I'm not what you think I am ◈ Violet & Hayden

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Comme Hayden se l’était imaginé, son retour à Poudlard était pénible et douloureux. Chaque pas depuis sa descente du Poudlard Express lui remémorait un moment passé avec Michaela, leurs après-midis à Pré-au-Lard, leurs balades dans le parc… mêmes leurs harassantes sessions de révisions le rendaient nostalgiques. Mais il ne pouvait plus se laisser sombrer : sa longue descente aux enfers devait prendre fin, il se l’était promis. Quant à savoir comment il comptait s’en extirper, c’était une autre affaire… Remonter la pente lui semblait être une tache si éprouvante, si difficile à accomplir, qu’il n’avait aucune idée de par où commencer. Les lettres à Sidney étaient déjà un début… Contre toute attente, il était parvenu à trouver en son camarade une oreille attentive et réconfortante, découvrant en son destinataire qui semblait si renfermé quelqu’un de profondément bienveillant et humain. Malgré tout, ça ne suffisait pas à rattraper trois longs mois de décrochage en cours, d’absence d’interactions sociales et d’une sombre déprime de laquelle il peinait à se sortir. Les lendemains étaient difficiles à imaginer, et se projeter dans le futur avait rarement été aussi ardu. Le salon de l’orientation annoncé dans les prochains jours le rendait déjà quelque peu nerveux, et une petite voix en lui continuait de lui intimer de retourner se terrer dans son dortoir, pour ne plus jamais en sortir…

Assis près du feu qui brûlait dans l’âtre de leur salle commune, Hayden fixait avec intensité les flammes qui y dansaient impétueusement. Les élèves remontaient tour à tour du dîner, discutant dans les escaliers de choses et d’autres, tandis qu’il avait encore séché le repas, se contentant de restes dénichés dans les cuisines. Tôt ou tard, il savait bien que la vie devrait reprendre son cours… Mais pas aujourd’hui. Délaissant sa lettre inachevée à son père, il s’apprêtait à ranger ses affaires pour aller regagner son lit… Quand un bruit derrière lui le fit sursauter. Sur le coup de la surprise, il eut un hoquet, puis… une longue mèche de cheveux blonds jaillit tout d’un coup du sommet de son crâne et se retrouva à pendouiller devant son visage. Il commençait à presque s’habituer à ces métamorphoses impromptues… Ces derniers temps, elles devenaient de plus en plus régulières, peut-être parce qu’il était de plus en plus instable. Mais ce don incontrôlable alors qu’il s’efforçait de le dissimuler aux yeux des autres se révélait être une sacrée épine dans le pied, quand il était sujet à des transformations qu’il ne maîtrisait pas. Puis, il fut pris de sueurs froides en remarquant qu’il n’était pas seul… Il se concentra de toutes ses forces pour faire disparaître cet appendice capillaire qui était magiquement apparu sur sa tête, et se tourna vers la silhouette qui se trouvait dans un coin de la pièce, échappant à la lumière réverbérée par la cheminée et les torches. Silencieuse et observatrice. C’était une fille de sa maison, un brin plus jeune. Il se rappelait l’avoir croisée, lors du bizutage chaotique organisé par Blaze en début d’année. Il se souvenait qu’elle avait dit quelque chose, le soir où ils avaient appris, pour la mort de Michaela. Pour être honnête, il ne s’en souvenait pas vraiment… Tout ce qui remontait à cette horrible soirée résonnait de manière confuse dans son esprit. « Je peux t’aider ? » demanda-t-il d’un ton las. Il n’avait pas réellement envie de l’aider, c’est simplement ce regard posé sur lui qui le dérangeait. Avec un peu de chance, sa question la mettrait suffisamment mal à l’aise pour la pousser à s’intéresser à autre chose, et il pourrait ainsi retrouver sa tranquillité…

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Le silence de la salle commune était plaisant. Violet aimait ce genre de soirée tranquille, paisible, où les autres élèves de Serdaigle vaquaient à leurs occupations sans venir la déranger. À cette heure-là, la plupart devait encore être dans la Grande Salle à terminer de dîner, ou dans les dortoirs à discuter avant la nuit. Violet, elle, comptait bien profiter du calme éphémère de la salle commune pour lire un peu. Elle avait un devoir d’Etude des Moldus à rendre pour la fin de la semaine et avait prévu de se documenter un peu à travers quelques manuels avant de le rédiger. Postée devant la bibliothèque, elle parcourut les reliures des livres à la recherche de bouquins intéressants pour son sujet, en choisit trois qui lui semblaient convenir et se dirigea vers l’une des tables pour s’y installer tranquillement. Elle fit tomber bruyamment sa pile de livres sur la surface en bois et allait s’asseoir lorsque quelque chose retint soudainement son attention dans sa vision périphérique.

Il y avait un autre élève de Serdaigle dans la salle, un garçon qu’elle ne connaissait réellement que de vue. Le bruit qu’elle avait fait avec ses livres avait dû le sortir brusquement de ses pensées car elle l’avait vu sursauter, mais ce n’était pas tout : avec la surprise, ses cheveux avaient aussi changé de couleur. Violet le regarda paniquer et tenter de se reconcentrer, intéressée. Ses mèches rebelles revinrent à leur brun originel, mais c’était trop tard, la jeune fille en avait déjà assez vu pour commencer à se poser des questions. Changer la couleur de ses cheveux était quelque chose d’assez simple à faire pour un sorcier. Il y avait des sortilèges et des potions qui faisaient largement l’affaire, ce n’était donc pas si rare d’en voir quelques-uns se balader avec des mèches originales teintées par magie juste pour se donner un style. Ce qui était plus étonnant dans cette situation, en revanche, c’était que Violet n’avait pas vu l’élève utiliser sa baguette, ni prononcer un sort ou boire dans une fiole. C’était arrivé naturellement et reparti de la même manière. Un sursaut, et ses mèches s’étaient colorées. Intéressant.

Le garçon la remarqua et la dévisagea un instant, mais elle ne détourna pas le regard pour autant. Voulait-il qu’elle s’en aille, qu’elle oublie ce qu’elle venait de voir ? Malheureusement, elle n’en avait pas vraiment l’intention. D’ordinaire, elle se fichait bien de ce qui pouvait arriver aux autres, que ce soit positif ou négatif, tous les ragots n’avaient que très peu d’intérêt pour elle. Mais c’était différent ici. Le phénomène avait piqué sa curiosité et elle ne comptait pas partir de là tant qu’elle n’aura pas eu une réponse à sa question. C’était un sujet qu’elle avait déjà vu mentionné dans plusieurs bouquins, cette capacité rare qu’avaient certains sorciers à changer leur apparence sans avoir recours à autre chose que leur simple volonté. Elle avait lu aussi qu’un état de stress pouvait provoquer chez eux des transformations accidentelles. C’était peut-être exactement ce qu’elle venait d’observer. Le jeune sorcier lui demanda si elle avait besoin d’aide, ce que Violet aurait pu comprendre comme un moyen détourné de lui dire de se mêler de ses affaires et d’arrêter de le fixer autant, si seulement elle avait eu un peu plus d’expérience en matière d’interactions sociales. Cependant, elle n’avait pas besoin d’aide, alors elle répondit honnêtement :

« Non merci. »

À moins qu’il ne soit calé en Étude des Moldus, et encore même dans ce cas-là, elle n’aurait pas souhaité son aide, elle préférait largement travailler seule sur ses devoirs. En revanche, il pouvait peut-être lui apporter quelques réponses sur des sujets un peu plus spécifiques qui avaient moins de rapport avec ses leçons mais qui l’intéressaient tout autant. Alors elle enchaîna, sans aucune délicatesse, ne voyant pas l’utilité de passer par quatre chemins pour ce genre de choses :

« J’ai vu tes cheveux changer de couleur, ça m’a intriguée. C’est un sort, ou une potion ? Ou tu es simplement métamorphomage ? »

C’était potentiellement la première fois qu’elle en rencontrait un, alors elle mettait beaucoup d’espoir dans cet échange. La métamorphose était une discipline fascinante, mais encore plus lorsqu’il s’agissait d’auto-transformation, et elle avait un tas de questions qu’elle avait toujours voulu poser aux personnes qui en avaient la capacité, rien que pour satisfaire sa curiosité.

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Il ne l’avait pas entendue. Ni même senti sa présence. Elle avait surgi comme un chat derrière lui, s’était faufilée dans un silence de plomb, ne laissant entendre que le crépitement du feu dans l’âtre. Alors, quand il la remarqua finalement, son sang ne fit qu’un tour, sous le coup de la surprise… Il ne s’attendait pas à la trouver là, cette fille de sa maison dont le regard était manifestement braqué sur lui. S’il n’avait pas senti ses cheveux se mettre soudainement à agir de leur propre chef, copiant les boucles dorées de Haley Strauss, il aurait probablement continué de l’ignorer… Il était véritablement devenu invisible aux yeux du reste de sa maison, depuis Septembre. Le tourbillon d’idées noires au sein duquel il s’était retrouvé piégé l’avait isolé du reste de ses camarades, et il s’était habitué à vivre dans un monde parallèle au leur, bien loin de partager leurs préoccupations et leurs tracas quotidiens. Ils évoluaient à une vitesse différente, dans un environnement différent, même si les lettres de Sidney avaient doucement commencé à recréer une passerelle entre ces deux sphères. Mais pour cette fille qui était là, devant lui, il s’était manifestement passé quelque chose d’anormal, un événement significatif qui avait attiré son attention. Et si tout à coup il fut tenté de se dire qu’elle savait, qu’elle avait compris, il se rassura aussitôt : non, après tout, avec la lumière tamisée de la pièce, elle n’avait probablement pas bien vu… Et puis, il était presque dos à elle. Si ça se trouvait, elle souhaiter simplement qu’il libère la place sur le fauteuil près du feu, afin de pouvoir, elle aussi, profiter de la chaleur des flammes avant qu’elles ne s’éteignent… Il souhaita s’en assurer, l’interrogeant directement sur ses intentions. Et la réponse le déstabilisa, bien plus que ce qu’il aurait pu croire… « Je… pardon ? » demanda-t-il, légèrement interloqué. Le fait qu’elle emploie le terme exact, devant lui, sans même ciller, venait d’allumer dans son cerveau tous les signaux d’alarme… Il n’était donc pas paranoïaque, et il faisait officiellement face à un problème.

Il arrivait qu’il se trahisse, aux yeux des autres : sans crier gare, une partie de son corps se métamorphosait parfois soudainement, sous l’effet du stress, et depuis la mort de Michaela cela se produisait même plutôt régulièrement. Mais souvent, ces quelques changements passaient inaperçus ; il n’était pas quelqu’un que l’on remarquait beaucoup, après tout… Aussi, lorsque ces boucles blondes avaient jailli sur le haut de son crâne, il n’avait pas particulièrement craint que quelqu’un puisse faire le rapprochement. La salle commune était quasiment déserte, après tout, et ils étaient dans une école de magie… il pouvait bien justifier ces étranges manifestations physiques par un prétexte quelconque. Mais il y avait un problème, avec cette fille… Elle avait tout de suite su. Elle connaissait son don, puisqu’elle venait frontalement de l’accuser d’en faire usage. Et ça, autant dire qu’il ne s’y attendait pas… Les lèvres légèrement entrouvertes, cherchant un peu ses mots, Hayden se retrouva complètement démuni face à sa camarade. Elle ne paraissait pas particulièrement agressive, ses mots n’étaient même pas réprobateurs… Sa question semblait simplement basée sur de la curiosité, ce qui le dérangeait d’autant plus. « Je sais pas de quoi tu me parles. C’est juste une potion. » répliqua-t-il ensuite, un peu trop sur la défensive. Il ne connaissait cette fille que de vue, et l’ignorait ce qui l’avait motivée à venir s’adresser à lui… C’était une camarade de maison, mais il n’avait pas le souvenir d’avoir déjà échangé avec elle. En revanche, il était conscient d’une chose : elle était un peu trop renseignée sur le sujet. Il était bien déterminé à ce que son secret en reste un jusqu’à la fin de sa scolarité, et que le reste des élèves continue d’ignorer jusqu’à ce qu’il franchisse les portes de l’école pour ne plus jamais en revenir… Or, l’érudition de son interlocutrice pouvait mettre ce projet à mal. Alors, qui qu’elle soit, quels que soient ses projets, il devait s’assurer qu’ils n’iraient pas à l’encontre des siens propres. « Et toi, c’est dans ta nature d’être aussi intrusive, ou est-ce que tu te mêles continuellement de choses qui ne te regardent vraisemblablement pas ? Ça m’intrigue aussi. » répondit-il d’un ton un peu plus acerbe qu’il ne l’aurait réellement voulu. La question avait fusé hors de sa bouche sans qu’il ne puisse la contrôler, sans qu’il ne puisse revenir sur son choix de mots. Il sentit ses joues se colorer d’embarras et d’agacement… il n’était guère dans ses habitudes de se laisser emballer à ce point, il n’était pas de nature provocatrice, d’ordinaire. Mais face à une personne qui représentait potentiellement un danger pour lui, pour ce qu’il avait mis des années à construire et à mettre en place, il n’était pas certain de pouvoir garder son calme.

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Le garçon lui répondit sur un ton sec que c’était seulement l’effet d’une potion, mais Violet sentit qu’il était sur la défensive. Il avait l’air surpris de sa question, ce qu’elle pouvait concevoir, mais il y avait quelque chose d’autre dans sa voix et dans ses yeux, comme de la panique, de l’angoisse. Mais la jeune Serdaigle, qui n’avait jamais été très douée pour déceler les émotions chez les autres, décida de ne pas trop porter son raisonnement là-dessus, car elle pouvait aisément se tromper. Elle ne voyait pas vraiment ce qu’elle avait bien pu dire qu’il l’aurait irrité autant, après tout elle avait l’impression en écoutant certaines discussions que c’était une chose normale de se mêler des affaires des autres, généralement pour des broutilles. Au moins, elle posait des questions pertinentes, ce n’était pas comme ces commérages de couloir qui débattaient à propos de qui embrassait qui. La métamorphomagie était aussi fascinante qu’elle était rare, et Violet ne pouvait pas passer à côté alors qu’elle pensait avoir vu quelqu’un la pratiquer juste devant elle. Mais peut-être que son camarade n’était pas vraiment agacé par sa question, ou peut-être était-il déjà énervé de base à la suite d’une mauvaise journée, ce qui aurait pu par ailleurs expliquer qu’il ait eu l’air si nerveux et déstabilisé quand elle avait fait du bruit près de lui.

Dans tous les cas, c’était sa réponse à propos d’une éventuelle potion qu’elle trouvait étonnante. Elle ne l’avait pas vu boire avant de colorer ses cheveux, ni après pour qu’ils reprennent leur couleur d’origine. Il n’y avait pas non plus de fiole près de lui, à moins qu’il ne la garde dans l’une de ses poches. Il y avait de quoi intriguer Violet un peu plus. C’était peut-être un philtre à retardement, ou alors c’était l’un de ceux dont elle n’avait encore jamais entendu parler, ce qui la rendait encore plus curieuse. Tandis qu’elle réfléchissait à ces mots, le garçon en profita pour lui envoyer une remarque acerbe, prouvant donc qu’il n’avait effectivement pas apprécié qu’elle se mêle de ce qui ne la regardait pas. Pour une fois qu’elle faisait comme tout le monde à fourrer son nez dans les affaires des autres, il fallait qu’elle tombe sur quelqu’un qui n’aimait pas ça. Elle haussa simplement les épaules et répondit :

« Non, je me posais juste la question. Ça m’a surprise, c’est tout. Et puis tu m’as demandé si tu pouvais m’aider, alors je t’ai répondu. »

Mais ça l’intriguait encore, car la réponse qu’il lui avait donnée ne lui semblait pas vraiment satisfaisante. En fait, cela n’avait fait que soulever d’autres questions qui lui brûlaient les lèvres. Si elle avait eu peur de continuer à le froisser, elle se serait sûrement tue et la discussion aurait terminé là. Mais Violet n’avait jamais été du genre à se soucier de ce que pouvaient bien penser les autres, et ce n’était pas aujourd’hui qu’elle allait commencer. Elle avait besoin de satisfaire sa curiosité, et c’est dans cette optique qu’elle poursuivit :

« Je n’ai jamais entendu parler d’une potion qui colore les cheveux uniquement quand on sursaute. Drôle de principe. Elle a un nom, cette potion ? C’est au programme scolaire ? »

Il y avait quelque chose qui ne collait pas, comme une incohérence quelque part, une pièce manquante du puzzle, et Violet était bien déterminée à trouver laquelle. Elle n’était pas sûre que l’autre élève soit réellement un métamorphomage, car pourquoi le cacherait-il sinon ? Mais il y avait quelque chose d’étrange là-dessous et la Serdaigle, toujours adepte des mystères de ce type, avait bien l’intention de découvrir la vérité.

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D’ordinaire, leur salle commune offrait à Hayden un havre de tranquillité, au sein de la fourmilière remuante qu’était Poudlard. Comme si les épais rideaux bleus de la pièce suffisaient à préserver ses occupants de toute l’agitation extérieure… Mais l’adolescent ne s’était pas attendu à être surpris au sein de son propre refuge. Il ne connaissait pas cette fille, qui avait surgi comme une ombre derrière lui, et qui se mettait tout à coup à l’interroger comme si elle faisait partie de la brigade magique… Mais son intrusion soudaine au sein de sa sphère privée ne la rendait pas forcément sympathique à ses yeux pour le moment. Et il y avait plus dérangeant : elle savait certaines choses… La question qu’elle venait de lui poser n’était pas celle de quelqu’un qui ne savait pas de quoi elle parlait. Un peu désarçonné, Hayden se redressa dans son fauteuil, cherchant un échappatoire… Non, il ne comptait pas avouer à la première venue le secret qu’il s’efforçait de dissimuler à tous ses camarades depuis son entrée dans cette école. Alors, comment s’en sortir… ? Il se justifia maladroitement par l’usage d’une potion, espérant qu’elle n’insisterait pas davantage. Décidément, c’était mal la connaître… Voilà que maintenant, elle demandait si le philtre qu’il avait utilisé était au programme… ! « Euuuh, pas vraiment. J’ai juste essayé ça… comme ça. » Bon sang, ne pouvait-elle pas faire comme tous les autres élèves et se contenter de sa vague explication, était-il réellement nécessaire qu’elle investigue ? D’ordinaire, il était plutôt doué pour le mensonge, habitué à se faire passer pour les autres. Mais cette fois, il n’avait revêtu aucune apparence : elle le prenait de court, et il était obligé de composer avec la curiosité de cette fille. Que savait-elle, au sujet de la métamorphomagie, au juste… ? La plupart des élèves de cette école ignoraient l’existence de cette faculté, et cela convenait très bien à Hayden. Mais pas elle. Et l’ennui, c’était qu’elle semblait plutôt têtue.

Et il fut pris de sueurs froides en imaginant ce qui pourrait en découler : et si elle allait parler de ce qu’elle avait vu à quelqu’un ? Et si les questionnements de cette fille remontaient jusqu’à Haley Strauss, ou à Fergal Armitage… ? Il allait au-delà de sérieux ennuis… C’était pour cette raison qu’il devait rapidement trouver une solution, un stratagème pour les éloigner, elle et ses soupçons. « Mais si ce qui t’intéresse c’est de pouvoir changer ta couleur de cheveux, y a plein de décoctions comme celle-là chez l’apothicaire, tu sais… Peut-être que Van Aken peut te renseigner là-dessus. » lui suggéra-t-il, espérant que cela suffirait à faire cesser ses questionnements. Il doutait pourtant que cela soit aussi simple… Elle ne serait pas venue l’interroger avec autant d’empressement, si elle avait simplement l’intention d’opérer sur elle un changement esthétique. Ils vivaient et étudiaient dans une école de magie, où des tableaux s’adressaient directement à eux, où des plumes lévitaient et où des elfes disparaissaient en claquant des doigts… Et il fallait que l’attention de cette fille ait été retenue par cette métamorphose impromptue, qui n’avait pourtant duré que quelques secondes. Quelle poisse, sérieusement. « Il est tard, tu ne devrais pas aller te coucher ? » demanda-t-il, d’un ton un peu abrupt. Ou des devoirs à faire ? Ou n’importe quelle autre occupation qui pourraient l’éloigner de lui et de ses problèmes physiques ? Il devait parvenir à la faire douter, à lui faire croire que ce qu’elle avait vu n’était pas la réalité. Il devait à tout prix l’emmener sur un sentier loin de celui de la vérité.

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Le garçon avait l’air de continuer sur son histoire de potion, mais Violet ne pouvait s’empêcher de penser que son excuse ne tenait pas la route. Une potion qui rendait blond que pour un instant très court, c’était assez étonnant, d’ailleurs elle n’en voyait pas non plus l’utilité. À moins que ce ne soit qu’un essai raté. Mais pourquoi n’avait-il pas de fiole sur lui, et pourquoi avait-il l’air autant sur la défensive en lui répondant ? Violet avait toujours eu un peu de mal à déceler les émotions chez les autres, alors elle serait bien incapable de comprendre ce qui pouvait bien l’agacer actuellement, mais elle sentait qu’il y avait quelque chose. Quelqu’un qui n’avait rien à cacher lui aurait simplement répondu sans détour et sans avoir l’impression d’être pris sur le vif, non ? En même temps, qu’y aurait-il pu avoir à cacher ? De ce qu’elle avait pu lire dans les livres, même si être métamorphomage était très rare, il n’y avait pas de mal à l’être, c’était au contraire une capacité plutôt impressionnante. Ce n’était pas comme si elle venait de le soupçonner de pouvoir parler aux serpents.

Elle décida finalement de lâcher l’affaire. Si ce n’était vraiment qu’une histoire de potion, ça ne valait pas tant la peine de perdre son temps sur ça. La métamorphomagie était fascinante, un philtre raté qui changeait la couleur des cheveux beaucoup moins. Elle était tout de même un peu déçue, elle aurait bien aimé échanger avec un vrai métamorphomage sur son pouvoir spécial, c’était tellement rare qu’elle n’était pas sûre d’en rencontrer une nouvelle fois dans sa vie. Surtout pour elle qui ne rencontrait déjà pas beaucoup de personnes volontairement en temps normal. Mais tant pis, elle ne comptait pas passer la soirée à parler de potions alors qu’elle avait déjà un devoir d’Etude des Moldus sur lequel travailler. Le Serdaigle lui proposa d’aller voir le professeur Van Aken si elle était tant intéressée par l’idée de colorer ses cheveux, mais elle objecta :

« Oh, non merci. Ça ne m’intéresse pas tant que ça. J’étais simplement curieuse, j’avais déjà lu que c’était quelque chose de fréquent chez les métamorphomages de changer de couleur involontairement lorsqu’ils étaient surpris, notamment. Je pensais que ça pouvait être le cas pour toi. »

Difficile de cacher la déception dans sa voix, mais après tout, quelle importance ? Ce n’était pas la première fois qu’une conversation n’allait pas dans son sens, ce ne serait sans doute pas la dernière. Déterminée malgré tout à ne pas laisser la soirée s’échapper sans avoir été un minimum productive, elle prit finalement place autour d’une table près de l’âtre et rapprocha ses bouquins d’elle. Le garçon n’avait pas l’air très content qu’elle reste là, car il lui demanda si elle ne devait pas aller se coucher au vu de l’heure tardive. C’était quand même un peu exagéré de sa part, il l’accusait de lui poser des questions mais lui se permettait de l’interroger sur ses habitudes nocturnes ? Elle fronça légèrement les sourcils en répondant :

« Non, je voulais rester là pour travailler un peu. C’est interdit ? Tu as réservé la salle commune pour la soirée ? J’ignorais que c’était possible, j’aurais pris l’habitude de le faire depuis longtemps sinon. »

D’autant plus qu’il n’avait pas l’air de faire grand chose, à part regarder dans le vide et boire des potions invisibles. C’était plutôt à lui d’aller se coucher, pas à elle. En tout cas, elle n’avait pas encore l’intention de décoller ses fesses de là, elle avait mieux à faire que d’aller dormir.

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Il avait manqué de prudence. Plus cette fille le confrontait, plus il s’en rendait compte. Il avait relâché sa vigilance ces derniers temps, prenait moins de précautions que d’ordinaire pour dissimuler son don… Et à cause de ses émotions instables ces derniers temps, il était sujet à des métamorphoses impromptues, se déclenchant à des moments parfois aléatoires, se retrouvant affublé de parties du corps qui ne lui appartenaient pas vraiment. En réalité, c’était surtout à lui qu’il en voulait, plus qu’à elle… Il n’aurait pas dû laisser cette situation se produire, il le savait bien au fond de lui. Malheureusement, ils étaient tous les deux là, à se regarder en chiens de faïence, elle convaincue par ce qu’elle avait cru voir et lui tentant de défendre à tout prix le secret qu’elle avait effleuré. Malgré ses quelques mensonges éhontés, improvisés pour se sortir d’affaire, elle ne semblait pas prête à renoncer pour autant… Il déglutit, cherchant dans la salle commune déserte, baignée dans la pénombre et le calme, une échappatoire. Il se rendit compte, en tordant ses doigts dans un geste nerveux, que ses mains étaient moites… Et une flopée de mots se mirent à sortir de sa bouche sans qu’il ne puisse la contrôler. « Et ben non, ça n’a rien à voir. Tu devrais mieux te renseigner, avant de dire n’importe quoi pour avoir l’air maligne. » cracha-t-il d’un ton sec, les joues légèrement rougies. Il lui fallut bien quelques secondes pour se rendre compte qu’il avait dépassé les bornes… Qu’il s’était rarement adressé à quelqu’un avec autant de véhémence. Il se sentait comme une souris prise au piège, qui ne pouvait s’extirper du bourbier dans lequel elle se trouvait qu’en repoussant le plus loin possible son interlocutrice. Mais elle en savait décidément trop sur la métamorphomagie ; avec plus d’éléments, elle pourrait être capable de faire le lien entre lui et la véritable Haley. Et il sentit une compression dans son estomac à cette simple idée.

En lui demandant si elle avait l’intention de remonter, il espérait franchement qu’elle saisirait l’opportunité au vol et déciderait finalement de regagner son lit… Il avait besoin de réfléchir, de chercher une marche à suivre pour protéger son secret des yeux de ceux qui pourraient potentiellement le découvrir. Mais elle n’en fit rien, lui répondant sur le même ton acerbe des mots teintés d’ironie, mordante sans perdre son calme. Décontenancé, il chercha à se justifier maladroitement… « Non, pas du tout, c’est toi qui… » commença-t-il d’un ton accusateur, cherchant bien ce qu’il pourrait lui reprocher cette fois. Mais il prit un moment pour observer la situation… et ce qu’il vit de lui ne lui plut pas franchement. Après tout, quand bien même cette fille se montrait curieuse à son égard, elle ne lui avait rien dit qui puisse mériter ses foudres. Et puis, elle n’avait pas l’air malintentionnée, simplement animée par une réelle envie de tout connaître. Envie qui n’était hélas pas franchement compatible avec le secret qu’il protégeait… « … désolé, c’est bête de ma part, de réagir comme ça. Je voulais pas être agressif. » soupira-t-il, l’air sincèrement contrit. Il était bien obligé de le reconnaître… Quand bien même il avait la peur au ventre que cette fille-là ne s’approche de trop près de son secret, ça ne justifiait en rien son attitude hostile, depuis qu’il s’était aperçu de sa présence… Maintenant, il devait trouver le moyen de composer avec elle. « J’ai pas envie de me trouver des excuses, ou de juste mettre ça sur le compte d’une mauvaise journée, mais d’habitude, je suis pas comme ça. » ajouta-t-il, en se redressant sur le fauteuil. Oh, rien ne l’obligerait à le croire… Ils ne se connaissaient pas, et c’était comme s’il avait tout fait pour passer pour un odieux connard auprès d’elle, depuis qu’elle était rentrée dans la pièce. « Et… bien sûr que tu peux rester travailler. » crut-il bon d’ajouter. Oh, elle savait très bien qu’elle n’avait pas du tout besoin de son autorisation, mais c’était une sorte de pas esquissé vers elle, une main timidement tendue afin de proposer une cohabitation pacifique. Il n’avait pas sommeil de toute façon, et n’avait pas l’intention de monter dans son dortoir de sitôt… Et la chaleur de la cheminée centrale pouvait bien être partagée par deux personnes.

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Le garçon n’avait pas vraiment l’air d’accord avec elle. D’après lui, ce qui venait de se passer avec ses cheveux n’avait rien à voir avec la métamorphomagie, or Violet avait lu assez de bouquins sur le sujet pour pouvoir faire le rapprochement. Sans doute essayait-il simplement de se montrer plus intelligent qu’elle, d’où l'agressivité dans sa voix. La plupart des personnes qu’elle avait croisé n’aimait pas avoir tort, elle se demandait si c’était également le cas ici. Tant pis pour lui, s’il voulait rester borné sur le sujet, c’était son problème. Elle avait mieux à faire que de lancer un débat avec quelqu’un de colérique, elle avait toujours évité de le faire avec ses parents, ce n’était pas pour le faire à Poudlard.

La jeune fille n’avait pas l’intention de quitter la salle commune tout de suite et le fit savoir lorsque le Serdaigle lui demanda si elle ne devait pas aller se coucher. Sa réponse sembla le décontenancer, et il commença sur un ton accusateur avant de s’excuser finalement. La colère avait l’air d’être passée finalement, et Violet mentirait si elle disait que ça ne la soulageait pas. Même si elle avait pris l’habitude d’ignorer les remarques furieuses en restant impassible face à l’agressivité des gens autour d’elle, c’était toujours mieux quand c’était plus tranquille. Elle eut un petit sourire qui ne dura qu’un instant, et hésita entre retourner à sa lecture ou dire quelque chose. Elle n’était pas vraiment douée pour la deuxième option, mais elle sentait qu’il fallait qu’elle réponde un truc. Il avait fait l’effort de s'excuser, elle pouvait bien faire l’effort de continuer la conversation.

« Merci. Et ce n’est pas grave, j’en ai vu d’autres. Tu es l’un des rares à t’excuser après coup. »

Elle replongea son nez dans le livre devant elle, prête à retourner à son étude des moldus, mais elle eut des difficultés à se concentrer, chose qui ne lui arrivait pas souvent. Elle repensait encore à ce changement de couleur qu’elle avait nettement aperçu dans ses cheveux tout à l’heure, à sa nervosité, son agressivité quand elle avait mentionné les métamorphomages. Qui ne trouvait pas ce sujet fascinant ? Cette capacité innée à emprunter n’importe quelle apparence sans avoir recours à des sorts ou des potions l’avait toujours laissée admirative, c’était pourquoi elle s’était déjà longuement documentée sur le sujet. Pour être honnête, elle aurait bien aimé qu’il en soit un lui-même. C’était si rare qu’elle ne pensait pas réussir à en croiser un vrai durant toute sa vie, d’autant plus qu’elle n’était pas vraiment sociable. Quand même, pour une fois qu’elle avait été prête à discuter avec quelqu’un sur un sujet qui lui plaisait, pourquoi avait-il fallu qu’il soit si acerbe ?

Est-ce qu’il avait vraiment utilisé une potion, comme il l’avait expliqué ? Ou avait-il menti ? Dans ce cas, pourquoi ? D’ordinaire, Violet se fichait bien de comprendre les émotions d’autrui, mais aujourd’hui, cela lui aurait été bien utile. Elle ne connaissait pas les signes qui permettaient de déceler le mensonge, alors elle était bien incapable de savoir si elle pouvait le croire ou non. Elle leva machinalement le regard vers lui à nouveau, tentant de voir quelque chose qu’elle ne pouvait pas voir, espérant peut-être le surprendre à changer d’apparence une nouvelle fois. Elle comprit bien vite que c’était inutile, mais au lieu de laisser tomber, elle finit par revenir sur le sujet :

« Ce que j’ai dit tout à l’heure sur les métamorphomages, ce n’était pas juste pour avoir l’air maligne. J’ai réellement beaucoup lu sur le sujet, assez pour savoir de quoi je parle. Je n’ai pas vraiment compris pourquoi tu en as été offensé. Ce n’est pas un drame d’avoir été confondu avec l’un d’eux, j’aurais même plutôt cru que ce serait flatteur. »

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But what do you think, exactly ?

Si la conversation avait manifestement démarré de mauvais pied entre eux, Hayden avait fini par se rendre compte que son agressivité n’avait pas lieu d’être : quand bien même cette fille à l’aura intimidante et ses questions le mettaient à mal, elle n’avait à vrai dire rien fait qui puisse à ce point justifier son mépris. C’est pourquoi il fit le choix de se reprendre, et de lui présenter ses excuses, au moment où elles pouvaient encore être acceptées. Il en était bien conscient, il n’aurait jamais dû s’adresser à elle sur ce ton-là… Son ton interrogateur et son assurance manifeste l’incommodaient, mais comment pouvait-il décemment le lui reprocher ? Avoir été pris au dépourvu ne lui accordait pas le droit de réagir de cette manière. Par chance, elle sembla plutôt bien réagir… Elle ne paraissait pas nourrir un lourd ressentiment à son encontre, mais il craignait de l’avoir un peu vexée en s’en prenant ainsi à elle. Comme il aurait voulu qu’elle sache combien ce comportement-là ne lui ressemblait pas… Dans d’autres circonstances, ils auraient même peut-être pu sympathiser ; ces derniers temps, il avait grand besoin de compagnie. Il se souvenait l’avoir souvent vue s’asseoir pour lire, dans la salle commune… Soit la solitude lui convenait parfaitement, soit elle se camouflait peut-être derrière ses bouquins par timidité. Pourtant, elle ne semblait étrangement avoir eu aucun mal à venir l’aborder… « L’un des rares… ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda-t-il, l’air tout à coup suspicieux. Il n’était pas certain de bien comprendre à quoi elle faisait exactement allusion… Et puisqu’il avait quelques doutes sur le fait qu’elle ait croisé de nombreux métamorphomages sur sa route, il supposa qu’il sur-interprétait peut-être un peu trop les dires de sa camarade. Il était vrai qu’elle semblait particulièrement intelligente, ce qui le poussait à se méfier naturellement d’elle, mais au fond, elle n’avait pas l’air si méchante… C’était certainement parce qu’il était trop sur la défensive, qu’il finissait par lui prêter de mauvaises intentions. Hélas, il n’était guère aisé de se détendre, après avoir manqué de se trahir, et de mettre en danger cette particularité qu’il s’évertuait à dissimuler aux yeux de tous.

Il laissa échapper un léger soupir lorsqu’elle sembla reprendre sa lecture, relâchant la pression accumulée au cours de cet échange quelque peu tendu… Mais elle ne semblait pas en avoir finir avec lui. La tirade qu’elle lui adressa le laissa coi, si bien qu’il se demanda si à nouveau, il avait pu commettre une bévue, laisser échapper un indice qui aurait pu la mettre sur la piste… Un seul regard dans sa direction lui permit de savoir qu’elle ne mentait pas, et que oui, elle était bel et bien renseignée sur le sujet : peut-être même un peu trop. Même si ses mots à l’attention de son don étaient particulièrement appréciables, il ne pouvait s’empêcher de se sentir, plus que jamais, en danger. L’intelligence était une qualité qui laissait également planer son lot de menaces… « Je… » bredouilla-t-il sans plus d'intelligibilité, sans savoir exactement quoi dire. Le temps d’un instant – qui ne dura pas bien longtemps -, il fut tenté de céder à son appel, et de partager avec elle ce secret qui devenait de plus en plus lourd à porter, au fil des ans. Mais une seconde plus tard, il avait retrouvé sa lucidité, et avec elle la force de tout nier en bloc. Il tourna la tête, pour lui répondre par la négative. « C’est cool, que tu le prennes comme ça, mais… moi je suis humain. Pas un monstre. » Quelle ironie… s’enfoncer dans le déni n’était peut-être pas la solution, mais il ne pouvait encore se résigner à accepter sa nature profonde. Ceux qui avaient la force de reconnaître leur différence méritaient bien des éloges… Mais ce n’était pas son cas. Et quand bien même son interlocutrice était suffisamment ouverte d’esprit pour qu’il puisse lui faire cet aveu-là, il ne savait malheureusement que trop bien à quoi il s’exposait si par malheur il lui confiait son atypique particularité. Il ne la connaissait même pas tant que ça… C’était bien beau, d’avoir de belles paroles en flattant sa métamorphomagie, mais qui savait comment elle pouvait réagir, en découvrant la vérité… ? Une chose était certaine, il ne prendrait pas ce risque avec elle.

@Violet McGregor

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Violet & @Hayden W. Lynch

Le Serdaigle avait l’air de s’être raidi à nouveau, son ton était redevenu suspicieux alors qu’il lui demandait de s’expliquer. Violet ne comprit pas tout de suite, avant de réaliser le quiproquo. Non, elle n’avait encore jamais rencontré de réel métamorphomage autres que dans certaines fictions qu’elle avait pu lire, d’ailleurs ceux-ci étaient tellement rares qu’elle doutait avoir l’opportunité d’en croiser un jour. Dommage ; cela dit, même si cela arrivait, elle serait bien en peine de savoir quoi en faire. Les métamorphomages étaient un sujet d’étude fascinant, mais elle préférait largement se renseigner via les bouquins ou autre support de lecture que par une véritable conversation. Les discours n’étaient pas son fort et elle aurait sûrement du mal à tenir un interrogatoire. Secouant la tête, elle répondit :

« Je voulais dire que ce n’était pas la première fois qu’on me parlait avec agressivité comme tu l’as fait, généralement à tort, sans doute parce que la plupart n’accepte pas que je puisse être meilleure qu’eux dans certains domaines. Je ne parlais pas des métamorphomages, si c’est à ça que tu pensais. »

Ce qui était plutôt intéressant à noter, d’ailleurs. Pourquoi avait-il pensé que cela puisse être le cas, quand elle avait dit qu’elle en avait vu d’autres ? Cela aurait suggéré qu’elle le mettait dans le même panier que les autres, à savoir les métamorphomages, or il avait démenti le fait qu’il en soit un. Violet décida de ne pas le relever, car elle n’avait aucune preuve tangible pour continuer vers cette théorie - si ça se trouve, elle avait tort sur toute la ligne et il ne pensait même pas aux métamorphomages - mais elle décida de garder ce détail dans un coin de sa tête, au cas où. Elle ne retint pas néanmoins un dernier regard suspicieux vers le garçon avant de se replonger finalement dans ses leçons.

Après s’être exprimée sur la réaction qu’elle avait eu tout à l’heure en le voyant changer sa couleur de cheveux, Violet nota un court instant pendant lequel l’adolescent sembla bafouiller et chercher ses mots. Elle crut presque qu’il n’allait pas lui répondre, jusqu’à ce qu’il se reprenne finalement pour lui affirmer sur un ton très ferme qu’il était humain et non pas un monstre. À l’entendre, il avait l’air très remonté contre eux, ce que la jeune fille ne comprenait pas vraiment. Certes, ils étaient très rares et étaient capables de faire ce que la majorité des sorciers ne pouvaient faire que par des potions ou des sorts, mais de là à penser qu’ils étaient des monstres, c’était y aller un peu fort. Cela dit, Violet n’avait aucune intention de lui faire la morale là-dessus. Même si elle était un peu curieuse de savoir ce qu’il pouvait bien avoir contre les métamorphomages en général, elle décida que ce n’était pas ses affaires et qu’il pouvait bien penser ce qu’il voulait penser, ça ne l’empêcherait sûrement pas de dormir la nuit. Haussant les épaules, elle capitula :

« OK, message reçu, je ne te comparerai plus à l’un d’eux, si ça te dérange tant. C’est simplement dommage d’être aussi fermé d’esprit, mais c’est ton choix. J’admets que j’aurais trouvé cela bien pratique d’en être une moi-même. »

Ce n’était pas comme si elle avait vraiment une envie particulière de changer d’apparence tous les quatre matins, sûrement pas, mais il fallait dire que pouvoir se métamorphoser à sa guise avait un certain attrait et Violet pourrait bien trouver une ou deux situations dans sa vie où cette capacité n’aurait pas été de refus. Dans tous les cas, elle ne voyait pas franchement ce qui pouvait être négatif à en être un, mais si le Serdaigle les détestait tant, il y avait sans doute une raison.

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[HRP] Je me suis dit qu'on allait peut-être conclure bientôt ce RP, si ça te dit, comme la fin de l'année approche ? Quitte à se faire un nouveau RP prochainement pour creuser un peu plus le lien I'm not what you think I am ◈ Violet & Hayden 2738742592

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Fermé d’esprit. Peut-être avait-elle raison, au fond, puisqu’il allait jusqu’à nier sa propre nature. Ce n’était pas les autres qu’il détestait, ni même les métamorphomages… Il n’avait jamais rencontré un de ses congénères. L’aspect pratique qu’elle évoquait ne lui avait toujours servi qu’à satisfaire les exigences de Blaze et la plupart ses transformations s’était soldée par une chasse aux sorcières… Celui qu’il détestait en réalité, c’était lui-même, mais c’était trop difficile à reconnaître. « Ouais, je suis bien d’accord. C’est dommage. » soupira-t-il, sans chercher davantage à lui expliquer son point de vue sur la question. Il en avait probablement trop dit, et ne tenait pas particulièrement à ce qu’elle fasse des liens malvenus avec les informations qu’il lui avait déjà données. Se confier auprès d’une inconnue était une erreur, quand bien même il avait été tenté de le faire, l’espace d’un instant… Mais une inconnue ne remplacerait pas Michaela, même quelques heures dans la nuit. Et puis, elle ne comprendrait pas, quand bien même elle prétendait le contraire… Personne n’avait jamais compris, ni ses changements de sexe, ni son envie profonde de changer qui il était. Maintenant, tout ce qu’il voulait, c’était sa discrétion sur ce qu’elle avait vu ou cru voir… Il avait suffisamment de problèmes en ce moment pour ne pas avoir en plus à gérer cette fille qui posait trop de questions, et qui en savait plus sur les créatures magiques que la plupart des élèves. Pourtant, il s’était surpris à ressentir une certaine compassion pour elle, lorsqu’elle avait évoqué l’agressivité avec laquelle lui parlaient les autres élèves… Il crut voir son regard s’adoucir, mais soupçonna son imagination d’y être pour quelque chose. Elle s’adressait à lui d’un ton placide, comme si rien ne la touchait, mais Hayden se dit qu’elle avait peut-être elle aussi une étrange manière de se confier, à demi-mots… En d’autres circonstances, et s’il n’avait pas craint d’avoir trop à y perdre, peut-être il aurait bien voulu poursuivre cette discussion.

Maintenant que le malentendu était éclairci et qu’il avait pu s’excuser de son attitude un peu trop vive à son encontre, il ne voyait pas de raison particulière de s’éterniser… Il n’était pas disposé à faire ce soir des efforts dans ses interactions sociales. Il finit par se lever du fauteuil qu’il occupait, et fit signe pour montrer qu’il le lui cédait. Peut-être souhaitait-elle rester dans le coin pour réviser… Il la contourna prudemment et allait se diriger vers les marches menant au dortoir, avant de finalement se retourner dans la direction de la jeune fille. « Tu sais… Je trouve pas ça hyper cool, que d’autres élèves puissent mal réagir parce que tu les intimides. J’espère qu’un jour, ça changera pour toi. » osa-t-il finalement formuler à son adresse. Elle n’était pas comme Michaela, mais il se rappelait bien que la première fois qu’il l’avait rencontrée, il avait eu ce même type d’impression trompeuse à son sujet. Et le temps lui avait permis de comprendre combien il s’était trompé sur elle. « Bonne nuit. » ajouta-t-il à mi-voix, en lui jetant un dernier regard, tandis qu’il remontait lentement les escaliers. Peut-être seraient-ils amenés à se croiser plus tard, que ce soit dans les couloirs ou dans les couloirs de Serdaigle… En attendant, il espérait de sa part un silence religieux sur la conversation qu’ils venaient d’avoir. La faim commençait progressivement à le gagner, causant un léger tiraillement dans son bas-ventre. Quelque part, cela avait quelque chose de rassurant : dans cette période de profonde morosité, chaque petite douleur lui rappelait qu’il était encore capable de la ressentir.

@Violet McGregor

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