Fuir une nouvelle fois la confrontation (feat Azure)

Fuir la confrontation

une nouvelle fois

Shayne T. Williams
Douglas BoothEt VLAM ! Une autre boulette reçue à la nuque, qui s’échoua sur le canapé entre les jambes de Shayne. Celui-ci grommela en se grattant derrière la tête : lui qui après sa réponse pensait en avoir fini de la discussion autour de Kylian – ou Keylan, qu’importe – qu’il ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve et qu’il n’était pas près de côtoyer après cette conversation, sa correspondante, elle, ne semblait pas en avoir fini avec lui. En effet, en lisant sa dernière réponse, l’écriture d’Azure laissait paraître une certaine amertume et une ironie sans nom, comme si elle était elle-même agacée par son comportement. Mais il n’y avait pas réellement de quoi : les mots de Shayne n’avaient pas été aussi piquants que ceux de la jeune femme. Ce qu’il souhaitait c’était qu’elle comprenne qu’il ne voulait pas parler d’un autre garçon. Mais elle s’emporta et lui envoya dans la tête une dernière boulette de papier, avant que le jeune homme n’entende des bruits de pas près de lui diminuant au fur et à mesure. Et sans se tourner, les yeux toujours sur le papier, Shayne comprit qu’Azure par colère s’était précipitée vers la sortie de la Salle Commune. Il grogna en le constatant, trouvant injuste qu’elle lui rejette une nouvelle fois la faute, comme elle en avait coutume. Néanmoins cette fois, il n’allait pas la laisser partir avec un tel état d’esprit sur sa personne.

Il poussa un nouveau long soupir avant de se lever vivement du canapé avant de quitter à grands pas la Salle Commune, à la recherche de sa correspondante colérique. Eureka ! Il la vit non loin de là, dans les couloirs donnant sur le Grand Escalier, elle pressant le pas comme si elle sentait sa présence derrière elle et qu’elle fuyait sa réaction. Shayne arriva à sa hauteur sans trop de difficultés, et pour l’empêcher de le fuir, se tint devant elle.

« Attends, attends, tu vas pas t’échapper comme ça. »

Il profita de l’occasion qu’elle se soit arrêté dans sa course pour la confronter. Avec Azure, la relation avait l’effet de montagnes russes : un coup ils se disputaient – généralement pour un rien – un coup ils osaient se taquiner comme des amis proches. Là pour le coup, il ne comprenait pas la réaction de la jeune femme sur un sujet qui l’agaçait lui plus qu’elle. Et si elle ne l’avait pas pris de court, ce serait lui qui arpenterait les couloirs du septième étage.

« Sérieusement c’était quoi ça tout à l’heure ? » Dit-il en lui présentant le papier froissé devant le nez.

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@Azure Zinnia

Azure & Shayne

FUIR UNE NOUVELLE FOIS LA CONFRONTATION

Ça avait commencé tout doucement. Vraiment, à la base, c’était une manière très maladroite de demander comme s’était passé son rencard. Vraiment la pire qui soit, mais c’était l’une des moins humiliante qu’elle avait trouvé. Des boulettes de papier, quelque chose d’un peu impersonnelle, quelque chose qui lui permettait de mettre de la distance entre ces diverses pensées et réactions. Parce qu’elle a beau essayé de jouer l’amie, c’est pas vraiment sa tasse de thé; mais elle essaie. Faut au moins essayer de lui donner le point! Alors boulette sur boulette, c’était sensé être quelque chose de drôle et de léger et plus l’échange avançait, plus ça commençait à l’agacer elle-même. Les réponses qui revenaient la mettait un peu à l’envers, mélangeait ces émotions et ce qui était sensé être léger c’était transformer en catastrophe. Elle avait pris mouche et avait juste décidé de quitter à défaut de juste faire une scène dans la salle commune.

Ça n’aurait été bon, ni pour lui, ni pour elle; et elle devait mettre un peu d’ordre et de place dans ce qu’elle ressentait qui aurait dû être totalement injustifié. Mais c’était là. Et elle savait bien pourquoi. C’est qu’elle s’était encore à nouveau vendue du rêve au bal de Noel. Être ami. C’était ce que lui voulait, ça n’avait jamais été ce qu’elle désirait. Et plus, il parlait, plus c’était taquin et amusant, plus elle tombait dans le panneau comme une somnambule qui marche dans le noir sans voir ou elle allait. Et ou allait Azure, dans un mur! Un mur très solide, qui s’appelle la friendzone. Alors les couloirs de Poudlard, s’y perdre ça avait été la meilleure idée qu’elle avait trouvé sur le coup. Marcher, marcher, marcher, pour oublier et reprendre son calme. Après, elle irait s’excuser. Après, elle serait mieux et plus posé. Mais là, c’était pas possible.

Non. Shayne. C’est pas le temps. J’essaie d’être calme, là! Mais forcément, fallait qu’il lui courre après. Juste au moment ou elle essayait de pas faire de scène publique. Mais il la contourne et la vague d’émotion en elle est bel et bien toujours présente; volatile et très forte. Elle déglutit. Qu’est-ce que c’était tout à l’heure ? C’est qu’Azure est honnête, et pourtant, elle lui a écrit noir sur blanc, non ? Alors, on recommence mais à voix haute, peut-être.

J’essayais d’avoir ton attention.

C’est qu’elle souffle fort là, vous trouvez pas. Avec son petit nez et son regard qui fuit. Elle a pas l’air en colère, mais juste totalement mal à l’aise. Elle est sensé lui dire quoi au juste. Allo! C’était vraiment génial d’assister au spectacle de charme avec Haley en ayant nos chaises dossiers l’un contre l’autre. J’vous souhaite bien du plaisir, vu que vous semblez vous entendre à merveille; du moins, mieux qu’avec moi.

Et puis, ça a mal viré. Et … fallait que je m’en aille.

On est en mode résumé, Azure. Parce que je crois qu’il a pigé que tu es parti comme une furie. Même que certains auront eu le luxe de le remarquer dans la salle commune vu que tu marchais si fort qu’on aurait pu te prendre pour un Eruptif. T’aurait bien voulu claquer la porte en sortant, mais … avec la Grosse Dame, c’est pas toi qui gère la vitesse de fermeture. S’il voulait des excuses, là maintenant. Elle n’allait pas pouvoir lui en donner. Déjà son cœur y battait un peu trop fort d’un mélange peu commun d’émotion qui le faisait tambouriné. Fallait être un peu plus précis sur tes questions Shayne, parce qu’Azure lâchera pas le morceau, si tu t’attends à ce qu’elle dévoile plein de petits secrets croustillants.

Fallait pas que tu me suive…

Mais son cœur lui disait vraiment le contraire. Si! Si! Suit moi! J’vais craquer en deux et tu auras toutes les réponses que tu veux. Foutu cœur! Foutu émotion! C’est terrible quand ça gagne sur la logique stratégique; mais vous voyez Azure élaborer une stratégie ? Alors on est d’accord!

Fuir la confrontation une nouvelle fois

Shayne T. Williams
Douglas BoothSi Azure croyait qu’elle allait s’échapper sans s’expliquer, elle se trompait complètement. Shayne n’allait pas la laisser s’en tirer comme ça et le laisser lui à sa faim. D’ailleurs pourquoi s’était-elle fâchée ? Parce qu’il avait clairement montré son agacement sur son éternisation sur le sujet de Kylian ou Keyran – bref le Gryffondor qui lui tournait autour pendant la soirée de la St Valentin – alors qu’il l’avait invité lui-même invité au bal ? Parce qu’il souhaitait d’une façon ou d’une autre sortir de cette friendzone insupportable qu’elle ne pouvait que lui conférer ? Parce qu’il ne savait plus sur quel pied danser avec elle ?

« Ah ça pour sûr, tu l’as attirée », dit-il d’un ton qui se voulait irrité.

Depuis le temps qu’il la connaissait, il s’attendait à une riposte de sa part car têtue comme elle était, elle n’aurait eu aucun problème à oser lui tenir tête et poursuivre son chemin par tous les moyens, même s’il lui coûtait de sortir sa baguette. Mais là non. Et alors qu’il lui demandait la raison de sa dernière boulette de papier, son regard brun scrutant le sien vert à la recherche du moindre élément de réponses, aussi étonnant que cela puisse être, elle ne semblait plus en colère… mais plutôt désorientée. Confuse, perdue dans ses pensées.

« Ah oui ? Tu trouves ? Tu pensais pas qu’après ce dernier mot je méritais une petite explication ? »

Surpris par cette confusion qui régnait dans ses yeux et qui la poussaient à fuir ceux du jeune homme, le visage de Shayne se détendit, reculant un peu comme pour lui laisser de l’espace pour respirer. Il l’écouta s’expliquer, par des phrases courtes n’excédant pas huit syllabes environ. Qu’est-ce qui se passe ? Je l’effraie autant que ça ? Bien qu’il fût agacé au départ et prêt à bondir pour répondre à ses piques qu’il s’était mentalement préparé à recevoir, la vulnérabilité visible de la jeune femme l’empêcha de déverser son courroux.

« Euh… Azure, écoute, si tu es déçue que je t’ai coupée au moment où tu souhaitais parler de… Enfin de ton ami, c’est pas ce que je voulais. Mais faut pas te mettre dans cet état. »

Il détestait la voir triste ou étourdie. Il préféra largement voir en face de lui la Azure déterminée, taquine, un peu maladroite mais toujours avec le sourire. Bien sûr, cela l’agaçait qu’elle accorde plus d’importance à un garçon qu’elle ne connaissait que depuis quelque temps, qu’à lui qui avait passé la soirée du bal de Noël avec elle et qui avait clairement manifesté de la jalousie à l’encontre de Bailey Dawson pour elle. Mais si Azure les considérait tous les deux comme des amis, si c’était la seule chose qu’il pouvait obtenir sans la brusquer – la friendzone – alors soit.

« Pour une fois que c’est pas moi qui la quitte en premier, cette Salle Commune… » dit-il en souriant en coin comme pour détendre l’atmosphère, en se rappelant leur premier échange.

Et pour un échange, quel échange !

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Azure & Shayne

FUIR UNE NOUVELLE FOIS LA CONFRONTATION

Ne vous étonnez jamais si la personne en face de vous ne comprend pas ce que vous espérez de lui ou d’elle si vous n’êtes pas un minimum direct avec lui. Ça Azure l’avait un peu compris quand boulette par-dessus boulette, elle accueillait une conversation qui avait finalement tourner au vinaigre. Ça paraissait sur son visage qu’elle était agacée, voir embêté par le simple fait que Shayne ne voyait pas ce qu’il avait en face de lui; comme le nez au centre du visage. Mais elle se tortillait sur elle-même essayant de contenir bien mal ce qu’elle avait sans cesse chercher à fuir alors qu’elle avait pris la décision de partir de la salle commune si ce n’était qu’elle avait vraiment eu l’air d’une furie. La colère, elle se la réservait un peu – et l’autre partie était pour l’idiot qui les avaient mis dans cette situation … être ami. Vous pensez que c’est possible ? Vous vous trompez probablement, du moins, c’était toujours ce qu’elle se disait quand elle l’observait à la dérober, ce mec. Dieu qu’elle aimait son sourire, qu’elle aimait l’observer avec les autres, voir, passer du temps avec lui. Mais c’était toujours avec une impression que c’était qu’à demi-complet; comme si elle ne pouvait pas assumer son attirance manifeste sans risquer un nouveau rejet de sa part. Alors elle souriait en mettant un frein à ses doigts et ces envies. Ça lui avait brûlé les lèvres. Là! Juste là! ‘’C’est toi qui me met dans cet état.’’ Mais elle l’avait retenu alors qu’à la place, elle ouvrait la bouche comme un poisson et serrait une main contre le tissu gris de sa jupe d’écolière. Mais elle la referma cette bouche, laissant probablement à son interlocuteur qu’il n’assistait qu’à la moitié de la conversation. C’est que ça brassait bien dans sa tête à la Gryffonne. Et pour cette fois, oui, cette unique fois, elle irait pas tout dire ce qui lui passait en boucle dans le cerveau et ce giga monologue lui se consumerait sur ces lèvres pincés et closes au brillant gloss rose clair.

Voilà! Ça parait que rien ne vas, non ? Azure qui ne répond pas. Attention! Bombabouse mentale en téléchargement à moins que ça soit un sort qu’elle songe développer en informulé à la gueule de Shayne ? Mais son regard, lui, n’a rien de mesquin ou de calculateur; elle est juste prise entre l’amitié et la parole. Comme si elle ne pouvait rien faire autre que se taire plutôt que dire une bêtise. C’est qu’il essaie de détendre la corde tendue qui semble prendre les épaules d’Azure; oui oui, jolie blague. Elle aurait bien rit, voir elle y aurait même répondue, mais à la place, elle le fixait avec un regard énigmatique alors qu’elle finissait par plaqué son dos contre la paroi froid du mur de pierre. Au moins, elle ne donnait pas l’impression de chercher à s’enfuir, ces petits doigts de sa main gauches et puis celle de droite qui s’ajoutaient dans un manège incessant entre le tissu et la broche de métal qui retenait les pans de jupes. Ce souffle, il lui brûle presque la gorge alors qu’elle l’expulse. Va-t-en. Reste. Ne me touche pas. Non… non… c’est qu’elle lance un regard suppliant là, alors que ces mains viennent à la rencontre des siennes pour les faire cesser de chercher des distractions bien futile. C’est pas des éclairs, c’est vraiment qu’une très grande détresse, alors qu’elle arrive même pas à contenir et soutenir le regard du garçon qui lui semble si perçant, comme s’il pouvait voir au travers d’elle. Mais il ne voit pas. Non, il ne voit pas, parce que sinon il ne lui demanderait pas d’explication – il comprendrait qu’il se trompe de tout au tout.

Et...:

Fuir la confrontation

une nouvelle fois

Shayne T. Williams
Douglas BoothCe n’était vraiment pas ce que Shayne espérait d’une conversation. Malgré le ton du jeune homme qui se voulait réconfortant, malgré la petite anecdote qu’il avait lâchée pour détendre l’atmosphère et par conséquent son interlocutrice, Azure restait muette. Il avait longtemps guetté sa réaction, pensant trouver sur son visage un signe de réponse, d’émotions, de protestation. Mais là rien. Le néant, la blague n’avait pas eu l’effet désiré. Il se demanda alors si au contraire cette anecdote ne l’avait qu’agacé, que lui rappeler leur échange enflammé l’avait sans doute embêtée, qu’elle regrettait peut-être ce qui s’était passé, ou plutôt comment cela s’était terminé. Depuis peu, elle semblait distante, soucieuse de garder un minimum d’espace vital. Etonnant car si l’un d’entre d’autre avait bien le droit de s’agacer de la situation ce serait le jeune Williams.

Eh ben ça promet… Cependant, malgré la gêne inévitable peinte sur le visage de la jeune femme, elle ne semblait pas vouloir quitter les lieux et Shayne par la même occasion. Non, elle gardait seulement une bonne distance entre eux deux, comme pour mieux respirer et prendre du recul sur la situation, son dos se collant au mur de couloir derrière elle. C’était comme si elle espérait quelque chose… Sans doute des explications de la part du jeune homme, voire des excuses. Des excuses ? Du délire ! D’ailleurs, pourquoi s’excuserait-il ? Qui d’entre les deux avait quitté la Salle Commune sans explication après avoir lancé une boulette de papier à l’autre en pleine tête et qui croyait s’en tirer impunément ? Shayne sentait que si elle les lui avait demandé verbalement, rien ne l’aurait freiné pour se défendre jusqu’au bout, quitte à sortir les griffes. Amis ou pas, il ne supportait pas l’injustice et que l’on rejette toutes les fautes du monde sur sa personne. Mais à tout bien réfléchir, à ce moment-là il n’était pas d’humeur à provoquer une dispute : celle autour des boulettes de papier suffisait pour mettre son esprit en rogne. Alors n’allons pas envenimer les choses. Il pensa alors à faire un mouvement dans sa direction, comme pour lui intimer de dire quelque chose. Mauvaise idée car les yeux de la jeune femme s’écarquillèrent tandis qu’elle se colla davantage au mur, son regard toujours encré dans celui de Shayne. Celui-ci fronça les sourcils : il n’avait pas l’intention de l’effrayer ou de faire quelque chose de brusque, or son corps avait réagi comme si elle fuyait un prédateur.

« T’essaies pas de me fuir, j’espère ? », dit-il en esquissant un rictus, mi-amusé mi-étonné par sa réaction.

Mais son sourire se fana quand il vit cette lueur de détresse dans le regard d’Azure. Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Et elle ne disait mot, elle se contentait de garder une distance et de maintenir le regard comme pour empêcher Shayne de voir une quelconque faiblesse dans ses gestes. Il n’aimait vraiment pas ça, vraiment pas ça du tout. La voir dans cet état le rendait extrêmement confus, et il se prit à se tordre de compassion à la vue de ses yeux verts effrayés. Mais effrayés de quoi ? Ou de qui ? De lui ? Qu’avait-il fait pour mériter une telle réaction ? Il se mit à penser qu’il l’avait peut-être trop brusquement intercepté lorsqu’elle avait rejoint le couloir et il se frappa mentalement d’avoir été – ou semblé – aussi violent et dur envers elle. Il avait pris plus de pincettes, elle ne l’aurait pas regardé ainsi. Comme une proie qui suppliait son prédateur de l’épargner…

Shayne envisagea alors de lui montrer par geste qu’il ne voulait pas se battre avec elle, qu’une dispute ne serait pas la bienvenue : c’était alors qu’il eut cette idée – si idiote soit-elle – de lever les mains en direction d’Azure. Il s’apprêtait à ouvrir la bouche pour accompagner le geste à la parole… quand il sentit un doux frisson lui parcourir l’échine, le figeant sur place. Comme la caresse d’une brise d’hiver sur sa peau, doux à en lui hérisser les poils. Son cœur rata un battement face à cette soudaine sensation. Il constata alors Azure lui prendre les poignets et les bloquer dans leur lancée, ces mains enveloppées dans une étreinte chaude… Shayne ne dit mot cette fois, il se contenta de passer le regard sur leurs mains jointes, puis sur Azure, puis une nouvelle fois sur ses doigts, puis son interlocutrice. Et ainsi de suite pendant une durée indéterminée… Enfin jusqu’à ce que le jeune homme daignât raccrocher le regard à celui de la jeune femme. Son souffle se faisait haletant, comme celui d’Azure semblait-il. Ces sensations le rendaient confus et il fut tant chamboulé qu’il ne remarqua pas la faible distance qu’il leur restait. En effet, tandis que le contact des mains d’Azure l’avait figé, il s’était inconsciemment rapproché de son interlocutrice jusqu’à ce qu’il soit à quelques centimètres de son visage. Analysant la proximité, le regard de Shayne descendit sans le vouloir sur toute la face de la jeune femme : mauvaise idée, car il finit par se poser sur… des lèvres roses un peu gercés.

Oh merde… Et de deux…

… Et il fondit sur la jeune femme.

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Azure & Shayne

FUIR UNE NOUVELLE FOIS LA CONFRONTATION

Fuir ? Non, elle n’était plus là. Quoiqu’elle eût bien voulu fuir au départ lorsque la marée de sa colère l’avait forcé à s’en aller. Mais là, elle en était un peu lasse de jouer contre elle-même. Elle n’avait aucun talent pour ce jeu. Elle n’avait absolument rien d’une stratège et ceci n’était vraiment pas un piège tendu. Non, vraiment pas. Et alors qu’elle ne répondait plus de rien, elle continuait à songer à quel point elle n’était pas douée pour ce qui se passait, là, devant ces yeux. Elle n’avait pas la maturité de se dire qu’elle comprenait ce que lui vivait, il n’y avait qu’elle et son mal-être sous une bonne douche de confiance débordante et pétillante. Échec en E6. Voilà comment elle se sentait, alors qu’elle sentait porté un peu d’attention au carrelage comme des cases d’un plateau de jeu. Il ne lui restait qu’à lui faire lever les mains et la faire parler pour dire combien cette position était intenable. Son roi allait la mettre, elle, en échec ? Voilà bien le sacrifice qu’elle avait consenti quelques temps plus tôt. Un sacrifice bien inutile quand il reposa des yeux sur lui. Il faudrait qu’il disparaisse complètement de sa vie pour qu’elle n’en soit pas hanté. Oui, c’était cela! Il devait. Il devait. Mais ses yeux s’agrandirent. Non, ça elle ne le voulait pas! Non. Non. ET NON.

Et puis, ses mains s’étaient glissées dans les siennes. Elle voulait l’atteindre et lui montrer qu’elle ne cherchait pas à fuir. Elle ne cherchait plus à se fuir, et à le fuir. Ça n’avait rien de drôle de se mettre dans cet état pour un stupide rendez-vous et en plus ça renvoyait tellement une image de la fille jalouse alors qu’elle n’avait aucun droit sur sa personne; elle était son amie tel que décrété et décidé. Mais est-ce que ça se décide vraiment d’être uniquement amie avec un garçon ? Est-ce que la ligne doit se tracer à quelques parts de manière obligatoire ou elle a le droit de vouloir plus qu’une sympathique camaraderie ? Est-ce si facile d’effacer tous ces souvenirs latents – qu’il revienne vers elle – et ses espoirs ? Il était plus facile d’oublier sa rage et d’espéré à ce que les choses autours d’elle prenne un sens ; éternelle optimiste – peut-être trop. Alors toucher les calls de ces doigts, les frôler pour tenter de calmer son mal être comme un talisman – ou bien est-ce simplement pour combler un manque de sentir un peu de chaleur. Elle aura baissé les yeux vers les doigts un très bref instant avant de les relever en notant tout autant le calme qui les hantaient. Et il sera là, leurs regards échangés pleins promesse, et les souffles qui semblaient cachés bien un mélange d’excitation et de supplique. Il ne les avaient pas retirer des siennes et la chaleur montaient et montaient jusqu’à lui donner l’impression de prendre comme un feu sur ces joues. Elle en aura déglutit un bon coup en voyant qu’il ne la lâcherait plus du regard, aura suspendu son souffle comme une idiote en sondant ses iris, plus proche – très proche. C’était un jeu dangereux; arriverait-elle à se décider à décliner la tête pour passer vers une accolade et respecter ce qu’ils avaient conclus ? Mais ces yeux et ces lèvres légèrement tremblantes, formant une supplique mutique, avaient peut-être été compris par le Gryffondor. Et c’est vraiment à cet instant fatidique qu’elle passe l’éclat de sa voix.

Shayne…

Ça sort comme un souffle. Comme une piqûre de rappel pour lui, bien que sa voix, à elle, semble étrangement suppliante et désireuse. Ne recommence pas, si tu es pour t’enfuir. Ça la tord quelques parts; entre ses désirs et ses craintes. Si elle n’est pas un jeu, si elle ne l’a jamais été – comme maintenant elle est prête à lui concéder. Ça se passait en direct dans sa tête, comme un rêve, lié entre quelques pensées tourmentées. Mais si lui avait arrêté, un doute peut-être ou simplement la surprise d’entendre sa voix, elle avait finalement décidé que se battre contre elle-même, comme la chimère d’une autre fille dans sa vie réelle ou pas, ne valait pas qu’elle ne s’accorde pas ce que ces rêves les plus fou l’avaient menés à espérer; alors elle goûta ces lèvres comme si ça aurait été une friandise trop longtemps attendue et se disant qu’elle ne devait pas regretté comme lui semblait l’avoir regretté ce jour-là dans la salle commune. Alors si c’était le seul baiser qu’elle n’aurait plus jamais, avant que lui se réveille et se souvienne que ça n’était pas ce qu’il voulait de leur relation, elle allait s’assurer qu’il n’y ait plus jamais aucun doute de ce qu’elle avait toujours voulu et attendu. Alors de ces mains bien attaché, elle n’en aura libéré une la glissant jusqu’à son torse dans la plus grande incertitude de savoir si elle le repousserait par la suite pour le respecter dans son choix de l’amitié ou simplement parce que l’envie de le toucher avait passé à un stade différent alors qu’elle finissait les doigts sur la couture de son débardeur. Mais ça n’était que cela, une sorte de rêve, non, alors qu’ils sont toujours si proche qu’elle a l’impression d’entendre leurs deux cœurs se poser les mêmes questions. Mais sa main est bien là, alors est-ce qu’elle s’est fait du cinéma ou c’est bel et bien réel? Mais son goût sur ces lèvres, c'est une illusion ?

Trouvez-vous une chambre.

Et ça vous tire un instant, tous les deux de ce qui se passent alors que la voix d’un élève de 7e sort de la grande salle dont la porte n’est pas si loin avec un ton entre le mépris et l’ennui. Mais il ne se sera pas arrêté et Azure aura tourner la tête pour se demander de quoi il parlait mettant fin momentanément à cette belle bulle de savon qu’était devenu cette conversation visuelle et les échanges tumultueux de leurs regards l’un vers l’autre sur les lèvres. On dit quoi à ce genre de personne d’ailleurs ? Parce que ce n’est pas comme si c’était un plan qui lui arrivait souvent à Azure; du genre j.a.m.a.i.s ? Ni même qu’au-delà, elle ait fait quoi que ce soit. Mais elle ne bouge pas, Azure, beaucoup trop encline à vouloir savoir si le fantasme est réelle ou prendra le pas vers la réalité. Et ça la ronge, parce que si elle se retourne dans la réalité quelque part le doute persiste… est-ce lui qui prendra à nouveau la fuite ? Son regard toujours porté sur le côté aura quelque chose de blessé; comme si c’était qu’une histoire sans fin, ni début d’ailleurs. Mais elle l’agrippe la bordure de son débardeur de sa main, de peur qu’il ne recule, et viens poser sur front quelques parts sur lui.

Je croyais…

Et le soupir, il vient alors qu’elle n’arrive plus à savoir ce qu’elle croit vraiment qu’il veut vouloir. Et puis, elle ne connait rien d’autre qu’à l’image romantique que donne sa mère et son beau-père alors on l’excusera forcément pour la confusion.

… que tu… avait dit jamais plus.

Jamais plus d’erreur. Jamais plus de baiser sur un coup de tête. Jamais plus qu’être son ami, non plus. Pour la protéger, pour l’épargner; c’était pour cela, non ? On ne l’épargnait plus? Mais au fond, c’était pas d’être épargné qui hantait les rêves d’Azure, c’était surtout bel et bien le contraire. Mais elle libère son front, et l’autre élève, il ira bien se faire voir, voyez-vous, parce que le couloir est à tout le monde et que lui et elle n’ont clairement pas fini cette conversation, qu’elle se continue en parole ou en geste, ça lui importe peu; mais des clarifications sont de mises. Alors même si elle allait discourir comme une folle, y’allait à voir quelques informations capitales qui allait s’ajouter jusqu’au flot, à moins bien sur qu’il ne décide à la faire taire.

J’ai passé une horrible soirée de pré St-Valentin à vous entendre discuter de la pluie et du beau temps, à me demander ce que tu pourrais bien trouver à Haley alors que je n’étais pas à moitié concentré sur ce que ton colocataire racontait. Ce fût un des moments les plus pénibles que j’ai jamais eu à endurer depuis un an. J’en ait tâché la manche de mon pull à me verser une tasse de thé bouillante à demi sur la main. Alors, je voulais savoir comment ça avait été pour toi. Voir si je pouvais avoir des infos, parce que toi, tu ne partages pas ce que je ressent. J’hallu grave ou tu as voulu m’embrasser ? Parce que tu sais, tu peux pas faire cela deux fois et te mettre à me fuir...

Vous le voyez ce sourire qui pointe malgré elle. C'est qu'on pensait bien que c'était elle la fuyarde dans l'histoire, non ?

Fuir la confrontation une nouvelle fois

Shayne T. Williams
Douglas BoothIl n’aurait sans doute pas du agir de la sorte. Une nouvelle fois depuis bientôt un an, il fallait encore qu’il gâche tout. Il ne devait sans doute pas agir de cette manière. D’ailleurs qui se serait emporté si ce n’était lui ? C’était malheureusement tout Shayne : incapable de considérer le moment adéquat pour une telle réaction… Mais il l’avait fait. Trop tard. Kaput. Finish. Il avait une nouvelle fois laissé ses pulsions dominer ses gestes. Et il n’avait fallu qu’un toucher, un seul, une simple main délicate posée sur la sienne pour que son humeur change. Et la touche finale : le prénom du jeune homme prononcé, dit d’un ton presque suppliant, comme un souffle muet. Et soudain son visage s’était approché du sien pour au final ne plus le quitter, entraînant la collision de leurs deux bouches criantes d’attention...

Il savait qu’il n’aurait pas dû. Il savait que goûter à nouveau aux lèvres d’Azure éliminerait le peu de raison qui lui restait pour maintenir le contrôle et réduirait tout espoir de faire évoluer la relation qui subsistait entre eux deux. Il savait qu’il gâcherait l’amitié qu’elle éprouvait pour lui – amitié qu’il ne voulait absolument pas. Shayne ne pouvait décemment pas prétendre au statut d’ami de la jeune Zinnia. D’ailleurs rien de leur relation ne reflétait ce que deux personnes complices et sans ambigüité vivaient. Aucun d’eux ne comprenait les agissements de l’autre et aucun ne tentait de détendre le fil fragile qui les reliait, et qui à force d’être tiré des deux côtés pouvait se briser. Et leur première rencontre n’avait tenu que quelques minutes avant qu’ils ne soient tous les deux attirés l’un à l’autre tels des aimants, leurs bouches enlacées comme s’ils dépendaient de cette proximité. Avec tout cela, comment croire qu’ils puissent devenir amis ? Malgré toute la volonté du monde, et celle d’Azure qui semblait adhérer à cette hypothèse, Shayne ne pouvait le faire : par respect pour elle mais aussi pour lui.

Mais il resta scotché à elle, difficile de quitter ses lèvres roses auxquelles il avait tant pensé depuis leur première rencontre, son contact qui l’empêchait de réfléchir juste, ses yeux dont la profondeur enivrait davantage que la nature de leur couleur. Il pourrait couper court à leur tumultueux échange, comme il pourrait quitter la salle comme l’autre fois en prétextant un oubli quelconque. Certes elle aurait mal, mais ce serait peut-être mieux que de faire semblant d’aller dans son sens et de prétexter accepter une amitié entre eux… D’ailleurs qui sait si elle souhaiterait encore cela après ce qu’il avait fait une nouvelle fois ? Se sentant pris au piège, il avait envie d’hurler de désespoir. D’un côté il maudissait ce jour de printemps où il rencontra cette fille dans la Salle Commune à l’abri des regards et il se disait que s’ils n’étaient pas seuls rien de tout cela ne serait arrivé. Il maudissait ce baiser. Ce satané baiser qui faisait que rien dans son quotidien ne tournait rond. Ce jour maudit où son regard avait malencontreusement croisé celui d’Azure Zinnia... Mais il lui semblait que sans ces moments de folie, sans ses vagues d’émotions toujours plus fortes à chacune de leurs rencontres, sans la vue de ce regard vert intense, sa vie à l’école n’aurait été qu’une banale expérience, sans aucun sens, sans piment, rien.

« Trouvez-vous une chambre », dit une voix grave sur un ton agacé.

Shayne fut alors réveillé de sa transe par ce ton glacial, le refroidissant aussi vite qu’il ne se fit entendre dans les couloirs. Il quitta malgré lui les lèvres d’Azure afin de faire volteface, furibond d’avoir été dérangé, et répondre à l’imbécile qui s’était cru chez son père pour venir embêter le monde. Il n’avait pas remarqué qu’en rattrapant son interlocutrice dans les couloirs, celle-ci les avait amenés aux portes de la Grande Salle. Je comprends qu’on soit stressé, normal que tout le monde stresse pour les examens qui approchent et la Coupe des Maisons qui sera attribuée, mais c’est pas une raison de venir faire chier aux autres. Il souffla de frustration, ses mains toujours accrochées à la taille de la jeune femme qui comme lui avait le souffle court après leur échange.

« T’es jaloux, t’as qu’à aller chez ta copine, elle va te consoler ! » s’écria-t-il en le fusillant du regard.

Shayne ne savait pas qui était cet élément perturbateur, mais son allure et sa taille donnaient l’impression d’un septième année. Néanmoins il n’attendit pas la réponse de l’autre et se tourna à nouveau vers la jeune femme dans ses bras. Le souffle saccadé, il l’observa un court instant avant de lever les yeux à l’encontre de l’élève, un air complice se dessinant sur son visage comme pour détendre l’atmosphère. Mais son sourire disparut lorsqu’il vit les lèvres d’Azure trembler et l’entendit bafouiller quelques mots ahuris. Tu avais dit jamais plus, l’avait-il entendu dire sous son balbutiement. Ces mots le prirent de court. Il ne lui semblait pas se souvenir de ces paroles, et pourtant quelque chose dans son regard semblait prouver la véracité de ses propos. La jeune femme, comme prise d’étourdissement, posa son front sur son torse.

Mais ce qu’il écouta ensuite le laissa sans voix. Azure, qui jusqu’alors avait prouvé à Shayne qu’elle ne souhaitait qu’une amitié – chose qu’il ne pourrait lui accorder – débitait sur la fameuse soirée de Saint Valentin où elle avait dîné avec un autre Gryffondor sportif et bien gaulé tandis que lui s’était retrouvé avec sa rivale de Quidditch Haley Strauss. Elle lui révéla sous le regard abasourdi du jeune homme qu’elle n’arrivait pas à se concentrer à cause de sa présence avec Haley, et qu’elle écoutait des bribes de leur conversation… parce qu’il ne ressentait apparemment pas la même chose qu’elle ?! Attends, quoi ? ça veut dire quoi ça ? Est-ce qu’on parlait bien d’Azure Zinnia, la fille qui lui avait envoyé un petit mot pour se renseigner sur son fameux compagnon en le choisissant pour jouer à la taupe en tant qu’ami ? Lui qui avait passé l’année entière à bloquer sur elle en cherchant n’importe quel moyen pour l’oublier et l’épargner, en vain ? Mais où cette histoire les mènera-t-elle, doux Merlin ?

Il n’écoutait presque plus dorénavant. La seule chose qu’il réécoutait en boucle dans sa tête sont ses fameux mots : tu ne partages pas la même chose que moi. Voulait-elle dire…. Non impossible, elle devait mentionner autre chose. Partager la même chose qu’elle… Elle voulait peut-être dire qu’elle pensait que lui et elle étaient sur la même longueur d’onde mais en fait non. Alors comme pour mettre fin à son monologue qui sans aucun doute était une épreuve douloureuse pour elle, il lui coupa l’herbe sous le pied, de la même manière qu’il l’eut fait lorsque leurs mains s’étaient frôlées : il releva son menton et captura une nouvelle fois ses lèvres, tout doucement comme pour ne pas les briser avant de se séparer d’elle pour mieux la regarder.

« Et là, est-ce que j’ai l’air de fuir là ? »

Il souffla un peu avant de se lancer, souriant un peu, ses pouces caressant le dos des mains de la jeune femme.

« Je te l’ai déjà dit, Azure : tu n’es ni un pari ni un défit ni quoi que ce soit que tu imagines depuis un an. Et j’ai pas menti : je voulais t’épargner la pression d’être avec moi simplement parce que je t’ai embrassé et non parce que tu le veux vraiment. J’aurais pas dû t’embrasser comme ça, ça ne se fait pas, et encore moins fuir. C’est vrai tu marques un point, c’est ce que ferait un lâche. Mais je n’aurais pas pu continuer à faire comme si de rien n’était ou encore prétendre devenir ton ami alors que nous savons tous deux que les barrières ont été franchies. A te dire vrai Azure… Je ne veux PAS être ton ami. Pas comme ça en tout cas… »

Graphiorum

Azure & Shayne

FUIR UNE NOUVELLE FOIS LA CONFRONTATION

Mais pourquoi devaient-ils si souvent se faire souffrir de la sorte ? Jamais plus. Elle le savait c’était bien ce qu’il avait dit, et ça sonnait tellement étrange alors qu’il avait relever du bout des doigts son menton, offrant à son regard une sorte de candeur et de perplexité, d’attirance et de refus. Si c’était pas un rêve, alors ça finirait par devenir un cauchemar. Ne serait-ce peut-être déjà le cas, de par l’interruption de leur aînée dont Shayne avait largement envoyé bouler; ou simplement parce qu’avoir s’être réclamer comme l’oxygène et la flamme, il posait encore un fois ces lèvres sur les siennes d’une manière définitivement plus mesurer, avant de tenir des paroles qui éclaircissait peu à peu son décor. Il ne fuyait pas, elle non plus; là sans se détacher alors qu’elle fixait ces yeux aux siens à essayer de suivre entre ce qui se disait dans sa tête et ce que lui disait. Les mots dans sa tête n’était pas doux, ils étaient même très cruels.

La pression de quoi au juste ? Tu crois vraiment que si ce n’était pas ce que je voudrais, je serais pas capable de t’arrêter ? De m’opposer ? Si je crie, j’te jure qu’il rapplique avant même que t’aie le temps de dire OUF et tu te manges son poing quelque part, si ce n’est pas moi qui t’aie assommé avant.

Mais elle rit, alors que ce qu’elle tient comme propos est assurément beaucoup plus sérieux. D’autant que les Gryffondors ne sont guère connus pour nécessairement penser beaucoup avant d’agir; y’a le syndrome du sauveur les aînées peut-être ? Elle serait prête à parier que oui. Mais elle ne le ferait pas, même si ça aurait pu prouver qu’elle avait totalement raison sur la question.

Tu as l’air de penser que je sais pas me défendre. Que je sais pas ce … dont j’ai …

Mais elle les avait approchés ces lèvres, assurément très proche, à ne lui offrir que son souffle, et l’arcade de son nez contre la sienne qui frôlait, là, sans pour autant se laisser prendre. Parce qu’elle en avait envie, tout autant que lui. Mais de penser qu’il l’obligeait à quelque chose, lui donnait l’impression qu’elle devait lui montrer qu’elle était capable de garder un tant soit peu de contrôle sur elle, sur lui, alors ces mains bifurques, passant devant sur son torse, jusqu’à assurer une certaine distance qu’elle puisse contrôler ou obliger.

… envie. Je crois que … c’est l’idée la moins vrai que j’ai entendu aujourd’hui.

Mais elle l’embrasse maladroitement, avant de le repousser, assurément avec beaucoup trop de force, et quelques parts encore quelque chose craque. Elle ne sait pas pourquoi, juste ça craque. Elle n’a pas envie d’être cette petite tête trop fragile, celle qu’on pense qu’on peut lui imposer sa volonté; au-delà d’assurer ses propres envies. Ça dépendait de sa survie, de sa force intérieure. C’était stupide de vouloir lui prouver, à lui. Stupide, de se dire qu’elle avait vraiment envie de continuer, là, dans ces bras, mais ne pouvait supporter qu’elle ne soit qu’une vilaine captive dans son esprit, alors qu’elle avait envie d’être grande et forte. Elle avait envie qu’il la voie comme tel : brillante et une force de la nature – digne de son intérêt et pas simplement parce qu’elle l’avait sorti de ses gonds. Il ne voulait pas être son ami. Soit. Il ne serait pas. Mais ça n’avait pas besoin d’être continuellement dans un état de violence. Ou peut-être que si… peut-être que c’était leur truc à eux. Ils n’arrivaient qu’à se parler dans un élan de souffrance, car ça devenait insoutenable.

T’arrive à vouloir quelque chose que lorsqu’on est à deux doigts de s’arracher la tête, qu’à m’inviter à la dernière seconde, faut littéralement que je te fonce dessus, que je te submerge de papier pour que tu te souviennes que j’existe! Alors qui oblige qui, tu crois ?

Et. Voilà, miss Zinnia recule d'un pas; parce qu’après l’avoir regardé longtemps, elle en peut juste plus. Autant le gifler au passage, peut-être qu’il finirai par ouvrir les yeux; mais ces mains, elles se sont refermées sur elle dans un accès de rage qu’elle se doit de contrôler parce que son sentiment se mêle trop fort avec son envie de le toucher. Vilaine sentiment qui la comprime et qui se mélange.

Je veux pas t’obliger Shayne… T'aura qu'à le vouloir autant que moi.

C'est sa fierté qui parle. Quelque part, elle en est digne. Quelque part, en elle, il y a quelque chose d'impérieux qui a besoin d'être nourri et non saccagé.

Azure!

Mais elle tourne la tête, avec en doute que son regard ne se portera peut-être plus sur quelqu'un lorsqu'elle l'y glissera encore.

Donne moi un instant, j'arrive!

Parce que cet instant, il est bien terminé, non ? Il sait ce qu'il veut Shayne, peut-être ? Il a l'intention de passer le statut quo, peut-être ? À leurs regards tendus, il doit se passer beaucoup de chose dans son esprit, qu'elle ait tord ou raison. Mais elle n'aura pas mâcher ces mots.

Fuir la confrontation une nouvelle fois

Shayne T. Williams
Douglas BoothC’était sans doute la première fois depuis bien longtemps que ses paroles étaient aussi sincères. Il aurait aimé que la situation fût tout autre afin qu’il n’ait aucunement à le regretter une fois loin d’Azure, mais ce n’était pas le cas. Si elle n’avait pas quitté la Salle Commune comme une furie et s’il avait laissé son égo de côté pour passer outre leur altercation épistolaire, il n’aurait pas eu à révéler cette partie de lui-même tant vulnérable qu’il avait peine à dissimuler lorsqu’il subissait un trop plein d’émotions, en particulier lorsqu’il se retrouvait en présence de la brunette. Mais qu’importait ce qu’il adviendrait de ces retrouvailles enflammées, il ne pouvait regretter tout ce qui venait de se passer. En tout cas pas tout.

On ne pouvait pas dire que le baiser tombait à pique dans ce contexte, mais au moins avait-il réussi à faire confronter les deux adolescents face à la réalité de leurs sentiments, après tout ce temps où chacun fuyait l’autre, soit parce que l’un ne voulait pas être un fardeau pour l’autre, ou parce que l’autre ne comprenait pas la distance que son interlocuteur cherchait désespérément à créer alors que tout était là et qu’il ne suffisait que d’un pas en avant pour clarifier les choses… Inutile de nier l’évidence : la communication n’allait pas bon train entre eux, mais peut-être que c’était ce qui caractérisait leur relation. Peut-être qu’en fin de compte toutes ces prises de bec, ces tourments et ces bouleversements les attiraient l’un à l’autre davantage qu’ils ne les séparaient. Et pour cause : après la dispute sur le terrain de Quidditch vint la fameuse soirée d’Halloween où le hasard avait fait que sur toutes les allées de Pré-Au-Lard il avait fallu qu’ils se retrouvent dans la même rue au même moment, qu’ils s’engueulent une nouvelle fois avant que Shayne ne fut contraint de jouer les chevaliers en armure en voyant Azure s’évanouir, une fausse toile d’araignée dans les cheveux tout droit sortie de chez Zonko. Vint ensuite le Bal de Noël où il passa presque toute la soirée avec la jeune femme main dans la main malgré son renne qui lui traversait le corps. Et enfin cette soirée de St Valentin où il pensait avoir une chance de retrouver Azure en tant que compagne de table, avant d’être rattrapé par la réalité en la voyant rire et s’amuser avec ce grand Gryffondor dont il avait encore du mal à se souvenir du prénom.

« Tu me crois si je te dis que je m’attendais à ce que tu me gifles ce jour-là ? » dit-il en se rappelant de leur rencontre, osant un petit rictus.

Elle était largement capable de répliquer, bien entendu. Loin de là l’idée qu’elle soit influençable et qu’elle soit du genre à tomber facilement dans le panneau. Mais sur le coup, Shayne avait tellement eu… peur… Rah je déteste ce mot… il avait eu tellement peur de ces nouvelles émotions et sentiments qui l’avaient submergés à ce moment-là qu’il craignait que le nouveau lien qu’il ressentait envers la jeune femme ne soit qu’illusoire et le pousse à s’engager contre son véritable gré, et par la même occasion il craignait que ce soit de même pour Azure. Qu’elle aussi ait été tant bouleversée qu’elle se forcerait à entamer quelque chose par des sensations qui pouvaient être passagères puisqu’ils venaient à peine de se rencontrer. Mais lorsque la jeune femme attira son visage vers le sien pour l’embrasser à son tour, Shayne comprit alors que toutes ses peurs passées n’avaient pas lieu d’être car Azure semblait partager ses tracas et tourments, qu’elle semblait comprendre ce qu’il ressentait et ce qui le freinait. La seule fois peut-être où il s’était réellement senti compris par elle. Ce deuxième baiser, c’était aussi un moyen, comme elle l’insinuait, de lui prouver qu’elle avait le contrôle depuis le départ et que si cela fut ainsi, c’était qu’elle l’avait voulu ainsi.

« Eh, je te signale que c’est moi qui t’ai couru après quand tu m’as jeté cette boulette en pleine figure. Si je ne t’avais pas rattrapé, je n’aurais jamais su tout ça. Estime-toi heureuse que je me sois « souvenu que tu existes » ! » dit-il en mimant les guillemets.

L’obliger ? Le vouloir autant qu’elle ? Les baisers n’étaient-ils pas suffisamment évidents pour qu’elle comprenne que c’était ce qu’il voulait ardemment depuis leur première rencontre et qu’il cherchait désespérément à refouler ses sentiments pour ne pas avoir l’air d’un faible vis-à-vis d’elle ?

« M’obliger ? Tu es sérieuse ? Mais je te l’ai déjà dit, tu… »

C’est alors qu’il entendit une voix venant du Grand Escalier et qui semblait se rapprocher d’eux. Il ne prit pas la peine de tourner la tête pour connaître le propriétaire de cette voix, baissant la tête en grinçant un peu des dents, agacé par le fait d’être coupé dans sa lancée. C’était à croire qu’elle le faisait exprès : malgré tout ce qu’il avait dit et révélé, elle semblait ne pas comprendre son état d’esprit… En fait comme toujours, car c’était à cela que se résumait leur relation : l’incompréhension et la confusion. Il lui avait pourtant montré qu’il ne fuyait pas, que pour une fois il souhaitait montrer qu’il voulait essayer, qu’il souhaitait tenter l’aventure avec elle, et il n’attendait qu’un feu vert de son côté, un signe qu’elle comprenait et qu’elle devinait sa réponse, un signe qu’ils étaient pour la première fois sur la même longueur d’onde…. Mais là rien. Que deux regards tendus, perçants et silencieux. Et voilà que la connaissance d’Azure l’avait interpellé. Shayne avec un élan d’espoir pensait que la jeune femme aurait pu couper court à la discussion par gêne et par respect pour ce qu’ils partageaient secrètement et qui semblaient s’être révélé aujourd’hui. Mais au contraire, elle ne semblait pas se gêner de la présence de ce camarade. Elle ne paraissait pas vouloir épargner Shayne, elle semblait au contraire le pousser à poursuivre comme pour assumer aux yeux de tous, un élan de défi dans son regard. Et malheureusement il ne pouvait poursuivre cette conversation en la présence de regards indiscrets. Le septième année d’auparavant qui les avait certes dérangé n’était pas de l’entourage du jeune homme ou de la jeune femme, ainsi il n’était pas gêné de sa présence. Mais là c’était différent. Shayne souffla sèchement en relevant le regard, blessé.

« Non tu sais quoi ? Pas la peine. On dirait que malgré tout ce que j’ai dit t’as pas l’air de comprendre. Moi qui osais penser que pour une fois… C’est pas grave, remettons ça pour plus tard, tu veux bien ? » murmura-t-il comme pour ne se faire entendre que par elle.

Et ce fut à contrecœur que Shayne contourna Azure en lâchant un petit bonjour sec à la connaissance de la jeune femme. Voilà, ça lui apprendra à espérer et à jouer les cavaliers pour ne pas froisser la personne qu’il avait en face et pour qui il ressentait quelque chose. On aurait dit qu’elle le faisait exprès à chaque fois, car à chaque occasion qu’il avait pour révéler une part de lui qu’il n’aimait pas dévoiler elle lui coupait l’herbe sous le pied, chose qu’il détestait par-dessus tout. Il ne savait pas s'ils auraient à reprendre cette conversation plus tard, mais une chose était sûre, il n'était pas d'humeur à discuter davantage après tout cela. J’espère au moins qu’elle apprécie les déceptions…

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