L’été était passé bien trop vite pour Kathleen, qui n’avait pas eu assez le temps, à son goût, de profiter de sa maison, de ses parents, d’à peu près tout. Et, en même temps, elle était contente de redémarrer une nouvelle année avec ses amis et ses camarades de Maison, avec de nouveaux espoirs et de nouveaux objectifs. Les Sorensen étaient globalement de l’histoire ancienne, à l’exception de la dernière de la famille, mais elle était moins pire que les autres. Kathleen ne se réjouissait pas du décès de Finnbjörn dont elle avait vaguement entendu parler via le milieu sang-pur, mais elle estimait que Monsieur Armitage serait bien meilleur à la tête de Poudlard.

Elle montait sa valise avec un peu de difficulté quand elle vit débarquer Azure qui la rejoignait avec son enthousiasme habituel. La Gryffondor lui demanda comment s’étaient passées la fin de ses vacances et la rouquine se rappela avec émotion sa visite au Chemin de Traverse en compagnie de sa petite sœur et de leurs parents. Alicia venait d’avoir sept ans et elle avait connu ses premiers cours de guérisseuse. Il ne s’agissait que des bases de la botanique pour le moment et quelques petites notions simples mais cela émouvait la Poufsouffle de la voir marcher sur leurs traces.

« C’était super, je… », commença-t-elle avant de se faire percuter et envoyer au-dessus de sa valise par un groupe en train de courir. « Outch. Ca va rien de cassé »

Elles rejoignirent le compartiment où se trouvait Sarah. C’était une amie de Kathleen depuis bien longtemps avant Poudlard, avec qui elle avait évolué dans les milieux de sang pur. Elle n’était pas mécontente de lui tomber dessus, mieux que sur sa valise en tout cas. Elle hissa avec difficulté la valise dans le compartiment dédié et s’assit en face de ses deux amies, avant que Sarah ne la questionne à son tour sur la fin de son été. La jeune fille crut bon de lui préciser ce qu’il venait de se passer, histoire de la faire rire un bon coup.

« Figure-toi que je me suis cassé la figure sur ma valise. Là, à l’instant », lui apprit-elle en riant. « Sinon, Ali a commencé son apprentissage. Elle n’est pas tellement passionnée par ce qu’elle découvre, mais elle a l’air contente juste de suivre un peu mes traces. Je sais pas combien de temps on la tiendra comme ça, mais elle est mignonne quand-même. »

Elle attendit de voir si Azure avait encore quelque chose à raconter, avant de s’intéresser à la fameuse révélation que Sarah voulait leur faire.

« Il t’es arrivé quoi, toi, du coup ? »

Kathleen était plutôt d’avis que, plutôt que sa valise, c’était elle le véritable danger public. Sa maladresse n’avait d’égale que sa capacité à se soigner après s’être heurtée à sa propre difficulté d’avancer sans se prendre quelque chose au passage. Azure posa une main compatissante sur elle en s’enquérant de si elle allait bien. Il était vrai qu’elle aurait pu se faire très mal mais la fillette avait l’habitude de se faire des bleus et elle ne craignait pas la douleur. Mais elle était touchée par la plaisanterie de Sarah et la compassion de Azure, témoignant de soutien l’une comme l’autre.

« C’est surtout moi qui suis un danger public », répondit-elle en riant avant de se tourner vers Azure. « C’est gentil de t’inquiéter pour moi, mais j’ai l’habitude de tomber. Ca m’arrive tout le temps, demande à Sarah. »

Elle poursuivit en mentionnant Alicia. Elle savait que Sarah serait curieuse de savoir qu’elle avait commencé ses études de guérisseuse. La Gryffondor aimait beaucoup l’enfant facétieuse et dynamique qui lui réclamait des câlins quand elle allait en visite chez les Kirte. Cela faisait déjà sept ans que la fillette avait vu le jour et qu’elle s’était retrouvée dans les bras de sa grande sœur qui venait de démarrer son propre apprentissage. La Poufsouffle ne se rappelait que trop bien ce moment si émouvant et ne pouvait qu’être d’accord avec son amie. Alicia avait grandi beaucoup trop vite. Le temps passait vite.

« Oui, tu as raison. »

Mais il était temps d’écouter Sarah. Il était évident pour ses deux amies qu’il s’était passé quelque chose de vraiment important dans la vie de la fillette. Et elle ne savait pas exactement de quoi il était question, mais Sarah n’avait jamais voulu lui donner tous les détails de ce qui se passait dans sa famille et Kathleen ne lui avait jamais demandé de telles confidences. C’étaient le genre de choses qui ne se disaient pas à n’importe qui et que la Poufsouffle n’avait pas forcément envie d’entendre à moins que Sarah ne veuille le lui confier. Mais elle était heureuse qu’elle ait pu s’ouvrir à des personnes de confiance.

Quelque part, tout ce que disait Sarah la soulageait beaucoup. Tous ceux qui l’aimaient avait fait le nécessaire pour qu’elle soit à l’abri et en s’y mettant tous ensemble, ils avaient obtenu un résultat au-delà des espérances possibles. Si Orion obtenait la garde de Sarah, cela voulait dire qu’elle n’aurait plus jamais à revoir ses parents, si elle ne le voulait pas. Kathleen était heureuse de cette liberté nouvelle qu’elle aurait, d’autant que son cousin la laisserait libre de suivre ses choix et ne la marierait jamais contre son gré. Tous les tourments liés à son statut de sang-pure serait du passé pour de bon.

« Je suis vraiment soulagée de l’entendre », avoua Kathleen, pendant que Azure manifestait son enthousiasme sans pouvoir comprendre tous les enjeux de gravité. « Elle sera beaucoup mieux avec son cousin, tu n’imagines pas à quel point. »

Bien entendu, Kathleen n’avait que la rumeur mais elle pouvait deviner qu’elle s’appuyait sur bien du vrai. Azure questionna Sarah sur la personne qu’elle avait envie d’inviter en premier et la Poufsouffle l’écouta avec un vif intérêt.

Si Kathleen n’était pas complètement au fait de ce qui se passait dans la vie de Sarah jusqu’à présent, elle en savait assez pour savourer le fait que la Gryffondor soit désormais sous la responsabilité de son cousin. Azure en savait encore moins que Kath et elle espérait qu’elle ne soit pas complètement larguée face aux échanges qu’elles avaient ensemble. En tout cas, elle ne répondit pas vraiment quant à sa rencontre avec une nouvelle élève, alors Kath décida de ne pas insister sur le sujet. Si elle ne voulait pas faire de commentaires, Azure en avait parfaitement le droit.

La jeune Poufsouffle sourit en pensant aux combines entre Cassie, Leo et Sarah par le passé. Cela appartenait définitivement au passé d’ailleurs, mais ce n’était pas plus mal. Ca ne l’empêcherait pas de continuer à profiter de Cassie et Leo. En revanche, profiter d’Ombelline ne serait plus aussi compliqué. Elle n’était pas une ennemie pour Orion, bien au contraire. Kathleen était soulagée à l’idée que les deux cousines, qui s’adoraient, allaient enfin pouvoir se fréquenter à leur aise. Non, tout était vraiment mieux maintenant que Sarah était officiellement délivrée du joug parental. La Poufsouffle était convaincue que c’était ce qui pouvait lui arriver de mieux.

« La maman d’Ombelline était de sang-pur, mais elle a épousé un sang-mêlé et c’est de leur union que Ombelline est née. Du coup, le couple et leur fille ont été considérés comme ne devant plus voir aucun membre de la famille. Sarah n’avait pas le droit de la fréquenter alors qu’elles s’adorent. »

L’idée de passer du temps en compagnie d’Ombelline, Azure et Sarah était un projet des plus tentants pour Kathleen. Elle adorait les trois filles et elle avait très envie de passer du temps en leur compagnie et de s’amuser avec elles. Elle n’était pas certaine de savoir s’il y aurait de la place pour tout le monde chez Orion, mais elle supposait qu’elles pourraient au moins y aller l’une après l’autre. Et puis, en tout cas, Sarah serait libre d’y inviter qui elle voudrait et c’était un luxe qu’elle n’avait pas eu jusque là. L’espoir était grand pour l’avenir.

« On va bien s’amuser. »

Ombeline, Azure, Sarah et elle dans la même soirée, voilà qui était prometteur de beaucoup d'amusement. Forcément, Sarah ne pouvait pas être sûre qu’elle aurait le droit de toutes les inviter en même temps. Cela dépendrait notamment de la taille de son nouveau logement. Mais même si elle ne pouvait les inviter qu’une par une, le manoir Kirte serait un endroit parfait pour réunir toute la petite équipe. Et le fait était que Sarah n'aurait plus à s'inquiéter des personnes qui se trouveraient là. Son frère et son cousin ne lui reprochaient jamais ses fréquentations.

« De toute façon, si ça ne peut pas se faire chez toi, tu nous inviteras une par une. Et on se fera quand même notre soirée pyjama à quatre au manoir. Chez nous, il y aura toujours assez de place pour avoir trois amies à la maison et ça ne nous empêchera pas de te voir chez toi. Le plus important, c'est que maintenant, tu n'auras plus besoin de t'inquiéter de tes fréquentations. Et c'est tellement chouette de se dire qu’on va se retrouver toutes ensemble. »

Il n'en fallait pas plus à la Poufsouffle pour être de bonne humeur. Cette année s'annonçait sur des chapeaux de roue. Tout ce qu'elle espérait, c'était que la gravité de la situation de l'année précédente ne se reproduise pas. Si elle se retrouvait encore face à une communauté sang-pure toute puissante qui essayait de lui dicter sa conduite, elle allait en faire des cauchemars. Il y avait fort à parier que les choses avaient évolué avec le départ du directeur, mais la jeune fille avait toujours peur des mauvaises surprises. Au moins, elle ne serait pas seule pour les affronter.

« J'espère que les choses seront moins compliquées cette année. Je ne sais pas trop ce qu'ils espéraient faire avec Sorensen, mais je suis soulagée qu'ils aient choisi monsieur Armitage comme directeur cette année. Ça devrait mieux se passer avec lui, vous ne croyez pas ? »

Elle était plutôt optimiste, étant donné qu'elle avait toujours eu l'impression avoir un bon contact avec cet homme. Elle espérait qu'il allait pouvoir ramener la paix à l'école, même s'il fallait avouer que c'était un sacré défi, qui que soit le directeur. Et les élèves avaient subi tellement de tous les côtés, quelle que soit la politique. Il fallait avouer que le fonctionnement de l'école avait été extrêmement répressif et que ce n'était peut-être pas la meilleure manière d'apprivoiser les élèves. Elle comprenait qu'on ne pouvait pas laisser tout faire, mais les anciens directeurs avaient vraiment perdu le contrôle.