Les couverts tintent contre les assiettes et le brouhaha de la Grande Salle commence à s’éparpiller en dehors de celle-ci. Peu pressé de rejoindre ma salle commune, je prends mon temps pour me lever à mon tour, loin derrière mes comparses. Je me permet même de faire un détour avant de rejoindre les cachots. Je n’ai pas envie de rejoindre mes camarades et de supporter leur braillement avant de rejoindre chacun nos dortoirs. Sans vraiment réfléchir, je comence à monter les marches des escaliers, la tête dans les nuages. Je me laisse guider par mes pas, voir par une sorte de de sensation que je n’arrive pas identifier. Je suis incapable de savoir pourquoi je monte dans le château alors que la salle commune des Serpentards est totalement à l’autre bout.

Mes pieds me guident jusqu’au quatrième étage où règne une atmosphère étrange. Comme déjà plusieurs jours, j’ai cette sensation d’avoir des yeux posés sur ma nuque, et pourtant, si je prends la peine de me retourner pour vérifier, il n’y a rien en dehors de ce malaise que je ressens. Seuls mes pas résonnent sur le sol en pierre dont le couloir donne l’impression d’être interminable ce soir. Mais je ne m’arrête pas, toujours guidé par un je ne sais quoi, jusqu’à arriver proche des salles inutilisées du quatrième étage. Le couloir est sombre et un frisson me parcourt, me forçant à me retourner à nouveau pour confirmer une nouvelle fois qu’il n’y a rien. Mais cette fois-ci, un mouvement de recul me prend alors que je tombe nez à nez avec un tableau. Sourcils froncés, je me tourne à nouveau avant de reporter mon regard sur le tableau. Je suis pourtant certain qu’il n’était pas là avant.

Léger sursaut et mon reflexe de porter mes mains aux oreilles me prend. Je l’arrête en plein milieu, conscient de ma stupidité. Il n’y a personne autour de moi. Je dois rêver. Pourtant, mon prénom est à nouveau répété, comme un écho contre les murs. Je sens mon cœur battre plus rapidement alors que je m’approche  un peu plus du portrait. Plus grand que ce que je pensais, plus sombre aussi. Les couleurs sont fades et la peinture ancienne. Je me rapproche encore un peu plus jusqu’à l’apercevoir enfin, assis sur un trôn de bois mais pourtant incapable de voir son visage.

Qui êtes-vous ? Simple murmure qui n’aura pas de réponse.

Je me redresse soudainement comme prenant subitement conscience de l’obscurité qui habite les lieux. C’est palpable, humide et chargé d’une odeur de terre qui me fait presque penser à une forêt. Et pourtant je suis toujours dans le château, au quatrième étage dans un couloir lugubre. Mon prénom résonne à nouveau et sans prendre le temps d’y réfléchir, je me laisse guider par la voix. Qu’est ce que j’y perds de toute manière ? Du temps pour rentrer chez les Serpentard ? Ce n’est pas bien grave.

Je cherche autour de moi mais rien, je ne vois rien. Ai-je vraimen entendu mon nom ou est-ce juste mon imagination ? Pourtant, je suis certain qu’il se passe quelque chose. Cette sensation d’être épié est plus forte que les autres jours. Comme si des yeux fixaient mon dos depuis tout à l’heure. Et pourquoi suis-je ici, au quatrième étage ? Mes pas m’ont guidé ici que je m’en rend compte et encore maintenant je me laisse guider par ces derniers. Dans cette ambiance lugubre, je m’avanc eun peu plus dans le couloir, cherchant du regard d’où provient cette voix. C’est stupide, je le sais, mais je ne suis pas du genre à m’arrêter quand je commence quelque chose. Téméraire sûrement ou peut-être ne suis-je même plus maître de moi-même, poussé par cette force invisible vers le fond du couloir.

Pas après pas, mon nom plus fort dans mes oreilles à force d’avancer, je fini par atteindre le bout et tomber sur un tableau. Intrigué, je l’observe, cherche à deviner qui s’y trouve mais la silhouette est trop loin et le visage caché. Mon murmure fait écho mais aucune réponse ne me parvient. Alors je me rapproche encore, jusqu’à être qu’à quelques centimètres de la peinture. Elle semble ancienne depuis plusieurs siècles. Est-ce lui qui m’appelle ? Mon regard sombre se fixe dessus alors que la voix m’interpelle à nouveau. Elle me salue même. Cette fois-ci je suis certain de moi. Il n’ y a pas de doute. C’est la silhouette dans ce tableau qui m’interpelle. Ma présence semble la satisfaire, du moins je crois. Je ne vois pas ses traits, encore moins ses yeux. Droit, silencieux, j’attends la suite, le cœur battant plus que d’ordinaire contre les parois de ma cage thoracique. Mon murmure précécdent aux bords des lèvres, je l’empêche de le franchir. Ma question n’a pas eu de réponse avant, pourquoi cette fois-ci.

J’hausse les sourcils, intrigué par sa question. Etait-je attendu ? C’est pourtant la suite qui me fait ouvrir la bouche à nouveau, surpris, voir inquiet que cette toile sache que je suis nouveau à Poudlard. Je suis certain de ne jamais l’avoir croisé dans les couloirs.

Comment savez-vous … Ma question meurt avant que je la termine. La silhouette me coupe et confirme mon inquiétude. Elle sait tout. J’inspire profondément, me redresse mais ne quitte pas la toile des yeux. Intéressant ? Je me sens flatté mais reste tout de même sur la défensive. Je croise les bras, penche légèrement la tête de côté.

Ce n’est pas compliqué de l’être. Les élèves de cette école sont majoritairement fade. très peu attirent mon attention et Mahoutokoro me manque de plus en plus. Mais pourquoi je vous intéresse ?

Mes pas me guident d’eux-même vers la source de cette voix qui m’appelle. courageux ou totalement stupide, je m’engouffre dans ce couloir trop sombre qui semble m’envelopper et m’attirer jusqu’à ce tableau qui me fait face. Mon cœur bat la chamade lorsque je me rends compte que la voix provient de celui-ci. La silhouette, dont le visage est dissimulé par un masque, m’attire à elle. M’appelle. Le son se répercute sur les murs autour de moi, accentuant l’inquiétude, la méfiance mais également mon intérêt. La peur se dissipe progressivement alors que l’échange se poursuit. Je suis pourtant surpris -inquiet - de ce que me dévoile cette toile. Comment en sait-elle autant sur moi ? Je fronce les sourcils, tente de lui demander mais celle-ci me coupe. La flatterie fonctionne sur moi et je ne peux que lui demander ce qui l’intérese à ce point chez moi. Je croise les bras et penche la tête légèrement sur le côté dans l’attente de ses explications.

Celles-ci sont enjôleuses, flatte mon égo. Je pourria me laisser berner. Peut-être est-ce même le cas. Et pourtant, cette pointe d eméfiance est toujours présente. Comment un simple tableau peut autant en savoir sur moi. Je ne suis ici que depuis quelques mois et je ne suis pas un adepte de la causette avec les tableaux. Je me sens soudainement épié et mis à nu devant cette toile qui ne semble pas me quitter du regard. Sa voix m’entoure, m’enveloppe.

Qu’est ce que vous savez ? Je murmure plus faiblement. Mieux que les autres. Oui j’en suis certain et pourtant cela ne m’empêche pas de me sentir plus seul que je ne le suis depuis ma naissance.

L’égo se gonfle à nouveau et mon corps se redresse un peu plus, confrontant du regard la silhouette qui me fait face. J’ai arrêté de tenter de discerner ses traits, bien conscient que ce n’est tout bonnement pas possible.

Rien n’est gratuit dans ce monde. Qu’attendez-vous de moi ?

Apprendre deux trois choses, oui mais à quel prix ?