[Table n°2] Eléonore & Sidney

cap ou pas cap...?

Tout Pré-au-Lard s'était plié en quatre pour offrir aux élèves de Poudlard la meilleure soirée de l'année. Les ruelles du village étaient décorées de citrouilles et autres squelettes ensorcelés qui s'amusaient à faire sursauter ceux qui avaient le malheur de passer près d'eux, les habitants ouvraient volontiers leurs portes à ceux qui se risquaient à sonner pour obtenir quelques bonbons et la grand-place avait été métamorphosée en piste de danse dont le sol était recouvert d'un brouillard aux couleurs changeantes. Chacun pouvait se promener à sa guise dans les limites de la bourgade, organiser sa soirée comme il l'entendait pour un peu qu'il respecte le règlement et ne fasse pas de vagues... L'ambiance était à la détente et à la liberté.

Au milieu d'une ruelle un peu à l'écart de l'agitation, seulement indiquée par des flèches sans indication disséminées ici ou là, un stand attendait les élèves. Des petites tables étaient regroupées deux par deux, sur lesquelles étaient posées six boîtes noires, trois de chaque côté. Dès que quelqu'un s'approchait d'un peu trop près pour voir de quoi il s'agissait, un vieux monsieur dont le chapeau haut-de-forme aurait pu faire partie d'un déguisement de mauvais goût l'arrêtait et agitait sous son nez un petit seau un peu kitch en forme de citrouille.

— Alors... on est courageux, ce soir...?, leur demandait-il d'une voix traînante qui faisait un peu froid dans le dos. Si c'est le cas, tu tires un numéro et tu vas rejoindre la bonne table avec le copain. C'est pas compliqué, vous mettez vos mains dans les boîtes et vous récupérez les pièces du puzzle.

Son accent bourru maltraitait un peu les mots mais l'essentiel restait des plus clairs... Sur quoi il tapotait une affiche accrochée au montant de son stand : les gagnants auraient la chance de repartir avec dix kilos de bonbons choisis par leurs soins dans les rayonnages d'Honeydukes et pourraient aller visiter la fabrique lors d'un prochain week-end.

Et vous, courageux, vous avez décidé de l'être puisque vous avez récupéré un papier dans le seau-citrouille et que vous vous êtes approchés d'une table. Face à votre camarade, tous les deux dans la même situation, il va falloir vous serrer un peu les coudes et vous soutenir l'un l'autre si vous voulez récupérer la récompense... Alors bon courage et surtout, ne réfléchissez pas à ce qui se passe sous vos doigts...

Explications

Concrètement, qu'est-ce qui vous attend ? Alors déjà, qu'on soit d'accord, il n'y a rien de dangereux... mais l'imagination de vos personnages n'est pas nécessairement au courant.

Comme souvent, tout va se jouer au dé !

Merci de prendre les boîtes dans l'ordre histoire qu'on s'y retrouve facilement, de respecter le nombre de chances indiqués à côté et de ne faire qu'un lancer de dé par post.

Et si l'un des deux finit bien avant l'autre, il peut venir filer un coup de main à son coéquipier pour aller plus vite... après tout, c'est une course. Brooklyn

Les RPs courts (150 mots minimum) sont autorisés pour cette animation.

Citation :: Boîte n°1 : c'est gluant, un peu froid, mais vous n'avez pas l'impression que ça bouge, c'est toujours ça...
(Chances de trouver la pièce : 3)

Boîte n°2 : plus vous plongez la main, plus ça vous « griffe » légèrement, plus c'est « piquant », ça a l'air posé sur du sable ou quelque chose comme ça...
(Chances de trouver la pièce : 2)

Boîte n°3 : c'est définitif, ça bouge... vous sentez que ça vous grimpe dessus, ça grouille sous vos doigts... brrr, ça donne pas envie...
(Chance de trouver la pièce : 1)

Si vous avez des questions, n'hésitez pas à venir nous trouver ! Et si vous avez envie de vous plaindre de votre coéquipier, vous pouvez aller le faire auprès de Carla, c'est entièrement sa faute. sifflote

Et pour ce qui est du gif... il n'a aucun rapport mais il était trop mignon alors tant pis...

@Eléonore G. Wright & @Sidney Driscoll

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Cap ou pas cap

Déguisée en dame blanche, ce qui allait parfaitement avec ses cheveux très clairs et son teint de porcelaine, Léo déambulait dans Pré au Lard, entre joie de se trouver là et déception de ne pas s’y trouver avec Charles. Elle avait invité le garçon, il lui avait dit oui, mais ce matin, il avait été terrassé par un mauvais rhume. Rien de surprenant pour la saison et il serait sur pieds dans deux jours avec la Pimentine qu’on lui avait donnée. Elle était juste déçue qu’il ne puisse pas être là et légèrement inquiète de ce que cela pouvait signifier. Est-ce qu’il n’avait pas eu envie de venir au dernier moment ? Est-ce qu’il regrettait de l’avoir invitée au bal de fin d’année ? Trop de questions complexes pour sa petite tête et elle se mit plutôt en tête de récupérer assez de bonbons pour tuer un diabétique. Ce fut comme cela qu’elle passa dans une petite rue avec un stand qui attira son regard. En soi, cela ne payait pas de mine, mais il suffisait qu’on la défie d’être courageuse pour qu’elle ait une furieuse envie de s’y précipiter. Elle s’avança, intéressée et regarda le prix, les yeux brillants. Dix kilos de bonbons, c’était bien assez pour en envoyer à Louise et en ramener à Charles. Voilà comment elle se retrouva à tirer un papier avec le numéro 2 et se rendre à la table où se trouvait déjà un garçon qui n’avait pas vraiment l’air de savoir ce qu’il faisait là. Elle l’observa sous son costume avant de réaliser qui il était et elle s’exclama un peu plus joyeusement

- Tu es Sidney !

Elle lui tendit aussitôt la main pour le saluer, tout sourire

- Je suis Eléonore, une amie de Charles. Je suis ravie de te rencontrer. Si tu es son ami, c’est que tu dois être sympa.

Trop d’enthousiasme, trop d’informations, trop de quelque chose, en tout cas, le pauvre garçon ne parut pas rassuré à la fin de son discours. Elle ne savait pas s’il était maussade, agacé ou s’il appréhendait l’activité, en tout cas, cela ne semblait pas entièrement positif comme émotion. Ce qui aurait probablement dû rappeler à Léo qu’il fallait qu’elle cesse d’agresser les gens sous un flot de paroles quand elle les rencontrait. Elle regarda les boîtes devant eux et se positionna devant la première, l’air sereine. L’adrénaline, c’était son truc, elle n’avait peur de rien, du moins elle aimait le penser, et l’idée de plonger sa main dans un truc non identifié ne la perturbait pas réellement. Puisque Sidney n’esquissait pas un geste, elle déclara joyeusement

- Les dames d’abord !

Et elle plongea sa main sans tenir compte de la protestation un brin effrayé du garçon et frissonna en rigolant légèrement. La sensation était bizarre. C’était froid, gluant, un peu comme de la gelée, même un chouïa poisseux peut-être, mais pas collant, ni vivant

- Erk, c’est gluant.

Elle se pencha pour plonger le bras plus profondément et à force de fouiller, elle en ressortit une pièce d'un geste triomphant

- Tadaaaaam !

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'Le Hasard' : 5

Cap ou pas cap
...clairement pas cap...

ft. @Eléonore G. Wright & Sidney Driscoll

Je lui ai pas dit que j'avais changé d'avis, que je voulais bien tenter cette soirée comme il avait tenté celle de Noël, l'an dernier... sûrement parce que j'avais pas envie de me rendre compte que lui aussi avait changé d'avis et qu'il aurait préféré être tranquille avec Eléonore. Après, j'ai pas l'intention de les coller bien longtemps, juste de passer faire coucou, qu'il réalise qu'il est pas le seul à se dépasser un peu pour faire plaisir... mais depuis qu'on a quitté Poudlard, je ne l'ai pas croisé une seule fois. Je le cherche des yeux à chaque groupe qui passe mais non, rien... La déception est assez violente. J'aurais dû me contenter de mon idée première et de rester à Serdaigle pour faire mes devoirs ou m'occuper tranquillement... Au lieu de ça, je suis là à errer comme un crétin avec deux triangles de feutrine sur la tête et un boudin de tissu ensorcelé qui bat la mesure accroché à la ceinture de mon jean noir... Franchement, ça fait pitié. J'ai fait avec les moyens du bord et ma motivation et ça se voit. Sûrement que c'est mieux qu'il n'assiste pas à ça, dans le fond... Mais en même temps... je le vis mal. Je sais pas quoi penser et mon imagination multiplie les scénarios possibles de la soirée géniale qu'il doit passer avec sa copine pendant que j'espère encore comme un con les croiser au détour d'une ruelle. Et à chacun d'eux, le poids dans mon estomac se fait plus lourd. C'est pas tant qu'il passe la soirée avec elle qui pose problème, je veux dire, il fait ce qu'il veut et puis c'est cool s'ils se rapprochent et tout... c'est juste que... je crois que je l'envie un peu. Là où ma vie ressemble plus à rien, la sienne a l'air parfaite. Je sais que je devrais pas mais c'est plus fort que moi. Dès qu'il prononce son nom, qu'il l'écrit ou quoi, je suis à deux doigts de crise d'urticaire. Je me retrouve à suivre un groupe sans vraiment le voir, marchant dans leurs pas, la tête ailleurs, sans m'en rendre compte. Est-ce que j'aurais dû demander à Bella de m'accompagner pour éviter ce genre de soirée pourrie...? Peut-être... mais en même temps, elle donne jamais signe de vie quand je le fais pas d'abord, j'ai l'impression de la soûler plus qu'autre chose... J'ai pas envie de forcer. Si elle a envie qu'on se revoie, j'imagine qu'elle saura le dire... je sais pas trop... Je reviens à la réalité seulement quand un vieux m'agite sous le nez un seau d'un air impatient. J'ai pas suivi. Je sais pas du tout ce qu'il se passe, ce que je suis censé faire... Le groupe se disperse autour de petites tables avec un numéro... alors je me risque bêtement à en attraper un aussi. Le numéro 2. Il me fait signe d'aller m'installer d'un geste de la tête et je hoche la mienne, penaud. Je me dis que ça occupera au moins cinq minutes, quoi qu'il s'agisse. Je m'arrête devant la bonne table et fixe les boîtes qui sont devant moi. J'ai envie d'ouvrir pour voir ce qu'il y a dedans mais personne n'y touche alors...

— Tu es Sidney !

Je sursaute en entendant mon nom et relève brusquement la tête vers une fille qui s'est installée de l'autre côté de la table. Je l'ai pas vue arriver...

— Je... euh... Oui...

Avec le déguisement, je tilte pas tout de suite... Il me faut bien quelques secondes pour remettre son visage, son nom, sa maison, tout... J'ai du mal à encaisser le truc. Mon regard cherche bêtement Charles dans les environs, mais toujours pas. Je comprends pas. Si elle est là... il devrait y être aussi... non...? Je dois avoir l'air particulièrement stupide parce qu'elle se sent obligée de se présenter :

— Je suis Eléonore, une amie de Charles.
— Je sais.

Je réalise un peu tard que c'est pas très engageant comme façon de faire... et que même si je prie très fort pour qu'elle se soit plantée de table et qu'elle reprenne son chemin très vite, elle mérite pas que je me montre désagréable. Elle m'a rien fait.

— 'Fin... j-je veux dire... Charles m'a parlé de toi.
— Je suis ravie de te rencontrer. Si tu es son ami, c’est que tu dois être sympa.

Ou qu'il a des goûts douteux. À cet instant précis, alors qu'elle tend la main dans ma direction, je pense que c'est plutôt ça. Je fixe ses doigts tendus. Sérieusement...? J'ai pas envie de faire genre d'être son ami. Je l'aime pas, cette fille. Enfin... non, je la connais pas mais... j'ai pas envie de la connaître. Je me résous quand même à serrer sa main dans la mienne.

— Mais je... je croyais que...

Que vous viendriez ensemble, genre. Parce qu'il me l'a écrit noir sur blanc. Et qu'il n'aurait aucune raison de mentir là-dessus. Pourtant, ma phrase n'a aucune fin et je finis par secouer la tête, un sourire aussi crispé que désolé étirant faiblement mes lèvres.

— ...laisse tomber.

Ce sont pas mes affaires. Si ça se trouve ils se sont engueulés ou je sais pas quoi. Ce qui expliquerait pourquoi il y en a un et pas l'autre... et pas le bon, surtout... J'ai l'impression d'être un ami horrible en réalisant que je trouve cette idée moins pesante que tous les bons scénarios que j'ai envisagés sur le chemin. Je suis le pire des potes, en fait. Tu m'étonnes que j'en ai pas ! Qui voudrait d'un qui se réjouit des trucs pourris qui peuvent arriver ? Après, c'est pas vraiment que je m'en réjouis c'est... je sais pas. Sûrement que je me dis qu'au moins je serai pas le seul à pas avoir vécu la meilleure des soirées... Je suis un monstre en fait. La culpabilité se fait aussi lourde que le soulagement. Quand tout le monde est installé, on donne le top départ. Je sais toujours pas ce qu'on est censés faire. Autour de nous, certains semblent hésiter un peu, ça m'aide pas...

— Les dames d’abord !

Sur quoi elle fourre sa main dans la première boîte face à elle. Je la regarde en hoquetant. Attends... Quoi ? Je... je veux pas faire ça. Je sais même pas ce qu'il y a là-dedans ! Elle, ça a pas l'air de la gêner puisqu'elle rigole.

— Erk, c’est gluant.

J'étouffe un couinement désespéré en regardant ma propre boîte. Putain, qu'est-ce que je fous là ?! Je savais que c'était la pire idée du monde, que les trucs organisés par l'école c'est l'enfer... J'ai testé la dernière fois, on a vu comment ça a fini ! Bah là, ça a l'air encore pire... Je me retrouve sans mon ami, à me farcir une fille dont la simple existence me file des angoisses et comme si ça suffisait pas, je dois jouer à « tripote un machin que tu vois même pas » ?! Je crois que je vais décéder. C'est la pire soirée du monde. C'est la pire année du monde en réalité. J'aurais jamais dû refoutre les pieds ici. Après un temps qui me semble infini, elle finit par ressortir la main du truc en brandissant fièrement une pièce de puzzle. Tout ça pour ça...? Pitié, achevez-moi...

— Tadaaaaam !
— Waw, bravo, je lâche péniblement en comprenant que je vais devoir faire pareil...

Il me faut rassembler un courage incroyable pour réussir à mettre ma main dans le trou. Je gémis pitoyablement en sentant un truc gluant entrer en contact avec le bout de mes doigts. Je suis pas du genre à refuser de me salir ou quoi, je m'en fiche... mais j'aime pas pas savoir... surtout pas dans une école qui nous a humilié pendant un an... et qui aurait pu nous tuer plus d'une fois... j'ai pas confiance.

1, 2 & 3 : C'est un petit miracle, autant le dire, mais j'ai qu'à plonger la main dans ce truc dégueulasse pour sentir un truc plus dur. En moins de cinq secondes c'est bouclé et je sors la deuxième pièce de puzzle... Je suis à deux doigts de vomir, je vous jure. Je vais jamais réussir à aller jusqu'au bout de cette animation de merde...

4, 5 & 6 : Je prends sur moi, je vous promets... mais au bout de trois secondes à peine, j'ai l'impression que le gluant se met à bouger – sûrement mes propres mouvements mais faut pas trop m'en demander pour l'instant, mon neurone est hors service – alors j'arrache littéralement ma main de là en insultant tout bas tous les organisateurs du monde avec leurs idées moisies et leur volonté de filer des crises cardiaques aux gens qu'ont rien demandé.

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Cap ou pas cap

Venant d’une toute autre personne que Sidney, la première réaction aurait sans doute était suffisamment froide pour que Léo décide de ne pas donner suite. Là, cette réponse lui glissa comme de l’eau sur les plumes d’un canard, la jeune fille concluant que le Serdaigle était seulement aussi timide que Charles. Cela avait une logique et expliquait leur amitié. Il ne fallait donc pas qu’elle s’offusque de son côté réservé, tout était normal. De toute façon, Charles n’arrêtait pas de chanter ses louanges, elle savait que ce garçon gagnait à être connu, alors elle allait bien réussir à s’en faire un ami. L’idée ne lui effleura pas l’esprit qu’il puisse ne pas en avoir envie. Elle avait toujours réussi à sociabiliser et un échec n’était pas concevable. Son sourire s’élargit quand il lui dit que Charles avait parlé d’elle. C’était vrai ? Elle se demandait bien ce qu’il avait pu lui raconter.

- Je peux te retourner le compliment. Il m’a dit plein de choses sympas sur toi. J’suis contente de tomber à ta table !

Elle ne le fixa pas assez longtemps pour voir que lui, par contre, aurait manifestement préféré qu’elle soit partout ailleurs qu’avec lui. Une fois installée, elle lui tendit la main et vu le temps qu’il mit à la prendre, elle s’en voulut presque aussitôt, se demandant si comme Charles, il n’était pas rebuté par le contact des gens. De toute façon, elle n’osa pas poser la question, pour ne pas le mettre mal à l’aise. Il faillit lui dire quelque chose et se ravisa, retombant dans le silence. Après une seconde de battement, elle reprit, insensible à son malaise

- Je ne savais pas que tu serais ici, sinon, on serait venus tous les trois. Enfin, tous les trois … Charles est malade le pauvre. Heureusement que ce n’est qu’un rhume, mais il loupe la fête. Ca serait cool de gagner pour lui rapporter des kilos de bonbons, non ?

Il serait sûrement d’accord pour en mettre de côté pour Charles puisque lui aussi l’appréciait. Elle était déjà capable de les imaginer, revenant triomphant avec assez de bonbons pour tenir jusqu’à leur septième année. Dès que le top départ fut lancé, Sidney regarda autour de lui, légèrement perdu, alors que Léo se lança presque aussitôt. Cela aussi, ça ne l’étonna pas. Il ressemblait étrangement à Charles dans ses réactions, voilà pourquoi elle agit exactement comme si c’était son ami en face d’elle

- T’inquiète pas, ça ne fait pas mal et ce n’est pas dangereux.

Il lâcha un vague encouragement pour sa trouvaille avant de plonger sa main lui-même dans la boîte, avec l’air de celui qui avait envie de se trouver très loin d’ici. Léo passa une mèche de ses cheveux derrière son oreille, de sa main qui n’avait pas touché la boîte. Il n’avait pas l’air de s’amuser et elle ne savait pas quoi faire pour inverser la tendance. Elle se rapprocha de la deuxième boîte et lança

- Je fais les boîtes en premier, comme ça, tu sauras si tu peux y aller sans risque.

Elle fut incapable de dire si cela l’aidait en quelque chose ou si cela l’exaspérait. En tout cas, elle plongea la main dans la deuxième boîte, toujours sans l’ombre d’une hésitation. Puis, elle la retira aussi sec, avec d’abord une expression de surprise, puis de méfiance. Elle avait comme l’impression que cela l’avait griffé. Sentant le regard de Sidney sur elle, elle se justifia

- C’était piquant.

Elle regarda sa main qui n’avait pas la moindre écorchure, puis, après avoir haussé les épaules, elle la replongea dans la boîte

- J’imagine qu’ils ne peuvent pas nous estropier.

Cela griffait toujours un peu, mais maintenant qu’elle s’y attendait, ce n’était pas douloureux. Elle alla suffisamment profondément pour sentir une sorte de sable. Elle commença à essayer de creuser pour trouver la pièce suivante sans rien trouver pour l'instant

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Cap ou pas cap
...clairement pas cap...

ft. @Eléonore G. Wright & Sidney Driscoll

D'une manière générale, je trouve toujours à peu près ce que j'ai fait de mal pour comprendre pourquoi le karma s'acharne sur moi... mais ce soir, ça m'échappe. Je veux dire... depuis la rentrée, y'a rien qui va, déjà, et là c'est clairement la cerise sur le gâteau... Déjà Charles n'est pas là... et en plus il faut que je me retrouve à faire ami-ami avec sa copine. J'ai rien fait d'assez horrible pour mériter ça. …enfin... pas ces derniers temps... Je me rends bien compte que je suis pas un modèle d'amabilité avec elle alors j'essaye de me rattraper mais... ça reste pitoyable. On voit que j'ai pas envie d'être là. Moi, je le vois en tout cas. Elle... c'est une autre histoire. Son sourire s'agrandit quand je mentionne le Poufsouffle et je dois lutter pour pas lever les yeux au ciel. Ouais bah ça va, calme-toi, j'ai dit qu'il avait parlé de toi, pas qu'il avait que ton nom à la bouche non plus... Elle m'agace. Vivement qu'on fasse ce jeu, là, et qu'on fasse comme si on s'était jamais croisés.

— Je peux te retourner le compliment. Il m’a dit plein de choses sympas sur toi. J’suis contente de tomber à ta table !

Et là... je me sens particulièrement débile. Je détourne les yeux. Je sais que je vire écarlate. Ma main passe nerveusement dans ma nuque avant que je ne hausse les épaules, mal à l'aise.

— Euh... oui... c'est cool, je bafouille à mi-chemin entre le désespoir et la culpabilité.

J'ai conscience qu'elle est pas méchante. Et même qu'elle est sympa. Mais je sais pas, j'y arrive pas. C'est un peu sa faute si le peu qui tient encore dans ma vie prend une tournure foireuse... Parce que je me fais pas d'illusions, ils vont passer de plus en plus de temps ensemble et entre ça et ses responsabilités de préfet, on se verra plus ou quasi plus. J'ai bêtement envie de dire que « j'étais là avant » mais en vrai, je sais même pas. C'est pas parce qu'il n'avait jamais mentionné son existence avant qu'ils se connaissaient pas... Ils étaient peut-être juste... moins proches ? Je sais pas. Et dans le fond, j'ai pas envie de savoir.

— Je ne savais pas que tu serais ici, sinon, on serait venus tous les trois. Enfin, tous les trois… Charles est malade le pauvre.

Je relève la tête d'un geste brusque. Il est malade ? Mon cœur loupe un battement, le monde s'arrête de tourner.

— Qu'est-ce qu-

Mais les mots se coincent tout seuls. Je ne sais pas si elle m'a entendu ou pas, en tout cas, elle reprend le plus normalement du monde :

— Heureusement que ce n’est qu’un rhume, mais il loupe la fête. Ça serait cool de gagner pour lui rapporter des kilos de bonbons, non ?

Juste un rhume... J'ai l'impression de respirer à nouveau. Mais pourquoi il a rien dit...? Je serais jamais venu si j'avais su, je lui aurais tenu compagnie à l'école. Je comprends même pas ce qu'elle fout là, elle. Elle savait et l'a planté comme ça pour une fête pourrie ?! Mais qui fait ça, sérieux...?! Essaye de te rattraper avec tes bonbons, ouais... Néanmoins, je hoche la tête, les épaules alourdies d'un poids que j'avais pas prévu. Déjà que je me sentais pas à ma place à cette soirée, maintenant, je sais clairement que c'est le cas. C'est là-dessus que le jeu commence. Elle n'hésite pas une seconde à fourrer sa main dans la boîte juste parce que c'est ce qu'on lui a demandé. Moi, j'ai plus de mal. Faire ce qu'on me demande, en général, ça va... mais à Poudlard, c'est autre chose. On est jamais en sécurité, jamais à l'abri de rien ici...

— T’inquiète pas, ça ne fait pas mal et ce n’est pas dangereux.

Qu'est-ce qu'elle en sait, même ? Ok ça fait pas mal, mais si ça se trouve, elle va se retrouver avec des cloques de partout le lendemain parce que ce sera imbibé d'une potion quelconque... Mais, un peu à contre-coeur, je me risque à l'imiter et glisse à mon tour ma main à l'intérieur. Je sais pas si j'ai envie de vomir ou de chouiner. Ou les deux. Je déteste cette soirée, je déteste cette animation et je déteste cette fille qui a abandonné Charles malade à l'école. J'essaye de prendre sur moi mais je vis tellement mal ce moment que le moindre truc me semble insurmontable... et au bout de trois secondes, je ressors ma main de la boîte sans rien avoir attrapé, tremblant à moitié. Ils sont tarés, dans ce bahut ! Vraiment ! C'est inhumain de proposer des trucs comme ça ! Ils devraient pas avoir le droit ! …comme si ça les arrêtait d'avoir le droit ou non de faire un truc, même... Eléonore passe à la boîte d'à côté. Elle a l'air d'avoir fait ça toute sa vie, et ça la rend encore plus agaçante.

— Je fais les boîtes en premier, comme ça, tu sauras si tu peux y aller sans risque.

Une fois de plus, je hoche la tête mais j'ai envie de lui demander de me foutre la paix et d'arrêter de me considérer comme son pote... ou comme un môme. Je peux me débrouiller. Ok, ça se voit pas, mais quand même ! Elle met sa main dans la nouvelle boîte et la retire aussitôt, visiblement pas confiante. Je pense un « bien fait ! » que j'étouffe aussitôt. Ça se fait pas... mais c'est un juste retour des choses, non ? Elle peut pas juste fanfaronner et me prendre pour son petit, là, juste parce qu'elle est assez maso pour suivre l'école les yeux fermés.

— C’était piquant.
— Piquant ? je répète, pas très rassuré.

J'essaye de faire la liste des choses piquantes qu'on peut mettre dans une boîte mais elle est si longue et si peu rassurante que j'abandonne rapidement. Elle remet la main sans prendre la peine de se dire que Poudlard veut notre mort à tous et que c'est probablement pas l'idée du siècle.

— J’imagine qu’ils ne peuvent pas nous estropier.
— T'es sûre ?

C'est plus ironique qu'inquiet... parce que perso, je sais très bien que si, ils peuvent. Ils peuvent même tuer des gens dans un train sans que personne n'en soit inquiété, ou enfermer des enfants dans des cachots sans que ça leur attire plus de problèmes que ça... L'école est toujours ouverte après tout ce qui s'y est passé, alors juste ça, c'est la preuve qu'ils pourraient très bien nous estropier. Ça passerait pour un accident, on en parlerait vite fait dans la Gazette et la vie reprendrait son cours le plus normalement du monde. Mais, en même temps, j'ai pas envie qu'elle aille baver sur mon dos dès la fin du jeu en mode « bouhouhou ton pote est un gros naze qui a fait zéro effort alors que je voulais gagner pour toi »... Rien que d'y penser, ça me file la nausée. Elle me file la nausée. Alors je ferme les yeux très fort, j'essaye de penser à rien et je remets ma main dans le trou. C'est toujours gluant, c'est toujours dégueu' et c'est toujours l'angoisse totale...

1, 2 & 3 : … mais contrairement à tout à l'heure, j'arrive à farfouiller assez pour récupérer la pièce qui est cachée dedans. Je ressors vite la main avant de poser ma trouvaille à côté et de m'essuyer grossièrement sur mon pantalon. Bon, ça, c'est fait... Je jette un œil à Eléonore. Elle a dit que ça piquait mais elle a pas l'air de souffrir le martyr. Alors on respire deux secondes, on se calme, et on va tenter la suite. Sérieux, si je m'en sors, je trouverai un moyen de maudire les organisateurs de ce truc sur au moins cinquante générations !

4, 5 & 6 : … mais si j'arrive à tenir assez longtemps pour vraiment fouiller dans le gluant, rien à faire, je trouve rien. Je commence à réaliser que, pour cette boîte, il n'y a pas de danger immédiat, donc on va se détendre et continuer à chercher... Si y'a un truc, je vais le trouver. Juste pour pas qu'elle aille pleurnicher après...

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Cap ou pas cap

Le pauvre garçon vira écarlate quand Eléonore lui fit un compliment et elle se surprit à le trouver attachant, un peu comme Charles. Lui aussi avait quelque chose de charmant dans son côté réservé. Du moins, c’était ce qu’elle pensait à l’instant. Il répondit du bout des lèvres, sûrement parce qu’il ne savait pas comment interagir avec elle et elle ne relança pas pour ne pas le mettre plus mal à l’aise. Elle essaya même de meubler le silence avec son bavardage. Même si les circonstances qu’elle exposait n’étaient pas non plus sa grande joie. Charles enrhumé, cela rendait nécessairement sa soirée bien plus triste. Elle avait essayé de rester avec lui, mais il avait refusé catégoriquement, comme si elle était en sucre. Il ne le faisait pas souvent, notamment parce qu’elle détestait qu’il la traite ainsi. Mais là, il n’y avait pas eu moyen de parlementer. Dès que cela touchait à la santé, il était intraitable. Elle avait eu beau lui expliquer qu’elle était en rémission et donc en capacité de supporter un petit rhume, il l’avait éloignée de ses miasmes avec grandeur et héroïsme. Et elle se retrouvait là, aussi solitaire que la dame blanche dont elle avait le costume. Triste conclusion. Mais cela, c’était bien trop personnel pour qu’elle le raconte à ce garçon.

En tout cas, elle ne pensait pas apprendre une grande nouvelle à Sidney. En le voyant là, elle avait cru qu’il était seul aussi parce que Charles n’était pas là. Mais pour la première fois de la soirée, il semblait boire ses paroles, comme s’il s’y intéressait vraiment. Il la dévisageait et elle l’observa à son tour, comme pour essayer de lire dans ses yeux tout ce qu’il ne verbalisait pas. Peine perdue.

Chacun vaqua à ses occupations en silence, avec quelques remarques de sa part. Il réagit enfin quand elle déclara que la seconde boîte était piquante et elle acquiesça lentement, comme pour réfléchir à la meilleure description possible.

- Ce n’est pas douloureux et je n’avais pas de marque sur la peau, mais ça fait comme des griffures légères. Enfin, j’ai dû mal à le décrire, c’est étrange.

Elle haussa les épaules à sa question suivante. L’ironie était palpable et pas dénuée de sens. A Poudlard, il était quand même simple de se retrouver impliqué dans des événements dangereux et/ou douloureux.

- On serait encore sous Blackman ou Sorensen, je n’y mettais même pas mon petit doigt. Mais Monsieur Armitage est normal donc je dirais que j’en suis sûre

Chacun reprit les recherches quelques instants. Léo avait toujours considéré la franchise comme une qualité et savait parfois en faire preuve d’une manière totalement désarmante. A titre personnel, elle considérait que c’était un gain de temps et d’énergie pour tout le monde. Son interlocuteur n’avait pas à se torturer à essayer de comprendre ce qu’elle voulait dire et elle n’avait pas besoin d’analyser le comportement de l’autre à la recherche d’indice à interpréter, généralement de travers en plus. Voilà pourquoi au bout de longues minutes de quasi mutisme de Sidney, ponctué par des hochements de tête à des moments stratégiques, elle finit par lui demander, le plus naturellement du monde

- Je n’arrive pas à savoir si je suis celle qui te traumatise, si au contraire c’est l’activité, ou la conjonction des deux.

Après cette question, c'était elle sans aucun doute. Elle continua de farfouiller, tout en tout en pestant dans sa barbe qu'elle ne trouvait rien. Elle allait devoir bouger combien de grains de sable exactement pour réussir à passer à cette troisième boîte ?

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'Le Hasard' : 5

Cap ou pas cap
...clairement pas cap...

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Charles est malade. C'est quasiment la seule pensée qui arrive encore à se frayer un chemin dans mon esprit. Le reste compte plus vraiment. C'est stupide pourtant parce que je peux rien faire, qu'un rhume c'est pas grave, et qu'au pire je m'arrangerai pour le voir demain histoire d'être sûr qu'il va bien... mais non. La nouvelle a fait l'effet d'une bombe, apportant avec elle une culpabilité plus immense encore et, enfin, une raison de pas aimer cette Eléonore. Aucune amie digne de ce nom n'abandonne quelqu'un de souffrant. Même si c'est pas grave, même si c'est pas grand chose... Surtout pas pour une soirée comme celle-là ! Harriet a même loupé les cours pour rester avec moi, à la rentrée, quand j'ai pas pu rentrer en Histoire... alors que j'étais même pas malade et qu'elle aurait pu s'attirer des ennuis. Parce que c'est une vraie amie. Enfin... c'était... une vraie amie serait pas partie si facilement... pas au bout du monde... pas sans promettre qu'on se reverrait... Je balaye son abandon comme je peux, quitte à me rappeler que le Poufsouffle est coincé à l'école, peut-être tout seul puisque sa cavalière est là... Finalement, le top départ est donné et elle arrache le premier morceau de puzzle à sa boîte, comme si ça n'était rien du tout alors que je suis au bout de ma vie. La deuxième, parce qu'il y a une justice, est visiblement plus difficile pour elle. ...mais ça n'annonce malheureusement rien de bon pour moi.

— Ce n’est pas douloureux et je n’avais pas de marque sur la peau, mais ça fait comme des griffures légères. Enfin, j’ai dû mal à le décrire, c’est étrange.
— D'accord...

Je ne vois pas trop ce qu'elle veut dire mais ça ne me rassure pas pour autant. J'ai pas envie d'aller jusqu'au bout de cette animation stupide. Si c'est vraiment pour récupérer des bonbons à ramener à Charles, je suis prêt à filer tout ce qu'il me reste d'argent de poche pour le faire et ne plus jamais remettre la main dans ce truc gluant et dégueulasse !

— On serait encore sous Blackman ou Sorensen, je n’y mettais même pas mon petit doigt. Mais Monsieur Armitage est normal donc je dirais que j’en suis sûre.

Je relève prudemment les yeux vers elle. Une fille est morte. Et on s'est réveillés dans un truc bizarre organisé par Aylmer. Sérieusement, j'ai voulu y croire aussi mais en deux mois, ils ont ruiné tous mes espoirs que ça soit une meilleure année. J'espère juste qu'elle sera pas pire. Je me contente de hausser les épaules et reporte mon attention sur ma boîte qui refuse toujours de livrer ses secrets. Je replonge la main, fouille aussi bien que je peux mais rien à faire...

— Je n’arrive pas à savoir si je suis celle qui te traumatise, si au contraire c’est l’activité, ou la conjonction des deux.

Sa question me surprend. Je dis pas que je pense être discret dans le genre « je t'aime pas », parce que j'ai pas l'habitude de pas aimer les gens et encore moins de pas les aimer sans raison évidente mais... quand même ! Qui fait ça ? On s'est parlés trois secondes, dans tous les cas j'aurais jamais agi comme si c'était ma meilleure pote. Parce que je sais pas faire. Et puis j'en ai pas envie.

— On se connaît pas, je lâche dans un nouvel haussement d'épaules, et... et c'est la pire activité qu'ils auraient pu trouver.

Même si, au choix, j'aurais préféré l'activité avec quelqu'un d'autre qu'une autre activité avec elle... Et comme pour tenter d'abréger mes souffrances, je me mets littéralement à retourner le truc visqueux dans la boîte. Je glisse la main en dessous et fous tout en bordel...

1, 2 & 3 : ...et c'est efficace puisque j'arrive enfin à récupérer cette maudite pièce ! Le soulagement se lit sur mon visage avant de disparaître tout à fait quand je réalise qu'il me reste encore deux autres boîtes à fouiller...

4, 5 & 6 : ...et non, toujours rien... Je vais finir par croire qu'ils ont oublié de mettre un morceau de truc dedans en vrai ! Et vu comment cette soirée insupportable, ça m'étonnerait même pas que ça soit le cas, histoire qu'elle soit bien pourrie jusqu'au bout...

NOMBRE DE PIECES DE PUZZLE : 2/6

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'Le Hasard' : 3

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Cap ou pas cap

Eléonore essaya tant bien que mal de décrire ce que lui faisait ressentir la seconde boîte, mais elle devait bien reconnaître que ce n’était pas très concluant. Sidney, en gentille personne qu’il était, au lieu de lui dire qu’elle était tout sauf claire, répondit simplement d’accord, comme si son discours avait du sens. Quant à cette année, il haussa prudemment les épaules, sans relancer la conversation, ce qui finalement l’arrangea. Elle avait l’air plus jeune que son âge, les autres élèves ne soupçonnaient donc généralement pas qu’elle avait un an de plus et qu’elle avait redoublé suite à Blackman. Ce n’était pas plus mal, elle n’avait pas envie d’en parler, les trois quarts du temps. Elle était très forte pour étouffer les mauvais souvenirs.

Après encore de longs instants de silence, elle ne put s’empêcher de lui demander frontalement si elle ne le gênait pas, ce qui aurait justifié ce silence. Il parut surpris par son interrogation et l’observa une seconde comme si cette dernière phrase achevait de la rendre particulièrement étonnante à ses yeux. Léo observa Sidney qui lui répliqua qu’il ne la connaissait pas et elle acquiesça après une seconde de réflexion. Oui, c’était assez vrai, ils ne se connaissaient pas et effectivement, l’école avait comme toujours misé sur une activité dont le côté agréable était discutable. Ce n’était pas sa faute s’il se comportait comme un être humain normal alors qu’elle était au contraire beaucoup trop enthousiaste. A sa décharge, elle avait décidé que le fait qu’il soit un ami de Charles était amplement suffisant pour qu’ils soient immédiatement amis à leur tour, mais il n’était pas obligé de vivre les choses pareilles et cela expliquait parfaitement le côté réservé du garçon. Après avoir médité son explication, elle se fendit d’un demi-sourire et admit volontiers

- Tu as raison, je suis toujours trop … Trop tout, je crois. Je suis désolée, je ne voulais pas te brusquer.

Elle tenta de museler une partie de sa personnalité pour se calmer un peu et cesser d’effrayer ce pauvre garçon. Avec Charles, elle arrivait à être plus douce. Il avait un effet bénéfique sur elle. Elle le rendait plus aventurier, il l’apaisait.

- L’activité me gêne pas parce que j’aime bien me faire un peu peur mais objectivement, c’est un peu naze. On aurait pu se contenter d’un casse-tête classique.

Il finit par sortir enfin la main de cette foutue gelée avec la pièce de puzzle et elle se retint de sautiller sur place de joie. Franchement, ils avançaient avec un bon rythme et ils conservaient leurs chances de gagner, ce qui n’était pas négligeable.

- Yes, t’as la première pièce, bravo !

Elle se réjouissait réellement pour lui et il passa sur son visage une pointe de soulagement. Elle continua de fouiller sa boîte avec une pointe de lassitude. Elle n’en pouvait plus de bouger du sable et d’avoir un truc qui lui piquait la peau comme un grattoir. Elle gémit

- Mais elle est où cette pièceeeeee ?

Dé:

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'Le Hasard' : 6

Cap ou pas cap
...clairement pas cap...

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Je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter ça. D'un côté, cette activité horrible... et d'un autre, cette fille que j'aurais préféré jamais croiser. Franchement, je crois que j'aurais mieux aimé qu'elle reste à jamais à l'état de nom sur les lèvres de Charles ou au bout de sa plume et qu'elle n'entre jamais dans ma vie. Même pas ponctuellement, comme ça, là... parce que je dois lui laisser une bonne impression pour pas qu'elle aille se plaindre à mon ami après alors que j'ai clairement pas envie... et je vais devoir prier pour qu'il n'apprenne jamais qu'on s'est retrouvés ensemble sinon je suis certain qu'il serait assez gentil pour me proposer de traîner avec eux... et j'en ai encore moins envie que le reste. Si c'est pour réaliser qu'elle est mille fois mieux que je le serais jamais et qu'il a plus besoin que d'elle, c'est pas la peine. Si ça se trouve, on se parlait tout le temps cet été parce qu'elle pouvait pas lui répondre ou je sais pas quoi. Si elle avait été dispo, il m'aurait largement oublié, en deux mois... et je serais jamais revenu. Est-ce que ça aurait été si mal...? Le poids qui tombe dans mon estomac à cette pensée me laisse entendre que oui mais je n'arrive pas à le croire totalement. Elle prend la peine de m'interroger sur ce que je peux bien penser d'elle – à peu de chose près – et je me retrouve obligé de broder, de mentir à moitié... Jusqu'au bout, elle va me pourrir ma soirée, elle, c'est dingue ! Mais elle finit quand même par acquiescer en souriant visiblement pas vexer.

— Tu as raison, je suis toujours trop … Trop tout, je crois. Je suis désolée, je ne voulais pas te brusquer.
— Pas grave, je souffle en haussant maladroitement les épaules.

On va dire, surtout, que je suis plus à ça près. C'est pas le pire qu'elle puisse faire. Me voler mon ami est un milliard de fois plus problématique et elle n'a même pas l'air de s'en vouloir rien qu'une seconde.

— L’activité me gêne pas parce que j’aime bien me faire un peu peur mais objectivement, c’est un peu naze. On aurait pu se contenter d’un casse-tête classique.

C'était même pas se faire peur, c'était prendre des risques inutilement. Et puis c'était dégueu', en plus. J'aurais tellement dû rester sur ma première idée et ne jamais retenter de faire une soirée organisée par l'école... Au moins, c'est clair, on peut tirer d'office un trait sur Noël ! Plus ja-mais ! Je hoche la tête mais perso, juste une balade dans les ruelles décorées, ça m'aurait suffi. Pas de compet' pourrie, pas d'activité flippante, pas de fille chiante... rien du tout. Juste une soirée tranquille à profiter d'un décor sympa. Avec un chocolat chaud ou une gaufre ou quelque chose comme ça à la limite. Ça aurait été tellement mieux... Enfin... pas tout seul... En fait, cette soirée aurait été mieux si je l'avais passé dans mon dortoir. J'ai beau essayé de faire genre, c'était quand même le seul plan correct que j'aurais pu avoir. En attendant d'y retourner, dans mon dortoir, le hasard se fait plus coopératif et je finis par mettre la main sur la pièce qu'il y a dans la boîte. Mon plaisir retombe comme un soufflé quand je réalise qu'il m'en reste deux, encore. Eléonore, elle... bah elle reste égale à ce qu'elle a l'air d'être :

— Yes, t’as la première pièce, bravo !

Je ne me laisse pas le temps de réfléchir et plonge dans la main dans la boîte d'après. Comme prévu, ça griffe un peu. Je couine. Je dois avoir l'air pathétique... mais je tiens bon. Je me risque même à relancer péniblement la conversation... plus pour assouvir une curiosité pas très saine, je crois, que par envie de lui parler :

— V-vous êtes amis depuis longtemps...?

C'est pas très brillant mais on fera avec... Et puis, avec un peu de chance, la réponse me désespérera tellement que j'arriverai plus à me concentrer sur ce que je fais et je penserai même plus au contenu des boîtes. De son côté, en tout cas, ça n'est pas très concluant.

— Mais elle est où cette pièceeeeee ?

Si elle trouve pas, je vais jamais trouver, c'est évident. Déjà que j'ai envie de pleurer parce qu'il y a un truc non-identifié qui me touche... Est-ce que ça pourrait être genre des scorpions ou des doxys ou des trucs comme ça ? J'y connais pas grand chose en trucs qui griffent... mais j'aurais préféré ne jamais avoir à étoffer mes connaissances dans le domaine !

1 & 2 : Je reprends la même technique que tout à l'heure, à savoir littéralement tout retourner dans la boîte, tant pis si ça fait presque mal par moment, que je me rentre je sais pas quoi sous les ongles – du sable, on dirait, ce qui confirmerait la thèse des scorpions... du moins dans ma tête – mais c'est efficace parce que je ressors rapidement la pièce de la boîte. On respire un coup, on évite de chouiner devant la copine de Charles et on s'attaque à la dernière.

3, 4, 5 & 6 : Je reprends la même technique que tout à l'heure, à savoir littéralement tout retourner dans la boîte, tant pis si ça fait presque mal par moment, que je me rentre je sais pas quoi sous les ongles – du sable, on dirait, ce qui confirmerait la thèse des scorpions... du moins dans ma tête... et tout ça pour quoi ? Pour rien du tout ! Est-ce que c'est comme dans les émissions d'aventure et qu'elle est accrochée à un truc piquant...? Pitié, je veux pas avoir à tripoter des bêtes...

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'Le Hasard' : 2

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Eléonore passa à nouveau sa main libre dans ses cheveux, légèrement mal à l’aise sans être pour autant ne mesure de comprendre pourquoi. Sidney n’était pas méchant depuis leur rencontre, il était même plutôt poli et discret. Il s’était comporté de manière neutre, mais rien qui ne puisse pas être assimilé à de la réserve et elle n’avait aucune raison objective d’en être affectée. Pourtant, plus le temps passé, moins elle savait sur quel pied danser. C’était une impression diffuse de gêne sans qu’elle puisse l’expliquer. Peut-être que c’était ses réponses parcellaires ou son côté fuyant, mais elle n’arrivait pas à savoir s’il était timide ou si elle était le problème. Elle en était donc réduite à des suppositions, jusqu’à ce qu’elle pose frontalement la question. Là encore, il répondit poliment, mais elle ne savait toujours pas comment agir avec lui. Elle avait l’impression que son naturel n’était pas adapté, sans être certaine que c’était cela le souci. C’était bizarre à expliquer. Juste l’impression de ne pas être à sa place. En tout cas, elle décida de continuer à agir de la même façon, parce qu’à après tout, elle ne savait pas être autrement et que si vraiment elle le dérangeait, il finirait par le dire.

Comme pour lui donner tort, il relança la conversation et elle lui offrit son plus joli sourire, soulagée à l’idée que son impression puisse être erronée. Il avait juste besoin d’un peu de temps et elle, elle était trop nerveuse, voilà tout. Quand elle raconterait sa soirée à Charles, elle était persuadée qu’il se moquerait gentiment d’elle et de ses conclusions hâtives.

- Depuis moins longtemps que toi, je pense ? On a sympathisé parce que nous étions les deux élèves de Poufsouffle envoyés à la table ronde. Il y a quelque chose chez lui qui donne envie d’être dans son entourage, comme s’il était trop bien pour ce monde.

Elle avait dit cette dernière phrase d’un ton songeur. Elle ne savait pas le décrire. Il y avait de la douceur chez Charles, une douceur rassurante et réconfortante. Elle se remémora leur fuite dans le parc après l’explosion de la bombe lors de la table ronde et reprit

- Oui, vous étiez déjà amis puisque quand nous sommes sortis dans le parc après l’explosion de la Tour privilège, il s’inquiétait pour toi, je m’en souviens.

Elle continua de fouiller sa boîte avec une forme de lassitude, avant que son regard ne s’illumine quand Charles sortit la troisième pièce.

- Champion !

Comme quoi, il n’aimait pas cela, mais il était doué

Dé:

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'Le Hasard' : 2

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...clairement pas cap...

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Sûrement qu'en rentrant à Serdaigle, ce soir, je culpabiliserai un peu. Parce que ça me ressemble pas de prendre quelqu'un en grippe, comme ça... surtout quand ce quelqu'un m'a rien fait et pire encore quand ce quelqu'un fait ce qu'il peut pour rendre le moment moins désagréable qu'il ne l'est. Mais vraiment, je vous jure, c'est plus fort que moi. Je contrôle pas l'agacement qu'elle m'inspire, l'envie de la voir déguerpir vite – et pas parce que je suis pas à l'aise avec les gens que je connais pas, non, juste parce que c'est elle – ou mon incapacité à faire des efforts concrets. Il faut que je me fasse violence pour réussir à décrocher une phrase entière... et encore, c'est pas sans intérêt. Je veux savoir, comprendre pourquoi elle a débarqué dans nos conversations du jour au lendemain, comment elle arrive à m'arracher mon seul ami alors que je fais tout ce que je peux pour le garder... Elle, elle a l'air contente de pouvoir parler sans risquer de me soûler. Si elle savait...!

— Depuis moins longtemps que toi, je pense ?

Je hausse les épaules, incertain. J'en sais rien. On se connaît pas depuis très longtemps même si j'ai souvent tendance à l'oublier. Un an, à peine... et encore, avec plein de trous. J'ai l'impression qu'on est amis depuis des années, pourtant. Pas depuis toujours parce que je ne sais finalement pas grand chose de sa vie mais... mais plus que quelques mois, en tout cas.

— On a sympathisé parce que nous étions les deux élèves de Poufsouffle envoyés à la table ronde. Il y a quelque chose chez lui qui donne envie d’être dans son entourage, comme s’il était trop bien pour ce monde.

La table ronde ne me dit pas grand chose. Je sais même pas si j'en ai entendu parler. Si ça se trouve, j'étais pas encore là. Ou alors c'était au tout début et ça m'a pas marqué. La suite, en revanche, me fait baisser les yeux sur la boîte dans laquelle je trifouille toujours désespérément. C'est comme si, à l'intérieur de moi, c'était tout à coup totalement vide. C'est gênant. Presque douloureux. Heureusement, ça dure pas. Je vois exactement ce qu'elle veut dire. Dès la première fois qu'on s'est parlés, dans les toilettes, j'ai espéré qu'il y aurait une autre fois, j'y ai traîné souvent en croisant les doigts pour qu'il soit dans les parages... ça n'a jamais eu aucun sens. Et ça ne me ressemblait même pas. Pourtant, ça avait l'air évident. Au milieu de ce monde bizarre et flippant, il apparaissait comme une bulle tranquille, une présence tellement plus positive que toutes les autres... Et j'aime pas l'idée qu'elle puisse le voir comme ça aussi. J'ai presque l'impression qu'elle cherche à me voler jusqu'à ce qui fait notre amitié, comme si le voler lui n'était pas suffisant.

— Oui, vous étiez déjà amis puisque quand nous sommes sortis dans le parc après l’explosion de la Tour privilège, il s’inquiétait pour toi, je m’en souviens.

Je rougis à nouveau, mal à l'aise. D'un côté... il s'est inquiété... moi aussi, je me suis inquiété pour lui. Il est la première personne à qui j'ai pensé quand on a appris ce qui s'était passé, alors qu'il avait aucune raison pour être là-bas, et j'ai sauté sur ma plume dès que j'en ai eu l'occasion pour être sûr qu'il était pas blessé... Je suis plus touché que je veux bien l'admettre d'apprendre ça... et je crois que si je l'avais su au milieu du bordel de l'an dernier, ça aurait rendu les choses un peu moins pire... Mais d'un autre... ils étaient ensemble. Je l'imagine en train de le rassurer, de jouer les amies parfaites, d'être là pour lui... et la nausée qui me tombe dessus est brutale.

— Vous aviez de la chance d'être ensemble, ma voix tremble un peu mais ça peut passer pour les souvenirs désagréables de ce moment alors que je suis juste en train de vomir le moindre de mes mots. C'était tellement la panique à l'intérieur... tout le monde courait partout... vous vous seriez jamais retrouvés.

Plus les secondes passent, plus je me sens mal. Et je suis pas sûr que ce soit à cause de ce jeu de merde. Je me venge sur ma boîte et celle-ci abandonne la partie bien plus vite qu'Eléonore puisque j'arrive à sortir ma deuxième pièce du premier coup.

— Champion !

Je me risque à un sourire qui est plus gêné que sincère et jette un coup d'oeil à ma dernière boîte. Les deux premières m'ont donné vaguement confiance alors je réfléchis même pas avant de plonger la main à l'intérieur. Ça bouge. Ça bouge ! Je la retire aussitôt en étouffant un cri de fillette. Je tremble littéralement, j'ai sûrement dû pâlir au passage.

— P'tain, c'est vivant !

Je serai incapable de dire ce qu'il y a là-dedans mais je suis sûr à 100% que j'ai pas inventé. Ça bouge vraiment ! Mon cœur bat à tout rompre. J'en ai oublié Charles, les bonbons, sa copine, tout. Je respire un grand coup et ferme les yeux très fort comme si ça allait changer quelque chose avant de retenter le coup...

1 : Je sais pas par quel miracle j'arrive à prendre sur moi assez longtemps pour attraper la pièce qui, fort heureusement, est presque debout contre une paroi. Je la jette presque sur la table avant de reculer de plusieurs pas, les yeux brillants et tout le corps secoué de tics nerveux. C'est une horreur ce jeu... c'est même pas un jeu, c'est une torture !

Le reste : J'arrive même pas à plonger jusqu'au fond, rien que de savoir ce qui m'attend, c'est plus fort que moi, je ressors la main sans même avoir essayé. Je sens la panique que commence à m'envahir et tout ce que j'arrive à faire c'est répéter « je peux pas faire ça » si bas que je suis même pas sûr qu'elle m'entend. Je suis désolé pour les bonbons mais c'est trop me demander là... Je crois que si je refous la main là-dedans, je vais m'évanouir.

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Cap ou pas cap

Si Sidney lui avait posé une question suffisamment large pour lui donner la permission de babiller sans l’exaspérer, elle aurait dû se douter que cela ne signifiait pas qu’il envisageait de lui répondre en retour. Plus le temps passait, plus elle se demandait comment pouvaient bien se dérouler les rencontres entre Charles et lui. Bavards comme ils étaient, elle commençait réellement à s’interroger sur le fait qu’ils se parlent. Peut-être qu’ils se contentaient juste de rester ensemble dans un silence confortable ? C’était bizarre, mais cela aurait pu être logique quand on les voyait. En tout cas, il la gratifia généralement d’un nouveau haussement d’épaules quand elle émit une vague question. Très bien, les interrogations suivantes seraient donc de la pure rhétorique. Décidément, c’était un gentil garçon, mais pas forcément très fun …

Elle continua sur sa lancée et le Serdaigle continua de fixer la boîte devant lui d’un regard obstiné. Pourtant, elle savait qu’il écoutait, elle le voyait à sa manière de pencher légèrement la tête comme pour mieux l’entendre. Il ne se moqua pas d’elle, ce qui était sûrement une preuve de compassion pour les âneries qu’elle débitait et elle se sentit rougir de sa confession. Elle ne savait pas pourquoi elle n’était pas restée plus en surface. En fait, elle ne savait même pas si elle continuait pour lui répondre ou uniquement pour meubler le silence entre eux. Peut-être que quand ils étaient tous les deux, les silences étaient confortables, mais ce n’était pas le cas ce soir. Le malaise perdurait toujours, tenace. Et ça la rendait étrangement triste. Si elle n’arrivait pas à s’entendre avec Sidney, est-ce que Charles lui en voudrait ? Elle plongea elle-même les yeux vers sa boîte et continua de bouger le sable, plus doucement cette fois. Presque comme si elle était résignée à l’idée de ne pas trouver cette foutue pièce. Elle releva la tête quand il reprit la parole, presque surprise d’entendre sa voix et elle acquiesça lentement

- Oui, on a eu de la chance. Je l’ai tiré dehors et on a couru. Les professeurs avec lesquels on était à l’intérieur n’ont pas été très rassurants ou encadrants alors j’imagine qu’on a fait ce qu’on a pu.

Elle se mordilla la lèvre dans signe de nervosité. C’était la meilleure chose à faire pour se protéger, mais elle l’avait éloigné de Sidney en faisant cela, elle le savait. Elle avait voulu le protéger, lui qui était en état de choc et incapable de prendre des décisions rationnelles. Peut-être avait-elle égoïste en agissant ainsi ?

- Et on a eu de la chance de ne pas être grade or, finalement. Aucun de leurs avantages débiles ne valait de se trouver là-bas.

Elle était si soulagée de la nomination de Fergal Armitage comme directeur. Elle sursauta quand il poussa un cri en disant que c’était vivant et le dévisagea. Le pauvre garçon était si pâle qu’il aurait pu faire la dame blanche à sa place. Il retira aussitôt la main et, après une vague tentative de la rapprocher, commença à marmonner quelque chose qu’elle ne comprit pas, mais qui ressemblait à une forme de litanie. Elle ne savait pas s’il y avait matière à être effrayé, mais sa peur était si réelle qu’elle lui donnait presque envie de le serrer dans ses bras pour essayer de le consoler. Cela aurait sûrement été mal interprété d’ailleurs.

- Sidney.

Elle avait pris une voix assurée pour l’obliger à s’intéresser à elle et dès qu’elle eut la sensation d’obtenir son attention, elle reprit d’une voix plus douce, la même qu’elle utilisait avec Charles quand quelque chose le pétrifiait

- Ce n’est qu’un jeu. T’es pas obligé.

Est-ce qu’elle paraissait suffisamment méchante pour qu’il la pense capable de le forcer ?

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'Le Hasard' : 3

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Les souvenirs de l'année dernière mêlés à ce jeu stupide et à la présence d'Eléonore – à ce qu'elle représente, plutôt – me mettent mal. Réellement. J'ai mal au ventre, je suis plus tendu encore que je l'étais en arrivant... Il y a comme une espèce de regret vague qui m'enveloppe un peu. C'est difficile à décrire mais c'est pourtant évident. J'ai l'impression d'avoir raté un truc sans réussir à savoir quoi. Je crois que c'était mieux quand on parlait pas. Je voulais juste savoir s'ils se connaissaient depuis longtemps, pas qu'elle me rappelle à quel point c'était un cauchemar l'an dernier... J'aimerais me dire que c'est ma faute si on a pas eu trop de contacts lui et moi, quand j'étais grade acier, parce que je voulais pas lui attirer d'ennuis, tout ça, mais là, j'arrive pas à m'empêcher de penser qu'il a pas cherché à en avoir non plus parce qu'il avait mieux à faire étant donné qu'elle était là. Et ça me fait de la peine. Sincèrement. Alors que je sais que c'est sûrement stupide et que c'est probablement pas vrai... mais elle semble avoir pris une telle importance dans sa vie que... que ça serait presque logique. Je suis sûr que si je lui demande ce qu'elle a fait pendant l'été, elle me dira qu'elle était au voyage scolaire, coupée du monde, et que ça expliquerait pourquoi il m'écrivait non-stop. C'est sûrement mérité, dans le fond, j'ai jamais été un ami de ouf non plus mais quand même, ça fait plus mal que je l'aurais cru.

— Oui, on a eu de la chance. Je l’ai tiré dehors et on a couru. Les professeurs avec lesquels on était à l’intérieur n’ont pas été très rassurants ou encadrants alors j’imagine qu’on a fait ce qu’on a pu.

Je hoche lentement la tête. Ça se saurait si les profs étaient rassurants... Enfin, au moins, ils avaient eu des infos. Nous, c'était juste les bruits de couloir, les hurlements des tableaux, les rumeurs des fantômes. Personne nous a rien expliqué, sur le coup. C'était juste le bazar, comme ça, gratos. Et après, on a payé quand même, parce qu'il fallait bien s'en prendre à quelqu'un. J'ai la gorge serrée. Plus les jours passent et plus c'est clair : j'aurais pas dû revenir. Harriet est partie, et Charles n'a plus besoin de moi – si tant est que ça ait été le cas un jour... ça avait l'air, quand même, à l'infirmerie... Enfin, peu importe.

— Et on a eu de la chance de ne pas être grade or, finalement. Aucun de leurs avantages débiles ne valait de se trouver là-bas.

Je hausse les épaules. Sûrement, oui. Mais je crois que j'aurais préféré être à leur place qu'à la mienne. Juste parce que l'isolement était pire qu'une blessure quelconque. Mais c'est trop bizarre à expliquer alors je finis par hocher la tête quand même... même si je suis pas particulièrement convaincu. Et puis finalement tout s'enchaîne. Je récupère ma deuxième pièce et attaque la troisième boîte... Le drame. Vraiment. Ça doit être plein de blattes, de cafards ou de bestioles comme ça. Peut-être que si je les voyais, j'arriverais à relativiser mais là, c'est pas possible. Mes réactions sont incontrôlables, l'angoisse que ça me procure absolument immense. Et je crois que ça se voit.

— Sidney.

Je sursaute et braque les yeux sur elle dans un geste brusque et paniqué. Sa voix ne laisse pas de place à la discussion. Elle me rappelle celle de Blaze, parfois. Et je crois que je l'en déteste que davantage. Elle. Pas lui.

— Ce n’est qu’un jeu. T’es pas obligé.

C'est plus doux, cette fois, presque bienveillant. Un peu maternant, aussi... et ça a le don de m'agacer sérieusement. Je suis pas un môme. C'est bon. Je lui ai rien demandé. Ok, je le vis mal, ok, peut-être que ça se remarque mais d'habitude tout le monde s'en fout alors qu'elle fasse pareil et qu'elle me prenne pas pour gamin.

— Je sais.

Ma voix n'a pas l'assurance que j'aurais voulu, la fin se coince un peu. J'essaye de respirer profondément, de me calmer, de penser à ces bonbons de malheur... qui se transforment malgré moi en chocolats sur une table de chevet... Je lui dois bien ça. Je lui dois bien ça...

— Mais t'as dit que... 'fin... les bonbons...

J'abandonne. À la place, je me concentre sur la boîte. Je sais ce qui m'attend. Je sais ce qu'il y a dedans. J'ai mis la main une fois et j'en suis pas mort. Tout va bien... On se détend... C'est juste des insectes... C'est dégueulasse mais c'est pas grave... Et c'est pour la bonne cause... Je suis loin d'arriver à me convaincre de quoi que ce soit... Alors je me concentre sur la seule chose qui pourrait me rassurer dans ce bordel : la présence de mon préfet, à une table quelque part à gauche. Il a l'air occupé avec ses propres boîtes mais il est pas loin. Tout va bien...

1 : Je sais pas si c'est le hasard ou si vraiment il a un effet tranquillisant à ce point – si, je sais, et je déteste la réponse parce qu'elle a littéralement aucun sens – mais j'arrive à tenir assez longtemps, les yeux rivés sur lui, presque hypnotisé par ses gestes, pour mettre la main sur la troisième pièce de puzzle. Je lui dirai jamais, parce qu'il en jouerait mais p'tain merci !

Le reste : J'essaye, hein, je vous jure que j'essaye... mais dès que je sens les bêtes qui bougent, que ça me grimpe dessus, je panique et je ressors aussitôt en gémissant pitoyablement. Je vais jamais y arriver, je me fais pitié...

NOMBRE DE PIECES DE PUZZLE : 3/6

(c) jawn

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Le membre 'Sidney Driscoll' a effectué l'action suivante : Le Hasard

'Le Hasard' : 5

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