Sitôt ses BUSE obtenus, Haley avait abandonné l’astronomie ; la matière n’était pas inintéressante mais elle n’aurait guère d’impact pour son avenir et son emploi du temps s’accommodait assez peu avec des cours qui se faisaient le soir. Depuis le début de l’année, elle s’était donc en fin de compte assez peu rendue du côté des tours et le plus souvent, ça n’était qu’à l’occasion de ses rondes du soir, en tant que préfète. Mais l’heure n’étais pas à une quelconque surveillance et si elle se rendait si haut en cette fin d’après-midi, ça n’était guère plus que par inattention et caprice des escaliers de l’école. Satanée système qui ne daignait pas la déposer du bon côté du château, elle s’était finalement résolue à faire le grand tour, en passant par l’une des tours.

Les mains lovées dans les poches de son épaisse cape d’uniforme, et la capuche de cette même cape rabattue sur ses oreilles, elle avançait en pestant intérieurement contre la fraîcheur du vent. En proie à tous les courants d’airs, l’habitude d’attraper le moindre rhume la forçait à se montrer excessivement prudente et exagérément frileuse. Le temps n’était pourtant pas si affreux, mais à trop clamer qu’elle avait froid, elle finissait par être constamment frigorifiée. Haley quitta enfin la passerelle qui reliait la volière à l’une des tours, s’engouffrant dans l’espace déjà plus chaud de cette dernière, non sans un certain soulagement. Il faisait bien meilleur ici. L’ambiance était aussi plus silencieuse ; le piaillement des oiseaux avait laissé place au léger bruit du vent contre une fenêtre cassée, à quelques éclats de rire au loin, quelques étages en dessous et des sanglots. Plus proches. La poufsouffle se figea, le regard dirigé vers la source du dernier bruit, un peu hésitante. Elle n’était pas très à l’aise avec le chagrin des autres et ne devait sans doute pas être la plus apte pour consoler quelque âme en besoin d’attention, mais un élan de culpabilité naissait déjà à l’idée de laisser une personne seule ici. Finalement, la jeune fille se rapprocha de la fenêtre, notant du coin de l’œil la mise en garde : quelques goutes de sang sur le verre témoignait du passage malheureux de quelqu’un d’autre. Et finalement, ses yeux se posèrent sur une silhouette qu’elle ne s’était pas attendue à voir là : Roxy était la dernière qu’elle imaginait ainsi réfugiée dans un coin, à l’abris des regards indiscrets, la tête entre les bras. « Roxy ? » La préfète n’avait su caché l’étonnement qui résonnait dans sa voix. Son aînée d’un an n’était pas de nature à pleurer pour rien ; elle l’avait toujours perçue comme une forte personnalité, une sorcière douée et inventive, qui avait du caractère et un bon répondant. Elle n’était pas amie avec Misha pour rien. « Roxy, qu’est-ce qu’il y a ? » Elle avisa une nouvelle fois le sang sur le verre brisé et les quelques goutes qui étaient tombées de l’autre côté. Manifestement, elle en avait trouvé la propriétaire. « Sors un peu de là, je vais soigner ça. » Et discuter. Elle n’était pas douée pour consoler, mais elle n’était pas à son premier chagrin et pour une fois, parce qu’elle aimait bien sa camarade qu’elle considérait comme une bonne amie, elle ferait tous les efforts qui étaient nécessaires.

Roxy n’avait même pas l’air d’avoir prêté attention à sa cheville ensanglantée, trop occupée à... à quoi ? Elle était ailleurs, dans son monde, partout sauf à Poudlard. Là où elle se trouvait devait être plus agréable pour qu’elle y demeure malgré la fraîcheur du vent, malgré la douleur qui remontait sûrement jusqu’à son cerveau.

Elle n’avait pas répondu à la question de Haley, mais celle-ci était sûrement un peu idiote... elle n’était pas en état de lui dire ce qu’il se passait. Bouger, revenir vers un endroit plus sûr, lui demandait déjà un effort qu’elle refusa de fournir. La préfète secoua la tête : elle la prenait pour qui ? Était-elle à ce point perdue dans sa tristesse pour ne pas réaliser que jamais elle la laisserait seule ici ? Dans son état ? « Très bien. Mais si tu restes, je reste aussi, alors. » Elle pouvait être très butée quand elle le voulait. « Il va falloir supporter ma présence. » L’anglaise tira de la poche de sa robe de sorcière sa baguette et enjamba à son tour ce qui fut autrefois une fenêtre, prenant son temps pour ne pas se blesser elle aussi. Elles auraient l’air maline si les deux étaient mal en point.

Le vide n’était pas bien loin d’elles ; heureusement pour la plus jeune, être attrapeuse dans l’équipe de quidditch l’avait habituée à la sensation de tomber. En temps normal, elle ne craignait pas que Roxy ait le vertige, mais puisqu’elle n’était manifestement pas dans son état habituel, elle préférait ne pas prendre le risque de la laisser seule. Elle pourrait trébucher... ou sauter. « Laisse-moi soigner cette blessure, déjà. » Son ton ne laissait aucune place à de possibles protestations. Elle commençait par le plus simple, l’éraflure ensanglantée, avant de s’attaquer à ce qui n’était visible qu’au travers des larmes... bon sang, elle était préfète, pas psy ou infirmière ! « Episkey* ! » Baguette pointée vers la plaie, celle-ci commença à se refermer doucement, laissant une peau légèrement rosée là où quelques minutes plus tôt se trouvait encore la chair à vif. Ce n’était pas parfait, et il faudrait sans doute veiller à protéger la cheville pour éviter qu’elle ne se réouvre, mais au moins elle ne perdait plus de sang. Prochaine étape, donc : l’infirmerie. « Bon, maintenant tu préfères revenir à l’intérieur, en sécurité, ou me parler ? » Haley n’était pas particulièrement douée pour consoler les gens ; peut-être ne faisait-elle pas les choses correctement, mais aucune autre solution plus pertinente ne s’offrait à elle. Elle faisait de son mieux et priait intérieurement pour que cela suffise à remettre d’aplomb son amie, au moins le temps de l’amener voir quelqu’un de plus à même de l’aider.

D’une nature très méthodique, Haley opérait par étape : d’abord s’occuper des blessures physiques, celles que l’on pouvait voir et qui étaient les plus simples à réparer. Elle rêvait de trouver un sort qui parviendrait à réparer le cœur de Roxy aussi bien que le fit celui qu’elle avait lancé sur sa cheville ; ça aurait été tellement plus simple et infiniment moins angoissant. Si proche du vide, elle était habitée de la peur de la voir glisser vers le vide, qu’elle soit mue par une force extérieure ou qu’elle s’y abandonne volontairement. La laisser seule ici était donc exclue : rester n’était pas une option beaucoup plus plaisante, mais elle se rendait bien compte qu’elle n’avait que peu de chance de la convaincre de retourner dans leur salle commune.
Face à ses injonctions de partir, la réponse de la plus âgée laissa la préfète bouche bée, un peu prise de court. Lier sécurité et Poudlard n’était peut-être pas la meilleure des idées, effectivement. « Plus qu’au bord du vide, en tout cas. » rétorqua-t-elle finalement en avisant du regard le parapet. L’école n’était peut-être pas l’endroit le plus sûr de Grande-Bretagne, comme la légende le racontait autrefois, mais elle préférait encore les risques qui se terraient au fond des couloirs que celui, bien présent, du vide qu’elle lorgnait. Au moins Roxy semblait-elle avoir abandonné l’idée de la décourager de demeurer à ses côtés. C’était une évolution positive et un premier accord avec été trouver : la brune ne rentrait certes pas, mais elle supportait la présence de la blonde.

Haley scrutait le visage de sa camarade, guettant ses réactions. Elle triturait un pendentif d’un air pensif et triste, semblant comme réfléchir à ce qu’elle pouvait faire ; peut-être hésitait-elle à se confier à l’attrapeuse de l’équipe ? Elle avait bien conscience de ne pas être la première personne vers qui l’on pouvait se tourner généralement pour confier son mal-être. Seulement aujourd’hui, elle n’avait pas le choix : c’était sur elle qu’elle venait de tomber, et non sur un autre élève à l’oreille sûrement plus attentive. Lorsque finalement elle vint à parler, répondant aux injonctions de dialogue d’une cadette un peu directive, ce fut pour parler d’un bateau. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre qu’elle faisait référence à son collier : c’était indubitablement de la belle magie, mais ce n’était guère étonnant venant d’elle. Elle avait toujours été inventive et douée, sans doute bien plus que beaucoup de leurs camarades, la préfète incluse. « Un bateau qui nous emmène dans l’endroit le plus sûr ? J’adorerais monter dessus. » Elle ne s’était pas attendu à ce que le premier sujet de confidence soit celui d’un navire ensorcelé mais c’était un début et quelque part, cela en disait déjà beaucoup sur ce qui taraudait l’adolescente.  

Quelques secondes plus tard, les explications vinrent, moins énigmatiques mais guère plus simples à appréhender : Haley ne connaissait guère de problèmes familiaux semblables à ceux que son interlocutrice pouvait subir. Fille unique de parents qui n’avaient pratiquement d’yeux que pour elle, elle ne s’était jamais sentie reniée ou mise à l’écart. Juste un peu négligée, parfois, mais ils n’y pouvaient rien : c’étaient leurs travails qui voulaient ça. « Je suis sûre que ça n’est pas vrai. » commença-t-elle en posant sa jambe contre la pierre, pour mieux s’installer. « Les gens peuvent être cons avec ce qui leur tient à cœur quand ils sont trop fiers. Je ne sais pas ce qui s’est passé avec ta famille... mais je suis sûre qu’ils ne t’échangeraient pour rien au monde. Et puis, ils y perdraient au change : qui veut vraiment d’une poupée bien sage quand on peut avoir une sorcière capable de créer un bateau qui vogue vers des endroits plus sûrs ? » Sa propre mère était la véritable dirigeante de la famille : elle était loin d’être de ces femmes qui se laissent cantonner à la maisonnée et elle était bien la dernière personne à vouloir que sa fille soit trop sage et obéissante. Il fallait parfois un peu de répondant dans la vie !

Roxy n’avait jamais montré un visage si détruit par l’émotion. C’était la première fois que Haley la voyait si triste, si faible, elle que Misha et la préfète avaient décrété comme étant l’une des personnes les plus cools de leur maison. Mais même les plus forts avaient des failles. Aujourd’hui, la septième année n’avait plus rien de cette future inventrice de génie qui créait des montes-escaliers magiques pour l’expérience autant que la blague. Elle parlait d’un ton bas et bougon, celui d’une adolescente qui ne voulait pas vraiment communiquer mais que l’on forçait à parler. « Si nous avions des balais, je serais déjà plus rassurée. » répondit-elle du tac-au-tac. Parce que c’était un moyen de voler, de ne pas chuter des mètres durant jusqu’à aller s’écraser sur la pelouse humide d’un jardin d’Écosse. Et parce qu’elle avait l’intuition que virevolter à toute allure lui changerait un peu les idées.

Pour cela, encore fallait-il qu’elle soit disposée à se les changer, les idées... et parfois, il fallait reconnaître que ça n’était tout simplement pas possible. Peut-être même Roxy avait-elle trop tenté de penser à autre chose, de laisser les ennuis sous le boisseau en espérant que la flamme de ses troubles ne vienne à s’éteindre. Sans succès. Son bateau n’était même plus suffisant pour l’emmener vers des rivages plus agréables. « C’est ingénieux... de la belle magie. » C’était qu’elle en avait du talent. Haley n’en avait jamais douté : depuis qu’elle avait appris à connaître sa camarade, elle savait que c’était l’une des plus habiles avec une baguette. Elle avait un don et était ingénieuse, de quoi faire jalouser un peu la préfète. Mais une bonne jalousie, celle qui la faisait regarder avec un mélange d’admiration et d’envie, sans méchanceté.  « Et pour toi, qu’est-ce qui est le plus important ? » demanda-t-elle finalement. « Ce que tu as construit, ou la famille que ta grand-mère s’apprête à détruire dans l’espoir que ça te ramènera dans son giron ? » Tout d’un coup, elle se montrait plus ferme. Moins compatissante, presque provocante : elle avait accepté l’idée que quelques mots rassurants ne suffiraient pas, qu’il fallait être plus forte et plus honnête. Ceux qui devaient regretter ce qu’il se passait chez Roxy, ça n’était pas elle, mais les acteurs de ces conflits. Elle ne devait pas être souffrir d’une situation qu’elle n’avait pas voulu.

La plus âgée avait les yeux embués de larmes et les joues humides. Elle n’aurait pas l’idiotie de lui dire de ne pas pleurer, ou de ne pas frapper. Qu’elle se défoule, qu’elle l’insulte même, si ça pouvait lui faire du bien. La blonde était bien placée pour savoir que garder enfouie ses émotions n’était pas une bonne chose : qu’elle laisse le volcan éclater, c’était le seul moyen. Haley passa sa main dans le dos de l’autre fille, la caressant chastement, dans une façon muette de dire : pleure tant que tu veux, je suis là, je reste là, tu n’es pas seule.

L’assurance de Roxy suffit à rassurer un peu la préfète qui délesta le parapet de son attention un brin paranoïaque. Ce n’était pas assez pour qu’elle la laisse là, sans surveillance, mais au moins pensait-elle à autre chose qu’au risque de voir son amie côtoyer brièvement (très brièvement) les oiseaux. Elle était un peu plus sereine, suffisamment pour s’installer correctement, prête à écouter sa camarade.

À ses premiers mots, elle n’avait pu retenir pleinement la surprise qui était la sienne ; sa mention de ce bateau qui prenait la direction d’un lieu salvateur, plus sûr pour son équipage, faisait rêver. C’était d’ailleurs surprenant de l’entendre parler de ça alors que ses yeux étaient rougis par colère et tristesse. « Si quelqu’un peut le faire fonctionner, dans cette école, c’est bien toi. » Haley ne disait pas ça pour lui faire plaisir : elle y croyait sincèrement pour avoir vu quelques expériences passées de la plus âgée. Cela pouvait sembler idiot, mais le monte-escalier témoignait déjà à lui seul d’une ingéniosité magique dont la sang-mêlée n’était pas certaine de savoir faire preuve. « Il marchera, j’en suis sûre. » Un mélange d’espoir et d’encouragement pour un projet qui n’était manifestement pas ce qui la mettait dans tous ces états. Mais si cela pouvait ne serait-ce qu’un peu l’aider, lui donner un peu de baume au cœur, c’était toujours ça de gagné.

Le vrai sujet fut finalement abordé, presque lâché comme une bombe dans la discussion. Si la préfète avait été d’une humeur moqueuse, elle aurait certainement pu rire de l’image qui lui venait alors qu’elles étaient toutes eux perchées dans une tour... mais les souvenirs étaient encore trop récents pour qu’elle se gausse de ça, et c’était sans parler du fait qu’elle était à peu près certaine que l’humour noir n’était pas adapté à la situation.
À fleur de peau, Roxy déballa d’un coup tout ce qu’elle avait sur le cœur. Sa famille, ses projets, son désespoir. Tout y passa, ne laissant plus une once d’ombre dans ce tableau qui n’est pas bien enviable. C’était si simple chez Haley qu’elle peinait à comprendre comment on pouvait être comme la grand-mère de sa camarade. Ou comme sa tante, qu’elle connaissait d’ailleurs pour l’avoir vu au salon de l’orientation.

La benjamine ne fit pas mine de lui couper la parole : elle la laissa parler jusqu’au bout, concluant d’une voix plus faiblarde que ça lui donnait le tournis. Et c’était compréhensible. « Je ne connais pas ta grand-mère, ni tes futurs maîtres d’apprentissage, je ne vais donc pas te dire qu’ils ne l’écouteront pas parce que j’en sais rien. En revanche, je sais d’autres choses. » commença-t-elle après quelques minutes de silence, prenant le temps de choisir ses mots. « Cette foutue montagne, tu vas la gravir, un de ces quatre. Avec ou sans ta grand-mère, avec ou sans tes maîtres d’apprentissages. Parce que déjà, t’es une fille hyper douée. Et quand tu seras en haut, tous ceux qui auront eu le mauvais goût de te mettre des bâtons dans les roues s’en mordront les doigts. » Elle employait le ton ferme de quelqu’un qui ne permettrait pas ne serait-ce qu’un début de contestation. « Et désolée, je vais être très pragmatique : ta grand-mère a peut-être le bras long, mais elle ne l’aura pas assez long pour t’empêcher de faire ce que tu veux. » Elle-même n’était pas issue d’une de ces vieilles et respectables familles de sang-pur, mais sa mère si. Sa génitrice était en plus juge au magenmagot et son père l’un des plus proches collaborateurs du ministre, alors lorsqu’elle voulait croire en la capacité de Roxy d’outrepasser les embûches de son aïeule, elle ne se berçait pas d’illusions mais se basait sur des faits. « Et non, tu n’es pas toute seule. Je veux t’aider. Pas en ensorcelant ce bateau, tu es plus douée que moi. En revanche, mes parents aussi ont le bras long. S’il faut commencer un duel de réseaux, je n’aurais aucun scrupule à demander à mes parents de sortir les armes. D’ailleurs, je crois que le bureau de mon père a récupéré un canon moldu ensorcelé récemment, s’il faut envoyer ton bateau tirer des boulets ensorcelés dans les jambes de ceux qui pourrissent ta vie, on le fera. Ensemble. Je suis sûre qu’Éléonore voudra être de la partie aussi. Et Misha. » Cette fois-ci, ce fut à son tour de plonger ses iris dans ceux embués de l’aînée : « Donc non, tu n’es pas toute seule. Il y aura toujours des gens ici prêts à t’aider un peu à gravir cette foutue montagne. Parce que tu es une fille formidable et que je suis sûre que beaucoup à Poudlard te sont redevables de quelque chose et qu’ils accourront à ton aide. »

Haley n’avait pas les mots : comme avec Rosalie, lorsqu’ils avaient appris le décès de Mikaela, elle était facilement démunie face au chagrin d’autrui. Elle ne savait que dire sinon assurer son aînée de son soutien indéfectible. Elle n’avait rien de mieux à lui offrir comme réconfort mais cela avait le mérite d’être franc et de venir du cœur. Elle appréciait profondément Roxy et la voir dans cet état était aussi rude que surprenant car s’il y avait bien une personne qu’elle percevait forte et inébranlable, c’était elle. Pourtant tout le monde, même le plus brave des sorciers, pouvait flancher.

La préfète n’était pas certaine de l’effet de ses paroles aussi lorsque l’autre poufsouffle resserra son étreinte autour d’elle, elle fut réellement prise de court. Après un moment d’hésitation, elle lui raffermit ses bras, lui rendant à son tour ce câlin, sans dire un mot de plus. Il n’y avait guère à rajouter, sinon à rester là avec elle, le temps qu’elle se remette de ses émotions. Elles pouvaient y passer toute la soirée s’il le fallait. Et finalement, après quelques instants, Roxy lui proposa de retourner à l’intérieur, en lieu sûr. S’extirper enfin de ce parapet. « Bien sûr, retournons au dortoir. » Elle allait la traîner à l’infirmerie, également... mais pas tout de suite. Chaque chose en son temps, elle venait d’obtenir une première victoire en obtenant de sa camarade qu’elle quitte cet endroit, et elles allaient le faire.

Plus proche de la fenêtre, Haley se leva en première et enjamba avec prudence ce qui fut autrefois une vitre : hors de question de se blesser maintenant, ce serait bien trop bête. « Fais attention au verre... » souffla-t-elle assez inutilement lorsque ce fut au tour de la plus âgée de passer. Elle n’était pas très douée avec les sortilèges de soin et réussir le premier était déjà un petit miracle en soi, mieux valait ne pas tenter le mage noir avec une deuxième blessure. Quoique au moins, si cela arrivait, ça lui donnerait une bonne excuse pour emmener Roxy à l’infirmerie... non qu’elle en ait vraiment besoin : dans tous les cas, elles allaient y faire au moins une escale. Coup de bol en plus, c’était sur le chemin du retour, alors aucune excuse pour ne pas s’y arrêter.