We don't fall, we fly

Accoudée à un rebord de fenêtre, Lilith regardait d’un air absent le parc qui se parait de ses couleurs automnales. La vue était splendide, mélange de marron, d’orange et de vert, mais Lilith sentait naître en elle un sentiment de nostalgie. Elle venait d’apprendre qu’une de ses amies proche quittait Poudlard. La rentrée n’était pourtant pas si loin et elle avait fondé beaucoup d’espoir sur cette année. Mais Harriet avait décidé de partir. Quelques jours seulement après qu’elle lui avait révélé être elle aussi un animagus. Les deux jeunes filles n’auront même pas pu en profiter et Lilith se retrouvait de nouveau irrémédiablement seule avec son secret et personne avec qui partager des moments incroyables. Elle n’avait pas encore réussi à mettre Murphy dans la confidence. Elle n’arrivait pas à trouver le bon moment et maintenant qu’elle savait qu’Harriet pouvait aussi se transformer, en oiseau qui plus est comme elle, elle n’avait pas ressenti le besoin de se confier à sa meilleure amie de toujours. Mais maintenant, les choses étaient différentes. En partant, Harriet emportait avec elle son secret et la perspective de pouvoir voler en compagnie de quelqu’un. Plus elle y réfléchissait, plus Lilith était en train de se dire que ce n’était pas vraiment de la nostalgie qu’elle ressentait. Oui, ce paysage qui indiquait que l’été touchait à sa fin la rendait un peu morose, mais il y avait plus que ça. Elle était déçue. Déçue de voir son amie quitter l’Angleterre aussi vite en laissant derrière elle à peine un message. Déçue de savoir que ces moments qu’elle attendait avec impatience ne se produiraient jamais.

Lilith poussa un soupir. On était dimanche après-midi et elle ne savait pas quoi faire. Elle avait réussi l’exploit d’être déjà à jour dans ses devoirs pour la semaine. Motivée par le stress d’échouer cette cinquième année si capitale, mais aussi par la volonté d’empêcher ses pensées de divaguer sur Harriet, elle avait tout mis en oeuvre pour rester occupée cette semaine. Elle s’était plongée dans ses devoirs, investie pour le club de lecture, était passée voir les créatures magiques maintenues dans l’enclos non loin du potager, s’était promenée le long du lac, et s’était rendue à la bibliothèque avec l’intention d’y finir la journée en compagnie d’un bon livre. Mais prise d’un ennui soudain, elle en était partie. Elle avait l’impression d’être restée trop longtemps assise ces derniers jours. Armée de son appareil photo, la carte magique offerte par Armitage qui l’empêcherait de se perdre dans le fond de sa poche, elle s’était laissée porter par les escaliers pour se retrouver dans une des tours. Elle avait commencé par prendre des photos du splendide paysage qui s’offrait à perte de vue devant elle avant de finalement se laisser emporter par ses pensées. La fenêtre ouverte, elle laissait le soleil doux du mois d’Octobre réchauffer son visage. Au loin, elle voyait un groupe d’oies voler et l’idée de se transformer pour faire une balade lui traversa l’esprit. Maintenant qu’elle y pensait, elle arrivait plutôt bien à gérer son vertige. Elle était perchée à une fenêtre d’une haute tour de Poudlard et n’avait pas envie de mourir en regardant le sol au loin. C’était un exploit pour quelqu’un comme elle ! Alors qu’elle hésitait, une petite mésange vint se poser sur le rebord de la fenêtre, non loin d’elle. « Oh, salut toi ! » En un cuicui elle eut l’impression d’entendre l’oiseau la saluer en retour. C’était quelque chose qu’elle avait remarqué dernièrement. C’était comme si quand un oiseau piaillait à côté d’elle, elle était capable de l’entendre parler réellement. « Joli temps pour voler. J’étais justement en train de me demander si je n’allais pas faire de même. » Dit-elle à voix haute, comme si elle entretenait la conversation avec le joli oiseau bleu et jaune. « Et pourquoi pas? »Crut-elle s’entendre répondre. « Oui, pourquoi pas. » Répondit-elle, songeuse. Elle arrivait plutôt bien à gérer sa capacité à se transformer en oiseau puis à redevenir humaine. Voler ne lui donnait plus autant le tournis que l’année dernière et elle était maintenant beaucoup moins nauséeuse quand elle se retransformait. Alors, qu’est-ce qui la retenait ? La déception de devoir voler toute seule, sans Harriet ? « Tu me tiendrais compagnie ? Je viens qu'à cette condition. » Demanda-t-elle à la mésange, se prenant au jeu de parler à l’oiseau.

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— Allez, je compte et vous vous cachez, déclara Adrian à l'attention de trois première année qui avaient eu le malheur d'avouer que ce dimanche était bien trop long pour être supportable.

Sûrement qu'ils auraient préféré quelque chose d'autre à faire, quelque chose d'un peu plus motivant qu'un jeu d'enfants mais faute de mieux, ils avaient accepté et à peine avait-il fermé les yeux qu'il avait entendu leurs pas détaler dans les escaliers. Et après on irait prétendre que les fantômes n'y mettaient pas du leur et qu'ils restaient souvent entre eux plutôt que de se mêler au reste des élèves ! Que des salades ! Lui donnait même de sa personne pour les divertir ! S'il commença à compter bel et bien, il perdit vite le fil et se retrouva à discuter de la pluie et du beau temps avec le portrait de Lady Susan qui était accroché un peu plus haut dans le couloir. Elle s'était gentiment moquée en l'entendant répéter deux fois « soixante-quatre » et était à l'origine de son abandon. Les mômes s'en rendraient sûrement pas compte, de toute façon, ils devaient être à l'autre bout de l'école à l'heure qu'il était ! Comme il pouvait traverser les murs, il avait été décidé qu'il n'aurait que vingt minutes pour les retrouver et que celui qui serait retrouvé le premier devrait compter le tour suivant. Ils n'avaient pas eu l'air de réaliser que s'il voulait vraiment se cacher, lui, ils ne le retrouveraient jamais... Mais peu importait.

— Je crois que c'est bon, là, non ?
— Ils doivent même être en train de craindre d'avoir été oubliés, si je peux me permettre.

L'adolescent gloussa bêtement avant de hocher la tête l'air de dire « d'accord, c'est bon, j'y vais ! ».

— Deux cent cinquante ! Prêts ou pas, j'arrive !

Un dernier regard en direction de la toile qui lui offrit un sourire immense et amusé puis il haussa les épaules avant de s'éloigner dans le couloir. En toute logique, il supposa qu'ils avaient choisi des trucs chiants pour les vivants... donc soit ils avaient grimpé toutes les marches des plus hautes tours dans l'espoir de le décourager à y aller... soit ils s'étaient terrés dans les cachots en imaginant qu'il ferait tous les étages avant d'y arriver. Mais comme ils n'étaient pas à Serpentard et que les première année étaient souvent un peu froussard, il jeta son dévolu sur les hauteurs. Il ne les imaginait pas du tout s'enfoncer dans les profondeurs de l'école, là où ils couraient le risque de tomber sur un van Aken de mauvais poil et quelques rats, disait-on, de la taille d'un poney. Aussi il ne perdit pas de temps et traversa distraitement le plafond... puis un autre et encore un autre... Il commencerait du plus haut et tenterait tant bien que mal d'aller au plus bas dans le temps qui lui était imparti. Ou, en tout cas, ça avait été le plan de base... parce qu'aussitôt arrivé au niveau d'une des plus hautes tours de l'école, il ne put que reconnaître la tignasse rousse de Lilith, la meilleure amie de sa sœur, assisee sur le rebord d'une fenêtre. Il l'avait vue toute gamine, comme ceux qui étaient sûrement en train de se planquer dans un placard en espérant qu'il n'en connaîtrait pas l'existence... et aujourd'hui, elle avait désormais son âge. C'était vraiment bizarre de voir les gens grandir, vieillir, partir... et de rester là, éternellement le même. C'était déprimant.

— Tu me tiendrais compagnie ? Je viens qu'à cette condition.

Il jeta un coup d'oeil autour de lui mais il n'y avait personne... et personne ne pouvait l'entendre parler si bas depuis le parc, c'était impossible. Est-ce qu'elle avait un ami imaginaire ? C'était tout à fait le genre de personne qui en était capable. Honnêtement, ça ne l'aurait même pas étonné, en réalité. Durant une seconde, il hésita à la laisser tranquille et à retourner chercher ses petits... mais il abandonna bien vite l'idée et se rapprocha silencieusement d'elle pour ne pas lui faire peur et vint s'accouder à la fenêtre où elle s'était installée. Le parc de Poudlard en automne était toujours un spectacle magnifique.

— Tout va bien, Litchi ? Tu parles toute seule...?

C'était le surnom débile que sa sœur lui avait donné... et il fallait bien reconnaître qu'il l'avait rapidement adopté. C'était stupide au possible mais ça flattait sa flemme de ne pas avoir à en chercher un lui-même...

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A côté d’elle, l’oiseau piaillait joyeusement et Lilith avait l’impression de le comprendre. C’est comme s’il l’invitait à venir voler avec lui et à laisser ses tracas de côté, ce qui était exactement ce dont elle avait besoin. La rentrée de cette année était pesante (comme d’habitude au final) et couplé au stress de cette cinquième année qui s’annonçait, Lilith avait l’impression d’être une bombe à retardement. La pression montait en elle régulièrement par vagues et c’était un sentiment qu’elle ne savait pas encore très bien gérer. La perspective de prendre son envol par la fenêtre et de laisser ses soucis au château l’espace de quelques minutes était quand même assez tentante. Persuadée que l’impression de comprendre ce que pouvait lui dire un oiseau était causé par son imagination, elle se prit au jeu de lui répondre. Au moins, cela l’occupait et comblait la solitude qu’elle ressentait aujourd’hui. Elle aurait pu facilement trouver des gens avec qui passer la journée, mais l’humeur n’était pas de la partie. Et elle ne s’était pas particulièrement épanchée sur sa capacité à se transformer en oiseau, même auprès de sa meilleure amie. Elle savait que ça ne servait à rien de retarder l’échéance, que Murphy serait heureuse pour elle, mais pour une raison qu’elle ne s’expliquait pas, elle n’arrivait pas à passer le pas. Peut-être qu’au fond, elle était contente de savoir qu’elle avait ce truc pour elle ?

Elle pensait être seule, mais la voix qui retentit à côté d’elle la surpris. Au moment où elle tourna la tête vers le spectre du frère de sa meilleure amie, l’oiseau s’envola précipitamment et elle eut l’impression d’entendre quelque chose comme « Sauve qui peut ! ». Elle fronça les sourcils. Elle avait imaginé ça aussi ? « Oh, salut Adri ! Non, je parlais à … » commença-t-elle spontanément mais quand elle regarda dans la direction de la mésange, elle se rappela qu’elle venait de s’envoler. « Oui bon, tu vas me prendre pour une folle comme d’habitude. Mais je parlais à un oiseau. Enfin je crois. Tu ne l’aurais pas entendu dire quelque chose quand tu es arrivé ? » Lilith savait pertinemment qu’elle était perçue comme quelqu’un d’assez étrange et perchée dans son genre. Elle essayait, dans la mesure du possible, de faire attention à ne pas laisser son naturel tête en l’air prendre le dessus au quotidien, mais la fratrie Leonhart était les seules personnes avec qui elle pouvait vraiment dire tout ce qui lui passait par la tête sans avoir l’impression de paraître complètement tarée. « Laisse tomber, ça doit pas s’améliorer là-haut. » Conclut-elle en pointant vaguement son doigt vers son crâne. Adrian saurait forcément ce qu’elle voulait dire par là. En sa qualité de frère de sa meilleure amie, il connaissait Lilith depuis son entrée à Poudlard et l’avait vu grandir. Il était donc parfaitement au courant de ses petits problèmes de mémoire. « Et toi, ça va ? Tu trouves pas que la rentrée est encore super bizarre cette année ? Ça va faire plus d’un mois qu’on est revenus mais je trouve que l’ambiance est super naze. Pas toi ? » Il n’y avait pas une année qui pouvait se dérouler sans un problème majeur. Et là, il n’était pas des moindres. Une camarade avait été retrouvé morte le jour-même de la rentrée. Si c’était pas glauque ça.

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Si Adrian s'était attendu à trouver quelqu'un là-haut, force était de constater que ça n'était pas vraiment ce qu'il avait imaginé. Au lieu des quelques gamins gloussant et mal planqués qui auraient dû se terrer dans un coin des hauteurs, certains qu'il ne les repéreraient jamais, c'était Lilith qui occupait les lieux, installée contre le rebord de la fenêtre, bavassant le plus normalement du monde avec quelqu'un qu'il ne voyait pas. L'adolescent aurait aimé prétendre qu'il était étonné... mais non, pas vraiment... C'était Lilith, après tout ! Et si c'était sûrement la gamine – l'était-elle encore vraiment, dans le fond ? – la plus adorable qu'il ait rencontrée un jour, c'était sûrement la plus étrange également. Pas dans le mauvais sens du terme, pas du tout, mais elle était un peu surprenante, quand même. Quand on ne la connaissait pas, elle avait l'air un peu idiote, là, à toujours donner l'impression de débarquer, à ne jamais se souvenir de rien... et puis, avec le temps, on finissait par comprendre que ça n'était pas le cas, que les choses étaient peut-être un peu plus compliquées qu'elles en avaient l'air.

— Oh, salut Adri ! Non, je parlais à…

Son regard se fit plus insistant, comme pour l'inciter à continuer. Elle parlait à...? Parce qu'il n'était pas fou, il n'y avait strictement personne dans le coin. Il s'approcha discrètement et vint s'appuyer à son tour contre le bord de la fenêtre. ...enfin, autant qu'un fantôme pouvait s'appuyer quelque part, tout du moins. C'était fou comme il avait rapidement pris l'habitude d'imiter les vivants quand il était auprès d'eux. Il « marchait », il « s'asseyait », il prenait la peine de passer les portes... Comme pour s'accrocher à cette existence palpable qui lui avait échappé.

— Oui bon, tu vas me prendre pour une folle comme d’habitude.

Un claquement de langue réprobateur lui échappa alors qu'il levait les yeux au ciel. Genre il avait l'habitude de la prendre pour une folle ! Peut-être qu'au tout début, il s'était demandé ce que sa sœur pouvait bien trouver à cette illuminée... et peut-être qu'il avait cru qu'elle s'était échappée de l'asile... Mais ça avait pas duré longtemps et il avait rapidement pris le pli de sa frangine et vu celle-là comme la deuxième, à peu de chose près. C'était la famille. Et la famille, on la prenait pas pour une tarée... Même si parfois il aurait fallu, il n'y avait qu'à voir Murphy !

— Mais je parlais à un oiseau. Enfin je crois. Tu ne l’aurais pas entendu dire quelque chose quand tu es arrivé ?
— Euh... non...? J'ai pas vu d'oiseau, non. Mais j'imagine qu'il aurait fait « cuicui » ? Pourquoi, c'est pas ce qu'il t'a dit ?

S'il y avait une pointe de taquinerie dans sa voix, la question n'en demeurait pas moins sérieuse. Après tout, peut-être qu'elle avait halluciné ou entendu des voix ou n'importe quoi d'autre du genre ? Et même pour les sorciers, c'était rarement très bon signe...

— Laisse tomber, ça doit pas s’améliorer là-haut.
— T'es sûre ?

Parce que si elle avait besoin de parler à quelqu'un de ses conversations avec un oiseau invisible, il était prêt à l'écouter, hein ! Il n'était pas convaincu d'y comprendre grand chose mais il était prêt à faire l'effort d'essayer ! Et tant pis pour les gamins toujours planqués il ne savait trop où... au pire, ils râleraient contre ces fantômes qui les prenaient de haut et qui les laissaient moisir dans un placard pendant des heures sans jamais essayer de les trouver ! C'était un risque qu'il était prêt à courir.

— Et toi, ça va ?

Fidèle à ses habitudes, Adrian hocha la tête, ses boucles blondes s'agitant vaguement à son geste.

— Toujours, ouais.

Enfin... toujours dans la mesure du raisonnable. Plus ou moins... Mais aujourd'hui, c'était plutôt un jour avec, même si l'ennui ne le lâchait pas beaucoup. Après tout, il ne lâchait pas trop les vivants non plus alors il ne se sentait pas vraiment en décalage. Et ça, ça faisait plaisir !

— Tu trouves pas que la rentrée est encore super bizarre cette année ?

Cette fois, il haussa les épaules. Bah... non ? enfin peut-être un peu ? Il n'était pas très sûr. C'était Poudlard, hein. C'était toujours super bizarre. Mais il n'avait pas l'impression que ce soit le pire qu'ils aient pu connaître. Est-ce que c'était le calme qui faisait qu'elle trouvait ça louche ? Peut-être. Et si on le prenait dans ce sens-là, alors oui, c'était super bizarre. On attendait qu'il se passe un truc sans réussir à savoir ce qui était censé se passer... mais en imaginant le pire, évidemment, c'était Poudlard.

— Ça va faire plus d’un mois qu’on est revenus mais je trouve que l’ambiance est super naze. Pas toi ?
— Meuf, je passe le plus clair de mes journées avec Mimi, évidemment que je trouve que l'ambiance est super naze, rappela-t-il dans un rire un peu idiot. Il ne le pensait pas vraiment, en plus, c'était une chouette fille quand on prenait la peine de se défaire de l'image de chouineuse qu'elle renvoyait au premier abord. Il retrouva son sérieux presque dans la seconde et posa sur la Poufsouffle un regard un peu inquiet. Est-ce que ça va ? T'as pas l'air dans ton assiette... C'est ton piaf qui t'a dit des vacheries ? Tu veux que j'aille en faire des nuggets ?

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Lilith ne s’attendait certainement pas à avoir de la compagnie en haut de cette tour. C’était un endroit qui était relativement déserté en journée. Parfois occupé la nuit par quelques fondu d’astrologie mais le temps était assez bon en cet après-midi d’octobre pour que les écoliers préfère la pelouse du parc aux hauteurs des tours. Ce qui arrangeait Lilith. Elle ne se voyait pas tomber sur un de ses camarades et devoir feindre de s’intéresser à sa vie alors qu’elle avait l’impression de se faire engloutir par ses propres angoisses et ses problèmes. Néanmoins, ce n’était pas n’importe qui qui c’était arrêté pour voir si elle allait bien. C’était Adrian, le frère de Murphy qu’elle considérait un peu comme son propre frère. Elle était donc soulagée que ce soit lui et personne d’autre qui la prenait sur le fait en train de parler à un oiseau. Il la connaissait assez pour ne pas la prendre pour plus folle qu’elle n’était alors même qu’elle parlait seule à une fenêtre ouverte.

Adrian s'empressa de la saluer et de lui demander si tout allait bien, sentant sans doute que quelque chose clochait sûrement pour que Lilith se retrouve toute seule ici. Il savait pertinemment que les hauteurs et elle, ça faisait deux. Et il savait aussi très bien que ce n’était pas dans les tours qu’il la trouvait habituellement. Elle n’eut aucun mal à lui avouer qu’elle avait eu l’impression qu’elle était en train de communiquer avec un oiseau. Il ne sembla pas recevoir la nouvelle d’un mauvais oeil. Il sembla surpris, essaya d’instaurer une atmosphère plus détendue en instillant son ironie. Lilith décrocha un petit sourire timide. Elle ne voulu pas pousser le sujet plus loin, de peur de passer pour complètement tarée. Pour autant, Adrian lui laissait la porte ouverte pour parler si elle avait besoin. Elle hésita. De toute évidence, elle en avait gros sur le coeur. Cette rentrée était loin d’être idéale et voilà qu’elle avait l’impression de pouvoir parler aux animaux… Elle hésita encore quelques secondes avant de sauter sur un autre sujet, lui demandant si tout allait bien de son côté. Elle n’hésita pas à lui faire remarque que la rentrée était naze cette année encore, mais cela ne semblait pas perturber plus que cela le fantôme. Murphy et lui avaient de toute façon un rapport à la mort assez particulier.

Elle lâcha un petit rire lorsqu’il mentionna Murphy, sachant pertinemment qu’il ne pensait pas un mot de ce qu’il disait concernant sa soeur. Muffin était la personne la plus cool que Lilith connaissait. C’était la première personne à l’avoir prise sous son aile alors que la rouquine n’était qu’une première année perdue qui devait se détacher de son frère qui vivait déjà sa meilleure vie à Poudlard. Sans Murphy, Lilith n’en serait certainement pas là où elle en était aujourd’hui. Dans le fond, elle en devait beaucoup à la famille Leonhart d’avoir pris aussi bien soin d’elle.

L’horreur se plaqua sur son visage plus vite qu’elle ne put le maitriser quand Adrian proposa, pour plaisanter, de transformer la mésange en nuggets. Pour une raison qu’elle ne s’expliquait pas vraiment, elle prit cela un peu trop à coeur. « Oh non non, il n’a rien fait. Il était juste là et … » Elle se coupa, réalisant un peu tard que de toute façon, en sa qualité de fantôme, Adrian ne pourrait pas vraiment faire du mal à un oiseau même s’il le voulait. « Excuse moi. Je crois que je suis juste un peu tendue. Et y a un truc que j’ai pas dit à Murphy… Tu jures de pas le lui répéter tant que je ne lui en aurait pas parlé moi-même ? » Demanda-t-elle sur un ton très sérieux. « Je crois que je comprends vraiment ce que disent les oiseaux. Genre quand ils parlent, ça a vraiment un sens, je n’entends pas que « cuicui ». Avant que tu ne rentres, il y avait une mésange avec moi sur le rebord de la fenêtre et … Elle me proposait de venir voler avec elle. » Lilith détourna le regard, les joues soudainement rouge. Elle avait l’impression que ce qu’elle débitait n’avait pas de sens, comme si elle inventait une histoire pour mettre un peu de piment dans sa vie. Pourtant elle était sûre qu’elle n’imaginait rien ! « Et en fait … C’est aussi parce que depuis plusieurs mois … Eh bien en fait … Je suis devenue animagus et je peux me transformer en oiseau. Donc je crois sérieusement que les deux sont liés. » Avoua-t-elle en fixant ses mains qu’elle triturait dans tous les sens. « Ca sonne carrément dingo venant de moi, non ? Tu m’imaginerais, moi, voler ? » Demanda-t-elle finalement à Adrian en essayant d’user un peu d’humour. Elle ignorait comment son ami le prendrait mais elle était sûre d’une chose : elle pouvait faire beaucoup mieux pour avouer ce genre de chose. « Mais c'est pas quelque chose que j'arrive encore pleinement à assumer ... La preuve, j'en ai encore rient dit à Muffin... » Finit-elle d'avouer, plus dépitée qu'elle ne le voudrait.

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