Let’s do some magical things

Daria me manque. Son absence se fait ressentir tous les jours et encore plus durant les cours que nous avions en commun, les projets de groupe ou encore les repas et moments de creux que nous partagions. Tout le temps. Ses courriers sont à la fois réconfortants et douloureux car ils marquent encore plus le fait qu'elle n'est plus à Poudlard. J'étais conscient qu'elle occupait une place importante dans ma vie mais c'est plus dur à supporter que je n'aurai pu l'imaginer. Pourtant, cela me force à sortir de ma zone de confort, étant obligé de faire des devoirs en binôme avec d'autres personnes. Comme celui de potion avec Gwendolyn. Ce fut même étonnement sympathique. Peut être parce que nous avons tous deux besoin de bien faire les choses sans attendre le dernier moment.

Aujourd'hui, c'est aussi pour un exercice en binôme que j'ai rendez-vous dans une des salles inutilisées du château. Mais contrairement à celui avec la Serpentarde, je n'ai pas eu le choix du partenaire.  Il faut dire que ce n'est pas dans les habitudes du professeur de Sortilèges. Et cela me rend bien plus anxieux. Pas que je ne connaisse pas ma partenaire mais plutôt parce que je ne sais pas du tout comment me comporter avec elle. En cinq ans dans la même promotion et même maison, je n'ai jamais réellement parlé avec Judith. Il faut dire que c'est une Sorensen et que les événements des années précédentes n'ont pas vraiment aidé. Et notre dernière rencontre, durant l'été,  n'a pas forcément été des plus agréables. Je dirai même plutôt gênant… Mais maintenant, je peux comprendre son attitude de ce jour-là.  

Arrivé devant la porte de la salle, je prends quelques secondes pour me préparer mentalement, danse couloir,  avant d'ouvrir la porte grinçante. Sa voix me parvient presque immédiatement alors même qu'elle ne s'est pas retournée.  Le fait qu'elle me salue en première me surprend alors qu'il n'y a rien de bien extraordinaire à ça. J'ai presque envie de me gifler d'avoir eu un préjugé aussi stupide.

Salut Judith. Je répond à mon tour en tentant de ne pas montrer mon malaise. Je m'approche des tables qu'elle a positionner pour le travail en binôme et dépose mes affaires sur un bout de table.

...Comment vas tu ? Je la questionne plus pour tenter d'éviter les blancs gênants mais c'est en relevant la tête sur son visage que je me rends compte de ma bêtise.  Encore. Comment peut-on se sentir bien après ce qu'elle a vécu…

Désolé..
C'est une question bête… Je baisse les yeux, comme pris en faute et m'affaire à sortir mon bouquin et ma baguette. Tu veux commencer par quoi?

Let’s do some magical things

Bien que nerveux à l’idée de faire ce travail en binôme, je ne m’attendais pas non plus à ce qu’une tension soit présente aussi rapidement. Cela fait à peine trois minutes que je suis dans la pièce que cela tourne au vinaigre. Poli, j’allais pour demander comment elle allait avant de me raviser en me rappelant ce qu’elle avait vécu à la fin de l’année. Alors, naturellement, je m’excuse de ma bourde, pensant bien faire. Après tout, n’est ce pas normal de s’excuser dans cette situation ? Lorsque quelqu’un a perdu un membre de sa famille ? Cela me semble être une réaction normale et tout à fait humaine. Et pourtant, c’est bien cette réaction qui fait baisser la température de la pièce de plusieurs degrés.

Face à elle, je me retrouve surpris par sa réplique, arrêtant mon geste et laissant retomber mes affaires dans mon sac. Sans voix, je ne peux que la laisser continuer à s’énerver contre moi pour m’être simplement excusé de lui avoir demandé comment elle allait. cette simple phrase semble l’avoir irrité au point de me demander pourquoi je ne pourrai pas lui demander comment elle va, quand bien même elle a perdu son frère et que s’excuser ne lui fait que lui rappeler ce dernier. C’est une ré… je m’arrête en plein milieu de ma phrase, détournant le regard dans un soupir à peine contenu. Cela ne sert à rien de se justifier avec la Serdaigle. Elle n’a pas tort sur le fond : cela n’empêche en rien de prendre de ses nouvelles mais sa réaction me paraît tout de même injuste. Laisse tomber, Tu as raison. Elles ne servent à rien. Je passe la main dans mes cheveux, légèrement fébrile, avant de poser mon attention sur mes affaires. D’un geste plus sec que je l’aurai voulu, je sors un parchemin, une plume et ma baguette et dépose mon sac sur le sol. J’ai la mâchoire serré, déjà énervé de la situation dans laquelle on se trouve. J’ai juste envie que ce devoir se termine vite. Je peux comprendre sa colère mais j’ai l’impression d’être surtout un défouloir et c’est vraiment frustrant. C’est déjà la deuxième fois que cela se passe ainsi.

Je ne réponds même pas à sa réplique. En a-t-elle même quelque chose à faire de comment je vais ? et même si ça l’intéressait, je n’ai aucune envie de lui faire remarquer que j’ai juste envie de me barrer, même si cela doit bien se faire ressentir. Les doigts serrés sur ma baguette, j’hoche de la tête à sa proposition pour le devoir que nous avons ensemble. Faisons ça. Autant s’occuper de la parité la plus compliquée en espérant être capable de lancer quoi que ce soit au vu de la situation. Je me redresse et regarde dans les recoins de la salle. Une moue contrariée se dessine sur son visage et un soupir s’échappe de ma bouche. bien sûr, il fallait en plus que le matériel manque. Je me décaler de la table sur laquelle nous avons pris place et me place plus ou moins au centre de la pièce, poussant les deux trois chaises autour de moi. Vu qu'on a pas de mannequin, soyons le cobaye de l’autre. je te laisse commencer. Vu que je semble être défouloir, autant l’être jusqu’au bout. J’espère cependant qu’elle n’en profite pas pour passer ses nerfs sur moi à coup de sorts incommodants.

Let’s do some magical things

Ambiance tendue dans cette salle qui nous sert ce jour de lieu pour travailler. Comme la dernière fois, durant l’été. Cela fait plusieurs années que nous fréquentons la même école, la même maison, et jusqu’à l’année dernière, la même année. Pourtant, nos échanges n’ont été que très rares ou de simples formalités. Judith et moi n’avons jamais eu de raisons de nous parler, de simplement discuter ensemble. Il faut dire que je n’ai jamais vraiment cherché à me sociabiliser, me contentant de mon amitié avec Hayden ou avec ma meilleure amie qui me semblait être suffisant. Une erreur sûrement de ma part, mais la peur d’être encore déçu s’était imposée plusd’une fois. Encore maintenant. Le moindre de mes mots semblent agacer la Serdaigle et ça, déjà près de la cascade.

Je ravale un soupir, baisse la tête alors que je déballe mes affaires et serre les dents pour ne pas dire ce que je pense réellement et me barrer tout de suite. Je n’ai pas envie de me prendre la tête mais je commence à en avoir marre d’être le défouloir des autres ou que l’on ne respecte pas mes choix, mon avis, mes décisions. C’est injuste et je déteste ça. Je lui propose alors de commencer, d’être le cobaye de l’autre. Je n’ai pas envie de perdre mon temps à chercher un pantin pour le faire. Je suis déjà son défouloir de toute manière, qu’est ce que cela changerait pour elle.

Je me mets en place, baguette en main et lui lance un regard en biais, sourcil fronçé lorsqu’elle annonce que nous ne devons utiliser que des sorts de désarmements pour ne pas blesser l’autre. Ca ne me serait pas venu à l’esprit d’utiliser un sort pour te blesser. J’ai l’air de vouloir lui faire du mal ? Je ne suis pas stupide, jamais je n’aurai tenté quelque chose qui risque de lui faire mal. Nouveau soupir ravalé. Elle commence, tente de lancer un sort mais rien ne se passe. Etonnant, j’ai toujours pensé que Judith était du genre à tout réussir. Je garde cette remarque pour moi, laissant le silence nous englober totalement. Je lève à mon tour ma baguette et me concentre pour lancer un Expelliarmus.

Spoiler:

Le reste : Rien ne se passe.

Le silence est pesant entre nous. Je me moque du résultat de mon sort au final. Je sens que je ne vais pas réussir à tenir plus longtemps dans cette ambiance. Je ne suis plus le même que l’année dernière. Je n’accepte plus les choses comme elles sont alors que ça ne me convient pas du tout. Alors, j’inspire longuement, laissant mon bras retomber le long de mon corps, mon regard bleu sur mon adversaire.

J'ai fait quelque chose qui n'allait pas ?

Le son de ma voix me surprend moi-même. Briser le silence est surprenant et je sens tout l’impact que cela représente. Confronter Judtih me demande, au fond, beaucoup de courage.

C'est à cause de notre rencontre imprévue cet été au camp que tu te comportes comme ça avec moi ?