Victoire Openwings & Lilith C. Davis

Mieux vaut s'asseoir avec le hibou que voler avec le faucon

La période la plus décisive de l'année venait de commencer. Les examens n'étaient plus qu'à quelques semaines et Lilith était tout sauf sereine. Elle faisait de son mieux, recouvrant sa partie de la chambre et tous ses livres de milliers de notes mnémotechniques qui étaient supposées l'aider dans ses révisions. Mais ce qui était de base un support apprécié devenait dorénavant une source d'angoisse permanente. Elle se retrouvait avec la pression a tout mélanger. Le vert était-il pour les potions ou pas les défenses contre les forces du mal ? Et ce schéma pour la métamorphose ou les sortilèges ? Et pourquoi avait elle dessiné des petits soleils sur ces notes déjà ? Ces petites astuces qui l'avaient aidé pendant sa scolarité devenait maintenant son pire cauchemar. Elle avait l'impression que tout ça ne servait à rien. Qu'elle était vouée à l'échec et ça la désespérait plus que tout.

Pour échapper à ce stress destructeur, elle avait décidé de s'arrêter pour l'instant et d'aller faire une petite promenade qui lui permettrait de relâcher la pression. Toute personne normale aurait prit ses deux jambes et aurait opté pour une promenade dans le parc de Poudlard. Mais Lilith elle opta pour un autre type de ballade. Elle se transforma en rouge-gorge et s'envola au dessus de Poudlard.

Maintenant qu'elle maîtrisait mieux ses transformations et le vol, se changer en oiseau lui était devenu agréable. Sentir son deuxième petit coeur battre à toute vitesse la calmait presque maintenant là où cela la faisait paniquer à ces débuts. C’était encourageant de voir que des choses qui semblaient insurmontables étaient finalement devenues une habitude. Comme quoi, il ne fallait jamais perdre espoir, avec un peu de persévérance, mème la plus haute tour de Poudlard pouvait être gravie. Là où elle finissait tremblante à cause de la hauteur et vomissait tripes et boyaux en se retransformant en humaine, elle prenait dorénavant plaisir à sentir le vent contre ses plumes et à jouer avec les courants d’airs chauds et froids.

La balade devait être simplement rafraichissante et lui permettre de se changer les idées en prenant les choses sous un autre angle. Elle vira tout bonnement à la catastrophe. Alors qu’elle survolait la lisière de la forêt interdite paisiblement, elle entendit un sifflement et comprit une seconde trop tard que quelque chose lui fondait dessus. Le choc fut brutal. Elle fut projetée contre une branche et une violente douleur lui remonta de sa frêle petite patte. Paniquée, elle regarda frénétiquement autour d’elle à la recherche de l’assaillant. Lorsqu’elle l’aperçu, elle se dit qu’elle était vraiment dans la merde. Un rapace lui fonçait dessus et elle se rendait compte qu’elle n’était autre que sa proie. Comment pouvait-elle finir de repas alors qu’elle voulait juste se changer les idées de ses examens ! Son premier réflexe logique fut de se retransformer en humaine mais bien entendu, sous le coup de la panique, elle n’y parvint pas. Elle ne perdit pas une seule seconde et fila aussi vite que possible, zigzagant aussi bas que possible sous les branches des arbres.

Elle battait des ailes le plus vite possible, piaillant autant que possible au rapace d’arrêter, mais bien entendu cela ne suffit pas. Heureusement pour elle, elle se trouvait non loin de Pré-au-Lard. Si elle arrivait à maintenir le rythme, elle avait peut-être une chance ! Il fallait qu’elle se rapproche de la civilisation. Elle donna tout ce qu’elle put et finit enfin par apercevoir les toits biscornus du petit village sorcier. Malheureusement, le faucon derrière elle ne lâchait pas, et elle le sentait se rapprocher dangereusement. Mais c’était encore jouable. Après une course poursuite effrénée, elle atteignit le village, plongeant directement dans les ruelles. Dans une dernière tentative désespérée de se saisir de sa proie, le faucon tenta de refermer ses serres sur la pauvre petite Lilith. Il ne parvint pas à la prendre au piège mais il l’érafla méchamment, la faisant perdre son équilibre. Dans sa vitesse, elle partit en une sorte de tonneau, ce qui précipita sa chute contre un mur. Elle se retrouva à moitié assommée dans une ruelle et pensa avec soulagement que c’était terminé. Jusqu’à ce qu’elle entende un feulement. Il ne manquait plus que ça !

Elle avait peu de temps, elle le savait. Vu l’état dans laquelle l’avait laissé le faucon, il ne fallait pas qu’elle en reste là. Elle estimait qu’il lui restait approximativement 5 secondes avant que le chat ne bondisse sur elle, juste le temps pour qu’il se tapisse. Elle intima à ses 2 coeurs de se calmer, respira profondément et … Parvient à redevenir humaine au moment où le chat allait lui sautait dessus, toute griffe dehors. « J’ai dit non ! Du balais ! Laisse moi tranquille ! » Hurla-t-elle au chat qui détala sans se faire prier, laissant une Lilith échevelée, le bras ensanglanté et une cheville sur laquelle elle ne pouvait pas vraiment se tenir. Elle se retrouvait donc dans un bel état, à Pré-au-Lard, le jour où une sortie n’était pas prévue. Elle pouvait encore espérer passer inaperçu et rentrer ni vu ni connu mais en plus de tout le reste, voilà qu’elle se retrouvait face à quelqu’un qui la fixait. Elle n’allait définitivement pas passer inaperçue dans cet état. Et ça allait forcément ce savoir... « Euh … Bonjour ? » Dit-elle timidement, ne reconnaissant pas la jeune femme dans le contre jour imposé par la ruelle.

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Victoire Openwings & Lilith C. Davis

Cela faisait une semaine que Victoire était arrivée à Poudlard. Le temps, en bête curieuse, avait dévoré les jours avec voracité, si bien que la sorcière se demandait comment il avait pu filer si vite.

L’Owlmaster s’était globalement bien fait accueillir par les pensionnaires de la volière. Les hiboux appartenant à l’école avaient tous été sélectionnés pour leur flegme et leur bonhommie, ce qui les rendait agréables à côtoyer. Le reste des oiseaux, ceux qui étaient aux élèves, avaient des caractères plus éclectiques. Si la plupart d’entre eux étaient tout à fait sympathiques, certains hiboux et chouettes étaient en revanche de nature plus réservée, quand ce n’était pas carrément désagréable. Victoire savait qu’elle allait devoir se montrer légitime à leurs yeux pour qu’ils lui accordent toute leur confiance.

En cette fin de matinée, la sorcière avait décidé de s’accorder une petite promenade dans le parc de l’école. Elle avait beaucoup à réfléchir, et marcher l’avait toujours aidée à discipliner ses pensées. Les mains dans les poches de sa veste, Victoire levait machinalement les yeux vers les contreforts des montagnes qui encerclaient Poudlard, à la recherche de la silhouette des rapaces qui habiteraient les lieux. Elle savait que l’Écosse possédait de rares et précieux spécimens d’aigles royaux, mais elle n’avait pas encore eu la chance d’en observer pour le moment.

Berny, le grand-duc de Sibérie de Victoire, était également de la partie. Le tour du monde des deux compères avait donné l’opportunité au hibou d’apprendre à prendre les thermiques pour planer sans efforts, technique de vol que ne possédaient pas naturellement les rapaces nocturnes. Berny s'employait donc à suivre la sorcière depuis les airs, s’amusant parfois à fondre sur sa compagne pour la frôler de ses ailes immenses avant de reprendre de la hauteur.

Alors que la jeune femme était perdue dans ses pensées, elle vit au loin une étudiante qui venait de quitter les murs d’enceinte de l’école. Avec sa tête légèrement rentrée dans les épaules et ses gestes raides, l’adolescente avait l’air en proie à une grande nervosité. Le constat tira un petit sourire à Victoire. À cette période de l’année, il y avait fort à parier que c’étaient les examens à venir qui angoissaient la demoiselle.

La sorcière haussa les sourcils de surprise lorsque l’élève, d’un coup, se métamorphosa en rouge-gorge.

— Une animagus ! s’émerveilla la jeune femme en suivant le vol du tout petit oiseau.

Manifester un tel don à cet âge témoignait d’une belle maîtrise de la magie. Victoire ne put s’empêcher de sourire, alors que le rouge-gorge prenait de la hauteur.

La sorcière n’avait jamais été à l’aise dans le fait de voler. Elle savait tout juste tenir sur un balai, et encore, parce que ç’avait été une matière obligatoire à Poudlard. De façon générale, Victoire préférait laisser le vol à ses oiseaux chéris ; comme si le maîtriser risquait de lui faire courir le risque de moins s’émerveiller sur celui des rapaces.

Au bout d’une petite minute d’observation de l’animagus, la sorcière fronça les sourcils. Le rouge-gorge commençait à se trouver haut dans le ciel ; très haut, même, pour cette espèce de passereaux. Avec son rouge distinctif, il était comme une boule de Noël lumineuse au milieu d’une immensité enneigée ; une tentation alléchante pour n’importe quel prédateur aérien.

— Il faut que tu descendes, siffla Victoire entre ses dents en voyant que l’animagus approchait de la forêt, toujours trop haut dans le ciel.

Constatant que le rouge-gorge n’avait apparemment aucune conscience du danger, l’Owlmaster tira sa baguette, prête à amplifier sa voix pour alerter l’étudiante. Elle n’en eut pas le temps. Au même instant, son œil habitué fut attiré par un boulet de canon lancé à pleine vitesse depuis les cieux.

— Merde ! s’exclama Victoire au moment où le faucon (car c’en était un) percuta le rouge-gorge.

L’espace d’un instant, la sorcière redouta que l’étudiante soit morte sur le coup. Une partie des faucons partageaient cette technique de chasse qui consistait à prendre de la hauteur, puis fondre sur leur proie potentielle pour la buffeter, c’est-à-dire la frapper à toute vitesse de ses serres refermées. La violence du choc tuait sur le coup la plupart des victimes.

Le rouge-gorge, heureusement, se redressa péniblement sur la branche sur laquelle l’impact l’avait projeté. Le faucon, pour sa part, était remonté en chandelle après son attaque, permettant à Victoire d’en identifier l’espace. Avec son dos brun, son ventre moucheté et le dessin encore discret de moustaches sous ses yeux, l’oiseau était un pèlerin juvénile ; ce qui expliquait que son attaque ait été trop maladroite pour tuer l’animagus sur le coup. Une chance, songea l’Owlmaster avec soulagement.

Le répit fut de courte durée. Pris de panique, le rouge-gorge quitta le couvert des arbres pour s’élancer en pépiant dans la direction de Pré-au-Lard. Victoire s’en frappa le front de désespoir.

— Mais pourquoi tu te mets à découvert comme ça ? se désola la jeune femme.

Si l’animagus était restée dans la forêt, le faucon aurait été incapable de l’attaquer. Les pèlerins étaient les maîtres des airs en terrain dégagé ; les bois, eux, étaient plutôt le territoire des éperviers et des autours des palombes. Il y avait fort à parier que l’étudiante, trop terrorisée par sa mésaventure, n’y ait pas du tout pensé.

En agissant ainsi, le rouge-gorge avait déclenché une nouvelle poursuite. Cette fois-ci, Victoire eut le temps de réagir.

— Berny ! appela-t-elle son hibou. Suis-les aussi vite que tu peux ! Je vais essayer de les intercepter à Pré-au-Lard !

Le grand-duc hulula, puis cessa de planer pour battre furieusement des ailes et se lancer à la poursuite du faucon et du rouge-gorge. Même à pleine vitesse, son vol était naturellement plus lent que celui des deux autres oiseaux. Le pèlerin, en revanche, serait peut-être effrayé de se voir pris en chasse par un hibou aussi volumineux que Berny.

Victoire ne perdit pas de temps à observer le spectacle : elle se mit à courir de toutes ses forces en direction de la frontière magique de Poudlard. Arrivée là, elle se transplana pour Pré-au-Lard.

— Faites que j’arrive pas trop tard, pria-t-elle, à bout de souffle, avant de disparaître.

Par chance, même si elle n’était pas retournée à Pré-au-Lard depuis la fin de ses études, près de dix ans plus tôt, la jeune femme parvint à transplaner pile à l’entrée du village. Elle vit donc le rouge-gorge arriver à pleine vitesse, et disparaître dans une ruelle, le faucon à ses trousses. Berny, qui suivait vaillamment la poursuite, décrivit quelques cercles en hauteur pour indiquer à l’Owlmaster dans quelle rue se trouvaient les poursuivants. Victoire s’y élança, bousculant au passage sans ménagement quelques sorciers qui ne comprirent pas pourquoi cette jeune femme tenait tant à courir derrière des oiseaux.

En arrivant à l’angle du chemin que Berny lui indiquait, Victoire vit le faucon passer au-dessus d’elle. Il avait les serres vides, heureusement, signe qu’il n’était pas parvenu à attraper l’animagus. Un bruit de feulement félin, hélas, doucha bien vite les espoirs de la sorcière.

— Un pèlerin, puis un chat… Cette gamine doit avoir une sacrée poisse, songea l’Owlmaster pour elle-même alors qu’elle arrivait enfin dans la ruelle qui l’intéressait, la baguette tirée.

Au même instant, un chat fila ventre à terre entre ses jambes. Quand elle releva la tête, Victoire tomba nez-à-nez avec la jeune fille qu’elle avait vue se transformer en rouge-gorge. Les cheveux en pétard, essoufflée par sa fuite et blessée au bras et à la jambe, l’adolescente paraissait un peu sous le choc de sa mésaventure.

— Euh… Bonjour ? l’élève salua-t-elle l’Owlmaster avec timidité.

— Ça va ? s’enquit aussitôt Victoire, qui vint s’agenouiller aux côtés de l’étudiante pour évaluer l’étendue des dégâts.

Une belle entaille et une foulure ; rien que la jeune femme ne serait capable de soigner avant un passage de rigueur à l’infirmerie.

Berny, qui avait suivi la scène depuis le ciel, se laissa planer jusqu’à une caisse derrière Victoire. Entendant le mouvement de son fidèle compagnon, la sorcière jugea qu’il s’agissait du bon moment pour se présenter.

— T’inquiètes pas, je suis de Poudlard, préféra-t-elle préciser à l’étudiante. Je suis la nouvelle Owlmaster, la personne qui s’occupe des hiboux et des chouettes pour l’école. Tu peux m’appeler Victoire.

Elle ajouta, désignant le grand-duc perché derrière elle.

— Et le gros tas de plumes, là, c’est Berny.

La jeune femme sourit à l’adolescente, espérant ainsi la rassurer quant à ses intentions.

— Sacrée course que tu nous as fait là.

Jet de dés ICI

1-3-5 : Victoire parvint à transplaner à l’entrée de Pré-au-Lard, et voit Lilith et le faucon arriver vers elle.
2-4 : Victoire parvint à transplaner, mais à l’autre bout du village, et doit courir pour retrouver Lilith.
6 : Victoire est incapable de transplaner, et doit suivre les oiseaux en courant. Cours, Victoire, cours !

Victoire hulule en crimson.

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Il fallait se rendre à l’évidence. Lilith avait le chic pour se mettre dans des situations incongrues. Quand ce n’était pas à cause de son cerveau qui lui faisait oublier quasiment tout, c’était à cause de sa rêverie qui lui faisait manquer d’attention. Si elle avait été plus prudente, elle aurait pu s’éviter tous ces malheurs avec le faucon. Elle s’était montrée très imprudente en s’élevant plus que nécessaire et sans faire attention à ses arrières. Si elle avait réfléchi un peu, elle aurait également su qu’avec les beaux jours, les prédateurs revenaient également. Et qu’était-elle sous sa petite forme de rouge-gorge ? Une vulgaire proie.

Elle s’en était sortie de peu. Elle en avant conscience. Si elle maîtrisait mieux ses transformations, elle n’aurait eu aucun mal à se retransformer au moindre danger mais dès qu’elle paniquait, tout devenait un peu trop aléatoire. Là encore, à quelques secondes prêts, après d’être faite prise en chasse par un faucon, elle avait manqué de peu de se faire gober par un chat. Elle n’était pas prête de refaire des virées de si tôt si toutes promettaient d’être aussi dangereuses au mois de Juin.

Maintenant se posait la question de comment rentrer à Poudlard. Idéalement, sans se faire repérer. Après sa mauvaise expérience, elle n’avait pas particulièrement envie de tenter le chemin retour sous sa forme d’oiseau. Ou qu’en cas de dernier recours. Il fallait qu’elle trouve un autre moyen … Toutefois, elle n’eut pas le temps de réfléchir plus longuement qu’une silhouette se dressait déjà devant elle. Amie ou ennemie ? Elle allait vite le savoir.

Elle devait être dans un bel état. Elle préférait ne même pas y penser en fait. L’image qu’elle devait renvoyer d’elle écorchée, les cheveux ébouriffés et les vêtements déchirés par endroit ne devait pas être très flatteur. En même temps, elle avait espéré ne tomber sur personne. Mais force était de constater qu’aujourd’hui n’était pas sa journée. Elle salua la personne, timidement, craignant la suite des évènements. Mais contre toute attente, la silhouette se précipita vers elle et s’agenouilla comme pour l’ausculter. Lilith en resta bouche bée. « Euh oui … Ça va aller. Enfin, je crois ? » Répondit-elle, surprise en observant avec de grands yeux écarquillés la femme blonde qui était à ses côtés. Elle n’avait pas l’impression de l’avoir déjà rencontrée. Si elle n'essayait pas de poser son pied par terre, tout allait relativement bien en réalité. Les écorchures lui piquaient un peu mais avec l'adrénaline qu'elle avait encore dans le corps et la surprise de la compagnie, cela ne lui était pas encore trop douloureux.

Elle se raidit quand la jeune femme se présenta comme étant de Poudlard. Justement, elle aurait préféré ne croiser personne qui venait de Poudlard si elle voulait rentrer sans se faire prendre. Maintenant, elle était assurée d’être dans la sauce… Elle n’eut pas le temps de réagir que déjà l’Owlmaster montrait une boule de plume derrière elle qu’elle présenta à Lilith comme étant Berny. La rouquine restait interloquée mais essaya de se secouer et de sortir de son état de choc. « Enchantée Victoire et … Berny. » Ajouta-t-elle, jetant un coup d’œil vers le grand duc qui la fixait d’un air réprobateur. « Vous êtes nouveaux à Poudlard ? » Enchaîna-t-elle en reportant son attention vers Victoire et en incluant son hibou et elle. Maintenant qu’elle pouvait parler aux oiseaux, elle les considérait pleinement comme des individus. Elle se sentit rougir de honte lorsque la femme blonde fit référence à sa course. Elle ne pouvait pas avoir tout vu ? Si ? Elle avait été si peu discrète que ça ? « Qu’est-ce que vous avez vu, exactement Madame ? » Trouva-t-elle le courage de demander en redressant la tête, plantant ses yeux dans les siens. Elle avait peur de ce qu’elle pouvait en si peu de temps savoir sur elle. Bien sûr, elle était une animagus décalée. Cela était obligatoire. Ce n’était pas pour autant que tout le monde connaissait son petit secret. « Vous allez tout dire au directeur ? » Demanda-t-elle finalement. Lilith appréciait beaucoup Monsieur Armitage. Même si il ne se montrait pas trop sévère avec elle, elle ne supportait pas la déception qu’elle pourrait lire dans son regard.

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Même si l’étudiante avait assuré aller bien à Victoire, elle n’en paraissait pas moins encore sous le choc de sa mésaventure. La course poursuite, cependant, ne paraissait pas être le seul point qui générait de l’appréhension auprès de l’adolescente. L’Owlmaster constata en effet qu’elle s’était raidie à la mention du fait qu’elle travaillait à Poudlard.

Victoire, en même temps, comprenait l’apprentie sorcière. Celle-ci avait conscience qu’elle n’avait rien à faire à Pré-au-Lard aujourd’hui, et redoutait forcément une punition. Avant que l’Owlmaster puisse la rassurer, l’étudiante demanda :

— Vous êtes nouveaux à Poudlard ?

— On est là depuis une semaine, confirma Victoire. L’année scolaire est presque terminée, donc c’est clair qu’on est à la bourre.

La sorcière rit doucement.

— Mais en gros, si tu veux, on est surtout là pour prendre nos marques. Le vrai top départ, ce sera à la rentrée de septembre.

L’étudiante parut se satisfaire de cette explication. Elle enchaîna par une autre question, qui portait cette fois-ci sur la raison de leur rencontre, à Victoire, Berny et elle.

— Qu’est-ce que vous avez vu, exactement, Madame ?

L’Owlmaster grimaça. Berny, toujours perché sur la caisse derrière lui, émit une série de chuintements qui ressemblaient à des rires.

— « Madame » ? Alors, Vic, pas trop dur, le coup de vieux ? demanda le grand-duc dans son langage d’oiseau.

Même si le métier de la sorcière l’amenait à côtoyer continuellement des oiseaux, Victoire ne parlait pas le cuicuilang. Elle avait, avec le temps, déployé une grande empathie et un sens de l’observation quant au comportement des rapaces. Cela lui suffisait pour les comprendre dans les grandes lignes, mais ne lui permettait pas de connaître leur langue à proprement parler. Berny, de son côté, n’avait pour le moment aucune idée du fait que la jeune animagus soit capable de parler son langage.

— Le « Madame » n’est pas nécessaire, assura Victoire à l’étudiante. Mais pour répondre à ta question, je crois qu’on a à peu près tout vu. Tu t’es transformée en rouge-gorge ; ce qui est un chouette don, d’ailleurs ! Puis ce faucon t’a pris en chasse jusqu’ici, où tu as réussi à reprendre forme humaine.

— Tu as oublié de préciser que ce n’était pas bien prudent, de voler comme elle l’a fait, fit remarquer Berny dans un hululement, bien qu’il sache que Victoire ne le comprenait pas. Le résultat aurait été le même si elle s’était promenée avec des néons qui pointaient sur elle.

— Vous allez tout dire au directeur ? s’inquiéta la jeune animagus.

Sur ce point, Victoire put la rassurer aussitôt.

— J’en ai pas l’intention. J’aurais tendance à croire que ta mésaventure te servira de leçon pour cette fois, ajouta la sorcière dans un sourire amusé. Par contre, tu auras peut-être besoin de faire un tour à l’infirmerie… Où est-ce que tu as mal, exactement ? Je vais voir comment je peux te soigner de mon côté, déjà.

Berny, pour sa part, claqua du bec.

— Avant ça, tu pourrais lui demander son nom, peut-être ?!

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Elle se retrouvait donc à Pré-au-Lard un jour où aucune visite n’était prévue, et en compagnie d’un membre du personnel de Poudlard alors qu’elle n’avait rien à faire ici. C’était absolument parfait … Comment avait-elle fait pour se retrouver dans cette situation cette fois-ci ? Elle déglutit péniblement même si la jeune femme qui se tenait devant elle essayait de se montrer rassurante. Elle lui expliquait tranquillement qu’ils venaient de commencer mais que leur véritable travail débuterait en septembre. Il n’empêchait qu’elle faisait quand même partie des employés de Poudlard !

Une partie d’elle-même était curieuse d’en savoir plus sur les fonctions de la jeune femme, mais une autre, plus précautionneuse lui soufflait que ce n’était pas le moment. Elle restait donc sur ses gardes, tant qu’elle serait persuadée qu’elle ne risquerait pas d’être renvoyée. Même si les raisons de sa présence ici étaient justifiables - après tout, elle avait fui à tir d’aile par légitime défense - la rouquine savait se montrer très pessimiste. Prenant son courage à deux mains, elle osa demander très directement ce que la jeune femme avait vu très précisément. Lilith avait besoin de savoir à quoi s’en tenir pour trouver des arguments pour se défendre si nécessaire. Lorsque le hibou grand-duc émit des sons proches du rire et se moqua du fait qu’elle venait de l’appeler Madame, Lilith rougit réalisant qu’elle venait sans doute de commettre un impair. « Pardonnez-moi. » S’excusa Lilith confuse. Après la confusion vint très vite l’horreur. Ils avaient donc tout vu. Ils savaient son secret. Ils savaient qu’elle pouvait se transformer à volonté en un petit rouge-gorge. Bon, ils n’étaient certes pas les premiers au courant. Le Directeur lui-même le savait étant donné que tout animagus se doit d’être déclaré. Mais il lui avait dit de faire très attention et de ne pas abusé de ce don. Ce qu’elle venait clairement de faire. Berny en rajouta une couche qui lui fit perdre une teinte de blanc, la rendant encore plus livide qu’elle ne pouvait déjà l’être, appuyant sur le fait qu’elle avait été particulièrement imprudente.

Elle baissa les yeux à terre avant d’oser demander si ils allaient la balancer, ce qui la mettrait dans de beaux draps. Heureusement, la jeune owlmaster la rassura immédiatement et se montra particulièrement prévenante avec elle. « Je … C’est la première fois que je me fais attaquer comme ça. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me fonce dessus. » Essaya-t-elle péniblement de se justifier comme si elle en avait vraiment besoin. Lorsque le hibou parla de nouveau, elle ne put s’empêcher de lui jeter un coup d’oeil. Même si sa maîtresse ne le comprenait pas, il lui fit remarquer qu’elle ignorait le prénom de la jeune fille. « Au fait … Moi c’est Lilith. » Répondit-elle timidement en détachant son regard du grand-duc. « J’ai pas grand chose vous en faites pas. » Répondit-elle, ignorant la douleur qui commençait à l’élancer dans sa cheville. Elle essaya de poser son pied par terre et sa grimace fut éloquente. « Quoi que … Je ne suis pas sûre de réussir à poser le pied par terre. » Avoua-t-elle en réfrénant les larmes qui menaçaient de la trahir tant à cause de la douleur que de la honte. « Comment est-ce que je peux rentrer à Poudlard discrètement ? » Demanda-t-elle désemparée. Elle n’avait d’autres choix que de se reposer sur la gentille jeune femme pour réintégrer l’enceinte de l’école. Elle se voyait mal se retransformer tout de suite et encore mal claudiquer jusqu’au château.

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— Je … C’est la première fois que je me fais attaquer comme ça. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me fonce dessus, exposa Lilith.

Victoire pencha la tête, compréhensive. Elle ne pouvait pas en vouloir à l’adolescente de s’être ainsi montrée imprudente, elle qui était très certainement grisée par son pouvoir de se transformer en oiseau.

— T’inquiète pas, tout va bien, voulut-elle la rassurer. Par chance, j’étais dans le coin, et il ne s’est rien passé de grave. Mais ça pourrait peut-être valoir la peine pour toi d’en apprendre un peu plus sur le comportement des oiseaux de la région, pour éviter de finir en apéritif pour rapace.

L’Owlmaster leva la tête, et vit la silhouette d’un faucon qui se détachait du bleu du ciel. Elle n’avait pas trop de doute quant au fait qu’il s’agissait de l’individu qui avait pris en chasse Lilith un peu plus tôt, et qui devait continuer à planer dans le secteur à la recherche d’une nouvelle proie.

— Le faucon qui t’a attaquée a l’air d’être un jeune pèlerin. Il est probablement né au printemps, et il apprend encore à affuter ses talents de chasseur. Quand il a vu un rouge-gorge en contrebas, volant à terrain découvert, il n’a pas hésité une seule seconde.

Victoire reposa les yeux sur l’adolescente.

— Dans la nature, les rouges-gorges ont tendance à voler au ras du sol, prêts à se précipiter dans un buisson ou sur un arbre s’ils se sentent pris en chasse par un rapace.

Elle sourit.

— Si jamais tu as un peu de temps, d’ici la fin de l’année scolaire ou au début de la prochaine, on pourrait aller étudier un peu ensemble les piafs du coin. Comme ça, tu pourras prendre de meilleurs réflexes sous ta forme d’oiseau, qu’est-ce que tu en dis ?

Quelques instants plus tard, la jeune sorcière se présenta :

— Au fait… Moi, c’est Lilith.

— Enchantée, lui assura Victoire. Par contre, tu auras peut-être besoin de faire un tour à l’infirmerie… Où est-ce que tu as mal, exactement ? Je vais voir comment je peux te soigner de mon côté, déjà.

— J’ai pas grand-chose vous en faites pas, répondit l’adolescente avant de poser le pied au sol.

Elle afficha immédiatement une grimace, signe probable d’une bonne entorse.

— Quoi que … Je ne suis pas sûre de réussir à poser le pied par terre, admit Lilith, les yeux brillants.

La pauvre adolescente avait l’air de se sentir mal, pas tant à cause de sa blessure qu’en raison de cette mésaventure qui la mettait hors-la-loi vis-à-vis du règlement de l’école.

— Comment est-ce que je peux rentrer à Poudlard discrètement ? demanda-t-elle à Victoire d’une voix rendue aigue par l’inquiétude.

L’Owlmaster tira sa baguette de sa tenue, usant de ces quelques secondes pour réfléchir.

— Si tu m’y autorises, je vais essayer un Episkey sur toi. Selon la gravité de ton entorse, ça ne la guérira pas forcément, mais ça te permettra au moins de poser le pied par terre. Pour le reste…

La jeune femme regarda autour d’elle, puis croisa le regard de Berny.

— On aura qu’à dire que je t’avais emmenée avec moi à Pré-au-Lard parce que j’avais besoin d’un coup de main pour je-ne-sais-pas-encore-trop-quoi. Je travaille pour le bureau de poste d’ici, de temps en temps, quand ils ont un problème avec un hibou. Admettons que j’ai eu besoin d’une assistante.

— C’est moche de mentir, hulula sombrement le très protocolaire Berny. Mais tu as raison, pour cette fois. Cette pauvre élève a l’air complètement perdue.

Ne comprenant toujours par les mots prononcés par son compagnon à plumes, Victoire approcha la baguette de la cheville que lui présentait Lilith. Elle n’avait pas trop de doute quant à la réussite de son sortilège. Guérir ses propres bobos, ç’avait été d’une utilité redoutable lors de son tour du monde.

— Episkey, lança l’Owlmaster.

La lumière chaude qui sortit de sa baguette lui indiqua le succès de son sort. Victoire sourit, rassurée que l’élève puisse au moins avoir un peu moins mal, et peut-être même reprendre confiance en elle.

— Essaie de marcher, pour voir, lui proposa-t-elle.

La jeune femme tendit le bras à l’adolescente, afin que celle-ci puisse s’en servir d’appui si elle en ressentait le besoin.

Jet de dés ICI

1 : échec du sort.
2-6 : réussite du sort.

Victoire hulule en crimson.

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Mieux vaut s'asseoir avec le hibou que voler avec le faucon

feat. @Victoire Openwings

La nouvelle owlmaster faisait vraiment son possible pour rassurer la rouquine qui était dans tous ses états. Elle essayait de se remettre du choc d’avoir été attaquée par un faucon, presque bouffée par un chat et découverte par un membre de l’équipe de Poudlard. La totale. Il faudrait qu’elle note dans son journal d’être bien plus attentive à l’avenir. C’était la première fois que ça lui arrivait mais en y réfléchissant deux minutes, c’était également la première fois qu’elle se montrait aussi imprudente en volant. Elle était monté bien plus haut que d’habitude, se laissant emporter agréablement par le vent. Elle retiendrait la leçon, c’était certain. « Oui, vous avez raison. Je dois en apprendre plus pour ne pas me laisser avoir. J’essaie encore de dompter mon don mais je connais assez peu de choses sur les oiseaux et leurs hiérarchies. Vous … Vous pensez que vous pourriez m’apprendre ? Vous avez l’air d’en savoir beaucoup. » Osa-t-elle demander timidement. Après tout, elle était déjà cramé. Elle avait découvert son secret sans même savoir qui elle était. Peut-être qu’elle accepterait … Ou peut-être qu’elle trouverait que l’adolescente en demandait trop. Pourtant, la jeune femme leva la tête dans le ciel et commença à lui expliquer ce qui venait de l’attaquer et pourquoi. Lilith buvait ses paroles et aurait aimé avoir un calepin pour noter tout ça, de peur d’avoir oublié avant d’être rentrée au château. Lorsqu’elle lui proposa de se retrouver à la rentrée pour étudier les oiseaux ensemble, Lilith hocha la tête avec conviction. « Ce serait avec plaisir! » Dit-elle avec enthousiasme.

Suite à la remarque du grand duc et au vu de la tournure de la conversation, Lilith trouva bon ton de se présenter. Toujours aussi gentille, l’Owlmaster continua de se montrer prévenante, lui demandant où elle avait mal. Pour essayer de désamorcer la situation, Lilith affirma que tout allait bien jusqu’à ce qu’une douleur dans sa cheville ne la rappelle à l’ordre. Mais la jeune femme semblait avoir la situation en main. Elle trouva une excuse qu’elle pourrait employer si jamais on les questionnait et Lilith hocha la tête de nouveau. Un léger sentiment de culpabilité l’étreignit quand le hibou fit la réflexion que ce n’était pas bien de mentir et Lilith essaya de cacher la rougeur qui lui montait aux joues. « Merci beaucoup… Vous êtes sûre que cela ne vous attirera pas d’ennuis ? Je vous assure que je ne me mets pas dans des situations pareilles d’habitude … » Essaya-t-elle de se justifier avant de tendre sa cheville. Elle ressentit immédiatement des picotements qui très vite furent agréable et toute sensation de douleur disparu. Elle accepta le bras de la jeune femme et posa le pied avec délicatesse. Cela semblait avoir fait l’affaire. « Merci. Encore … » Elle rabaissa sa manche pour cacher ses écorchures et passa une main dans ses cheveux pour essayer de se recoiffer. « On a un peu de marche pour rejoindre Poudlard mais ça devrait aller maintenant. » Dit-elle avec confiance pour montrer qu’elle n’était pas non plus une complète incapable. « Et du coup, vous avez commencé il y a longtemps à Poudlard ? » Si il fallait qu’elles marchent jusqu’à l’école, autant qu’elles aient un peu de conversation non ?

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