandonner maintenant, à commencer par des retrouvailles à chaque seconde qui pourrait les accueillir, des vacances à n'en plus finir et, plus important encore, un avenir qui, ce soir, avait l'air à la fois presque chimérique et en même temps délicieusement réel. Ils se complurent un instant encore dans des bêtises tout juste bonnes à éloigner le soleil qui finirait bien par se lever sur cette maudite rentrée mais l'imminence de leur séparation finit par les rattraper. Bluebell se rembrunit. Ses lèvres se défirent de leur sourire arrogant. Au fond de ses yeux clairs, l'océan s'agita. Il aurait voulu lui en vouloir de gâcher ainsi leurs efforts, de leur rappeler, presque sans un mot, ce qui les attendait... mais il partageait chaque rechute, chaque voile qui assombrissait l’étincelle de son regard. Il vivait avec la même crainte, la même appréhension qui lui serraient l'estomac. Aussi s'appliqua-t-il avec une patience et une douceur amoureuses. Elle se laissa faire, abandonna sa main dans la sienne, le laissant maître de chacun de ses gestes. Elle étouffa un rire qui le fit se sentir mieux. Il avait envie qu'elle comprenne enfin qu'elle ne risquait rien. Que ça n'était pas la distance qui la ferait quitter ses pensées. Qu'il serait là dans six mois, dans un an, dans une vie même si elle le voulait toujours. Qu'il ne l'abandonnerait pas, quoi qu'aient pu faire les autres avant lui. L'image de son désespoir, cette toute première nuit, alors qu'il s'apprêtait à disparaître, lui revint sans prévenir. Elle avait eu l'air si fragile, si vulnérable... est-ce qu'elle l'était moins, ce soir, alors qu'ils s'apprêtaient à jouer ce futur incertain pour un diplôme qui ne valait rien ? Il aurait voulu s'assurer que oui mais force était de constater qu'il n'en était pas certain. Ses yeux fermés, son sourire à peine perceptible, le poids de son corps sur ses genoux, il avait presque l'air d'une enfant. La même enfant perdue et effrayée qu'elle avait été plus d'une fois. Et sûrement qu'il l'en aimait que davantage. Elle lui offrait la possibilité d'avancer avec elle, de grandir à ses côtés, de combler toutes ces lacunes qu'ils partageaient... Il fallait apprendre à s'ouvrir, à aimer, à faire confiance. Et si c'était affreusement compliqué, il se plaisait à croire qu'ils s'en sortaient dignement et, qu'un jour, en regardant tout le chemin parcouru, ils réaliseraient qu'ils y étaient parvenus. Il glissa un doigt sous son menton, elle accepta de rouvrir les yeux. Et là, sur ce tapis, à peine éclairée par quelques rayons de Lune, mal coiffée, débraillée, il la trouva magnifique. Petit, il n'avait jamais imaginé la femme qui partagerait un jour sa vie, il n'avait jamais cru à ces histoires de conte de fée, jamais espéré, même, qu'il y en aurait une pour se détacher de la masse de toutes celles qu'il aurait pu posséder comme son père en avait sûrement eu des dizaines, des centaines peut-être même... mais s'il l'avait imaginée, rien qu'une fois, cette femme-là, il était certain qu'elle lui aurait ressemblé en tout point. Aimante, sans fard, brisée. Elle n'était même pas seulement jolie, elle était surtout sincère. Elle n'était pas vraiment parfaite mais elle n'en était pas moins merveilleuse. Et il aurait fait n'importe quoi, cette nuit, pour la rassurer, pour la protéger, pour qu'elle se sente en sécurité. Son sourire se fit plus franc, plus complice également avant qu'elle ne répète ce « d’accord » qui voulait à la fois tout et rien dire. Bien sûr qu'elle n'allait pas l'accuser de vouloir la tromper alors même qu'il était encore entre ses bras, bien sûr qu'elle n'allait pas lui faire savoir qu'elle ne le croyait pas alors même qu'il s'efforçait de repousser le moment où il devrait la quitter.

Je te fais confiance.

Sous ses doigts, son cœur s'emballa. Ça semblait plus doux encore à l'oreille que les sentiments explicites qu'elle y avait glissés au milieu du manoir de ses parents. Elle lui faisait confiance. Elle ne se contentait pas de l'aimer, elle acceptait de croire qu'il l'aimait également. Ses lèvres se fendirent d'un sourire ému.

Et j’espère que tu me fais confiance aussi, reprit-elle alors qu'il hochait gravement la tête, parce que je jure que je ferai tout pour toi. A commencer par t’attendre le temps qu’il faudra.
Je le sais Blue, je te jure que je le sais. Et il ne faudra que dix mois, à peine, parce qu'il est hors de question de passer une seule petite seconde loin de toi dès que je serai débarrassé de cette école de malheur.

« Que dix mois » avait-il dit comme s'il s'était agi d'une simple formalité, de quelques nuits loin l'un de l'autre avant de replonger à nouveau dans cette éternité qu'ils avaient touché du bout des doigts... pourtant, la réalité était tout autre... Dix mois, ça n'était même pas le temps qu'ils avaient passé ensemble. Et pourtant, il avait l'impression de la connaître depuis des années, depuis toujours même... Comment avait-il fait pour s'attacher ainsi, si vite, si fort ? ...pour perdre à ce point la notion du temps ? ...pour s'abandonner tout entier dans une relation sortie de nulle part, née d'une étreinte incendiaire dans un débarras pitoyable ? Si on le lui avait dit, il aurait sûrement bien ri. Lui ? S'éprendre d'une Anglaise pleurnicharde et facile ? Eh, bordel, oui ! C'était exactement ce qu'il avait fait ! Il n'avait fallu que d'un regard, presque, que d'un jeu dont ils ne connaissaient pas les règles, que de ses lèvres sur les siennes... ça avait été si simple et si difficile en même temps ! Si évident et si effrayant ! ...et pourtant, là, assis sur un tapis, une princesse mal fagotée accrochée à lui, il ne regrettait rien. Ni les cris, ni les larmes, ni le manque qu'ils connaîtraient bientôt. Quoi qu'il en soit, maintenant qu'ils s'étaient assez rassurés pour chasser les nuages qui assombrissaient le ciel de leurs derniers instants, ils s'extirpèrent de la lourdeur de cet avenir trop proche pour profiter des heures qu'il leur restait encore. Elle se releva, il en fit autant, elle prit sa main dans la sienne, il l'y abandonna.

J’espérais naïvement que la propriétaire te suffirait à en avoir envie mais, soit, je vais donc préparer mon meilleur argumentaire.
C'est qu'une jolie fille ne suffirait pas à me faire supporter un confort inexistant, déclara-t-il, parfaitement conscient qu'il y avait une table qui pouvait hurler le contraire.

Willow se laissa entraîner au travers du salon, jusqu'à une porte tout à droite de celui-ci. Elle appuya sur la clenche et lui offrit une vue sur une grande chambre à la décoration aussi neutre que soignée.

Voici la chambre de mon frère - euh, autant pour moi, la chambre d’amis.

La correction autant que le ton pompeux lui arrachèrent un rire amusé. Il ne s'était jamais demandé si Maxton se pliait aux mêmes règles que le commun des mortels ou si, lui aussi, avait le droit à un traitement de faveur et un palais privé... Il ne l'avait jamais imaginé qu'installé dans ce placard où il s'était senti « à la maison », profitant de son absence pour en occuper l'espace. Comme s'il n'avait jamais eu de vie propre, rien d'autre que des bribes volées à celle de sa sœur... Et même lorsqu'ils s'étaient retrouvés ces quelques fois, même alors qu'il la lui avait confiée pour la fin de l'été, l'opacité qui s'étalait sur son existence ne s'était jamais levée. Aussi se trouvait-il un peu idiot devant cette pièce qui était à la fois logique et en même temps incongrue, comme on aurait découvert l'envers du décor d'un tour de passe-passe.

Spacieuse pour convenir à tous les invités, neutre pour ravir tous les goûts.

Il hocha la tête avec un air connaisseur et ne fut pas mécontent de la voir tirer sur la planche pour passer à la suite. Il la suivit jusqu'à une arche près de l'entrée, derrière laquelle se dessinait la cuisine tout en marbre blanc et ce qui ressemblait à une salle à manger perdue sous une verrière.

La cuisine, peu intéressante dans la mesure où ce bien est fourni avec un chef privé qui en fera ses quartiers.
Ah ? Parce que la propriétaire ne cuisine pas ? C'est un très mauvais point, ça, la taquina-t-il alors que son regard se perdait au milieu de ces meubles qui se découpaient tant bien que mal au cœur de la nuit.

Il avait du mal à l'imaginer vivre ici quand il l'avait connue dans les quelques mètres carrés de sa chambre mais, en même temps, il ne la voyait vivre nulle part ailleurs... et cette constatation avait un petit quelque chose de blessant. Il aurait voulu la projeter ailleurs, dans un endroit où il n'y aurait pas de chambre pour son frère, seulement une d'amis, pour de vrai, dans un endroit qu'ils auraient choisi ensemble, où ils auraient bataillé pour des histoires de rideaux ou la couleur d'un tapis... Mais ce soir, il n'y arrivait pas. Parce qu'elle vivrait là durant l'année, et durant les prochaines aussi, sans laisser de place à un « chez nous » qu'elle lui avait offert un jour et qu'on lui arracherait bientôt.

Mais passons, le meilleur est encore à venir.

D'un geste du bras, elle embrassa le salon qu'ils venaient de traverser.

Le séjour, qu’on a déjà eu l’occasion de tester - et approuver.
Je ne sais pas qui est ton architecte d'intérieur mais tu le féliciteras de ma part. Ce canapé est d'une qualité divine... et le moelleux de ce tapis... à en faire des jaloux !

Il se plia docilement à l'insistance de son regard, même si son ton se fit railleur. Sa main se resserra tendrement sur la sienne alors qu'elle le tirait à nouveau au travers de la pièce, jusqu'à la porte qu'elle avait passé un peu plus tôt et derrière laquelle, il avait supposé, se trouvait sa chambre.

Et bien sûr, la pièce maîtresse : la suite parentale.

À ces mots, son sourire perdit de ses moqueries. C'était idiot, pourtant ça n'était pas « leur chambre », c'était « la sienne ». Mais ce soir, il avait envie de s'en foutre. De profiter. De croire qu'ils s'y retrouveraient dans cette suite, qu'elle ne serait que la digne suite du palais du premier étage... et qu'elle serait temporaire, elle aussi. Elle ouvrit la porte et il ne put que rester sans voix face à la différence saisissante entre ce qu'elle lui présentait et ce qu'il lui avait connu. C'était immense, richement meublé, ça ressemblait davantage à l'idée qu'il se faisait d'une chambre royale qu'à celle d'une jeune femme tout juste sortie du collège. Et sûrement que c'était à l'image de sa petite-amie, dans le fond, mais une image qu'il ne lui connaissait qu'à moitié. Ils avaient partagé un fauteuil miteux, des canapés crasseux, un placard à balai ! Alors bien sûr, il se doutait bien qu'elle aspirait à mieux et qu'elle ne vivrait pas dans quinze mètres carrés toute sa vie mais... mais il ne put que ressentir un petit pincement au cœur en se rendant compte que la page de leurs aventures clandestines était définitivement tournée...

Mais je vais te perdre, dans ce lit, souffla-t-il peut-être moins amusé qu'il ne l'aurait voulu.

Peut-être qu'il était aussi grand que l'autre, peut-être que ses souvenirs étaient biaisés parce qu'ils n'en avaient jamais occupé qu'une infime partie, trop étroitement enlacés pour pouvoir s'y étaler... Mais il se sentit minuscule dans cette chambre, presque renvoyé à cet adolescence qu'il n'avait pas encore quittée et qu'il avait pourtant délaissée avec tant d'arrogance qu'il avait fini par l'oublier.

Et parce qu’une suite parentale n’en serait pas une sans salle de bain privée…

Évidemment ! Et sûrement que Maxton en avait une, lui aussi, cachée quelque part dans la simplicité de son antre. Il n'y avait pas fait attention, tout à sa surprise de réaliser qu'il devait assouvir des besoins primaires, lui aussi, comme dormir, par exemple. Elle poussa la porte qui se tenait près du lit et dévoila une salle de bain qui n'avait rien à envier au reste de l'appartement. C'en devenait étourdissant.

Il ne manque en vérité qu’un dressing room. Je finirai par l’avoir, un jour.
Dans la chambre d'amis ? Ils n'auront qu'à dormir à l'hôtel.

La main de Bluebell lâcha finalement la sienne alors qu'elle lui échappait toute entière. Elle s'approcha de sa baignoire, monta les quelques marches qui y menaient... Il étouffa un rire incrédule alors que des lumières s'allumaient sous ses pas. C'était idiot parce que c'était exactement dans ce genre de cadre qu'il avait grandi. La villa qu'il avait habitée toute son enfance n'était là que pour en mettre plein la vue à qui avait l'honneur d'y être invité, elle comptait tellement de pièces qu'il ne les avait jamais vues toutes occupées en même temps et un parc où on aurait pu construire un terrain de Quodpot sans craindre pour la piscine... La maison de New-York était certes moins grande, bien sûr, mais vomissait un luxe si éclatant qu'il faisait oublier la superficie « limitée », il fallait prouver au monde entier qu'on avait la folie des grandeurs et les moyens de la satisfaire. Et même là, alors qu'ils avaient acheté la bâtisse au 7 Montpelier Terrace comme une boîte aux lettres pour les courriers de Poudlard, comme un pied-à-terre pour que Madame vienne en vacances ou que Monsieur puisse rester proche tant de son rejeton que de son nouveau jouet, ils avaient choisi un quartier chic, des meubles de qualité, s'étaient offert les services des plus grands... Mais tout ça, tous ces endroits incroyables qui auraient fait rêver n'importe qui le laissaient de marbre, ne lui renvoyant finalement qu'une image vide et superficielle comme celle de tous ces hôtels où il avait posé ses valises un jour. Il ne s'était jamais senti chez lui, au milieu de cet étalage de bois nobles et de dorures. Parce que c'était froid, parce que c'était douloureux. Pour la première fois, il entrevit une ombre à cet avenir radieux qu'ils s'étaient imaginé : ça n'était pas à tout ça qu'il pensait quand il rêvassait à un endroit à lui. C'était à un royaume à taille humaine, à l'appartement des Tasker à peine assez grand pour eux quatre et dans lequel ils lui avaient fait une place quand même, à la chambre minuscule d'Ashley où ils dormaient à tour de rôle sur un matelas à même le sol qu'il fallait enjamber au réveil, au néon grésillant de la cuisine, aux meubles en kit construits de travers, à des rires, à des bêtises, à une affection inconditionnelle et imméritée. C'était au placard du premier étage, à ses affaires abandonnées ici ou là faute de place pour les ranger vraiment, à cette salle de bain trop petite pour y tenir à deux, aux sourires complices et amoureux échangés au travers du miroir, aux couinements étouffés quand il se prenait le coin d'un meuble dans l'obscurité alors qu'il filait à l'aube pour éviter de la réveiller, à l'amour qu'ils y avaient connu... C'était sobre, c'était modeste, c'était banal. Ça ne renvoyait à aucun argent, ça ne rappelait aucun statut. Parce qu'il avait eu tout le loisir de comprendre que ça n'était pas du marbre et des moulures qui faisaient d'une maison « la maison »... La jeune femme l'arracha à ses pensées en ouvrant le robinet de la baignoire. L'eau se mit à couler doucement. Son geste se drapa d'une indécence qu'il lui connaissait bien.

Alors, encore besoin d’arguments, Monsieur Gillespie, ou me suis-je montrée suffisamment convaincante ?

Willow s'efforça de mettre un terme à son raisonnement. Ça n'était pas le moment, n'est-ce pas ? Il leur restait un an, dans le meilleur des cas, un an durant lequel tout le monde se ficherait bien de savoir où il avait envie de commencer sa vie puisqu'il serait coincé dans un dortoir minable, avec un colocataire plus minable encore... du moins, s'il était encore là. Aussi finit-il par répondre à son sourire, haussant les épaules d'un air indécis.

Disons que tout dépend des arguments qu'il te reste à fournir.

Il délaissa enfin la porte à côté de laquelle elle l'avait abandonné et traversa la pièce à son tour pour rejoindre la baignoire. Il monta les marches allumées et laissa le bout de ses doigts glisser sous le jet.

C'est dommage de faire couler l'eau pour rien, non...? Pas très écolo, tout ça...
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August P. Rowle

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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyLun 14 Aoû - 3:43


HOLD ME TIGHT
Pour une nuit d’apocalypse, l’air était étrangement doux. Ils avaient à plusieurs reprises affronté des aubes à l’agonie, éclatées en un millier de morceaux tranchants après leurs explosions, après leurs attaques. Mais ce soir, alors même que le soleil ne tarderait plus à se lever par delà les hautes fenêtres de l’appartement, il n’était plus question de lutter, de se débattre aussi férocement pour que les taches écarlates du ciel restent encore un peu obscures, qu’ils puissent s’y abriter. Au contraire, ils avaient abandonné ; armures contre tendresse, épées contre caresses. Et l’aube pourrait embraser les ténèbres : Bluebell était convaincue qu’elle continuerait de sourire, peut-être de tristesse, peut-être de résignation, mais elle continuerait de lui sourire, ses doigts se promenant sur sa joue, ses lèvres à la recherche des siennes. Parce que même si la fin était proche, imminente, il y avait encore de l’espace pour espérer un autre début. Un meilleur départ. Plus rien de chaotique comme leur étreinte dans la salle abandonnée, plus rien de tragique comme leur indécision pourtant si certaine. Juste une évidence soignée, en poursuivant une relation qu’ils pourraient bâtir de leur assurance. Alors naturellement, cette nuit déchirée de leurs craintes ne pouvait que réverbérer cette douceur, ce silence imprégné de promesses. Chaque peur trouvait réponse dans des murmures amoureux plus forts que n’importe quelle détonation. Le monde pouvait s’arrêter de tourner, ils continueraient à vivre de cette seule connivence tissée d’amour et de sarcasme, d’ironie et de dévotion. “Mouais, disons que je veux bien te croire sur parole, pour cette fois... Mais seulement parce que je n'aurais pas le temps de vérifier s'il est vrai, ce mensonge” répondit-il, provocateur, dans un rictus presque menaçant. Bluebell y répondit avec la même insolence, laissant découvrir des canines qui auraient de toute évidence dévoré n’importe quelle proie qu’on aurait eu le malheur de lui présenter. “Rassure-toi, tous mes mensonges sont vrais. Par exemple…” Elle fit mine de réfléchir, comme si elle ne savait pas déjà où elle voulait en venir. “Et bien, je ne donnerais pas cher de la pauvre malheureuse qui se risquerait à t’approcher. Mais, libre à elle de vérifier la véracité de ces dires.” Elle pencha le visage comme un chat aurait contemplé un jouet particulièrement attrayant, avant de promener délicatement ses ongles sur le bord saillant de sa mâchoire. En vérité, elle n’était même pas sûre de réellement craindre qu’il aille voir ailleurs. Oh, c’était un risque inéluctable, il était beau, il était célèbre, il aurait toute la gente féminine à ses pieds s’il se disait intéressé… Mais il l’avait quand même choisie, elle, entre toutes ; c’était chez elle qu’il passait cette dernière nuit avant la rentrée et c’était aussi chez elle qu’il avait passé tout ce précédent semestre ; c’était chez elle qu’il se considérait chez lui. Non, ce qui l’inquiétait davantage, c’étaient les dévergondées, ces misérables qui auraient vendu leur corps pour un seul de son regard dans la décadence d’un monde qui ne connaissait plus rien au respect. Impitoyables… Et elle ne serait guère plus compatissante à leur égard si elle venait à les retrouver, ces catins en mal d’attention. Mieux valait qu’elles ne trouvent pas plus le temps que lui de tester la teneur de cet avertissement.

Mais soit, pour l’heure, il n’y avait plus qu’eux et d’ailleurs, pour l’avenir, il n’y aurait plus qu’eux aussi. Bluebell ne confiait sa loyauté qu’à de rares élus et de fait, Willow jouissait de toute sa confiance. Peut-être l’avait-il déjà compris à sa manie de le bercer à chaque malheur qu’il affrontait, à sa façon de le garder entre ses bras quand il n’avait plus la force de s’en défaire. Mais il lui sembla important de lui rappeler qu’elle était là pour lui et qu’elle avait la ferme intention de rester présente, qu’importe la suite. Il l’avait sortie des Enfers : à son tour de l’accompagner à travers chaque croisade. “Je le sais Blue, je te jure que je le sais. Et il ne faudra que dix mois, à peine, parce qu'il est hors de question de passer une seule petite seconde loin de toi dès que je serai débarrassé de cette école de malheur” répondit-il après avoir esquissé un sourire ému. Bluebell le lui rendit en miroir, troublée par cette affirmation comme si c’était la première. Il aurait pu - elle aurait voulu - la répéter encore des centaines de fois, pour le seul plaisir de l’entendre dire qu’il ne faudrait que dix mois, comme si c’était surmontable, aisé, comme si les aurevoirs conduiraient nécessairement à d’autres bonjours ; mais c’était le cas, n’est-ce pas ? Il était sûr de lui, elle n’avait pas le moindre doute en elle-même. Il la retrouverait, une énième fois, elle se jetterait encore à son cou, ils reprendraient cette vie qu’ils avaient décidé d’arpenter ensemble, parce que dans le fond, il n’était question que de ça : d’une existence qui battait son plein sous les pulsations de leurs coeurs, et qui ne s’endormirait que le temps de se revoir. La chaleur de cette certitude l’étourdit, si bien qu’elle n’avait plus que deux options. Se lover un peu plus contre Willow pour s’enivrer encore de son parfum et de sa peau, ou se relever pour reprendre contenance et lui offrir la légèreté qu’il méritait. Alors, la Serpentard se redressa, le prenant par la main pour lui présenter son appartement et ainsi prétendre qu’ils avaient encore toute la nuit devant eux pour les aveux et les réconforts. Se drapant de la dignité d’un rôle inventé, elle signala qu’elle lui préparerait le meilleur argumentaire, ce à quoi il répondit avec la même suffisance. “C'est qu'une jolie fille ne suffirait pas à me faire supporter un confort inexistant” répliqua-t-il ainsi. Bluebell laissa échapper un rire avant de prendre un air faussement indigné pour mieux seoir son personnage. Elle qui aurait pourtant parié que l’étroitesse de son dortoir à Poudlard avait été compensée par la merveille de sa personne ! … Soit, elle lui prouverait que cet endroit valait mieux, qu’elle y soit ou non. Mais parvenu à la cuisine, Willow prit un malin plaisir à critiquer une nouvelle fois sa visite. “Ah ? Parce que la propriétaire ne cuisine pas ? C'est un très mauvais point, ça.” Bluebell garda le silence, non sans rouler des yeux. Comme s’il pouvait légitimement se plaindre d’avoir un chef privé ! D’autant que si elle cuisinait, elle n’aurait guère la manucure aussi soignée, et elle ne doutait pas qu’il se plaindrait alors de ne plus lui connaître ces longs ongles dont il appréciait chaque caresse sur son échine. Elle embraya alors sur le salon, le défiant d’émettre une autre protestation. “Je ne sais pas qui est ton architecte d'intérieur mais tu le féliciteras de ma part. Ce canapé est d'une qualité divine... et le moelleux de ce tapis... à en faire des jaloux !” La raillerie de sa remarque constituait un excellent tremplin pour enfin rebondir. “Il y en a déjà, des jaloux” glissa-t-elle alors, juste à titre d’information, juste pour lui rendre la pareille et le taquiner en retour. Un énième vrai mensonge ; rien de plus.

Mais déjà, ils parvinrent à sa chambre. Willow jeta un regard presque décontenancé face à l’ampleur du matelas. “Mais je vais te perdre, dans ce lit” observa-t-il dans un souffle. Elle esquissa un rictus, sans percevoir la réelle inquiétude dans sa voix qu’elle n’interpréta que comme une énième plaisanterie. A sa décharge, il suggéra peu après de condamner la chambre d’amis pour en faire le dressing room tant espéré, précisant que les invités pourraient tout aussi bien dormir à l’hôtel. Bluebell croisa son regard dans un sourire amusé, mais résigné. C’était une excellente option - si l’ami en question n’était pas son jumeau, et qu’il ne méritait pas tout autant qu’elle de vivre dans cet appartement… Oh, elle n’avait pas l’intention de faire sa vie avec son frère, mais pour cette première année d’études, l’option était plus qu’évidente. Ils disposaient enfin de leur propre espace privé, rien qu’à eux, où planifier les pires manigances comme les meilleures ambitions, le tout à quelques pas du cœur de Londres. Le manoir leur reviendrait de droit, un jour ; mais en attendant, ils pouvaient profiter de la ville et de cette retraite loin de leurs parents adoptifs, en invitant qui bon leur semblait, n’importe quand… Sur cette agréable considération de liberté, Bluebell guida finalement Willow jusqu’à sa salle de bain. Elle ne consentit à se défaire de ses doigts que pour ouvrir l’eau de la baignoire, avec une idée bien précise en tête : celle de le convaincre tout à fait et de chasser ses dernières réticences de toute sa plus noble arrogance. Sûrement le comprit-il, se mettant à rayonner d’imprudence à son tour. “Disons que tout dépend des arguments qu'il te reste à fournir” décréta-t-il, visiblement peu enclin à capituler aussi vite. Elle soutint son regard dans un sourire entendu alors qu’il quittait le pas de la porte pour s’approcher. Elle l’avait détesté, cette nuit égarée dans les couloirs de l’école, pour toute l’insolence de son entêtement ; elle l’aimait follement, à présent, d’être aussi tenace, d’être aussi joueur. Il rendait chaque interaction divertissante, brillant de ses seuls rictus tirés de malice. Oh, bien entendu, elle appréciait tout autant ses élans de tendresse à son oreille, comme les démonstrations de fragilité quand il se surprenait à pleurer devant elle. Mais elle n’en était que plus fascinée de retrouver cette attitude effrontée, comme s’il maîtrisait tout, malgré tout ce qui lui échappait, comme si elle lui était due, malgré toute son indépendance. En vérité, elle adorait cette pensée. Il l’avait conquise en quelques répliques, et continuait de la garder pour lui à chaque moquerie complice, à chaque clin d'œil invitant. Elle ne se voyait appartenir à aucun autre regard. Il était parvenu à ses côtés quand ses prunelles glissèrent de ses yeux à ses doigts, qu’il glissa sous l’eau qui continuait de s’écouler dans la baignoire. “C'est dommage de faire couler l'eau pour rien, non...? Pas très écolo, tout ça…” nota-t-il alors qu’elle retrouvait ses iris. Bluebell étouffa un ricanement, fort peu sensible au sujet écologique (quand on possédait déjà le monde, l’avenir des futures générations n’était qu’une question dérisoire, qu’elle préférait même charitablement confier aux moldus pour mieux occuper la vacuité de leur temps), mais tout à fait sensible à la tension qui chargea soudain la salle de bain.

Alors, la jeune fille releva un peu plus le visage pour mieux considérer celui au-dessus du sien, se demandant comment diable il parvenait aussi aisément à passer de la tristesse à l’amusement, des confidences amoureuses aux jeux frivoles de charme. Comme ses cheveux, Willow rayonnait d’une infinité de nuances, si bien que parfois, il lui semblait qu’une vie entière ne suffirait pas à en comprendre tous les contrastes. C’était effrayant, mais ce n’en était que plus tentant, pour le plaisir d’élargir sa palette et de continuer à rêver en couleurs à ses côtés. Pour le plaisir de se dédier à cet homme lumineux où ses ombres n’avaient plus le moindre espace. “Oh mais, ce bien peut tout à fait être écologique” contra-t-elle alors en levant nonchalamment la main pour venir caresser du bout des doigts les contours creusés de ses abdominaux. “Et c’est justement l’un de mes meilleurs arguments.” Elle prit le temps de finir de dessiner la courbe de ses muscles avant de lui tourner le dos, non sans lui jeter un regard provocant par-dessus son épaule. Alors, seulement, elle retira l’ample t-shirt qui l’habillait pour se glisser, nue, dans le bain qui se remplissait en des remous parfumés. Juste de quoi lui montrer toutes les potentialités de cette élégante salle de bain sans pour autant lui révéler trop vite tous ses nombreux atours. “Alors, partant pour partager ce bain avec moi ? Juste pour la planète, cela va de soi” lança-t-elle d’une voix ronde et suave. Il aurait encore pu faire preuve de mauvaise foi et refuser cette invitation, pour la seule envie de lui donner tort comme il savait si bien le faire… Mais quelque chose lui disait que Willow, même en étant compétiteur, ne risquerait guère un tel pari. Le regard qu’il lui offrit, alors qu’elle prenait place dans le bain avec toute l’indolence dont elle était capable, hurlait la réponse qu’elle attendait tout aussi impatiemment. Parce que c’était lui, parce qu’elle serait toujours impatiente de sentir son cœur battre contre sa poitrine, ses phalanges s’accrocher fermement aux siennes. Après une vie de course effrénée contre ses ennemis, pour ses rêves, Bluebell n’aspirait plus qu’à ralentir la cadence, son quotidien prenant enfin le cours qu’elle espérait dans ses nuits les plus blanches de l’enfance. Mais avec Willow, c’était différent, fatalement, pour un curieux motif qu’elle ne s’expliquerait jamais mais qu’elle accepterait toujours. Elle s’empresserait de le retrouver, à chaque fois, et elle ne perdrait pas une seule seconde pour l’aimer. Il valait le sacrifice de tout son temps, à commencer par ces dernières heures de retrouvailles qui s’embraseraient bientôt avec l’aurore.
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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyJeu 17 Aoû - 11:08

HOLD ME TIGHT
juste une dernière fois
ft. @Bluebell E. Sherwin & Willow Gillespie
Bien sûr, il faudrait plus que d'une soirée pour parvenir à se défaire pour de bon des nuages qui menaçaient le ciel de leur histoire mais au moins étaient-ils parvenus à les éloigner. Leurs confidences avaient fait souffler un vent de confiance au pied de ce canapé, une confiance plus grande qu'ils n'en avaient jamais vraiment partagé. Qu'importe la distance, qu'importe les obstacles qui resteraient sûrement encore à affronter, Willow avait envie de croire qu'ils y arriveraient, qu'ils se retrouveraient plus amoureux encore, plus soudés qu'ils ne l'étaient en cette veille de rentrée. Alors, puisqu'il y aurait une suite, puisque ça n'était en rien des adieux, ils se laissèrent aller à retrouver une légèreté bienvenue, à se draper d'une insolence joueuse qu'ils maîtrisaient à la perfection. Ça faisait sûrement partie de ce qu'il préférait chez elle : cette capacité à s'enfoncer sur des chemins tapis de plaisanteries un peu douteuses et de sourires faussement menaçants. C'était toutes les chamailleries qu'ils n'avaient plus sérieusement qui prenaient vie dans ces sous-bois idiots. Elle jouait les femmes bafouées, il s'inventait des maîtresses, elle sortait les crocs, il feignait de rêver à d'autres caresses. C'était des rôles qu'ils connaissaient par cœur pour les avoir endossés pour de vrai, pour les avoir brandis comme des armes au milieu d'une guerre sans merci qu'ils avaient perdue tous les deux. Mais là où ça avait été pesant, blessant, presque humiliant, ça n'était plus qu'un jeu comme un autre parce qu'ils savaient qu'ils ne risquaient rien. Elle savait qu'il n'avait d'yeux que pour elle et il savait qu'elle se sentait en sécurité. Elle pouvait bien l'accuser de tous les maux, il savait n'être à l'origine d'aucun, il pouvait envisager de s'abandonner dans les bras d'une catin, elle savait qu'il ne se perdrait jamais qu'entre les siens. Il y avait quelque chose de rassurant à voir tout ce chemin parcouru, à comprendre combien ils avaient pu grandir, ensemble, combien ils avaient mûri. C'était l'adolescence qui agonisait aux portes de cette vie bien plus adulte qui leur tendait les bras.

Rassure-toi, tous mes mensonges sont vrais. Par exemple… Et bien, je ne donnerais pas cher de la pauvre malheureuse qui se risquerait à t’approcher. Mais, libre à elle de vérifier la véracité de ces dires.

Elle massacrerait son harem pour le seul plaisir d'être la seule à y régner... Enfin, si harem il y avait eu un jour. Et peut-être qu'il avait existé, vaguement, dans une autre vie, quand de l'autre côté du globe, on s'était pressé dans l'espoir d'en obtenir quelque chose. Après tout, n'avait-il pas été l'un des meilleurs partis de l'école dans un monde où il n'existait aucune aristocratie, rien d'autre que le pouvoir et l'argent ? Ici, c'était différent. Ça avait été vexant, au début... Son sang était pur, peut-être, mais son nom ne renvoyait à aucune heure glorieuse de l'histoire sorcière du pays, ses parents n'avaient jamais œuvré pour le massacre de non-majs innocents, ils ne s'étaient jamais non plus enveloppé d'une suffisance à vomir pour le simple fait d'avoir une lignée immaculée. Oh, ils étaient suffisants, ça oui ! Mais ils avaient toujours préféré mettre en avant leurs réussites sans tache, leurs positions durement gagnées, leurs relations qui leur ouvraient toutes les portes plutôt qu'une génétique hasardeuse qu'ils n'avaient jamais cherché à préserver plus que ça. Willow lui-même n'en avait toujours eu que faire. Bluebell partageait un sang aussi pur que le sien, peut-être, mais c'était encore une fois le fruit d'un hasard pour lequel il n'avait eu aucun regard. C'était elle qui lui plaisait, son arrogance, ses faiblesses, son intelligence, ses sourires de déesse... son sang n'avait aucun intérêt et il savait pertinemment qu'elle aurait pu venir d'une famille de sans-pouvoirs qu'il l'aurait aimée tout autant.

J'adore quand tu te montres possessive, susurra-t-il dans un sourire enjôleur.

Il y avait une part de vérité derrière cette bêtise, une lueur rassurée au fond de son regard clair. C'était agréable, non ? De se sentir suffisamment désiré pour qu'on ait envie de sortir les griffes, de se savoir appartenir à quelqu'un au point qu'on veuille le protéger comme on protégerait un butin. Comme une relation si totale, si intime, si importante qu'elle pouvait échapper à tout moment pour s'ériger en place forte et le couper d'un monde qui l'avait toujours un peu dépassé. Plus ou moins, en tout cas... Parce que s'il avait été élevé dans l'idée même de faire de sa vie une représentation, il n'avait jamais aspiré qu'à davantage de tranquillité. Fuir les regards moqueurs et jaloux de l'humanité, éviter d'offrir aux vautours de quoi engraisser leurs ragots, se défaire de cette image de digne héritier du couple Gillespie... Et c'était ce qu'il avait réussi à trouver entre les murs de son dortoir à Ilvermorny, protégé par les bêtises de Jake et Lucas ; c'était ce qu'il avait réussi à trouver dans l'appartement des Tasker, protégé par le regard inquiet d'Ashley ; et c'était ce qu'il avait trouvé dans ce placard du premier, protégé par l'amour de sa belle... Celle-ci finit d'ailleurs par s'arracher à son étreinte et attrapa sa main pour lui offrir, enfin, une visite de cet endroit qu'il serait sûrement amené à revoir quelques fois au cours des années à venir. Aussi se laissa-t-il entraîné d'une pièce à l'autre sans broncher. La chambre de Maxton, la cuisine, le salon dont ils avaient déjà eu l'occasion de profiter... et puis l'antre de Bluebell, immense, princière, effrayante. Ce lit dans lequel ils ne se retrouveraient jamais, ces meubles trop nombreux pour lui rappeler leur palais et cette salle de bain qui vomissait un luxe qui le mettait presque mal à l'aise. C'était idiot, bien sûr, c'était un environnement qui lui avait toujours été familier, des habitudes qu'il avait connues partout où il avait été... Mais qu'il n'avait jamais connues avec elle, qu'il n'avait jamais eues à partager dans le cocon qui avait été le leur. Ils s'étaient contentés d'un minimum de haut standing, bien sûr, mais d'un minimum quand même, juste assez pour être bien sans pour autant pouvoir voler la vedette à ces retrouvailles au milieu de leurs draps. Qu'est-ce qu'il en serait, dans un univers comme celui-ci ? Il s'imagina vivre avec elle dans une maison aussi grande que celle qui l'avait vu grandir. Toutes ces pièces dont ses parents avaient profité pour ne pas se croiser pendant des jours, pour donner l'illusion d'un couple soudé là où ils n'avaient fait que se mépriser... Il se souvenait d'éclats de voix, de portes claquant, des menaces et des colères, comme autant d'orages qui avaient grondés au milieu d'une maison paradisiaque. Il ne voulait pas de tout ça, lui, il voulait l'entendre vivre juste à côté, la frôler à chaque fois qu'il la croiserait dans un couloir. Il voulait râler, par principe, parce qu'elle mettrait trop de temps dans la salle de bain et n'avoir qu'à se retourner au milieu d'un lit trop juste pour la sentir sous ses doigts. Il ne voulait pas d'endroit où se cacher, pas de possibilité de lui échapper, il voulait vivre avec elle pour de vrai, pas seulement cohabiter dans un palais si grand qu'ils auraient pu seulement s'apercevoir. Est-ce que c'était idiot ? Oui, sûrement... Quand on pouvait avoir ce qu'il y avait de mieux, on n'était pas censés vouloir se contenter de moins. Mais finalement, au milieu de cet étalage indécent de marbre et de luxe, Bluebell le rappela à elle en ouvrant le robinet de sa baignoire, un regard provocateur planté sur lui. Il accepta de marcher dans son jeu. Non, d'y courir, d'y voler, d'y sauter même ! Il délaissa la porte, se rapprocha doucement d'elle, testa la température de l'eau d'un doigt expert. Elle lui offrit l'océan de ses jolis yeux pour se noyer, il s'exécuta docilement. Il voulait tout vivre, ce soir, comme pour braver le jour qui finirait par se lever. Collectionner les souvenirs auxquels se raccrocher, accumuler les belles images devant lesquelles rêvasser.

Oh mais, ce bien peut tout à fait être écologique.

Ses doigts se perdirent sur son torse, sur son ventre, dessinant les contours de ses muscles, lui arrachant des frissons sans fin.

Et c’est justement l’un de mes meilleurs arguments.
Quel hasard, fit-il remarquer d'une voix qui aurait tout aussi bien pu dire « quelle aguicheuse » tant elle se paraît d'un plaisir amusé qu'il ne cherchait pas à cacher.  

Sur quoi elle lui tourna le dos et ôta le t-shirt qui lui servait de chemise de nuit. Il suivit des yeux son ascension, vertèbre par vertèbre, et sa chute à ses pieds avant de se perdre dans le moindre des gestes de sa concubine. Ses orteils qui disparaissaient dans la baignoire, l'appui qu'elle dut prendre sur l'autre jambe pour se hisser à l'intérieur, l'eau qui remontait le long de ses cuisses, de son ventre, engloutissant ses courbes, recouvrant sa peau. Elle le savait, sans l'ombre d'un doute, et elle en jouait plus sûrement encore. Bluebell Sherwin était un monstre et lui il était faible, d'une de ces faiblesses qu'on porte fièrement en étendard.

Alors, partant pour partager ce bain avec moi ? Juste pour la planète, cela va de soi.
Juste pour la planète.

Il aurait pu lutter, évidemment, la faire languir un peu pour retrouver les champs de bataille qu'ils connaissaient si bien... mais il savait aussi qu'ils n'avaient peut-être pas le temps, ce soir, plus du moins. Qu'il fallait abandonner la guerre s'il voulait profiter de chaque seconde... aussi l'abandonna-t-il aussi facilement qu'il abandonna le pauvre tissu qu'il avait daigné réenfiler quand elle était partie avant de la rejoindre au milieu des remous. Il se fit une place entre ses jambes, se laissa aller tout contre elle, son dos contre sa poitrine, comme un pacha l'aurait fait contre son trône. Ses doigts se perdit dans des caresses abstraites le long de ses cuisses, ses lèvres se fendirent d'un soupir satisfait puis il rejeta la tête en arrière, les yeux à la recherche des siens, un sourire idiot et un peu railleur illuminant son visage.

Est-ce que le coussin est livré avec la baignoire ? Elle perdrait tout son charme sans.

Ne pas lutter pour une victoire qu'il ne pouvait remporter qu'en cédant, peut-être, mais sans jamais cesser de l'embêter pour autant, bien évidemment...
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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyDim 20 Aoû - 5:25


HOLD ME TIGHT
“J'adore quand tu te montres possessive.” Le sourire de charme qui accompagna cette révélation ne lui soutira qu’un sourcil arqué de surprise. Possessive ? Bluebell n’avait jamais pensé l’être, dans la mesure où il lui semblait seulement défendre ce qui était sien. En l’occurrence, elle savait n’avoir aucune emprise sur les actions de Willow. Dans les faits, il pouvait effectivement profiter de son absence pour jouer de sa confiance et ainsi espérer toutes les incartades ; en revanche, elle pouvait agir sur les facteurs extérieurs, ces pions (et surtout pionnes) à déplacer pour protéger son roi. Alors, bien sûr qu’elle aurait été prête à tout pour que ces courtisanes s’éloignent de lui, il en allait des fonctions mêmes de la reine capable de tout dans ce jeu où ils évoluaient. Les faire chanter si elle en avait le temps, les écarter plus franchement si elle privilégiait la rapidité. Et si elle espérait n’avoir à se préoccuper de rien dans cette année de distance, elle savait au fond d’elle-même que quelques coups seraient à prévoir. Mieux valait s’y préparer qu’agir sous l’impulsion de l’urgence, en témoignait un cadavre dans le train… Un léger sourire étira ses commissures en gage d’une réponse qu’elle ne fit pas l’effort de rendre verbale. C’était bien qu’il la considère possessive s’il trouvait ce trait charmant. Pour elle, il ne s’agissait que de l’évidence de son rôle - tout comme il avait été évident d’envoyer ce drap de fumier à l’autre écervelée de Poufsouffle, tout comme il avait été évident d’adresser cette lettre enflammée à l’autre catin de Gryffondor ; sans même mentionner le bain de sang offert à son ancienne colocataire de Serpentard. A vrai dire, de toutes ses adversaires, seule Judith s’en était tirée indemne. D’un autre côté, le roi à défendre était déjà tombé, et n’en déplaise à son envie brûlante de l’envoyer l’accompagner sous terre, elle ne valait ainsi guère son énergie. Cette partie-là était désormais terminée, quand bien même elle en conservait des fioles de souvenirs sur son étagère ou un long voile dentelé de noir dans sa comode. Le temps était écoulé, et elle avait de toute évidence trouvé un bien meilleur allié pour lequel se battre. Mais cette nuit était encore calme dans le silence qui précédait l’aube, si bien que Bluebell chassa ces considérations pour revenir au décor d’une scène qui hanterait prochainement sa mémoire. Attrapant les doigts de son amant, elle lui présenta chaque pièce avec le ton commercial de qui espérait obtenir un contrat au bout de l’affaire. A défaut de signer une promesse éternelle, elle pouvait bien rêvasser ses visites récurrentes, à Noël, pendant l’été, entre deux rencontres de fortune à Pré-au-Lard. Elle ne sut dire si l'appartement l’enchantait et choisit ainsi de pousser le deal par un dernier argument, qui n’avait d’ailleurs jamais échoué. Il le remarqua de suite, observant non sans ironie qu’il s’agissait d’un curieux hasard et de fait, elle retira le t-shirt qu’elle avait endossé en guise de robe de chambre pour lui offrir toutes les courbes dénudées de son dos avant de se confondre avec l’eau du bain. Drapé de toute sa mauvaise foi pour sauver son échec d’un peu de fierté, arguant qu’il le faisait juste pour la planète, Willow capitula aussi facilement, retirant à son tour le peu de tissu qu’il lui restait pour la rejoindre.

Il faisait assez sombre dans cette salle de bain, la seule lueur venant des lumières nichées sous les marches qui menaient à la baignoire centrale. Mais Bluebell parvint tout de même à distinguer très nettement les formes quasi sculptées de ses muscles tandis qu’il prenait place à ses côtés, du creux marqué de ses reins à l’oblique saillant de ses cuisses, avant qu’il ne lui offre les reliefs ciselés de son dos qu’il déroula doucement contre sa poitrine, installé entre ses jambes. Bluebell laissa échapper un souffle amusé tandis qu’il prenait ses aises dans un soupir, royal, rejetant son visage en arrière pour rencontrer ses yeux. Il lui renvoya le même sourire taquin, ses doigts dessinant des formes abstraites sur ses cuisses qu’il parcourait pensivement. Peut-être par l’effet de clair-obscur, peut-être par le laisser-aller de sa posture ou peut-être simplement parce qu’elle ne l’avait pas encore aimé aussi fort qu’en ces toutes dernières heures avant les séparations, il ne lui avait jamais paru aussi fascinant. Il n'était qu’à quelques centimètres de son visage mais elle en embrassait chaque particularité avec des yeux ronds, comme on regarderait une sculpture saisissante de précisions. Ce géant que toute l’Amérique adulait, cette figure publique flanquée sur la une de la presse internationale, ce jeune homme solaire que la grisaille de Poudlard convoitait l’avait choisie elle, pour prendre place ici, contre son corps, et s’y offrir dans sa forme la plus authentique, vulnérable. Et comme pour mieux s’assurer qu’il était bien tangible, qu’il était bien à elle, la jeune fille glissa ses bras autour de son ventre pour le retenir un peu plus. Si elle le serrait suffisamment, il ne pourrait plus se relever, n’est-ce pas ? Il ne pourrait plus quitter cette baignoire, il ne pourrait plus quitter son corps, et le jour se lèverait sans l’ombre de leurs inquiétudes, et ils s’appartiendraient encore sans plus aucun risque de se céder à d’autres ? La seule idée qu’il se lève et qu’il s’éloigne la terrorisait soudain, comme il s’agirait de le voir disparaître dans l’effervescence d’un monde où elle ne saurait le retrouver. S’il se levait, elle en était brutalement certaine de crainte, elle le perdrait. “Est-ce que le coussin est livré avec la baignoire ? Elle perdrait tout son charme sans” railla-t-il, bien loin de ses peurs. Bluebell esquissa un rictus avant de poser docilement sa joue sur son épaule pour continuer à le regarder tout en s’abandonnant à cette étreinte. Le bout de sa chevelure se mit à flotter dans le bain. “Seulement si tu acceptes de rester ma couverture... Je risque d’en avoir particulièrement besoin pour les vacances de Noël, ça tombe bien” répondit-elle en serrant un peu plus ses bras autour de son ventre. C’est que l’eau qui continuait de s’écouler pour les encercler n’était plus que secondaire face au confort de ce corps pressé contre le sien.

Dans les tréfonds de son malheur, elle avait été infiniment chanceuse. Elle l’avait effectivement rencontré au plus bas, alors si sonnée par une tragédie tapageuse qu’il ne lui restait en vérité pas de souvenirs très clairs de ce dîner mondain entre leur famille. Elisabeth était venue la chercher sur le seuil de son gazébo pour la presser de s’habiller en conséquence à défaut d’être en mesure de cacher cernes et teint pâle. Mais Bluebell était encore restée de longues minutes à fixer le vide avant de se résoudre à quitter son abri pour se mêler à ce monde qui continuait de tourner sans elle. Elle avait enfilé une robe en dentelles, noire lui semblait-il, puisqu’à cette période elle refusait d’exhiber le moindre reflet de couleur ; elle ne savait plus non plus ce qu’elle avait fait de ses cheveux ou si elle avait même lorgné sur le maquillage de sa coiffeuse. Peut-être était-elle descendue tout juste à temps en dépit de la sobriété de ses préparatifs, dans toute la langueur de son allure fantomatique, arrivant en bas des escaliers au moment où les Gillespie franchissaient la porte d’entrée - ou avait-elle dû présenter ses excuses d’être arrivée en retard ? Elle n’était sûre que de la révérence accordée à deux adultes clinquants et à un adolescent à la chevelure criarde qui avait percé son filtre monochrome. Bluebell essayait de se souvenir de ce regard échangé quand ils avaient été présentés ; en vain. Jugement, défiance, moquerie ? La nuance avait disparu dans son incapacité à s’ancrer dans le réel, tout comme elle ne se rappelait que quelques commentaires échangés sous leur désinvolture. L’un riait des circonstances, l’autre s’en agaçait, tous deux déterminés à s’en extirper au plus vite. Maxton avait fini par lui jeter un regard insistant, entre fromage et dessert, la priant de faire un effort ; elle était retournée à la contemplation vide de son assiette qu’elle avait à peine touchée. Voilà les seuls restes de cette étrange connivence, outre le regard que lui avait lancé Willow quand elle avait prononcé son prénom pour lui demander de lui passer le sel et qu’elle n’avait alors pas compris, se moquant bien de savoir qu’il préférait qu’on le nomme par ce stupide surnom dont on l’avait affablé. Les contours éthérés de cette soirée se superposèrent à l’imprécision de ce bain dans la pénombre, mais cette fois, Bluebell souhaitait en garder chaque trace, parce qu’elle était heureuse, parce qu’il s’était immiscé dans sa vie pour la tirer vers le haut, jusqu’à lui offrir cette place dans ce rêve qu’ils partageaient. Elle n’avait pas envie de se réveiller, de risquer à retrouver la réalité où elle était si triste, encore quelques mois plus tôt. Alors, elle posa délicatement ses lèvres dans le creux de son cou, embrassant sa peau avant d’y respirer son odeur par delà les pivoines du bain. “Moi aussi, je t’aime plus que tu ne peux l’imaginer” chuchota-t-elle en retard à sa confidence près du canapé. Elle entreposa un second baiser avant de poser sa joue contre la sienne pour regarder l'entremêlement de leurs corps dans ce bain. "Et je voudrais que ça ne s'arrête jamais" confia-t-elle tout bas. De toute manière, ils étaient en sécurité, ici. L'apocalypse aurait pu déchirer le ciel qu'ils n'auraient rien vu, à l'abri de leurs bras. Puis, elle s’empara doucement de son pendentif pour cette fois-ci contempler leur reflet, ensemble. Elle souriait. Avait-elle jamais souri de la sorte dans ce morceau de miroir quand il était encore dans la salle sur demande ? Certainement pas. Elle n’y avait laissé que le chagrin de son miroitement, et non ce bonheur obscène d’un amour aussi sincère. Et si elle croyait qu’il fallait être faible pour aimer, son reflet, désormais blotti contre le sien, lui parut plus fort. Willow n’était pas qu’une évidence. Il était cet avenir qu’elle n’avait même jamais osé espérer.
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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyDim 20 Aoû - 14:19

HOLD ME TIGHT
juste une dernière fois
ft. @Bluebell E. Sherwin & Willow Gillespie
Il n'existait plus rien en dehors de cette salle de bain, en dehors de cette baignoire qui se remplissait d'effluves florales, de cette fille dont le corps reposait contre le sien. Comment en étaient-ils arrivés jusque là ? Comment, au milieu des larmes, ils en étaient venus à se blottir dans les remous de ce bain sorti de nulle part ? Willow n'en avait aucune idée. Ça n'avait jamais été tout ça qu'il était venu chercher ce soir, il avait juste espéré quelques minutes de sa soirée, un baiser, une étreinte, un au revoir bien plus digne d'eux que celui qu'ils s'étaient offert avant ça... Mais, en même temps, comment aurait-il pu en être autrement ? N'était-ce pas la suite logique des derniers mois passés ensemble ? Une séparation forcée à la hauteur des retrouvailles qui avaient ponctuées leur année ? Une vie presque condensée en quelques heures à peine, pour essayer de rattraper le temps qui n'avait pas encore été perdu... Bluebell n'opposa pas la moindre résistance lorsqu'il se laissa aller contre elle, lâchant à peine un souffle amusé qui attira sur ses lèvres un sourire qui l'était tout autant. Son regard clair le détailla comme si elle le voyait pour la première fois. Il y avait quelque chose de troublant, presque d'un peu gênant dans cette admiration soudaine mais il ne se risqua pas à le lui faire remarquer, tout au mieux détourna-t-il les yeux pour les poser sur la peau laiteuse sur laquelle ses doigts s'étaient mis distraitement à dessiner. Elle sembla finalement revenir à elle, à lui, peu importe, et passa ses bras autour de son ventre dans une nouvelle étreinte. Il abandonna sa cuisse pour recouvrir ses geôliers de caresses. Ça n'avait jamais fait partie de leurs habitudes, ça. Elle s'était invitée plus d'une fois sous sa douche, il avait mis quelques fois à mal ses révisions studieuses, ils avaient pu comparer le confort de bien des canapés mais jamais, au grand jamais, ils ne s'étaient risqués à se blottir ainsi dans le cocon aquatique d'une quelconque baignoire... et pourtant, il lui paraissait n'avoir jamais fait que ça. Sa peau contre la sienne dans une tranquillité humide, sans chercher rien qu'un instant à faire de ce bien-être mérité quoi que ce soit de moins innocent. Elle avait fait éclater tout ce qu'il avait toujours imaginé d'une vie future, balayé l'image lamentable des couples, levé le voile sur la réciprocité possible de sentiments idiots... Il ne lui avait  fallu que six mois pour tout redessiner, six mois pour s'imposer avec une force telle qu'il n'avait même pas essayé de lutter. Oh, bien sûr, il prétendrait que si, agiterait en guise de preuves les combats ridicules qu'ils avaient mené... mais n'était-ce pas une parade nuptiale comme une autre ? Montrer les crocs, sortir les griffes pour prouver à cette autre qu'on était à la hauteur, qu'elle ne faisait pas peur ? Sa belle se rapprocha plus encore, abandonnant sa joue contre son épaule. L'aube se lèverait bientôt, le train finirait par quitter Londres. C'était trop tôt. Beaucoup trop tôt. Il ne voulait pas avoir à s'arracher à ses bras qui lui promettaient tout l'amour et la douceur qui lui avait toujours manqué. Il ne voulait pas s'éloigner de cette fille qui était devenue ce qu'il avait de plus précieux dans ce monde... Il voulait se noyer dans ce bain de marbre et de pivoines pour ne jamais avoir à faire le moindre pas sans elle à ses côtés.

Seulement si tu acceptes de rester ma couverture... Je risque d’en avoir particulièrement besoin pour les vacances de Noël, ça tombe bien.
Ça a l'air d'être une reconversion intéressante, fit-il remarquer dans un sourire amoureux.

Il n'avait rien contre l'idée de passer tout l'hiver vautré sur elle pour lui tenir chaud, ni tout l'été d'ailleurs, ni tout le reste de l'année. Il n'aurait jamais cru, en entrant dans cette salle en ruines, qu'il n'aurait plus envie de quitter cette adolescente chouineuse qu'il y avait trouvée... et pourtant. Elle posa ses lèvres dans son cou, il frissonna sans le vouloir. Les doigts du jeune homme glissèrent doucement entre ceux de sa compagne raffermissant cette étreinte avec une tendresse évidente. Il ferma les yeux, se laissant bercer par la respiration calme de Bluebell et le clapotis de l'eau qui achevait de les recouvrir lentement.

Moi aussi, je t’aime plus que tu ne peux l’imaginer.

Il ne lui fallut rien de plus pour le forcer à rouvrir les yeux et à tourner la tête vers elle. Il aurait voulu lui dire qu'il le savait... mais était-ce seulement le cas ? Oui, d'un côté... Il n'aurait jamais imaginé que cette fille qui avait passé son temps à le repousser et qui se targuait de ne même pas l'apprécier puisse l'aimer un jour. Et... en même temps... sans vraiment en douter, pouvait-on seulement être sûr de quelque chose comme ça quand on venait d'une famille comme la sienne ? Il savait que c'était des choses qui n'étaient pas acquises... Aussi l'entendre le lui répéter, le lui réassurer avait quelque chose d'apaisant, de rassurant. Elle posa sa joue contre la sienne, il pencha imperceptiblement la tête pour profiter plus encore de son contact. Il n'aimait pas particulièrement cet appartement qui lui rappelait bien trop ces endroits superficiels où il avait vécu, il n'appréciait pas vraiment non plus cette salle de bain qui lui semblait bien trop éloigner de celle qu'ils avaient partagée pendant des mois pour pouvoir trouver grâce à ses yeux mais il aurait voulu n'être nulle part ailleurs à cet instant précis, lové dans une bulle d'un bonheur à la fois éclatant et craintif.

Et je voudrais que ça ne s'arrête jamais.
Ça ne s'arrêtera jamais, Blue, je te le promets, souffla-t-il avec une certitude qui le surprit lui-même. Je t'écrirai aussi souvent que tu le voudras, je transplanerai jusque là dès que l'occasion se présentera, et on passera les vacances de Noël ensemble, aussi, si t'en as envie. Et à peine tu commenceras à remarquer que c'est pas exactement comme d'habitude que je serai de retour pour te servir de couverture jusqu'à la fin de tes jours.

Par Merlin qu'il avait envie de lui dire que ça ne s'arrêterait jamais parce qu'il ne montrait jamais dans le Poudlard Express, qu'il resterait à ses côtés qu'importe les conséquences d'un acte aussi stupide... Mais il s'en abstint. Pare que c'était stupide, justement, et qu'il n'avait pas envie qu'elle se retrouve obligée de le pousser elle-même vers cette année qui les tiendrait éloignés. Elle méritait toutes les caresses du monde, toute la tendresse de ce moment hors du temps ; certainement pas d'avoir à jouer les bonnes consciences en risquant de les blesser tous les deux. Finalement, les doigts de la jeune femme se défirent des siens pour aller se saisir de son pendentif. Elle observa leur reflet un instant, un sourire étirant faiblement ses lèvres. Elle était belle, dans ce morceau de miroir. Défait de tous les artifices du monde, sans retenue, à peine éclairée par la magie des marches qui les avaient menés jusque là. Elle avait l'air... presque heureuse, finalement. Et il n'avait jamais vu atour qui lui allait aussi divinement. Il se surprit à sourire à son tour, sans même s'en rendre compte, les yeux rivés sur ce qu'il apercevait de la Princesse des Glaces... qui portait de plus en plus mal son titre, finalement.

Qui aurait cru qu'on fera un si joli tableau, hein ?

Son sourire s'agrandit davantage alors qu'il posait ses lèvres sur la joue de la jeune femme.

J'ai hâte qu'on puisse l'afficher en grand au-dessus de notre cheminée.

Il n'était pas certain que ça soit du meilleur goût, bien trop vieux jeu sûrement, mais si elle y avait ce même air-là, il était prêt à faire un effort juste pour garder une trace du bonheur qui avait l'air d'avoir été sien, rien qu'un instant au moins...
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August P. Rowle

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Points Défis:
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Message(#) Sujet: Re: Hold me tight (Willow & Blue) Hold me tight (Willow & Blue) EmptyJeu 24 Aoû - 13:58


HOLD ME TIGHT
Malgré l’imminence de la fin du monde qui agitait son spectre derrière les fenêtres, dans la clarté d’une aube qui ne tarderait guère à se lever, les restes de cette nuit à l’agonie demeuraient étrangement doux. Toutes les apocalypses auxquelles elle avait survécu l’avaient écorchée, déchirant son univers d’éclats tranchants - le dernier soubresaut de nerfs d’un père enragé, le murmure strident de la mort de Finnbjörn, la peau arrachée des mains de Maxton quand elle y avait planté ses ongles pour ne pas s’en éloigner. Autant de cataclysmes qui avaient coulé du sang, versé des larmes, détruit l’espoir ; alors, elle avait naturellement levé le menton en saluant Willow quelques jours plus tôt, les dents serrées pour mieux retenir cette douleur si familière. Mais ce soir, alors qu’elle respirait la peau du jeune homme serré contre elle, il n’y avait pas d’amertume, rien d’autre que ce parfum boisé entrecoupé des pivoines qui coulaient dans leur bain. Les caresses de ses doigts sur ses bras étaient douces, prévenantes, réconfort qui la protégeait mieux que l’armure qu’elle avait délaissée près de la baignoire. Bluebell était nue et ne s’était pourtant jamais sentie aussi en sécurité que dans cette étreinte, où sa vulnérabilité était ainsi embrassée d’un amour plus aveuglant encore que les lueurs qui menaçaient l’horizon. Ils devraient se dire au revoir, pour de vrai, ils devraient se quitter, pour de bon, jusqu’aux prochaines retrouvailles entre les feuilles mortes, dans la décadence d’une saison qui ne serait bientôt plus la leur parce que les bourgeons s’étaient ouverts et que les fleurs s’étaient desséchées. Mais ce n’était pas grave, ce n’était plus grave. Tout ce qui comptait, c’était cette tendresse qui ne promettait pas une bulle qui percerait à la première averse, mais un foyer où elle pouvait se sentir chez elle. Et ici, elle n’avait pas à craindre la moindre tempête, parce que ce qu’ils partageaient était solide, parce que ce qu’ils deviendraient serait immuable. Willow répondit à sa plaisanterie sur le même ton détaché, comme s’ils ne sous-entendaient pas déjà un avenir par delà la conclusion de ce présent. Bluebell lui rendit son sourire, naïve, amoureuse, heureuse, aussi, car il n’y avait plus aucun sens à faire preuve de réserve maintenant qu’elle était défaite de toute défense. Et ses mains vides, dépourvues d’armes, purent ainsi accueillir les doigts de l’Américain qui vint serrer ses phalanges entre les siennes. Elle lui admit l’aimer plus qu’il ne pouvait l’envisager, elle se permit l’espoir que ces sentiments ne s’arrêtent plus. Sa joue posée contre la sienne, elle accueillit l’appui de son visage alors qu’il laissait aller son crâne contre ses cheveux. Leurs genoux dépassaient à peine du bain qui continuait de s’emplir, marquant chaque seconde d’un écoulement bien plus rassurant que la pluie. “Ça ne s'arrêtera jamais, Blue, je te le promets” lui promit-il aussitôt dans un souffle. Elle ferma les paupières comme pour mieux imprégner ces mots qui pouvaient ainsi briller dans le noir - parce que cette promesse scintillait d’assurance et qu’elle en adorait la lueur. “Je t'écrirai aussi souvent que tu le voudras, je transplanerai jusque là dès que l'occasion se présentera, et on passera les vacances de Noël ensemble, aussi, si t'en as envie. Et à peine tu commenceras à remarquer que c'est pas exactement comme d'habitude que je serai de retour pour te servir de couverture jusqu'à la fin de tes jours” enchérit-il en lui étirant un sourire de plus en plus large à mesure qu’il parlait au futur.

“Jusqu’à la fin de mes jours” répéta-t-elle dans un murmure en rouvrant les yeux. Fut un temps où elle pensait y être parvenue, à cette fin. Quand elle avait été incapable de quitter ses draps pendant plusieurs jours en revenant d’Ecosse, le regard absorbé par des chimères abritées dans les ombres de sa chambre, quand on lui avait empêché de se noyer dans la pensine, poussée en arrière par l’ensorcellement pour l’éloigner de souvenirs pourtant bien plus glorieux que le noir de son deuil. Mais Willow avait débarqué dans ce manoir hanté, lui offrant un nouveau départ qui avait attendu l’intimité de l’hiver pour s’élancer. Et il lui jurait désormais qu’il serait là jusqu’à la prochaine fin, la vraie fin, parce que tant qu’il resterait à ses côtés, elle ne risquait plus aucune chute, raccrochée à ce corps qui pulsait d’une vie qu’elle ne souhaitait plus que partager. En miroitement de ces songes, elle se défit doucement des doigts du jeune homme pour attraper le miroir qui ornait son cou et refléter leur étreinte, curieuse de ce qu’ils renvoyaient dans leur abandon. Elle souriait encore, il souriait toujours. “Qui aurait cru qu'on ferait un si joli tableau, hein ?” considéra-t-il en étirant ses lèvres de malice. Bluebell laissa échapper un ricanement quand il embrassa sa joue, laissant son sourire s’agrandir d’une joie qu’elle n’aurait effectivement jamais pensé se miroiter. Elle s’y était vue nerveuse, arrogante, désespérée au fil de ses drames, mais jamais aussi simplement heureuse, aussi sincèrement elle-même, sans le moindre artifice pour sembler glaciale. A quoi bon ? Il faisait bon, dans ce bain, tout contre sa peau. Il l’avait réchauffée de ses baisers, de la force de son affection. Elle n’avait plus à prétendre d’être froide - elle brûlait pour lui, elle irradiait grâce à lui. “J'ai hâte qu'on puisse l'afficher en grand au-dessus de notre cheminée” glissa-t-il alors à son oreille avant de reposer son crâne contre le sien. Bluebell laissa retomber le pendentif pour tourner son visage vers lui, ses yeux s’attardant d’abord dans ses prunelles avant de descendre sur ses lèvres. “Fais attention, ou je vais vraiment finir par t’épouser, Gillespie” répondit-elle dans un rictus qu’elle voulait menaçant mais qui n’en était que plus incitateur. Son regard revint aux iris du jeune homme et elle se demanda si les siennes reflétaient la même soudaine effusion. Certainement, à en juger l’urgence qu’elle ressentit à poser ses lèvres sur les siennes, à attraper son visage entre ses mains, à s’approprier son souffle pour retrouver sa respiration. Certainement, car de toute évidence, il acceptait le risque ; et Bluebell lui aurait dit oui tout de suite s’il était amusé à lui proposer d’être sa femme, parce que dans le fond, elle était déjà à lui et ne voulait personne d’autre que lui, qu’importe que le jour se lève et qu’importe qu’il lui soit arraché. Il serait toujours sur son cœur qui s’était repris à battre sous son propre pouls. Alors, évidemment que l’aube ne lui faisait plus peur ; ce n’était pas vraiment la fin, ce n’était qu’une suite, lumineuse, brillante, après une nuit bientôt blanche comme les contours de leur avenir.
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