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dream a little dream of me (Willow & Bluebell)
August P. Rowle

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Patronus: Un cormoran aptère
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Message(#) Sujet: dream a little dream of me (Willow & Bluebell) dream a little dream of me (Willow & Bluebell) EmptyLun 27 Fév - 20:50


Dream a little dream of me
@Willow Gillespie

Pour la première fois de sa vie, Bluebell pleura à cause d’une brosse à dents. Elle en avait essuyé, des motifs de larmes : des trahisons, des abandons, des drames d’opéra à la hauteur d’une vie théâtrale comme la sienne. Mais ce soir, il lui suffit d’une simple et vulgaire brosse à dents, parfaitement anecdotique, commune et sans intérêt pour qu’un lourd sanglot jusqu’alors soigneusement retenu lui échappe. De fait, sa résistance avait été louable. Quittant d’un pas pressé Pré-au-Lard, son long manteau claquant autour de ses chevilles, elle s’était sentie curieusement résignée, comme acceptant un destin contre lequel elle ne pouvait rien. Et de toute évidence, qu’aurait-elle pu faire pour arracher les doigts de Willow à ceux d’Agatha ? L’Américain avait pris sa décision et si elle se plaisait autrefois à croire qu’elle avait son mot à dire dans les choix d’autrui, force était de constater qu’il n’en était rien. Elle l’avait même très justement formulé au jeune homme à l’issue de leur première étreinte, quelques mois qui semblaient des années plus tôt ; elle était lasse de courir après les illusions et s’il suffisait de malentendus pour y parvenir malgré tout, elle n’avait plus la volonté de dépendre à nouveau du hasard. Elle était lasse, fatiguée, tant et si bien qu’en dépit de la jalousie qui serrait son estomac, la Serpentard préféra ravaler sa bile. Cette amertume était adoucie par la fierté de s’être épargnée un scandale supplémentaire. Maxton avait causé quelques remous mais pour sa part, elle avait été capable de rester digne, quittant cette salle maudite sans le moindre fracas. C’était aussi honorable qu’invraisemblable, mais en regagnant la hall du château, plongé dans un lourd silence en comparaison aux bourrasques affolées qui balayaient l’extérieur, Bluebell comprit qu’il n’y avait en vérité rien de bien étonnant à sa retenue. Elle avait grandi. Elle avait perdu. Un rejet de plus ne valait pas grand-chose dans l’échec cuisant de son entourage et peut-être même s’y était-elle dans le fond préparée depuis le début. Il lui avait fallu supplier Willow de rester, cette première nuit. Ils avaient ensuite frôlé bien des crises, l’un renfrogné de prétention, l’autre couverte d’une méfiance qui prenait enfin tout son sens. Cette fin était à prévoir, imminente, et si elle avait secrètement espéré le contraire, paisiblement endormie entre ses bras toutes les nuits depuis la rentrée, la réalité avait enfin repris ses droits. L’illusion lui avait échappé, plus rapide et agile que ses pathétiques aspirations d’adolescente amourachée. Et la pénombre silencieuse de Poudlard n’avait en définitive jamais été aussi éclairée, portant à ses foulées une direction claire où ne gisait plus l’ombre d’un doute : sa relation avec Gillepsie venait de se conclure, aussi discrètement qu’elle avait commencé aux yeux des autres, aussi chaotiquement qu’elle avait initié entre eux.

Le visage impassible comme s’il n’était pas maquillé d’une revanche désormais vaincue, Bluebell entra dans sa chambre en prenant soin de se laisser porter par l’habitude pour ne souffrir d’aucune réflexion parasite. Aussi rejeta-t-elle ses talons d’un mouvement mécanique des pieds avant de déposer d’une même gestuelle saccadée son long manteau sur le dossier de la chaise de sa coiffeuse. Son indifférence face aux traces pourtant évidentes de la présence passée de Willow était remarquable, ne voyant ni le mélange confus de ses pulls disposés sur cette même chaise, ni le petit tas de mots repliés sur son bureau qu’il avait rédigés les matins où il s’était absenté de bonne heure pour ses entraînements. L’effort était efficace, jusqu’à ce qu’elle franchisse la porte de sa salle de bain. Ses yeux cherchèrent seulement à croiser les siens dans le grand miroir qui ornait le lavabo, comme pour y confirmer cette insensibilité qui guidait ses manières millimétrées ; au lieu de quoi, ils manquèrent leur cible et glissèrent aussitôt sur le verre près du robinet où attendaient deux brosses à dent, l’une en face de l’autre. Ses lèvres se serrèrent dans une vaine tentative de garder contenance quand déjà, des larmes scélérates roulèrent de ses yeux, inondant sa gorge d’un sanglot salé qu’elle fut incapable de retenir. Il ne serait plus là. Ce grand miroir ne verrait plus son reflet derrière le sien alors qu’il s’amusait à la chatouiller pour qu’elle lui concède enfin l’espace afin de se préparer ; cette chambre n’accueillerait plus leurs inavouables confidences en des heures indues, préférant leurs caresses réciproques à l’impersonnalité du sommeil ; cette vie n’aurait plus sa présence pour ignorer le vide. Il était partout. Si elle avait cru pouvoir le toiser, son crâne reposant orgueilleusement sur le torse Willow, il était soudain derrière son reflet, dans cette chambre, dans cette vie ; partout, jusqu’au creux de ses oreilles bourdonnantes. Elle avait cru avoir surmonté son impression de vertige, comme elle aurait recouvert ce fossé de toute sa superbe, à nouveau chérie, à nouveau protégée ; mais elle n’avait comblé ce trou béant que d’un pitoyable mensonge dont la grossièreté lui coupa le souffle alors qu’elle s’étouffait des hoquets de ses pleurs. Elle était minable, mais cette conscience ne raviva en elle aucune colère, si ce n’est un chagrin plus humide qui fit couler le long de ses joues le trait turquoise de son maquillage et le noir de son mascara. Demain, elle serait fière et altière ; ce soir, rien que ce soir, elle s’accordait le droit d’être misérable, car rien que ce soir, la désillusion était lourde, la perte, étouffante, le deuil, ravivé. Alors, Bluebell laissa aller sa crise de larmes en retirant sa robe pour noyer ses pleurs sous une douche brûlante. Elle y resta des heures, ou de longues minutes, recroquevillée contre sa propre peau pour se rappeler qu’elle était humaine, comme l’avait remarqué Willow, qu’elle avait droit aux échecs ; alors même que ce souvenir soulevait en elle de nouvelles vagues de désarroi. Et enfin, quand les larmes furent entièrement aspirées par le syphon, Bluebell se releva pour quitter la douche, exprimant à nouveau des traits apathiques trahis par le rouge de ses yeux bouffis.

Enfilant une longue robe de chambre en dentelles, ses clavicules exposées en seule démonstration de la pâleur de sa peau, Bluebell se glissa aussitôt sous ses draps. Ceux-ci venaient d’être changés par Personne sur sa propre sollicitation, désireuse d’en chasser l’odeur de Willow après leur récente altercation ; mais si son lit était enchanté pour émaner en permanence une douce chaleur, le parfum délicat de lila qui se dégagea des oreillers lui parut affreusement glacial. Sans même chercher à lutter, consciente d’une défaite qui s’étirait déjà depuis des mois, Bluebell rabattit brutalement la couverture pour se précipiter jusqu’à la chaise de sa coiffeuse ; honteusement et sans l’ombre d’un doute à la fois, elle en extirpa alors un sweatshirt noir de Willow qu’elle ramena dans son lit où elle se blottit à nouveau, le pull serré contre elle. Oui, demain, elle serait royale, parfaite princesse des glaces dans une existence qui n’appartenait qu’à elle. Mais ce soir, rien que ce soir, elle se réservait la culpabilité, le regret et surtout l’humanité qu’il lui avait offerte. Elle avait commis une erreur de jugement -  ou au contraire avait-elle eu raison dans ses plus insidieuses craintes : Willow se moquait bien d’elle, depuis le début, à utiliser son corps comme un défouloir, sa chambre, comme un pied à terre dans l’attente de la seule qu’il ait jamais véritablement désirée. Ses mots étaient faux, aussi trompeurs que son identité balancée par deux extrêmes où elle n’avait jamais eu sa place. Baby, arrogant et désintéressé, qui ne lui avait guère offert plus que des regards froids dans l’ombre des couloirs ; Willow, blessé et secret, dont les lèvres sur sa peau n’avaient esquissé que des faux-semblants. Mais elle avait mal au crâne d’avoir pleuré, elle avait mal au crâne de réfléchir. Et ainsi ballottée par une odeur détestablement familière, elle tomba dans un sommeil sans fatigue, où les mirages de sa présence se heurtaient au vide du matelas à ses côtés. Elle avait somnolé quelques heures quand un toquement la tira de ses pensées. Hagarde, Bluebell glissa son regard sur sa chevalière qui n’avait pas chauffé. Ce n’était pas Maxton ; d’autant qu’il n’aurait jamais pris la peine de frapper avant d’entrer. Dans les fomentations d’un esprit à peine éveillé, elle se surprit alors à espérer qu’il s’agisse de Willow, avant de rejeter cette hypothèse en même temps que sa couverture. Il n’avait rien à faire devant sa porte quand une autre l’attendait. Attrapant précautionneusement sa baguette sur son chevet, Bluebell avança dans le reflet de lune renvoyé par la fenêtre dans son dos jusqu’à la porte, le cœur battant. Elle avait peut-être halluciné. Pire ; et si on venait lui annoncer une terrible nouvelle ? Car qui d’autre que le destin pouvait ainsi frapper en des heures si reculées ? Bluebell entrouvrit alors la porte d’un geste, laissant juste de quoi jauger celui qui lui ferait face, ses doigts fermement serrés sur sa baguette dans son dos. “Willow ?” laissa-t-elle alors échapper dans un hoquet de surprise. C’était irréel. Incohérent. Presque autant que ce blond lavande décoloré sur ses cheveux emmêlés, que cette tenue dépareillée entre sweat un peu trop large et chaussettes polychromes. Ses phalanges se serrèrent encore plus sur son arme, non pas dans l’expectative de l’utiliser, mais d’essayer de se tirer de ce mauvais rêve qui déchaînait son rythme cardiaque alors qu’elle ouvrait grand la porte. “Je ne… Pourquoi… Qu’est-ce que tu veux ?” souffla-t-elle finalement, désorientée. Le froid du couloir glissa sur ses chevilles avant de gonfler sa robe de chambre, lui arrachant un frisson. C’était insensé, mais elle ne rêvait probablement pas. Elle sentait nettement cette morsure sur son épiderme, autant que ses prunelles claires qui transperçaient à présent les siennes comme dans ses rêves les plus interdits.
code by EXORDIUM.



BORDERLINE
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Message(#) Sujet: Re: dream a little dream of me (Willow & Bluebell) dream a little dream of me (Willow & Bluebell) EmptySam 4 Mar - 18:57

DREAM A LITTLE
DREAM OF ME

visite nocturne
ft. @Bluebell E. Sherwin & Willow Gillespie
Lorsqu'elle s'était levée, Willow avait cru qu'elle le rejoindrait. Il y avait cru si fort que, même des heures après, alors qu'il était là, étendu sur son lit, les yeux grand ouverts et rivés sur le dais grisé par la nuit, la flamme tenace de cet espoir soudain ne s'était pas éteinte. Il s'était attendu à ce qu'elle vienne  arracher ses doigts à ceux d'Agatha, à ce qu'elle s'offusque d'être si facilement remplacée, à ce qu'elle brûle d'une jalousie qui voudrait tout dire... à ce qu'elle récupère enfin la place à laquelle elle avait renoncé pour des bêtises puériles. Il avait attendu que l'orage s'abatte sur lui, noyant dans un flot d'insultes et de reproches le manque tenace qui l'étouffait depuis qu'elle l'avait décidé indigne d'elle. Mais l'orage n'était jamais venu. Bluebell non plus. Du coin de l’œil, il avait vu son ombre s'effacer puis disparaître totalement. Ainsi s'était terminée sa soirée. Bien sûr, ça n'était pas exactement le cas, il avait continué à supporter Juliette encore un moment, avant qu'elle ne décide, elle aussi, de mettre soudainement les voiles. Peut-être avait-elle espéré qu'il lui coure après, qu'il lui montre un intérêt sincère, un intérêt poussé, qu'il s'empresse de la rejoindre pour lui proposer de la raccompagner. Il n'en avait rien fait. Si ça avait été dans ses plans, à un moment quelconque, ça n'y était pas resté bien longtemps. À quoi bon s'imposer telle compagnie s'il n'y avait plus rien à y gagner ? Il ne voulait pas de ses doigts contre les siens, de ses sourires plein de souvenirs d'un autre temps, des retours éventuels des promesses assassinées depuis trop longtemps. Elle n'avait été qu'une arme, un coup frappé dans l'eau d'une histoire noyée sans raison. L'obscurité s'étala plus encore sur le dortoir silencieux, un nuage traçant sûrement sa route devant les restes de la Lune. L'air parut se faire plus rare. Le sommier grinça alors que l'adolescent s'agitait sous ses draps. Il tourna son oreiller, repoussa un morceau de couverture, tira sur son t-shirt. Le sommeil ne venait pas. Morphée l'avait oublié et le laissait là, à ressasser encore et encore des jours sans fin et des regrets guère mieux lotis. Ça n'était pas vraiment sa faute, pourtant, dans le fond. Pas entièrement... Il n'avait rien fait de mal sinon avoir envie de profiter d'une sortie organisée par l'école. D'accord, peut-être qu'il aurait dû lui en parler avant mais... mais sérieux, est-ce que ça valait vraiment la peine de tout exploser de la sorte juste pour ça ? Si ses intentions avaient été douteuses, il ne lui aurait jamais proposé de l'accompagner. Après coup, peut-être, mais il l'avait fait tout de même. Parce qu'il n'avait pas eu envie de l'inquiéter, qu'il n'avait rien à lui cacher...

Son ventre se serra. Il enfonça son visage dans le coussin en étouffant un gémissement désespéré. Elle lui manquait, cette insupportable pimbêche. Elle lui manquait même après l'avoir insulté, après l'avoir ignoré, après avoir tout gâché. Elle lui manquait comme personne ne lui avait jamais manqué. C'était oppressant, c'était constant. C'était viscéral. Il aurait dû s'en foutre, pourtant. Ils se connaissaient à peine ! Ça faisait tout juste deux mois qu'ils... qu'ils quoi, d'ailleurs ? Qu'ils couchaient ensemble...? Oui... Oui, concrètement c'était ça... Elle n'était pas davantage qu'une courtisane qu'il rejoignait pour se divertir... Cette pensée se heurta à un vide si grand qu'elle mourut d'elle-même. Derrière ses paupières closes se dessina la fine silhouette de la jeune femme, à moitié dissimulée par les draps défaits de son lit, pelotonnée dans un t-shirt volé trop grand pour elle... Un portrait un peu flou sur lequel se superposaient trop d'images à la fois. Une chaque pour chaque réveil à ses côtés, avant qu'il ne remonte la couverture sur elle et ne referme silencieusement la porte derrière lui. Combien de matins était-il arrivé en retard juste parce qu'il s'était oublié dans l'admiration idiote de cette harpie ? Combien de mots abandonnés sur l'oreiller pour qu'elle ne se sente pas délaissée ? Combien de nuits sacrifiées pour tuer ce vide qui l'effrayait, de jours perdus à n'attendre que de la retrouver...? Combien de sourires échappés rien que d'y penser...? De pas pressés dans ce maudit couloir...? De sous-entendus trop parlants glissés dans ces dernières lettres...? De rage, de jalousie, de désespoir ce soir...? Alors si, bien sûr que si, elle était davantage ! Elle avait juste jamais voulu l'admettre. Et il ne l'avait pas voulu non plus. C'était effrayant. Ça avait été si vite, si fort, si évident... Et là, au beau milieu de la nuit, alors que Poudlard se remettait de sa soirée, Willow réalisa que ça n'était pas seulement de l'affection qu'il ressentait pour cette fille-là.

L'adolescent rouvrit brusquement les yeux. L'air sembla se faire plus rare. Il repoussa les couvertures d'un geste brusque, s'assit dans son lit, un peu hagard. Le poids qui pesait sur sa poitrine depuis qu'il avait quitté le salon de thé se fit plus oppressant encore. Sur le lit d'à côté, le chat releva la tête, posant sur lui un air plein de jugement. Commence par te comporter comme un homme : décide enfin de ce que tu veux, qu'elle lui avait dit deux ou trois semaines plus tôt, juste avant que tout ne bascule. Il s'était contenté de les enfoncer dans un dialogue de sourds auquel elle ne répondait que trop bien, refusant de mettre des mots sur « ce qu'il voulait », attendant d'elle qu'elle fasse le premier pas. Est-ce que c'était cette implacable fierté qu'ils partageaient qui les avait empêché de dépasser cette histoire de soirée stupide ? Il n'en savait rien. Peut-être. Ou peut-être qu'elle s'en fichait, simplement... Mais il voulait en avoir le cœur net. Maintenant. Il bondit hors de son lit comme un diable hors de sa boîte et attrapa le sweat qui traînait sur sa malle. Il enfilait ses chaussettes dans un équilibre précaire lorsque son colocataire se redressa, encore endormi :

Où tu vas...? Y'a le couvr
Je sais, le coupa-t-il alors qu'il s'approchait de la porte d'un pas vif, mais faut que je récupère ma copine. C'est important. Tu me puniras demain. Ok ?

L'autre hocha simplement la tête avant de se laisser retomber sur son oreiller. Willow se glissa dans le couloir et prit soin de refermer sans un bruit. Avec un peu de chance, Charles aurait oublié d'ici là... Il dévala les escaliers qui menaient à la salle commune, quitta le terrier et traversa le corridor. Le froid des pierres traversait le tissu fin de ses chaussettes. Dans sa tête, il préparait déjà sa défense. Il s'attendait à un flot de reproches, à ce qu'elle attaque, à ce qu'elle l'érige en monstre sans cœur. … si elle ouvrait. Et ce fut là-dessus qu'il arriva devant sa porte. Si elle ouvrait... et si elle ne le faisait pas ? ...et si elle n'était pas toute seule ? Comme il l'avait fait plus tôt dans la journée, il retint son souffle, l'oreille alerte, espérant entendre quelque chose de l'autre côté de la porte. Mais rien. Juste un silence semblable à celui qui l'entourait. Une angoisse sournoise, insensée commença à l'envahir. Qu'est-ce qu'il risquait, sérieusement ? À devoir faire face à son indifférence ? Qu'est-ce que ça changerait par rapport à ces dernières semaines, hein ? Rien ! Et au moins, il serait fixé. Il n'aurait plus rien à se reprocher, dans cette histoire. Il se serait comporté comme un homme. Un ricanement aussi froid que cette nuit lui échappa. Combien de fois l'avait-il entendu, ça aussi...? Combien de représailles pour ne pas avoir été à la hauteur de cette injonction récurrente...? Mais cette fois, ce serait différent. Il le serait, à la hauteur. Il fallait qu'il le soit... Aussi respira-t-il un grand coup avant de se risquer à toquer. Une seconde passa sans un bruit. Peut-être qu'elle dormait... qui venait frapper au beau milieu de la nuit, aussi ? Il n'avait pas regardé l'heure avant de partir mais il était sûrement trois heures, quatre peut-être... une heure à laquelle on n'ouvrait pas à n'importe qui... pourtant, un bruit finit par se faire entendre. Le cœur du jeune homme s'emballa. C'était stupide. Il l'avait franchie un paquet de fois, cette planche ! Il n'y avait pas de quoi se mettre dans cet état ! Le temps sembla se suspendre. Il s'écoula au moins une vie avant que la clenche ne s'abaisse, que la porte ne s'entrouvre.

Willow ?

Sa voix se fit entendre avant qu'elle ne se montre vraiment. Un sourire triste étira brièvement ses lèvres. Il ne savait pas vraiment quoi dire, maintenant qu'elle avait ouvert. « Bonsoir » ? « Désolé de te réveiller » ? « Est-ce qu'on peut parler ? » ? Tout lui semblait stupide, aussi stupide que sa présence nocturne devant cette chambre. Ça aurait pu attendre demain, peut-être... Pourtant, tout en lui continuait de hurler que non, ça n'aurait pas pu. Ça faisait des semaines qu'ils laissaient traîner, qu'ils s'évitaient, qu'ils s'ignoraient, qu'ils faisaient comme si rien ne s'était jamais passé... mais c'était faux... Et il n'y avait qu'à voir les cernes immenses qui s'étalaient sous ses yeux, cette agressivité latente qui explosait pour un geste, pour un mot maladroit, ces silences torturés qui pouvaient durer des heures pour comprendre qu'il n'y avait pas eu « rien » et que toute la mauvaise foi du monde ne suffisait pas à imposer le contraire. Bluebell ouvrit davantage, se dévoilant enfin, dans le rayon de Lune qui éclairait faiblement le couloir. Son regard avait l'air rougi, gonflé... ses cheveux étaient un peu emmêlés... sa chemise de nuit lui donnait des airs de veuve éplorée... Il eut envie d'assassiner cette distance immense et de la serrer contre lui, de lui faire savoir combien il était désolé, de lui jurer qu'il l'était même, de la supplier de lui pardonner ses bêtises et d'accepter de revenir dans sa vie.

Je ne… Pourquoi… Qu’est-ce que tu veux ?

Sa question le laissa coi. Il s'était tellement attendu à essuyer ses reproches, à qu'elle lui crache au visage tout son venin que cette hésitation faiblarde le laissa sans voix. Il n'avait pas prévu de réponse à ça. Il était prêt à lui prouver par A + B qu'il n'avait jamais eu l'intention de la blesser, que ça avait été maladroit mais pas méchant, qu'il regrettait de ne pas avoir simplement accepté son invitation...

...euh...

Son regard accroché au sien ne l'aidait en rien. Elle avait l'air si mal. Elle était si belle. Il avait l'impression que ça faisait des mois qu'il ne l'avait pas vue, qu'ils ne s'étaient plus adressés le moindre mot. Le manque se fit plus grand encore. Plus étouffant. C'était bête, pourtant. Il savait ce qu'il voulait. C'était exactement pour ça qu'il était là... Alors, dans un courage hébété, il s'arracha à ces prunelles de glace et, les yeux rivés sur ses chaussettes dépareillées, il finit par souffler :

...toi.

C'était ridicule, probablement plus digne de l'enfant qu'il était encore que de l'homme qu'on a attendait de lui mais ça avait au moins le mérite d'être sincère, d'être clair, de répondre à cette question à laquelle il avait eu le malheur de ne pas se préparer...
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Message(#) Sujet: Re: dream a little dream of me (Willow & Bluebell) dream a little dream of me (Willow & Bluebell) EmptyDim 5 Mar - 13:28


Dream a little dream of me
Il était revenu. L’évidence était d’abord apparue comme un fantôme, éthérée devant l’interstice de la porte dans un fébrile reflet de lune. Puis elle s’était opacifiée sous le regard clair du jeune homme, elle s’était étirée de ses commissures retenues dans un triste sourire. Bluebell lui ouvrit davantage la porte, accueillant ce constat dans la surprise de qui ne s’y était guère attendu même dans la fraîcheur de rêves à peine perturbés. C’est qu’elle ne s’était autorisée aucun espoir. Si elle avait cru, au début de leur conflit (et elle peinait même à se remémorer l’origine exacte de celui-ci, comme il serait né à leur insu, comme il aurait grandi contre leur propre gré) qu’ils se retrouveraient vite, l’attente s’était effacée au profit d’une absence toujours plus marquée, si réelle qu’elle s’était cristallisée de doigts promis entre les siens, ne laissant plus aucune place à ceux de Bluebell. Quelle expectative pouvait-il alors lui rester, dans la solitude de ses propres phalanges à peine retenues à un vêtement qu’elle savait devoir lui rendre le lendemain ? Le sweatshirt gisait toujours dans ses draps alors qu’elle scrutait à présent le garçon devant sa porte. Il n’était plus là ; mais il était revenu. Sans y croire, sans l’attendre, il venait de toquer à sa porte et son regard était désormais plongé dans le sien, dans ces abysses nocturnes où le silence était étrangement reposant. Peut-être n’auraient-ils dû rien se dire, laissant à leurs prunelles toute l’éloquence de leur lueur. Cela aurait été amplement suffisant. Après tout, Finnbjörn n’était jamais réapparu, lui. Elle n’avait plus jamais eu la chance de croiser ses yeux au détour de la nuit, qu’importe la folie de ses rêves, qu’importe la démesure de ses aspirations. Elle l’avait prié si fort, certains soirs, mais sa présence s’était limitée aux contours imprécis de son sommeil que son réveil perdait aux premières lueurs de l’aube, un goût doux-amer en bouche. Elle aurait presque voulu goûter aux lèvres de Willow pour oublier la rancœur et ne plus connaître que le sucre inavouable de son retour. Mais sonnée par le froid, par l’inattendu, Bluebell resta à distance, ne considérant ses lèvres que d’un regard déboussolé pour lui demander ce qu’il voulait, comme il serait venu pour la hanter, comme il risquerait de repartir aussitôt, à peine moins fugace qu’un reflet. Le Poufsouffle hésita et son regard se déroba au sien, penaud. “Toi” souffla-t-il alors avant de se fondre à nouveau parmi le silence du couloir.

“Moi ?” répéta-t-elle alors, hagarde, en cherchant un regard obstinément braqué sur le sol. Elle aurait voulu que ses pupilles se lèvent à nouveau pour répondre à l’interrogation muette qui brillait dans ses yeux - en vain. Et finalement, un mirage n’aurait-il pas été préférable à cette réponse, ou plus exactement, à ce non-dit ? N’aurait-elle pas voulu que, comme lors de ses plus mauvais rêves de l’été, elle rouvre les yeux sur le vide de sa chambre plutôt que d’en rester à l’orée avec un usurpateur qui estimait pouvoir la lui reprendre ? La désillusion de l’éveil n’aurait-elle pas été plus douceâtre que cette violente déception ? “Alors, tu croyais vraiment pouvoir revenir vers moi après en avoir touché une autre ?” chuchota-t-elle en suivant la logique de ses pensées qui commençaient à pleuvoir sur le calme du couloir. L’orage grondait à présent dans ses yeux toujours levés, chaque réflexion venant faire éclater dans son crâne de nouvelles suppositions, de nouveaux scandales. Il n’avait donc daigné revenir que pour reprendre là où ils s’étaient interrompus, que pour se servir à nouveau de son corps, que pour partager l’intimité de la nuit loin de l’effervescence assurée du jour. Il avait l’intention de continuer à faire d’elle sa maîtresse nocturne, loin de l’officialité de sa promise diurne, vivant en toute impunité une double relation où il espérait qu’elle se contente des miettes laissées par le festin de midi. “Tu me prends pour…” Sa voix se bloqua, butant face à la honte que miroitait chaque possibilité. Une courtisane. Une fille facile. Une seconde option. Comme si elle ne valait guère mieux que ces ignobles statuts ; et Diable, n’avait-il pas raison, dans le fond, dans ce trou où elle s’aventurait ? Ne lui avait-elle pas laissé entrevoir toute sa famine, en évoquant ses abandons, ses errances ? Il devait penser qu’elle accepterait sans rechigner ces petits morceaux, elle qui était si désespérée d’avoir un peu d’attention. Elle l’avait supplié de rester, la première nuit ; elle avait flotté jusqu’à lui, les fois suivantes ; elle l’avait invité à passer chaque nuit dans son antre, par la suite. Tout en elle avait consenti à jouer ce rôle de prostituée, vendant son corps contre sa chaleur, s’étourdissant de ses caresses pour oublier le vertige du vide. Elle avait accepté d’être réduite à ça quand en vérité, elle avait attendu plus, infiniment plus. Elle avait tout espéré, à la hauteur de ce qu’elle lui avait offert ; sa vertu, mais aussi ses rêves, ses aveux, ses hontes, ses exploits. Elle avait tout espéré, alors elle lui avait tout donné. Et il lui avait paru, à quelques curieux instants, à peine plus longs qu’une seconde, à peine plus éternels qu’un souvenir, qu’elle avait obtenu ce qu’elle désirait. A sa manière de l’embrasser à ce moment-là, à sa façon de lui sourire à cet instant précis. Il lui avait alors paru ne plus être cette catin en pleine étreinte, mais une véritable princesse protégée d’un royaume dont il était le gardien. C’était faux, bien sûr, évidemment. Rien de ces fantasmagories n’était réciproque, ou vrai ; ce n’était qu’une illusion de plus qui venait de lui échapper sans plus aucun malentendu pour lui permettre de la rattraper. Tout était au contraire très clair, trop clair. Elle avait pleuré un mensonge. Elle était pitoyable. Elle n’avait aucune fierté.

“Va-t’en, s’il te plaît” reprit-elle soudain dans un souffle avant d’enfin détourner le regard, incapable d’affronter son minois plus longtemps. “Rentre chez toi, non, rentre chez elle, maintenant que tu as renoué avec celle que tu voulais vraiment. Elle pourra te donner ce que tu veux.” Elle avait parlé avec une cadence soutenue, comme débitant au plus vite une conclusion qu’elle espérait brève pour refermer cette maudite porte sur cette maudite apparition et ses maudites insultes qui brûlaient sa peau. Le regard porté sur un point invisible, elle espérait au moins pouvoir achever cette rencontre avant que la tempête ne batte son plein. “Et merci de ne plus m’importuner. Tu as très bien su le faire, ces dernières semaines, alors ça ne devrait pas t’être trop difficile.” Le plus pathétique, c’est que sa voix ne contenait pas la moindre agressivité. Elle aurait voulu être grinçante, mieux, tempétueuse ; ombrageuse comme ses pensées qui tournoyaient dans son regard figé dans le néant. Mais elle ne lui en voulait pas suffisamment, réalisant de fait qu’elle était responsable de cet état, qu’elle avait été la première à se jeter corps perdu dans cette relation infâme, mendiant cette proximité contre laquelle elle avait même troqué sa dignité. A quel moment avait-elle pu tomber si bas ? Ce n’était même pas dans cette salle abandonnée, d’ailleurs à quelques vulgaires pas d’ici. Ce jeu répugnant avec son propre honneur avait démarré bien avant. Qu’importe. Elle n’avait pas le courage, ni l’énergie de retracer les origines de cette humiliation. Les lèvres serrées comme pour retenir toute l’amertume qui imbibait sa gorge, elle qui avait pourtant cru entrevoir à son arrivée de mielleuses promesses, Bluebell consentit à jeter un dernier regard au jeune homme. S’était-elle leurrée à ce point sur ses intentions, y avait-il eu la moindre part de vérité, et pourquoi avait-elle tenu si longtemps à nier l’évidence ? Il n’avait jamais été question de se divertir, de passer le temps. Peut-être avait-elle vraiment cherché un peu de légèreté, dans ce couloir où elle l’avait rattrapé le soir du bal ; mais elle n’était pas restée par distraction. C’était au contraire le sérieux de ses gestes qui l’avaient retenue. Le sérieux de leur dispute, de leurs regards, qui semblait même encore perdurer à présent que tout était terminé. Sûrement le rêvait-elle, celui-là aussi. Willow était un excellent menteur, il l’avait prévenue. Et elle n’avait jamais autant réclamé le mensonge que ces derniers mois, essayant tant bien que mal de survivre à la réalité. Sa perfidie avait été parfaite. Mais cette nuit, elle devait revenir à l’inconfort du réel. L’illusion devait s’éteindre.
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BORDERLINE
Are you too terrified to try your best? Better ascend into the sky, dangerously fine and unforgiven, relentless, zealous: inspired by the fear of being average.

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Message(#) Sujet: Re: dream a little dream of me (Willow & Bluebell) dream a little dream of me (Willow & Bluebell) EmptyDim 5 Mar - 16:00

DREAM A LITTLE
DREAM OF ME

visite nocturne
ft. @Bluebell E. Sherwin & Willow Gillespie
Moi ? avait-elle simplement répété, sa voix presque inaudible se perdant dans l'écho de ce couloir à l'agonie.

Willow hocha la tête. Oui, elle ! Comment aurait-il pu vouloir autre chose alors qu'il lui semblait l'avoir perdue ? Il voulait cette fille une peu folle, cette princesse des Glaces qui embrasait tout sur son passage. Il voulait se consumer à ses côtés, désespérer de leurs disputes, la détester à chacune d'elles. Il voulait se sentir à sa place entre ses bras, se rassurer de ses baisers, l'adorer à chacun d'eux. Revenir en arrière, la supplier de le pardonner, oublier jusqu'à l'existence de cette soirée. Il voulait reprendre là où ils s'étaient arrêtés, quelque part près d'une invitation à dîner... Mettre sur cette relation tous les mots qu'ils avaient tu. Et durant une seconde, il crut qu'elle l'avait compris ; que son silence n'était que l'expression d'une surprise cueillit au réveil ; qu'elle réalisait seulement qu'il avait fini par céder, qu'il tenait assez à elle pour cracher éhontément sur sa fierté. Sa présence n'en était-elle pas la preuve la plus évidente ? Il lui aurait été plus simple de garder ses distances et de se murer dans une absence toujours plus oppressante. Disparaître comme elle le lui avait demandé et continuer sa vie comme si elle n'en avait jamais fait partie. Mais non... il s'était risqué à se traîner sur le pas de sa porte au beau milieu de la nuit, à essuyer ses reproches, à subir ses foudres. Tout pour un peu qu'elle finisse par lui revenir. Elle n'était pas idiote, elle commençait à le connaître, elle ne pouvait que comprendre. N'est-ce pas...?

Alors, tu croyais vraiment pouvoir revenir vers moi après en avoir touché une autre ?
Quoi ? Mais j'ai pas-

Qu'est-ce qu'elle racontait ?! Il n'en avait touchée aucune autre ! Enfin... si, d'accord, il avait tenu la main de Kline pendant un instant mais... mais ça ne voulait rien dire ! Ça n'était pas tromper ! Et puis de toute façon, ils n'étaient même plus ensemble ! …ils ne l'avaient jamais été, elle n'avait jamais voulu ! Est-ce qu'elle lui reprochait réellement ses doigts entre ceux de cette harpie au milieu d'un dîner pitoyable alors qu'il lui avait offert, à elle, rien qu'à elle, les étreintes les plus brûlantes, des étreintes qu'elle avait repoussées au nom d'une infidélité présumée qui n'avait jamais existé ? Elle l'avait désigné coupable d'un crime qu'elle lui avait prêté avant qu'il n'ait eu le temps de le commettre et réitérait sa sentence sans même prendre la peine d'ouvrir les yeux. Les siens se relevèrent prudemment vers son visage si pâle à la lueur de la nuit. Il n'avait rien à se reprocher... bon, peut-être avait-il joué à un jeu mesquin, sûrement qu'il aurait dû s'en abstenir... mais il avait juste espéré qu'elle regretterait cette fin brutale qu'elle leur avait imposée, qu'elle regretterait leur histoire, qu'elle le regretterait, lui. Il avait juste espéré qu'elle s'en voudrait autant qu'il lui en voulait et qu'elle finirait par revenir. Mais... est-ce qu'il lui en voulait réellement, dans le fond ? Est-ce qu'il serait là, au beau milieu de la nuit, si c'était vraiment le cas...? Peut-être pas... Peut-être que ce qu'il avait pris pour un semblant de rancune n'était qu'une expression plus violente du manque qu'avait laissé son absence.

Tu me prends pour…

Et cette phrase qui n'avait aucune fin était finalement plus parlante que tous les mots qui auraient pu venir la terminer. Il s'était accroché à l'espoir qu'elle ne soit que ça. Face à la rudesse de ses lettres, à ce rejet aussi douloureux qu'inattendu, il avait voulu ne voir en elle qu'un divertissement, qu'un vulgaire objet dont il pouvait jouir comme bon lui semblait... ça aurait été si facile de s'en détacher. Elle ne voulait plus ? Et bien il n'aurait qu'à trouver quelqu'un d'autre, qu'à mettre à exécution ces menaces idiotes qui avaient jonché leurs lettres ! Mais ça ne lui avait même pas traversé l'esprit. À aucun moment il n'avait essayé de la remplacer, voulu s'abandonner auprès d'une autre qui n'était pas elle. Il n'y avait eu que cette main dans la sienne pour attiser sa jalousie, rien d'autre qu'une main dont il n'espérait plus rien ! Et elle trouvait le moyen de le lui reprocher ? Alors qu'elle avait décidé, elle, qu'elle méritait mieux que lui ? Alors qu'elle avait décidé, elle, qu'il ne méritait pas son attention ? Alors qu'elle avait décidé, elle, de venir le narguer à cette soirée minable à laquelle elle avait refusé de l'accompagner de n'y avoir d'yeux que pour son meilleur ami ? Sûrement qu'à un autre moment, moins pris dans l'espoir qui commençait déjà à se faire vacillant, il serait monté sur des chevaux immenses et se serait drapé dans un mépris mérité... mais pas ce soir. Pas tant qu'elle ne lui aurait pas claqué cette porte au visage, pas tant qu'elle n'aurait pas assassiné purement et simplement la possibilité de se rattraper.

Non ! s'offusqua-t-il sans prendre la peine de s'assurer de sa discrétion.

Il la prenait pour la Princesse qu'elle laissait entrevoir parfois, pour l'adolescente fragile et blessée qu'elle était souvent, pour l'insupportable pimbêche qu'elle était depuis le premier jour... Pour cette alliée qui savait ce qui se cachait derrière ses sourires charmants dans les couloirs, pour cette amante qui pansait ses blessures par des caresses sans fin... Elle était beaucoup de choses mais jamais, au grand jamais, elle ne serait une occupation sale et vulgaire. Est-ce qu'il lui avait laissé entrevoir le contraire, rien qu'une fois ? Il n'en avait pourtant pas eu l'impression... il avait essayé de la faire se sentir importante, à chaque fois qu'il l'avait retrouvée, à chaque fois qu'il l'avait quittée... et il n'avait fallu que d'un pas de travers pour qu'elle plaque sur lui tous les regrets que leur relation semblait lui inspirer. Son regard finit par lui échapper et le couperet par tomber :

Va-t’en, s’il te plaît.

Il avait craint qu'elle garde sa porte close, craint qu'elle ait pu le remplacer... mais à aucun moment il n'avait imaginé qu'elle pourrait le repousser à nouveau. Dans sa poitrine, son cœur cessa de battre, ne laissant qu'un vide pénible et douloureux. Elle... elle n'avait probablement pas voulu dire ça. Il avait dû mal comprendre.

Bluebell, att-
Rentre chez toi, non, rentre chez elle, maintenant que tu as renoué avec celle que tu voulais vraiment. Elle pourra te donner ce que tu veux. Et merci de ne plus m’importuner. Tu as très bien su le faire, ces dernières semaines, alors ça ne devrait pas t’être trop difficile.

Elle l'aurait giflé que le résultat n'aurait pas été différent. Un couinement pathétique s'échappa d'entre ses lèvres alors qu'il reculait d'un pas titubant. Rentre chez elle. Non seulement elle le repoussait mais elle ne luttait même pas, elle l'envoyait entre les griffes de cette autre sans un regard en arrière. Alors c'était comme ça que ça se finissait ? Sur un abandon aussi ridicule ? À moins que ça n'ait toujours été que ça, qu'il avait simplement refusé de le remarquer ? Après tout, elle n'avait eu aucun mal à tirer un trait sur lui, à aller flirter avec le premier venu comme pour bien lui faire comprendre qu'il ne valait rien, qu'il n'avait aucune existence réelle dans son royaume... mais n'était-ce pas exactement ce qu'il avait fait, lui aussi ?

Mais c'est pas elle que je veux vraiment...

Sans prendre la peine de  réfléchir, Willow glissa son pied dans la porte, pour l'empêcher de la refermer dès maintenant. Il n'entrerait pas, il s'en fichait, il voulait juste... il n'en savait plus rien mais ça ne pouvait pas se terminer comme ça. Pas déjà, pas sans qu'elle lui laisse au moins l'occasion de se rattraper, de lui prouver qu'il n'était pas que le salaud qu'elle avait dépeint dans ses dernières lettres.

...c'est toi.

Est-ce que le lui répéter changerait quelque chose ? Probablement pas... au pire y verrait-elle encore quelque bassesse de plus, la volonté de la posséder, elle, plutôt qu'une autre, le choix d'une option de facilité. Aussi s'efforça-t-il de reprendre avant qu'elle n'ait eu le temps d'avilir son aveu :

C'est avec toi que je voulais passer la soirée, avec personne d'autre. Je suis venu te le dire avant d'y aller mais... mais t'as pas ouvert. Et quand je t'ai vue là-bas, j'ai juste attendu un regard de ta part pour demander à Jin de me laisser sa place. Il y croyait pas à ces conneries de toute façon, ça aurait rien changé pour lui... mais tu m'as jamais regardé. Qu'est-ce que tu voulais que je fasse, hein ? T'avais l'air de t'en balancer de moi et...

Sa voix mourut d'elle-même sur la fin. Elle avait l'air de s'en balancer de lui... Qu'est-ce qu'il foutait là ? Contre quoi était-il en train de se battre, en fin de compte ? Elle le repoussait, elle le renvoyait auprès d'Agatha... et si elle n'en voulait juste plus...? Son regard hébété se posa sur cette chaussette rayée qui était toujours prête à retenir la porte. Il était ridicule. Elle lui avait demandé de se comporter comme un homme et il était là, en train de jouer les enfants égoïstes et capricieux. Il était venu là parce qu'elle lui manquait, parce qu'il voulait la revoir, la retrouver, la récupérer, parce qu'il avait soudainement accepté d'ouvrir les yeux sur ce qu'il voulait vraiment... sans se dire une seule seconde qu'elle ne partageait peut-être rien de tout ça, qu'elle était peut-être passée à autre chose, qu'elle voulait juste qu'il sorte de sa vie... Il n'avait pas pensé que le silence de ces dernières semaines, pire encore celui de ce soir, voulait peut-être dire quelque chose. La  gorge serrée, il ramena son pied près du second. Elle avait le droit de plus vouloir de cette relation houleuse qui ne les avait menés à rien. C'était peut-être juste... trop tard ?

Je... j'aurais dû t'en parler avant. De la soirée. Je suis désolé. Je pensais pas que ça te blesserait, reconnut-il d'une voix presque mécanique, là où elle s'était faite pressée et emprunte d'une sincérité maladroite jusque là. Et t'as raison, je... je vais te laisser tranquille. Pardon de t'avoir réveillée, je sais pas ce qu'il m'a pris, c'était stupide.

Une main nerveuse passa dans sa nuque sans qu'il ne daigne faire le moindre autre mouvement. Qu'elle ne claque la porte, d'abord, et il partirait ensuite. Si elle voulait vraiment que ça s'arrête là, il n'insisterait pas...
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August P. Rowle

August P. Rowle



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Arrivé(e) le : 16/05/2019
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Statut Sanguin: Sang-Pur
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Epouvantard: Un miroir de plein pied
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Points Défis:
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D'autres comptes ?:

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Message(#) Sujet: Re: dream a little dream of me (Willow & Bluebell) dream a little dream of me (Willow & Bluebell) EmptyDim 5 Mar - 18:05


Dream a little dream of me
Cette scène était irréelle. Aussi bien par le vide assourdissant du couloir où ne résonnaient que leurs chuchotements dans le froid de l’hiver que par l’allure fantomatique de leurs silhouettes, l’une drapée d’une chemise de nuit gonflée par un courant d’air, l’autre les cheveux clairs brillant sous un rayon de lune. Il aurait tout aussi bien pu s’agir d’une illusion et dans le fond, leur relation n’en était-elle pas une depuis le début ? Ils n’avaient jamais été voués à perdurer. Ils s’étaient croisés presque par hasard cette nuit-là, ils s’étaient ensuite retenus l’un à l’autre envers toute raison, ils avaient forcé la nuit à se prolonger d’une étreinte profane, avant de se retrouver comme s’il y avait eu un quelconque sens à toute cette folie nocturne. Voilà de quoi il s’agissait réellement ; d’un étourdissement de la nuit, une frénésie invoquée par la lune, quand les pires craintes ondulaient sur les murs. Ils n’étaient ensemble que par peur, lui de ne jamais retrouver celle qu’il aimait vraiment, elle de supporter le vide de son dortoir. Et c’était cette lâcheté qui lui avait fait espérer davantage, si bien que le courage d’observer la vérité en face lui paraissait affreusement difficile, mais nécessaire. Aussi Bluebell le regardait-elle avec résignation, contrainte de lui tenir tête malgré la fébrilité évidente de son état. Elle avait longtemps espéré sa venue, et à présent qu’il était là, rien ne lui semblait plus insultant que cette présence. Elle préférait encore l’humiliation silencieuse de dormir avec son odeur que celle, brillante, de sa carrure moqueuse dans l’embrasure de sa porte alors qu’il venait réclamer un service de plus. Ce n’était pas qu’un goût doux-amer, c’était une sensation de bile qui lui fit serrer les lèvres alors qu’il rejetait son accusation. “Quoi ? Mais j'ai pas-” Dans un éclair de lucidité, sans doute, il ne finit pas sa phrase. Et dans cette même conscience, elle n’acheva pas non plus ses dires, laissant flotter entre eux un sous-entendu suffisamment éloquent pour se passer de terminologie. “Non !” s’écria-t-il alors, brisant l’uniformité muette de la nuit. Bluebell manqua de sursauter sous l’intonation du jeune homme, resserrant ses doigts autour de la poignée de la porte à gauche, de sa baguette à droite. Il était effrayant. Non pas par menace, mais par contraste ; effrayant de beauté, de dégoût ; effrayant de vérités, de mensonges. Alors quoi, il frappait à sa porte parce qu’il la voulait elle, malgré son alliance avec une autre, et à présent qu’elle rappelait qu’elle n’était pas, ou plus exactement qu’elle n’était plus sa courtisane, il s’offusquait de sa réponse ? Comme à chaque altercation avec lui, sa tête se fit lourde de contradictions.  C’était épuisant, si bien qu’elle finit par lâcher son regard pour lui demander de s’en aller. Elle n’en pouvait plus de ses faux-semblants, de leurs malentendus qui les empêchaient de laisser partir l’illusion qu’ils avaient un sens. Ils n’auraient jamais dû se raccrocher l’un à l’autre, c’était là la seule évidence de leur relation.

Il tenta de l’interrompre, l’appelant par son prénom avant qu’elle ne réhausse la voix pour poursuivre, ne lui laissant aucune chance de se justifier. Quel intérêt ? Tout était parfaitement limpide dans la pénombre. C’était finalement leur seul véritable pouvoir ; la nuit leur avait toujours appartenu, si bien qu’ils s’en étaient faits Roi et Reine et parvenaient ainsi à glisser au milieu du noir leurs plus claires intentions. Bluebell s’obstinait ainsi à éviter son regard, sachant que ses prunelles seraient transperçantes même dans l’obscurité. Son odeur était déjà bien trop prenante, celle-là même qu’elle avait peiné à effacer de ses souvenirs et qui l’attendait sous ses draps. “Mais c'est pas elle que je veux vraiment… C’est toi.” Les yeux flanqués sur le sol, Bluebell le vit ainsi poser son pied dans l'interstice de la porte comme pour la retenir de se refermer sur lui. La jeune fille releva alors précautionneusement son regard, comme elle aurait craint de s’y perdre et pour cause ; ne recommençait-il pas déjà à la tourmenter, à lui faire croire des calomnies dans le seul but de profiter encore un peu d’elle ? La moquerie était insultante et douce à la fois, tant et si bien qu’elle soutint ses yeux un long moment sans rien dire, désorientée. Elle eut envie de le croire comme elle avait cru à tous ses mots susurrés dans le secret de sa chambre, mais les faits étaient bien plus parlants : il avait serré les doigts d’Agatha, c’était elle qu’il était venu récupérer, ce soir, et elle n’était que son lot de consolation nocturne pour patienter jusqu’à l’aube où la Gryffondor l’attendrait en retour. La nuit leur appartenait, mais ne comprenait-il pas qu’elle le voulait aussi le jour, et tous les autres instants pourvu qu’il ne s’éloigne plus jamais ? “Willow” geignit-elle alors en fermant les yeux pour se soustraire aux fabulations éhontées qu’elle voyait s’y miroiter ; mais déjà, il reprit ses élucubrations, profitant de sa seconde d’hésitation pour essayer de la convaincre. “C'est avec toi que je voulais passer la soirée, avec personne d'autre. Je suis venu te le dire avant d'y aller mais... mais t'as pas ouvert.” “Quoi ?” marmonna-t-elle pour elle-même, confuse ; mais sans lui laisser la moindre occasion de réfléchir, il poursuivit. “Et quand je t'ai vue là-bas, j'ai juste attendu un regard de ta part pour demander à Jin de me laisser sa place. Il y croyait pas à ces conneries de toute façon, ça aurait rien changé pour lui... mais tu m'as jamais regardé.” “Quoi ?” répéta-t-elle, sourcils froncés. Mais bien sûr qu’elle l’avait regardé, oh, elle n’avait même fait que ça, elle aurait tout donné pourvu qu’il daigne tourner ses pupilles vers les siennes. “Qu'est-ce que tu voulais que je fasse, hein ? T'avais l'air de t'en balancer de moi et…” Et le reste ne vint jamais. Sans doute en avait-il trop dit, et de fait, Bluebell se sentit prise d’un vertige par manque de sommeil, ou par manque de cohérence, ou par son manque tout court alors qu’il était là, juste à quelques centimètres d’elle. Il lui aurait été aisé de faire taire les doutes qui tournaient en elle en se blottissant contre lui ; mais elle ne voulait plus être cette fille de facilité, elle ne voulait plus lui donner une bonne raison de croire qu’elle était une option quand elle aurait voulu être sa seule décision. “Je voulais juste que tu sois honnête depuis le début” confia-t-elle alors en considérant, l’une après l’autre, ses deux prunelles au-dessus des siennes, comme elle aurait cherché la plus fiable. “Que tu me le dises, que tu attendais encore Kline, que c’était à elle que tu pensais, qu’importe - je voulais juste que tu sois honnête” reprit-elle comme une rengaine avant de baisser à nouveau les yeux, réalisant de fait qu’aucune prunelle n’était plus fiable que l’autre dans la mesure où Willow n’était qu’un menteur qui prenait plaisir à jouer avec la vérité jusqu’aux heures les plus indues.

Son pied quitta la porte et Bluebell réalisa alors qu’elle avait le choix, elle aussi, ce soir. Elle pouvait refermer sa porte et refuser son artifice, retourner au confort de son lit et le lendemain, se parer de toute sa plus belle arrogance pour rappeler qu’on ne se jouait pas d’elle de la sorte. Elle pouvait faire taire le garçon et ne plus s’infliger des aveux qui sonnaient faux, si faux qu’elle n’en croyait pas le moindre accent, surtout pas après ce à quoi elle avait assisté, ce soir. Comment pouvait-il insinuer qu’il ne voulait qu’elle alors qu’il ne l’avait pas cherchée une seule fois du regard, qu’il n’avait pas essayé de la rejoindre avant, qu’il ne lui disait tout cela que maintenant qu’il espérait quelque chose d’elle ? C’était vile, c’était bas, et pourtant, Diable, elle gardait cette porte ouverte, et ses oreilles attentives, qu’importe que ses yeux soient fixés sur le sol, sur ses chaussettes dépareillées, sur ses propres orteils serrés de froid. “Je... j'aurais dû t'en parler avant. De la soirée. Je suis désolé. Je pensais pas que ça te blesserait. Et t'as raison, je... je vais te laisser tranquille. Pardon de t'avoir réveillée, je sais pas ce qu'il m'a pris, c'était stupide.” Les excuses étaient rouillées, bien plus que les mensonges précédents qui avaient roulé avec bien plus de fluidité. C’était injuste. Elle méritait plus que ce mécanisme, que ces rouages qui claquaient dans l’air curieusement calme. Bluebell attrapa distraitement son collier qu’elle pinça entre ses doigts. Elle avait réalisé qu’il ne tremblait pas, insinuant la sincérité de son interlocuteur, mais elle n’avait même plus envie de dépendre de la vérité de cette magie. Willow n’avait peut-être pas menti, ça ne l’avait pas empêché de lui faire du mal. De l’abandonner.  “Comment croire que ça ne me blesserait pas ?” fit-elle alors en relevant les yeux sur lui, le visage sévère. “Comment croire qu’aller courtiser la première venue après les deux mois passés ensemble ne me blesserait pas, au juste ?” C’était même cruel, à dire la vérité, et lui ne lui demandait pardon que de l’avoir réveillée en ces heures reculées ? “Bien sûr que c’était stupide” renchérit-elle alors sans pour autant bouger d’un centimètre, laissant la porte grande ouverte entre eux. “Tu t’affiches avec une autre toute la soirée, puis tu viens frapper à ma porte pour t’étonner de mon refus, allant jusqu’à considérer que c’est moi qui t'ai causé du tort, ce soir. Bien sûr que c’était complètement stupide.” Il était complètement stupide, ne l’avait-elle pas compris jusqu’ à présent ? Et ne voulait-elle donc toujours pas l’accepter, à rester face à lui quand elle aurait dû le repousser sans la moindre tergiversation ? Il n’y avait plus rien à attendre de lui dans la mesure où lui ne l’avait guère plus attendue, s’empressant à rejoindre une autre à la première occasion. Mais parce que c’était la nuit, et qu’il s’agissait de leur royaume, Bluebell était incapable de refermer la porte. De toute manière, cela n’aurait rien changé ; il serait toujours dans ce couloir, à nourrir des reproches dont il était pourtant le seul façonneur. C’était si révoltant qu’elle n’en avait plus les mots, seulement le regard, de plus en plus dur pour ces traits qu’elle avait pourtant parcourus avec tant de douceur jusqu’alors. Il était familier et ressemblait cependant à un inconnu, à ne pas saisir son chagrin, à ignorer les faits, à omettre même l’existence de celle qu’il aurait véritablement dû rejoindre, cette nuit.
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Message(#) Sujet: Re: dream a little dream of me (Willow & Bluebell) dream a little dream of me (Willow & Bluebell) EmptyDim 5 Mar - 21:04

DREAM A LITTLE
DREAM OF ME

visite nocturne
ft. @Bluebell E. Sherwin & Willow Gillespie
Cette discussion aux allures de jugement, péniblement tirée au cœur d'une nuit trop froide, n'était pas sans rappeler les pires moments du brasier qui les avait poussés jusque là. Ils ne s'étaient jamais vraiment compris. Jamais vraiment écoutés non plus. Il n'y avait que sur l'oreiller, sa tête posée sur son épaule et ses doigts glissés entre les siens, qu'ils parvenaient à se parler. Calmement, tendrement... sans cri ni agacement. Comme les adultes qu'ils se targuaient d'être sans jamais l'être pour autant. Mais alors que ses yeux clairs s'accrochaient aux siens dans un silence parfait, l'adolescent crut entrevoir les restes de ces nuits pleines de murmures confiants. Il avait déposé les armes, ce soir, il n'était pas là pour lutter, juste pour lui faire comprendre qu'elle était tout ce qu'il pouvait vouloir, que ces bêtises ne valaient pas la guerre qu'elle lui avait déclarée, ces batailles dans lesquelles il s'était jetées. Mais elle ferma les paupières et lui arracha le faible espoir né de la lueur qui brillait au fond de cet océan agité.

Willow...

Son prénom sur ses lèvres lui arracha un frisson. Ça avait l'air fatigué mais, en même temps, ça avait un quelque chose d'encourageant. Elle ne s'était pas fendue d'un pseudonyme impersonnel, d'un patronyme qui ne lui appartenait pas vraiment... elle s'accrochait à ce lien, elle aussi, à ces heures tranquilles qu'ils avaient partagées. À ce qu'ils étaient. À ce qu'elle connaissait de lui. ...n'est-ce pas ? Alors il tenta le tout pour le tout et souffla sa version de l'histoire d'une allure pressée. Il voulait qu'elle comprenne que c'était un malentendu, qu'il n'avait jamais voulu qu'ils en arrivent là. Il assumerait ses torts, oui, mais qu'elle ne lui prête pas des intentions cruelles là où il avait tenté de leur éviter tout ça. Il était venu là chercher, il avait voulu lui offrir ce tête-à-tête qu'elle lui avait proposé, l'envelopper de toute l'exclusivité qu'elle méritait. Elle... elle n'avait juste pas été au rendez-vous. Qu'est-ce qu'il aurait dû faire, hein ? Parcourir tout le château dans l'espoir de la trouver ? Alors que Jin l'attendait dans le Hall...? Ils se seraient loupés, de toute façon, puisqu'elle s'y serait rendue... et alors quoi ? Elle lui aurait reproché d'être resté ?

Je voulais juste que tu sois honnête depuis le début.
Mais c'est le cas, corrigea-t-il d'un ton épuisé.
Que tu me le dises, que tu attendais encore Kline, que c’était à elle que tu pensais, qu’importe - je voulais juste que tu sois honnête.

Qu'il lui dise quoi...? Willow fut secoué d'un ricanement nerveux, bien malgré lui. Qu'il attendait encore Kline ? Parce qu'elle pensait qu'il l'avait attendu rien qu'une seconde depuis qu'il l'avait vue en embrasser un autre sous le nez de l'école tout entière ? ...sérieusement ? Il l'avait attendue pendant des années, cette garce, il était prêt à le reconnaître ! Mais ça faisait une éternité que ça n'avait plus été le cas. Et il avait oublié jusqu'à son existence à chaque instant qu'il avait passé auprès d'elle. Son fantôme ne faisait pas le poids. Il ne l'avait jamais fait. Il ne le ferait jamais ! Mais comment se défendre là-dessus ? Il pouvait expliquer beaucoup de choses, admettre ce qu'il avait fait de travers... mais là ? S'il lui disait qu'il n'avait jamais rien attendu de cette fille-là, elle ne le croirait pas, s'il allait dans son sens il lui mentait. Il se sentait pris au piège, coincé dans un dilemme qui n'avait aucune issue favorable. Et peut-être que c'était fait exprès, dans le fond... il serait forcément coupable quoi qu'il fasse, elle pourrait tirer un trait sur tout ça quoi qu'il dise. C'était sa faute, c'était un salaud, elle méritait mieux. Fin de l'histoire. L'idée même qu'elle puisse ne plus rien en avoir à faire de lui, qu'elle puisse être passée à autre chose, elle, ne lui avait pas traversé l'esprit. Et là... maintenant qu'elle le faisait... ça ressemblait à une évidence. Elle aurait fait un signe, si ça n'était pas le cas, non ? Elle était toujours revenue, jusque là, pourquoi pas cette fois ? Juste parce qu'il avait eu la maladresse de ne pas lui dire qu'il comptait aller à cette soirée ? Peut-être qu'elle s'était rendue compte que c'était mieux ainsi, que l'attachement qu'elle avait eu pour lui s'était essoufflé, qu'il n'était plus qu'un bon souvenir abandonné sur l'autel de ces moments délicieux...? Il se sentit idiot, tout-à-coup, comme si sa présence sur le pas de cette porte ne faisait plus sens. Il était venu dans l'espoir de la récupérer... mais peut-être qu'elle ne voulait pas l'être. Aussi se contenta-t-il de lui présenter les excuses qu'elle méritait tout en lui laissant la possibilité d'en rester là. Elle pouvait se fendre d'un « bonne nuit » sans appel et refermer la porte sur lui, il n'insisterait pas. Mais non, au lieu d'en rester là, de retourner dans son royaume sans plus s'embarrasser de ce sujet un peu trop envahissant, elle préféra l'enfoncer :

Comment croire que ça ne me blesserait pas ?
J'ai pas réfléchi, c'était qu'une soirée !
Comment croire qu’aller courtiser la première venue après les deux mois passés ensemble ne me blesserait pas, au juste ?
...mais c'était pas dans mes plans, je te jure que j'étais sincère quand je disais que je voulais pas chercher mieux que toi.
Bien sûr que c’était stupide.

Ça ressemblait à s'y méprendre à un énième dialogue de sourds. Il avait été idiot, oui, complètement, mais ses premiers pas de travers n'avaient pas été mal intentionnés rien qu'une seconde. Il avait juste voulu aller à une soirée organisée par l'école, rien de plus. Et il ne lui avait pas demandé parce qu'elle avait toujours l'air de se croire trop bien pour s'abaisser à ça. Et sûrement qu'elle avait raison, dans le fond... mais lui se contentait de ces fêtes stupides, ne serait-ce que pour se rappeler combien c'était mieux chez lui. Il n'avait pas vraiment  cru qu'elle le prendrait mal. Que ce soit la Saint-Valentin, Pâques ou n'importe quel autre jour au monde, c'était la même chose. Il avait juste voulu quitter les couloirs de Poudlard. Le plus innocemment du monde, il pouvait le promettre !

Tu t’affiches avec une autre toute la soirée, puis tu viens frapper à ma porte pour t’étonner de mon refus, allant jusqu’à considérer que c’est moi qui t'ai causé du tort, ce soir. Bien sûr que c’était complètement stupide.
Mais merde, Bluebell, je m'en fiche de cette fille, répliqua-t-il, s'agaçant de devoir répéter encore et encore les mêmes choses sans qu'elle ne daigne faire l'effort de le comprendre, il faut que je te le dise en quelle langue ?

Il soutint son regard, se défaisant peu à peu des supplications qui avaient paré le sien. À quoi bon continuer sur ce chemin-là puisqu'elle n'était pas décidée à l'écouter ? Il voulait bien faire taire sa fierté, pas se laisser marcher dessus par une fille incapable de comprendre qu'elle luttait contre du vent.

Elle ou une autre, ça aurait été pareil. Je voulais juste te faire réagir. Parce que t'étais là, à bavarder avec Jin, là, comme si t'avais envie de ce tête-à-tête avec lui, comme si y'avait jamais rien eu entre nous... alors que je venais juste de te demander de passer la soirée avec moi. Je voulais te manquer, que tu réalises que si t'étais capable de faire comme si j'existais pas, moi aussi je le pouvais. C'était débile, ok, mais ça a jamais été dans mes plans à la base. Je voulais pas courtiser ou m'afficher avec qui que ce soit.

Son calme commençait à se craqueler doucement. Elle était insupportable, cette fille-là. Il l'avait presque oublié, tout occupé qu'il était à désespérer de ne plus l'avoir à ses côtés. Quel idiot, tout de même. Il fallait être sacrément maso pour vouloir la récupérer !

Il n'y a rien entre Agatha Kline et moi. C'est la plus grosse garce que j'ai jamais rencontrée et je n'en voudrais pas même si c'était la dernière personne sur Terre. C'est bon, t'imprimes là...? ou tu vas encore t'imaginer que je rêve de la sauter depuis qu'on se connaît ?

Il ne se faisait pas d'illusions, elle trouverait bien autre chose à lui reprocher... mais elle pouvait au moins changer de disque, ce serait pas un mal...
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August P. Rowle

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Message(#) Sujet: Re: dream a little dream of me (Willow & Bluebell) dream a little dream of me (Willow & Bluebell) EmptyDim 5 Mar - 23:03


Dream a little dream of me
Le royaume de la nuit était vaste et paradoxalement, étriqué. Dans tous les confins offerts par ces heures reculées, Willow et Bluebell finissaient toujours reclus dans des conversations obtuses, comme aveuglés par la pénombre. Ils avaient appris à y déambuler, pourtant ; mais ils se retrouvaient toujours aux mêmes endroits, à l’abri de leur fierté, sur le pas de la porte, à s’échanger des mots qui résonnaient dans le vide. Il n’y avait que dans le réconfort de ses draps qu’ils parvenaient à y voir plus clair. L’un contre l’autre. C’était finalement cette distance physique qui creusait entre eux ces sombres doutes où se nichaient leurs pires craintes. Les reproches étaient opaques dans l’obscurité et ils avaient beau se démener pour essayer de rétablir les vérités qui couvraient leurs prunelles dédiées les unes aux autres, seuls les mensonges semblaient se frayer un chemin jusqu’à leurs lèvres. Ce n’était pas faute d’hurler l’évidence. “Mais c'est le cas” argua Willow, las, alors qu’elle lui indiquait qu’elle demandait seulement son honnêteté. Le mensonge lui parut éhonté, cinglant, injuste, aussi grossier que le ricanement qu’il laissa ensuite s’échapper. Il se targuait d’avoir été honnête depuis le début, alors qu’il lui promettait monts et merveilles la nuit, indifférence le jour ? Jusqu’à venir frapper à sa porte dans l’espoir d’y pénétrer, ce soir, après avoir pourtant officialisé une autre ? Son collier s’obstinait à ne pas battre contre ses clavicules et elle en perdait patience. Comment croire qu’il était sincère quand il lui mentait depuis le début, quand sa confiance avait été écorchée à de multiples reprises ? Elle ne pouvait même plus se fier à l’enchantement du bijou. Sa crédulité avait été malmenée depuis si longtemps qu’elle préférait la garder jalousement auprès d’elle, ne l’accordant plus à personne et encore moins à cet usurpateur qui jouissait de plusieurs identités, un masque différent à chaque rencontre. Ce soir, il arborait les traits d’un homme fatigué, venu dans le seul espoir de la récupérer. Comme s’il ne cachait pas des ambitions plus égoïstes, rampant jusqu’à sa chambre la nuit installée dans l’habitude de profiter d’elle. Aussi n’en démordit-elle guère, continuant à l’accuser, lui demandant comment rien de tout ceci n’aurait pu la blesser. “J'ai pas réfléchi, c'était qu'une soirée !” Naturellement. Ce n’était qu’une soirée, et elle n’était que ses nuits, c’était incompatible, de toute évidence, ils l’étaient tout le temps, car rien n’avait jamais eu de sens entre eux. “...mais c'était pas dans mes plans, je te jure que j'étais sincère quand je disais que je voulais pas chercher mieux que toi.” Elle répliqua aussitôt sur le ton de l’évidence que c’était bien entendu stupide, et pour cause ; il assurait ne pas vouloir mieux qu’elle et pourtant, il se rendait quand même à un évènement de la Saint Valentin sans lui en parler, pour s’y afficher phalanges resserrées à celle qu’il avait un jour aimée… Tout était contradictoire, chez lui, c’en était éreintant, si bien que Bluebell finit par relâcher la porte pour passer une main sur son front. Ils n’avançaient pas, ils reculaient, alors comment le temps pouvait-il s’écouler, cette nuit ? Elle en perdait le fil, comme à chaque fois qu’il lui tissait tous ces mensonges.

“Mais merde, Bluebell, je m'en fiche de cette fille, il faut que je te le dise en quelle langue ?” s’épuisa-t-il finalement dans un juron. “Alors pourquoi tu lui as pris la main ?” répliqua-t-elle aussitôt dans un agacement qui claqua quelques secondes entre eux alors qu’elle laissa retomber ses doigts pour le fusiller du regard. “Elle ou une autre, ça aurait été pareil” répondit-il alors sans le moindre détour, en gage d’une impatience aussi blessée que la sienne. “Je voulais juste te faire réagir. Parce que t'étais là, à bavarder avec Jin, là, comme si t'avais envie de ce tête-à-tête avec lui, comme si y'avait jamais rien eu entre nous... alors que je venais juste de te demander de passer la soirée avec moi.” Bluebell laissa à son tour échapper un ricanement sans joie, ahurie par la tournure de cette nuit. C’en était risible. Il lui reprochait à présent d’avoir passé un moment avec Jin quand elle s’était contentée de tuer le temps pour ne pas mourir de sa propre rage ; il lui reprochait ce qu’il avait lui-même initié, il continuait ce jeu de remontrances avec une agilité décomplexée. “Mais je me fiche complètement de J-” voulut-elle préciser. “Je voulais te manquer, que tu réalises que si t'étais capable de faire comme si j'existais pas, moi aussi je le pouvais” l’interrompit-il soudain. Bluebell garda les lèvres entrouvertes, le regard plongé dans celui de son interlocuteur sans plus parvenir à ajouter quoi que ce soit, ne prenant même pas la peine de conclure le prénom du Serpentard qu’elle s’apprêtait à évoquer. Venait-il d’affirmer qu’il voulait lui manquer ? Alors quoi, c’était juste ça, l’objet de ce cirque ? Il n’avait pris la main de Kline que pour lui pincer le cœur ? Il n’attendait rien d’autre de cette impure, ni de qui que ce soit ? “Arrête” implora-t-elle si bas qu’il ne l’entendit probablement pas. Et pourtant, oui, elle aurait tout donné pour que ces aveux, insupportablement vrais à en juger le stoïcisme de sa pierre précieuse, s’arrêtent là, pour qu’elle puisse continuer à ne pas le croire, pour qu’elle se tue à remettre en cause chacune de ses paroles et puisse ainsi s’offrir la paix de tourner la page et de se moquer éperdument de ce garçon qui s’était bien trop immiscé dans ses rêves. Elle passa à nouveau une main sur son visage, mais le Poufsouffle était loin de vouloir s’arrêter, au contraire, il poursuivait avec la même verve, de plus en plus saccadée à présent qu’il perdait patience. “C'était débile, ok, mais ça a jamais été dans mes plans à la base. Je voulais pas courtiser ou m'afficher avec qui que ce soit.” Bluebell émergea de ses doigts pour scruter son regard en silence, accusant un coup qu’elle n’avait pas vu venir. Sur toutes les perfidies rhétoriques dont il avait été capable jusque-là pour justifier son comportement déviant, l’argument de la rendre volontairement jalouse, avec n’importe quelle première venue pour solliciter son manque était tortueux. Et pourtant, son collier s’acharnait à rester de marbre, la déboussolant davantage à chaque seconde qui s’étirait sourdement entre eux.

Un léger silence s’éleva sous leurs regards incompréhensifs et Bluebell espéra un instant que ce soit la fin, qu’il n’ajoute rien, qu’il lui accorde enfin une trêve pour ressasser ses esprits disséminés entre faits et envies, vérités et calomnies ; mais il ne semblait pas à bout de ressources, d’une loquacité presque louable si elle n’assassinait pas tout espace où loger leur raison.  “Il n'y a rien entre Agatha Kline et moi” reprit-il alors qu’elle hochait la tête, quelque part entre l’incrédulité et la supplication de le faire taire. “C'est la plus grosse garce que j'ai jamais rencontrée et je n'en voudrais pas même si c'était la dernière personne sur Terre. C'est bon, t'imprimes là...? ou tu vas encore t'imaginer que je rêve de la sauter depuis qu'on se connaît ?” conclut-il enfin, le ton dur. Bluebell voulut lui rendre la même sévérité, celle-là même dont elle s’était drapée quelques instants plus tôt, mais la fatigue, mais les répétitions, mais l’incompréhension finirent par avoir raison de son contenance qui craquela au profit d’une vulnérabilité aussi désespérée que la réponse claire qu’elle attendait et qui ne venait pourtant pas. “Mais dans ce cas, pourquoi tu ne m’as pas rattrapée quand je suis partie ?” s’enquit-elle alors dans un murmure. Elle n’en pouvait plus de ses aveux qui sonnaient vrais mais qui cachaient d’obscures motivations, elle n’en pouvait plus de cette pseudo-sincérité pourtant vêtue de faux-semblants, et elle n’en pouvait plus de cette distance absurde alors qu’elle voulait le rejeter au plus loin de ses blessures, celles-là même qu’il lui avait portées de sa seule indifférence. “Pourquoi tu me rejoins seulement maintenant ? Pourquoi tu ne m’as ignorée, ces dernières semaines ?” enchérit-elle en penchant le visage, la tête lourde de toutes ces interrogations. ”Pourquoi tu voudrais que je te manque si tu ne veux rien de moi ?” Cette dernière question sonna comme une supplication. Parce qu’en vérité, c’était celle-ci, la question qui régissait cette pénombre insensée où ils avançaient à tâtons, éperdus de leurs blâmes. Ils ignoraient où ils allaient, ils n’avançaient pas, ils reculaient, car ils ne partageaient rien d’autres que des nuits qui n’avaient jamais été nommées. Comment pouvaient-ils se croire monarques de quoi que ce soit quand leur royaume n’avait aucune limite ? Ils avaient tout franchi avec une arrogance juvénile, se moquant des règles, à la fois alliés, ennemis et amants, à la fois proches et indifférents. Et la confusion de ce lien frémissant se reflétait désormais dans les yeux hagards d’une Princesse des Glaces qui n’avait d'honorifique qu’un titre qu'il lui avait attribué sans la moindre parcelle.
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Message(#) Sujet: Re: dream a little dream of me (Willow & Bluebell) dream a little dream of me (Willow & Bluebell) EmptyLun 6 Mar - 22:29

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visite nocturne
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Cette conversation avait l'air sans fin... Est-ce que c'en était une, au moins ? Rien n'était moins sûr. Elle l'accusait de tous les maux, renâclait à l'écouter, refusait d'envisager un monde dans lequel il n'avait pas tous les torts... Il était venu conscient qu'il faudrait batailler pour lui faire entendre raison. Mais à quoi bon s'acharner quand, de toute évidence, elle ne voulait rien de tout ça ? Ce que Willow ne comprenait pas, néanmoins, c'était pourquoi elle lui tenait tête ainsi au lieu de simplement couper court à tout ça. Ça les aurait épargnés, tous les deux. Parce qu'il ne se faisait pas d'illusions, ça ne devait pas être plus agréable pour elle que pour lui... Elle avait été tirée du lit à une heure indue, tout ça pour écouter un souvenir dont elle semblait bien se ficher essayer de lui faire comprendre qu'il avait remarqué ses erreurs, qu'il était prêt à faire amende honorable... mais rien ne l'empêchait de fermer cette maudite porte et de retourner sous ses draps ! Lui-même aurait pu mettre les voiles, abandonnant cette insupportable idiote comme il aurait dû le faire depuis longtemps. Elle était là, à se plaindre que c'était ce qu'ils faisaient tous... mais bordel qu'il pouvait les comprendre ! Si elle était avec le reste du monde comme elle était avec lui, le vide qui s'étendait dans son royaume – celui-là même qu'il avait pris soin de combattre avec elle – prenait tout son sens ! Personne de sain d'esprit ne pouvait vouloir s'infliger pareille torture ! Mais il en était bien incapable. Ancré dans le sol froid de ce maudit couloir, planté devant l'embrasure qui le séparait de ce palais ridicule. Alors il fit la seule chose qu'il pouvait encore faire : vomir ce mélange d'excuses et de vérités dont elle se fichait éperdument. Il s'accrochait à cette porte ouverte, à ses prunelles qui lui échappaient parfois mais qui continuaient pourtant de lui faire face, à ces restes de lien, aussi infimes soient-ils, qui vivotaient encore assez pour les faire supporter ça. Le silence s'imposa un instant. Quelques secondes à peine durant lesquelles tout avait l'air possible. Qu'est-ce qu'il l'empêchait d'assassiner la distance pour la prendre dans ses bras ? De forcer un peu les choses pour lui faire comprendre qu'il tenait à elle...?

Mais dans ce cas, pourquoi tu ne m’as pas rattrapée quand je suis partie ?

Sa voix avait perdu sa dureté, Bluebell avait perdu sa superbe. Il retrouvait presque la fille de cette première nuit, ses intonations épuisées, suppliantes. ...cette fille à laquelle il aurait promis n'importe quoi, pour laquelle il aurait décroché la Lune ce soir-là... Rien n'avait changé. Sinon la confiance à l'agonie qu'elle semblait avoir en lui. Comment avaient-ils pu tomber si bas alors qu'ils s'étaient perdus dans des confidences à l'infini, qu'ils s'étaient donnés bien plus qu'ils ne l'auraient jamais cru ?

Y'avait du monde avoua-t-il presque honteusement, et on avait jamais rien dit à personne... je savais pas ce que tu voulais...

Sur le moment, ça lui avait paru évident. On ne courrait pas après une fille qu'on était à peine censé connaître. Et puis il avait espéré qu'elle viendrait, elle, qu'elle l'arracherait à cette soirée au lieu de disparaître... Il avait réalisé un peu tard qu'elle ne reviendrait pas, qu'elle n'était pas seulement sortie parler avec son frère, ou prendre l'air... Et s'il devait être parfaitement honnête, il n'avait pas eu envie de se pendre un râteau devant les yeux de l'humanité... et de Juliette plus précisément. On ne se défaisait pas de ses travers en un claquement de doigts et toutes les apparences dans lesquelles il avait toujours baigné, ces images parfaites qu'on avait imposées en guise de religion l'avaient rappelé à elles sans même qu'il ne le réalise. S'afficher avec elle, pourquoi pas si c'était vraiment ce qu'elle désirait – encore qu'il ne le lui souhaitait pas – mais pas sans être sûr de pouvoir contrôler ce que ça renverrait. Et là, rien aurait été plus incertain que le tableau de ces retrouvailles. Sûrement qu'elle lui en voudrait pour ça aussi, qu'elle le lui reprocherait comme elle lui avait reproché tout le reste mais au moins elle ne pouvait pas le blâmer d'avoir menti. Sa sincérité était totale, ses vérités étaient sans fard, peu importe que ça ne soit pas très flatteur. Il voulait croire qu'elle commençait à le connaître, qu'elle comprendrait.

Pourquoi tu me rejoins seulement maintenant ? Pourquoi tu m’as ignorée, ces dernières semaines ?
Parce que c'est ce que tu m'as demandé. T'as dit que tu voulais plus de moi, que je devais plus toquer à ta porte, tu te souviens...? Qu'est-ce que j'étais censé faire d'autre ?

Il avait espéré un geste quelconque : un regard appuyé dans les couloirs, un entrebâillement délibéré quand il passait près de son palais, un message fut-il pour lui reprocher de s'en tenir à ce qu'elle avait demandé... mais rien n'était jamais venu. Il n'y avait eu que son silence, froid, implacable, et qu'une ignorance qui lui avait été insupportable. Il s'était littéralement épuisé sur le terrain, presque nuit et jour, pour essayer de combler le vide qu'elle lui laissait, pour occuper suffisamment son esprit pour ne pas ressasser encore et encore, revivre tant les moments incroyables qu'il avait passés à ses côtés que ces dernièress minutes d'horreur. Ça avait été un échec lamentable. Il n'avait été bon à rien, ni sur son balai ni au milieu du flot continu de ses pensées dont elle était reine.

Je... j'ai lutté... je voulais pas venir. Je veux dire... ok, j'ai un peu merdé mais j'ai fait ce que j'ai pu pour me rattraper, pour te rassurer, pour que tu comprennes que t'étais pas juste un plan cul, que j'avais pas l'intention de te lâcher... T'en avais rien à foutre, de toute façon, j'étais un salaud, point. Sérieux, t'aurais juste pu faire la gueule deux jours, t'étais pas obligée de...

Me larguer était-il sur le point de rajouter avant de se rappeler in-extremis qu'il aurait fallu qu'ils soient ensemble pour ça, et que ça n'était pas le cas...

...de m'insulter, et tout... Je suis pas le seul à avoir fait n'importe quoi.

Tout adolescent qu'il était, il se prélasserait sûrement le lendemain dans la satisfaction d'avoir été celui qui s'était comporté en adulte responsable, là où elle n'avait été que la gamine blessée et capricieuse qui s'était braquée au cours de leur correspondance. Mais pour l'heure, il espérait seulement lui faire comprendre qu'elle ne pouvait pas lui reprocher de faire ce qu'elle avait fait elle-même. Ce qui était sa décision, à elle, de surcroît. Lui avait voulu sauver les meubles, elle les avait défoncés avec une violence inouïe.

Pourquoi tu voudrais que je te manque si tu ne veux rien de moi ?

Pour la première fois depuis qu'ils s'étaient lancés dans une conversation digne de ce nom, Willow ne sut pas quoi répondre. Sa question ne paraissait pas avoir de sens. Qui avait dit que...? C'est elle qui ne voulait plus rien de lui. Est-ce qu'il l'avait dit, lui aussi ? Il ne s'en souvenait pas. Il avait écrit sous le coup de la colère, c'était pas impossible que ça soit sorti tout seul mais... vraiment... ça ne lui disait rien du tout. Il n'aurait jamais dit quelque chose d'aussi faux que ça alors qu'il avait sous-entendu tout le contraire. Il se rappelait lui avoir assuré qu'il ne comptait pas chercher mieux, ni la tromper, lui avoir proposé de l'accompagner, s'être moqué de son comportement d'enfant... peut-être qu'il avait balancé qu'elle était tarée, aussi... mais il ne se souvenait vraiment pas d'avoir laissé entendre qu'il ne voulait rien d'elle. Il lui fallut de longues et nombreuses secondes pour se défaire de son air hébété, pour détourner ses grands yeux déboussolés. Il croisa les bras sur son torse, comme s'il espérait se défendre, se protéger... comme s'il remettait une certaine distance peut-être aussi.

Tu peux penser ce que tu veux. Mais y'a même pas douze heures, j'étais exactement là, en train de te demander de sortir avec moi, expliqua-t-il d'un ton qui se voulait assuré mais qui tranchait affreusement avec la nervosité de sa posture, l'incertitude de son regard fuyant. J'en ai ras le cul de jamais savoir ce qui m'attend, si tu vas pas décider de me laisser à la porte, si tu vas pas ramener quelqu'un d'autre dans cette chambre que je mérite pas... et c'est pas moi qui le dis, c'est toi, une lettre sur deux ! ...d'attendre désespérément qu'il soit l'heure te retrouver parce que je suis même pas sûr d'avoir le droit de t'aimer à un autre moment qu'en pleine nuit. Je pensais que ça m'allait, que c'était mieux comme ça, que ça évitait de trop s'attacher et que ça voulait pas dire grand chose... bah je me suis planté.

Le jeune homme s'agita un peu, jouant du bout de sa chaussette le long des pierres qui s'étendaient sous leurs pieds, refusant obstinément de poser les yeux sur elle de crainte de voir un rictus railleur, la satisfaction de pouvoir lui faire autant de mal qu'il lui en avait fait avant ça... il n'en savait rien mais il préférait s'épargner autant qu'il le pouvait avant qu'elle ne se décide de l'achever. Sans lui laisser le temps de répondre, sûrement de peur que ça soit violent et que ça ressemble à la pire soirée de son existence, il reprit :

T'es la pire meuf du monde, je te jure. T'es insupportable, tu comprends jamais rien – ou alors tu fais exprès je sais pas – tu veux pas avoir tort, t'es carrément flippante parfois et tu fais péter des câbles pour que dalle... mais c'est toi que je veux, Bluebell, pas Kline ou je sais pas qui. Toi. Je crois que je vais pas pouvoir faire plus clair que ça, va falloir que tu fasses un effort pour intégrer l'information correctement.

Et si elle voulait vraiment tirer un trait sur le « salaud » qu'il était, qu'elle le fasse, mais par pitié qu'elle arrête de lui reprocher tous leurs pas de travers pour avoir la conscience tranquille et qu'elle admette que la fin de leur histoire était uniquement de son fait...
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August P. Rowle

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Message(#) Sujet: Re: dream a little dream of me (Willow & Bluebell) dream a little dream of me (Willow & Bluebell) EmptyMar 7 Mar - 14:31


Dream a little dream of me
Et comme à chaque fois qu’elle rencontrait Willow en des heures reculées, il y avait des airs de fin du monde. La nuit noire, le silence bourdonnant, les courants d’air glacés ; la certitude sauvage qu’il n’existait rien de plus important, l’urgence de se raccrocher à ses prunelles claires, le souffle coupé. L’apocalypse se répétait chaque soir, quand le soleil disparaissait derrière l’horizon, quand le jeune homme frappait trois coups secs sur sa porte, avant d’accorder un sursis à l’aube pour une nouvelle dernière journée gâchée, à attendre avec impatience le cataclysme du soir. C’était probablement pour cela que ces dernières semaines se ressemblaient toutes, selon une sinistre linéarité de laquelle rien ne s’était dégagé. Il n’y avait plus eu de menace, sinon une parfaite indifférence le matin, la nuit, dans un ennui continu qui l’avait terrifiée. C’était ça, le vide ; une impression de léthargie sans la moindre explosion pour la tuer véritablement, là où Willow semblait au contraire la faire renaître après chaque rencontre. Et même si celle-ci n’avait pas été anticipée, même si elle l’avait surprise au milieu de son sommeil, il s’en dégageait la même imminence qui la poussait à rester sur le pas de sa porte, malgré le froid, malgré l’incompréhension. La fin était approche, elle le sentait, et pour cause ; Willow lui-même perdait patience, apportant une réponse immédiate à chacune de ses interrogations inquiètes. Il y avait trop de monde pour la rattrapper ainsi, aux yeux de tous alors même qu’ils n’avaient jamais laissé sous-entendre quoi que ce soit entre eux ; il n’était pas venu avant parce qu’elle lui avait explicitement demandé de la laisser tranquille, alors convaincue de ne plus vouloir de l’extrémité de leurs rencontres nocturnes qui commençaient à la dévorer même le jour levé. L’apocalypse empiétait sur le soleil et Bluebell elle-même ressentait ses effets, désorientée dans un univers qui n’avait plus d’ordre. Willow était partout. Et si ces dernières semaines avaient été mornes, il n’avait pas été moins présent dans ses songes, envahissant avec une facilité déconcertante son crâne, ses rêves. C’était pire que tout, car il était partout sans pour autant ne plus être nulle part, sans la rejoindre la nuit, sans renverser son monde. Le seul souvenir de ces heures à espérer son retour lui pressait les poumons. Elle avait déjà passé un été entier à attendre quelqu’un qui ne viendrait jamais plus ; mais il était là désormais, debout devant elle, à tout lui dire, à tout lui révéler. “Je... j'ai lutté... je voulais pas venir” reprit-il sous son regard troublé alors qu’elle perdait de plus en plus pied dans l’inconsistance de cette entrevue chaotique. “Je veux dire... ok, j'ai un peu merdé mais j'ai fait ce que j'ai pu pour me rattraper, pour te rassurer, pour que tu comprennes que t'étais pas juste un plan cul, que j'avais pas l'intention de te lâcher… T'en avais rien à foutre, de toute façon, j'étais un salaud, point. Sérieux, t'aurais juste pu faire la gueule deux jours, t'étais pas obligée de… de m'insulter, et tout... Je suis pas le seul à avoir fait n'importe quoi.” Son collier rappelait qu’il disait la vérité, qu’il était sincère, et de toute manière, il était là, à sa porte ; mais elle ne comprenait toujours pas, ne voulait pas comprendre l’évidence imposée sous son nez. Parce que cette dernière était effrayante. Abyssale, elle s’en tenait sur le bord dans un chancellement qui lui fit serrer les lèvres. Elle avait peur de tomber. Elle en avait hâte à la fois.

Willow croisa les bras, imposant une retenue qui lui fit pencher le visage. Elle aurait juste espéré que tout soit plus simple, facile comme leurs retrouvailles silencieuses tous les soirs à l’insu du monde. Ils ne se posaient alors aucune question, se rejoignant dans l’abri des draps sans un mot. A présent qu’on leur demandait d’en formuler, tout sonnait mal, tout sonnait faux, surtout pour sa confiance à l’agonie qui s’obstinait à réfuter ses dires. “Tu peux penser ce que tu veux. Mais y'a même pas douze heures, j'étais exactement là, en train de te demander de sortir avec moi” assura-t-il alors, le regard soudain fuyant. L’exercice était de plus en plus difficile ; il lui demandait de le croire quand elle n’avait plus la moindre crédulité à lui donner, et il lui refusait à présent ses pupilles qui étaient encore sa seule accroche. Était-il seulement vrai, ce mensonge ? Était-il venu à sa porte pour lui demander d’officialiser une relation sans nom ? Le collier ne tremblait pas et c’en était épuisant. Elle ne voulait pas le croire autant qu’elle avait attendu ces aveux. Nerveuse, Bluebell porta la main à son pendentif pour le faire tourner entre ses doigts alors que le jeune homme poursuivait, imperturbable. “J'en ai ras le cul de jamais savoir ce qui m'attend, si tu vas pas décider de me laisser à la porte, si tu vas pas ramener quelqu'un d'autre dans cette chambre que je mérite pas... et c'est pas moi qui le dis, c'est toi, une lettre sur deux !” “Non” glissa-t-elle dans un murmure. Non, elle ne le laisserait pas à la porte et elle ne ramènerait personne, car non, elle ne voulait personne d’autre que lui ! N’était-ce pas déjà évident, pourquoi devoir l'énoncer, pourquoi passer par cette destruction réciproque, il faisait encore plus froid à présent, n’est-ce pas, les courants d’air s’agitaient, le château s’attendait à une explosion, la fin approchait, furieuse, menaçante. “...d'attendre désespérément qu'il soit l'heure te retrouver parce que je suis même pas sûr d'avoir le droit de t'aimer à un autre moment qu'en pleine nuit.” Et la terre se déchira en deux. Sa tête se mit à tourner alors que ses yeux, déboussolés, cherchaient le regard de Willow dans une interrogation muette qui réclamait son soutien dans ce chaos. Mais il se fichait de ses supplications, il continuait à fixer un point invisible par terre, ne voyant même pas qu’elle était sonnée. La fin du monde était là, juste à ses épaules, la terre tournait dans tous les sens, et lui faisait mine de ne s’apercevoir de rien. “Je pensais que ça m'allait, que c'était mieux comme ça, que ça évitait de trop s'attacher et que ça voulait pas dire grand chose... bah je me suis planté.” “Non” susurra-t-elle à nouveau ; ce n’était même plus pour le démentir, c’était pour arrêter ce temps qui courait ; tout allait vite, trop vite. “Est-ce que tu…” “T'es la pire meuf du monde, je te jure.” Bluebell hocha la tête. Il se fichait de la catastrophe ; peut-être parce qu’en vérité, il en était à l’origine. La terre avait arrêté de tourner depuis qu’elle l’avait rencontré. Les nuits les plus noires étaient devenues blanches sous ses doigts. Les journées en son absence s’effondraient dans la collision de son attente. “T'es insupportable, tu comprends jamais rien – ou alors tu fais exprès je sais pas – tu veux pas avoir tort, t'es carrément flippante parfois et tu fais péter des câbles pour que dalle... mais c'est toi que je veux, Bluebell, pas Kline ou je sais pas qui. Toi.” Elle finit par fermer les yeux, retenant ses vertiges, retenant ses larmes. Il était implacable, déchirant l’espace autour d’eux de vérités toujours plus aveuglantes, toujours moins réelles. Ils touchaient les étoiles du bout des doigts. “Je crois que je vais pas pouvoir faire plus clair que ça, va falloir que tu fasses un effort pour intégrer l'information correctement.” “Est-ce que tu veux bien entrer ?” Enfin, elle eut l’occasion de s’exprimer. Rouvrant les yeux, elle croisa le regard de Willow et put ainsi le voir acquiescer avant de franchir la limite de sa porte. Bluebell la referma presque aussitôt derrière elle, comme pour s’isoler au plus vite de ce cataclysme. La clenche claqua pour laisser courir un silence réconfortant. Il n’y avait plus de bruit, il n’y avait plus de froid, rien d’autre que l’intimité d’une pièce qui n’appartenait plus qu’à eux. La Serpentard reprit enfin à respirer.

Il lui avait manqué, ce salaud. A présent qu’il déambulait dans sa chambre comme il l’avait toujours fait, à présent que le temps s’était à nouveau ralenti, à présent qu’elle avait survécu à la folie de ces derniers aveux, tout lui semblait soudain plus clair, ses propres esprits, plus lucides. Il lui avait manqué, affreusement, plus encore qu’elle n’était prête à le consentir, si bien qu’elle leva timidement la main pour effleurer ses phalanges, comme s’assurant qu’il ne lui échapperait plus. “Moi aussi, c’est toi que je veux” répondit-elle finalement en décalé, peut-être même à un instant où il n’attendait plus de réponse ; avait-il même vraiment attendu une réponse, ou n’avaient-ce été que des aveux à sens unique, murmurés dans le seul but de s’en décharger ? Mais elle aussi aspirait à cette légèreté. La nuit était encore longue, elle avait envie de s’y perdre à son tour, de la toiser de la même superbe pour en être la reine et abattre une sentence ravageuse, à la hauteur des sentiments qui battaient en elle. Les yeux portés sur ses propres doigts qui jouaient doucement avec ceux du garçon, Bluebell chercha le début d’un discours qui ne venait pas ; il y avait trop de nœuds pour trouver une extrémité et de toute manière, il était futile de donner un sens à toute cette confusion. Il n’existait pas d’envers à la vérité, rien que des aveux à l’endroit. “C’est vrai que je ne comprends jamais rien, d’ailleurs, je ne comprends toujours pas comment, mais je sais que c’est toi que je veux. Tu t’es imposé dans ma vie, comme dans la salle-sur-demande, sans que je m’y attende et je jure avoir tout fait pour t’en sortir, mais je n’y arrive pas.” Son majeur et son pouce se refermèrent autour de l’annulaire du garçon tandis que son index lui caressait pensivement la paume de la main. “Tu es au-dessus de mes forces, Willow, et de ce fait, tu as tous les droits. De venir dans cette chambre, d’être le seul à y accéder, de m’aimer quand tu le veux” enchérit-elle en laissant sa voix mourir à ces derniers mots. Ses promenades sur ses doigts cessèrent alors qu’elle nouait un peu plus ses phalanges entre les siennes. “Je n’ai même jamais rien demandé d’autre, tu sais.” C’était tout ce qu’elle avait toujours demandé, d’être aimée sans compromis, même en s’affirmant comme la pire de toutes, même en étant insupportable, même en n’y comprenant rien - et elle releva ainsi ses yeux sur le visage de l’Américain devant elle. Lui offrirait-il vraiment ce qu’elle attendait ? Il l’avait chuchoté. Il n’avait pas menti. Et même si c’était terrifiant, elle ne pouvait que le croire, lui et ses beaux yeux où elle aurait pu se noyer. “Alors oui, bien sûr que je veux sortir avec toi. Je t’aurais dit oui douze heures plus tôt si je t’avais entendu. Je t’aurais dit oui des semaines avant si tu m’avais posé la question. Tu t’es imposé dans ma vie, mais je ne veux plus que tu en sortes… J'aimerais que tu y restes, cette fois” avoua-t-elle dans un chuchotement. Elle était fatiguée de prétendre qu’elle allait bien quand ils venaient de tout détruire autour d’eux ; lasse de se méfier quand elle était prête à tout lui offrir. C’était lui. Contre toute attente, toute raison, c’était lui - cette apocalypse-là qu’elle choisissait, cette fin précise. Le verdict à une histoire insensée qui n’avait de cohérent que ses doigts entre les siens.
code by EXORDIUM.



BORDERLINE
Are you too terrified to try your best? Better ascend into the sky, dangerously fine and unforgiven, relentless, zealous: inspired by the fear of being average.

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Message(#) Sujet: Re: dream a little dream of me (Willow & Bluebell) dream a little dream of me (Willow & Bluebell) EmptyDim 19 Mar - 17:32

DREAM A LITTLE
DREAM OF ME

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Tout avait finit par sortir... comme ça... dans un désordre chaotique, sans être ni réfléchi ni bien tourné. Willow voulait juste qu'elle comprenne et peu importait s'il se répétait ou que ses mots étaient mal choisis. Elle en ferait ce qu'elle voudrait, à présent. Peut-être qu'elle prendrait la peine d'avoir l'air désolée avant de lui avouer que ça n'était pas ce qu'elle recherchait... peut-être qu'elle se contenterait de ricaner, ravie d'avoir pu le prendre à son propre jeu... Il était presque à sa merci, désormais, et rien ne lui avait jamais paru plus effrayant. Lorsque son regard s'était posé sur Juliette s'offrant la visite du gosier de Roméo, il s'était juré de ne plus jamais se laisser avoir, de ne plus s'enticher de quelque fille que ce soit, d'être au-dessus de ça, indifférent, détaché. Et voilà qu'il y revenait déjà, le cœur battant la chamade, l'esprit trop embrumé pour réussir à saisir les supplications à peine audibles qu'elle pouvait bien murmurer. C'était risqué... et en même temps grisant. Il avait l'impression de savoir exactement ce qu'il faisait autant qu'il tâtonnait maladroitement. D'aussi loin qu'il se souvenait, il n'avait jamais livré si ouvertement ce qu'il pouvait bien ressentir. Oh, sûrement qu'il avait adressé à Agatha des regards tous plus amourachés les uns que les autres, des sourires ridicules qui trahissaient son entichement... Mais c'était la première fois, c'était naïf, c'était idiot ! C'était plein d'espoirs de toujours et de promesses qui n'en attendaient pas moins. Alors que là... Là, il voyait les risques, il voyait le vide qui s'étendait sous ses pieds alors qu'il évoluait sur un fil, il ressentait la peur viscérale du rejet en même temps que la nécessité de tout essayer. Il ne voulait rien regretter. Il ne voulait pas la laisser filer pour un élan de lâcheté. Il ne voulait pas qu'elle puisse lui reprocher de lui avoir menti, de n'avoir rien dit, de la regarder disparaître. Ils ne pouvaient pas tout gâcher pour un malentendu, pour une maladresse. ...n'est-ce pas ? On ne tirait pas un trait sur quelque chose d'aussi fort pour quelque chose d'aussi bête. Il ne l'avait pas trahie, il ne l'avait pas trompée, il n'avait jamais voulu la blesser avant qu'elle ne s'offusque et ne massacre tout ce qu'ils avaient construit sans jamais y poser le moindre mot.

Est-ce que tu veux bien entrer ?

Il avait à peine eu le temps de terminer son laïus, comme si elle n'avait attendu que de pouvoir parler... Ou qu'il l'écoute, peut-être ? L'adolescent resta interdit un instant. Sûrement qu'il n'avait attendu que ça... à moins qu'il ait plutôt espéré des aveux, aussi légers soient-ils. Qu'elle admette qu'il y avait plus qu'un jeu, qu'un lien superficiel entre eux. Qu'elle avait envie de plus, elle aussi, que ce soit réel, que ce soit tangible. Qu'elle lui dise enfin qu'elle la voulait cette foutue exclusivité !  Mais c'était mieux que rien. Elle ne riait pas, ne se moquait pas, ne lui refermait pas la porte au nez. Alors il hocha la tête, hébété. Il n'était pas venu pour la récupérer dans ce sens-là. Il n'avait pas envie de la posséder comme toutes ces autres nuits, c'était elle toute entière qu'il voulait pas seulement son corps, sa vie, pas seulement ses nuits. Mais elle avait compris, bien sûr...? Il fallait qu'elle ait compris. Bluebell s'effaça enfin pour le laisser entrer. Le bruit de ses pas fut rapidement étouffé par le tapis alors que celui de la porte qui se refermait derrière lui résonna comme un coup de tonnerre. À l'intérieur, rien n'avait bougé. Il y avait toujours ces vêtements qu'il avait abandonnés sur une chaise faute de savoir où les ranger, les parchemins mal découpés qu'il lui laissait sur l'oreiller avant de partir regroupés dans un coin... et une manche sombre s'extirpant d'entre les draps comme le bras dressé d'une relation au bord de la noyade qui ne réclamait rien d'autre qu'on vienne la sauver. La main de la Serpentard vint effleurer la sienne, l'arrachant à l'observation minutieuse de ce palais qu'il avait l'impression de découvrir pour la première fois. Il tourna doucement la tête vers elle, cherchant son regard dans l'espoir masochiste de finir comme ce pull au milieu des couvertures : perdu au milieu d'un océan incertain.

Moi aussi, c’est toi que je veux.
T'es pas obligée, Blue, souffla-t-il doucement.

Elle n'était pas obligée de s'abandonner à la moindre déclaration, de lui répondre quoi que ce soit. Bien sûr, c'était ce qu'il voulait entendre ! Bien sûr, son cœur s'était emballé ! Bien sûr, il peinait à retenir un sourire stupide et rassuré d'étirer ses lèvres ! ...mais il n'avait jamais eu l'intention de lui arracher le moindre aveux. Il voulait qu'elle sache ce qu'il ressentait pour elle, pas qu'elle se sente prise au piège. Son regard lui échappa, fuyant vers ces doigts entre les siens, ces doigts qui s'abandonnaient aux siens. Il répondait à ses gestes avec une prudence presque craintive, la même qu'on aurait eu avec un animal sauvage,  assez forts pour qu'elle se sente encouragée, assez légers pour qu'elle garde le contrôle. Il ne la forçait à rien. Il ne la forcerait à rien. Elle était libre de dire ce qu'elle voulait, d'aller à la vitesse qu'elle voulait, de faire de lui ce qu'elle voulait... Aussi effrayant que ça pouvait être, il se savait lui appartenir avant même qu'elle n'ait accepté quoi que ce soit.

C’est vrai que je ne comprends jamais rien, d’ailleurs, je ne comprends toujours pas comment, mais je sais que c’est toi que je veux. Tu t’es imposé dans ma vie, comme dans la salle-sur-demande, sans que je m’y attende et je jure avoir tout fait pour t’en sortir, mais je n’y arrive pas.

Sa main se resserra sur la sienne et y abandonna de douces caresses. Oh, lui aussi avait essayé de l'en sortir ! Il s'était accroché à cette superficialité ridicule. Il avait tout fait pour croire que jamais le jour et la nuit ne lui feraient l'affront de brouiller les frontières. Il avait fermé les yeux si fort qu'il aurait pu s'en rendre aveugle... mais rien n'avait été suffisant. Elle s'était imposée, même dans l'obscurité, même cachée derrière toute la mauvaise foi dont il était capable. Il n'avait jamais rien demandé de tout ça. Ni de la rencontrer, ni de la revoir, ni de s'y attacher... et pourtant, maintenant que c'était fait, il ne voulait rien d'autre que de continuer. Explorer ce que cette relation sortie de nulle part, cette évidence foudroyante, avait à leur offrir. Il n'en attendait rien mais, en même temps, il en attendait tout. Bluebell glissa ses doigts entre les siens. Il leva doucement ce bras accroché au sien et vint déposer ses lèvres sur ses phalanges, sur le dos de sa main, avec la même tendresse que s'il les avait posées sur les siennes.

Je n’ai même jamais rien demandé d’autre, tu sais.

Ah non ? Il fallait croire qu'elle s'était affreusement mal exprimée, alors ! Parce que lui n'avait rien entendu de tout ça, il se souvenait des menaces, des insultes, des interdictions, des cris qui s'élevaient de ces parchemins résolument silencieux. Elle n'avait jamais demandé cette relation vraie, assumée qu'il lui avait proposée à demi-mot, jamais demandé qu'il ne soit qu'à elle comme il avait espéré qu'elle ne soit qu'à lui. Mais en fin de compte, est-ce que c'était si grave ? Willow n'en était pas sûr. Il était prêt à croire, ce soir encore, qu'ils s'étaient seulement mal compris. Un quiproquo parmi tant d'autres. Tant que le voile se levait sur ce qu'elle désirait vraiment, il pouvait feindre de n'avoir jamais vu que ça.

Alors oui, bien sûr que je veux sortir avec toi. Je t’aurais dit oui douze heures plus tôt si je t’avais entendu. Je t’aurais dit oui des semaines avant si tu m’avais posé la question. Tu t’es imposé dans ma vie, mais je ne veux plus que tu en sortes… J'aimerais que tu y restes, cette fois.

Et même toute la volonté de ne pas laisser ce sourire pathétique, ridiculement rassuré, désespérément amoureux fleurir sur ses lèvres ne suffit pas à l'empêcher de s'y installer. Il n'était pas certain que « des semaines avant », il lui aurait posé la question... Mais il aurait dû, sans le moindre doute ! Il aurait dû accepter cette invitation à dîner, faire comme s'il n'avait jamais envisagé autre chose qu'un tête-à-tête avec elle... Mais quelle importance, désormais ? L'absence avait été si brutale, le manque si violent que ça avait au moins eu le mérite de le forcer à ouvrir les yeux, de réaliser que ça dépassait le simple physique, que ça n'était pas qu'une passade. C'était fort, c'était angoissant, c'était grisant. ...et c'était partagé !

Je vais voir ce que je peux faire, répliqua-t-il d'un ton qui lui hurlait qu'il n'irait nulle part ; alors qu'il tirait plus franchement sur son bras, la forçant à assassiner la distance pour revenir enfin tout contre lui. Sa main lâcha la sienne, ses bras s'enroulèrent autour de sa taille, son nez se perdit dans ses cheveux, mais peut-être que je peux y rester un peu... rien qu'un tout petit peu...

Le jeune homme s'éloigna juste assez pour venir glisser un doigt sous son menton, l'obligeant avec une douceur infinie à relever la tête vers lui. Il la détailla presque malgré lui, cherchant à graver dans sa mémoire cet instant qu'il n'espérait plus. Elle était belle. Plus belle encore que dans ses souvenirs. Toujours moins prétentieuse, toujours moins fière, toujours moins indifférente. Ses mains caressèrent ses joues, remontèrent sur ses pommettes, effleurèrent ses tempes. Des frissons délicieux naquirent au bout de ses doigts pour l'envahir tout entier.

Mais je savais que tu finirais par céder, faible et fragile Princesse des Glaces.

Et pour faire taire toute rébellion – et seulement pour ça, rien d'autre, certainement pas pour l'envie qui lui tordait le ventre depuis que sa peau avait touché la sienne – il se risqua à nouveau à l'embrasser. Et au sel de ses larmes se mêla le goût sucré de la première fois. Parce que ça n'était plus l'insupportable pimbêche qui voulait bien partager ses nuits qu'il embrassait désormais, c'était son insupportable pimbêche qui voulait bien partager sa vie, et il lui semblait que ça changeait tout...
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August P. Rowle

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Message(#) Sujet: Re: dream a little dream of me (Willow & Bluebell) dream a little dream of me (Willow & Bluebell) EmptyLun 20 Mar - 14:05


Dream a little dream of me
Willow se glissa dans sa chambre sans un mot, comme il l’avait déjà fait pendant des semaines, comme il le ferait probablement encore pendant des mois, et pourtant, Bluebell se surprit à y entrevoir une symbolique qui ne se réitèrerait probablement jamais. Il revenait après être parti ; il s’immisçait pour de bon. Cette sentence tomba en même temps que ses dernières défenses alors qu’elle se retenait doucement à ses doigts. Il lui avait tendu la main face à sa fragilité jonchée de larmes dans son palais des glaces, elle lui offrait en retour ses phalanges en récompense à sa vulnérabilité pour sceller définitivement cette alliance qui jouissait enfin d’un nom. Une relation. Et aussi simplement que ses pas étouffés par l’épaisseur du tapis tandis qu’il pénétrait les lieux, Willow s’ériga en pilier d’une vie effritée qui avait maintes fois menacé de s’effondrer. Bluebell leva sur lui des yeux brillants, quelque part entre de l’admiration et de la résignation. C’était aussi fascinant qu’effrayant, oui, c’était même terrifiant, cette brutale certitude qu’il serait toujours là, maintenant qu’il était rentré dans son royaume, maintenant qu’il avait admis qu’il ne tenait qu’à elle, rien qu’à elle, exclusivement à elle. Personne ne lui avait jamais appartenu, ils étaient tous partis. Willow se tenait devant elle. Elle eut envie de se jeter à son cou en lui avouant toutes ses fautes, mais fut retenue par la tranquillité du garçon. “T'es pas obligée, Blue” assura-t-il doucement. La Serpentard esquissa un sourire empreint de mélancolie. Mais au contraire, elle était obligée de lui rendre la pareille et de rectifier ce qui ressemblait à une énième mésentente, elle était obligée de lui dire combien elle tenait à lui, de lui annoncer qu’il ne lui échapperait plus jamais, qu’elle avait besoin de lui pour rester princesse de quelque chose, pour avancer dans cette vie bancale ; elle était d’autant plus obligée qu’il l’avait appelée par son surnom, par cette parcelle d’intimité qui n’appartenait à personne d’autre qu’à son frère, cette version secrète d’elle-même qui aurait tout fait pour autrui et qui ne se nourrissait que de tendresse, comme ces phalanges entre les siennes. Le jeune homme resserra alors ses doigts avec précaution, la confortant dans ses aveux dont elle perdit pourtant le fil, fatiguée, vaincue, heureuse, peut-être, aussi, comme elle ne pensait pas en être permise. Ses mots se perdirent dans sa gorge et Willow tira doucement sur son bras pour embrasser ses doigts, ponctuant son silence d’une bienveillance qui sembla l’étreindre alors qu’elle fermait les paupières quelques instants. Le monde était peut-être mort de l’autre côté de ce refuge, dans une apocalypse laissée sur le pas de la porte, mais eux étaient bien en vie, avançant sur des flots lisses sur lesquels se reflétait un avenir où tout était encore permis. L’espoir. L’équilibre. L’amour, peut-être, en spectre d’une volonté de toujours qui ondulait sous ses pieds nus comme une ombre qui n’attendait qu’à suivre ses pas.

Willow finit par lui sourire, dans une félicité démesurée qui étira ses propres lèvres en miroir, reflet de la mer où ils voguaient cette nuit pour fuir ce qu’ils avaient saccagé derrière eux. Un sourire sincère comme elle en voyait rarement sur son visage, une expression propre à Willow qui ne serait jamais à Baby et à laquelle elle offrit la même authenticité. Son masque tomba à son tour pour laisser transparaître sur son visage l’humanité qu’il lui avait offerte. Toute armure était futile sous ses doigts. Toute arme était inutile sous son regard. Bluebell lâcha ainsi sa baguette qu’elle avait gardée dans son dos, comme elle avait fini par la ranger à l’issue de leur première entrevue, consciente qu’il n’était pas une menace et qu’elle pouvait s’abandonner. “Je vais voir ce que je peux faire.” Elle ricanait à sa blague quand il l’attira à lui. Son odeur lui arracha un nouveau sourire qu’il ne vit probablement pas, son front posé contre son cœur, réalisant qu’elle était passée des derniers relents retenus par les fibres de son pull à ce parfum écrasant qu’elle aurait pu boire. Elle se serra un peu plus contre lui, ses bras entourant son dos comme elle aurait cherché à disparaître encore un peu plus contre son torse pour se fondre à la vie qui y pulsait, à cette joie qui battait loin du silence, du noir, du vide qu’il avait rempli de ce seul parfum entêtant, de ses seuls mots étourdissants. Il avait comblé le néant mais le vertige n’en était pas moins saisissant. “Mais peut-être que je peux y rester un peu... rien qu'un tout petit peu…” reprit-il contre son crâne. Bluebell ricana à nouveau, amusée par le parallèle établi avec leur première nuit qui n’avait pourtant plus rien à voir avec celle-ci ; à moins qu’au contraire, tout soit identique ? Après tout, elle se retenait à lui de cette même force pour ne pas sombrer dans les eaux répandues autour d’eux, et sa tête tournait de la même frénésie qui les pressait l’un contre l’autre, en énième fin du monde d’une nuit suspendue où ils évoluaient à part. Sa chaleur, alors réconfortante, lui apparaissait désormais comme une véritable emprise pour la retenir de nouvelles dérives. Elle ne voulait plus jamais dériver. Elle ne voulait que lui. Il s’écarta alors afin de relever son menton d’un doigt, la sortant délicatement de ses pensées pour la plonger dans son regard. Il y avait quelque chose d’intimidant. “Dans ce cas, je peux bien t’apprécier en retour… Rien qu’un instant” lui chuchota-t-elle sur le même ton faussement traînant sans même croire une piètre seconde à cette mauvaise foi. Elle esquissait un sourire complice quand les mains du jeune homme glissèrent sur son visage, dans une caresse qui étira encore davantage ses commissures. Elle aimait qu’il arpente ses traits. C’était comme s’il explorait les limites de ses propres pensées qui brillaient au fond de ses prunelles silencieuses. Il aurait tout pu lire d’elle s’il l’avait souhaité, de ses seuls doigts sur sa peau. “Mais je savais que tu finirais par céder, faible et fragile Princesse des Glaces” rétorqua-t-il, fanfaron. Bluebell fronça des sourcils, piquée dans sa fierté par de si vilains mots, et s’apprêta en conséquence à entrouvrir les lèvres pour protester quand les siennes lui coupèrent le souffle. Elle gémit d’abord dans une vaine tentative de contestation puis dans un signe de capitulation qui la pressa davantage contre lui. Elle n’avait plus aucune envie de lutter, bien au contraire, elle préférait être ravagée par cette défaite au goût de victoire, le même que celui de ses lèvres. Ses bras s’arrachèrent à son dos pour encercler sa nuque et ainsi l’empêcher de se reculer - il n’était plus question qu’il lui permette de respirer à nouveau, il n’était plus question qu’il s’éloigne et lui échappe encore. Mais n’était-il pas revenu de son plein gré ? N’était-il pas systématiquement revenu à sa porte, après chaque conflit, après chaque opportunité de s’en aller ? Willow était ce fantôme bien vivant qui la hantait dans ses craintes, mais qui la rattrapait jusque dans sa solitude. Il n’était jamais vraiment parti, et reviendrait toujours.

Ce ne fut qu’à cette prise de conscience qu’elle consentit à desserrer son étreinte pour laisser courir ses doigts sur sa nuque, sur sa mâchoire, toutes ces parcelles qu’elle avait déjà explorées mais qui désormais lui appartenaient. Non seulement Willow ne la laisserait pas, mais en outre, il venait de lui offrir un véritable titre, l’adoubant dans ce royaume à eux. Sa Princesse des Glaces, dans une relation exclusive où elle était légitime d’arpenter sa peau, de caresser ses lèvres ou de pleurer son manque. A cette pensée, elle s’écarta doucement de lui pour contempler son visage près du sien, reprenant son souffle avant de s’étourdir de trop. Elle détestait ces moments d’égarement qui lui rappelaient combien il était risqué de s’attacher, qu’importent les promesses, qu’importent les preuves. Et d’un autre côté, n’était-ce pas ce qu’elle avait désespérément recherché chaque nuit ? Ne s’était-elle pas offerte toutes ces fois dans la seule perspective de se perdre loin de ses peurs, au plus près de ce qu’elle voulait, cette affection qui attendait toujours sous ses pieds désormais relevés pour se retenir encore un peu plus proche de Willow ? “Je te cèderai aussi longtemps que tu resteras” lui murmura-t-elle si bas qu’elle se demanda si l’empressement de son cœur n’avait finalement pas étouffé sa parole. Mais peut-être l’entendit-il quand même, ses doigts se resserrant sur elle, son souffle s’échauffant contre son nez. Elle s’aperçut soudain dans cette chaleur qu’elle avait soif ; soif de cette odeur retrouvée, soif de ses lèvres dont elle s’abreuva à nouveau pour se rassurer. Il la rassurait. Elle avait confiance en lui comme elle ne pensait plus jamais pouvoir se fier à qui que ce soit. Alors, sans l’ombre d’une hésitation, elle l’aida à retirer son sweatshirt puis son t-shirt, prête à se confronter à lui tout entier, à sa véritable nature sans le moindre apparat. Elle ne voulait plus que cette version-là de lui, brute, comme sa respiration de plus en plus rauque à mesure qu’elle se montrait possessive, perdant ses doigts dans la folie de ses cheveux qu’elle serrait fermement dans la même déraison. Il n’était peut-être pas venu pour ça mais elle n’avait pas l’intention de dévier de cette fin, ou plus exactement, de ce début qui laissait entrevoir des horizons par delà ce qu’il leur restait à parcourir. Elle y croyait, naïvement, amoureusement. Une légèreté curieusement féroce qui la poussa à l’attirer sur son lit encore défait de son sommeil où elle n’avait même pas osé rêver son retour, pour l’y retenir tout entier non loin du cadavre de son pull, pour lui céder en digne rétribution de sa loyauté. Elle se débarrassa de sa robe de chambre, n’ayant guère plus besoin de cette armure, avant de grimper sur ses jambes pour se coller au plus près de sa peau. Il faisait sombre au creux de la nuit, elle était étourdie au fond de son désir, et paradoxalement, il ne lui avait jamais semblé être aussi clairvoyante que dans cette évidence qui tambourinait sous leur épiderme collée l’une à l’autre. L’évidence que ce soir, ils ne s’abandonnaient pas à une nouvelle pulsion, mais à l’envie de s’enivrer d’un amour qui n’avait guère besoin d’être formulé. C’était déjà l’ombre de chacune de leurs caresses échangées, l’écho de chacun de leurs murmures essoufflés, le mirage de chaque regard fiévreux pour cet autre à deux.
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