La première réunion du club de lecture était désormais passée. Tout s’était plutôt bien passé et malgré la pression et le stress qu’il avait ressentis, Jasper avait réussi à apprécier le moment. Le fait que le cercle ait été assez restreint mais qu’ils ne soient pas que deux ou trois l’avaient fortement ravi. A ses yeux, c’était un succès et il avait déjà hâte que la prochaine séance ait lieu. Trouver un livre pour chacune des séances savait quelque chose de palpitant bien que cela ne soit pas toujours aisé de trouver quelque chose qui conviendrait à tous les goûts.
Depuis quelques jours il voyait circuler un livre que des élèves avaient à lire. Il n’avait pas réussi à entendre d’où provenait ce livre, assez rapidement il en était venu à se demander si un autre club n’avait pas été créé sans qu’il en ait connaissance. Jasper s’était même rendu au panneau d’affichage, analysant en détail chaque papier pour voir s’il n’y avait pas mention de lectures. Seulement il n’y avait absolument rien, pas d’annonce d’un autre club de lecture, pas de club mêlant la lecture et d’autres activités. Sa seule solution était d’interroger l’un des élèves en possession de ce livre et de lui en demander la provenance. Il n’eut pas de difficulté à obtenir la réponse après avoir demandé à l’un de ses camarades, et la réponse était finalement toute simple. Il s’agissait du professeur d’études des moldus qui leur avait demandé la lecture de ce roman. Ce professeur avec qui il avait fait une course sur balai en fin d’année dernière.

Le Serdaigle décida de se rendre dans le bureau de ce professeur afin de lui demander son avis concernant son club de lecture et pourquoi pas lui proposer d’envoyer les élèves qui avaient apprécié cette lecture au club, peut-être que certains pourraient se découvrir une passion pour la lecture et les rejoindre. Son bureau était situé au septième étage, Jasper n’avait pas pour habitude de se rendre aussi haut dans le château. Il ne fréquentait que rarement la salle de duel et ne suivait pas le cours d’étude de moldus, alors il eut un peu de mal à trouver le bon escalier pour l’emmener tout là-haut. Jamais facile de s’orienter avec les escaliers fous de Poudlard quand on ne connaît pas parfaitement son chemin. L’adolescent se souvient encore de sa première année et de ses déboires avec les escaliers.

Parvenu devant la porte du bureau, Jasper frappa trois coups francs sur la porte pour signaler sa présence, attendant que le professeur l’autorise à entrer. Encore fallait-il qu’il tombe bien et qu’il soit présent dans son bureau au moment où il s’y présentait. Le jeune homme ne s’était pas annoncé avant de s’y rendre. Quand enfin il fut invité à entrer, il n’hésita pas et franchit le pas de la porte, se présentant devant le bureau.

« Bonjour Professeur, je me permets de vous déranger au sujet de la lecture que vous avez donné à vos élèves. Auriez-vous quelques minutes à m’accorder ? » demandait-il poliment.



@Professeur J. Alexander

En entrant dans le bureau du directeur de maison des Gryffondor, Jasper n’avait pas vraiment pris le temps de détailler la décoration, les nombreux objets moldus présents, il avait son objectif en tête et avait directement donné l’objet de sa visite au professeur. Cela lui semblait d’ailleurs assez étrange qu’un professeur d’une matière en option aussi futile puisse être directeur de maison. A ses yeux seuls des professeurs de matières prestigieuses pouvaient l’être, comme la métamorphose, les sortilèges ou encore les potions. Mais un professeur d’étude des moldus, cela lui semblait vraiment bizarre. Etait-ce cela la cause du retard en points de la maison rouge et dorée ? Possible, il n’en savait absolument rien et n’avait pas non plus envie de reprocher des choses au professeur sans même le connaître.
Monsieur Alexander accepta rapidement de lui accorder un peu de temps en ce qui concerne le livre qu’il a donné à lire à ses élèves. Jasper était content de ne pas s’être fait envoyer balader. D’un signe, l’adulte lui fit signe de s’asseoir dans l’une des chaises posées sur son bureau, le garçon alla s’installer sans discuter, passant désormais son regard sur les nombreux objets étranges possédés par le sorcier. L’adolescent n’en reconnaissait que très peu. Fermé comme il l’était au monde moldu, il n’en connaissait pas vraiment beaucoup. Celui qui le fascina le plus était la navette spatiale tournant autour du globe terrestre. Même s’il n’était pas un passionné d’astronomie suivant le cours, il avait déjà lu quelques livres à ce sujet, vu des dessins de la Terre, et cette reproduction avec un appareil tournant autour l’intriguait.
Jaimie lui proposa de lui fournir une copie du livre donné aux autres élèves. Jasper était partagé, s’agissant de la matière enseignée par celui-ci, le livre avait forcément été écrit par un moldu. Il n’avait aucune envie de lire un bouquin écrit par l’un d’eux, cela devait nécessairement être un torchon comme beaucoup de choses produites par ces idiots.

« En fait, je croyais qu’un autre club de lecture avait été ouvert et j’étais curieux. J’ai créé le club de lecture de l’école et en voyant votre livre circuler je me demandais ce qui se passait. Je ne lis pas de livre écrit par les moldus, je ne lis que ce qu’il y a des notre bibliothèque. Ce n’est pas contre vous Professeur, mais rien de bien ne sort des mains des moldus. »

Evidemment, Jasper ne savait pas qu’il avait déjà lu de nombreux livres moldus qui n’étaient pas référencés ainsi dans la bibliothèque et que l’objet qui le fascine dans le bureau du professeur a été créé par un moldu. Le premier livre qu’il avait proposé à son club en était un par exemple : L’année du Loup Garou de Stephen King. Classé en tant que roman dans la bibliothèque, Jasper n’était pas allé jusqu’à s’imaginer qu’il avait pu être écrit par l’une de ces personnes qu’il tient en horreur.

S’il n’aimait pas les livres moldus… C’était un peu plus complexe que cela. Il n’aimait rien qui sortait des mains des moldus. A ses yeux ils n’étaient que des idiots incapables de produire quoique ce soit d’utile ou intéressant. Alors le fait de se dire qu’il s’était senti menacé par un livre écrit par l’un d’entre eux lui semblait tellement bête. Il aurait vraiment dû se renseigner un peu plus avant d’aller voir le professeur.

« Au-delà des livres, ce sont les moldus que je n’aime pas. Ce sont des idiots intolérants. Assurément des incapables. Alors les livres qu’ils écrivent ne peuvent être de qualité digne d’intérêt. »

Ses yeux passèrent de nouveau sur tous les objets présents dans la pièce. Cela commençait à faire tilt dans la tête de Jasper. Toutes ces choses qu’il n’avait jamais vues étaient des choses produites par les moldus que le professeur avait dû récupérer pour ses cours. Jaimie lui faisait face, près du tiroir qu’il avait ouvert pour en sortir le fameux livre dont leur discussion faisait l’objet. La raison de sa visite ? Il n’y en avait plus aucune désormais.

« Et bien, je n’avais pas vraiment compris qu’il s’agissait d’un tel livre. Je voulais en savoir plus, mais finalement il n’est digne d’aucune attention de ma part. Je vais retourner à la bibliothèque pour y trouver livres plus intéressants. »

Le professeur n’y était pour rien dans cette histoire. La matière qu’il enseigne consistait justement à ce type de devoir à donner à ses élèves. Même si Jasper trouvait qu’il n’y avait rien de bien à étudier les moldus, que d’autres le fassent, en particulier les nés-moldus, il pouvait le comprendre. En passant la majeure partie de l’année à l’école, ils n’avaient fatalement que très peu de contacts avec le monde dont ils étaient issus. Garder ce contact était compréhensible.

Être tolérant envers les moldus ? Pourquoi le serait Jasper après ce qu’eux-mêmes lui ont fait subir quand il était plus jeune. Et pas qu’à lui, à ses sœurs aussi et surtout à elles à ses yeux. La fratrie, bien qu’ils aient toujours été proches ne pouvaient que jouer entre eux, jamais avec les enfants de leur âge au parc. Ceux-ci étant des moldus ils n’acceptaient pas les Bellingham sous prétexte qu’ils n’allaient pas à l’école comme eux. C’était le symbole d’un manque de tolérance pire que le sien. Dès leur plus jeune âge, les moldus étaient intolérants dès lors que l’on présente la moindre différence. Jasper le vivait comme quelque chose de très différent des Sang-Purs et leur combat contre les moldus. Néanmoins, les actes des Sang-Pur étaient souvent plus mortels, avaient plus de conséquences, mais au moins ils n’étaient pas aveugles sur la présence de différences autour d’eux.

« Moi ? Intolérant ? Vous dîtes. Ce sont les plus intolérants de cette Terre. Des aveugles incapables de voir la moindre différence chez les autres et surtout de l’accepter. Mes sœurs n’avaient même pas le droit de jouer avec eux au parc sous prétexte que nous n’étions pas à l’école comme eux. Nos parents avaient décidé que nous devions suivre l’école à la maison avec un professeur, alors ils ne voulaient pas qu’on vienne avec eux. De simples gamins de cinq ou six ans déjà aussi intolérants. Pourquoi le serai-je avec eux ? Ce ne sont que des idiots. »

Le ton du garçon s’était refroidi, cette histoire avait toujours le don de lui faire perdre son sang-froid, lui qui était pourtant quelqu’un de calme. Le fait que ses sœurs soient impactées et qu’Opal ait dû intervenir, prendre sa défense, il ne le digérait pas. Heureusement, ils avaient tôt fait la rencontre de Kathleen, permettant à la fratrie de jouer avec quelqu’un d’autre pour s’ouvrir au monde plutôt que rester reclus sur eux-mêmes.
Le professeur lui demanda de citer des livres qu’il avait lus et ceux vers lesquels il allait se diriger en descendant. Jasper ne s’attendait pas à se faire rabattre le caquet une fois qu’il aurait énoncé quelques noms d’auteurs. Bien entendu dans le lot certains étaient dans livres écrits par des sorciers, mais ce n’était pas vraiment la majorité.

« Stephen King, Rodney Court, Tolkien, Kingsley Gronez, et bien d’autres. Pour le club de lecture le livre que j’ai choisi est l’un de ceux écrits par King, L’année du Loup Garou. Je le trouve vraiment bien. »

Son regard s’était reposé sur celui du professeur, il arborait un sourire qui lui laissait un goût amer. Jasoer ne saurait l’expliquer mais il avait la sensation qu’il était fier, mais fier de quoi ? Qu’un élève soit venu discuter avec lui de son choix de livres ? Qu’il soit venu remettre en question le fait d’étudier les moldus et leurs œuvres ? Le jeune serdaigle n’était pas non plus un suprématiste, si les nés-moldus avaient une baguette c’est qu’ils en avaient le pouvoir, pas qu’ils l’avaient volé comme certains le prétendent. Si seules les baguettes avaient un pouvoir alors on ne parlerait pas de grands sorciers pour nommer Dumbledore et d’autres mais plutôt de grande baguette. Bien que les débats sur la baguette de Sureau mettent en doute ce point de vue.

Jasper n’aimait pas trop la manière dont le professeur interprétait ses propos. Jamais il n’avait dit que c’était parce qu’il était sorcier que les moldus l’ont repoussé, de tout sens ils ne le savaient même pas. Et l’autre solution n’était pas la bonne non plus. Après tout, pourquoi la maman de la fratrie Bellingham leur aurait dit d’aller jouer avec les autres enfants ? Oui il faut se méfier des inconnus, mais surtout des adultes, pas forcément des autres enfants du même âge. Pour Jasper, le problème résidait vraiment dans le fait qu’ils sont intolérants aux gens différents d’eux.

« Ils ne savent pas que nous sommes des sorciers, juste que nous n’allons pas à l’école comme eux. Et je sais très bien qu’il n’y a pas que les sorciers qui font l’école à la maison, des moldus aussi le font. Alors non, ce n’est pas pour ça. Ensuite, oui on apprends aux enfants de se méfier des inconnus mais pas forcément de ceux de leur âge, plutôt des plus vieux. Sinon pourquoi notre mère nous aurait dit d’aller jouer avec eux plutôt que nous dire de nous méfier d’eux ? »

C’était effectivement un souvenir douloureux pour Jasper, en particulier du fait qu’il avait perdu le contrôle de ses pouvoirs lors d’une dispute avec ces enfants moldus. Cela lui avait valu de belles remontrances de la part de ses parents ainsi qu’une punition. Cela lui avait paru totalement injuste, ce n’était pas lui le coupable dans l’histoire. Encore aujourd’hui il campait sur ses positions, les gamins moldus étaient coupables, pas ses sœurs et lui. Ce n’était pas le professeur qui lui ferait changer d’avis à ce sujet. Né d’une famille de sang-mêlés, aucun de ses parents ne vouait une quelconque méfiance concernant les moldus. Eux aussi auraient préféré que leurs enfants puissent se mélanger aux autres, que leur fils ne soit pas aussi rancunier envers eux au point de ne vouloir absolument aucun contact avec leur monde. Seulement c’était arrivé et cela les désolait.

Jasper savait que Stephen King était un auteur américain, c’était écrit dans les préfaces de ses livres. Rien de surprenant à cela. Il n’avait pas compris qu’en disant cela, Jaimie voulait souligner le fait qu’il est en fait un moldu américain. Pour le jeune Serdaigle c’était un sorcier qui avait probablement foulé les bancs d’Ilvermorny l’équivalent de Poudlard mais aux Etats-Unis. Des écoles il y en avait partout dans le monde, le fait qu’il soit américain ne voulait pas nécessairement dire qu’il était moldu.

« Oui, J’aime bien, c’est un style différent par rapport aux écrivains britanniques. Je trouve ça bien que la bibliothèque ait des livres de sorciers de toutes nationalités. Cela permet de découvrir toutes les cultures. » disait-il innocemment sans penser un instant que cette diversité qu’il appréciait l’était tout autant en matière de livres moldus ou non.

Le professeur se mit à juger un autre des écrivains qu’il avait cités et ses œuvres. La comparaison des elfes de l’univers de Tolkien avec les elfes de maison lui faisait froncer les sourcils. Il n’y avait jamais vraiment pensé, mais maintenant que le professeur le relevait, il y avait tout de même des similitudes, à commencer par les oreilles pointues, il y avait aussi la longévité.

« Très lourd, vous avez raison, mais tellement intéressant, tellement passionnant. En ce qui concerne la ressemblance, je n’avais jamais fait le rapprochement. En effet, il y a peu de ressemblances, mais quelques similitudes tout de même. Je ne vois pas en quoi c’est un problème ? Du moins, la tournure de votre phrase semble soulever un problème. »

Jasper n’avait toujours fait aucun rapprochement, parfaitement campé sur ses positions et sûr de lui concernant ses lectures. Après tout, comment imaginer qu’il peut y avoir des livres moldus dans une bibliothèque d’école de sorcellerie.

De manière générale, l’univers de Stephen King était très vaste, il savait écrire sur de nombreux sujets tournant autour de l’horreur, cela fascinait Jasper de découvrir chacune de ses nouvelles histoires. A la différence des auteurs comme Tolkien qui construisaient de A à Z un vaste univers, lui ne se limitait pas ce qui permettait de lire pleins de choses différentes. L’auteur des aventures de la contrée avait créé quelque chose d’énorme, c’était impressionnant d’avoir autant d’imagination. Il n’y avait pas souvent réfléchi, mais parfois il faisait le parallèle entre certains peuples de Tolkien et ceux qui peuplent le monde magique dans lequel ils vivent. Les elfes de maisons sublimés pour devenir les magnifiques elfes qui existent chez Tolkien, les gobelins devenaient des nains, fiers guerriers et travailleurs des mines. Mais pour tout le reste, les Orques, les Hobbits, il n’avait aucune idée de comment l’écrivain avait pu penser à tout cela. Même quand il se plongeait dans son imaginaire, Jasper n’avait pas autant d’idées à la fois farfelues et passionnantes.
Quand Jaimie lui annonça que l’un de ses auteurs favoris n’était qu’un moldu, Jasper fut bouche bée pendant quelques instants. Le fait qu’il ait fait la guerre ne lui faisait ni chaud ni froid. En revanche, jamais il n’aurait été s’imaginer qu’il puisse être moldu. Il n’arrivait pas à encaisser. Ces livres si magiques, ces péripéties passionnantes, comment avaient-elles pu être imaginées par un moldu. Les magiciens comme Gandalf, les elfes, les orques, où était-il allé chercher tout cela s’il n’était qu’un moldu ? Tellement pantois, qu’il ne répondait même pas avant que le professeur enchaîne en lui révélant que certains livres de la bibliothèque ont été écrits par des moldus. Toutes ces révélations laissaient le jeune Serdaigle sans voix. Peut-être n’étaient-ils pas aussi idiots qu’il le pensait mais cela restait un faible échantillon de leur population intolérante, incapable de voir plus loin que le bout de son nez pour ne même pas réaliser toute l’immensité du monde qui les entoure. Avec leurs guerres et le développement de leurs villes ils repoussaient toujours plus les animaux fantastiques qui avaient de moins en moins d’endroits où vivre.

« Pourquoi a-t-on des livres moldus dans une bibliothèque d’une école de magie ? Ils ne sont même pas capables de voir qu’elle existe. Et puis qui vous dit que Tolkien n’était pas un cracmol qui a décidé de vivre comme un moldu ? Ou bien un né-moldu qui a décidé de retourner vivre avec les siens. Jamais un moldu ne pourrait être suffisamment intelligent pour imaginer autant de choses, la magie, les dragons, les orques, les elfes. Il s’est forcément inspiré des créatures de notre monde. »

Malgré ce que disait Jasper, les dires de Jaimie avaient bien eu un impact et lui avaient mis le doute. Ce n’était pas non plus parfaitement impossible. Après tout certains auteurs sorciers avaient une imagination débordante eux aussi, suffisamment pour créer des univers fantasques totalement à l’opposée du leur. Jasper lui-même inventait parfois des histoires rocambolesques dans sa tête, bien qu’il n’ait jamais pris le temps de les poser sur un papier. Il aimait bien juste s’asseoir ou s’allonger dans un coin, regarder le ciel ou l’horizon et laissait son esprit s’emporter dans ces mondes qu’il créait. Le coucher sur un papier serait probablement très différent.

Le professeur insista bien rapidement pour marteler le fait que l’auteur de ce vaste univers de la Terre du milieu était bel et bien un moldu. Comment était-ce possible que ces idiots de moldus incapables de voir la magie qui les entoure puissent imaginer tant de choses. Au-delà d’un vaste univers c’était toute histoire d’un monde qui avait été créée, des scénarios qui tenaient en haleine tout au long de la lecture et même un alphabet complet. C’était déjà impressionnant aux yeux de Jasper qu’une seule personne puisse inventer autant de choses, alors le fait que ce soit un moldu le sciait complètement. Vu le ton du professeur, il ne semblait clairement pas dire cela pour le charrier ou le taquiner, il paraissait vraiment sérieux, laissant le jeune élève sans voix face à ses doutes.

Jaimie enchaîna sur l’explications de comment ces livres avaient pu se retrouver dans une bibliothèque dédiée aux sorciers. Il s’agissait de cette directrice qui n’avaient que les moldus en tête, complètement obnubilée par eux jusqu’à en rendre obligatoire l’enseignement de l’étude des moldus. La seule matière que Jasper avait bien pris soin de ne pas travailler en signe de contestation. Il ne s’était même pas rendu compte qu’elle avait ajouté aux rayons de la bibliothèque des livres écrits par ces êtres dépourvus de magie. Elle avait profité de la faible garniture de la bibliothèque suite à l’incendie ayant ravagé l’école au point qu’élève et professeurs avaient contribué ensemble à reconstruire l’établissement.

« Les livres auraient dû être clairement identifiés, dans un rayon à part. C’est une honte de forcer des sorciers à lire leurs travaux. Peu importe combien certains d’autres eux peuvent être des exceptions talentueuses. J’imagine que c’est comme chez les sorciers, certains sont beaucoup plus puissants et talentueux que d’autres, à l’image d’Albus Dumbledore qui était l’un des plus puissants sorciers du monde et de l’histoire. Il doit exister quelques perles rares également chez les moldus comme ce Tolkien. Cela ne fait que confirmer les choses finalement. »

Avait répondu Jasper, s’étant un peu repris notamment grâce au fait d’avoir été floué par cette ancienne directrice qu’il n’avait jamais porté dans son cœur. Si certains sorciers étaient plus doués que d’autres finalement c’était la même chose chez les moldus, cela ne voulait pas pour autant dire que la majorité n’était aussi idiote que ce qu’il pensait, au contraire. C’était comme l’exception qui venait confirmer la règle.
Le garçon peinait à s’imaginer à quoi pouvait ressembler une guerre de moldus. Lui qui ne connaissait ni les armes à feu, ni tout le reste inventé par les moldus, il les imaginait se battre de manière plutôt moyenâgeuse sans pour autant parvenir à s’imaginer quelque chose de clair ne connaissant que trop peu de choses à leur sujet.

« Certes la guerre peut être horrible, j’ai lu autant de choses que je l’ai pu sur celles que nous avons connus. Admettons qu’il soit effectivement l’un des rares moldus ayant un talent déconcertant, pourquoi à aujourd’hui leurs livres ne sont pas clairement identifiés dans la bibliothèque ? Surtout après le passage d’un Directeur comme Sorensen autant pencher sur les valeurs du Sang-Pur. Je n’ai aucuns soucis avec les nés-moldus devenant des sorciers, ce n’est pas pareil du tout qu’un moldu lambda. Eux ont ouvert les yeux sur le monde au contraire de leurs semblables. »

C’était assez rare que Jasper confie autant sa vision des choses. Peu de personnes la connaissaient autant. Mais la discussion avec Jaimie était intéressante et stimulante, il avait envie qu’elle continue encore un peu tant que le professeur avait du temps à lui accorder.

Découvrir un monde merveilleux… Jasper serait idiot de nier cela. Le monde créé par Tolkien était merveilleux, grandiose même. Impossible de dire à haute voix ce qu’il ne pensait pas. Impossible de critiquer cette œuvre qu’il admire. Seulement, apprendre qu’elle avait pensée, imaginée, écrite par un moldu lui laissait un goût amer, le faisait tomber de haut. Si des camarades, des amis d’amis, ses proches avaient tenté de lui faire comprendre que les moldus n’étaient pas aussi mauvais qu’il le pensait, aucun n’avait eu la présence d’esprit d’utiliser cet argument pour lui montrer qu’il se trompait.

« Vous marquez un point. » Admettait-il au professeur.

Cette discussion continuait d’être stimulante, certes cela impliquait un profond bouleversement de ses opinions, mais discuter avec Monsieur Alexander était réellement intéressant. Cela ne signifiait pas pour autant qu’il irait jusqu’à s’inscrire à son cours, d’autant qu’il avait déjà suffisamment à faire cette année pour ne pas se rajouter une option supplémentaire. En tout cas, il prenait plaisir à échanger avec lui et serait prêt à réitérer l’expérience dans le futur, qu’ils parlent de moldus ou d’autres choses.

« C’est vrai que Poudlard n’est pas très calme, en tout cas depuis ma première année nous n’avons pas eu une seule année sans événement grave. J’imagine que cela laisse peu de temps aux différents directeurs de faire tout ce qu’ils voudraient. »

Cela tombait sous le sens maintenant que le professeur le mentionnait, seulement Sorensen aurait pu avoir des conseillers, des informateurs, des assistants qui lui auraient indiqué l’inventaire de la bibliothèque et cette présence de livres écrits par les moldus. Bien que désormais, Jasper y était un peu plus ouvert. Les identifier n’était en effet peut-être pas nécessaire. Tout ce que disait son interlocuteur était vrai. Jamais il n’aurait ouvert tous ces livres s’il avait su leur provenance. Pourtant il avait passé de supers moments à les lire.

« Je ne suis pas pro sang-pur professeur, ce serait bête de ma part en tant que sang-mêlé. Bien que je sais que certains acteurs des deux grandes guerres prônaient le sang-pur sans l’être eux-mêmes, mais de mon côté je trouverai cela bête. Que certains moldus développent la même appétence que nous pour la magie n’est pas problématique. »

C’était le point de vue de Jasper sans aucun mensonge. Evidemment, il avait tendance à moins se rapprocher d’eux étant donné le monde dont ils venaient, mais avoir plus de sorciers était au contraire très bien pour leur monde à eux.

« Je ne suis pas d’accord, si je peux me permettre professeur. Nous ne les soustrayons pas par choix, mais par obligation. S’ils apprenaient notre existence ils tenteraient de nous opprimer pour nos différences, par peur. Le problème étant qu’ils sont beaucoup plus nombreux que nous et ils risqueraient de réussir. Alors la séparation qui existe et obligatoire et doit persister. »