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A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy)
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Message(#) Sujet: A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) EmptyJeu 6 Juil - 13:41


a voice whispers in the gales
@Septimus Veturia

Ça va, on a tous nos travers. Tu vas pas me juger juste parce que j’ai les miens… T’es irréprochable, toi, peut-être ? Daisy fronça les sourcils avant de tourner le visage vers Dash, en train de dévorer son assiette de riz. Il leva le nez en sentant peser sur son profil ses deux yeux un brin humides, mais le sourire confiant que lui renvoya sa meilleure amie suffit probablement à le tranquilliser pour retourner à son repas. C’est que ses sourires trompeurs étaient aussi sincères que ses sourires spontanés à force de se persuader que ces voix inopportunes étaient normales. Voilà, c’est bien ce qu’il me semblait. T’es clairement pas la Sainte-Nitouche que tu crois, alors laisse-moi être imparfait aussi ! Mais si elle était habituée à se cacher derrière des sourires, le masque n’était pas assez solide pour tenir la durée des crises. Les apparences étaient fragiles, presque autant que sa volonté déjà ébranlée. Fatiguée. Ce voyage était éreintant, prétendre que son père ne lui manquait pas, qu’elle appréciait ces activités manuelles, qu’elle avait l’appétit de cette assiette encore pleine entre ses doigts. T’es toute aussi fêlée que moi, en fait. Alors ne viens plus me faire de leçons de morale, tout ça parce que j’ai des goûts particuliers. Daisy se retint de lever les yeux au ciel, aussi bien pour considérer l’étendue immaculée de ses rêveries que pour fuir les larmes qui menaçaient de s’écouler de ses orbites, avant de reposer son assiette encore pleine devant elle. Non mais arrête de pleurnicher, c’est bon… Tu vois ce que tu me fais subir au quotidien ? Tu crois que… “Je reviens” annonça-t-elle soudain à son ami alors qu’elle se levait d’un air décidé. Ce dernier ne protesta pas, parce qu’il s’était fait à son manque d’appétit, à ses sautes d’humeur, à elle. Il n’insistait jamais, il connaissait ses limites qu’il respectait. Et ce fut donc par respect qu’il la laissa lui esquisser un geste de la main en guise de salutation avant qu’elle ne disparaisse plus loin, empruntant un chemin qui menait, par delà les huttes, à une petite réserve de palmiers et autres bois tropicaux, touffus, gorgés d’humidité, opaques aux regards.

Elle avait repéré cette zone le jour de son arrivée. Là où tous les élèves n’avaient eu d’yeux que pour les plages découvertes, imbibées de lumière, Daisy s’était appliquée à chercher un recoin préservé. Il lui était rare de s’aventurer en dehors de territoires connus, et si elle avait retenu quelque chose de son arrivée à Poudlard, c’était la nécessité de s’éclipser des regards quand elle faillait. Les rumeurs l’avaient longtemps suivie, presque autant que les voix qui la rattrapaient encore. Et si elle se savait en capacité de tenir devant les autres, elle avait aussi besoin de céder quand les circonstances le lui permettaient. Epuisée de ses journées, à des milliers de kilomètres de chez elle, elle n’avait pas envie de serrer les dents, mais au contraire, de laisser ces murmures glisser entre ses lèvres muettes. Sérieusement, arrête de me faire passer pour le méchant. C’est toi qui es comme ça, pas moi ! “Ça va aller, Daisy” chuchota-t-elle à elle-même en pressant le pas. “C’est pas grave, ça va passer…” Je t’ai dit d’arrêter ! Ça suffit, là… “Ça va aller” répéta-t-elle tout bas, curieusement blanche à en juger le superbe temps estival. Allez, c’est bon. Ça va aller, que je te dis. La bienveillance feinte de cette voix anonymisée supplanta la sienne et un hoquet lui échappa. Daisy s’enfonça davantage dans la réserve, cherchant par delà les larmes de ses yeux un passage parmi les plantes où croupir en paix. Quelques pas plus loin, le chemin poursuivait à droite et elle choisit ainsi de s’enfoncer à gauche, enjambant un palmier un peu tordu pour se nicher de l’autre côté. Ses jambes cédèrent presque aussitôt, comme son corps aurait choisi d’être en sécurité et de se laisser soudain aller à la panique si fièrement retenue ; et elle s’agenouilla en enfouissant son visage entre ses mains, les phalanges serrées autour des noeuds de ses cheveux emmêlés d’embruns. N’existèrent alors plus ni la brise de la mer, ni les piaillements des oiseaux colorés et encore moins la texture rêche du tronc dans son dos ; rien d’autre que le noir de ses paumes et les échos d’un inconnu qui jurait que tout irait mieux. Elle en avait entendu, des aveux pathétiques, mais elle devait reconnaître que ceux-ci suintaient d’une mauvaise volonté qui aurait été risible si elle n’avait elle-même pas eu besoin de ces mots. De fait, ils n’en furent à cet instant que plus insultants.

Ah, si elle avait été à la maison. Elle s’imagina recroquevillée sur son lit, à compter jusqu’à quatre pour inspirer, compter jusqu’à quatre pour retenir son souffle, compter jusqu’à quatre pour expirer. Elle aurait ensuite descendu les escaliers pour donner les détails attendus par son père, puis elle aurait eu quelques journées de paix avant la prochaine crise, méticuleusement contenue. Mais ici, que lui restait-il pour s’isoler de ces pensées ? Ce palmier tordu. Et si elle se savait toute aussi singulière, cette prise de conscience lui coupa le souffle. Elle ne serait jamais normale, qu’importe ses efforts ; elle serait toujours réduite à cette gamine accroupie dans un coin à attendre d’aller mieux sans ne jamais pouvoir l’être. Daisy perdit le compte et ne sut plus si elle devait inspirer ou expirer ; elle songea que Papa la trouverait bien stupide de n’être même pas capable de compter jusqu’à quatre ; et elle lâcha un râle de colère avant de rouvrir les yeux sur la lumière aveuglante de l’après-midi. Attends, regarde, j’ai une surprise pour toi. “Mais je m’en fiche” sanglota-t-elle en passant une main rageuse sur ses paupières. Ce qu’elle s’en fichait de ces secrets, de ces gens ! Pourquoi la poursuivaient-ils, elle qui n’attendait rien d’autre que son père et d’ailleurs, était-il tard en Irlande, ou tôt, avait-elle le temps de courir à sa hutte et de noter ces bribes d’information, de les lui envoyer, ou jugerait-il qu’elle avait agi trop tard et auquel cas, ne valait-il pas mieux ne rien lui dire et passer cette crise sous silence, prétendre qu’elle allait bien, comme elle le faisait déjà tout le temps, oui, pourquoi pas une fois de plus, ce ne serait de toute évidence par la dernière. Tu vois comme je tiens à toi ? Alors ne va plus dire que je suis un salaud. “T’es un salaud” pesta-t-elle en passant une nouvelle fois ses doigts sous ses yeux. Oh, elle ignorait tout de cet interlocuteur, mais la manière dont son timbre se réverbérait dans son crâne était désagréable ; et puis, il venait de gâcher son déjeuner ! De ternir ses vacances ! Elle se mordait les lèvres pour s’empêcher de râler plus fort quand ses yeux croisèrent un regard. Elle manqua de sursauter en identifiant leur nouveau concierge, accueilli par un je savais que ça te plairait ma puce qu’il ne devinerait jamais. Mais avait-il deviné le reste ? Y avait-il seulement quelque chose à deviner ? Non, bien sûr que non, elle allait bien, terriblement bien, et elle lui renvoya ainsi un sourire sans la moindre émotion, de ceux préfabriqués par son père. “Bonjour” l’accueillit-elle sobrement en faisant mine de s’asseoir sur le tronc. Ses jambes tremblaient toujours, mais moins que son cœur d’être surprise en ces circonstances. Elle n’était pas d’humeur.

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Septimus Veturia

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Message(#) Sujet: Re: A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) EmptyJeu 6 Juil - 20:13



A voice whispers in the gales






feat. L. Daisy Gibson

Septimus haïssait la vie en communauté. Il haïssait les repas bruyants, le raclement des écuelles, les discussions anodines pour meubler le silence ; faire semblant qu’on ne se connaissait pas et qu’on n’avait rien à se dire. Lui, il n’avait rien contre le silence, bien au contraire. Il mourait d’envie d’un peu de silence, d’un peu de paix et de tranquillité. En temps normal, le roulis des vagues, le bruit du vent dans les feuilles et le crissement doux du sable sous ses pieds étaient un plaisir synesthésique, mais ajoutez à cela l’agitation humaine et ses piaillements incessants… Il avait besoin de calme, et rapidement. Ses oreilles bourdonnaient et ses mâchoires craquaient à force d’être serrées à s’en fissurer.

Les échanges enthousiastes de ses collègues autour du repas lui donnaient la nausée.

Trop de bruit.

Pourquoi les autres n’avaient-ils pas conscience de tout ce tintamarre ? C’était insupportable. Les bruits de lèvres, les dents qui claquent, le frottement de la peau, les rires trop aigus, les exclamations trop fortes, les éternuements qui prenaient en otage comme une crise cardiaque… Il pensait pourtant avoir surmonté une bonne partie de son hypersensibilité auditive avec son retour à Poudlard, mais force était de constater qu’il y avait une nette différence entre le vaste château et ces îles étriquées. Ils avaient beau être moins nombreux, ils se marchaient dessus (enfin, à son humble avis).

Et puis, qui avait décidé qu’il fallait partager une chambre, franchement ? Il trouvait déjà extrêmement douteux d’entasser des élèves bourrés d’hormones dans les dortoirs toute l’année, mais s’il fallait également que les adultes soient privés de toute intimité pendant le voyage scolaire… Qu’est-ce qu’ils voulaient, à la fin ? Que la promiscuité les rende fous en permanence, sans possibilité de s’entendre penser quelques heures ?

Entre ça et la cohabitation avec Jaimie, c’était le pompon. Il l’aurait sans doute étranglé dans son sommeil d’ici la fin du voyage. Et peut-être qu’il pourrait enfin goûter à un peu de sérénité – et de solitude, surtout de solitude. Ce n’était pas que le professeur d’étude des moldus était désagréable, c’était surtout qu’il bougeait ses affaires. Le sorcier détestait qu’on touche à ses affaires, même s’il s’agissait simplement de les déplacer de façon arrangeante. Il savait tout de même mieux que ce benêt où il voulait ranger ses affaires ! Et allons-y pour les insomnies, parce qu’il ronflait lorsqu’il était fatigué, ce blaireau.

Un pli de culpabilité barra son front, tandis qu’il s’écartait des huttes pour s’éloigner à grandes enjambées, la poitrine près d’exploser. Non, il ne pensait pas sincèrement que Jaimie était un blaireau. Pas plus qu’il ne détestait les élèves. C’était juste que… C’était trop. Il avait besoin d’air.

Tant pis si tout le monde se demandait pourquoi le concierge avait précipitamment fui ce moment convivial en délaissant sa pitance.

Il ne voulait pas devenir ce monstre aigri et détestable qui surgissait à chaque fois qu’il fermait les yeux, éternellement englouti par ce cauchemar qui le harcelait depuis mai. Il ne voulait pas se glisser dans la peau de ce jeune Septimus qui contemplait les corps inertes de ses camarades avec une flamme ardente dans le cœur ; une flamme vorace et incandescente qui menaçait de tout détruire sur son passage s’il ne s’éloignait pas au plus vite de cette rancœur et de cette haine qui grandissaient dans les recoins sombres de son crâne abîmé.

OK. Respire.

Il n’en pouvait plus d’être entouré de gens en permanence. S’il s’écoutait, il porterait ses filtres auditifs sans discontinuer ; cependant il aurait probablement été de mauvais goût de laisser un élève se noyer par inadvertance pour échapper au bruit.

Mais il adorait les jeunes et Jaimie, bien sûr. Juste… pas vingt-quatre heures sur vingt-quatre, coincés sur un archipel désert.

De toute façon, s’il ne s’isolait pas rapidement, il allait faire une crise. Étant donné son agitation, elle ne serait pas jolie à regarder ; autant s’éloigner le plus rapidement possible pour faire retomber la pression et s’éviter une (nouvelle) humiliation publique. Oh, ça ne serait probablement pas la première fois qu’il se tournait en ridicule, mais il préférait conserver cette image de gentil petit concierge pataud plutôt que de la troquer contre celle du timbré qui gémit et crie en se griffant le visage. Et puis, bon… S’il pouvait s’éviter de pleurer jusqu’à l’épuisement, il préférait se l’épargner.

Septimus pesta tout bas lorsque son tee-shirt se prit dans une branche épineuse, écorchant sa peau pâle et fragile lorsqu’il tenta de se dégager. C’était bien sa veine ! Le seul endroit calme qu’il s’était dégoté se trouvait par-delà une frange tropicale pleine de cochonneries piquantes. Grommelant en reprenant sa route, il continua de lisser nerveusement les plis invisibles de son short en chuchotant des écholalies pour apaiser la furie galopante qui ruait derrière son front en réclamant de détruire le premier objet venu.

Ses dents déchirèrent ses lèvres alors qu’un flash aveuglant le forçait à se rattraper au premier tronc venu, haletant. Coupé dans son élan, il s’accroupit en appuyant ses paumes contre ses paupières pour dissiper l’image déplaisante qui avait tranché net sa conscience, comme un éclair zébrant le ciel un soir d’orage noir.

L’espace d’un instant, il s’était vu hoquetant et sanglotant en plein milieu de la grande salle, entouré de bouches pleines de dents découvertes sur des rires à n’en plus finir. Ordinairement, il ne s’agissait que d’un souvenir corrompu par la colère, mais cette fois, il avait senti le choc répétitif de ses poings contre son front et entendu le cri d’un adulte ; la chronologie n’était pas très claire. Le cri était-il avant ou après qu’il se fut emparé de sa baguette en souhaitant que leurs têtes éclatent comme des tomates mûres ?

Septimus dut ravaler la bile qui lui brûlait la gorge, écœuré.

Non, refusa-t-il tout bas.

Il tâtonna pour s’accrocher au tronc qui l’avait soutenu quelques instants plus tôt, puis se releva sans ménagement ; comme pour se punir d’avoir envisagé ne serait-ce qu’une demi-seconde de faire un parallèle entre sa colère présente et la haine brûlante qui lui mangeait les joues il y a vingt ans.

La peur qui s’était insinuée entre les os crochus de sa cage thoracique avait considérablement calmé son agitation. Il ignorait si c’était une bonne chose ou non, et s’il aurait préféré faire sa crise dans son coin plutôt que d’être arrêté net par une bribe de souvenir confus.

La main sur le tronc, il demeura un court moment immobile. Son ouïe fine avait capté d’étranges sons en provenance de sa gauche. Une voix ? Une jeune voix, même. Fronçant les sourcils, il quitta sa cachette pour s’avancer dans sa direction ; sans remarquer l’étonnante brûlure qu’avait laissé sa main sur l’écorce du palmier.

Ne cherchant plus à se faire discret, il tenta au contraire d’être le plus bruyant possible – ironique, n’est-ce pas ? Il ne voulait pas surprendre quelqu’un. Pour sa part, il aurait détesté être abordé sans prévenir.

À mesure qu’il s’enfonçait entre les arbres tropicaux, le sorcier se sentit perdu. Il aurait juré ne s’être jamais aventuré dans ce coin-là depuis le début du voyage. C’est-à-dire qu’il n’avait pas tout à fait le temps d’explorer les environs ; il avait eu fort à faire dès qu’il avait déposé sa valise dans sa hutte.

Enfin, la voix se précisa, plus distincte, dégoûtée :

— T’es un salaud.

Cette fois inquiet pour la sécurité de sa propriétaire, Septimus allongea le pas et s’empressa de la dénicher. Il ne lui fallut que trois pas supplémentaires pour cela. Recroquevillée contre un palmier tordu, une jeune fille auréolée d’une cascade de cheveux blêmes et emmêlés leva des yeux humides vers lui. Déstabilisé, le concierge pencha légèrement la tête de côté en s’immobilisant. Que faisait-elle là ?

— Bonjour, lança la jeune fille en s’asseyant sur le tronc.

Elle s’était fendue d’un sourire, mais une impression désagréable hérissa les fins poils qui couraient le long de sa nuque. Il connaissait ce sourire ; ce sourire automatique qu’il distribuait sans même y penser. Et maintenant qu’il y réfléchissait, il connaissait ce visage. Il n’avait pas de nom, mais il se rappelait les interrogations qu’il avait fait fleurir à quelques reprises au cours des derniers mois de l’année scolaire.

Il s’agissait d’une élève de Serdaigle – peut-être une cinquième ou une sixième année ? Plusieurs fois, il avait noté au détour de certains couloirs qu’elle s’isolait du groupe, à la recherche de calme. Le concierge se souvenait que ses lèvres bougeaient, avec la même fébrilité que celle qui semblait l’animer à cet instant précis malgré son calme apparent. S’il n’était pas un fin analyste du comportement humain, il savait reconnaître la détresse quand il la voyait – pour l’avoir vécue souvent et la vivre encore. En outre, ce n’était pas la première fois que son attitude soulevait une inquiétude sourde chez l’adulte ; il voyait en elle un simulacre de ses crises, à lui.

L’envie vive de lui assurer son soutien naquit naturellement, sans qu’il n’ait davantage à y réfléchir.

Bonjour, répéta-t-il en miroir, d’une voix étonnamment posée pour quelqu’un qui frôlait la rupture quelques minutes plus tôt.

Son visage était encore probablement marqué par l’épuisement ; les traits tirés, les commissures affaissées, le front plissé de souci. Il n’avait pas l’énergie de prétendre avoir envie de sourire. Au lieu de cela, il se dégota une souche à proximité et s’y assit en silence, las. Au moins ici, c’était calme.

Il écouta les oiseaux chanter, les feuilles s’agiter et le bruissement de ses longs doigts nerveux contre son poignet qu’il tapotait très légèrement dans un rythme bien précis. Ses yeux trop clairs se promenèrent sur la faune qui habitait les hauteurs de la réserve, sans faire mine de s’intéresser à l’adolescente. Il était assez clair qu’elle n’avait de toute manière pas la moindre envie de parler. Lui-même n’en crevait pas d’envie, pour être honnête. Ce qui tombait plutôt bien ; parfois, le soutien passait par la tranquillité.

Septimus laissa filer encore quelques minutes, avant de lancer d’un air badin, le nez toujours en l’air :

Toi aussi, tu viens chercher un peu de paix ?


HRP:


KoalaVolant



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Dernière édition par Septimus Veturia le Lun 10 Juil - 18:50, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) EmptySam 8 Juil - 8:53


a voice whispers in the gales
Daisy n’avait pas peur de grand chose, peut-être même de rien. Les poissons pêchés sur le rivage étaient moches, mais pas effrayants ; comme cette énorme araignée qu’elle et sa colocataire avait un jour retrouvée dans un coin de leur hutte. Elle n’avait pas non plus peur d’un raz-de-marée, dans la mesure où elle aurait au contraire adoré être absorbée par l’océan pour s’y noyer. Quant à la solitude, si loin de Papa, elle était peuplée de ses rêveries et de Dash. Elle avait hâte de le retrouver et c’était cet empressement qui lui donnait une motivation le matin, épaulé des coups de coude de son meilleur ami quand il voulait récupérer son attention. Même ces murmures au creux de ses oreilles ne l’inquiétaient pas. Oh, bien sûr, les premières fois où ils s’étaient manifestés, elle s’était recroquevillée dans ses draps, persuadée qu’elle perdait la raison ; mais elle s’était faite à la folie, comme elle s’était faite aux visions, comme elle s’était faite aux yeux rouges de Papa. Et à force de s’y faire, c’était passé. Plus de visions, plus d’yeux rouges. C’est bien que les craintes étaient futiles et que de s’en embarrasser n’était qu’une futilité dans une vie qui valait largement la peine d’être vécue. Seulement, elle n’était pas effrontée comme Dash, ou forte comme son père. Elle demeurait une petite princesse fatiguée par des délires qui l’enfermaient dans sa tour le temps que l’orage passe. Et cette après-midi là, le soleil resplendissait au-dessus de l’îlot. Elle n’avait pas envie d’être séquestrée par ces sifflements, non, elle aurait voulu profiter avec les autres, ou toute seule, même, qu’importe. Elle voulait briller avec le ciel et non se ternir dans le noir de ses paupières. Alors, elle fit ce qu’elle savait faire de mieux : sangloter dans un coin, à l’abri de cette vie qui valait pourtant la peine d’être vécue. Elle maudissait sa condition mais elle se détestait encore davantage, de ne pas être capable de se maîtriser, d’attendre une normalité qui ne viendrait pas. Car si les visions avaient disparu, son don ne s’était pas évaporé pour autant, restant incrusté sous sa peau comme le sel de la mer. Il sédimentait à présent dans ses larmes, rondes, qui glissèrent de rage le long de ses joues. C’était injuste. Le mot tournait en boucle dans son esprit à mesure que l’imbécile se justifiait auprès d’une autre chimère invisible. Injuste qu’il se soit approprié son crâne, injuste qu’elle ne puisse pas se précipiter vers Papa, injuste qu’elle soit cachée derrière un palmier aussi tordu que sa personne. Un raz-le-bol plus terrifiant encore qu’un raz-de-marée, parce qu’elle n’était qu’une petite créature terrifiée par ses propres profondeurs.

Puis une ombre apparut dans son champ de vision et la petite créature dut montrer les crocs. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire qui laissa apparaître ses dents, cordial, alors qu’elle faisait mine de s’installer sur le tronc. C’était Papa qui lui avait appris à sourire comme ça, et elle s’était entraînée devant son miroir pour le maîtriser à la perfection. Après tout, c’était un rôle qui lui allait à merveille, celui de la jeune fille sage, aux longs cheveux d’or. Ses yeux étaient encore un peu trop rouges pour le bleu de ses prunelles mais enfin, les apparences étaient sauves et c’était tout ce qui importait dans l’esthétisme de son conte. Lançant un “bonjour” à la volée, Daisy guetta le nouvel arrivant dont les traits ne lui étaient que vaguement familiers. Il s’agissait de leur nouveau concierge, bien sûr, mais ils n’avaient véritablement jamais échangé, se contentant de quelques regards dérobés dans le hasard de rencontres au sein des couloirs. Il n’était personne, tout comme elle ne lui disait rien. Un vide qui aurait pu perdurer s’il ne choisit pas de lui retourner sa salutation avant de prendre place sur une souche à proximité. Bon, maintenant, on peut peut-être reparler du plan… C’est vraiment important que tu me suives là-dessus. Réprimant une grimace, Daisy détourna le regard pour scruter la densité du bois qui s’étirait autour d’eux. Elle aurait préféré retrouver l’obscurité de ses paumes mais à présent, un inconnu qui n’en était plus vraiment un était à ses côtés ; mais elle n’avait pas l’énergie de l’entretenir ; mais elle n’avait pas envie de faire la conversation ; mais elle n’en avait pas le choix ; mais comment formuler des mots cohérents et ordonnés quand l’autre bougre listait une série d’action incohérente ? On se retrouve au portoloin, puis on prend deux chemins différents, moi Nord, toi Sud, et ensuite… et ensuite ils fileraient à la recherche d’une personne nommée Kate et ils reviendraient par la forêt, une brise s’éleva et fit frémir les branches au-dessus d’eux, un oiseau chantonna, et Kate devrait être immobilisée, probablement inconsciente pour mieux suivre la cadence, et un rayon de soleil glissa sur ses jambes dont la peau s’échauffa aussitôt, et il fallait surtout veiller à ne pas paniquer parce que quand même, elle était du genre émotive et les flics les auraient vite retrouvés en suivant ses gémissements.

Daisy se perdit entre ces deux mondes de longues minutes avant de se souvenir qu’elle n’était plus seule. Septimus, en face d’elle, n’avait pas bougé d’un pouce. Il contemplait silencieusement le décor tropical autour d’eux, tapotant d’un geste régulier son poignet. Il était étrange, c’était un fait. Pourquoi s’installer là et ne rien lui dire, pourquoi cette gestuelle nerveuse ? Mais Daisy aimait bien l’étrange, surtout quand il lui permettait d’oublier le sien. Elle était en train d’esquisser un imperceptible sourire, les yeux portés sur le concierge qu’elle ne regardait même pas vraiment, quand il éleva à nouveau la voix. “Toi aussi, tu viens chercher un peu de paix ?” Toi aussi. C’était ce qu’il voulait, la paix ? Il ne l’avait pas déjà, lui dont le cerveau devait être si agréablement silencieux ? Tu verras, si tout fonctionne, c’est la réussite assurée ! Tu vas adorer. Je t’adore. Elle avait manqué la fin du plan, mais l’espace d’une seconde, ce n’était pas vraiment important, elle avait déjà retenu les premiers détails et disposait de suffisamment de contenu pour rédiger une lettre à Papa. “Ça fait du bien” acquiesça-t-elle doucement. Il lui sembla que le concierge baissait les yeux pour retrouver son regard et elle le détourna en conséquence presque aussitôt. Elle n’avait pas envie de lui renvoyer autre chose que le miroir inexpressif devant lequel elle s’entraînait à être irréprochable. Mais elle n’avait pas non plus envie d’écouter celui qui parlait dans son crâne, il était désagréable et quoiqu’elle ait fait, Kate ne méritait probablement pas ce qui se tramait pour elle. A force de voir des victimes puis de les deviner dans les projections de leurs bourreaux, Daisy était parvenue à retenir son empathie qu’elle ne dédiait plus qu’à ceux du monde réel. Oh, bien sûr, toutes ces personnes étaient réelles ; mais égoïstement, elle préférait se concentrer sur ce qu’il y avait autour d’elle plutôt qu’au-dedans. Ce fut au détour de cette pensée que ses yeux se reposèrent sur Septimus. “Première fois ?” lui demanda-t-elle alors. Il ne lui semblait pas l’avoir déjà vu échapper à la foule, peut-être parce qu’elle ne l’avait jamais réellement vu, ou parce qu’il ne semblait alors pas essayer de fuir quoi que ce soit. Il était encore un étranger, uni à elle cependant d’un bonjour préservé dans cette forêt plus silencieuse que ses songes. Ça les reliait forcément un peu. Ça l’ancrait nécessairement un peu plus à cet espace protégé où ses ravisseurs n’avaient pas accès. Il n’y avait que le tumulte de son crâne et un concierge presque aussi bizarre qu’elle.

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Septimus n’attendait pas vraiment de réponse. C’était une proposition, une tentative ; elle pourrait choisir de ne rien répliquer, de l’ignorer ou de bouder son aide. Pourtant, le sorcier avait la conviction intime de trouver dans le profil éthéré de l’adolescente une espèce de pair. Cette façon de s’isoler à répétition, de parler seule… Il ne pouvait pas s’empêcher d’y plaquer la réminiscence d’un moi abandonné, auquel personne n’avait jamais essayé de comprendre quoi que ce soit. C’était une réaction naturelle, bien sûr. Sortir de la norme, s’écarter du sentier rassurant que tout le monde – ou presque – empruntait était dangereux ; mais lorsque son propre corps avait décidé, sans lui laisser le choix, qu’il s’enfoncerait dans les fourrés, il avait signé sa mort sociale. Tous l’avaient observé avec inquiétude s’éloigner, persuadés qu’il se perdrait et terrifiés que son sort ne devienne le leur s’ils l’imitaient. En son âme et conscience, il ne pouvait donc pas abandonner cette petite à la solitude qu’il ne connaissait que trop bien.

Si cela signifiait contempler paisiblement la cime des arbres qui peuplaient la réserve et reprendre tranquillement ses esprits en compagnie d’une élève silencieuse, soit. Il n’en prendrait pas spécialement ombrage, étant donné qu’il s’agissait d’une possibilité qui lui convenait – à défaut de le satisfaire pleinement. Il n’avait aucunement l’intention de forcer qui que ce soit à franchir le pas qui les séparait ; il s’était avancé, mais ce n’était pas sa place de combler la distance à lui seul.

Quelques secondes, légères et glissantes comme du sable, s’écoulèrent avant que la jeune fille ne confirme son sentiment :

— Ça fait du bien.

C’était donc bien ce qu’il lui semblait. Il y avait davantage qu’une adolescente échappant à un drame interpersonnel et au babillage de ses camarades ; il y avait, chez elle, une familiarité qui détonnait et lui démangeait l’occiput. Cette impression grattait nerveusement son crâne comme un jeune lapin élargissant sa galerie, se frayant un chemin vers des tunnels plus sombres, mais peut-être plus propices à la construction d’une garenne fonctionnelle – quoique plus complexe. Guidées par cet instinct inattendu, ses prunelles délavées se posèrent sur le visage de son interlocutrice ; comme brûlée, elle les fuit. Était-ce de la crainte ? De la honte ? De l’agacement ? Ou éprouvait-elle, précisément comme lui, des difficultés à soutenir le regard d’autrui ?

Oui. C’est agréable, approuva-t-il sans chercher absolument à maintenir le contact visuel.

Si elle avait besoin d’espace, il le lui donnerait. Pour sa part, il appréciait la distance qui les séparait et le calme qui enveloppait leur bulle à l’écart du monde qui bourdonnait au cœur du village. Elle laissait la place à une présence sauvage, posée et vibrante ; propice à la réflexion, à la prise de recul et à l’apaisement. Septimus se sentait vif, éveillé.

Attentif et, cette fois, véritablement ancré dans le moment présent, le concierge appuya ses coudes sur ses genoux cagneux et joignit ses mains agitées. Le bruit de ses paumes sèches et calleuses émettant un doux frottement répétitif l’apaisait. Un instant, il regretta de ne pas avoir emporté ses habituelles figurines, qu’il trimballait un peu partout dans ses poches d’ordinaire ; il lui suffisait alors d’y enfouir les doigts pour les faire courir le long des lignes familières du bois sculpté. Ce simple contact libérait instantanément une grande partie du poids qui pesait sur sa poitrine. Pour l’heure, il devrait se contenter de sa peau et de la distraction d’une rencontre surprenante.

Contre toute attente, la benjamine reposa les yeux sur sa silhouette anguleuse. Septimus pensait devoir patienter plus longuement avant qu’elle ne daigne s’intéresser à lui. Les gens avaient rarement envie de lui adresser la parole ou de regarder en face cet amoncellement de petites bizarreries qui faisait immanquablement naître un sentiment de malaise impalpable chez les autres.

— Première fois ? s’enquit-elle.

Un sourire amusé, craquelé comme une terre calcinée par le soleil impitoyable, étira ses commissures marquées de rides. Avec douceur, il secoua la tête, qu’il enfouit entre ses mains pour lisser son expression. Passant des ongles impeccables le long de son cuir chevelu vieilli avant l’heure, Septimus rejeta ses mèches argentées pour dégager son front avant de relever un visage fatigué. La lassitude appuyait sur ses épaules, comme un corps sans visage qui tenterait de lui maintenir la tête sous l’eau jusqu’à ce qu’il cesse de lutter. Parfois, il était tenté.

Non, ce n’était pas la première fois. Et ce ne serait jamais la dernière. Il en serait ainsi pour le restant de ses jours, à moins qu’il n’y mette fin prématurément.

Tandis qu’un rayon de lumière s’insinuait entre deux lourdes feuilles de la palmeraie, baignant la moitié de sa face d’une chaleur agréable, il abaissa paresseusement les paupières. Ainsi, il lui fut plus facile d’être transparent ; bercé par cette sensation de disparaître dans le monde de la sensorialité plutôt que dans celui des mots. Il n’y avait que l’honnêteté, brute, et la palpitation discrète de deux pouls perdus au milieu du bruissement de la réserve.

Le monde est bruyant, choisit-il de répondre d’une voix feutrée. Ou, plus exactement, les humains sont bruyants, corrigea-t-il avec un petit rire assourdi.

À nouveau, quelques grains de sable filèrent, emportés par la brise marine qui s’enroulait le long de leurs pieds dénudés – comme une caresse apaisante. Les poils de ses avant-bras se hérissèrent dans un frisson, de plaisir ou du vertige donné par le shot d’adrénaline qui accompagnait tous ceux qui se penchaient sur le vide depuis la corniche surplombant la mer, en songeant qu’il y avait peut-être des rochers coupants masqués par les vagues ; ou l’instant merveilleusement suspendu du plongeon accueilli par les profondeurs généreuses de l’eau saline ; le bonheur d’être en vie, de se sentir vivant.

J’ai besoin de solitude, souvent, confia-t-il dans un murmure. Pour ne pas exploser.

C’était la vérité, nue et sans fioritures. Certains détails n’étaient sans doute pas partagés, pas partageables, mais la simplicité de cet aveu était sincère. Il tentait maladroitement de créer un lien, une connexion avec cette créature blême et fragile qui lui faisait face sans qu’il puisse déterminer s’il était capable de lui tendre une main secourable. Peut-être même se trompait-il du tout au tout en choisissant la voie du territoire neutre ; en choisissant sciemment d’oublier quelques heures qu’il était un adulte, qu’elle était une adolescente ; qu’il était un membre du personnel, qu’elle était une élève ; qu’il était perdu, et qu’elle le semblait tout autant.

Mais là, viscéralement, inexplicablement, il sentait qu’elle n’avait pas besoin d’une figure d’autorité ; pas besoin de paternalisme ; pas besoin de s’entendre dire que ça irait. De temps en temps, tendre l’oreille et la main était tout ce qu’il y avait de bon à faire.

Ici, maintenant, ils n’étaient personne et ils n’avaient pas de nom. Ils ne se devaient rien, sinon un pacte de silence seulement troublé par les vocalises chantantes des paradisiers.


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Dernière édition par Septimus Veturia le Lun 10 Juil - 18:50, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) EmptyLun 10 Juil - 18:42


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Une brise venue de la mer circula à nouveau parmi la palmeraie et Daisy se surprit à fermer les paupières quelques secondes, juste le temps d’en sentir les frémissements salins sur sa peau. Elle adorait les plages, parce qu’elle adorait l’océan, et même si elle ne se serait jamais résolue à l’admettre de vive voix, elle adorait tout autant les forêts. Si elle pestait à l’idée de s’aventurer à leur ombre elle qui préférait danser sous le soleil, les ondulations aléatoires des feuilles et les secousses de leurs branches sous l’éclat du vent lui rappelaient les roulements des vagues. Un va et vient fascinant, une constance hasardeuse, une singularité habituelle. Tout ce qui lui rappelait que la nature était bien faite dans ses imperfections et qu’il n’y avait rien de plus authentique que ces manifestations spontanées. “Oui. C’est agréable” acquiesça le concierge qui semblait à nouveau contempler la flore autour d’eux. Daisy se risqua en conséquence à lui jeter un nouveau regard, prenant désormais le temps de détailler ce visage qu’elle avait limité à quelques esquisses de souvenirs imprécis. Il semblait vieux. Ses cheveux grisonnants tombaient sur un front ridé, en dessous duquel perçaient deux prunelles curieusement claires, comme en reflet d’une jeunesse qui tentait de se débattre en surface pour ne pas couler dans les froncements de l’inquiétude. C’était peut-être ça. Il n’était peut-être pas vieux, juste préoccupé, et Daisy se surprit à ressentir une forme d’empathie à cette pensée. Papa avait le même problème ; oh, il semblait bien plus jeune et vigoureux, large d’épaules et prêt à dominer ce monde qui lui appartenait tout entier ; mais elle n’avait pas manqué ces ridules dans les coins de ses yeux et au bord de ses commissures, gages d’un stress qui le précipitait vers une vieillesse anticipée. Il était sous pression et la pression lui serrait le visage. Le pire était encore après une semaine d’interventions, généralement, il revenait comme s’il était cuit à la vapeur. Le sommeil le requinquait et c’était bien pour cela qu’il était si beau quand il faisait la sieste les samedis après-midi. Il retrouvait son âge véritable, peut-être même son âge passé, quand elle n’était encore que son petit bébé. Se pouvait-il que Septimus trouve cette paix, lui aussi, dans quelques moments d’égarement assoupis ? Ses cheveux d’acier continueraient de rappeler ses décennies. C’était là la chance de Papa. Il était d’un brun immaculé, même si quelques cheveux blancs tentaient de se débattre parmi la masse. Le concierge était physiquement condamné - mais il pouvait encore gagner le combat qui se déroulait sur son visage. Daisy était parvenue à cette conclusion quand elle lui demanda par conséquent si c’était la première fois, sans préciser la nature exacte de sa question. La vibration de ses cordes vocales entre ses oreilles se heurta aux échos de la voix qui y résonnait déjà, comme deux vagues s’écrasant l’une contre l’autre. Et à force, l’une d’elle effacerait son adversaire. Daisy était terrifiée à l’idée de perdre sa conscience dans cette lutte aquatique et dans le même temps, elle aimait l’idée d’être une sirène, quelque part entre les deux camps, obtenant finalement gain de cause comme elle avait toujours su remporter le peu qui lui appartenait sous le domaine de Papa.

”Le monde est bruyant” lui répondit-il doucement. Les vagues retombèrent avec fracas en une multitude de gouttelettes scintillantes sous les rayons rasants du soleil au-dessus d’eux. Un son cristallin de pluie et puis, plus rien. Même l’autre idiot qui continuait de rassurer sa partenaire semblait avoir baissé d’un ton sous la violence de cette rencontre - brutale, saissante, marquée. ”Ou, plus exactement, les humains sont bruyants” précisa-t-il sous son regard troublé. Mais il ne les voyait pas, ces pupilles, non, il avait même fermé les paupières, rendant le petit rire qui suivit ces aveux encore plus sincère. Il riait du cœur, pas de circonstances, dans la mesure où il ne les voyait pas, ces circonstances, tout aussi reclus dans son monde qu’elle l’était malgré leur proximité physique. Daisy entrouvrit les lèvres sur une observation qui ne vint pas. Elle ne savait pas quoi dire, car aucun mot n’aurait pu être assez exact pour exprimer ce qu’elle ressentait. C’était comme si elle venait d’être touchée en plein dans son essence et comment qualifier cette essence elle qui était multiple sans être personne et d’ailleurs, comment retrouver cette flèche plantée en elle quand Septimus n’avait même pas essayé de la blesser ? C’était une simple réponse tranquille, bien que fuselée à l’identique de sa matière. Le monde était bruyant, les humains l’étaient, affreusement aurait-elle même pu ajouter, comprenant cette allégation qui martelait son expérience de vie, forgeron de ses tragédies et de sa solitude. Il avait encore les yeux fermés à son égarement quand il ajouta, sans même lever la voix, ”J’ai besoin de solitude, souvent.” Daisy hocha la tête comme pour mieux avaler ces confessions. ”Pour ne pas exploser. Et pourtant, il lui sembla bien que son esprit explosa à cet instant, deux nouvelles vagues s’affrontant dans un duel dont les embruns roulèrent jusqu’à leurs épidermes, nouvelle brise venue de la mer derrière eux. Peut-être l’autre causait-il toujours, en tous cas, elle ne l’entendait plus, sentant ses propres réflexions remplir son crâne comme de l’eau aurait rempli une cruche, parce qu’elle n’était plus une cruche vide, ah ça non, elle n’était pas la seule à se sentir parfois au bord de l’explosion juste pour ce bruit qu’il y avait partout. Le pire, c’est qu’elle adorait ces stimulations auditives ; mais celles de la nature, celles de la vie, pas celles des complotistes meurtriers à ses oreilles, pas celles de ses angoisses disséminées dans des voix toujours plus éthérées. Les humains étaient bruyants, affreusement,, ils parlaient, ils manigançaient, ils tonitruaient, tout ça pour occuper un espace qu’ils n’auraient jamais, et voilà qu’ils possédaient son esprit pourtant jusqu’alors si joliment plein de rêveries. Elle aurait préféré son imagination et les craquements des troncs des palmiers, le roulement des vagues et les chansons rapportées par Dash quand il actionnait son petit lecteur (qui n’était même pas enchanté) et qu’il lui donnait une oreillette (était-ce le terme exact ?). C’étaient ces bruits-là qu’elle aimait, et tous les autres n’étaient que des parasites qui lui donnaient envie d’exploser pour s’en débarrasser définitivement, de s’exploser, aussi, sur ces rochers en contrebas des bateaux de parchemin.

Mais il était vieux. Comment avait-il tenu ? Daisy n’avait pas peur de la mort et pensait souvent que sa vie s’arrêterait assez tôt, à force de côtoyer des cadavres dans sa tête, à force d’entendre des fous régner son propre monde. Elle savait aussi qu’elle risquait constamment d’exploser, de s’exploser, ou même d’imploser, comme les sous-marins quand ils étaient mal constitués et qu’ils s’écrasaient sous la pression. Papa la tenait bien, la pression. Elle, en revanche, n’était pas aussi solide, et elle s’aventurait toujours plus profondément dans les abysses de sa démence. Alors quel était le secret de cet inconnu qui en était un de moins en moins ? “La solitude vous suffit ?” s’entendit-elle demander dans un souffle, loin de la consistance qu’elle avait démontrée jusqu’à présent. C’est que le miroir s’était fissuré, frappé en plein milieu par un reflet tout aussi effacé que le sien, quoique parfaitement défini dans ce petit abri qu’ils s’étaient constitué sous les palmiers. “Des fois, j’aimerais une autre méthode, plus simple… Plus rapide. C’est long, de ne pas exploser.” Elle esquissa un sourire qui aurait pu paraître triste s’il n’était pas sincère, teinté de la candeur de qui admet une vérité tellement évidente que son objectivité lui retire toute tristesse. C’était un fait, point. C’était long de tenir, et c’était une autre raison pour laquelle Daisy n’avait pas peur de projeter sa mort. Loin de vouloir raccourcir sa vie, elle avait conscience de la difficulté de chaque jour, tout simplement parce que le temps ne glissait pas sur elle comme sur les autres. Un vilain petit canard qui luttait dans la mare quand les jolis cygnes pouvaient simplement s’envoler pour s’éloigner des giclures des années. “Vous avez quel âge ?” La question était dénuée de jugement. Ce n’était même pas pour s’expliquer ses cheveux blancs ou ses rides, encore moins pour connaître un éventuel secret à répéter, déformer et amplifier au reste de l’école (si tant est qu’elle eût suffisamment d’amis à qui l’annoncer). C’était une véritable curiosité pour elle-même, pour savoir jusqu’à quel âge elle pouvait prétendre. Combien d’années encore à tenir le coup et à s’isoler en plein repas pour réfréner des pulsions qui n’étaient même pas les siennes, pour supporter des bruits toujours plus cacophoniques et pour disparaître quelques instants de la surface du monde au profit des profondeurs d’elle-même. Ce concierge qui n’était personne, en ces quelques échanges pourtant si succincts et même désintéressés, l’une d’abord peu attentive et lui ensuite tranquille, devint soudain quelqu’un, cette version d’un avenir qu’elle n’avait jamais envisagé et qui faisait pourtant sens à la lueur du soleil tropical. Avait-il vraiment fallu partir à l’autre bout du monde pour rencontrer un semblable ? Le sourire de Daisy se ternit un peu, plus modéré. Rien ne lui disait que c’était vraiment un semblable. Elle avait seulement envie d’y croire, parce que ça lui avait fait oublier les voix dans sa tête qui n’étaient plus qu’un filet lointain, à peine plus ferme que le vent qui chatouillait à présent ses chevilles. Elle croisa les jambes et cala davantage son dos contre le tronc derrière ses épaules, comme pour prendre du recul sur cette rencontre fraîche, mais profonde. De fait, Septimus était une blessure. Restait à savoir si elle allait s’en sortir avec cette seule égratignure de mots tranchés, ou si elle y perdrait davantage sous la violence d’une âme toute aussi déjantée.
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Message(#) Sujet: Re: A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) EmptyMar 11 Juil - 14:13



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feat. L. Daisy Gibson

Le craquement du bois et le doux sifflement du vent entre les lourdes branches qui les entouraient étaient en soi une expérience auditive relaxante. C’était prendre conscience, y compris les yeux clos, que l’on n’était jamais véritablement seul, qu’il y avait de la vie jusque dans le silence. Le puissant grondement de la mer en fond ajoutait à cette impression de vivacité naturelle, préexistante. Les embruns, le sable et l’odeur du sel parfaisaient cet instant synesthésique qui rappelait à Septimus combien il était présent, ancré dans cette réalité qui parfois semblait lui échapper comme des gouttes de rosée sous le soleil levant. Dans la solitude qu’il recherchait si souvent, la nature avait une place prépondérante ; au-delà de l’isolement, ce qu’il voulait, c’était l’apaisement. Il lui avait fallu de nombreuses années avant de le trouver, avant de comprendre ce dont il avait besoin.

Le problème n’était pas le bruit lui-même, pas plus que les humains. Le sorcier pouvait s’accommoder de nombreux bruits, de nombreuses sensations et de nombreux humains, pourvu qu’ils respectent qui il était et ce que ses sens réclamaient. Il détestait le puissant jet du pommeau de douche qui lui lacérait la peau comme des milliards de minuscules rasoirs, mais il adorait les gros grains de pluie qui tombaient lourdement sur son long nez, roulant jusqu’à sa pointe pour y perler comme une larme. Il détestait l’éblouissement de la lumière du soleil à son zénith caniculaire, mais il adorait l’ombre tremblante produite par la luminosité diffuse des bougies de sa chambre. Il détestait le frisson d’horreur qui le faisait bondir lorsqu’une main l’effleurait, mais il adorait les caresses lentes d’une paume légère sur sa chair.

Tout était une question de mesure.

Un murmure, à peine audible, lui fit relever les paupières :

— La solitude vous suffit ?

Le concierge pencha légèrement la tête, comme pour mieux promener ses yeux bleus sur le visage soudain vulnérable de la jeune fille. Dans cette question, il y avait toute la puissance d’une intimité inattendue, écorchée. Alors qu’elle s’était comportée jusqu’ici avec distance, prudence, cette interrogation trancha dans l’air les derniers faux-semblants qui pouvaient encore subsister dans l’atmosphère lourde d’orage – pas d’un vrai orage, mais une tempête qui couvait déjà depuis l’instant où leurs yeux s’étaient rencontrés. Les lèvres pouvaient mentir, mais les prunelles recelaient la crudité d’un miroir sans tain. Il n’y avait que nous dans ce reflet, et aucun moyen de savoir ce qu’il se passait derrière ; ou même s’il y avait quelqu’un pour écouter.

La solitude ne suffit jamais, concéda-t-il avec cette douceur qui le caractérisait. Elle a son utilité, bien sûr, mais il est nécessaire de trouver un équilibre. Par exemple, trouver des personnes avec qui on peut être seul ; des personnes qui nous laissent respirer, fermer les yeux et les ignorer. Des personnes qui nous laissent vivre, en somme. Tout ce dont j’ai besoin, c’est de calme. Peu importe qui me l’apporte.

Il ignorait si cette réponse éclairait l’élève. Le concernant, la solitude absolue était un refuge, mais il pouvait également se satisfaire de la présence d’autrui si on le laissait en paix ; sans l’empêcher de se balancer, sans l’empêcher de frotter ses mains, sans l’empêcher de murmurer tout bas. Quelquefois, il avait besoin qu’on l’étreigne fort – qu’on le ramène sur terre en appuyant de toutes ses forces contre son corps, afin qu’il se souvienne que les autres n’étaient pas que l’enfer et que cette terre n’en avait pas encore fini avec lui. Pour cela, il ne remercierait jamais assez Loyd, l’amant moldu qu’il avait laissé derrière lui dans cette vie d’exil. De lui avoir montré ce que signifiait le mot solidarité, de lui avoir prouvé qu’il pouvait être lui-même sans avoir à se cacher, de lui avoir caressé les cheveux sans un mot, jusqu’à ce que ses larmes se tarissent. Il nourrissait quelques regrets d’avoir quitté cette ancienne réalité, et cet homme comptait parmi eux.

La cadette reprit :

— Des fois, j’aimerais une autre méthode, plus simple… Plus rapide. C’est long, de ne pas exploser, ajouta-t-elle dans un premier sourire sincère.

Les pupilles de Septimus tremblèrent sous le choc. D’avoir percé le rideau d’ombre qui endeuillait ce visage pourtant angélique, un peu, mais surtout ébranlé par cette toute dernière phrase. « C’est long, de ne pas exploser. » Quels mots auraient-ils pu mieux résumer son existence que ceux-là ? Ne se réduisait-il pas à une longue suite d’explosions – magiques, émotionnelles, physiques – et à ses tentatives pour les repousser du mieux qu’il le pouvait ? Comment avait-elle pu toucher aussi juste, si vite ?

Oui, c’était long, pénible – cruel, même. Un peu pathétique aussi, au fond. Et puis, d’un autre côté, pourquoi se retenir d’exploser ? C’était une pensée qui le traversait souvent, avant qu’il ne se souvienne de la véritable explosion qui lui avait arraché ses pouvoirs. Grâce à l’initiative surprenante de Thomas, il savait désormais qu’ils étaient enfouis quelque part en lui et non tout à fait disparus ; mais toujours était-il que l’explosion lui avait volé sa vie. Ce n’était pas seulement la catastrophe qu’il fallait éviter à tout prix, c’était l’ennemie. La raison pour laquelle il ne devait et ne pouvait pas abandonner. La flamme de l’espoir brûlait encore en lui, ravivée par la découverte de l’apprenti garde-chasse, et il mourait d’envie de leur prouver, à tous, qu’il était capable de récupérer sa magie, de la maîtriser et de reprendre le contrôle de sa vie. Être affecté d’un trouble neurodéveloppemental n’était plus un frein, c’était une motivation supplémentaire ; la rage de réussir, de briller, de les éclipser – eux qui n’avaient jamais cru en lui, le raté, l’handicapé, le taré.

Tu as raison, admit Septimus du bout des lèvres. J’aimerais que ce soit plus rapide, plus simple aussi. De temps en temps, je rêve même d’exploser. Mais ça n’apporte rien, sinon plus de désespoir. Non, je pense que…

Le concierge s’humecta les lèvres, les sourcils légèrement froncés, tandis que ses pensées se bousculaient.

Je pense que ça s’apprend, que c’est possible de trouver de la sérénité si on accepte d’embrasser qui on est, acheva-t-il.

Oui, c’était exactement ce qu’il souhait exprimer. Se cacher, mentir, se contenir n’étaient pas des solutions ; pas si l’on aspirait à être heureux, du moins. Son cœur manqua un battement à cette réalisation, lui arrachant un cillement surpris. N’était-ce pourtant pas exactement ce qu’il faisait en dissimulant aux élèves qu’il avait perdu ses pouvoirs ? À la plupart de ses collègues qu’il était autiste ?

Ce fut donc désabusé qu’il se laissa prendre par surprise par une nouvelle question de son étonnante interlocutrice :

— Vous avez quel âge ?

L’adolescente croisa les jambes et se renfonça contre le tronc tordu du palmier, comme pour mieux s’installer dans un coin douillet de la chambre d’un ami. Septimus, quant à lui, demeura un moment déstabilisé par cette curiosité qui paraissait suivre méticuleusement le prolongement de ses propres réflexions, sans pourtant qu’aucun mot ne soit posé dessus.

Quel âge avait-il ? Cela lui arrivait d’oublier. Quelle importance, quelque part ? Plus on vieillissait et plus ces chiffres perdaient de leur sens. Néanmoins, il choisit de répondre, soudain frappé par la possibilité que la jeune fille se trouve avoir exactement quinze ans – cet âge où il avait tressé cette corde, où il l’avait glissée autour de son cou et sauté presque sans la moindre hésitation dans le néant qu’il convoitait désespérément. Mais la corde avait rompu. Il devait bien y avoir une raison à cela, non ? Cette situation, cette rencontre détonante accueillie par le secret des arbres avait-elle un rapport avec le vœu qu’il avait formulé dans cette salle désertée du quatrième étage ?

Trente-sept ans. Et toi ? demanda-t-il en retour, mû par la conviction qu’il pouvait aider cette petite égarée.

D’un geste hésitant, il ramena ses genoux contre sa poitrine et y appuya son menton, perdant tout à fait ce qu’il restait de sa posture d’adulte. Quelques mèches argentées lui tombèrent devant les yeux, mais il ne chercha pas à les chasser ; elles masquaient son trouble et l’intensité avec laquelle brillaient les deux billes bleues captivées par la présence quasiment vaporeuse qui lui faisait face. Y avait-il un moyen de la ramener parmi les créatures matérielles, comme Loyd avait appris naturellement à le faire avec lui ?

Elle paraissait ailleurs et ici tout à la fois ; attirée par Septimus et par son monde intérieur, sans qu’il soit possible de déterminer contre lequel elle luttait. Pouvait-il lui jeter une ancre, l’arrimer solidement à leur bulle ouatée et l’arracher à la souffrance qui couvait comme un brasier dont on percevait l’odeur calcinée à mesure qu’on s’en approchait ? Le sorcier voulait y croire.

Septimus Veturia, lâcha-t-il alors. Tu dois sans doute connaître mon nom, mais je n’ai pas connaissance du tien.

Ils ne pouvaient plus prétendre qu’ils n’étaient personne. Trop de sentiments bouillonnaient autour d’eux pour qu’ils puissent s’enfoncer plus profondément dans le déni. Mais ils n’étaient pas obligés de jouer le jeu du concierge et de l’élève – ils pouvaient continuer d’être honnêtes, sans fard. Ils pouvaient saisir ces doigts timidement tendus de part et d’autre, un peu tremblants, pas très sûrs de ce qu’ils faisaient, mais résolument tentés.

Pour une fois, Septimus était déterminé à rester optimiste. Si ce n’était pas pour lui, au moins pour elle, qui semblait avoir besoin d’un peu de soleil et d’espoir. Ça ne pourrait que faire du bien, pas vrai ?


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Message(#) Sujet: Re: A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) EmptyJeu 27 Juil - 16:24


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“La solitude ne suffit jamais.” Quoique douce, la voix du concierge battit une vérité difficile à entendre, se réverbérant comme de l’acier dans les parois de son crâne. Daisy n’aimait pas la réalité ou plus exactement, son exactitude souvent aseptisée. Parce que le monde réel était comme un hôpital, où on déambulait au fil d’une vie qui nous échappait chaque jour un peu plus sous le regard de médecins sévères, abrités au dernier étage. On vivait aléatoirement et on mourait dans la même surprise, parfois d’une maladie, parfois d’un accident. Alors, elle préférait loger dans ses rêves, moins médicaux, plus contrastés. Il ne s’agissait pas de guérir ou de s’abandonner, mais de nuances où tout était encore possible, à commencer par des vérités moins vraies ou des mensonges plus justes. Aussi n’aima-t-elle guère cette réponse, intransigeante, où il n’y avait aucune issue possible. La solitude ne suffirait jamais - alors quoi, fuir comme elle le faisait ne serait pas la solution et auquel cas, quelle solution ? Il lui en fallait une, tout de même, ce n’était pas comme si elle pouvait continuer à errer de la sorte. Ses rêveries lui permettaient de retrouver le chemin, mais elle continuait de s’égarer, chaque jour un peu plus, dans les dédales de cet hôpital malheureux. Et si elle s’était attendue à cette réponse négative, dans la mesure où elle l’avait entraperçue par elle-même au détour de plusieurs égarements où la solitude n’avait été qu’un échappatoire immédiat pour survivre, elle n’en apprécia par les contours de métal forgé qui lui firent battre des cils comme en protection des projections de braises. Peut-être Septimus s’aperçut-il de sa réticence car déjà, il reprit son explication, plus souple que le plomb de son affirmation précédente. “Elle a son utilité, bien sûr, mais il est nécessaire de trouver un équilibre. Par exemple, trouver des personnes avec qui on peut être seul ; des personnes qui nous laissent respirer, fermer les yeux et les ignorer. Des personnes qui nous laissent vivre, en somme. Tout ce dont j’ai besoin, c’est de calme. Peu importe qui me l’apporte.” Sans se l’expliquer, Dash se joignit à ses pensées. Sans être présent, son meilleur ami s’installa pourtant à ses côtés, à même le sol, le menton posé sur son poing tandis qu’il observait, le regard curieux, les palmiers autour d’eux. Il ne participerait pas à cette conversation, aussi bien parce qu’il n’était pas vraiment là que parce qu’il n’était pas du genre à prendre part à de tels débats sociologiques ; mais il resterait exactement dans cette position, attentif de ses oreilles sans l’être de ses prunelles chocolatées. Il était présent dans sa solitude, exactement comme l’évoquait Septimus. Un sourire évasif ourla ses lèvres, avait-elle déjà trouvé une solution sans le savoir ?

Mais elle ne prit pas le temps de s’attarder  sur cette idée, précisant qu’elle préfèrerait d’autres méthodes, plus brèves. ”Tu as raison” lui répondit son véritable interlocuteur. Daisy sentit son cœur battre un peu plus fort de la validation d’un adulte, dont elle croisa aussitôt les prunelles glacées. Il semblait moins confiant, tout à coup, et paradoxalement, plus présent, comme s’il était davantage lui-même dans l’incertitude que dans le forgeage de vérités absolues. Et c’était elle qui venait de lui insuffler cette hésitation, comme si elle avait été pertinente de sa seule question, sans besoin d’apparats supplémentaires. Juste elle et sa réflexion, lui procurant un étrange sentiment de satisfaction. “J’aimerais que ce soit plus rapide, plus simple aussi. De temps en temps, je rêve même d’exploser.” Ses artères pulsèrent plus fort encore. “Moi aussi” s’entendit-elle acquiescer dans un murmure. Elle aussi. Elle avait déjà eu envie d’exploser, pire, elle en avait rêvé, certaines fois où elle ressentait trop. Sur ces collines verdoyantes, à Howth, où les songes de l’enfance avaient coloré ses plus sombres aspirations, desquelles elle avait échappé de la seule force de son Papa. ”Mais ça n’apporte rien, sinon plus de désespoir. Non, je pense que…” Le concierge marqua une courte pause et Daisy demeura suspendue à ses lèvres entrouvertes, à la recherche de sa propre réflexion. ”Je pense que ça s’apprend, que c’est possible de trouver de la sérénité si on accepte d’embrasser qui on est.” “Mais si on n’aime pas qui on est ?” demanda-t-elle presque aussitôt, avide de précisions. Oh, mais ce n’était qu’une hypothèse, bien sûr. Elle aimait qui elle était. Pas tout, mais certaines parties, comme sa mèche décolorée, sa créativité et son imagination. Les voix, un peu moins. Les visions, sûrement pas non plus, ou son nez qui saigne, son aversion des pâtes, la déception brûlante dans les critiques de Papa quand elle n’était pas à la hauteur, parfois, souvent, le sentiment d’être bonne à rien parce que dans le fond elle ne savait pas faire grand chose, elle dépendait entièrement des autres, ces autres qui l’aimaient probablement moins qu’elle les aimeraient jamais, à la folie, à sa folie. Une simple hypothèse qui ondula dans ses yeux désormais braqués sur le concierge comme s’il risquait de lui échapper, et il était hors de question qu’il lui échappe - il était porteur de réponses à des questions qu’elle ignorait même avoir jusqu’à présent, déclencheur de questionnements curieux qui lui semblaient soudain évidents dans l’intimité de cette palmeraie. Dash ne disait toujours rien dans un coin de sa tête, silencieuse, où les voix s’étaient même complètement tues pour ne laisser que cette effervescence de qui rencontre un pair en mesure de comprendre ses tourbillons. La mer n’était pas loin à en juger les brises parfumées de sel, mais Septimus était encore plus proche de son cœur.

Vint la question de son âge, à cet homme rongé par la vie. ”Trente-sept ans. Et toi ?” “Quinze ans” fit-elle en écho en lui laissant à peine le temps de finir sa phrase, encore accaparée par la révélation précédente sur laquelle elle préférait ainsi s’attarder. “Vous êtes plus jeune que Papa” nota-t-elle alors, dans toute la surprise d’une telle annonce. “Il a quatre-trois ans, lui.” Et moins de cheveux blancs, moins d’étranges manières ; moins de calme, aussi. Papa était plus jeune dans son tempérament, plus vigoureux, en étant pourtant plus âgé dans sa naissance, plus usé dans ses réponses, aussi. C’était curieusement déstabilisant. Elle savait bien que son père avait des cadets dans un monde peuplé par plusieurs milliards d’êtres humains, mais ce cadet-là précisément semblait incohérent, illogique. Comment pouvait-il avoir l’air aussi vieux tout en ayant six ans de moins ? Septimus n’était pas, ou plus sous pression, il allait mieux à présent que les secondes s’étaient égrenées comme le sable autour de leurs pieds, d’accord, effectivement, il semblait quelque peu rajeuni ; mais Papa là-dedans ? Elle ne se le figurait pas voisin d’âge, parce qu’il avait un rôle différent, une vie complètement différente, également. Mais dans le fond, ils auraient pu être amis, de part leur proximité de naissance. Cette pensée la réconforta d’une étrange façon. C’était un peu comme si elle avait trouvé un alter ego ; non, car Papa n’avait pas son égal ; plutôt, une ombre de lui. Une ombre pourtant plus jeune, et elle resta figée sur cette pensée encore quelques instants, perturbée dans la prise de conscience que Papa n’était plus tout jeune et qu’il pouvait peut-être paraître aussi épuisé aux yeux d’inconnus, avait-elle raté les signaux ou Septimus était-il particulièrement lisible, dans l’étrangeté du reflet qu’il lui soumettait sous le soleil ? Comme en preuve de cette dernière considération, l’adulte remonta ses genoux pour y apposer son menton, laissant ses mèches grisonnantes retomber autour de ses prunelles également portées dans les siennes. Daisy ne saurait plus dire comment ils avaient fini par s’observer de la sorte, sans plus craindre ces iris qui semblaient pourtant cogiter sur celles d’en face, mais elle se souvenait nettement de son impression de familiarité à présent qu’il avait pris une posture informelle, qu’elle aurait pu recopier si elle n’avait pas été si bien installée contre son tronc. Il rajeunit encore une fois et elle songea de fait que, comme Papa, il devait perdre bien des années une fois assoupi. Il lui suffisait juste de se laisser aller et d’embrasser qui il était, quand bien même elle ignorait encore tout de celui qu’il pouvait être.  ”Septimus Veturia” annonça-t-il une fois de plus en réponse à ses songes. ”Tu dois sans doute connaître mon nom, mais je n’ai pas connaissance du tien.” La jeune fille hocha la tête, déjà au fait de son identité ; bien qu’il lui semblât la connaître réellement pour la première fois. “Daisy Gibson. Je vais entrer en cinquième année, chez Serdaigle” crut-elle bon de préciser, au cas où l’écharpe bleutée lui ravive la mémoire. Elle ne savait pas s’il se souvenait de son visage, les quelques et rares fois où leurs regards s’étaient déjà croisés à Poudlard. Mais cela n’avait plus de réelle importance, car ces entrevues hasardeuses étaient désormais balayées par le vent de cette rencontre, saline, cristallisée de non-dits pourtant éloquents dans la candeur de leurs échanges.
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Message(#) Sujet: Re: A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) EmptySam 29 Juil - 13:08



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feat. L. Daisy Gibson

À mesure que la discussion fouaillait plus profondément dans les recoins de leurs crânes, leurs attitudes se modifièrent imperceptiblement en miroir. Une forme d’abandon les couvrit d’un délicat châle douillet ; et à présent enveloppés de ce réconfort, de cette sensation d’avoir trouvé un reflet perceptible dans une glace souvent trop froide et crue, ils se livraient avec moins de précautions. Un nouveau sourire joua même sur les lèvres de l’adolescente, fissurant le verre qui les séparait encore jusqu’ici. Septimus aurait pu tendre la main vers elle, sans plus craindre les éclats qui se ficheraient pourtant inévitablement à un moment ou un autre dans sa chair.

Lorsqu’il lui donna raison, ses jeunes yeux rencontrèrent les siens – auréolés de pattes d’oie – avec une brutalité inattendue. Elle paraissait tout à la fois surprise et ravie de cet assentiment, cette validation qu’elle semblait désespérément attendre comme un cadeau, si ce n’était un avènement. Quelque chose brûla au fond de ses prunelles avec une intensité déstabilisante. Sans le savoir, le concierge avait touché juste ; comme l’élève l’avait fait avec lui quelques secondes plus tôt.

— Moi aussi, murmura-t-elle comme on souffle une bougie, confidence lancée au détour de sa réponse.

Le sorcier cilla, sans s’interrompre. C’était comme si une main avait plongé dans sa maigre poitrine pour y saisir son cœur et le presser douloureusement, enfonçant des ongles cruels dans l’organe palpitant. Il avait mal pour elle, pour cette projection tremblante d’une altérité inattendue. Pour cette raison, il sentait qu’il devait parvenir au bout de sa supposition malgré la peine qui lui comprimait les poumons. Et il eut raison, car elle s’enquit aussitôt :

— Mais si on n’aime pas qui on est ?

Nouveau coup au cœur. La flamme était de retour dans les iris de la jeune fille, léchant avidement le discret reflet de son interlocuteur dans la lumière de ses yeux. Ces derniers avaient épinglé Septimus sans qu’il n’y puisse rien ; ni se débattre, ni s’enfuir, ni les ignorer. Il se tenait immobile comme un lapin surpris dans les phares d’une machine lancée à toute allure sur une route baignée de nuit. Tout ce dont il était capable, c’était de se préparer à la collision en espérant qu’elle ne le tue pas sur le coup. Alors, il prit une lente inspiration, qui s’engouffra entre ses fines narines frémissantes pour gonfler sa cage thoracique déjà malmenée par la conversation. Si l’on n’aimait pas qui on était ? C’était une question terrible. Terrible parce qu’elle lui déchirait le cœur pour cette gamine éthérée, mais également terrible parce qu’il se l’était posée un milliard de fois. Comment s’aimer quand on était responsable d’une partie de ses malheurs ? Lorsque son propre corps, son propre esprit conspiraient à le précipiter vers sa chute ? Il commençait à peine à accepter son fonctionnement, sa façon d’être au monde, du haut de ses trente-sept ans.

Eh bien…, commença-t-il d’une voix éraillée, hésitante. Ce serait hypocrite de ma part de prétendre détenir la réponse à cette question, avoua le concierge avec sincérité. De ma modeste expérience, je dirais qu’il faut faire la part des choses : a-t-on véritablement envie de changer ces parties que nous n’aimons pas chez nous ou est-ce plutôt la volonté d’une personne tierce à laquelle nous voulons plaire à tout prix ?

Il était difficile de ne pas déceler dans sa question rhétorique l’amertume et la rancœur qu’il nourrissait vis-à-vis de sa famille. Pour être tout à fait honnête avec lui-même, il fallait admettre qu’il agissait toujours de cette façon avec les personnes auxquelles il souhaitait faire plaisir. C’était une vilaine habitude, qu’il tentait encore de chasser après toutes ces années. Cependant, il reconnaissait avoir fait de nets progrès en la matière ; s’il pouvait en faire profiter une jeune âme perdue, c’était parfait. Septimus aurait crevé d’envie qu’on lui dise tout ça lorsqu’il était lui-même adolescent. Cela lui aurait probablement épargné de nouer cette corde autour de son cou, puis d’être poussé dans le vide par son désespoir. Au-delà de la haine de soi, n’y avait-il pas aussi une peur galopante, vive et aveuglante ? La peur de décevoir, de perdre leur affection, leur intérêt. La peur de devenir un visage sans nom dans la foule.

Ses réflexions introspectives furent interrompues lorsque la jeune fille l’interrogea sur son âge. Désarmé, il lui rendit la balle après l’avoir révélé, ramenant ses genoux contre lui pour y poser son menton, l’air vulnérable.

— Quinze ans, répondit-elle un peu trop rapidement, sectionnant son point d’interrogation en deux.

Les flammes de son impatience nimbaient ses prunelles d’ombres hypnotiques, auxquelles il était difficile de s’arracher.

Quinze ans…

Son intuition ou la coïncidence – ou peut-être même les deux – l’ébranlèrent. C’était bien ça ; quinze ans. L’âge où tout avait basculé, l’âge où il avait abandonné. Il ne pouvait, ne devait pas laisser cela arriver à sa cadette. Il devait… Il devait, oui, c’était ça, la protéger. De toutes ses forces. Ça ne lui arriverait pas, il s’en faisait le serment.

— Vous êtes plus jeune que papa, enchaîna-t-elle avec une surprise palpable. Il a quatre-trois ans, lui.

Deux choses lui tirèrent un battement de cils déconcerté. La familiarité et la puérilité avec laquelle elle disait « papa », ainsi que cette espèce de révérence qui confinait à l’adoration, et la façon enfantine dont elle décortiquait l’âge de son géniteur. De fragile créature issue d’un rêve, elle passait maintenant pour une petite fille dans un corps trop grand pour elle. Il ignorait s’il s’agissait d’idiosyncrasie ou d’un retard d’apprentissage, mais il ne lui parut ni judicieux ni délicat de le relever. Au lieu de quoi, il se fendit contre ses genoux cagneux d’un sourire doux comme une lagure ballottée par le vent rasant les dunes.

Tu pensais que j’étais plus vieux ? l’interrogea-t-il avec une pointe d’amusement.

Non pas qu’il lui jetterait la pierre. Les ridules qui marquaient son visage très expressif et la dépigmentation prématurée de ses cheveux portaient à croire qu’il était largement quadragénaire, si ce n’était davantage. Il ne prenait jamais ombrage des suppositions concernant son âge ; il en était coutumier, et cela ne lui tirait absolument aucune émotion si ce n’était la distraction d’un jeu de devinettes.

À la révélation de son nom, la Serdaigle acquiesça pour confirmer qu’elle le connaissait déjà. Elle choisit de ne pas seulement lui donner le sien, mais déclina également sa maison et son année. Un « Hm » pensif lui échappa, tandis qu’il refermait les yeux un court instant pour rompre le mince fil d’Ariane qu’ils remontaient ensemble à la seule force de leurs prunelles pâles.

Daisy Gibson, répéta-t-il en écho, faisant rouler les lettres sur sa langue pour les goûter.

Daisy… Prénom perlé, délicat comme une fleur et blême comme la clarté d’une aube grise. Il avait un goût de cendres froides. Ses paupières lourdes se relevèrent paresseusement, pour couver la jeune fille d’un regard étrangement mélancolique, mais embrasé d’affection ; pouvait-il raviver le feu qui couvait en elle s’il soufflait suffisamment sur les braises encore chaudes qui rougeoyaient dans ses iris ?

Je connaissais déjà ta maison. À plusieurs reprises, je t’ai aperçue dans les couloirs de l’école. Je me souviens rarement des visages, mais le tien…

Sa phrase resta en suspens dans la légère brise qui agitaient leurs cheveux.

Ton visage, fantôme de ma solitude adolescente, compléta-t-il en lui-même.

Il opta pour une version adoucie du dramatisme de cette assertion :

Tu me rappelles l’étudiant que j’étais.

Isolé, harcelé, tourmenté par des démons intérieurs. Sans doute pas les mêmes, mais les ressemblances étaient troublantes. Suffisamment, quoi qu’il en soit, pour qu’il se souvienne de cette silhouette aux contours incertains enveloppée d’une robe brodée du blason bleu de l’aigle. La mèche décolorée qui prenait racine sur son front l’avait sans doute aidé à l’identifier facilement, mais en réalité, elle semblait si bien correspondre à l’impression d’immatérialité qu’elle dégageait qu’il était difficile de ne pas immédiatement l’associer à la façon dont elle bougeait silencieusement les lèvres dans un recoin des couloirs de Poudlard – à la manière d’un prolongement de sa particularité.

Définitivement happé par cet instant suspendu qu’ils partageaient, Septimus chassa distraitement l’une des mèches qui chatouillaient son nez pour dégager son visage. De façon tout à fait incompréhensible, il aurait presque aimé se rapprocher de Daisy pour la serrer contre lui et lui assurer que tout irait bien, comme on promet à un enfant de toujours veiller sur lui.


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Message(#) Sujet: Re: A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) EmptySam 5 Aoû - 4:18


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Le soleil cognait fort au-dessus des palmiers, dans l’apothéose d’une heure méridienne qui enflammait chaque rayon de lumière. C’était lumineux, c’était chaud, et Daisy se réjouissait de chaque brise maritime qui apportait une échappatoire saline, caressant les feuilles des arbres autour d’eux ainsi balancées d’ombres. A dire la vérité, elle aurait préféré se baigner, se fracasser contre les vagues comme la sirène qu’elle aspirait à devenir pour plonger un peu plus profondément dans ses rêves, un peu plus loin de la surface de la réalité. Mais un homme comme Septimus n’aurait pas pu la suivre, d’abord parce qu’elle l’imaginait difficilement avec une longue queue de poisson lui qui semblait bien plus attaché à la terre dans toutes ses manies nerveuses, ensuite parce que le corps enseignant n’aurait pas compris ce que faisait une élève avec le concierge dans la mer. C’était stupide, en soi, il n’y avait pas d’âge règlementaire pour se baigner, qu’on soit enfant ou adulte ; mais la morale avait ses raisons que la raison, ou que Daisy, ignorait. C’était comme toutes ces fois où elle avait embrassé Papa sur la joue en public. Les regards portés sur eux se faisaient méprisants jusqu’à ce que la nature de leurs rapports ne soit explicitée par une interpellation qui rappelait leur lien. Les regards devenaient plus doux, les sourires, moins crispés. Parce qu’ils étaient tous prétendument défenseurs d’une bienséance qui ne les intéressait que quand elle ne s’appliquait pas à eux-mêmes… Les codes étaient subjectifs et les siens l’auraient volontiers portée à regagner l’océan pour s’éloigner de cette palmeraie. C’est que Septimus l’intéressait suffisamment pour obtenir son attention même en dehors de cet espace préservé. Elle l’aurait écouté même au milieu du roulement des vagues, même en pleine fanfare de l’eau. Après tout, elle l’avait entendu au milieu des échos de ses oreilles, là où d’ordinaire, aucune voix ne parvenait à s’y frayer un chemin, pas même celle de sa propre conscience. “Eh bien…” Daisy se pencha un peu plus en avant, suspendue à ces lèvres inconnues et pourtant si familières dans les réponses apportées jusqu’à présent. C’était comme si chaque réplique s’était tissée du fil de ses propres songes, qu’importe qu’ils soient parfois noués d’inquiétudes. Comment embrasser sa nature quand on en n’aimait même pas l’essence ? Inextricable. “Ce serait hypocrite de ma part de prétendre détenir la réponse à cette question” admit-il dans l’ombre de la réflexion, dans l’ombre d’une branche qui bruissa au-dessus d’eux. “De ma modeste expérience, je dirais qu’il faut faire la part des choses : a-t-on véritablement envie de changer ces parties que nous n’aimons pas chez nous ou est-ce plutôt la volonté d’une personne tierce à laquelle nous voulons plaire à tout prix ?” Le soleil revint, perçant l’air échauffé entre eux, séchant la bouche de la jeune fille. “C’est…” De ma seule et véritable envie, aurait-elle eu envie de répondre ; mais sous la sécheresse, les mots s’évaporèrent à l’orée de ses lèvres. “D’accord, merci pour la réponse” formula-t-elle plutôt d’une voix toute aussi aride, vide de sens. Elle étouffait, soudain. Et tant qu’elle n’aurait pas la tête dans l’eau, tant qu’elle ne se noierait pas dans les tourbillons de cette infinité, elle ne prendrait pas la peine de réfléchir convenablement. C’était déjà épuisant, de vivre.

Heureusement, la conversation s’allégea, passant de ces considérations existentielles au sujet plus aisé de l’âge. Rien de bien difficile ; et pourtant, Daisy s’étonna des trente-sept ans de Septimus, qui résonnèrent encore un moment à ses oreilles. Parce que trente-sept ans, c’était toujours moins que Papa, alors que ses cheveux blancs, c’était bien plus que Papa. “Tu pensais que j’étais plus vieux ?” s’enquit-il d’un air visiblement amusé. La jeune fille acquiesça fermement. “Oui. Vous semblez plus…” Existait-il un mot pour définir ce qui dansait devant ses yeux ? C’était invisible pour le concierge, pour le reste du monde, d’ailleurs - mais c’était là, juste en face d’elle, opaque et saisissant. Une impression d’incohérence qui allait au-delà des seuls cheveux blancs. C’était dans leurs manières si distinctes, dans le choix des mots, dans la teneur même de leurs échanges. On ne pouvait pas être aussi sage à cet âge-là, parce que les sages étaient nécessairement plus vieux. Sage. Le reflet invisible se tailla de ces quatre lettres pour prendre une forme plus assurée. “... Plus sage” choisit-elle finalement en croisant le regard du concierge. Dans tous les sens du terme. Plus mûr dans sa philosophie (et Papa détestait la philosophie, il disait que c’était pour les désoeuvrés qui ne savaient pas quoi faire de leur temps, que les vrais hommes, eux, préféraient les valeurs aux concepts abstraits), plus docile dans son comportement, aussi. Il s’était installé, silencieux, puis il était resté, calme. Sa voix ne s’était jamais levée, même dans ses éclats d’amusement, même dans ses éclats d’étonnement. Papa, lui, changeait constamment d’intonation, dans tous ses éclats, y compris les plus tranchants. Septimus pouvait-il seulement couper ? Ses traits étaient trop ronds, pas assez anguleux. Finalement, ce n’était peut-être pas qu’une question d’âge, seulement de composition. Papa était beau, fort et caractéristique ; Septimus était plus commun, plus fragile, moins envahissant. Ce dernier mot échappa au rythme de sa pensée et Daisy ralentit soudain la cadence de ses réflexions, comme prise au dépourvu par ses propres songes. Septimus n’était pas envahissant. Il était resté sur son tronc d’arbre, s’y mettant à l’aise sans perturber son propre confort à quelques mètres de distance. Et c’était cette distance qui rendait cette conversation si intime. Elle avait tout l’espace nécessaire pour se l’approprier. C’était moins difficile de réfléchir dans ces conditions. C’était un peu moins fatiguant de vivre, aussi.

“Daisy Gibson” répéta-t-il à sa présentation, l’air songeur. L’intéressée fronça les sourcils, pas certaine de comprendre en quoi les sonorités de son nom méritaient d’être énoncées une nouvelle fois. C’était même un peu gênant, en vérité, d’entendre cette identité résonner entre eux. C’était un bout d’elle-même qui ondulait à présent dans l’air, ce même air où avait évolué une discussion plus secrète, plus vulnérable. Elle n’était pas sûre de vouloir être happée dans cette même fragilité qui n’appartenait qu’à l’impersonnalité de contours indéfinis, comme ces confidences précédentes qui n’en avaient pas vraiment été dans toute l’imprécision de leur dialogue. “Je connaissais déjà ta maison. À plusieurs reprises, je t’ai aperçue dans les couloirs de l’école. Je me souviens rarement des visages, mais le tien…” Ça devenait vraiment bizarre, maintenant, comme si la familiarité à peine effleurée devenait soudain bien tangible. Sauf que Daisy n’était pas encore prête à franchir cette porte qui se dessinait entre eux, ignorant ce qui pourrait bien se trouver de l’autre côté, là où semblait l’attendre un Septimus étrangement confiant. “Tu me rappelles l’étudiant que j’étais” conclut-il finalement après un instant d’hésitation. A nouveau, il piqua sa curiosité, lui donnant envie de fermer ses doigts sur la poignée de leur confiance. “Pourquoi ?” s’entendit-elle lui demander presque malgré elle. “Vous étiez quel genre d’étudiant ?” Elle aurait peut-être dû se méfier, mais Daisy n’avait jamais été farouche, portée par une spontanéité qui la rendait souvent crédule. Et puis, il lui semblait sage, qu’aurait-elle risqué face à cette maturité ? Septimus semblait bizarre, oui, mais pas dangereux. Déjà, parce que le Directeur n’aurait jamais recruté un adulte potentiellement agressif, surtout après tous ces récents évènements… Ensuite, parce qu’il aurait déjà eu toutes les occasions nécessaires de se montrer mauvais. Au lieu de quoi, il continuait à faire preuve de réserve, dans une attitude tranquille, presque détachée. Comme en confirmation de ses pensées, Septimus chassa distraitement une mèche de cheveux qui s’était abattue sur son nez. Sérieusement, elle ne risquait rien avec un adulte qui se comportait presque comme un adolescent, n’est-ce pas ? Je suis quel genre d’étudiante ?” précisa-t-elle alors à la suite de sa précédente question. Car si elle lui rappelait celui qu’il avait été, il y avait de cela toute une vie (puisqu’il avait eu son âge il y avait plus de quinze ans, soit bien avant sa naissance), c’est qu’elle coïncidait avec un certain archétype. Or, elle n’avait jamais cru appartenir à aucune case, tout bonnement parce qu’on lui avait toujours fait comprendre qu’elle était différente. D’un autre côté, elle l’était, différente. Alors comment qui que ce soit pouvait bien se reconnaître en elle ? Comment pouvait-elle suivre une quelconque lignée comportementale ? Si Septimus avait déjà rencontré des élèves capables d’entendre des voix, elle en serait hébétée. Se pouvait-il que lui-même en ait entendu, des voix ? L’idée, aussi farfelue que brûlante, l’anima d’espoir. Après tout, il avait dit que lui aussi, aimait la solitude, que lui aussi, aurait parfois préféré exploser. Lui aussi. Alors, qui était-il donc, ce concierge qui partageait toutes ses tares ?
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La façon subtile avec laquelle Daisy se pencha vers son aîné lorsqu’il amorça sa réflexion existentielle fit frémir l’espace qui les séparait, l’agitant d’un courant d’air rafraîchissant. C’était une bouffée nécessaire, vitale même, dans la chaleur de cette journée étouffante. Elle encerclait l’écrin préservé de la forêt comme les serres d’un aigle s’abattant sur sa proie. Septimus n’était pas un amateur de températures estivales, loin de là – aussi surprenant que cela puisse paraître, il préférait largement le froid sec et revigorant qui tirait des volutes de fumée pâle des lèvres qui osaient y goûter. Une belle journée d’hiver froide était bien plus agréable à ses yeux que ce genre de séjour caniculaire. Et c’était peut-être pour cette raison, aussi, que ses prunelles ne parvenaient plus à quitter la silhouette évanescente de la jeune fille à présent tout entière inclinée vers lui ; attirée par cet étrange reflet vieillissant qui se découpait comme un mirage. Daisy était l’idée même qu’il se faisait d’une belle journée d’hiver : blême, d’un froid piquant, éclairée d’un beau ciel bleu sans nuages. Enfin, une fois qu’il aurait chassé les nuages qui s’amoncelaient sans cesse à la périphérie de ses grands yeux de biche aux abois. Il ignorait ce qui les causait, mais il les sentait. Ils l’attiraient à elle encore et encore, la distrayaient malgré toute sa bonne volonté ; il avait lutté contre eux toute la conversation durant pour parvenir à se frayer un chemin vers l’étudiante. À présent qu’il avait capté son attention et chassé l’orage, il comptait bien saisir sa main tendue et se montrer digne de cet effort visiblement pénible, si ce n’était douloureux.

— C’est…, murmura la jeune fille, avant de changer brutalement de direction. D’accord, merci pour la réponse.

La brusque sécheresse de sa voix aspira la fraîcheur qui ondulait entre eux, l’absorbant comme on ravale un sanglot plutôt que de la chasser. Elle s’était dérobée à lui. Là ! Encore. Les nuages, bordant les longs cils qui ombraient ses joues brunies par les rayons ardents auxquels il était impossible d’échapper sur l’archipel. Pourquoi s’était-elle esquivée ? Était-la question qui lui déplaisait ? Ou bien la réponse silencieuse qu’elle avait probablement formulée avant de la reprendre ? Maintenant, Septimus brûlait de l’entendre, de comprendre. Il aurait voulu lui dire qu’il ne la jugerait ni sévèrement ni méchamment, qu’il serait là si elle avait envie d’être écoutée, qu’il serait là si elle avait envie d’être consolée, qu’il serait là si elle ne voulait rien de tout ça. Tout ce que lui voulait, c’était de l’ancrer à la terre ferme, à laquelle elle semblait vouloir désespérément échapper ; sans comprendre que c’était sans doute là ce qui lui faisait le plus de mal. L’espoir était quelquefois aussi tranchant que le désespoir – et souvent il était plus mortel, s’il venait à être déçu. Et Septimus, oh, Septimus ne voudrait jamais la décevoir.

Lorsqu’elle apprit son âge, son étonnement spontané vint naturellement souffler une bise printanière qui dissipa l’ombre nimbant ses iris. À sa question, elle hocha la tête avec assurance :

— Oui. Vous semblez plus…

Plus ? Septimus était-il donc « plus » que quelqu’un d’autre ? L’ébahissement gagna discrètement ses yeux, qui s’écarquillèrent sous le choc. Il était moins, ça c’était une certitude ; moins, ou tout juste. À peu près, peut-être, presque… Mais jamais plus. Sa bouche s’entrouvrit imperceptiblement sur une exclamation muette, qui n’était pas véritablement un son ou un mot, mais plutôt l’expiration lente et insaisissable de deux poumons jusqu’ici comprimés par l’étroitesse d’un monde qui n’avait jamais accueilli « ces gens-là », les gens comme lui. C’était comme respirer pour la première fois, mais c’était aussi douloureux et amer. Un goût de sel et de métal assaillait sa langue.

— ... Plus sage, acheva-t-elle après un temps de réflexion.

L’adjectif acheva de le déstabiliser. Sage ? L’avait-on jamais qualifié de sage ? Il n’en avait pas le moindre souvenir. Naïf, ignorant, enfantin, ça oui, à de nombreuses reprises, mais sage… Non, il ne souvenait pas qu’on l’ait déjà appelé « sage ». Était-ce la différence d’âge (il aurait pu être son père, après tout) qui le faisait paraître plus grand qu’il ne l’était au regard de Daisy ? Sans doute. Mais ce n’était certainement pas parce que c’était la vérité. Il l’aurait su, autrement.

Leurs prunelles délavées se rencontrèrent une nouvelle fois, reprenant contact après ce bref temps de séparation qu’avait insinué la sécheresse de sa dérobade. Habituellement, il était très difficile pour Septimus de maintenir le regard de qui que ce soit ; cela provoquait un irrépressible frisson et une réaction épidermique qui lui criait de se détourner au plus vite. Mais avec elle… Elle semblait si lointaine, si vaporeuse ; presque absente. Elle ne possédait pas ce quelque chose de dérangeant qui lui faisait péniblement avaler sa salive et lui rappelait à quel point il n’était pas taillé pour le costume qu’on l’avait forcé à enfiler. Avec elle, c’était naturel, pratiquement… facile. Encore plus à présent que la conversation avait creusé jusqu’aux racines qui les nourrissaient ; certaines étaient cassées, mais d’autres seulement endommagées. Il y avait, dans l’espace bizarrement vaste qui les séparait, tous les possibles d’un avenir tremblant.

Sage ? s’étonna-t-il, sonnant même dubitatif.

Un petit rire le secoua, mais il ne détourna pas les yeux ; pas plus qu’il rompit le dialogue ou évacua son affirmation comme une bêtise.

Je crois que c’est bien la première fois qu’on me dit une chose pareille. Qu’est-ce qui te fait dire ça ? l’interrogea l’adulte, penchant légèrement la tête de côté – à la façon d’un chat intrigué par une créature inconnue.

Prononçant son prénom pour en éprouver les effets synesthésiques, il capta cependant une certaine forme de désapprobation sur le visage de la jeune fille. Ses sourcils arqués exprimaient tout à la fois une peur décontenancée et un refus, sans qu’il saisisse précisément l’origine de son trouble. Mais il se dissipa à moitié au moment où il lui confia, après une seconde pleine de doutes, qu’elle lui rappelait l’étudiant que le concierge avait été à Poudlard.

— Pourquoi ? Vous étiez quel genre d’étudiant ? demanda-t-elle tout à trac, une curiosité irrépressible dansant farouchement dans la lumière de ses iris liquides. Je suis quel genre d’étudiante ? ajouta-t-elle.

Sa dernière question révéla un pan entier de son avidité ; avide de savoir, de connaître, de comprendre ; de trouver. Quelque chose, peut-être, ou quelqu’un. Quoi qu’il en soit, elle semblait mourir d’envie de se sentir semblable, de se mesurer à un égal. Mais Septimus n’était pas son égal, pas davantage que le Septimus de 15 ans ne l’aurait été en son temps. Ils étaient intrinsèquement différents, mais dans une autre dimension – pourquoi pas celle de l’âme ? –, ils étaient similaires ; ils se parlaient, se répondaient, s’écoutaient et s’embrassaient. Là, dans ce doux effleurement métaphysique, ils éprouvaient une espèce d’altérité du bout des doigts. Il fallait simplement qu’ils puissent la saisir, l’empoigner, apprendre ses contours, sa chaleur et son réconfort.

Quel genre d’étudiant était-il ? C’était une réflexion complexe qu’elle lui demandait ; toutefois, il fournit cet effort. Sans trop savoir pourquoi au début, puis, petit à petit, peut-être parce qu’il lui sembla qu’il pouvait naître quelque chose de beau de cette intimité crue délivrée sans fard.

Une inspiration gonfla ses poumons, soudain plus puissants, plus larges, et il s’humecta les lèvres pour tenter de dépeindre une version réaliste – pas trop complaisante, pas trop pathétique – de ce jeune homme effacé qu’il avait un jour été.

J’ai toujours été à part, commença-t-il, ses paupières s’abaissant légèrement sur ses yeux perdus dans un temps passé. Je vivais dans mon monde – et mon monde n’était pas celui des autres. Que je le veuille ou non, je ne faisais pas partie du leur ; en tout cas, pas vraiment, pas complètement. Pour ça, on m’a mis à l’écart et on s’est moqué de moi. J’ai tenté de survivre comme j’ai pu, pas toujours de la meilleure manière, mais je pense pouvoir dire que j’ai fait de mon mieux.

Il marqua une pause, les lèvres ouvertes sur une suite qui tarda un peu à être dite à voix haute et claire :

Enfin, à l’exception d’une fois, où j’ai fait de mon pire. C’est au hasard que je dois la vie, mais je…

Sa voix se perdit dans un filet (ému ? affecté ?), puis il reprit quasiment aussitôt :

Je ne regrette pas, affirma-t-il avec une franchise nette et indéniable. Si c’est ce hasard qui m’a conduit ici…

Jusqu’à toi.

Ses yeux revinrent au présent, s’arrimant fermement aux prunelles de Daisy.

… Alors je ne regrette pas.


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Message(#) Sujet: Re: A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) EmptyLun 14 Aoû - 3:41


a voice whispers in the gales
C’était une rencontre aléatoire dans des circonstances hasardeuses. Daisy n’avait cherché qu’à s’isoler des murmures dans ses oreilles, atterrissant dans cet espace préservé où les voix pouvaient chantonner ce qu’elles souhaitaient sans se réverbérer parmi la foule. Une brise s’était immiscée, parfumée d’embruns, et Septimus avait débarqué à son tour, porté par ce courant marin dont le sel semblait avoir rongé la pigmentation de ses cheveux. Ses yeux étaient délavés, eux aussi, un peu tristes, mais surtout captivants, recelant d’abysses innommés qui y ondulaient comme des algues. Cet homme avait touché le fond, c’était évident, pour être ainsi calme, pour être ainsi absent. Il disait avoir déjà eu envie de se fracasser, était-ce parce qu’il avait chaviré, lui aussi, et que l’écueil qui avait déchiré son navire semblait une meilleure accroche qu’une vie pour laquelle il était désormais futile de se débattre, perdu en pleine mer ? Mais la vraie mer, c’était son visage, ridé par des petites vagues qui s’écoulaient le long de lèvres timides et confiantes, c’était sa posture, fluide et rassurante, comme elle lui aurait été familière. Il dégageait quelque chose de difficilement explicable, mais Daisy chercha quand même un mot, parce qu’il fallait lui justifier sa surprise de le savoir plus jeune que Papa et aussi parce qu’il méritait un qualificatif, cet inconnu qui n’en avait déjà plus la moindre allure. “Sage ?” Son étonnement était palpable, cristallisé par un petit rire qui ne le détourna pas de son regard. Daisy, pour sa part, demeura très sérieuse ; elle n’y voyait effectivement rien de drôle. Il était sage - ce n’était qu’un fait. “Je crois que c’est bien la première fois qu’on me dit une chose pareille. Qu’est-ce qui te fait dire ça ?” La Serdaigle haussa des épaules, bien peu à même de cerner ce ressenti diffus en elle. C’était un ensemble de facteurs disséminés au cours de leur conversation, ne les avait-il pas perçus, lui aussi ? Ou bien ne les voyait-il pas comme de la sagesse, mais comme du simple vécu ? Tous les hommes qui avaient vécu n’étaient pourtant pas capables de ces mêmes conclusions affutées, de cette même sympathie désintéressée. “Votre recul sur les choses” annonça-t-elle finalement après un instant à sonder son regard comme pour y chercher les termes exacts. “Votre façon de philosopher, votre sérénité, votre…” Daisy garda à nouveau un instant de silence, ses yeux parcourant son visage à la recherche d’une dernière réponse cachée. Elle sembla finalement la trouver près de l’oreille du concierge, ses prunelles retrouvant aussitôt les siennes. “Votre acceptation” conclut-elle alors sur le même ton appliqué, soucieuse de lui répondre aussi précisément que possible. L’acceptation de la vie, de lui-même ; en témoignait le calme qui s’était abattu entre eux à son arrivée. Il n’y avait qu’un homme résigné pour apporter une telle paix à des échanges pourtant si chaotiques.

Peut-être qu’il n’y avait que les créatures de l’eau pour être aussi souples face aux changements, pour se perdre dans des considérations sinistres avant de revenir à la surface en quelques mouvements nonchalants. Elle aurait voulu être sirène mais Septimus était tout aussi à l’aise qu’elle dans cette traversée qu’ils partageaient. Même davantage, à dire la vérité, la guidant vers des rivages que la jeune fille n’avait jamais envisagés. De fait, il sembla insinuer qu’elle n’était pas seule, affirmant qu’elle lui rappelait l’étudiant qu’il était. Existait-il vraiment une île où des semblables les attendaient ? C’était pourtant bel et bien la destination de Septimus, qui parut prendre son souffle pour mieux lui offrir un vent favorable à cette approche. “J’ai toujours été à part.” Daisy pencha le visage, comme ces mots auraient résonné dans son crâne, trop forts, trop justes. Le concierge ferma à moitié ses paupières, lui-même emporté par cette bourrasque. “Je vivais dans mon monde – et mon monde n’était pas celui des autres. Que je le veuille ou non, je ne faisais pas partie du leur ; en tout cas, pas vraiment, pas complètement.” Pas vraiment, pas complètement. Daisy esquissa un petit sourire d’une éloquence pourtant immense. C’était son existence qu’il résumait là, parce que c’était elle qui ne faisait pas vraiment, pas complètement partie du monde, toute dédiée au sien. Elle ne l’avait jamais exprimé à personne mais ne s’en rendaient-ils pas tous compte ? Elle n’était jamais tout à fait là, souvent ailleurs, dans son imaginaire ou ses angoisses, ses rêveries ou ses élans de colère. Le reste du temps, il ne lui semblait évoluer que comme un charmant fantôme, docile, éthéré. Papa s’en était accommodé. En effet, dans toute sa grande bonté, il ne lui avait jamais reproché d’être si faiblarde ; et elle-même s’était faite à cette vie à demi, parce qu’il valait mieux s’y résoudre que de perdre cette seule moitié dont elle disposait. Ce n’était pas triste ; c’était simplement qui elle était. “Pour ça, on m’a mis à l’écart et on s’est moqué de moi. J’ai tenté de survivre comme j’ai pu, pas toujours de la meilleure manière, mais je pense pouvoir dire que j’ai fait de mon mieux.” La blonde hocha gravement la tête, confirmant cet aveu qui résonnait comme le sien.

Puis, Septimus marqua une pause, un peu longue, trop longue pour elle qui était suspendue à ses lèvres, dans l’attente de la suite de cette histoire qui retraçait son propre parcours. “Enfin, à l’exception d’une fois, où j’ai fait de mon pire. C’est au hasard que je dois la vie, mais je…” Sa voix blanchit, et Daisy pencha un peu plus le visage, navrée. “Je ne regrette pas. Si c’est ce hasard qui m’a conduit ici…” Les yeux du concierge réémergèrent des ténèbres où ils s’étaient tapis pour croiser son regard. Daisy redressa presque aussitôt la tête, comme il aurait planté dans son front un fil de marionnettiste. Il l’ignorait certainement, mais à cet instant précis, il venait de prendre le contrôle entier de sa personne, parce qu’elle s’était confondue en lui, en cette histoire commune, en cette différence semblable. “… Alors je ne regrette pas.” “Vous avez tenté de vous tuer ?” s’enquit-elle presque aussitôt, sans même mesurer la violence de sa question. Peut-être parce qu’elle n’était animée d’aucune mauvaise intention. Il s’agissait davantage d’une candeur un peu trop franche à en juger la lueur compatissante qui brillait dans son regard. Elle ne cillait presque pas, tout occupée à sonder ces prunelles de glace fondue qui consultaient également ses propres pensées. “Parce que moi aussi” enchaîna-t-elle sans vraiment lui laisser le temps de confirmer ses propos. Et puis, presque comme elle aurait saisi la gravité de cette discussion à contretemps, Daisy se redressa et détourna le regard, glissant ses doigts sous ses cuisses pour essayer de se faire plus petite et ainsi disparaître de l’attention aiguisée du concierge. Elle en avait bien trop dit, trop d’un coup, sans même s’expliquer comment elle avait décemment pu révéler tout un pan de sa vie à cet homme qui était encore un inconnu quelques répliques plus tôt. Même Dash n’était pas au courant de cette belle journée ensoleillée d’été, à Howth, quelques années plus tôt… Le palmier qu’elle s’acharnait à regarder pour éviter les prunelles de Septimus se plia docilement sous une brise qui souleva également une mèche de ses cheveux. “Enfin, c’est un peu plus compliqué que ça, j’ai pas vraiment essayé, je voulais juste me baigner et…” Les mots s’enroulèrent dans sa gorge, la sirène se noyait, cette baignade vers les contrées où l’amenait Septimus allait trop vite pour elle. Passant une main nerveuse dans ses cheveux pour les rassembler derrière sa nuque, Daisy se risqua à retrouver le regard de l’adulte, ne lui offrant plus qu’une neutralité froide, bien loin de la sincérité démontrée jusqu’à présent. “Je suis désolée pour vous, et c’est une bonne chose que vous vous en soyez sorti.” Le ton était soudain beaucoup plus impersonnel, qu’importe le sourire qu’elle affichait. La petite poupée s’était souvenue de son rôle à jouer, nécessaire pour se protéger. De fait, mieux lui valait rester désarticulée ; personne ne s’intéressait aux pantins sans âme.“On devrait rejoindre les autres, le déjeuner est bientôt fini il ne faudrait pas qu’on nous attende.” C’était vrai, c’était faux, peu importe - elle avait besoin de quitter cet endroit, de revenir sur ses pas, de s’éloigner de cette créature qui avait manqué de l’emporter au loin. La terre promise était gorgée de soleil, mais elle ne voulait pas se brûler, elle était trop délicate pour une telle ardeur. Alors, toute indolente qu’elle était, Daisy se releva en plissant sa jupe, attendant poliment que son interlocuteur en fasse de même. De toute évidence, cette conversation était terminée ; qu’importe que son cœur batte encore la chamade d’avoir vécu si fort.
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Message(#) Sujet: Re: A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) EmptyMar 15 Aoû - 23:04



A voice whispers in the gales






feat. L. Daisy Gibson

Quelque chose de presque inexplicable lui parlait chez Daisy. Non, plutôt… lui soufflait, lui murmurait des paroles sibyllines – et pourtant, sans les comprendre, il tendait l’oreille et s’approchait, pas à pas, pour combler la distance. C’était de l’ordre de l’instinct, du naturel ; ça confinait presque, à vrai dire, au mystique. Il avait eu besoin de s’isoler, c’est vrai ; il s’était approché pour s’assurer que tout allait bien, aussi. Mais ce degré de proximité, cette connexion qui s’établissait aussi sûrement que si elle avait simplement été coupée était d’un autre ordre – plus grand, plus beau ; elle était moins hasardeuse qu’elle n’en avait l’air. Elle avait presque un sens, en fait. Ce sens, il ne le saisissait pas encore tout à fait, il ne faisait que l’explorer du bout de ses longs doigts calleux, mais il avait l’intuition qu’il était important.

Aussi, la façon très sérieuse dont elle l’observa rire en répétant le mot « sage » sur une note un peu désabusée lui tira une nouvelle bouffée d’affection pour cette jeune fille qui paraissait flotter plutôt qu’exister. À sa question, elle se contenta de hausser les épaules, puis plongea ses yeux d’océan paisible dans les siens, couleur ciel d’été peint à la gouache. Un étrange frisson hérissa sa nuque, comme si un courant électrique était passé d’un iris à l’autre. Finalement, elle ouvrit sa bouche délicate pour répondre :

— Votre recul sur les choses. Votre façon de philosopher, votre sérénité, votre… Votre acceptation, conclut-elle après une pause, durant laquelle ses prunelles balayèrent la face pâle de son interlocuteur.

Mon acceptation ? répéta Septimus, l’air songeur.

Ses cils s’envolèrent vers la cime des arbres, tandis qu’il se laissait porter par la façon presque poétique dont le voyait l’adolescente. Avait-il vraiment tant de recul que ça ? Une chose était certaine, il ne se serait jamais qualifié de serein ; ce monde l’étouffait, l’oppressait, l’angoissait. On le décrivait nerveux, agité, empêtré. Alors, pourquoi dégageait-il cette impression auprès d’elle ? Était-ce sa présence qui l’apaisait ? La réponse lui vint assez naturellement, presque surprenante : c’était un peu comme ça qu’il se comportait avec les jeunes de manière générale. Pas simplement avec Daisy, mais avec tous les autres. Thomas, Dash, Moritz… Tant de rencontres qui l’avaient chacune touché à leur manière en si peu de temps. Il s’était toujours rêvé papa – pas père, mais bien papa ; cependant, il n’en avait jamais eu l’occasion. C’était peut-être finalement l’occasion dont il avait rêvé, cet étrange virage dans sa vie. Une façon de compter pour quelques jeunes qui l’auraient vite oublié en sortant de Poudlard ; après avoir déployé leurs ailes pour quitter le nid. Cette réflexion fit écho à la promesse qu’il s’était faite devant le mur couvert de mots discrets, celle de ne jamais laisser un élève livré à lui-même – de devenir un véritable soutien pour qui avait besoin qu’on lui tende la main. C’était peut-être cette acceptation-là qu’évoquait Daisy.

Je vois, dit-il alors, ses cils quittant les feuillages pour s’abaisser sur ses pommettes aiguës un court instant, avant de découvrir un regard perçant qu’il fixa sur la jeune fille.

Sa question identitaire, presque urgente, ramena le concierge sur des sentiers à la fois familiers et déplaisants. Il ne s’y aventurait jamais qu’en cas de nécessité absolue – et c’était peut-être bien le cas aujourd’hui. Il en avait la conviction intime. Alors, pour une fois, il parla avant de réfléchir ; enfin, il parla sans se livrer à une dissection pénible et laborieuse de chacun de ses points-virgules. Il laissa couler les mots comme ses sentiments le lui dictaient, avec une honnêteté à la fois pudique et fragile. Sans même s’en rendre compte, il écarta délicatement le léger voile qui recouvrait l’une des plus grandes tragédies de sa vie ; un voile qu’il n’avait jamais vraiment osé soulever avec qui que ce soit avant ce moment. Mais c’était ce moment que ses lèvres avaient choisi, comme un oiseau choisit un partenaire pour fabriquer un nid, branche par branche. Il remarqua à peine la façon dont Daisy s’était à nouveau penchée vers lui, toujours un peu plus ; il ne vit pas non plus son sourire derrière ses paupières alourdies, pas plus que son hochement de tête ni cette avidité qui consumait le bleu de ses yeux pour calciner le moindre résidu de nuage cotonneux.

Lorsque ses paupières se soulevèrent pour dévoiler un regard troublé, quoique déterminé et apprivoisé, il remarqua la façon dont elle s’était vivement redressée, alerte.

— Vous avez tenté de vous tuer ?

Septimus tressaillit ; électrisé par le choc de la question, de la crudité des termes employés et de l’entendre dans la bouche de quelqu’un qui n’était pas lui, mais une jeune fille à peine femme, dont on discernait encore les contours de l’enfant à travers les brumes de l’adolescence. Électrisé par la prise de conscience qui suivit : il l’avait dit, pas seulement à haute voix, mais à une autre personne.

— Parce que moi aussi.

La victoire de Septimus se brisa en mille éclats de verre, retombant sur sa chair en tranchant dans le vif sans rien épargner.

Non.

L’horreur referma ses bras putrides sur sa poitrine pour le faire basculer dans un néant secret, connu de lui seul et des âmes qui s’y perdaient un soir de désespoir. C’était un appel au nihilisme, à l’annihilation et à tous ces mots barbares que l’on invoque pour justifier un besoin de destruction ; d’autodestruction. Par réflexe, la pulpe de ses doigts caressa les cicatrices familières qui parsemaient le creux de ses paumes, vestiges cruels du sentiment de n’être qu’un étranger perdu dans un monde dont les codes ne lui ont jamais été enseignés.

Avant même qu’il n’ait pu émettre le moindre son, esquisser le moindre geste vers elle, Daisy s’était redressée fiévreusement, détournant ses yeux à nouveau pleins de nuages. Ses mains saisirent l’arrière de ses cuisses pour s’y réfugier, trouver à quoi se raccrocher après avoir sauté dans le vide sans aucune certitude que l’eau l’accueillerait sans la projeter contre les rochers.

— Enfin, reprit-elle, la gorge nouée, c’est un peu plus compliqué que ça, j’ai pas vraiment essayé, je voulais juste me baigner et…

Je voulais juste que ça s’arrête, je voulais juste un moment suspendu, une pause, une respiration, une arabesque élevée qui m’emporterait vers la légèreté des vents moins contrariants qui s’élèvent là-haut, plus haut, très haut, si haut que j’ai noué cette corde de fortune avec des mains tremblantes, que je l’ai passée autour de mon cou, que j’ai cherché de l’air entre mes sanglots désespérés et que j’ai sauté sans jamais prendre une seule inspiration parce que je n’y arrivais plus, il fallait que je le fasse, il n’y avait plus que ça à faire et je devais noyer toute la ponctuation, tous les mots et tous les cris qui m’étranglaient jusqu’alors pour que ça s’arrête s’arrête s’arrête.

Pourtant, malgré toutes les larmes qui avaient autrefois coulé le long de sa gorge, ce ne furent ni sa question ni ces réminiscences qui firent trembler ses prunelles, mais le bouclier d’acier auquel il se heurta lorsque leurs regards se retrouvèrent. Celui de Daisy avait disparu derrière une couverture orageuse.

— Je suis désolée pour vous, et c’est une bonne chose que vous vous en soyez sorti, sourit-elle mécaniquement, après avoir fait courir une main nerveuse dans ses longs cheveux de noyée pour les emprisonner contre sa nuque délicate de biche aux abois. On devrait rejoindre les autres, le déjeuner est bientôt fini il ne faudrait pas qu’on nous attende, ajouta-t-elle en se relevant pour faire éclater la bulle qui les enveloppait jusqu’alors.

Non, répéta furieusement une voix grondante dans ses entrailles.

Non, il ne laisserait pas cette bulle éclater. Il allait… Qu’allait-il faire ? Que pouvait-il faire ? Elle était sur le départ, prête à s’enfuir, à lui échapper – à lui et à toute la bienveillance dont il aurait aimé l’envelopper pour lui assurer qu’elle ne serait plus jamais seule avec le néant, qu’il ne l’appellerait plus jamais s’il était là pour le remplir. Mais s’il la retenait, il la perdait ; c’était d’une évidence absolue. Devait-il lâcher prise ? Abandonner ?

Un éclat d’assurance le transperça.

Non.

Plus douce, cette fois. Comme le ressac lointain d’une mer qu’on savait meurtrière et toute-puissante, mais qui maintenant nous enveloppait d’un ronron rassurant.

N’abandonne pas. Lâche prise.

Et c’est ce qu’il fit ; lâcher prise. Il ne détourna pas les yeux de ces deux armes policées qu’elle braquait sur lui, pas plus qu’il ne dessina le moindre geste pour la rejoindre ou n’émit la moindre protestation. Finissant de trembler, ses yeux scintillèrent plus fort. Deux grosses larmes roulèrent le long de ses joues en silence.

C’est la première fois que j’en parle à quelqu’un, confessa-t-il à mi-voix.

Son ton, lui, ne tremblait pas.

Tu mérites mieux que de me ressembler, Daisy.

Et il était sincère. Elle méritait mieux que de crier en silence pendant vingt ans, coincé dans un corps verrouillé du dedans, grattant les murs vides de son esprit, blancs à s’en brûler la rétine, dans le vain espoir qu’on l’entendrait appeler à l’aide sans émettre le moindre son.

Tout ce qu’il fit, ce fut de tendre la main vers elle, paume ouverte ; une invitation.

Il n’y a pas que la mort qui peut te détruire. S’ignorer, s’enfuir, prétendre sans cesse que nos fantômes ne hantent pas les coins de toutes les pièces qu’on traverse… Ça tue – plus lentement, peut-être. Tu es le personnage principal de ton histoire. S’il n’y a plus de « je », alors qui va te raconter ? Moi, j’ai envie d’entendre cette histoire ; d’écouter tes aventures et d’en rire avec toi. Moi, je… Moi, je serai là, affirma Septimus avec la fermeté d’un cadenas qui se referme sur la serrure d’un trésor. Laisse-moi…

Sa voix s’éteignit, soufflée par une inspiration soudaine. Il ne maîtrisait plus grand-chose, quelque part. Ses joues étaient trempées et le goût du sel faisait luire ses lèvres à la lumière des rayons du soleil. C’était ce moment qu’avait choisi, inexplicablement, son corps pour exhaler la plus longue expiration qu’il ait jamais prise. Le poids qui avait toujours écrasé sa poitrine y palpitait, y enfonçait son métal sans pitié, attendant d’être soulevé.

Ses doigts se déroulèrent un à un, insistants.

Laisse-moi un peu de place – rien qu’un peu. Je ne te lâcherai pas ; je te le promets. Et si tu m’y autorises, je te prendrai dans mes bras. Je te serrerai aussi fort que tu en as besoin ; je te laisserai tout l’air dont tu as besoin. Mais tu n’as pas à traverser ça toute seule.

Quelle revanche jubilatoire, triomphante que de prononcer exactement les phrases que le Septimus de 15 ans aurait eu besoin d’entendre !

Prends ma main, Daisy.


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Message(#) Sujet: Re: A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) EmptyVen 18 Aoû - 4:38


a voice whispers in the gales
La conversation perdait de sens à mesure que les secondes s’égrenaient, comme ils auraient lancé une pelote qui ne faisait que rouler sans plus pouvoir la rattraper. Il y avait un fil à suivre, mais où les mènerait-il ? Était-ce véritablement un fil d’Ariane, ou rien d’autre qu’un élément décousu qui les aurait portés à se perdre encore davantage ? Daisy s’était amusée, jusqu’à présent. Elle y avait pris du plaisir, parce que Septimus était doux et calme, et que cette promenade dans le néant était apaisante dans le trop-plein de ses jours. Il lui semblait avancer avec un semblable, qu’importe qu’il soit plus âgé ou concierge, bizarre ou curieux. Il avait des contours familiers, bien au-delà de sa silhouette qu’elle n’avait que croisée quelques fois par mégarde dans les couloirs de l’école ; il avait l’âme familière, il avait l’essence similaire, il avait les pensées identiques. Plus il parlait, plus Daisy buvait ses paroles, plus elle avait soif d’en connaître encore plus sur cet inconnu qui avait un jour été comme elle. Mais le chemin commençait à être long, ils n’en voyaient plus le bout tant ils avaient à se raconter et à se refléter, et peut-être même que la pelote ne pourrait plus jamais se recomposer maintenant qu’ils avaient tant dénoué - Daisy avait soudain peur d’aller trop loin et de ne plus pouvoir faire chemin arrière, d’autant qu’ils ignoraient toujours où conduisait ce morceau de tissu déroulé et que rien n’était plus effrayant que d’ignorer ce qui les attendait tout au bout. Une île paradisiaque où vivre en sirènes à l’abri des hommes et de leur virulence, un cul-de-sac où ils seraient pris en embuscade par ces chimères qu’ils partageaient ? Le risque était trop élevé et Daisy n’avait de toute évidence plus envie de jouer. Mais Septimus était encore en confiance, lui, et continuait cette balade avec une tranquillité presque déconcertante. Il s’étonna du terme qu’elle utilisa pour le décrire, avant d’acquiescer dans un “je vois” encore dubitatif. Voyait-il vraiment ? Parce qu’elle, pour sa part, était tout à fait clairvoyante. Septimus dégageait cette paix que ne pouvaient ressentir que celles et ceux qui n’avaient plus aucune arme, résignés dans leur bataille individuelle contre le monde. C’était un peu pour ça aussi qu’elle avait choisi de lui faire confiance jusqu’à maintenant. Il semblait nu, sans aucune défense, ce qui signifiait qu’il ne pouvait pas l’attaquer non plus. Et ça faisait du bien, de pouvoir être aussi vulnérable sans craindre aucune retombée. Il n’y avait qu’eux, une brise saline et des palmiers docilement levés vers le ciel.

C’est précisément vers ces arbres que Daisy porta son regard une fois les pires aveux confessés. Un jour, elle aussi avait été docilement levée vers le ciel. Elle avait scruté l’horizon si fort à ce moment-là, dans l’espoir fou qu’il lui apporte le silence qu’elle n’avait jamais trouvé, qu’elle avait eu envie de le rejoindre, comme ça, comme on a envie de se baigner. Et c’était d’ailleurs tout ce qu’il lui restait à faire pour y parvenir : se baigner. Sauter de cette falaise. Avait-elle vraiment eu envie de se tuer ? Non. Enfin, oui, mais sûrement pas comme le concierge, n’est-ce pas ? Il avait fait de son pire, mais vouloir se mêler à la mer et à l’infini était au contraire de son meilleur, après tout, ça n’avait rien de mauvais… En tous les cas, elle ne l’avait pas envisagé comme ça. L'événement était flou dans sa mémoire, comme un rêve ancien qui ne revenait qu’en quelques formes éthérées et imprécises quand on y songeait. Et Daisy n’y songeait pas souvent. Tout allait bien mieux, ou alors s’était-elle juste résolue. Peut-être était-ce l’étape avant l’acceptation ? Elle n’en savait trop rien et n’avait surtout plus envie d’y réfléchir. Elle avait vraiment peur, maintenant, et souhaitait rebrousser chemin, invitant aussitôt Septimus à en faire de même. Mais l’adulte demeura assis sans esquisser le moindre mouvement. Il était immobile ; tout se passa dans son regard. La pâleur délavée de ses prunelles se mit à scintiller, comme son âme entière s’y serait soudain reflétée. Son corps ne bougeait pas, mais son esprit s’agitait, effrayant un peu plus celui de la jeune fille qui miroita en retour le même trouble tacite. Lui aussi semblait enfin mesurer la distance vertigineuse qu’il leur restait à parcourir ; mais au lieu de s’en inquiéter, il parut au contraire craindre pour elle, comme il aurait perçu toute sa fatigue, tout son épuisement, toute sa nervosité qui la poussaient ainsi à vite rentrer chez elle. Puis, deux jolies larmes, bien rondes et bien brillantes, glissèrent de ses iris pour rouler le long de ses joues pâles. Les yeux de Daisy se mirent à picoter sous la même compassion démesurée. “C’est la première fois que j’en parle à quelqu’un” admit–il alors d’une voix curieusement ferme. “Tu mérites mieux que de me ressembler, Daisy.” La violence de cette assertion lui fit l’effet d’une bourrasque, la portant à entrouvrir ses lèvres dans un cillement troublé. C’était terrible de croire qu’il ne valait pas assez, c’était terrible de croire qu’elle valait quelque chose. Elle loucha sur la main qu’il lui tendit en complément de ses dires avant de relever des yeux hagards sur son visage. “Il n’y a pas que la mort qui peut te détruire. S’ignorer, s’enfuir, prétendre sans cesse que nos fantômes ne hantent pas les coins de toutes les pièces qu’on traverse… Ça tue – plus lentement, peut-être. Tu es le personnage principal de ton histoire. S’il n’y a plus de « je », alors qui va te raconter ?” Daisy esquissa l’ombre d’un sourire sous la lueur de larmes encore retenues. Elle adorait se figurer sa vie comme un conte, et Septimus semblait envisager l’existence de la même façon : une histoire à raconter pour que le réel cède un peu à l’imaginaire et à la douceur de l’impossible. “Moi, j’ai envie d’entendre cette histoire ; d’écouter tes aventures et d’en rire avec toi. Moi, je… Moi, je serai là” enchérit-il plus fermement encore. “Laisse-moi…” Et alors qu’elle avait voulu lui échapper, elle se retrouva une nouvelle fois à attendre péniblement la suite des formes de ses lèvres, assoiffée de ce qu’il avait à lui dire tandis qu’il déroulait un peu plus chaque doigt de sa main. “Laisse-moi un peu de place – rien qu’un peu. Je ne te lâcherai pas ; je te le promets. Et si tu m’y autorises, je te prendrai dans mes bras. Je te serrerai aussi fort que tu en as besoin ; je te laisserai tout l’air dont tu as besoin. Mais tu n’as pas à traverser ça toute seule.”

C’était le moment de lui rendre un nouveau sourire courtois en le remerciant poliment de sa proposition avant de le congédier, c’était le moment d’agir exactement comme elle aurait dû le faire avec n’importe quel inconnu qui l’importunait, exactement comme Papa le lui avait appris. Il lui avait dit qu’il fallait enrober la vérité de quelques mensonges pour se protéger, et savoir discerner les bonnes des mauvaises personnes… Septimus était en posture de la heurter, alors, résolument, le mieux était de se refermer et de disparaître - d’autant que c’était aussi ce qu’elle savait faire de mieux. Au lieu de quoi, une larme finit par échapper à son regard et presque aussi abruptement, Daisy attrapa cette main tendue pour se jeter dans les bras de Septimus en passant les siens autour de son cou. Il dégageait un parfum qu’elle confondit avec les embruns, tandis que son épiderme émanait une chaleur humaine intimidante. L’étreinte ne dura qu’une poignée de secondes, à l’issue desquelles, par un retour de pudeur aussi brusque que cet élan d’affection, Daisy se recula d’un pas, les mains jointes devant elle. “Moi aussi, c’est la première fois que j’en parle, alors si possible, j’aimerais bien que ça reste un secret” lâcha-t-elle finalement en triturant nerveusement ses phalanges, le regard timide pour cet adulte qu’elle avait pourtant scruté si longuement jusqu’à présent. “Et donc, ça vous va si on rejoint les autres, maintenant ?” ajouta-t-elle ensuite, faisant fi de l'entièreté de son discours qu’elle passa sous silence en dépit de sa brutalité. Du déni, de la peur, aussi, de l’étourdissement, surtout, face aux profondeurs qu’ils venaient de longer. Elle n’était pas prête, qu’importe qu’il lui semble fiable ou confiant ; elle ne voulait pas de ce parcours, pas maintenant, pas aussi vite. Lui, en revanche, elle le voulait bien dans son entourage, parce qu’elle n’avait encore jamais rencontré personne en capacité de se voir au travers d’elle. Ce faisant, il l’avait rendue tangible - il l’avait sortie des divagations irréelles à ses oreilles. Il l’avait sauvée, un peu, en ce précieux instant où elle n’avait plus la force de tenir. Et maintenant qu’elle allait mieux, elle avait envie de retrouver sa tour, sa jolie tour où s’enfermer pour ne plus risquer d’être ainsi ballottée par le monde ; même si quelque chose lui disait, dans les tréfonds des prunelles du concierge, qu’il l’attendrait pour une prochaine rencontre. Et peut-être que dans le fond du fond, elle l’espérait, elle aussi.
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Septimus Veturia

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Arrivé(e) le : 15/05/2023
Parchemins rédigés : 1078
Points : 5
Crédit : John Cameron Mitchell ©Timus
Année : Concierge (01/04) • 38 ans

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Et plus en détails ?
Statut Sanguin: Sang-Pur
Pouvoirs spéciaux: Aucun
Poste de Quidditch: Supporter
Patronus: Lapin
Epouvantard: Une créature sans visage qui lui hurle dessus
Matières suivies et niveau:
Points Défis:
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Disponible pour un RP ?: Bien sûr, on le commence quand ?
D'autres comptes ?: Silas, Jack & Lulu

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Message(#) Sujet: Re: A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) A voice whsipers in the gales (Septimus & Daisy) EmptySam 19 Aoû - 16:12



A voice whispers in the gales






feat. L. Daisy Gibson

Immobile comme une statue de sel, éploré et vulnérable, Septimus sut pourtant qu’il avait fait le bon choix. Il avait lâché la rampe, s’était laissé avaler par les vagues malgré leur violence intrinsèque, malgré la mort qu’elles pouvaient donner, malgré les récifs invisibles qui menaçaient de l’écorcher. Il avait retenu son souffle le temps que les courants cessent de le ballotter en tous sens, fermé les yeux si fort qu’il en avait mal aux paupières, serré les poings si convulsivement que ses jointures s’étaient engourdies ; mais ce silence et ces larmes, la révérence avec laquelle il avait rendu les armes provoquèrent un séisme dans les yeux de la jolie Daisy. Ses prunelles tremblèrent, ébranlées par la secousse qui l’avait presque mise à terre. Balayés, ces nuages qui obscurcissaient à nouveau le ciel d’été dégagé de ses iris ; chassés violemment par le souffle sec de cette activité sismique inhabituelle. Elle se trouvait trop près de l’épicentre pour s’enfuir – elle ne pouvait que se laisser engloutir par la terre qui s’ouvrait sous ses pieds, cette terre qui l’appelait plus fort encore que les eaux qu’elle chérissait tant. Tout entière, elle se noya dans le chagrin et l’espoir qui jaillissaient en gerbes incontrôlables du mutisme saturé de mots de Septimus. Il ne la quitta pas du regard une seule seconde, ses cils humides courbés sous le poids des larmes.

À la façon dont ses paupières papillonnèrent, à la façon dont elle entrouvrit légèrement les lèvres sur le bout nacré de ses dents rondes comme des perles, à la façon dont ses cils s’abaissèrent sur la main offerte, à la façon dont son ciel se troubla, il sut qu’il l’avait touchée. Il ne l’avait pas laissée s’en aller, s’enfuir, enfiler ce costume trop grand pour elle, pour lui, pour eux ; ce costume qu’il connaissait par cœur et qu’il avait laissé sur le lit de sa chambre d’enfance en espérant ne plus jamais le revoir. Peut-être qu’un jour, il aurait l’occasion de le voir partir en fumée plutôt que simplement l’abandonner dans un placard comme un cadavre. Un sourire tremblant fit luire ces iris, comme deux flaques agitées des reflets ondulants de leurs silhouettes encore hésitantes. Tandis qu’il cherchait les mots qui prenaient la fuite, la jeune fille ne saisit pas l’occasion de les imiter. Elle demeura, comme quelques minutes auparavant, suspendue à ses paroles ; à nouveau irrépressiblement attirée par cette altérité inattendue. Le cœur de l’adulte s’emballa d’un espoir fou, d’une lumière qui n’attendait que d’être alimentée.

Un silence flotta dans l’air lourd qui les séparait. Septimus ignora l’angoisse qui lui comprima les poumons à l’idée qu’elle ne se dérobe à la chaleur de sa paume, résistant à l’envie de se lever, de rompre la distance et de l’attirer à lui pour consoler cette petite fille perdue qu’il devinait dans le sillage de l’adolescente éthérée.

Une larme perla, timide, au coin de l’œil de Daisy, avant de rouler sur sa joue blême. Les sourcils du concierge s’arquèrent aussitôt, le cœur résonnant du fracas d’un sentiment seulement effleuré jusqu’ici : la tendresse irrépressible, totale et absolue étourdissant par surprise ceux qui assistaient à une naissance. Si rapidement qu’il en sursauta pratiquement, elle saisit sa main – éventualité à laquelle il s’était préparé, quoique son contact fut encore plus satiné qu’il ne l’avait imaginé – et jeta ses bras autour de son cou pour l’étreindre. D’abord figé, les yeux écarquillés, Septimus en eut le souffle coupé. Puis, sans plus réfléchir à cette proximité soudaine, chaude et douce à la fois, il referma ses bras sur ses frêles épaules, posant délicatement ses longs doigts calleux sur cette abondante chevelure blonde afin de la presser juste un peu – juste de quoi la laisser respirer, comme il l’avait promis. À cet instant, il ne réfléchissait plus combien il détestait la promiscuité, l’imprévisible et le caractère intime d’un rapprochement, mais combien il était bouleversé par l’évidence de cette discussion, de cette embrassade, de s’être trouvés.

Il n’eut qu’à peine le temps d’imprimer l’empreinte synesthésique de Daisy dans sa mémoire qu’elle refluait déjà comme la marée capricieuse. Ses mains avaient quitté Septimus pour s’enlacer sagement devant elle. Le sorcier battit un instant des paupières, un peu secoué par la brièveté de cet instant suspendu pourtant si intense, puis rabattit ses cheveux argentés d’une main légèrement tremblante. Il fut toutefois soulagé de constater que le bleu de ses yeux n’était couvert d’aucun nuage ; seul un voile de timidité le recouvrait, peut-être ému ou intimidé par la préciosité de ce moment. Ses petits doigts entrelacés se tordirent.

— Moi aussi, c’est la première fois que j’en parle, alors si possible, j’aimerais bien que ça reste un secret, dit-elle avec une certaine nervosité.

Bien sûr, répondit immédiatement Septimus.

C’était ce dont elle avait besoin pour le moment. Elle était trop fragile pour risquer de s’engouffrer dans ces ronces maintenant ; ou sa peau veloutée n’y laisserait pas seulement quelques égratignures. L’ancien adolescent se souvenait de la terreur qui le tenaillait et de la précarité qu’une confiance apportait : une exposition de soi dangereuse. Il lui apparaissait évident que cette petite avait besoin de davantage que de son attention – aussi bienveillante soit-elle. Lorsqu’elle le lui permettrait, il l’emmènerait doucement sur le chemin de la guérison ; sans jamais lâcher sa main. Évidemment, il garderait un œil sur elle ; de près ou de loin, peu importait tant qu’elle le voulait bien.

— Et donc, ça vous va si on rejoint les autres, maintenant ? l’interrogea-t-elle pour refermer la parenthèse de cette bulle hors du temps, qu’ils laissaient derrière eux luire sous les rayons du soleil perçant le feuillage – peut-être pour quelqu’un d’autre.

Septimus étira un petit sourire, ses yeux brillèrent et il hocha la tête en se redressant précautionneusement.

Je te suis, assura-t-il en la rejoignant en quelques enjambées.

Je te suivrai, voulait-il dire.

Et il croyait que ses yeux le lui disaient assez bien sans qu’il soit nécessaire de l’exprimer.


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