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Pale yellow (Maxton & Blue)
August P. Rowle

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Message(#) Sujet: Pale yellow (Maxton & Blue) Pale yellow (Maxton & Blue) EmptyDim 10 Juil - 19:26

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PALE YELLOW
From straying nights to mornings sun

”N'oubliez pas que vous êtes la dernière héritière Sherwin. Alexis, paix à son âme, n’est plus là pour assurer notre descendance… Quant à Albert, s’il avait daigné écouter mes conseils, il n’aurait pas fini avec cette incapable. Edith n’est jamais tombée enceinte, malgré dix années de mariage. Certes, vous pourriez tout aussi bien me citer Lizbeth ou Eleonore, mais dans le fond, cette branche de la famille n’est pas la plus vive. J’ai toujours trouvé en Elisabeth une force particulière, qui mérite d’être reconduite. Et puis, pour ne rien vous cacher, l’idée que toute ma fortune soit destinée à quelques pièces rapportées de cousins lointains, à peine plus dignes que des rapaces, m’insupporte au plus haut point.” Tante Rosemary avait toujours été d’une détestable fantaisie. La largeur de ses chapeaux n’avait d’égal que la pesanteur de ses parfums, habillant chacun de ses accoutrements d’une pellicule menaçante. On la sentait approcher à des mètres, et Bluebell se souvenait de ce jeu avec Maxton, dans leur plus tendre enfance, qui consistait à partir le premier à l’arrivée du monstre. Celui qui n’avait pas été suffisamment attentif pour lui échapper était contraint de rester auprès d’elle pendant cinq longues et pénibles minutes, sous le rire moqueur de l’autre qui assistait de loin au supplice. Hélas, ils étaient désormais trop grands pour se permettre l’inconvenance de déguerpir à son odeur et de toute évidence, Bluebell n’aurait guère eu l’énergie nécessaire pour se lever de sa chaise où elle s’était enfoncée depuis le début du déjeuner. La langueur qui pesait sur ses épaules lui collait à la peau comme du plomb, engourdissant son sang comme s’il fût atteint de poison, serrant ses poumons qui manquaient souvent d’air, brûlant son crâne d’outrageantes pensées. “De fait, je compte sur vous pour reprendre en main notre lignée et à mon très humble avis, mieux vaudrait vous hâter. Vous êtes en âge. Regardez Phoenix Reyes, par exemple, ou même Erin Sørensen. Après tout, elle serait déjà mariée si cette pauvre enfant n’avait pas perdu son frère.” Bluebell leva enfin ses yeux sur le visage de son interlocutrice, croisant son regard faussement navré. La tête posée contre son poing, elle considéra toute la mondanité écoeurante de son expression, savant mélange d’hypocrisie et de fierté comme s’il était digne de feindre de la peine. N’avait-elle donc pas compris, du haut de ses soixante années, que la colère était bien plus noble qu’une prétendue mélancolie ? Ne voyait-elle pas que le dégoût qui tirait ses propres lèvres seyait plus les expressions du deuil qu’une pitoyable tristesse ? “Je compte sur vous… Et ne vous avisez guère de décevoir ceux qui ont eu la décence de vous nourrir quand personne ne voulait de vous.” Un ricanement étouffé s’échappa de sa gorge tandis que Tante Rosemary se levait pour quitter la table. Ainsi donc se permettait-elle de citer leur adoption comme ultime argument de mariage ; sûrement avait-elle compris que rien n’avait encore fonctionné, probablement encore avait-elle lu l’indifférence dans ses prunelles. Dommage qu’elle s’éloigne sans prendre le temps de contempler l’échec de cette dernière offensive qui ne pouvait rien dans le désordre déjà chaotique de ses aspirations.

En effet, dans d’autres circonstances, peut-être aurait-elle bondi en affûtant ses meilleures injures envers l’indécence de cette aïeule, touchée à l’évocation de son passé, furieuse à l’injonction du mariage qui ne semblait point s’appliquer aux hommes de leur entourage. Mais par cette précieuse journée de juillet que le soleil inondait de lumière, laissant le domaine briller de verdure là où la haute tente ensorcelée respirait de fraîcheur, dans cette festivité où toute la famille avait été conviée pour célébrer le début de l’été à l’occasion d’un banquet extérieur que le dessert venait de clôturer, dans ce décor bucolique de tables rondes nappées de dentelles, de bouquet de fleurs roses, de chandelles aux diamants, d’instruments ensorcelés dans un air jazz qu’accompagnait une chanteuse prometteuse (sur laquelle Bluebell aurait juré que son frère avait des vues en dépit de son sang-mêlé) ; dans toute cette élégante atmosphère de garden party,  Bluebell n’était guère d’humeur à s’emporter. Bien au contraire, maintenant qu’elle demeurait seule sur cette table désertée, les autres convives ayant rejoint la piste de danse ou d’autres interlocuteurs pour échanger quelques opinions ministérielles autour d’une énième coupe de champagne, face à son assiette encore pleine d’un gâteau à la crème qu’elle n'avait guère daigné toucher de sa fourchette en argent, dans une longue robe évasée d’inspiration édouardienne qu’elle aurait souhaité noire mais qu’on lui avait imposé rouge, il lui semblait n’être plus traversée que par cette même impression de futilité, de désintérêt, de détachement. Aussi demeura-t-elle immobile, dans la même position que l’avait trouvée Tante Rosemary, son verre de vin à peine entamé, le regard à nouveau porté dans le vide, vers l’orée du bois, avant les limbes, après l’instant présent. L’impure qui chantait entreprit un classique des mélodies anglaises du milieu du siècle, un choix facile, un air putride qui vint ainsi polluer le rythme immobile de ses songes. Douze jours, douze nuits, douze insomnies. Deux crises de fureur, la première le soir-même, la seconde au retour des funérailles. Mais une seule exclusive obsession ; entretenir le feu de sa colère en le nourrissant des souvenirs qu’elle voulait effacer, en l’attisant de l’injustice qu’elle ressentait. Il ne l’avait pas prévenue - il l’avait consolée en vain - il lui avait menti - il avait abandonné - il avait trahi les siens - il l’avait encore une fois laissée, définitivement désormais, sans lui accorder la moindre chance d’intervenir, sans daigner l’impliquer, sans essayer de lutter. L’impuissance était latente, la rage, létale. Un poison qui coulait dans ses propres veines, qui bloquait sa respiration, qui agitait ses réflexions. Elle n’avait pas envie d’appartenir au monde extérieur quand son propre regard n’observait que les cendres d’une tromperie qui soufflaient en elle. La voix de la chanteuse s’éteignit, Bluebell se leva brutalement. L’orchestre magique reprit sur un rythme plus entraînant, elle n’en suivit la dynamique que pour se presser de quitter toute cette maudite foule et ses sourires purulents, désireuse de retrouver l’ombre de sa chambre où elle cultivait son fantôme.

“Tu ne peux pas partir sans m’accorder une danse.” La voix de son frère s’était faite ferme là où l’emprise sur son poignet se révélait plus douce. Coulant sur lui un regard de découragement en gage de son envie de fuir, Bluebell resta droite malgré la tentative de son jumeau de l’attirer à lui. “Laisse-moi partir” souffla-t-elle dans un murmure que la musique tapit, ne laissant sa voix qu’à la seule portée d’un Maxton au rictus empli de malice. “Je sais d’expérience que la solitude n’est pas une bonne solution. Reste.” Bluebell hocha négativement la tête en avançant toutefois de quelques pas vers lui, juste de quoi se hausser sur la pointe des pieds pour s’approcher de son oreille. “Je ne suis pas d’humeur à jouer, je veux seulement…” - mais déjà, il profita de sa proximité pour glisser sa main libre dans son dos et ainsi l’attirer à lui dans une danse enjouée qu’il guida avec entrain. “Maxton !” riposta-t-elle, indignée de cette prise d’initiative qui s’opposait à sa volonté, ne suivant ses pas qu’avec une mollesse évidente. ”Ta fuite est trop flagrante” glissa-t-il à son oreille dans un tournoiement qui lui donna un vertige. “Flagrante ?” répéta-t-elle en se raccrochant à lui pour ne pas perdre pied dans son étourdissement. “Mon état est tout sauf flagrant.” Le claquement sec de son intonation se confondit avec celui de ses talons sur le parquet, son regard orageux avec les rictus cérémonieux des convives observant les couples danser autour d’eux, la rigueur de ses mouvements avec la désapprobation de Tante Rosemary qui sirotait son verre de spiritueux en les toisant. De fait, rien n’était flagrant, dans la mesure où le ressentiment de la Serpentard était tacite, ne s’exprimant que dans le silence de sa présence d’ordinaire si tempétueuse. Bluebell était en colère contre une cible invisible des vivants, un cadavre qui ne pouvait rien saisir de son aigreur ainsi destinée à la ronger de l’intérieur. Dans le fond, c’était précisément cette impossibilité à évacuer sa hargne, macérant entre ses tempes sous la chaleur de ses flammes et de l’été, qui la rendait si étourdie, si éteinte, emportée par des effluves paralysantes. C’était cette incapacité à l’exprimer et à la faire entendre qui l’asphyxiait. Personne n’était réellement au fait de ce qui l’avait liée au défunt. Que valaient ses émotions aux yeux des autres, qui ne la figuraient que comme une connaissance ? Et quelle place pour un deuil qui n’avait aucune légitimité, même pour elle qui ignorait comment qualifier leur relation passée ? Rien de tout cela n’était flagrant. Elle n’était qu’une demoiselle oisive pour les uns, une adolescente fermée pour les autres. Seule Elisabeth semblait avoir deviné quelque chose. Seul Maxton distinguait l’évidence. “Allez, je t’en prie, laisse-moi partir” réitéra-t-elle alors en passant une main derrière sa nuque, cherchant à lui faire comprendre par son seul regard toute la mauvaise humeur qu’elle ressassait et qui la tenait à des lieux de la piste de danse. Mais Bluebell avait oublié qu’ils partageaient le même sang et que l’entêtement courrait également parmi les hémoglobines du Gryffondor. Aussi esquissa-t-il un sourire espiègle avant de s’amuser à presser la cadence pour tournoyer de plus en plus, suivant le rythme effréné des cuivres. Bluebell manqua un pas et ne se retint qu’au seul cou de son frère, dont l’agilité leur permit de récupérer le tempo sans encombre. Cette maladresse lui valut la spontanéité d’un rire qui, dans son essoufflement, ne parvint pas à se reprendre - et déjà, la jeune fille riait aux éclats sous le regard de son jumeau qui l’entraînait encore, les fossettes creusées en la voyant si légère.

Une vieille odeur familière flottait dans l’air, mais les jumeaux n’y prêtèrent guère attention, occupés comme ils l’étaient à tenir un rythme que plusieurs convives avaient déjà abandonné. Maxton dirigeait les mouvements avec une assurance que Bluebell parvint à rendre gracieuse, désormais appliquée dans l’exécution des pas qu’elle suivait avec un sourire de suffisance. Il ne lui avait jamais été difficile de talonner Maxton, dans la simple mesure où il avait toujours guidé leur avancée. Cette dernière année avait renversé la tendance, laissant la jeune fille marcher devant eux la tête haute, prête à abattre toute la résistance qu’ils trouveraient sur leur chemin. Elle avait pris goût à ce contrôle… Mais quelle saveur restait-il maintenant qu’elle était si amère ? Sans même le vouloir, elle avait cessé de marcher. Elle n’avait aucunement envie de se laisser abattre par la misérable décision de Finnbjörn, au contraire, elle souhaitait poursuivre comme elle l’avait toujours fait, en se retenant à la rancoeur qu’elle éprouvait. Mais force était de constater qu’elle était encore trop sonnée par sa mort pour connaître le chemin à suivre. Alors, naturellement, Maxton était repassé devant. Il avait été là depuis le premier jour, depuis la première nuit ; il s’était immédiatement rué à son dortoir lorsqu'elle l'avait appelé par la chevalière, confuse de la lettre envoyée à minuit ; il l’avait retenue par les épaules alors qu’elle jurait d’aller chercher sa dépouille en se débattant pour lui échapper une fois la nouvelle tombée ; il avait tout organisé en quelques heures pour leur permettre de rentrer au domaine au coeur de la nuit sans attendre le Poudlard Express ; il ne l’avait pas lâchée du regard en la voyant fixer la tombe sans émotion. Il  était devant elle, désormais, souriant d’une indiscutable assurance, les doigts fermés sur son échine qu’il redressait de sa seule confiance. “Elle ferait fort mieux de danser avec Georges” remarqua Tante Rosemary qui s’était rapprochée de la piste pour se plaindre à l’oreille de sa nièce Elisabeth, dont les prunelles suivaient les pas des jumeaux avec un curieux intérêt. “Pourquoi diable perdre du temps avec son frère ? Ne serait-il pas préférable de chercher un prétendant et ainsi consolider notre fortune ?” reprit la tante, soucieuse de solliciter une remarque allant dans son sens. “Croyez-moi, Tante Rosemary, ce n’est guère du temps perdu” répondit finalement Elisabeth en portant sa coupe à ses lèvres, le regard suivant toujours les jumeaux devant elles. “Tant qu’il sera là, nous n’avons rien à craindre pour notre avenir.” Son rictus, qui semblait sur le point de s’étendre en un sourire, disparut dans une gorgée de champagne tandis qu’à l’inverse, les rides de Tante Rosemary se fronçaient d’incompréhension. Aussi préféra-t-elle chercher compagnie chez Georges lui-même, toujours assis à sa table, en train de terminer les assiettes de ceux qui n’avaient pas eu l’appétit de finir leur dessert.

Les instruments semblaient s’approcher de la conclusion. De fait, les rares courageux qui avaient suivi l’air jusqu’au bout ralentirent le pas, là où les jumeaux tournaient encore, autant par envie de prolonger ce petit jeu que par désir d’exhiber leur endurance. N’étaient-ils pas les plus prometteurs de cette famille, quand bien même personne ne voulait d’eux ? ”Je t’aide à t’échapper si tu m’emmènes avec toi” lui chuchota finalement Maxton à l’occasion d’un dernier tour sur eux-mêmes. De fait, la musique s’acheva en quelques notes finales où ils se saluèrent courtoisement, comme le voulait la tradition. “Et bien, ne traînons guère” fit-elle alors en posant sa main sur son bras afin de le tirer en direction de la sortie. “Nous allons nous rafraîchir” annonça-t-elle à Elisabeth en lui passant à côté, sans prendre la peine de cacher l’intonation menteuse de sa voix. Leur mère adoptive acquiesça, peu dupe comme le laissait entendre le scepticisme de ses traits toujours tirés en un indicible rictus. Il paraîtrait que Tante Rosemary, pour sa part, leva les yeux au ciel en les voyant s’éloigner ; mais les jumeaux n’en surent jamais rien, tournant déjà leur dos à la foule de laquelle ils s’extirpèrent sans aucune autre mesure. Après tout, il ne leur avait jamais semblé devoir quoi que ce soit aux autres, ceux-là même qui n’entendaient rien à leur relation, qui n’avaient pas deviné l’insolence des rondeurs éloquentes de Maxton lorsqu’ils discutaient, qui ne comprenaient pas non plus le voile qui s’était à nouveau refermé sur le regard de Bluebell à présent qu’ils regagnaient l’intérieur du manoire. “Je t’en suis reconnaissante” souffla-t-elle à l’adresse de son jumeau à ses côtés alors que la tranquillité du hall s’abattait sur eux. Aucune âme qui vive, aucun elfe de maison soucieux d’apporter à boire et à manger, rien d’autre que l’intimité du marbre du sol jonché de rayons de soleil. Les larges vitraux au-dessus de l’escalier avaient été ouverts pour aérer, ne laissant que quelques éclats de voix et échos de piano et de trompette se réverbérer dans l’espace. Bluebell aurait pu les conduire vers le salon adjacent, mais elle ne doutait pas que Wendell y entrerait prochainement avec quelques autres maris impatients de fumer le cigare pour évoquer les affaires du Ministère. Aussi préféra-t-elle se laisser tomber sur les marches de l’ample escalier de l’entrée, la fraîcheur de la pierre traversant sa robe alors qu’elle poussait un lourd soupir. “Savais-tu que selon Tante Rosemary, je devrais me fiancer dans les plus brefs délais ?” lança-t-elle alors après un instant de flottement, laissant sa tête reposer contre la barrière en fer forgé de l’escalier, le regard porté sur l’onyx qui ornait encore son annulaire. “Il y a pourtant fort à parier qu’elle soit morte avant qu’une pitoyable alliance ne décore mon doigt” observa-t-elle avec une froideur mordante. “Et toi ?” Ses yeux se relevèrent sur son frère, qui était resté debout devant elle, se retenant nonchalamment à la rambarde pour contempler les portraits sur les murs. “Vas-tu tenter quelque chose avec cette chanteuse ? Non pas que je désire te savoir avec une vermine de son rang, qui plus est impure” nuança-t-elle alors, “mais la perspective d’un scandale susceptible d’affliger ces commères me semble toutefois fort alléchante.” Bluebell esquissa un sourire entendu. Bien sûr que Maxton méritait mieux… Mais il avait bien le droit de s’amuser quelque peu, d’autant plus après sa récente déception. De fait, il n’y avait rien de mieux qu’un jouet sans valeur duquel il aurait été aisé de se débarrasser par la suite. A défaut d’un été réjouissant, Bluebell pouvait bien espérer quelques futiles rebondissements capables d’attirer son attention sur autre chose que le trou béant qui aspirait chacune de ses ambitions enfermées autour de son annulaire.

@Maxton E. Sherwin

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Vesper L. Corvere

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Message(#) Sujet: Re: Pale yellow (Maxton & Blue) Pale yellow (Maxton & Blue) EmptyJeu 14 Juil - 17:40

Pale Yellow




Un verre remplit de jus d’airelles pour laisser supposer qu’il buvait du vin lui qui prenait soin d’éviter toutes les formes d’addictions possibles, Maxton observa sa sœur tomber dans les griffes de leur tante Rosemary. Chaque famille avait ses brebis galeuses, Rosemary était l’une d’elles. Sa langue acérée n’épargnait rien ni personne et elle aurait sans doute été tranchante s’il n’avait pas été communément admis que son venin n’était là que pour dissimuler le pathétique de sa propre existence. Certaines vieilles filles finissaient avec trente chats. Maxton était persuadé que dans son cas, aucun félin n’était assez fou pour rester. Quand ils étaient enfants avec Blue, ils avaient mis au point plusieurs techniques pour la fuir avant qu’elle n’arrive à les prendre dans ses filets. La plus concluante avait toujours été de se fier à l’odeur. Pour une raison mystérieuse, elle aimait s’entourer de parfums capiteux, comme si elle souhaitait que la puanteur de ses paroles trouve son écho jusque dans la réalité. Difficile de distinguer qui était responsable de la nausée persistante qui subsistait à la fin d’une conversation, mais l’effluve d’une fragrance de mauvais goût avait toujours été un avertissement très clair dans ces affreuses garden party. Il fallait fuir. Voilà pourquoi il contempla avec inquiétude Bluebell rester immobile sur sa chaise au lieu de trouver un interlocuteur plus fréquentable pour avoir l’air diplomatiquement occupée. Le regard absent, elle accueillit l’indésirable avec guère plus qu’un battement de cils résignés, comme prisonnière de sa torpeur.

Il n’avait jamais compris ce qu’elle avait bien pu vivre lors de cet été où il l’avait repoussée pour la tester jusqu’aux limites de sa patience. Maintenant qu’il goûtait un peu de sa propre médecine, il mourrait d’envie d’étrangler son lui passé pour la cruauté de cette décision. Assister au déclin d’un être aimé, à sa douleur était un tourment bien particulier. Chaque jour qui passait le poussait sûrement vers une forme de folie provoquée par la frustration, l’angoisse et l’impuissance. Depuis le suicide de Finn, elle était dans cet état. Il haïssait Finnbjörn pour cela. Il se détestait d’avoir dû la retenir ce soir là. Si cela n’avait tenu qu’à lui, il l’aurait laissée se ruer pour ressusciter et tuer le Gryffondor elle-même. Mais il savait parfaitement ce que c’était d’avoir l’image d’un cadavre pour compagnie dans ses cauchemars et il l’avait empêchée de sortir de salle commune pour cela. Il avait organisé sa fuite en se battant bec et ongles pour que lui soit ouvert une liaison en poudre de cheminette vers le manoir. Il l’avait veillée pendant des jours sans être certain qu’elle s’en soit même rendue compte. Il n’était pas elle, il n’avait pas eu besoin de la poursuivre comme elle l’avait fait pour lui l’an dernier. Il s’était contenté de rester à ses côtés, un peu à distance. Assez pour lui offrir de l’espace, assez peu pour être toujours là dès qu’elle en manifesterait l’envie. Il avait cru que sa léthargie s’estomperait rapidement pour de la tristesse ou de la colère. L’espoir n’était pas fou, il y avait eu des crises de fureur durant ces douze jours. Violentes, dangereuses presque. Mais il n’y en avait eu que deux et force était de constater qu’il s’était trompé. Le vide dans ses yeux parfois, l’indifférence qu’elle manifestait pour le reste du monde étaient préoccupants. Peut-être compréhensible pour les autres, mais pour lui, c’était terrifiant. Cette année, elle avait mené la dynamique de leur duo d’une main de maître, le rattrapant à chaque fois qu’il menaçait de tomber. Et il s’était balancé sur la corde raide toute l’année, plus que quiconque n’avait pu l’imaginer. Si on l’avait questionné, il aurait sûrement prétendu qu’il avait eu des difficultés à retrouver son équilibre. S’il avait fallu être honnête, il avait surtout passé son temps à essayer de le perdre. Il y avait quelque chose de grisant dans la sensation de tomber, un plaisir malsain à lâcher prise tout en anticipant la douleur. Si elle allait mal, il n’en avait plus le droit. Il devait retrouver son rôle premier, celui de la protéger du monde entier. Il avait réussi si longtemps, il en était nécessairement capable. Et pourtant, il avait l’impression d’avoir oublié comment faire pour être l’adulte de leur duo quand malgré ses efforts, elle n’allait pas réellement bien.

Les lèvres de Rosemary bougeaient toujours et il se décida à les rejoindre. Même à plusieurs mètres, le parfum le saisit à la gorge, encore plus entêtant sous le soleil de juillet. Pouvait-il la pousser dans le bassin, au milieu des poissons aux écailles brillantes, pour l’obliger à se rincer d’une partie de cette infâme senteur ? Il était persuadé qu’aucun habitant de la mare n’y survivrait, mais cela serait une délivrance pour le reste du monde. Enfin, si Elisabeth ne le tuait pas après pour avoir perturbé cette petite sauterie.

Comme pour le récompenser de son héroïsme à se précipiter dans la gueule du loup, Tante Rosemary s’éclipsa alors qu’il se dirigeait vers la table. Bluebell resta immobile quelques instants, ses yeux bleus posés sur la chanteuse de jazz. Est-ce que sa jumelle voyait tout comme lui la vague ressemblance avec Erin. Cela l’avait intrigué quand elle était apparue pour interpréter sa première chanson. Même coupe de cheveux, même silhouette, mêmes iris claires. Rien de sa beauté violente cependant. Comme sa musique, elle était plus indolente. Moins assurée parce que conscience que son sang n’était pas à la hauteur du leur, plus charmeuse parce que sa place en dépendait sans doute. Est-ce que Bluebell pensait aux Sorensen quand elle la voyait ? Elle se leva brutalement quand la dernière note mourut et il fut contraint d’accélérer le pas pour attraper son poignet au dernier instant. Juste avant qu’elle ne lui glisse entre les doigts. Douze jours de soutien silencieux, cela était bien assez. Maintenant, il devait la faire sourire avant qu’elle ne devienne elle-même un fantôme.

- Tu ne peux pas partir sans m’accorder une danse.

Il n’était pas friand de l’exercice, mais cela leur permettrait d’être tous les deux sans quitter la fête. Un compromis honnête entre leur devoir de représentation et son besoin de s’éloigner. Evidemment, elle résista. Mais il était plus décidé qu’elle. Alors qu’il la contraignait à danser avec lui en l’entraînant, elle esquissa quelques pas avec une forme de mollesse contrariée.  Pensait-elle qu’il s’en offusquerait ? Elle pouvait bien mettre toute la mauvaise volonté du monde dans cette danse, tout était dans le cavalier. S’approchant à son tour de son oreille, il lui murmura dans un souffle, plus sérieux.

- Ta fuite est trop flagrante.

La réponse de sa sœur claqua comme un coup de fouet, mais là encore, il ne s’en formalisa pas. Il la préférait combattive qu’apathique. Elle pouvait bien le contredire tant qu’elle cessait d’être la victime passive d’un serpent comme Rosemary. Il se contenta donc de la gratifier d’un demi-sourire et d’arquer légèrement un sourcil dans une expression sceptique. Si, sa fuite était flagrante, évidente pour qui la connaissait et incongrue pour qui ne savait la déchiffrer. Elle était bonne actrice, mais passez quand ils étaient entourés de vautours comme aujourd’hui. Tous ces charognards sentaient sa vulnérabilité à son silence inhabituel comme ils auraient repéré un cadavre. Il avait commis une erreur en laissant l’un d’eux s’approcher pour l’entretenir. Pour le reste de cette journée, il les éloignerait. Elle et lui contre le reste du monde. N’était-ce pas une habitude après tout ?

Encore une fois elle tenta de s’échapper, il se contenta donc d’accélérer la cadence pour l’empêcher de fuir trop vite. Pour lui arracher un sourire aussi. Ils avaient joué enfants à tourner jusqu’à ce que le sol se dérobe sous leurs pieds et que le monde vacille. Maintenant qu’il était plus grand qu’elle, il était en mesure de la faire tourner jusqu’à ce qu’elle retrouve cette impression de légèreté. Elle manqua un pas, se pendit à son cou pour ne pas tomber et il la retint, absorbant sans effort le choc causé par son déséquilibre. Les yeux de sa sœur s’écarquillèrent une seconde avant qu’un rire ne lui échappe et Maxton sourit plus franchement cette fois-ci. Ce son valait toutes les chansons de jazz du monde. Ce son là était rassurant après douze jours de chaos.

Tante Rosemary alla cracher son venin auprès d’Elisabeth. S’il n’entendit pas les mots, il ne doutait guère de ce qu’elle devait dire. Et il s’en moquait profondément. Si elle était trop bête pour voir que ce qui se jouait dépasser de très loin le cadre d’une danse, alors qu’elle aille pourrir la vie d’autres convives. Cette femme était un fléau. Peut-être que sa sœur avait raison finalement, il était temps de fausser compagnie à tous ces gens faussement bienveillants qu’il méprisait. Un jour ce monde serait leur royaume et il les forcerait à s’excuser. A ramper. Alors ils s’enfuirent sans un regard, elle ravie par ce départ, lui par le fait qu’elle accepte sa présence.

Le manoir était calme. C’était agréable après cette effervescence. Salutaire même. Alors qu’il réfléchissait à une activité qui pourrait trouver grâce aux yeux de sa sœur, celle-ci lui rapporta les dires de sa tante et Maxton fit un effort surhumain pour ne pas laisser échapper un juron des plus vulgaires. Elle avait enterré le garçon qui lui plaisait, peut-être que la décence voulait qu’on ne lui parle mariage que dans une demi-douzaine d’années, non ?

- Rosemary n’a jamais réussi à trouver un homme capable de l’épouser, je pense que ses conseils sont à prendre avec précaution.

Qui aurait voulu la toucher elle et ses parfums à vomir ? Il observa sa sœur assise sur les marches de l’escalier et il s’adossa à la rambarde à sa gauche. Il n’avait jamais réfléchi au fait qu’elle se marierait, comme toutes les filles sang pur ou presque, mais brusquement cette perspective lui parut grotesque. Comme si elle avait besoin d’un mari pour exister.

- Tu n’as besoin de personne.

Il laissa son regard courir sur les portraits qui les entouraient quand sa question suivante lui arracha un regard surpris. La chanteuse …. ?

- Pardon ?

Bluebell n’avait jamais manifesté la moindre curiosité pour sa vie privée et il en était ravi. Sa question était donc particulièrement surprenante, surtout après le fiasco Erin qu’ils avaient tous les deux pris soin de ne jamais évoquer. Les mots bloquèrent dans sa gorge alors qu’il fixait sa jumelle qui poursuivait sa tirade d’un air ravi. Il n’avait qu’une envie modérée d’aller perdre son temps avec une fille de sa condition. Ou plutôt, et cela il ne l’avouerait jamais, il n’avait aucune envie de prendre le risque d’être éconduit à nouveau. Son ego méritait qu’il arrête de le malmener. Mais sa jumelle était là, à fomenter des plans machiavéliques et ridicules, comme si elle allait mieux. Cela méritait qu’il joue le jeu. Puis, en y pensant, est-ce qu’elle ne ressemblait pas réellement à Erin par certains aspects ?

- Je ne tente quelque chose que si cela est un pari en bonne et due forme, ma chère. Et puisque je dois me sacrifier pour la cause, je choisis l’enjeu. Si je gagne et qu’elle est réceptive, tu me dois une soirée de mon choix. Tu choisiras la mise si je perds. Mais n’espère pas trop.

C’était arrogant, mais il pouvait bien dissimuler ses propres doutes derrière des fanfaronnades. L’éclat d’amusement dans les yeux de sa sœur continua de briller et elle serra sa main sans hésitation pour sceller ce qui serait le jeu de ce jour. Cela n’était pas une nouveauté, enfants ils avaient l’habitude de faire des paris au détriment des autres. Des mauvais tours dont les victimes étaient les gens qui les entouraient, juste pour les divertir de leur ennui. De toute façon, ils se moquaient bien trop des autres pour trouver quelque chose à redire sur le fait de jouer avec eux. Plus jeunes, leurs paris étaient plus violents que sentimentaux comme aujourd’hui. Pousser quelqu’un, le faire saigner, le faire pleurer … Jamais obtenir ses faveurs. Etait-ce malsain ? Tout l’était, que ce soit elle qui ait pensé à ce jeu, qu’il accepte ou qu’ils ne voient aucune difficulté à interférer dans la vie de cette fille. Il lui tendit la main

- Il va falloir y retourner si tu veux jouer. Allons pimenter cette garden party.

Elle avait ri une nouvelle fois et son sourire à lui s’était agrandi, de soulagement. Deux fois en un jour, c’était un score honorable. S’il gagnait, il l’obligerait à vivre une soirée suffisamment légère pour que cela se produise à nouveau. Il allait donc falloir se montrer convaincant.

De retour parmi les invités, il avait abandonné sa jumelle ricanante pour se saisir de deux coupes et était allé en offrir une à la chanteuse quand elle avait cessé sa représentation. Elle lui avait dit son prénom, il l’avait oublié aussitôt, mais il avait vu ce qu’il voulait dans son regard. Elle avait envie de reconnaissance et en lui parlant, il lui en avait offert. Elle ne le repousserait pas, parce qu’elle avait à perdre en le faisant, mais aussi parce qu’elle pensait gagner en répondant à ses sourires charmeurs et ses paroles enjôleuses. Sa première pensée fut de la traiter d’idiote, mais il se prit au jeu dans la seconde qui suivit ou presque. Qu’il était amusant de mener une conversation où chacune des réponses de son interlocutrice flattait son ego. Sa volonté de gagner se transforma doucement mais sûrement en envie qu’elle soit accrochée. Le rôle de l’amoureux transi avait été un échec, maintenant, il ne souhaitait plus qu’être dans le rôle de celui qui suscitait l’attention. Et après, il ferait exactement comme Erin avec lui, comme il avait fait durant toute cette année. Il détruirait tout, juste parce qu’il en avait le pouvoir.

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Les rideaux se levèrent doucement sous le coup d’une brise, gonflés comme les voiles d’un navire pourtant immobile. Bluebell observait de ce fait ce phénomène avec une doucereuse mélancolie. Elle aurait souhaité embarquer pour une nouvelle escale, quel que soit l’état des flots à parcourir. Elle n’était pas née pour l’inertie, bien au contraire, son coeur ne battait que d’aventures et de promesses héroïques. Pourtant, si le bateau était prêt à partir, elle ne pouvait que demeurer assise sur ces escaliers de marbre, la tête posée contre la rambarde pour soutenir le poids de pensées trop pesantes pour se relever. A moins qu’elle n’en ait tout bonnement pas l’envie. Dans le fond, il s’agissait autant d’incapacité que de manque de volonté. A quoi bon se battre quand la seule lumière semblait trop écrasante ? Les yeux plissés, elle se consolait des ombres et ne semblait apprécier que l’accalmie de la pénombre. Le hall brillait de lumière, elle ne le supportait que par son calme et par la haute silhouette de son frère dont les propos lui arrachèrent un rictus cruel pour les uns, radouci pour lui. “Tu as bien raison. Cette femme est un serpent qui prétend être vénimeux alors qu’elle se contente simplement de ramper et de siffler dans le vide” nota-t-elle. Maxton souligna qu’elle, en revanche, n’avait besoin de personne - conclusion qui lui fit lever les yeux d’incompréhension. Finnbjörn lui avait asséné la même affirmation lors de leur précédent - ou plus précisément, dernier - échange et elle s’était alors contentée de répondre avec arrogance qu’elle se savait déjà indépendante. Quelle idiote. L’avait-elle vraiment jamais été ? Pourquoi ressentait-elle un tel vide ? Avait-il pris bien plus d’espace qu’elle ne le pensait ? Pire, avait-il emporté un bout d’elle-même dans sa tombe ? Et que diable aurait-elle fait sans son jumeau ? Dans tout son désir de solitude des précédents jours, elle se devait d’admettre qu’elle n’aurait pas supporté être à distance de lui. Il se faufilait dans son champ de vision comme un félin, discret, silencieux, mais confortablement installé, prêt à s’approcher en ronronnant à la moindre sollicitation. Elle lui en était infiniment reconnaissante, même si elle était incapable de le lui formuler clairement dans sa lenteur de vivre. “Il paraîtrait, en effet” répondit-elle finalement dans un souffle emporté par une nouvelle brise. Les rideaux tendirent à nouveau une toile de liberté, laquelle demeurait sinistrement opposée au voile de deuil qui couvrait encore son visage fermé au monde.

“Pardon ?” Sa demande s’envola entre eux sous le sourire léger de la jeune fille. Il jouait à l’innocent devant le Reine des Enfers… Pensait-il encore avoir la moindre chance de la tromper ? Au même titre qu’il était le seul à pleinement saisir la langueur qui courait dans ses manières, elle distinguait clairement le charme qu’il avait décelé chez l’impure. Oh, elle ne pourrait guère le blâmer - elle devait elle-même convenir de la finesse des traits de son visage et de la proportion de ses hanches, et il semble par ailleurs curieux que même les être inférieurs aient droit eux aussi à quelques avantages de la nature - et peut-être parce qu’il savait qu’elle n’était franchement pas repoussante, il convint de se prêter au jeu. Le sourire de la brune s’étira de plus belle, laissant découvrir ses canines. L’espace d’un instant, ils redevinrent les deux enfants capricieux de leurs jeunes années, se jetant des paris absurdes pour tapisser l’ennui de grandir dans une demeure qui leur déplaisait. Si par le passé, il s’agissait de faire tomber les elfes de maison alors qu’ils servaient une réception, constatant avec satisfaction l’égratignure ensanglantée de leur chair, les jumeaux avaient suffisamment grandi pour tourner leur malfaisance en une perniciosité assumée. Manipuler, tromper, briser. “Sache que j’espère autant ta défaite que ta victoire” répondit-elle à sa fanfaronnade avant de tendre sa main dans un accord formel. Tous les défis devaient être gagnés, mais quelle déception que son frère ne parvienne pas à ses fins. Il avait toutes ses chances et puis, il aurait été inconvenant qu’une misérable comme cette sang-mêlée refuse les avances d’un noble de son rang. La lueur d’amusement qui dansait dans ses yeux reflétait l’assurance impertinente de Maxton qui proposa sans plus tarder d’aller pimenter leur après-midi, ce à quoi elle éclata de rire. Il n’allait pas seulement mettre un peu de sel à la fadeur ambiante - il allait épicer l’insupportable langueur qui la releva lentement, retenue au fer forgé à ses côtés pour ne pas se laisser déséquilibrer. Bluebell ne supportait pas son état qu’il ne lui semblait pas maîtriser. Elle aurait préféré être consumée de colère, comme les flammes qu’elle sentait grandir dans son ventre, que de se montrer si affaiblie… Et paradoxalement, une part d’elle-même faisait délibérément preuve de désinvolture. Peut-être que pour une fois, elle n’avait pas envie de se laisser dévorer par la rage, pas tout de suite, pas si tôt. Le souvenir de Finnbjörn lui était hélas encore trop doux pour être si facilement gagné de haine. Il lui fallait d’abord déconstruire les sentiments qu’elle avait bêtement entreposés. Il lui fallait détruire.

Le retour parmi les invités fut décevant, dans la mesure où rien n’avait changé. Elisabeth discutait, Tante Rosemary commérait, les danseurs valsaient. Bluebell observa son frère s’éloigner d’elle dans un rictus entendu pour rejoindre la chanteuse qui venait de descendre de scène. Sans perdre un seul instant, il l’aborda avec un masque enjôleur qui lui arracha une expression de surprise. Il était doué de rhétorique, excellent dans le mensonge, mais Bluebell l’avait rarement vu si bon acteur. Ses lèvres étaient pourfendues d’un sourire en coin qui adoucissait l’ensemble de son visage, allant jusqu’à tirer ses yeux de malice. Elle ne doutait pas que ses mots tournoyaient d’intelligence, comme la mesure de ses gestes parfaitement millimétrés. Une main dans sa poche pour la nonchalance, une main entre eux pour appuyer son discours quand il le fallait. La brune demeura à distance, s’appuyant contre un poteau soutenant la toile de la tente pour éviter à son échine une droiture qu’elle n’aurait pas été en mesure de tenir ; mais déjà, le jeune couple s’éclipsa. Alors quoi, il lui avait fallu moins d’une dizaine de minutes ? Décidément, Maxton était encore meilleur beau parleur qu’elle ne se l’était figuré. Il conduisit la jeune fille à l’intérieur du manoir, non sans se pencher à son oreille pour susurrer ce qui devait être la promesse d’un plus grand amusement que la foule autour d’eux, arrachant un ricanement à sa soeur qui les regarda partir avec dédain. “Quelle catin” siffla-t-elle entre ses dents, ne parvenant pas à croire que certaines femmes étaient capables de s’offrir en quelques minutes seulement. Un manque évident de décence qu’elle suivit sur la pointe des pieds. Maxton l’avait attirée jusqu’au salon attenant au hall, où sommeillaient fauteuils et canapés de velours parmi quelques bibliothèques et tables d’acajou. La chanteuse s’approcha de la porte pour la refermer derrière elle, laissant Bluebell se coller au mur pour ne pas être surprise, quand la voix de Maxton s’éleva entre elles. “Allons, pourquoi refermer la porte ? Craindrais-tu quelque chose ?” L’autre idiote pouffa à sa remarque, laissant Bluebell rouler des yeux, quand après quelques conversations étouffées, le silence retomba. Non. Il n’avait pas pu réussir aussi aisément. Sans la moindre retenue, la Serpentard pencha la tête pour épier l’intérieur du salon, où elle distingua aussitôt deux silhouettes enlacées dans une étreinte crue. Son frère était penché sur la jeune fille, les mains pressées sur son visage pour retenir ses lèvres entre les siennes. Bluebell arqua un sourcil de déception. Elle avait perdu, mais surtout, il avait gagné sans aucun mérite. La cible était trop facile.

Aussi décida-t-elle d’interrompre sans autre mesure ce petit jeu. Elle entra dans la salle en tapant des mains, applaudissant une victoire sans saveur, sous la consternation de la chanteuse qui s’arracha presque aussitôt des bras de son frère. Ce dernier passa un bras dégouté sur ses lèvres, comme essuyant une bave inconvenante. “Félicitations” fit-elle une fois à leur hauteur, laissant ses mains retomber le long de son corps tendu d’arrogance. Ses yeux toisaient l’impure qui se confondait déjà en excuse, essayant par ailleurs de capter le soutien d’un Maxton profondément insensible. La différence d’attitude était flagrante. Il n’avait plus rien de l’amant épris, bien au contraire, tout en lui laissait entrevoir l’adolescent calculateur et hautain qu’il était. Ce fut peut-être pour cela que la jeune fille commençait à réunir quelques larmes dans ses grands yeux ronds… Ou bien n’était-ce qu’une légitime réaction aux propos de Bluebell qui ne laissait quant à elle exprimer aucune émotion. “Voilà une très belle performance. Tu sembles avoir déjà compris que la réussite pour les gens comme toi ne vient pas d’un quelconque talent, mais de la capacité à ouvrir la bouche quand on te le demande.” Bluebell leva la main pour interrompre ses insupportables supplications. “En l’occurrence, je te prierais de te taire. De toute évidence, aucune excuse ne sera suffisante pour alléger ton cas. Dire que je pensais naïvement qu’un contrat commercial devait rester professionnel… J’ignorais que cela incluait également de batifoler avec le public. Nous ferions mieux de prévenir tes futurs employeurs avant qu’il ne commette la même erreur que moi, tu ne crois pas ?” Maxton esquissa un indécent sourire d’amusement avant de quitter la pièce. De toute évidence, il avait déjà obtenu ce qu’il voulait, qu’il s’agisse de la faveur de son choix ou du réconfort de son égo meurtri. Bluebell fut donc seule avec sa défaite qui pleurait misérablement sous son regard le plus indifférent qu’il soit. Les larmes n’avaient jamais rien réglé. Après tout, Finnbjörn s’était-il retenu de se tuer en se figurant ses proches larmoyants à ses obsèques ? La froideur était la meilleure des solutions. Inattendue, consolatrice, digne. “Quitte le domaine avec ton indécence avant que je ne t’y force” cracha-t-elle finalement en relevant le menton. La chanteuse acquiesça docilement en couinant. La garden party se clôtura avec les seuls instruments de musique enchantés, dans le plus profond désappointement de Wendell qui, selon ses propres dires, tenait à saluer la prodigieuse artiste dont la carrière ne faisait vraisemblablement que commencer.

La semaine suivante ne fut qu’une succession de nuits fatigantes et de journées léthargiques passées à l’ombre du petit gazébo qu’avait obtenu Bluebell. Les vitraux de ses murs laissaient couler suffisamment de lumière pour lui permettre ses lectures désintéressées tout en retenant les éléments perturbateurs du jardin - l'irritabilité de l’herbe, le dégoût des insectes grouillant, la distorsion d’un environnement trop vide. Confortablement installée dans son fauteuil en rotin, Bluebell profitait ainsi de quelques courants d’air dans son espace protégé qu’elle ne quittait que le soir venu pour retourner dans sa chambre. Ce soir-là pourtant, la monotonie de l’été fut brisée par une main toquant aux portes qu’elle venait de refermer derrière elle. Elle ne fut guère surprise d’apercevoir Maxton, dont elle avait reconnu la manière de frapper et qu’elle avait de toute façon senti derrière ses épaules en retournant au manoire ; en revanche, ses sourcils se froncèrent à la vue de l’élégante bouteille de cristal qu’il tenait dans sa main, un étrange sourire flanqué sur ses lèvres. “Pourrais-je savoir de quoi il s’agit ?” fit-elle alors qu’il entrait dans sa chambre sans lui demander la moindre autorisation, véritable maître des lieux. Le Gryffondor avança nonchalamment dans l’espace, non sans jouer avec la bouteille emplie d’un liquide ambré, sans pour autant fournir la moindre réponse à l’interrogation de sa sœur. Il devait s’amuser de son agacement à le voir déambuler de la sorte sans s’expliquer, elle qui s’était habituée au plaisir du silence et de la solitude du crépuscule. “Veux-tu cesser ton cirque” soupira-t-elle en refermant finalement les portes de sa chambre. Ce ne fut qu’après encore quelques secondes de sourire moqueur et de regard mystérieux que Maxton convint enfin de lui expliquer sa trouvaille ; il avait passé la fin de l’après-midi à fouiner dans la chambre désormais délaissée de Victor et avait trouvé deux trésors : la carte des Maraudeurs et une excellente bouteille de Whisky. Bluebell ignorait que leur aîné soit en possession de tels biens. Elle lui ignorait autant sa capacité à lire une carte que son bon goût. Elle allait demander à son frère en quoi il avait bien pu ressentir le besoin de lui soumettre visuellement la bouteille d’alcool quand il lui rappela, prenant tranquillement place sur l’un de ses fauteuils, qu’elle lui devait la soirée de son choix. “A bien y réfléchir, je ne suis pas sûre que tu sois méritant” objecta-t-elle alors qu’il ouvrait la bouteille pour en renifler le contenu. “C’était bien trop facile, et puis, à dire la vérité, je ne suis pas vraiment d’humeur à…” Il interrompit sa mauvaise foi en lui tendant la bouteille, sans quitter sa moue railleuse. “Maxton…” Mais il se moquait bien de savoir comment il s’appelait. Il voulait simplement passer la soirée à déguster cette bouteille avec sa sœur, dans un entêtement obsessif de la divertir. “Soit” trancha-t-elle finalement en prenant place sur la table basse devant le fauteuil où s’était lové son jumeau, lui prenant la bouteille des mains. “Mais seulement une gorgée. Il me faut bien tenir parole.” Et Bluebell avala ainsi une brûlante gorgée dans une grimace qui ne laissa guère présager toutes les suivantes.

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Message(#) Sujet: Re: Pale yellow (Maxton & Blue) Pale yellow (Maxton & Blue) EmptyJeu 14 Juil - 20:43

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Quitte à jouer, il le faisait pour gagner. Puisque l’enjeu de leur pari était clair, il mit tout son cœur pour y arriver, certainement aussi parce qu’il était ravi de voir que la jeune fille ne lui était pas insensible et il ne lui fallait guère déployer des trésors de patience pour arriver à ses fins. Si elle avait physiquement des ressemblances avec Erin, il fallait croire que cette fille était plutôt du genre Yaxley, facile. Il aurait sincèrement aimé croire que son charme était le seul responsable, mais il fallait être réaliste. Avec une fille qui méritait réellement qu’on lui accorde de l’intérêt, Erin pour ne pas la nommer, la situation avait été bien différente.

Alors qu’il l’entraînait vers le manoir, il savait pertinemment que sa sœur interviendrait rapidement. Elle voudrait consulter de ses propres yeux sa défaite. Voilà pourquoi il décida que le curseur de sa victoire s’arrêterait à un baiser. Ce fut simple. Ce fut aussi très différent du seul qu’il connaissait, celui avec Erin. Il avait été effrayé, maladroit, son cœur battait la chamade … Là, ce n’était pas désagréable, mais c’était sans émotion. Comme quoi, il ne fallait juste pas avoir d’affect pour avoir de la maîtrise.

Comme prévu Bluebell fit son entrée et il lui offrit son sourire le plus triomphant en concluant sans égard pour la jeune fille qu’il avait entraînée ici.

- Gagné, Blue.

Elle avait la défaite contrariée manifestement, puisqu’elle décida de passer ses nerfs sur la fille. Et il n’esquissa pas le moindre geste pour intervenir. Après tout, c’était une autre réussite dans cette journée, après le rire, la colère. Si elle retrouvait toute une palette d’émotions, est-ce que ce n’était pas qu’elle allait un peu mieux ?

Comme toujours, Wendell ne comprit rien. Comme toujours, Elisabeth saisit tout. Elle le gratifia d’un regard peu amène qui ne se transforma en résignation que quand il plaida que la situation faisait rire Bluebell. A croire qu’elle aussi s’inquiétait pour sa sœur.


* * *


Après la garden party, Maxton avait cru que sa sœur s’ouvrirait un peu plus. Il s’était évidemment une nouvelle fois trompé. Passé l’amusement de cette journée, elle s’était à nouveau renfermée, choisissant le plaisir de la solitude à celui d’une quelconque compagnie, y compris la sienne. Elle allait se terrer des heures durant dans la sorte de pavillon de jardin qu’elle avait réclamé. Tous les jours, elle s’y rendait. Et tous les jours, fidèle au poste, il allait s’installer sur leur balancelle, à une vingtaine de mètres de là, ce qui lui permettait de l’observer. Il se doutait qu’elle s’en était aperçue, mais elle ne s’en plaignit jamais et lui continua de la surveiller du coin de l’œil.

Les jours passèrent et l’ennui ainsi que l’inquiétude finirent par le gagner. Un soir alors qu’elle rentrait et qu’elle optait pour aller prendre une douche et lire tranquillement dans sa chambre après le repas, il décida d’aller explorer la chambre de Victor. Il en avait l’intention depuis leur retour et puisqu’elle était hors de son champ de vision pour l’instant, il pouvait bien s’accorder cette activité plus palpitante que des heures et des heures sur cette foutue balancelle.

Comme prévu, il ne trouva aucun peigne ou aucune brosse à cheveux – il fallait bien expliquer cette coiffure pour le moins discutable qu’affectionnait Victor – mais à sa grande surprise, il lui apparut que le garçon avait quelques secrets. Des correspondances avec des personnes improbables, des livres sur des sujets bien trop intelligents pour lui et surtout … Un artefact et de l’alcool. Assis en tailleur, Maxton regarda la carte qu’il venait de trouver et une lueur de convoitise brilla dans ses yeux quand le nom des quatre maraudeurs apparut au bout de sa baguette. L’histoire la disait perdue et voilà qu’elle était entre ses mains. A une époque, cela avait été un secret. Puis un millier de livres au moins étaient parus sur le grand Harry Potter et il n’y avait guère plus eu une once de mystère sur toute cette période. Evidemment, il n’aimait pas le personnage. Mais il aurait fallu vivre dans un igloo depuis deux siècles au moins pour ne pas connaître l’essentiel. Le brave garçon avait tellement voulu réhabiliter Sirius Black et Remus Lupin qu’il s’était épanché de manière bien trop sentimentale, y compris sur leur rôle de Lunard et Patmol. Ce qui le ramenait à la carte. Trépignant d’impatience, il prit sa découverte pour aller la montrer à Bluebell, quand la bouteille de whisky lui donna de nouvelles idées. Il était temps de réclamer sa soirée.

Se faufilant dans les couloirs vides du manoir, il frappa un coup léger mais précis à la porte de sa chambre, avant d’y entrer et de s’installer comme s’il était chez lui. Après qu’elle l’ait envahi l’an dernier, cela lui paraissait être un juste retour des choses. Il s’installa sur le sol, juste en face de sa table basse et elle avant de lui résumer ses aventures de la soirée. Pour conclure sur le fait qu’elle lui devait l’enjeu de leur pari. Evidemment, elle se drapa dans sa dignité en faisant valoir qu’il n’avait pas réellement remporté cette manche. Il haussa les épaules d’un air indifférent

- Tu sais que tu es mauvaise perdante ? J’ai gagné à la loyale, tu n’avais qu’à choisir une cible plus difficile si tu n’es pas contente. Avec un sang un peu plus noble si possible.

Cela avait été un intermède divertissant en tout cas. Comme toujours depuis le début de ces vacances, elle opposa une forme de résistance qu’il balaya d’un mouvement de la main peu charitable

- Je me moque de ton envie, un pari est un pari.

Elle gémit presque son prénom, pour accentuer sa plainte de se voir ainsi importunée. Impitoyable, il se contenta de la singer en lui répondant sur le même ton.

- Bluebell.

Sa sœur lui jeta un regard noir et il lui répondit par un sourire angélique. A sa façon de secouer la tête, il en déduit qu’elle n’apprécia pas le geste à sa juste valeur, cependant. Elle capitula et lui prit la bouteille des mains pour boire une gorgée. Elle avait mis moins de dix minutes à capituler, ce que le garçon jugea raisonnable. En arrivant dans sa chambre, il avait parié sur une bonne demie heure plutôt. Tandis qu’elle déglutissait l’alcool avec une légère grimace, il lui prit la bouteille des mains pour boire une gorgée à son tour et lui expliquer

- Puisque tu es revenue à la raison, voilà ma demande pour cette soirée. Nous avons eu deux ans difficiles. Pour ce soir, je t’offre un peu de légèreté. J’ai cette bouteille, nous avons du temps et j’aimerais bien que pour une fois nous nous comportions comme des adolescents. Je te promets que cet égarement ne sortira jamais d’ici.

Sa sœur jumelle lui lança un regard qu’il jugea franchement insultant. Il y avait dans ses yeux une sorte d’incrédulité et de consternation qui lui donnaient l’impression d’avoir perdu l’esprit. Pourtant, il persistait à trouver son idée brillante. Quand ils ne passaient pas leur temps à arpenter les Enfers et contrairement aux apparences, ils leur arrivaient de se comporter avec une forme de facétie. Ils aimaient les paris bien qu’ils soient généralement douteux, ils avaient une multitude de blagues qu’ils étaient les seuls à comprendre et ils n’avaient pas passé leur enfance à se regarder dans le blanc des yeux. Comme tous les gamins, ils avaient eu des jeux. Les leurs étaient souvent inventés et ils étaient les seuls à en connaître les règles, histoire d’être certains que ni Victor, ni Alexis n’envisage d’y participer, mais parfois ils s’amusaient. Or, c’était de cela dont elle avait besoin. De se changer les idées, comme à cette maudite garden party. Il avait passé des jours à y réfléchir et la solution ne lui était apparue qu’en fouillant la chambre de Victor. Ils n’étaient plus assez jeunes pour aller jouer des mauvais tours au voisinage, mais ils avaient l’âge d’un jeu d’alcool. Ils n’étaient pas assez fous pour perdre le contrôle avec d’autres adolescents de leur âge, mais si cette soirée n’était qu’entre eux, à qui cela pouvait-il faire du mal ? Il disposa deux verres et servi le whisky d’un geste décidé, avant de lui lancer un regard amusé

- Action ou vérité ?

Elle protesta. Pesta même. Elle le trouvait puéril, un qualificatif qui le fit rire. C’était rarement le premier adjectif qui venait à l’esprit le concernant et ce n’était pas celui qu’il aurait choisi pour se décrire, même ce soir. Il était rusé, plutôt. Sous couvert de jeu, il l’obligeait à parler après des jours et des jours de silence ou de banalités. Le comprit-elle ? En tout cas, elle finit par répondre la mort dans l’âme

- Vérité.

Il acquiesça et fit mine de réfléchir avant de demander

- Quel était ton dernier mensonge ?

Il fit tourner son doigt autour de son verre dans l’attente de sa réponse. Si elle choisissait de passer son tour, elle serait contrainte de boire son verre. Si elle répondait, il savait très bien quel était son dernier mensonge et pourquoi elle n’avait pas envie de l’admettre. Elle répondait qu’elle allait bien quand il l’interrogeait et il était évident que c’était faux. C’était même insultant qu’elle puisse continuer à prétendre le contraire


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Le soleil coulait derrière les bois dans un embrasement que Bluebell prenait d’ordinaire plaisir à contempler. En effet, installée sur le rebord recouvert de coussins brodés de sa fenêtre, elle avait pris l’habitude d’assister au soir tombant avec une sorte d’acharnement fiévreux dans le regard, probablement parce que cette vision l’empêchait de porter ses prunelles sur la boîte noire qui ornait le marbre noir de sa cheminée. Elle l’avait jetée là sans plus jamais reposer ses doigts dessus, aussi bien par superstition que par volonté obstinée d’ignorer ce cadeau, laissant son regard se promener dessus dans quelques moments d’inattention. De fait, Bluebell avait la ferme intention de ne jamais ouvrir ce présent maudit, par pur esprit de contradiction. Finnbjörn lui avait demandé de ne l’ouvrir que lorsqu’elle en serait prête, comme on prierait un enfant de jouer avec les instruments des adultes qu’une fois suffisamment mûr. Aussi avait-elle décidé de ne jamais lui donner la satisfaction de considérer l’intérieur de la boîte. Oh, probablement que dans l’au-delà, si tant était qu’il existait, les fantômes n’étaient pas dotés d’émotions et ainsi, la pathétique vengeance qu’elle essayait d’entretenir était profondément vaine… Mais Bluebell s’était raccrochée à cette décision comme à un exutoire. Tant qu’elle ne touchait pas au coffret, elle exprimait son désaccord et tant que cette frustration était canalisée, la peine et l’insidieuse colère qu’elle ressentait paraissaient un peu moins insupportables. Sauf que ce soir, Maxton avait coupé court à son rituel, prenant place au milieu de sa chambre et l’invitant à le rejoindre dans sa recherche de divertissement. Le soleil tombait parmi les arbres du domaine et Bluebell n’était pas à sa fenêtre pour distinguer les palettes de rouge et d’or se déverser dans le ciel sans nuage. Ses yeux glissèrent ainsi dangereusement sur la petite boîte derrière Maxton qui reprenait la bouteille de cristal pour la porter à ses lèvres à son tour. Non. Elle ne voulait pas, elle ne devait pas l’ouvrir. Il avait décidé d’abandonner, elle avait choisi de vaincre. Et cela impliquait d’écraser tous les misérables sentiments qui essayaient d’exploser en elle maintenant que l’engourdissement lancinant des premiers jours s’estompait douloureusement. “Tu disais ?” fit-elle en reportant son regard sur le visage de son jumeau devant elle. Il n’avait pas quitté cette maudite lueur de malice et Bluebell eut la curiosité de se demander si c’était ce même air détestablement résolu qui avait imprégné ses traits l’été passé, alors qu’elle avait forcé son frère à supporter son enthousiasme. Si elle avait su que cela suscitait un tel découragement, une telle fatigue, peut-être aurait-elle passé moins de temps à se montrer aussi déterminée… Alors pourquoi diable Maxton arborait-il le même comportement ? Ne savait-il pas que cela était contreproductif ? Il avait vraisemblablement tout oublié de l’été passé, se permettant même quelques frivolités qu’elle n’avait jamais envisagées lorsque leur dynamique était renversée. L’accablant d’un regard dédaigneux, car il lui semblait franchement insultant de devoir se comporter comme une adolescente elle qui n’avait aucunement envie de s’abaisser à de si viles manières, Bluebell considéra le verre que lui remplit son jumeau en lui adressant la fameuse question.

Action ou vérité. Action - elle l’aurait étranglé. Vérité - elle l’aurait incendié. Pourquoi ne la laissait-il pas en paix, pourquoi se voulait-il si paresseux, pourquoi s’être ainsi imposé dans son espace vital ? C’était un juste retour des choses, Bluebell en avait tout à fait conscience maintenant que les souvenirs de l’année passée lui étaient revenus… Elle aurait seulement préféré payer sa dette plus tard, et non dans son état actuel. “Pourquoi faut-il que tu sois si puéril” pesta-t-elle alors. Parmi toutes les interrogations qui la hantaient, celle-là seule lui sembla assez crue pour recracher la violence de l’alcool dans sa gorge. Mais Maxton n’en démordait pas, accusant le coup avec la même nonchalance qu’il exhibait fièrement depuis le début. Installé à même le sol, dans une décontraction presque insultante, il attendait seulement sa réponse à sa question. Bluebell savait déjà qu’elle avait perdu. De toute façon, avait-elle vraiment envie de gagner ? Cela faisait des semaines qu’elle n’avait plus le goût à rien, encore moins à tenir tête à son frère qui n’avait de cesse de lui rappeler qu’il avait bien plus d’entrain qu’elle. Sa force était écoeurante et ce fut sûrement pour cette raison qu’elle régurgita un “Vérité” en guise de réponse. La nouvelle interrogation de Maxton, qui semblait s’être attendu à cette scène au regard de la spontanéité de sa voix, la mortifia davantage. Elle n’avait pas la volonté d’un action, mais à présent, elle avait encore moins le courage de la franchise. Attrapant son verre, Bluebell l’avala d’une traite avant d’enfin daigner considérer son frère dans les yeux. Il y avait quelque chose d’insolent dans ses prunelles ce soir. Ce n’était pas seulement son stupide enthousiasme, ni le sourire amusé qu’il affichait en guise de sa victoire. Il en allait de sa légèreté délibérée, comme lorsqu’il l’avait entraînée sur la piste de danse contre son gré. Il savait pertinemment où il mettait les pieds et il était également au fait qu’elle serait incapable de le laisser danser tout seul. Loyauté ou résignation, l’équilibre était trop fragile pour sa fatigue. Bluebell redressa le dos en époussetant sa longue jupe noire comme elle aurait essayé de repousser l’inévitable. Sa voix finit tout de même par admettre “Tout ne va pas merveilleusement bien, reprenant les termes qu’elle avait employés le matin-même quand Maxton lui avait encore une fois demandé si tout allait bien. Elle avait bu son verre et n’était de ce fait pas contrainte de répondre, mais dans le fond, elle avait déjà clairement fait valoir son absence de volonté. Elle n’avait pas envie de jouer et n’acceptait cette soirée que par contrainte de suivre un jumeau auquel elle était incapable de dire non. Par tous les dieux, était-elle devenue faible à ce point ?  Acquiescer et sussurer la vérité par seule impossibilité d’opposer un refus catégorique ? Qu’elle devait être pathétique à regarder - et ce constat lui arracha un sourire sans joie. “Mais tu le savais déjà, aussi te prierais-je de poser des questions plus pertinentes par la suite.” Maxton remplit à nouveau son verre avant de lui signifier que lui aussi préférait une vérité. Elle n’avait pas encore retourné la demande, mais sans doute avait-il compris qu’il ne fallait pas compter sur elle pour faire preuve de formalité pendant ce vulgaire petit jeu. “Es-tu soulagé que le mariage d’Erin ait été annulé ?” lança-t-elle alors sans aucun préambule, le regard sondant celui de son jumeau devant elle. Il avait fait irruption dans son univers monochrome, à lui de payer les frais de sa bêtise. Elle ne comptait guère le ménager, surtout pas maintenant que son ventre chauffait davantage, enhardi par le whisky, appesanti par la perception de la petite boîte noire derrière son épaule.

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Message(#) Sujet: Re: Pale yellow (Maxton & Blue) Pale yellow (Maxton & Blue) EmptyJeu 14 Juil - 21:51

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Maxton crut dans un premier temps qu’elle n’allait pas répondre vu sa manière de boire son verre. Puis après une hésitation, comme si elle savait que son silence était un aveu ou que la réponse était trop flagrante, elle décida d’admettre la vérité. Il acquiesça doucement à sa réponse

- Le contraire aurait été étonnant.

Toujours aussi mordante, elle lui intima de se montrer plus pertinent à l’avenir et il accueillit sa critique sans broncher. Qu’elle dise ce qu’elle voulait, ils ne doutaient jamais de l’intellect de l’autre en réalité. Il savait qu’elle voyait pourquoi il avait posé cette question.

- Mais pour te répondre, c’est pertinent, puisque tu me parles.

Elle le fusilla du regard, il contenta de hausser les épaules. Evidemment qu’il s’inquiétait de ses silences, qu’il avait envie de l’aider. Elle pouvait grogner tout ce qu’elle pouvait, le menacer même, cela ne changerait absolument pas son état d’esprit. C’était presque amusant qu’elle ne le comprenne pas, elle qui avait mis tant d’ardeur à lui arracher le moindre mot l’an dernier. Il aurait dû savoir que sa sœur ne se laisserait pas malmener ainsi dans son royaume et que la riposte serait à la hauteur de son intrusion. Il s’était attendu à une question sur Erin, pas au fait qu’elle arriverait si tôt dans la soirée. Ni qu’elle serait si directe. Il grimaça légèrement sous l’impact de l’interrogation. Sa jumelle maniait les mots comme elle aurait manié les poings et l’uppercut était désagréable. Sa main se crispa sur le verre et, à l’image de sa jumelle, il le vida d’un trait pour répondre tout de même. L’alcool lui brûla l’œsophage et lui tourna légèrement la tête. Il avait perdu l’habitude de boire et le whisky pur était fort. Se rendait-elle compte que pour l’emmener dans ce jeu, il reniait l’une des résolutions qu’il avait prises ? Ne pas boire quand il pouvait l’éviter pour ne pas finir comme leur père. Mais il doutait qu’elle l’ait réalisé.

- Oui. Soyons clairs, je ne lui souhaite pas d’être malheureuse et je ne voulais pas que ça se passe ainsi. Mais j’appréhende mes réactions à cette cérémonie. Et j’appréhende les siennes. Quand elle est partie, elle a dit que cette alliance avait été amusante et elle m’a souhaité de bien m’amuser avec cette potion. Je crois que tu te souviens mieux de la suite que moi.

Les mots étaient vivaces, il s’en souvenait à la virgule près, à la moindre intonation. Le reste était un peu flou. Il se souvenait de tout, mais de manière lointaine, comme si la soirée remontait à des années en arrière et non quelques semaines. Il se souvenait aussi que sa sœur avait subi ses frasques de manière stoïque. Elle l’avait reconduit jusqu’à son dortoir alors qu’il était franchement nauséeux, elle l’avait supporté le lendemain alors que son état se rapprochait d’une assez méchante gueule de bois teintée de honte et de tristesse. Elle avait tout supporté en se montrant suffisamment soutenante pour ne pas qu’il coure se jeter dans les bras de Mills pour lui réclamer de la potion et assez discrète pour qu’il n’ait pas envie de se faire un hara-kiri pour ce qu’il venait de se passer. En fait, ils n’en avaient jamais reparlé. Bluebell lui avait offert une forme de vie privée, un réel luxe dans leur étrange duo. Alors ce soir, il pouvait bien lui offrir sa confiance en lui racontant des bribes de ce qu’il s’était passé. Il les resservit silencieusement, chacun commençant à prendre conscience d’à quel point ce jeu pouvait être à double tranchant. Chaque aveu resserrait leur cohésion, mais le risque de blesser l’autre avec la question de trop était réel. Il lui tendit son verre et avant qu’il ne lui pose la moindre question, elle opta pour vérité.

- Est-ce que tu aimerais aller voir notre mère ?

Le sujet des Sorensen était une pente glissante et il était prêt à tout pour l’en éloigner. Durant ces quinze jours à mourir d’ennui sur la balancelle, il avait eu le temps de réfléchir. La soirée de beuverie n’était qu’une étape parmi d’autres dans son plan pour tenter de l’aider. Il ne pourrait jamais lui épargner le deuil qu’elle vivait, même s’il avait sincèrement songé à user d’un sortilège d’oubliettes pour l’adoucir. Mais, il pouvait essayer d’être conciliant. Dans toutes les hypothèses qu’il avait étudiées, l’idée de leur mère avait été la meilleure. Et même si cette perspective le gênait profondément, il n’était pas obligé de rentrer dans la chambre. Il pouvait juste l’emmener et l’attendre si elle en avait envie.


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Message(#) Sujet: Re: Pale yellow (Maxton & Blue) Pale yellow (Maxton & Blue) EmptyJeu 14 Juil - 22:55

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Ses mots avaient été tranchants, Maxton ne s’en formaliserait certainement pas. Il savait aussi bien qu’elle que la retenue entre eux était à bannir, que mieux valait cet excédent de dureté qu’une fausse douceur. De toute évidence, la tendresse habillait déjà leur regard qui se croisèrent un instant, suffisamment bref pour laisser planer un silence pesant, suffisamment long pour faire entendre tout ce qui était imprononçable. De fait, Maxton commença par avaler son verre qu’il remplit aussitôt, arrachant un regard d’incompréhension à Bluebell. ”Je croyais que tu ne souhaitais plus boire ?” remarqua-t-elle dans un sourcil arqué. Il ne l’avait jamais formulé de la sorte, mais elle s’en était aperçu. Peut-être pas risque d’un tabou, les jumeaux n’en avaient jamais discuté et certainement par manque de volonté, Bluebell n’avait rien signalé à l’arrivée de son frère. Mais maintenant qu’il buvait franchement sous ses yeux, sans même rechigner, sans même se contenter de tremper ses lèvres pour la forme, la réalité semblait trop tangible pour lui échapper encore une fois en un silence tacite. Maxton l’avait souligné lui-même. Ils avaient eu deux années difficiles et si le sort était foncièrement responsable de leurs malheurs, leur déni ne leur avait jamais permis d’améliorer la situation. Bluebell avait fermé les yeux sur les sentiments de son frère à l’égard d’Erin, le conduisant à une douloureuse défaite. Maxton avait laissé passer ces dernières semaines en silence, la laissant s’enfoncer dans une rancœur qui tapissait son estomac de venin. Elle appuya là où il avait mal, il insista pour lui faire cracher toute sa colère. Et puisque leurs yeux reflétaient une profonde confiance, puisqu’ils avaient à nouveau appris à lire les émotions de l’autre qui étaient devenues si opaques ces derniers mois, ils pouvaient se permettre tous les élans de franchise. L’un comme l’autre avait déjà tout perdu, de toute évidence. La réponse de son frère fut de fait particulièrement spontanée, un “oui” qui franchit ses lèvres sans la moindre pudeur, donnant le ton d’une explication que Bluebell ignorait. Aussi se mordit-elle les lèvres, troublée, navrée. Erin n’était pas réputée pour sa rondeur, mais elle ne savait pas que la Norvégienne s’était permis une telle provocation. Le souvenir de leur entrevue illicite pour les essayages de robes de mariée trembla dans son esprit qu’elle décida de faire taire d’un nouveau verre. Ce n’était pas encore son tour, elle n’avait même pas répondu au discours de son frère, mais la gorgée glissa tout de même le long de sa trachée, dans un cheminement brûlant. Reposant le verre vide à côté d’elle sur la table, Bluebell reporta ses yeux dans ceux de son frère. Elle aurait juré qu’ils étaient plus fiévreux, à moins qu’il ne s’agisse que du trouble de sa propre vision. Après tout, il lui semblait vraiment lui faire face pour la première fois depuis des jours, aveuglée par son propre malheur, incapable d’observer celui pourtant évident de son frère. Nox lâcha-t-elle finalement en pointant sa baguette accrochée à sa jupe sur les lumières de sa chambre. Celle-ci fut presque aussitôt plongée dans le noir, à l’exception de quelques chandeliers disposés ça et là qui continuaient de danser. Le soleil tombait encore dans le ciel et de fait, la pièce était entrecoupée de reflets d’or du soleil et d’ombres ondulant sous les bougies. Une atmosphère suspendue qu’elle avait pris l’habitude d’apprécier seule et qu’elle voulut soudain partager avec son frère.

Il lui fut impossible de trouver les mots justes, aussi bien parce qu’elle se sentait coupable maintenant qu’elle était précisément au fait de ce qui avait déchiré son frère dans la salle sur demande que parce qu’elle n’était plus empreinte de la même énergie pour le soutenir. Sûrement qu’en d’autres circonstances, elle lui aurait attrapé la main pour lui promettre que tout cela n’était qu’un vulgaire passé dont ils oublieraient rapidement la teneur. Mais comment lui assurer la futilité du temps, elle qui l’avait finalement érigé en seul ennemi ? Le silence demeurait ainsi la meilleure option. “Vérité” glissa-t-elle alors après un moment infini, prenant soin de remplir à nouveau les deux verres entre eux. Mais Bluebell fit preuve de maladresse et renversa quelques gouttes sur le tapis à l’évocation de leur mère. Reposant la bouteille dans un geste sec, elle invoqua Fauve qui apparut aussitôt auprès d’eux. “Sois gentil et nettoie le tapis” intima-t-elle fermement à l’elfe de maison qui s’attela à la tâche sans la moindre question. “Non.” Son ton était sans appel, à l’instar de ses prunelles implacables qui brillaient sous la lueur d’un chandelier voisin. “Non” répéta-t-elle après quelques secondes dans un souffle, avant de vider son verre. Passant un bras sur ses lèvres dans un geste peu noble, Bluebell observa l’elfe de maison lancer quelques sorts muets sur la tache d’alcool qui commençait déjà à s’évaporer. “Je ne pense pas” reprit-elle alors. “Qu’aurais-je à lui dire ?” Qu’elle avait décidé de tracer un chemin rien qu’à eux, qu’elle avait compris la futilité de ses illusions, qu’elle avait abandonné ses rêves de gloire ? Avait-elle vraiment abandonné ? Etaient-ce réellement des illusions ? Ses certitudes s’emmêlèrent dans les effluves d’alcool qui lui montaient progressivement à la tête, anesthésiant d’une curieuse façon ses lèvres, d’une agréable manière ses principes. “Nous ne devrions plus jamais la voir” chuchota-t-elle finalement sans défaire son attention de la tache de plus en plus petite, “mais pouvons-nous vraiment nous contenter de cette seule et pathétique rencontre ?” La question demeurait en suspens comme le laissait entendre son haussement d’épaule suivant. Fauve s’écarta pour montrer la bonne réussite de son opération, à laquelle Bluebell se contenta d’acquiescer sans un mot avant que l’elfe ne disparaisse. N’était-ce pas normal, dans le fond ? Les maîtres ne doivent rien à leurs esclaves, il en va de l’ordre naturel des choses de ce monde. Mais les enfants peuvent-ils dignement s’accorder le même comportement pour leurs ascendants ? Aussi dérisoire et aliénée soit-elle, n’avait-elle pas souffert pour les faire naître et n’avait-elle pas payé de sa personne les frais de son erreur ? Et ne pouvait-elle donc pas quitter définitivement ses pensées au lieu de s’y attarder à chaque déception, à chaque fureur ? “Ne m’en veux pas, s’il te plaît… Mais dans le fond, je crois que oui” conclut-elle alors en retrouvant le réconfort du regard de Maxton. Elle n’y lut aucun jugement, ce qui lui arracha un triste sourire. Elle s’en voulait de se montrer si froide et distante, elle regrettait toute cette retenue et toutes ces manières, elle aurait souhaité pouvoir lui soumettre tout le tourment qui balayait sans cesse ses songes, mais sans se l’expliquer, elle en ressortait incapable. Ce n’était guère une question de pudeur… Du déni, peut-être. Dans toute la force qu’elle s’acharnait à vouloir démontrer, Bluebell omettait les nombreuses failles qui la déchiraient. Tout n’allait pas merveilleusement bien, loin de là ; elle ne voulait pas s’attrister du décès de Finnbjörn, allant jusqu’à égratigner ses paumes de ses ongles le jour de l’enterrement pour retenir des larmes qui n’avaient de fait jamais coulé, elle ne voulait plus entendre parler de leur mère, prétendant même dans un premier temps qu’elle n’avait pas envie de la voir. Elle ne demeurait pas moins choquée de la brutalité de sa disparition, elle n’en résultait pas moins soucieuse de savoir ce qu’elle devenait. Heureusement, Maxton reprit la parole, coupant court à tous ses propres regrets qu’elle laissa derrière elle pour une nouvelle façade d'impassibilité à peine réchauffée par ses verres précédents. Il choisit encore vérité, elle décida nouvellement de laisser parler sa franchise, dans tout le confort conféré par son regard dans le sien. “Serais-tu prêt à tuer à nouveau ?” Les mots se mêlèrent à l’intimité de sa chambre, à la recherche d’une confidence interdite. Elle était pourtant prête à l’écouter, se sentant imperturbable dans le chaos déjà ancré de ses nuits.

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Message(#) Sujet: Re: Pale yellow (Maxton & Blue) Pale yellow (Maxton & Blue) EmptyJeu 14 Juil - 23:52

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Maxton lança un regard étonné à sa sœur alors qu’il se saisissait à nouveau de son verre. Elle était donc toujours aussi observatrice. Pourtant, il avait brouillé les pistes en acceptant ponctuellement de tremper ses lèvres dans du vin ou du champagne pour faire bonne figure, ou en choisissant des liquides équivalents pour créer l’illusion. Son regard revint sur l’alcool et il hésita pour la première fois de la soirée. Est-ce que ce jeu valait les risques qu’il lui attribuait ? Ses prunelles se posèrent à nouveau sur sa sœur qui avait l’air plus animée que ces derniers jours et qui avait l’air assez en confiance pour répondre à ses questions. Oui, le jeu en valait la chandelle. Et même s’il répugnait à verbaliser ses peurs, il devait le faire pour qu’elle lui donne les siennes en retour. Un secret contre un autre, sa confiance contre la sienne. C’était un chemin fastidieux et il commençait à comprendre pourquoi l’an dernier avait épuisé sa jumelle. Alors qu’elle ne lui reprochait rien, elle était déjà sur la défensive, alors que lui en avait voulu affreusement.

- Je n’ai pas de position définitive sur le sujet. De manière générale, j’essaie d’éviter toutes les substances potentiellement addictives ou qui ont un lien avec notre géniteur. Pour ce soir, je considère que je ne prends pas vraiment de risque, tu es avec moi.

Puis, il n’était pas dans un contexte de vulnérabilité. Il ne cherchait pas à se détruire ou à lâcher prise ou à avoir une sorte de contrôle. Ce soir, il voulait une soirée avec elle et qu’elle lui parle. Parce qu’il n’y avait pas d’autre intention, il avait la faiblesse de croire qu’il pouvait boire jusqu’à l’ivresse sans que son esprit n’en tire la moindre conséquence. D’ailleurs, les verres à chaîne commençaient à laisser au creux de son ventre une sensation de chaleur et une forme de légèreté qu’il connaissait. Encore quelques verres avant de se sentir totalement enivré.

Il ne pensait pas que sa réponse sur Erin la choquerait. Si elle avait posé la question, c’est qu’elle pressentait la réponse. C’était la limite de ce jeu quand on jouait avec son jumeau. Il n’y avait pas de mystère, au pire des suppositions. Mais elle parut sincèrement mal à l’aise, alors qu’il avait eu la sensation de parler sans affect précis. Elle avait sollicité une réponse, il lui avait donné honnêtement, sans s’épancher sur toutes ses émotions, se limitant à ce qu’il lui permettrait de comprendre sa réaction. Dans un monde normal, elle aurait pesté contre Erin ou aurait opté pour la raillerie. Là, elle se contenta de boire, le regard fuyant. Il pencha la tête, intrigué et ouvrit les lèvres pour lui demander s’il l’avait contrariée, avant d’opter pour le silence. Il avait exigé beaucoup d’elle ce soir là en l’appelant dans l’urgence. Il ne l’avait jamais laissée le voir dans un tel état. Elle l’avait déjà vu malade, mais il avait toujours évité qu’elle soit témoin direct d’une prise de l’Exmalum. Elle l’avait vu de loin quand ils étaient fâchés dans des phases descendantes ou entre deux prises. Jamais déphasé à ce point. Il s’en voulait toujours pour cela. Evidemment qu’il en mourait de honte. Alors, autant ne pas relancer le sujet. Sa sœur éteignit brutalement la lumière pour lui offrir une atmosphère plus feutrée. Il observa la flamme des bougies faire danser les ombres. Le mouvement était fascinant, il en convenait. Mais il y avait aussi un côté veillée funéraire qui l’inquiétait sur l’état psychique de sa sœur. Tellement qu’il n’avait pas pris le temps depuis l’annonce de la nouvelle de réfléchir au sien. Lui aussi avait perdu un ami. Mais si sa peine était réelle, la blessure était moins béante. Il fallait la sauver elle en premier.

A l’évocation de leur mère, elle fit tomber quelques gouttes d’alcool sur le tapis, assez pour indiquer à Maxton que malgré sa réponse négative, elle était perturbée par cette possibilité. Tiraillée. Son corps parlait avant ses lèvres, comme si ses réactions étaient en avance sur ses pensées. Il la laissa mener son cheminement, attendant sa conclusion avec une forme de sérénité. Pour évoquer la possibilité, il avait d’abord dû accepter d’y retourner. Maintenant qu’il était prêt à cet effort, le stress était moins dévorant. C’était toujours douloureux. L’existence de leur mère était un rappel constant de ce qu’ils avaient perdu et de ce qu’ils n’auraient jamais. Mais, il avait eu le temps d’ériger quelques défenses depuis leur dernière discussion.

- Je ne t’en veux pas, sinon je t’aurais pas interrogée sur le sujet.

Le silence flotta entre eux et il marmonna vérité tandis qu’il cherchait ses mots sur leur mère. La nouvelle question de sa sœur lui arracha un soupir.

- Tu ne fais pas dans la dentelle niveau question.

Pour le coup, il enchaîna deux verres. L’ivresse ne venait pas assez vite pour la cadence qu’elle lui imposait et les vérités qu’elle voulait. Lui s’estimait plus doux. Elle, comme à son habitude, avait tout d’une tornade.

- Oui.

Il ne donna pas plus de détails, parce qu’elle n’en avait pas sollicité. Oui, il pourrait sans réellement de regret ou de remord. Les personnes qu’il ne pourrait en aucun cas tuer se comptait sur les doigts d’une main. Pour le reste, il le ferait s’il estimait qu’ils étaient menacés. Il n’avait même plus peur des conséquences sur sa santé mentale maintenant qu’il était déjà abîmé. Ca ne serait jamais aussi horrible que tuer son père. Ca serait simple même. Alors, pourquoi se priver d’une telle possibilité s’il en avait un jour besoin ? Elle demanda action et il la fit patienter du bout des doigts alors qu’il cherchait ses mots

- Pour notre mère, je n’avais pas terminé, tu sais. Tu veux que je t’y emmène samedi ? Je ne veux pas la voir, mais je peux t’accompagner si tu veux. Attendre devant la porte.

Il y eut un silence et il reprit presque aussitôt, à la recherche de n’importe quelle idée pour relancer le jeu

- Montre moi le contenu de cette boîte.

Il l’avait vue la regarder et n’avait pas compris pourquoi. A vrai dire, il se fichait même du contenu de cette boîte. Il avait un milliers de questions, mais pas d’idée d’action, alors, il avait improvisé


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”Pour ce soir, je considère que je ne prends pas vraiment de risque, tu es avec moi.” L’évidence de sa voix remua la brune qui conserva néanmoins un regard distant, essayant tant bien que mal de se détacher de ses regrets. Il était en sécurité avec elle, bien entendu, mais le penserait-il toujours en apprenant qu’elle avait revu Erin par la suite ? L’ambiance feutrée ne trompait personne, ni l’attention de Maxton, ni la froideur de Bluebell. Ce premier sembla tiquer sur sa réaction, cette seconde chassa en vain les réminiscences de honte dans un silence obstiné. Elle était prête à plusieurs aveux ce soir, maintenant que l’alcool montait doucement jusqu’à ses pensées les plus intimes, mais celui de sa rencontre avec la Norvégienne devait encore demeurer secret. Il ne convenait pas de lancer une nouvelle bombe dans leur dynamique à peine remise des derniers assauts entre eux… D’autant que ni l’un ni l’autre n'auraient eu la force nécessaire pour rétablir leur rapport, cette fois. Maxton se raccrochait à elle ces derniers jours et sans lui, elle aurait certainement dérivé. Alors, à la fois par souci de protéger son frère de ses erreurs et par pure démarche égoïste, Bluebell décida de passer à la demande suivante qui, toutefois, lui fut bien plus déchirante. Rencontrer leur mère, une alternative absurde qu’elle s’était empressée de repousser en renversant du whisky sur son tapis, qu’elle finit par embrasser dans un murmure de gêne. Il lui assura ne pas lui en vouloir et pour la deuxième fois depuis ce début de soirée, Bluebell eut honte d’elle-même. Elle ne méritait pas une telle bienveillance, pas maintenant, pas après ces dernières semaines. Outre son entrevue avec la Poufsouffle, elle n’avait de cesse de repousser son frère récemment. Oh certes, elle appréciait sa présence et se perdait parfois en quelques conversations avec lui, mais elle n’était plus réellement là. Elle ne se contentait que de répondre, au mieux d’esquisser une interrogation désintéressée. Et pourtant, il ne démordait pas, mieux, il la tolérait, il restait. Il était là, assis à même le sol, à boire une boisson qu’il se refusait d’ordinaire pour un jeu qu’elle avait qualifié de pathétique ; il était là, dans la pénombre de sa chambre, à l’écouter admettre qu’elle souhaitait en réalité une dernière confrontation avec leur mère, incapable d’accepter leur rencontre précédente ; il était là, nonchalant, attentif, superbe, alors qu’elle se sentait tendue, lointaine, minable ; il était là, tout simplement là, malgré son rejet l’année passée, malgré son indolence présente. La faute au whisky ou aux seules émotions confuses qui remontaient doucement à la surface après des nuits d’atonie, Bluebell se sentit pour la première fois de sa vie indigne de son jumeau. Elle eut envie de s’installer à côté de lui, prenant place à son tour sur le tapis pour être à sa hauteur et ainsi lui expier tout ce qu’elle retenait derrière son regard fermé, elle eut envie de peupler la nuit tombante de toutes ses incertitudes pour qu’il les balaye de son arrogance comme lorsqu’ils étaient enfants et qu’il lui montrait la voie à poursuivre pour se débarrasser de ses doutes. Au lieu de quoi, Bluebell demeura parfaitement immobile, captive d’une détestable passivité et d’un effroyable détachement. Ses élans de franchise en ressortirent glaciaux, tranchants, ce que Maxton souligna à juste titre avant de vider deux verres consécutifs. A nouveau, elle s’en voulut. Il buvait à cause d’elle, maintenant, entraîné sur une pente qu’elle avait provoquée, ressassant des souvenirs qu’elle avait soulevés. Mais, quelque part au tréfonds de ses pensées les plus cruelles, ce constat avait quelque chose d’inextricablement réconfortant. Elle partageait sa noirceur avec quelqu’un, ce soir. Les ombres sur les murs ondulaient pour un autre.

Il répondit en un seul mot qu’elle encaissa d’un hochement de tête entendu. Il n’y avait en soi pas de bonne ou de mauvaise réponse et de fait, s’il avait répondu par la négative, Bluebell ne lui en aurait jamais tenu rigueur. Néanmoins, son acquiescement lui sembla juste. Maxton était intrépide et le savoir suffisamment aventureux pour retenter l’expérience était un excellent signal de santé dans toute la folie de leur gémellité. Mieux, en répondant par la positive, il se plaçait à ses côtés, elle-même de plus en plus appelée par cette violence assassine. A quoi bon renier une vérité qui bourdonnait à ses oreilles depuis des mois désormais ? Elle avait manqué de tuer Mills et à présent, elle regrettait sa survie. Tout aurait été différent avec sa mort. Peut-être aurait-elle été exclue de Poudlard, peut-être aurait-elle fini à Azkaban. Mais justice aurait été rendue et le voile de crainte qu’elle avait deviné dans les yeux de son frère à l’évocation de son choix d’éviter les substances addictives serait tombé. A défaut de pouvoir lui signifier clairement combien elle tenait à lui, un crime d’une telle envergure aurait été suffisamment éloquent. “Action” reprit-elle après un vague silence où elle avait entrevu le visage inerte de Mills sur le sol. Mais déjà, Maxton leva les doigts pour la retenir. Il évoqua à nouveau leur mère, ce qui l’attira comme un fil ; elle se pencha en avant, s’approchant de ses explications qu’il tissa du bout de ses lèvres. Tout semblait déjà conclu sans même qu’elle lui donne son accord. Une date, un plan, une occasion. “Tu ferais ça ?” chuchota-t-elle en guise de réponse, hagarde. La dernière fois qu’elle avait évoqué son envie d’en savoir plus sur Finella, ou Blair, ou n’importe quelle identité que l’on pouvait lui flanquer, Maxton s’était montré d’une réticence telle qu’elle avait jeté ses espoirs dans les flammes, au sens littéral du terme en laissant ses correspondances dans la cheminée à leur côté. Voilà cependant qu’il lui proposait de l’escorter de son propre chef, laissant encore plus d’amertume serpenter dans sa gorge. Bluebell attrapa son verre qu’elle vida aussitôt pour noyer cette impression de misère qui lui collait encore à la peau, flasque et indissociable, lourde et dégoûtante, sans même comprendre comment diable elle pouvait se sentir aussi purulente. “C’est d’accord” conclut-elle finalement en reposant son verre vide à côté d’elle avant de passer une main dans ses cheveux pour les rejeter dans son dos. “Nous irons la retrouver samedi. J’ignore ce que j’aurai à lui dire, mais je suppose qu’il vaut tout de même mieux la toiser en vrai que dans mes songes.” Ce n’était pas vrai, pire, c’était terriblement faux. Bluebell n’avait pas que cette rancoeur à lui offrir, elle avait aussi des interrogations, une fièvre à couver - des réponses à trouver et des espoirs à réveiller. Mais elle se sentait si vulnérable ce soir, retenant par apathie une explosion de sentiments contradictoires en elle, qu’il lui semblait préférable de se montrer hautaine. Maxton n’avait jamais été dupe, mais elle en revanche espérait encore se leurrer quelques instants.

Et puis, anecdotiquement sans doute, vraiment, par un pur hasard, il lui désigna le coffret posé sur sa cheminée d’un coup de menton en lui demandant de lui en montrer le contenu - et Bluebell perdit pied. “Non” répondit-elle en se levant presque aussitôt. Elle s’approcha de la cheminée, hésitant un seul instant avant de poser ses doigts sur le petit coffret qu’elle toisa d’un air dédaigneux. Et enfin, la fine couche de pathétique dont elle se sentait imbibée prit feu, prenant tout son sens maintenant qu’elle considérait cette vulgaire boîte. Bluebell n’était pas lamentable comme elle se le figurait, elle était meurtrie. Cette pestilence qui la couvrait n’était que l’infection d’une blessure qu’elle essayait vainement d’ignorer - une lame plantée dans son dos qui lui avait d’abord ôté le souffle, qui déchaînait désormais en elle une vague de rage. Alors, l’indifférence de son visage craquela dans une violente répulsion. “Il me l’a faite livrer le lendemain.” Sa voix s’était faite douceureuse sous l’intransigeance de son regard fixé sur le coffret. “Ne l’ouvre que lorsque tu te sentiras prête” récita-t-elle dans un ricanement. “Quelle prévenance, n’est-ce pas ? Un sage petit ordre pour une sage petite fille.” Ses yeux se levèrent pour croiser ceux de son frère qui était demeuré à sa place, interdit, certainement parce que c’était la première fois qu’elle prenait la parole à ce sujet et qu’il craignait de briser sa lancée maintenant qu’elle s’était arpentée sur ce chemin. Il n’avait pas compris que plus rien ne l’empêcherait de cracher sa haine maintenant qu’elle commençait enfin à l’extérioriser. “Naturellement, j’ai décidé de ne jamais l’ouvrir” reprit-elle en s’approchant alors d’une large commode en ébène. “Il a décidé de partir et moi j’ai choisi de l’oublier. Et je t’en prie, ne me dis pas que je suis extrême. Je doute qu’il lui ait fallu beaucoup plus de raison pour se tuer face à la première difficulté.” Elle tira l’un des tiroirs dans lequel elle enfouit le coffret avant de le refermer dans un geste sec. “Alors non, je n'ouvrirai pas cette maudite boîte. Qu’elle aille au diable avec sa lâcheté.” Un rictus sans joie traversa ses lèvres quand elle revint sur la table entre eux, où elle prit place d’une façon plus nonchalante que précédemment, retenue en arrière par sa main dans son dos. “Le pire dans toute cette histoire, c’est que je tenais vraiment à lui, tu sais” confia-t-elle alors malgré elle, les mots s’échappant de ses propres lèvres qui ne semblaient plus pouvoir se fermer sur son poison. “Et maintenant, au lieu de me présenter au mariage d’Erin à son bras, je vais retrouver la démente qui nous sert de mère. Je perds un incapable que j’avais érigé en modèle de réussite, mais je retrouve une folle qui va peut-être nous conduire vers la richesse. Les choses sont bien faites, n'est-ce pas ?” Et elle attrapa la bouteille entre eux pour en avaler de longues gorgées. Curieux, comme il lui semblait ne plus vraiment ressentir le feu de l’alcool, tout en sentant pourtant ses jambes trembler et ses joues chauffer. Le monde tournait de plus en plus vite. Sa colère montait de plus en plus haut. Maxton choisit alors une nouvelle vérité, laissant Bluebell songeuse un instant, seulement pour la forme. Elle savait très bien ce qu’elle avait à lui demander. “Approuves-tu son choix ?” Il n’y avait de fait rien de très objectif maintenant qu'elle avait clairement exprimé son avis, mais la jeune fille ne demeurait pas moins intéressée par la réponse de son frère. Elle avait toujours eu besoin de son approbation et il lui sembla plus que de raison nécessiter son venin pour conjurer le sien.

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Vesper L. Corvere

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Au début du jeu, Maxton avait cru qu’il n’y aurait guère de surprise. Comme il l’avait précédemment pensé en son for intérieur, ils se connaissaient bien trop pour ne pas être en mesure de deviner les réponses de l’autre ou en tout cas de faire des suppositions plus que pertinentes. Bref, rien qui ne lui permettait la moindre forme d’étonnement. Sauf que depuis sa réponse sur Erin, il avait l’impression que les réactions de sa sœur dissonaient avec son imaginaire. Elle exprimait généralement un soutien inconditionnel, elle se contenta d’un silence, elle était habituellement piquante ou a minima assez expressive pour une moue contrariée, elle opta pour un regard fuyant. Chacun de ses gestes n’exprimaient pas la colère, mais une sorte de honte qu’il ne comprit pas et qui sembla s’accentuer quand il lui répondit toujours aussi franchement sur le sujet de l’alcool. La distance entre eux sembla s’accroître et son esprit ne put s’empêcher de chercher une raison à ce comportement imprévu. Et comme pour lui donner tort, sa supposition fut totalement erronée, preuve qu’ils conservaient tout de même des secrets. Une lueur de culpabilité traversa son regard jusque là faussement serein et, oubliant le jeu, il posa la question qui lui brûlait les lèvres.

- Est-ce que tu m’en veux ?

Pas de contexte mais il savait qu’elle comprendrait. La conclusion la plus logique pour sa froideur était qu’elle lui tienne rigueur de sa faiblesse pour cette soirée autant qu’il s’en détestait. Qu’elle soit fâchée qu’il ait mis à mal leur équilibre avec Erin, qu’il n’ait pas écouté ses recommandations et surtout qu’il ait eu la bêtise d’ingurgiter autant de potion que son esprit malade avait trouvé utile de le faire pour l’obliger à réparer les pots cassés ensuite. Elle avait tous les droits de lui en vouloir pour cela. Seulement, si c’était le cas, il aurait voulu le savoir plutôt que de laisser s’installer un nouveau silence chargé de regrets entre eux. Il ne pourrait rien modifier du passé, mais il pouvait essayer de lui expliquer.

Seul le sujet de leur mère sembla briser pour la première fois la carapace qu’elle s’évertuait à conserver en sa présence. Elle mit une bonne minute à admettre qu’elle aimait la revoir et sans doute bien plus à digérer qu’il revienne sur son refus pour lui proposer de l’accompagner. Tellement qu’elle se sentit obligée de lui demander s’il ferait ça pour elle et il leva les yeux au ciel dans un geste presque excédé, sans savoir si le peu de lumière de la pièce permit à sa sœur de le voir. Sa question n’avait aucun sens. Il ne lui aurait jamais offert cette possibilité pour la lui reprendre aussitôt. Il n’avait jamais été cruel, pas avec elle. De même qu’il était stupide de mettre des limites à ce qu’il pouvait consentir pour elle. Tout ce qu’il était en mesure de lui apporter, il le ferait, toujours. Ce n’était pas une question, c’était une évidence et qu’elle puisse en paraître aussi étonnée lui faisait dire qu’elle était encore plus déstabilisée par la situation générale qu’il ne l’aurait cru. Ce n’était toujours pas rassurant. La seule raison pour laquelle il avait refusé dans le passé n’était pas parce qu’il ne voulait pas mais parce qu’il ne pouvait pas. Il n’en aurait pas eu la force, pas sans s’effondrer et il avait eu besoin de chaque étincelle d’énergie pour récupérer des sinistres événements de décembre. Maintenant, il pouvait.

- Bien sûr que je le ferai. Je te prierai de poser des questions plus pertinentes à l’avenir.

Il acquiesça quand elle accepta, affichant une forme de nonchalance presque insolente alors que son estomac se serrait à l’idée de retourner dans cet asile de fous pudiquement baptisé maison de repos. Pour dissimuler son stress comme pour changer précipitamment de sujet, il désigna sans y penser la première boîte sous ses yeux. Et là encore, le jeu prit un tour inattendu. Sinistre. Elle refusa, se levant d’un bond sous son regard perplexe. Première manifestation de vie depuis trop longtemps, il se focalisa sur ce plaisir avant de déchanter à ses explications. Son visage se décomposa quand il comprit l’impair qu’il venait de commettre et les implications de ce coffret.

Comme un violent départ de flamme, son sursaut de vie se transforma en incendie. Elle qui comptait ses mots depuis le début de la soirée commença à lui vomir littéralement ce qu’elle avait sur le cœur, sans point ni virgule, dévorée par ses émotions. Elle n’était pas que tristesse, elle était surtout consumée par la colère. La rancœur qu’il l’ait laissée, la rage qu’il dicte ses actes, lui qui n’avait pas eu la délicatesse de laisser le moindre choix à qui que ce soit. Et lui, pauvre imbécile qu’il était, au lieu de lui changer les idées, il avait jeté de l’huile sur le feu.

Il n’y avait aucun mot pour décrire la culpabilité qui lui noua la gorge, ni même l’inquiétude qu’il éprouvait en l’entendant parler. Il se leva pour s’asseoir près d’elle alors qu’elle buvait de nouvelles gorgées d’alcool et passa prudemment un bras autour de son épaule

- Je suis désolé. Je te jure que je ne savais pas. Je n’aurais jamais demandé cela si j’avais su, je sais que tu tenais à lui. Je suis désolé, Blue.

Il soupira à ses paroles acides à en ronger l’acier et lui prit la bouteille des mains, autant pour l’empêcher de continuer à en avaler de longues rasades sans réfléchir que pour en prendre lui-même une. Il savait que l’alcool lui montait à la tête, il le sentait. Et pourtant autant, elle avait eu le mérite de l’empêcher d’être trop saoul avec la violence de ses confessions.

- Tu n’avais pas besoin d’un modèle et nous n’avons pas besoin d’une mère pour atteindre la richesse. Nous n’avons besoin que de l’autre. C’était une erreur de vouloir s’intégrer au monde. Ca a toujours été toi et moi. Ca peut rester toi et moi.

Pire idée en terme d’équilibre mais avaient-ils un jour recherché cela ? Il posa sa tête sur l’épaule de sa sœur, certainement plus affectueux qu’à l’accoutumée en raison de whisky et se redressa brusquement à sa question suivante, presque outré

- Comment le pourrai-je ? Il a renié bien des choses qui faisaient son essence en agissant ainsi. Sa combattivité, sa grandeur … Il y a aussi un égoïsme que je ne peux pas comprendre. Je n’aurais jamais pu te laisser comme il a laissé Erin. Il y a des liens qui ne doivent pas être détruits, jamais.

Même dans les pires moments, il n’aurait jamais laissé celle qu’il considérait comme la moitié de son âme seule pour son propre confort.

- Surtout, je le déteste parce que tu en souffres. Je sais que vous étiez proches, mais je ne t’ai jamais demandé … à quel point ?

Sa voix s’était adoucie sur sa dernière phrase, devenant hésitante. La vie privée était un luxe entre eux qu’ils se ménageaient parfois et il avait tenté de lui offrir cela avec Finnbjörn. Néanmoins, puisqu’elle semblait enfin décidée à parler, il ne voulait pas qu’elle s’arrête, pas avant d’avoir purgé tout ce qui l’empoisonnait et qu’elle gardait enfermée, jusqu’à ses souvenirs et ses émotions pourrissent.

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Maxton avait toujours été nébuleux pour les uns et rayonnant pour elle, si bien que Bluebell se demandait parfois comment les gens pouvaient si facilement le méprendre. Elle en oubliait effectivement toute la rondeur habituelle de sa voix qui se pliait, féline, aux attentes de son audimat. Elle n’avait ainsi pu s’empêcher de juger Erin pour son manque de clairvoyance ; n’était-il pas évident qu’il s’était entiché d’elle ? Hélas, non ; car Maxton était double. Opaque, complexe, indéchiffrable pour le monde. Transparent, lisse, disponible pour elle. “Je te demande pardon ?” fit-elle en relevant le regard sur lui. Sa question était pourtant, à nouveau, parfaitement limpide : il s’interrogeait sur une éventuelle remontrance de sa part ; mais pour une fois, Bluebell ne parvint pas à saisir son raisonnement. Comment diable pourrait-elle lui en vouloir alors qu’au contraire, c’était sa propre personne qu’elle ne supportait plus ? “Non, bien sûr que non” répondit-elle alors en secouant vigoureusement la tête. Il fallait chasser ces insidieux doutes de son regard, éloigner ces curieux nuages, permettre à la surface océanique de ses prunelles de briller de confiance. Elle était à blâmer, il était à remercier. “Je serais bien ingrate d’en vouloir à un frère qui supporte ma présence même quand je suis absente.” Un rictus appuya l’évidence de son sous-entendu. Depuis leur retour au domaine, la jeune fille n’était plus vraiment là, à peine une ombre parmi celles qui dansaient à travers les fenêtres de sa chambre. Il était même prodigieux qu’il la reconnaisse et qu’il s’acharne ainsi vainement à sauver sa lumière. C’était à se demander s’il avait compris qu’elle venait d’être couronnée des Enfers auxquels elle appartiendrait éternellement. Elle lui demanda ensuite, changeant par ailleurs de sujet pour ne plus s’attarder sur sa propre honte, s’il était vraiment prêt à voir leur mère, ce à quoi il répliqua comme elle précédemment qu’il lui convenait de poser des questions plus pertinentes. Son rictus, froid, coula en un sourire réchauffé d’amusement. Touché. Bien sûr que Maxton était prêt, était-il jamais revenu sur sa parole envers elle ? A s’enfoncer dans les Enfers, elle avait ignoré le fait que son frère l’y attendait depuis plus longtemps encore. Petite, elle avait eu l’imagination de le nommer gardien de leur royaume. Plus grande, elle s’apercevait de la justesse de sa comparaison. Si elle avait la couronne et agissait en conquérante, lui pour sa part s’imposait en véritable veilleur et protecteur de ses aspirations.

Aussi ne prit-elle absolument pas sa proposition d’action à cœur - elle savait pertinemment qu’il ignorait tout de cette boîte et ne lui en tint guère rigueur, chassant ses mots d’un geste de la main. Il ne le savait pas, parce qu’elle ne lui en avait touché aucun mot, peu désireuse de pointer du doigt cette humiliation que Finnbjörn lui avait infligée en lui offrant un stupide coffret en guise de lot de consolation. Il ne savait rien, parce qu’elle avait tout retenu jusqu’à présent, gonflée d’orgueil et gorgée de haine. Et au milieu de ce naufrage se dressait encore la bague que le Norvégien lui avait rendue, ancrage dans la marée. Elle se plaisait à croire qu’elle ne l’avait gardée que pour respecter sa promesse de ne jamais la retirer, démontrant ainsi une loyauté et une vertu dont il s’avérait finalement dépourvu dans toute sa lâcheté, mais il y avait là bien plus qu’une futile bataille d’égo contre un mort. Il y avait une raccroche implicite à tout ce qu’elle essayait de rejeter, ultime relique de confort parmi la violence de son monde. Observant le bijou, elle ne se rendit même pas compte que Maxton, qui s’était installé près d’elle, lui avait retiré la bouteille de verre de ses mains avec une délicate précaution. Il enroba ensuite ses épaules d’une étreinte qui parvint enfin à lui faire lever les yeux, considérant alors toute la sollicitude bienveillante de ses traits. Oui, Maxton était double. Un monstre destructeur pour les uns, un frère dévoué rien que pour elle. “Tu n’avais pas besoin d’un modèle et nous n’avons pas besoin d’une mère pour atteindre la richesse. Nous n’avons besoin que de l’autre. C’était une erreur de vouloir s’intégrer au monde. Ça a toujours été toi et moi. Ça peut rester toi et moi.” Bluebell hocha docilement la tête, buvant encore plus ses paroles que toutes les rasades ingurgitées jusqu’alors, reliée par son bras dans son dos à la seule chose qui comptait réellement. “Et ça le restera” affirma-t-elle dans un murmure. Il posa alors sa tête sur son épaule dans un mouvement étonnamment affectueux qui repoussa son écume de rage qui l’avait précédemment ensevelie. Et sans besoin d’autres prédications, Bluebell fut exorcisée de sa fureur, un sourire aimant sur le bout des lèvres, le visage penché sur la silhouette de son frère enchevêtré contre elle. Sur les deux personnes qui avaient jamais vraiment importé, Maxton était celui qui était resté. Aussi songea-t-elle un sordide instant qu’elle avait été infiniment chanceuse dans son malheur, car dans le fond, la mort de Finnbjörn était bien plus préférable à la sienne. Et comme pour lui donner raison, il sembla saisi de stupeur à l’idée qu’elle puisse le croire approuver la décision du Norvégien. Il se redressa en pointant du doigt des arguments qu’elle avait déjà longuement ressassés, et elle hocha lentement le visage à son affirmation selon laquelle certains liens ne devaient jamais être détruits. Il était visiblement le seul à comprendre cette vérité qui était une composante même de leur intégrité. La fidélité envers l’autre, envers et contre tous.

Maxton stipula finalement qu’il le détestait surtout pour l’état qu’il lui avait ainsi valu, ce à quoi elle lâcha un rire jaune. “Comme c’est gentil” nota-t-elle avec ironie pour ne pas dramatiser davantage une remarque qui l’était déjà. Il rappela de fait qu’il savait qu’ils étaient proches, avant de s’enquérir à juste titre du degré de cette proximité. “A quel point ?” répéta-t-elle dans un souffle, le regard porté sur un point imaginaire devant ses yeux. Elle haussa des épaules, le silence retomba. Le mépris qu’elle entretenait était résolument plus éloquent que la tendresse qu’elle essayait de brûler dans ses souvenirs. Etouffée des cendres de sa rancune, cette dernière n’avait plus vraiment de forme, ne subsistant qu’au travers de quelques malheureux bribes de mémoire qui, curieusement, ne parvenaient pas à prendre feu. Alors, un sourire sans joie traversa ses lèvres. “Rappelons tout de même qu’il m’a longtemps agacée, et que c’était certainement réciproque.” Ses doigts jouaient nerveusement avec la bague d’onyx sur son annulaire. Elle aurait voulu que le bijou suffise à Maxton sans qu’elle ait besoin de poursuivre ; après tout, cette bague s’inscrivait en parfait témoignage de toute la dissonance qui la rongeait, exhibant le symbole de leur alliance en dépit du dédain affiché qu’elle nourrissait à son égard. Néanmoins, le regard de son jumeau qu’elle devinait dans le coin de sa vision attendait toujours, patient, l’obtention d’une réponse orale - ce qui était dans le fond légitime. Il ne savait rien de plus que ce qu'ils avaient donné à voir et se retrouvait maintenant à la protéger d’une colère objectivement sans explication. La moindre des choses était de lui justifier son trouble, aussi pénible soit la confidence. “Seulement… Nous avions fini par trouver une voie commune” ajouta-t-elle après un temps infini en retrouvant les prunelles de son frère à ses côtés. Il était assez proche pour qu’il lui suffise de murmurer, ce qui l’aida à poursuivre, confortée par l’intimité de leur dialogue. "Jusqu'à des aspirations partagées pour défendre notre rang. Jusqu’à un soutien mutuel dans nos fragilités. Jusqu’à un baiser.” Sa voix mourut, continuant de scruter son frère sans ciller, le visage impassible. “Peut-être deux” chuchota-t-elle tout bas après un instant. Le souvenir de leur dernière entrevue s’immisça de lui-même dans son esprit, image honteuse d’une promiscuité qu’elle chercha à repousser en détournant le regard. “Enfin, qu’importe” reprit-elle plus fermement, “tout cela appartient au passé, désormais.” Et pourtant, ce passé vraisemblablement révolu semblait ramper dans la chambre à la lueur de la pénombre croissante, tapissant sur les murs des formes chimériques. Ce maudit passé était là, avare, demandant encore plus d’attention, réclamant de nouvelles pensées, insatiable à la hauteur du vide vertigineux qui s’était creusé en elle à se revoir si naïvement blottie contre lui dans un adieu qu’elle n’avait pas eu l’intelligence de saisir. “Allons prendre l’air, veux-tu” annonça-t-elle alors en se relevant un peu brusquement, la gorge serrée à la vue de ces quatre murs desquels elle souhaitait impérieusement échapper. Le manoir ne lui donnait d’ordinaire aucune sensation d’enfermement, mais la brutalité de ses sentiments, le feu de ses déclarations, l’acidité de l’alcool cloisonnaient désormais ses poumons à la recherche désemparée d’un air moins pestilentiel. Maxton acquiesça doucement en se relevant à son tour et Bluebell lui attrapa la bouteille des mains pour s’emparer de son bras. Ils rejoignirent ainsi le couloir éclairé de quelques chandelles, l’un retenu à l’autre, la bouteille du whisky se ballotant au rythme de leurs foulées sous les doigts de Bluebell qui s’y raccrochait fermement entre deux gorgées.

La demeure semblait endormie, probablement parce que Wendell était comme à son habitude enfermé dans son bureau pour clôturer quelques affaires et qu’Elisabeth achevait une lecture dans son salon personnel. Bluebell songea qu’il s’en dégageait une singulière atmosphère, comme ils auraient parcouru un manoir abandonné qui n’appartenait qu’à eux. Le craquement du parquet sous leurs pas rappelait ces châteaux du continent usés par l'âge. Elle aurait voulu y croire, réellement. Une demeure rien qu’à eux dans un monde suspendu où il n’existait plus aucun parasite. “Tu as raison” glissa-t-elle alors qu’ils parvenaient à hauteur de l’escalier de marbre du hall. “Je n’avais pas besoin d’un modèle, pas plus que nous nécessitons une mère. Toutes ces tentatives de nous fondre parmi la masse n’étaient que de grossières erreurs. Mais au moins personne ne pourra nous reprocher de ne pas avoir essayé.” Un rictus d’arrogance étira ses commissures. “T’es-tu jamais demandé ce que nous serions devenus sans tous ces drames ? Imagine-toi : deux parents stables, aucune soeur d’adoption à supporter ou à enterrer, ni de frère exilé ;  pas de tante Rosemary, naturellement. Rien de tout cela, rien d’autre qu’une existence linéaire… J’ai longtemps jalousé les Sørensen pour cette paix familiale, et, que cela reste à jamais entre nous, tous ces incapables dotés de la même fortune. Avery. Van Aken. Yaxley, également.” Cette fois-ci, Bluebell laissa échapper un ricanement, lequel s’accentua en croisant le regard dégoûté de Maxton à sa dernière annonce. La jeune fille ralentit le pas pour se retenir à la rambarde. “Oui, même Yaxley” reprit-elle après un instant, retrouvant son sérieux. “Tous ces gens que je méprise, mais qui ont eu la seule chose que nous ayons jamais demandée. Une vie en dehors des Enfers.” Ils étaient ainsi parvenus dans le hall, tout aussi désert que le reste des étages. Seuls leurs pas résonnèrent un instant à mesure qu’ils s’approchaient de la véranda conduisant au jardin. “Mais en réalité, je n’échangerais nos jours contre aucun autre. Par Merlin, rien n’a été facile pour nous et rien ne le sera jamais, mais nous avons tout ce qu’ils ne peuvent avoir. Un allié qui ne nous abandonnera jamais.” Appuyant sur ces derniers mots, Bluebell poussa la porte d’un geste sec pour déboucher au-dehors, dans la fraîcheur du crépuscule. Elle avait jalousé tout ce beau monde, mais à bien y réfléchir, que valaient-ils ? Avery était misérablement seul, l’héritier Van Aken indigne de son rang, Yaxley se passait de mots - et Erin venait d’être délaissée par son jumeau, lui qui s’était si souvent risqué en fanfaronnades pour vanter la noblesse de ses valeurs et de sa prétendue loyauté familiale. Elle s’arrêta un instant sur le pas de la porte, profitant d’un soudain vertige pour lever sa baguette et ainsi appeler un chandelier. Les flammes des bougies sollicitées les suivirent au-dehors tandis qu’ils  se mêlèrent à la pénombre.

La nuit était effectivement tombée, ne laissant qu’une vague et lointaine auréole verdâtre du soleil qui avait disparu derrière les bois. Bluebell les conduisit jusqu’au niveau du bassin de pierre où coulait une eau rafraîchissante, dans une enceinte de colonnades où poussaient quelques plantes luxuriantes. Nonchalamment, la brune retira ses chaussures qu’elle jeta derrière elle pour continuer à avancer pieds nus dans l’herbe, manquant à plusieurs reprises de perdre l’équilibre. La tête lui tournait de plus en plus maintenant qu’ils s’étaient levés ; heureusement qu’ils n’avaient pas essayé de transplanner dans leur état. “Te souviens-tu quand tu avais malencontreusement fait tomber Alexis dans l’eau ?” ricana-t-elle en approchant du bassin. Le souvenir de leur aîné plongée dans les flots miroita sur les ondulations devant eux. Ils avaient peut-être sept ou huit ans, Maxton était encore dans sa phase belliqueuse, s’en prenant frontalement à tous ceux qui l’incommodaient. Bluebell se souvenait l’observer en pleine action avec des yeux ronds et admiratifs. Il incarnait la détermination et l’audace auxquelles elle aspirait - un symbole qui ne s’était jamais effrité. Il avait tué. Il y était parvenu. “J’aurais juré avoir vu Elisabeth esquisser un sourire ce jour-là, juste avant d’intervenir. Oh mais j’y pense, peut-être était-ce justement à ce souvenir que lui est venue l’idée de simuler une mort par noyade.” La cruauté grinçante de sa blague glissa au-dessus d’eux. “Elle ne l’a jamais supportée. En fin de compte, elle s’est toujours montrée plus maternelle envers nous… Comme quoi, nous n’avons peut-être pas eu la pire des enfances.” Après tout, ils étaient toujours vivants, contrairement à plusieurs de leurs proches. Les dieux avaient une curieuse façon de leur signaler leur chance, mais enfin, ils se devaient de réaliser qu’ils n’étaient pas non plus les plus maudits. Bluebell relâcha enfin le bras de son frère pour se laisser tomber sur le rebord du bassin, remontant au passage le bas de sa longue jupe pour y tremper ses pieds. Le contact glacial de l’eau lui arracha un petit cri, d’abord de surprise, ensuite de plaisir. Il lui semblait avoir l’esprit en ébullition - ralentir la cadence de ses émotions lui faisait le plus grand bien. “J’ai une idée” lança-t-elle soudain en tournant son visage vers Maxton qui avait pris place à ses côtés et dont le visage brillait sous la lueur du chandelier flottant toujours entre eux. “Changeons les règles du jeu. A partir de maintenant, pour chaque gorgée, il nous faudra énoncer un secret que l’autre ignore.” Une lueur de malice brillait dans ses yeux alors qu’elle tendait la bouteille à son frère. “Et c’est à ton tour, puisque je me suis déjà confessée.” Sa relation avec Finnbjörn, si tant est qu’elle puisse revêtir un si grand nom au regard d’une si fragile histoire, venait de lui être révélée. Eux qui se targuaient de ne jamais rien se cacher avaient finalement bien des manigances à admettre, et Bluebell n’aurait pas préféré un autre lieu de confidence que l’intimité d’un jardin où ne crissaient quelques grillons paresseux.

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BORDERLINE
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Vesper L. Corvere

Vesper L. Corvere



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Maxton avait sincèrement cru que la conclusion à laquelle il était arrivée était la bonne tant il était obnubilé par ce que sa sœur pouvait penser de cette soirée et par ses réactions distantes. Aussi, il fut presque aussi étonné qu’elle fut surprise par son interrogation, preuve qu’il avait tort sur toute la ligne. Il ne pouvait prétendre connaître chacun de ses mensonges, mais il savait détecter quand elle esquivait une question ou quand elle essayait de lui raconter des bobards. Rien dans sa réaction aurait pu être feint tant elle était spontanée. Elle secoua immédiatement la tête, comme si ses pensées étaient incongrues. Ses prunelles claires posées sur elle, il l’observa une seconde avant de lui renvoyer un sourire soulagé

- J’en suis ravi.

C’était une demie vérité. Bien sûr qu’il était heureux et rassuré qu’elle ne lui en veuille pas, mais il restait préoccupé par son comportement qui n’avait plus aucune explication logique. Après une seconde d’hésitation, il décida d’abandonner cette quête pour ce soir. Il voulait absolument trouver une raison rationnelle à une situation qui n’avait rien de sensée. Sa sœur n’aurait jamais dû pleurer un garçon à cet âge là, pas plus qu’il n’aurait dû s’inquiéter de ce qu’elle pensait après l’avoir vu pris dans les vapeurs de cette maudite potion. Rien n’allait dans leur existence, à part dans ces moments préservés entre les murs de ce manoir, à l’abri du monde entier.

A sa remarque, ce fut à son tour de balayer ses doutes d’un geste de la main. Il ne lui tenait pas rigueur du besoin d’espace qu’elle avait eu, il avait plus ou moins connu la même période l’an dernier après tout.

- J’apprécie ta présence et si je n’aime pas tes absences, je m’en accommode tant qu’elles te conviennent. Il fallait juste qu’il soit clair entre nous qu’elles ne sont en rien une obligation ou une fatalité.

Il savait par expérience qu’une fois pris dans la spirale de la solitude, il était particulièrement difficile d’en sortir. Ce n’était pas une absence de volonté, mais plutôt comme un piège qui se refermait et dont il est difficile de s’extraire. Une fois renfermé avec soi-même, la moindre interaction sociale paraissait insurmontable, même quand elle était ardemment souhaitée. La solitude, comme la tristesse ou la colère qui pouvaient l’accompagner, avaient quelque chose d’addictifs. Il y avait une forme de plaisir malsain à se complaire dans son malheur, parce que cela légitimait tout. Parce qu’il y avait la peur de se retrouver presque vide et sans défense si l’on abandonnait ce trop plein de douleur et de rancœur. Il était toujours plus facile de lutter contre le monde entier que de solliciter de l’aide ou de l’attention. Il en avait fait l’expérience avant elle. Il pouvait lui laisser de l’air, mais il ne la laisserait pas glisser dans une forme de spirale dont elle aurait du mal à sortir. Il en avait aussi payé les pots cassés cette année. S’il avait été capable de s’ouvrir un peu plus à elle, il était persuadé qu’il n’aurait pas bu cette stupide potion et qu’il n’aurait pas été contraint de recommencer une partie de son sevrage. Il n’avait pas eu un contrecoup violent comme l’était dernier, mais il s’était surpris à en avoir le goût dans la bouche à certains moments clés, ce qui ne lui arrivait plus depuis un temps. Quelque part, cela avait été bien fait pour lui et il avait subi le désagrément avec stoïcisme. Mais il était frustrant de savoir qu’il aurait pu l’éviter.

Dieu merci, elle ne lui tint pas rigueur de son affreuse erreur. Le coffret qu’il avait pris pour une boîte innocente cristallisait tout ce qui allait mal. L’espace d’un instant, alors qu’elle consentait à lui montrer l’étendue des dégâts que le suicide de Finnbjörn avait sur elle, il ne put s’empêcher d’envisager l’espace d’un instant des solutions plus radicales qu’une soirée alcoolisée pour l’aider. Détruire ce coffret si elle le souhaitait. Effacer jusqu’à son existence dans sa mémoire. S’il avait pu, il aurait pris chaque émotion négative pour les lui épargner. Ce n’était pas une solution, cela n’en avait jamais été une et ils l’avaient appris à leurs dépens dans le passé, mais la tentation était toujours aussi forte. A mille lieues de ses pensées, sa sœur fixait une bague à son doigt, comme si elle la défiait du regard, ses longs cils encadrant le bleu presque glacial de ses yeux. Cette fois, il ne fit pas deux fois la même erreur. Cette bague était donc liée à Finnbjörn et devenait donc un sujet sensible par la même occasion. Quel choix de bijou lourd de sens. Il y avait toujours des implications à offrir une bague à une femme sans demande de fiançailles, des promesses à peine murmurées ou des sentiments à demi avoués, mais il y avait un sens. Pourquoi la faire espérer pour mieux se donner la mort ensuite ?

Elle ne repoussa pas son geste de tendresse. Au contraire, il lui sembla qu’elle s’apaisait à son contact. S’il avait su qu’elle avait besoin de cela, il se serait exécuté plus tôt. Un vœu pieu puisqu’en réalité cette démonstration d’affection était en partie due à l’alcool qui commençait à lui tourner la tête. En temps normal, ils avaient une forme de pudeur incompréhensible dans leurs contacts. Sans doute que l’absence de tendresse de leurs parents adoptifs y étaient pour quelque chose. Ils ne leur étaient pas naturels de chercher une étreinte de l’autre. Bluebell était en temps normal celle qui initiait les gestes et dans un réflexe d’adolescent stupide, il faisait mine de les tolérer gentiment alors que tout comme elle, il y trouvait du réconfort. L’an dernier, quand elle l’avait fui avec application, il avait réalisé à quel point ces gestes anodins lui manquaient et il se trouva presque stupide de ne pas avoir réalisé que consoler quelqu’un ne passait pas uniquement par des mots et une présence à distance. Elle ponctua sa réponse sur Finnbjörn avec ironie et il lui répondit sur le même ton badin

- Je suis toujours gentil, ma chère.

Ce qui était faux. Il ne l’était pas gentil et il n’avait aucune envie de l’être. Le monde n’était pas charitable, alors pourquoi attendre de lui une bienveillance qu’on ne lui témoignait pas ? Il n’y avait qu’elle qu’il s’adoucissait. Elle et Erin en son temps. Une faiblesse qu’il ne se pardonnerait pas dans le cas de cette dernière.

Elle se lança dans l’amère description de sa relation passée et Maxton resta aussi immobile et silencieux que possible pour ne pas l’interrompre. Il y avait des éléments qu’il connaissait, d’autres qu’il devinait et surtout des informations qu’il ne détenait pas. Il ne doutait pas que s’il avait voulu les obtenir dans le passé, sa jumelle lui aurait répondu sans peine, mais il n’avait jamais ressenti le besoin de la questionner avant aujourd’hui. Ce n’était pas un manque d’intérêt de sa part, plutôt une forme de délicatesse. Cela relevait de sa vie privée et il considérait cela important de pouvoir disposer d’un semblant d’intimité, il lui offrait donc la même chose en retour. Même s’il ne lui avouerait jamais, son manque de curiosité était aussi dû à une certaine ambivalence. Chaque fois qu’il la voyait se comporter comme une adolescente de son âge, il en ressentait une forme de satisfaction, comme s’il avait réussi à préserver une part d’elle des enfers. Il voulait sincèrement qu’elle soit en mesure de supporter d’autres individus que lui, qu’elle puisse expérimenter chaque phase d’une construction logique chez une jeune fille, un peu de papillonnage, un premier amour … Ce qu’elle voulait tant qu’elle y trouvait son compte. Néanmoins, il n’avait pas envie de le savoir, parce que si rationnellement, il savait que cela n’abîmerait jamais leur lien, il y avait une pointe de jalousie irrationnelle. Elle débuta en parlant de l’agacement qu’elle avait dû lui inspirer et il faillit lui dire qu’il n’y croyait que modérément. Bluebell avait-elle un jour agacé Finnbjörn ou l’avait-elle toujours fasciné ? Comme pour lui donner raison, elle finit par admettre un baiser ou plus, avant de l’observer, comme pour guetter sa réaction. A quoi s’attendait-elle ? Dans un autre monde, il l’aurait taquinée, mais dans cette réalité alternative, il n’y avait pas de mort. Il n’allait pas non plus s’offusquer pour un baiser alors qu’ils avaient parié qu’il était capable d’embrasser la première fille ou presque à la garden party. La seule chose qui l’intéressait était qu’il était désormais en mesure de savoir qu’elle était profondément attachée à Finn. Elle n’aurait jamais consenti à une telle proximité dans le cas contraire. Mais elle tenta de lui faire croire le contraire en balayant son aveu presque aussitôt et il la retint une seconde

- Ce n’était pas rien. Tu as le droit d’être triste ou en colère quand tu en auras besoin. Tu n’es pas obligé de répéter mes propres erreurs parce que j’ai considéré que chaque chagrin méritait qu’on l’anesthésie.  

Le constat lui fut désagréable comme seule une vérité pouvait l’être. Néanmoins, entre taire l’évidence et l’énoncer, le comportement de sa sœur lui faisait dire qu’il fallait pointer clairement le problème. Le sujet était plus profond et aurait mérité plus qu’une phrase passablement alcoolisée, mais l’idée était là. Il avait eu tort dans sa gestion des émotions depuis tellement longtemps qu’il ne savait même plus quand est-ce qu’il s’était élancé sur cette pente glissante dans laquelle il avait perdu l’équilibre. Un jour, enfant, il avait trouvé plus intelligent de ne rien ressentir. Immense palette de gris pour un monde beaucoup trop noir, la stratégie avait longtemps était gagnante. Il avait réussi à s’en convaincre, à berner jusqu’à son propre esprit dans certaines situations. Sa jumelle également. Leur dispute dans la chambre d’hôtel lui avait appris qu’elle croyait sincèrement qu’il ne ressentait rien. Le jour où les digues avaient cédé, il avait dérapé. Il n’y avait plus de gris, que des agressions multiples. Chaque émotion vive lui faisait l’effet d’une lacération qu’il était incapable de gérer. Comment aurait-il pu en être capable ? Ce n’était pas la voie qu’il avait choisie. Et parce qu’il n’avait plus réussi à correspondre à son idéal, il avait fui vers des solutions qui n’en étaient pas, aggravant le cercle vicieux. Il se détestait d’être faible, chacune de ses idées avaient pour effet de le rendre plus vulnérable. Et maintenant quoi ? A défaut de ne plus pouvoir penser, il détruisait ce qu’il touchait pour oublier qu’il ne pouvait pas s’éclater le crâne, que ce soit au sens propre comme au sens figuré. Ca ne résolvait rien. La seule chose qu’il ne cassait pas et qu’il voulait à tout prix préserver, c’était elle. Il ne lui aurait jamais souhaité sa situation, ce dégout de lui-même, de devoir composer avec une situation où c’était sa personne qui devenait sa propre ennemie. Parce qu’il n’avait jamais qu’effleurer le sujet, peut-être qu’elle pensait que c’était une bonne idée. Qu’il lui conseillait ce genre de solutions. Ce n’était pas le cas.

Ses yeux bleus le fixèrent et il put presque y voir ses pensées s’y bousculer comme autant de vagues sur une mer agitée. Elle n’en verbalisa aucune, parce qu’il n’y avait rien à dire. C’était trop tôt ou trop tard pour lui répondre, mais ce n’était pas le bon timing. Un autre jour peut-être, un peu moins ivre, avec un peu plus de recul. Peut-être. Acquiesçant doucement à sa demande, il se leva et la suivit. Oui, ils avaient besoin d’air.

Il s’était figuré que le trajet serait silencieux, ce ne fut pas le cas. Bluebell reprit la parole quand ils atteignirent l’escalier de marbre, s’interrogeant sur ce qu’ils auraient été dans une autre vie, citant tous ces enfants pourris gâtés qui prenaient la tangente quand le moindre de leur caprice n’était pas exaucé. Il se moquait d’eux, de leurs états d’âme à deux mornilles parce qu’ils avaient le luxe de pouvoir philosopher sur le sens de leur vie. Aurait-il été différent ? Plus stable ? Sans doute.

- Je ne sais pas ce que nous aurions été. Mais comme toi, je sais ce que nous avons gagné. Un allié indéfectible. Un sens de la survie inné. Toi et moi nous gagnerons toujours à la fin parce qu’à chaque coup du sort, nous sommes un peu plus prêts à détruire ce monde pour qu’il nous corresponde.

Ils avaient eu mal cette année à cause des Sorensen, c’était un fait. Mais ils n’en étaient pas plus faibles. Maintenant qu’ils y avaient survécu, plus personne ne serait en mesure de les blesser de la même façon. C’était une leçon douloureuse, mais une leçon tout de même. Un jour, ils se moqueraient de leurs alter ego adolescents et de leur émotivité. Plus il avançait, plus l’alcool lui montait à la tête et lui offrait des perspectives optimistes pour l’avenir. Rêveries embrumées par les valeurs de whisky, tout y semblait plus simple. Assez pour le faire sourire sans raison réelle. Sa sœur quant à elle titubait avec une grâce relative vers le bassin où elle s’installa sur le rebord, mettant les pieds dans l’eau. Maxton ricana à la mention de ce souvenir

- Je pense qu’Elisabeth m’aurait volontiers laissé la noyer. Tout comme elle doit regretter d’avoir retrouvé Victor quand j’avais réussi à l’enfermer dans la cave. Tu te souviens ? Il y avait bien passé douze heures à chouiner qu’il avait peur du noir.

Le pauvre chéri en avait souillé son pantalon de peur quand il avait croisé des rats. Comme si le rongeur était assez fou pour envisager de le manger. Victor avait toujours été distrayant malgré lui. Il s’assit dans l’herbe, le dos contre le bassin et passa son bras par-dessus le rebord tandis que sa jumelle mettait les pieds dans l’eau. Avec un air malicieux, il joua avec l’eau glacée du bout des doigts avant d’en envoyer une gerbe sur sa sœur qui répliqua aussitôt avec un air outré. Elle avait toujours eu un côté princesse qui l’amusait. Puisque sa contre attaque avait trouvé sa cible, il ne vit guère l’intérêt de rester assis dans l’herbe et quitta lui aussi ses chaussures pour s’asseoir près d’elle les pieds dans l’eau. A sa proposition, il attrapa la bouteille, tout en poussant un gémissement plaintif

- Tu crois que j’ai des dizaines de secrets en réserve ? Tu sais tout de mon existence.

Son regard inflexible le fit marmonner quelques protestations supplémentaires pour la forme et après réflexion, il lui demanda plus sérieusement

- Un secret amusant ou un secret sérieux ?

Elle l’éclaboussa à nouveau pour toute réponse et il en conclut que c’était une façon de manifester soit son impatience, soit son envie de légèreté. Ca serait donc une confidence sans conséquence.

- Tu sais que j’aime explorer le manoir à des heures indues.

Cela avait toujours été un péché mignon qu’il ne se refusait jamais. Il était chez lui, après tout. Aux heures où les enfants dormaient, lui préférait partir en vadrouille, ce qui lui avait déjà valu quelques mésaventures. Sa sœur en connaissait certaines, d’autres méritaient d’être tues, selon lui.

- Quand nous avions une dizaine d’années, onze ans même, je me suis mis en tête de fouiller l’aile où se trouvent les appartements d’Elisabeth et Wendell. Je pense qu’ils nous croyaient sincèrement tous endormis, ou en tout cas qu’il n’y avait aucune raison que l’un de nous erre dans cette zone précisément. C’est donc à leur plus grande surprise et à la mienne encore plus que j’ai interrompu un moment relativement … privé. Je pensais vraiment avoir fui assez vite et assez discrètement pour qu’on ne m’en reparle plus jamais de mon existence, mais l’un d’entre eux a dû comprendre et comme j’ai toujours été le seul à fureter partout, j’étais le coupable tout désigné. Ca m’a valu la pire conversation de toute ma vie avec Wendell, mandaté par Elisabeth, pour quelques explications « entre hommes », pour le paraphraser. Je te jure qu’aujourd’hui encore, c’est un moment de honte et de gêne qui me hante.

Il but une gorgée d’alcool pour faire passer cette affreuse anecdote et surtout les souvenirs qui allaient avec, tout en subissant le fou rire de sa sœur. A l’époque, il s’était bien gardé de lui raconter parce qu’il la connaissait assez pour savoir qu’elle allait vouloir des explications et qu’il avait considéré que la gêne était déjà son paroxysme pour ne pas en rajouter. De toute façon, rien n’allait dans cette histoire, même s’il était évident que pour avoir Victor, il s’était nécessairement passé des choses entre eux. Maintenant qu’ils avaient appris pour la filiation d’Alexis, Maxton s’était demandé comment une femme comme Elisabeth avait pu consentir à ce que Wendell la touche à nouveau, mais il ne saurait jamais et pour sa propre santé mentale, il ne comptait pas s’interroger sur la question. Il but une deuxième gorgée au passage et tendit la bouteille à sa sœur.

- A ton tour.

lumos maxima
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August P. Rowle

August P. Rowle



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Message(#) Sujet: Re: Pale yellow (Maxton & Blue) Pale yellow (Maxton & Blue) EmptySam 20 Aoû - 0:08

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PALE YELLOW
From straying nights to mornings sun

Maxton était un excellent orateur de par la subtilité de ses mots qui ondulaient même dans la plus profonde obscurité. Une obligation, une fatalité. Il affirmait que sa solitude ne devait relever ni de l’une ni de l’autre et pourtant, jamais celle-ci n’avait été mieux justifiée que par une obligation, que par une fatalité. Il était un excellent orateur, c’était une évidence, mais il se trompait : elle se devait d’être absente, aussi bien par devoir que par simple casualité des choses. Un sourire sans joie ombragea ses lèvres qui ne s’ouvrirent cependant sur aucune réplique. Mieux valait contempler les étoiles de ses paroles, aussi erronnées soient-elles, que le vide noirâtre que laissaient ses silences. De la même façon, Bluebell préféra ne rien répondre à son frère alors qu’il lui rappelait qu’elle avait le droit d’exprimer ses émotions. Il soulignait qu’elle n’avait pas à réitérer ses erreurs et pourtant, n’était-ce pas précisément ce qu’elle cherchait ? Si Maxton avait géré sa peine dans la froideur, n’était-elle pas tenue de la même réaction ? D’autant que tous ses précédents éclats de virulence n’avaient jamais rien réglé. Elle revenait sans cesse au même point, à ce début, à cette fin, à ce milieu imprécis. Elle avait lutté et hurlé pour finir sur la table basse de sa chambre, pitoyable, bancale, éteinte. Pour quelle nouvelle lubie devrait-elle se relever, à quoi bon se redresser, pourquoi ne pas attraper cet énième départ et le brûler aussitôt en une conclusion cacophonique, pourquoi ne pas tout annihiler avant que ne reprenne cette sempiternelle course vouée à l’échec ? Ils étaient seuls et resteraient seuls. Bluebell n’avait plus envie de s’efforcer de changer une destinée déjà fixée à l’avance. Le crâne de son frère sur son épaule lui suffisait plus que n’importe quelle autre couronne. Dans un moment d’égarement où elle lui susurra les secrets qu’elle avait retenus, Bluebell manqua d’air et proposa de sortir dans les jardins, rejoignant un monde qui s’envolait en volutes. De fait, le sol lui semblait toujours plus léger, peut-être même s’était-elle déjà évaporée, flottant quelque part au-dessus des escaliers, tournoyant autour du discours que lui tissait son jumeau, un fil d’Ariane dans un labyrinthe de pensées toujours plus indéfinies. Gagner à la fin, prêts à détruire le monde… Oui, mais qu’en restait-il franchement de celui-ci, quelques souvenirs tranchants, quelques valeurs à vif ? Alors pourquoi s’embêter dans cette guerre, pourquoi ne pas plutôt profiter de l’herbe fraîche sous des pieds éthérés ? Bluebell jeta ses chaussures en avançant, titubante, dans l’intimité d’un jardin inondé de nuit. Des fantômes les rejoignirent. Plus rien des âmes damnées qui dansaient dans la pénombre de leurs cauchemars l’année passée ; non, ceux-là n’étaient que des reflets de souvenirs miroitant sous la lune au-dessus d’eux. Alexis. Victor. ”Si je me souviens” ricana-t-elle à l’interrogation de son frère. “J’avais dû passer la semaine sans chandelier. Ils avaient tous été réquisitionnés dans la chambre de Victor qui craignait désespérément que les bougies s’éteignent dans la nuit, terrorisé comme il l’était par le noir.” La moquerie de sa voix s’éleva entre eux tandis que Bluebell levait les yeux sur le ciel. “Maintenant que j’y pense, c’est à cette période que j’ai eu l’une de mes plus fortes manifestations magiques. J’en avais assez de devoir traverser ma chambre sans rien y voir pour rejoindre les bains… Alors, le mur avait fini par disparaître de lui-même, me permettant de m’y rendre sans détour.” Ses prunelles croisèrent à nouveau celles de son frère. “On pourrait presque en déduire que je tiens mes talents des faiblesses de Victor - ou de ta cruauté, à fortiori.” Un sarcasme qui mourut presque aussitôt dans la justesse de son constat. N’avait-elle pas réellement tiré sa force de l’impétuosité de son frère ? Sans lui, elle aurait probablement abandonné à ses quatre ans, tolérant une inconfortable posture familiale sans jamais s’acharner à en tailler les contours. Sans lui, elle n’aurait certainement pas forgé des aspirations aussi pointues, aussi hautes, aussi acérées. Sans lui, cette nuit aurait été bien noire et de fait, c’était à se demander s’il n’avait pas invoqué les étoiles qui brillaient ça et là du seul éclat de ses mots. Elle sourit en réalisant que le double sens du terme éclat seyait parfaitement son frère. Il était lumineux, il était aiguisé, il était dangereux, il était salvateur.

Le contact de l’eau froide sur ses jambes la ramena à la réalité. Le fourbe lui avait envoyé une gerbe du bout de ses doigts trempés dans le bassin. Dans un air scandalisé - quelle impertinence de profiter de la confiance accordée pour attaquer ! - Bluebell répliqua en plongeant sa main droite dans le bassin à son tour, envoyant un franc jet sur ses cuisses. Touché. Il ricana en se relevant pour retirer ses chaussures et tremper lui aussi ses pieds dans l’eau. Bluebell eut alors l’idée de changer les règles du jeu, ce à quoi pesta son jumeau en arguant qu’elle savait tout de lui. “Dois-je te rappeler que c’est toi qui as réclamé cette petite sauterie ?” rétorqua-t-elle d’un regard inflexible. Il protesta une seconde fois, davantage pour la forme, s’enquérant du type de confidence qu’il devait admettre. La brune roula des yeux avant de l’éclabousser en guise de réponse, impatiente. Il jugea à juste titre qu’elle réclamait une histoire aussi rafraîchissante que l’eau à leurs pieds et s’embarqua ainsi dans une anecdote. Celle-ci capta alors toute l’attention de Bluebell, d'abord retenue dans un rictus qui s’élargit ensuite dans un sourire, puis dans une exclamation, avant de rouler en un rire, en un franc rire, en un interminable rire. De fait, elle riait à gorge déployée quand Maxton conclut en signalant que ce moment le hantait toujours. Il fit passer son malaise dans une longue gorgée qui annonçait la fin de la bouteille tandis que la jeune fille cherchait vainement à se reprendre, tourbillonnant dans l’espace peuplé d’insidieux souvenirs qui n’étaient pas les siens. “Par Merlin” souffla-t-elle finalement d’une voix qui flanchait encore, “j’ignore ce qu’il y a de plus tragique dans cette histoire ; que tu aies dû subir cette vision d’horreur si jeune, ou que leur mariage soit réellement fondé.” La perspective d’un divorce ne lui aurait pas déplu, dans le fond, tout ce qui pouvait les éloigner de la misère de Wendell aurait été le bienvenue. Le silence retomba un instant alors qu’elle se calmait, la main sur sa poitrine comme pour mieux reprendre son souffle. “Et bien, j’allais t’avouer que je me suis habituée à dormir avec toi l’été dernier, si bien qu’il m’a déjà paru de me sentir seule certaines nuits… Mais une telle déclaration semble désormais inappropriée.” Et si elle crut illusoirement pouvoir tenir quelques secondes de plus, déjà, son fou-rire repartit dans un claquement de lèvres espiègle. Elle s’en tenait même les côtes quand elle parvint à articuler, imitant l’intonation de Wendell, “Alors dis-moi Maxton, comment sont faits les bébés ?” Mais soudain, son ricanement laissa place à un cri de surprise tandis qu’elle tombait dans le bassin où Maxton venait de l’y pousser.

Le bruit de son amusement s’étouffa sous un froid liquide. Bluebell avait pied, mais elle décida de prolonger un instant le flottement qui venait de l’ensevelir, se sentant soudain d’une lucidité curieusement légère. Elle remonta finalement à la surface dans une grande inspiration, non sans croiser le regard de son frère. Dans sa chute, le charme qui faisait flotter le chandelier s’était rompu, le laissant retomber, éteint, dans l’herbe. L'obscurité était pleine, comme le sourire qu’ils échangeaient silencieusement, se devinant comme en plein jour. “Tu me dis incapable d’accepter la défaite, et pourtant, me voilà humble et honnête, à tolérer ce juste châtiment.” Elle mima une révérence avant de s’enfoncer un peu plus dans l’eau, ne laissant dépasser que son visage qu’elle tendit au ciel dans un sourire évasif qui échappa au monde plongé dans le noir, qui ne se déroba qu’à la clairvoyance de son jumeau qui la contemplait dans la même douceur. Peut-être avaient-ils perdu dix ans dans ce bassin, peut-être l’eau leur avait-elle rendu la candeur enfantine, peut-être leur présence silencieuse valait-elle tous les remèdes. Le poison de ces derniers jours sembla se distiller dans l’eau autour d’elle, si bien qu’elle se demanda si elle n’aurait pas mieux fait de se laisser chavirer au fond pour y taire définitivement ses plus affreuses pensées, quand son frère lui fit signe d’approcher. Elle acquiesça, docile, avant d’avancer jusqu’au bord du bassin, où elle croisa les bras pour y poser son visage. Elle le garda tourné vers son frère qu’elle contempla longuement sans rien dire, bercée par le whisky, étourdie par les légers mouvements de l’eau contre son dos. “Fauve n’a jamais égaré ta chemise de soie. Tu sais, la bleue sarcelle que tu avais reçue à Noël, il y a de cela deux ans ?” Maxton hocha la tête. Bien sûr qu’il s’en souvenait, il avait passé des heures à remuer le manoire en accablant le pauvre elfe de maison des pires injures. “C’est moi qui te l’ai empruntée.” Une lueur de malice perça le regard de son frère qui demanda à comprendre le subterfuge. “Il serait bien discourtois de ma part de te révéler tous les secrets dont la gente féminine est capable.” Bluebell laissa échapper un ricanement avant de sortir du bassin, reprenant place aux côtés de Maxton. Elle récupéra sa baguette accrochée à sa jupe pour jeter un sort qui sécha rapidement ses vêtements. Elle tâcha ensuite de tresser ses cheveux qu’elle laissa délibérément mouillés, rafraîchissant ainsi sa nuque. “Disons seulement que je l’ai cachée le temps que l’obsession de la retrouver te passe. Je l’ai ensuite faite reprendre en un chemisier taillé à mes mensurations. Et ne prétends pas m’en vouloir” reprit-elle alors que Maxton ouvrait la bouche sur une exclamation de désapprobation, “je l’ai déjà portée devant toi sans même que tu t’en aperçoives, et tu avais alors souligné combien elle seyait parfaitement mon regard. Un crime peut être pardonné quand la victime en reconnaît l’utilité.” Et quelle utilité que d’être élégamment apprêtée ! Bluebell cacha son sourire de mauvaise foi sous le goulot de la bouteille qu’elle termina en une gorgée. Le rebord de pierre tanguait peut-être même autant que sa tête qu’elle résolut de laisser tomber sur les genoux de son frère. Elle  se recroquevilla en boule contre lui, fixant à la verticale l’autre extrémité du bassin devant eux où se reflétait seulement le noir de la nuit.  “Qu’importe ce que je laisse transparaître. La vérité, Maxton, c’est que je suis déjà triste, et en colère. ” Sa voix avait retrouvé un sérieux déconcertant. “Je peux te sembler anesthésiée, mais je t’assure que je la ressens quand même, cette blessure. Et je sais que je n’en guérirai pleinement qu’une fois que je l’aurai retrouvé pour le confronter, là-bas, de l’autre côté.” Ses aveux moururent sur ses lèvres à nouveau scellées. Bluebell trempa alors ses doigts dans l’eau devant eux, caressant pensivement la surface avant d’envoyer une gerbe d’eau contre un ennemi imaginaire qu’elle continuait de scruter dans le vide, ombre parmi le noir. “Mais ne t’inquiète pas. Il paraît que nous sommes dotés d’un sens de la survie inné” souffla-t-elle après un long moment. “Alors, je me servirai de cette rancoeur pour être un peu plus prête à détruire ce monde afin qu’il nous corresponde enfin.” Il fut difficile de discerner le rictus qui appuya ses lèvres ou la lueur déterminée qui passa dans son regard, d’autant que ce dernier finit par disparaître derrière ses paupières. Maxton s’était mis à lui caresser les cheveux, lui chuchotant des mots presque inaudibles qui la bordèrent dans un sommeil de plomb. Aussi Bluebell ne rouvrit-elle les yeux que le lendemain matin, à l’aube, dans la douceur de ses draps contrastée d’une douloureuse migraine.


*


Ils n’avaient plus besoin de mentir. Le confort de leur posture semblait presque irréel après toutes leurs courbures fallacieuses - Elisabeth et Wendell savaient ce qu’il s’était passé, Erin ne s’intéressait plus aux histoires de Maxton, Finnbjörn était enterré. Si le secret de leur ascendance avait été plus d’une fois menacé par tous ces risques humains, les jumeaux n’avaient désormais plus rien à protéger de qui que ce soit. Un soulagement dans leur peine respective qui rendit ce samedi matin étonnement tranquille. “Nous partirons à dix heures précises” rappela-t-elle à Fauve, nonchalamment installée dans l’un des sièges de la salle à manger, la main serrée autour d’un café encore fumant. Wendell abaissa son journal, épiant silencieusement les échanges qui se déroulaient sous ses lunettes, tandis qu’Elisabeth finissait une correspondance qui semblait accaparer toute son attention. Maxton, de l’autre côté de la table, observait pensivement les tableaux qui commençaient eux aussi à s’éveiller dans la pièce - quelques aïeux qu’ils n’avaient jamais connus mais qui accompagnaient chacun de leur repas depuis des années. “Je pense que nous pourrons être de retour à temps pour le déjeuner" reprit-elle en consultant le regard de son frère qui continuait à ignorer le sien. Comment lui en vouloir ? Il avait accepté cette visite pour elle seule. Lui demander une quelconque forme d’enthousiasme aurait été bien au-delà de ses prérogatives, d’autant que Bluebell elle-même n’était pas certaine d’être franchement réjouie de ces retrouvailles. Elle avait accepté de revoir leur mère dans une curieuse forme de vulnérabilité conférée par le whisky - dont il lui avait fallu une journée entière pour s’en remettre - mais maintenant qu’elle s’était reprise, il ne lui restait que cet état d’intransigeance froide. D’un autre côté, ne pas y aller aurait été une regrettable erreur. A défaut d’une mère saine et prospère, ils se devaient de conclure cette histoire avec dignité. “Ce que vous voulez” nota soudain Elisabeth en relevant le regard du parchemin qu’elle était désormais en train de plier, “du moment que vous ne nous ramenez pas de nouveaux cadavres.” Le rictus qui tapit ses lèvres fut certainement cynique, mais eut au moins le mérite de nommer l’éléphant dans la pièce. Non, Bluebell n’était pas enjouée par cette promenade matinale, car dans le fond de sa retenue glaciale, elle la redoutait farouchement. Elle n’était pas certaine que tous les souvenirs laissés dans le village soient bons à ressasser… Toutefois, elle n’aurait jamais pu les enterrer sans les soulever une dernière fois pour les porter dans le cercueil qui leur incombait. “A qui écris-tu de bon matin ?” s’enquit-elle alors, cherchant à dévier la conversation de ces sombres considérations, la tasse de porcelaine portée à ses lèvres. “Oh, il s’agit seulement de quelques paperasses à conclure” lui répondit Elisabeth en glissant le parchemin dans une enveloppe. Elle s’approcha de l’une des hautes fenêtres ouvertes où patientait le hibou Grand-Duc familial pour lui transmettre le courriel. Celui-ci s’envola presque aussitôt dans un froissement d’ailes. “Elle correspond depuis des jours avec les Sørensen” intervint soudain Wendell sans pour autant quitter son journal des yeux. “Il serait diplomatiquement bien vu de témoigner son soutien quand on est soi-même parent d’un enfant mort.” Sûrement sentit-il peser sur lui le regard réprobateur de sa femme, mais il n’en fit rien, reclus dans un monde bien éloigné du leur depuis la perte d’Alexis. “Par ailleurs, elle estimerait opportun que vous leur adressiez une lettre de soutien, vous aussi.” “Mais rien ne presse” l’interrompit aussitôt Elisabeth, essayant tant bien que mal de rétablir l’équilibre précaire qui secouait son épée de Damoclès. “Concentrez-vous d’abord sur vos affaires, nous verrons le reste plus tard.” Bluebell, qui n’avait en fin de compte toujours pas avalé la moindre gorgée de la tasse toujours posée contre ses lèvres, laissa échapper un ricanement sans joie. “Oh, mais c’est déjà tout vu” répondit-elle alors en reposant la tasse sur la table, “je ne leur rédigerai rien. L’hypocrisie est une encre bien trop vulgaire pour être apposée sur un parchemin.” Maxton consentit enfin à consulter sa sœur du regard, reflétant une lueur explicite que Bluebell chassa en se relevant. “Je vais me préparer. Nous partons dans vingt-trois minutes.” Et elle quitta la pièce se justifier davantage, occultant le fait qu’elle avait déjà essayé à quatre reprises d’écrire une lettre à Erin et que chacune de ces tentatives s’était terminée dans le feu de cheminée. Aucun mot ne semblait juste, aucune tournure ne paraissait sincère. Tantôt condescendantes, tantôt mordantes, ses paroles se révélaient toujours bien futiles face à la grossièreté d’un suicide. De toute évidence, Maxton n’aurait guère plus de chance de réussite - dans la scandaleuse hypothèse où il aurait eu envie de s’adresser à celle qui l’avait rejeté.

Le transplannage avec Fauve les fit arriver à l’heure convenue. L’elfe disparut sans un mot alors que Bluebell lui rappelait d’être présent pour douze heures tapantes. Il n’y avait rien de digne à être transportés par une créature aussi misérable, mais les cheminées étaient surveillées par le Ministère et l’infime possibilité d’être suivis par le gouvernement était excessivement effrayante. “Rien n’a changé” remarqua-t-elle d’un ton neutre, balayant la rue principale d’Haddington où ils avaient atterri d’un regard plus dédaigneux que nécessaire. Elle s’était attendue à une quelconque remontée nostalgique, au lieu de quoi son corps se contenta d’une indifférence teintée de mépris. Elle aurait été infiniment mieux dans son gazébo à parcourir un énième ouvrage d’histoire de la magie, à voyager loin de cette bassesse et encore plus loin de ses songes - mais il fallait croire que le temps était venu d’affronter son passé, ou toute autre tournure héroïque que l’on pouvait attribuer à leur situation pour le moins bancale. Réarrangeant l’élégant chemisier bleu sarcelle en soie qu’elle avait enfoncé dans sa jupe noire, Bluebell finit par emboîter le pas à son frère qui s’était résolu avant elle à avancer vers l’asile situé au bout de la rue. Il était curieusement silencieux depuis le début de la journée, lui qui avait pourtant fait preuve de tant d’extravagance depuis le début des vacances, cherchant à solliciter la moindre réaction sur le visage fermé de sa jumelle. En ce jour, il arborait le même air rogue, une suffisance excessive, probablement dans le mécanisme identique de se détacher de la lugubre bâtisse vers laquelle ils approchaient. “Au fait, tu ne m’as jamais dit ce que vous aviez fait de son cadavre.” Le moment était peut-être mal choisi ou au contraire, parfaitement opportun. Tournant son regard sur le profil de son frère qui tiqua à sa demande, Bluebell accueillit stoïquement la réponse, comme si la vision qui accompagnait ses explications ne lui avait pas donné la nausée. Mais s’ils avaient l’intention de fermer définitivement le malencontreux chapitre de leur ascendance, il lui semblait devoir être en capacité de tout accuser - de la folie de leur mère aux restes de la dépouille d’Angus. Ils étaient parvenus dans la petite cour de l’édifice - qui lui paraissait par ailleurs bien plus petit que dans ses souvenirs - quand Bluebell fit signe à son frère de s’arrêter. Il arqua un sourcil tandis qu’elle lui attrapait le bras pour les faire transplanner jusque dans le couloir où ils s’étaient disputés, juste à côté de la chambre 103 dont la plaque d’argent hantait ses souvenirs. Maxton était sur le point de la réprimander pour l’inconvenance d’avoir transplanné dans un espace où quelqu’un aurait potentiellement pu les surprendre quand une infirmière passa par là, poussant un chariot à bout de bras. Il se retint aussitôt de la moindre remarque, un sourire poli sur les lèvres, avant de tourner à nouveau vers Bluebell qui leva aussitôt la main pour l’interrompre. “Pardonne mes manières, seulement, je ne me sentais pas d’humeur à adresser la parole à des moldus fit-elle, une grimace de dégoût venant appuyer ce dernier mot. Et, sans lui laisser le temps d’une éventuelle remarque sur ce caprice, Bluebell s’approcha de la porte dannée devant laquelle elle suspendit ses doigts. Ce ne fut qu’en croisant les prunelles de son jumeau, resté derrière elle sans l’intention de s’avancer à sa suite, que Bluebell se décida à serrer la poignée pour arriver dans l’antichambre de ses cauchemars.

Une fenêtre entrouverte sur un courant d’air tentant vainement de chasser des émulsions médicamenteuses ; un haut lit instrumentalisé où gisait un corps squelettique ;; une infirmière en pleine prise de sang. Une infirmière… Une infirmière ? Le juron que laissa fuser Bluebell fut couvert de l’exclamation de la vieille femme qui s’indignait de cette entrée sans avertissement. “Veuillez sortir immédiatement, vous n’avez rien à…” “Oubliette” s’exclama aussitôt Bluebell en tirant sa baguette. En vain, hélas - ne frétillèrent que quelques étincelles qui eurent cependant le don de captiver l’infirmière. “De la sorcellerie ?” glapit-elle. Roulant des yeux, Bluebell pointa à nouveau l’extrémité de sa baguette sur la bougre. “Stupefix.” Et enfin, un jet s’arqua de son arme pour frapper de plein fouet la cible qui tomba raide sur le sol. Bluebell laissa échapper un soupir de soulagement en relâchant sa baguette suspendue à sa jupe. Fixant la masse inerte tombée sur le sol pour mieux se soustraire à la vision de sa mère face à elle, la brune se résolut finalement d’avancer dans la pièce en enjambant l’obstacle qu’elle fit au passage rouler du bout de son talon de sorte à s’assurer que son regard ne puisse contempler que la poussière. Elle tenterait un nouvel oubliette plus tard, mais pour l’heure, leur rencontre méritait un minimum d’intimité. “Blair” annonça-t-elle, cérémonieuse, attirant sur elle les yeux de la malade dont le bras était toujours planté d’une seringue. Peut-être ne comprenait-elle pas pourquoi sa fille l’avait nommée de son ancien nom, peut-être ne s’en souvenait-elle guère, peut-être même ne reconnaissait-elle pas son enfant. Quoiqu’il en soit, Bluebell n’avait plus que deux options : prendre la parole maintenant, ou risquer d’être interrogée par Blair et ainsi revivre le même schéma tortueux que lors de leur rencontre l’année passée. Une moue d’embarras souleva ses commissures de lèvres alors qu’elle se décidait à briser le silence la première, sans pour autant parvenir à soutenir son regard qu’elle continuait de fuir. “Vous n’avez pas changé” lança-t-elle avant de lui arracher l’aiguille du bras, faisant fi des petites gouttes de sang autour de l’incision pour se concentrer sur le liquide qui brillait à l’intérieur de la seringue. “Toujours aussi maigre. Toujours aussi pâle” précisa-t-elle avec une froideur inattendue. Elle actionna le petit pressoir, observant le fin jet de produit couler autour de l’aiguille avant de perler sur le sol. “Démente, également, même si serais bien indigne d’insulter ma mère de la sorte.” La seringue était vide, il n’y avait plus rien pour retenir son attention. Alors, Bluebell se résolut finalement à croiser le regard de son interlocutrice, retenant son souffle comme craignant de s’y noyer.

Amorphe, éteint, figé. Il était même possible que Blair ne l’écoute pas à en juger son mutisme. Or, ce silence était encore pire que d’éventuelles réponses lunaires. Elle avait longtemps occupé un poids conséquent de ses inquiétudes là où finalement, Bluebell ne semblait même pas exister à ses yeux vitreux. “Quoique, pourrais-je jamais être plus indigne que vous ? Nous abandonner sans une lettre, sans une explication, puis espérer tout rattraper par une misérable correspondance sans même être capable de se souvenir de notre âge. Je me demande si vous avez seulement conscience de tout ce que nous avons vécu. Si vous avez la moindre idée de la désillusion que vous m’avez valu. Si vous comprenez combien je vous en veux.” Aucune émotion ne parcourut la malheureuse, ce à quoi Bluebell se mordit violemment l’intérieur des joues. Elle essayait de se convaincre de la monstruosité de Blair, qui aurait au moins pu revêtir une allure plus féroce ; en vain. Elle ne faisait face qu’à une aliénée qui n’était même pas en capacité de l’entendre. Une incommensurable pitié dégoulina sur son échine. Pitié envers cette misérable sans avenir, pitié envers elle-même et ses vieilles aspirations héroïques. Elle se sentait minable d’y avoir un jour cru. “Non, vous n’avez strictement rien de digne. Il faut être terriblement lâche pour abandonner ses enfants et leur préférer un être qui vous maltraite.” Ses lèvres se mirent à trembler, comme retenant une violente nausée. “Il faut être terriblement lâche pour aimer.” Le regard de Blair sembla insensible à sa bile. Bluebell aurait préféré une autre réaction, n’importe quelle autre réaction pourvu que ce regard inexistant ne lui soit pas adressé. Les yeux lointains de Blair collaient à sa peau comme un produit visqueux. Et pour se soustraire à cette gêne poisseuse, il lui semblait devoir se montrer la plus cruelle possible dans une prétendue supériorité. “Angus est mort” enchérit-elle alors en élevant la voix. “Maxton l’a tué. A défaut d’avoir réparé votre préjudice, il en a au moins enterré le secret.” La malade ne trouva rien à en redire. N’y tenant plus, Bluebell jeta soudain la seringue sur le sol, manquant d’attraper au passage sa baguette pour en finir avec cette femme et avec le trouble nauséabond qu’elle lui valait. “Je pourrais équilibrer ce meurtre par un matricide” signala-t-elle alors d’une cadence soutenue, comme se hâtant de conclure, “mais je préfère autant vous laisser croupir ici en digne rétribution de vos erreurs. Nous nous retrouverons en Enfers, pour un joyeux repas de famille où nous aurons tout le loisir de nous entretuer pour l’éternité.” Et, s’attardant une dernière seconde sur ses deux yeux voilés qui lui rappelèrent un horrible instant son propre regard dans ses moments de fragilité, Bluebell tourna les talons quand une frêle voix s’éleva. “Bluebell, c’est vous ?” Son nom résonna, turbulent, le long de ses nerfs, si bien qu’elle dut fermer les yeux un instant pour ne pas tout ravager de sa douleur. Elle accusa finalement le coup en silence, la mâchoire serrée pour retenir fièrement la brûlure de ses yeux, enjambant à nouveau l’infirmière figée par terre pour rejoindre son frère dans le couloir. “Il y avait une infirmière” annonça-t-elle alors en seul récapitulatif de sa rencontre, les jambes pourtant tremblantes. “Saurais-tu l’oublietter ? Je dois manquer de sommeil, je n’y suis pas parvenue.” Esquissant un sourire comme pour signifier qu’en dehors de cet inconvénient, tout allait bien, Bluebell contourna son jumeau pour s’approcher de la fenêtre d’où elle distinguait le haut chêne de la cour intérieure. Jamais son regard ne fut si opaque, couvert d’un épais malaise pullulant d’une plaie à vif.

Dé lancé ici.

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Message(#) Sujet: Re: Pale yellow (Maxton & Blue) Pale yellow (Maxton & Blue) EmptyDim 21 Aoû - 17:31

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L’énoncé de leurs souvenirs d’enfance dans ce contexte d’amusement alcoolisé avait quelque chose de rassurant. Les perspectives actuelles ne manquaient pas de noirceur, mais il y avait eu des instants amusants. Des difficultés qu’ils avaient surmontées également. S’ils riaient aujourd’hui des mauvais coups qu’ils avaient pu infliger à leur frère et à leur sœur adoptifs, enfants leur place dans la fratrie avait été délicate à trouver. Avant qu’il ne se révèle décevant, Victor restait l’héritier légitime et avait surtout eu la déplaisante idée de se montrer gentil avec Blue, ce que Maxton avait vécu comme une forme de rivalité. La plupart de ses frasques avaient Victor pour victime. S’il plaidait les circonstances, la vérité était sans doute qu’il l’avait jalousé au moins un temps. Il esquissa un sourire quand elle décréta qu’elle devait certaines de ses manifestations magiques à sa cruauté et ricana

- Cruauté ? Dois-je te rappeler qui était la plus inventive de nous deux sous Blackman ?

L’adjectif cruel ne le gênait nullement, si cela permettait de survivre, il ne lui voyait aucun sens péjoratif. Mais son sens de l’honnêteté le poussait à admettre que ce n’était pas le qualificatif qui lui convenait le mieux. Il était plus pragmatique que cruel. La majorité du temps, il se moquait d’infliger de la douleur tant qu’il parvenait à ses objectifs. Il fallait qu’il soit pris d’une rancœur ou d’une rage particulière pour que ses digues sautent et qu’il en perde sa prudence. Blaze était un cas d’école. Il était parfaitement conscient que laisser sa sœur lui infliger un sortilège de doloris était stratégiquement la pire idée du monde. Il avait fait passer leur inimitié à un stade dangereux. Mais le voir se tordre de douleur avait eu quelque chose de cathartique qu’il avait apprécié au-delà de ce qui était sain.

Face à ses protestations sur les nouvelles règles du jeu, sa sœur conclut de manière impitoyable qu’il était celui qui avait voulu cette petite sauterie et il se contenta d’un clin d’œil taquin. Comme si elle n’appréciait pas cette soirée de légèreté autant que lui ! L’alcool, les rires ... c’était à cela que devaient ressembler des vacances d’été, pas à une veillée funéraire. Si pour lui rappeler il avait l’obligation de lui révéler tous ses secrets, qu’à cela ne tienne.

Celui qu’il choisit provoqua chez Bluebell une hilarité à s’en étouffer et après avoir tenté de noyer ses souvenirs désagréables dans l’alcool, il finit par rire avec elle. A onze ans, il en avait été mortifié, encore plus de la conversation qui avait suivi. A dix-sept ans, il commençait à se rendre compte de l’absurdité de la situation. Néanmoins, il avait arrêté de fureter à proximité des chambres. Son esprit n’oublierait jamais cette vision d’horreur, il n’était pas obligé de s’en infliger une autre ou pire, de découvrir que la gente féminine pouvait trouver le moindre attrait aux cheveux filasses de Victor.

- Tu sais que je n’ai réalisé qu’après coup qu’Elisabeth savait déjà pour Alexis quand j’ai surpris cette scène ? Je crois que c’est ça le plus tragique.

Elle ne pouvait pas chuter au même stade que Wendell dans son estime, mais cela ne lui avait clairement pas fait gagner des points. Il allait répondre aimablement à sa sœur qu’elle était libre de dormir avec lui quand elle le souhaitait, comme un juste retour des choses pour l’été dernier où elle l’avait veillé quand elle se sentit obligée de lier les deux événements et une grimace aussi dégoûtée qu’horrifiée se dessina sur son visage. Tandis qu’elle riait aux éclats, elle l’interrogea dans un souffle, toujours aussi moqueuse sur comment on faisait les bébés et il leva les yeux au ciel avant de la pousser sans ménagement dans l’eau. Il était hors de question qu’il la laisse se payer éternellement sa tête et un peu d’eau fraîche ne lui ferait pas de mal pour se remettre les idées en place. L’espace d’une seconde, son cœur s’arrêta de battre quand elle ne remonta pas immédiatement et que le chandelier s’éteignit brusquement. Une seconde de plus et il serait allé patauger dans l’eau avec la panique maladroite que confère l’alcool quand elle ressurgit, souriant. Enfin, il ne voyait pas clairement son visage, mais il sentait à sa manière de se tenir et de parler qu’elle souriait avec malice. Par réflexe, il lui rendit sa mimique et inclina la tête, comme pour accepter sa révérence.

- J’apprécie à sa juste valeur ton humilité. Je n’irai donc pas dire à Elisabeth que tu rêves d’une conversation sur le sujet pour que nous soyons quittes. Prends ça comme une preuve de grandeur d’âme.

Il en aurait été capable. Après tout, quand ils ne passaient pas leur vie à vivre des événements qu’ils n’auraient jamais dû connaître adolescents, ils ne vivaient pas dans la bibliothèque du manoir à feuilleter des recueils poussiéreux. Ils aimaient se jouer des tours, jamais méchants, mais souvent piquants. Blue ressortait généralement victorieuse de ce genre de bataille mais Maxton avait à son crédit quelques plaisanteries mémorables.

Alors qu’elle posait sa tête sur le rebord du bassin, comme bercée par les mouvements de l’eau, elle finit par avouer que l’une de ses chemises favorites trop tôt disparues avait en réalité été kidnappée par ses soins. Il arqua un sourcil interloqué, alors qu’elle sortait de l’eau, royale. Il savait que ses affaires exerçaient une forte tentation sur la jeune fille, mais ce n’était généralement que de la curiosité, jamais un « emprunt » qui confinait au vol. Surtout, il n’aurait jamais parié que ses vêtements étaient visés. Ils avaient eu une période vers leurs sept ans où avoir des tenues similaires était le summum de leur bonheur, cela leur avait clairement passé. Notamment de son fait à lui. Il avait toujours été un garçon assez fin et avant une poussée de croissance bienvenue, il était hors de question qu’il porte quoi que ce soit qui aurait pu être assimilé à un côté trop délicat ou féminin. Il ouvrit la bouche pour protester qu’il n’allait pas piquer ses fringues dans sa penderie, lui, quand elle le fit taire d’un geste toujours aussi altier, prétendant que le crime était effacé parce qu’il l’avait complimentée. Quelle idiotie. Il la complimentait toujours, sans que ce soit une autorisation de se servir dans ses affaires.

- Et tu te vantes de ton forfait en plus ? La délinquance te va mal, ma chère.

Elle ne rebondit pas. Caressant l’eau du bout des doigts, elle changea brusquement de sujet pour des propos plus sérieux. Il l’observa silencieusement. Peut-être voulait-elle le rassurer, elle n’y parvint pas. Sa façon de réagir était trop calquée sur la sienne pour être apaisante. Il avait un an d’avance sur elle et il savait comment évoluaient les émotions ressenties mais pas exprimées. Elles se transformaient en poison et cassaient tout sur leur passage, leur propriétaire en premier. Il ne voulait pas de ça pour elle. Il l’empêcherait de sombrer comme lui. Il caressa délicatement ses cheveux, lui murmurant

- Le monde sera à notre image mais tu ne détruiras rien du tout. C’est mon rôle à moi, toi tu feras mieux que moi.

Quand ils finirent par rentrer dans le manoir à des heures indues, elle endormie, lui la portant d’un pas bien trop incertain pour être sobre, Elisabeth apparut pour les dévisager avec consternation. Avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, il emmena Bluebell vers leur aile du manoir en lançant d’un air docte à leur mère adoptive dans un murmure moqueur.

- Thérapie de groupe. Terriblement efficace.

Tellement efficace qu’ils mirent une bonne journée à s’en remettre. L’avantage fut qu’Elisabeth eut l’intelligence de souscrire à son analyse : il valait mieux leurs frasques que leurs silences endeuillés.


*  *  *


Le samedi fatidique où il avait promis à sa jumelle de retourner voir leur mère arriva vite, presque trop. Il était conscient d’être celui qui avait proposé cette excursion et il continuait de penser sincèrement qu’il s’agissait d’un sacrifice nécessaire si cela pouvait la réconforter d’une quelconque manière. Seulement, à chaque seconde qui s’écoulait, il était un peu moins certain de son idée qui lui avait paru si brillante quelques jours auparavant. Après leur soirée, Bluebell s’était à nouveau drapée dans une forme de froideur qui le faisait douter et sa carapace à lui se fendillait sous sa nervosité. Voilà pourquoi il gardait résolument son regard sur les tableaux qui les entouraient. Si sa jumelle avait perçu son hésitation, elle aurait choisi de le préserver. Leur discussion avait eu le mérite de clarifier ce point, elle ne lui en voulait pas et elle continuerait de faire passer leur relation avant le reste du monde. C’était aussi rassurant que vertigineux de responsabilités. Il pouvait l’empêcher d’évoluer, de faire ce qu’elle voulait juste pour son bon plaisir. A lui d’être assez raisonnable pour deux, d’être assez adulte pour faire la part entre les besoins de sa jumelle et ses caprices à lui. Avant, le rôle d’adulte de leur duo lui semblait taillé sur mesure, aujourd’hui, le costume lui paraissait trop grand. Buvant une gorgée de café d’un air songeur, ce fut la voix d’Elisabeth qui le tira de ses réflexions. La franchise était une qualité qu’il appréciait quand elle savait s’enrober d’intelligence sociale. Pour une raison mystérieuse, Elisabeth était capable d’agir avec intelligence et empathie quand les sentiments de Bluebell étaient en jeu, elle prenait rarement en compte les siens. Il l’avait déploré avec jalousie lors de leur dispute avec sa jumelle avant de reléguer ce détail dans les tréfonds de son esprit, jusqu’à cet instant précis. Il tourna légèrement la tête pour la dévisager d’un air glacial et reposa bruyamment sa tasse sur la table dans un claquement qui résonna, comme désapprobateur

- Je ne suis pas suffisamment déséquilibré pour tuer également notre mère, mais je suis touché de cette sollicitude. Un autre conseil avisé ?

Sa réaction, trop vive, trop mordante, dévoilait sans peine l’état de nerfs avancé dans lequel il se trouvait. Wendell siffla son nom avec mauvaise humeur pour lui sommer de se taire, ou à défaut de se montrer poli et Maxton le fusilla du regard avant de se perdre dans la contemplation de sa boisson chaude devant lui. Chaque fois qu’il avait le malheur d’oublier pourquoi il détestait le reste du monde, le réel se chargeait de lui rappeler. Paradoxalement, s’il ne souhaitait pas admettre la moindre vulnérabilité à ses parents adoptifs, il détestait Elisabeth quand elle faisait mine de ne pas comprendre le pouvoir dévastateur de ses paroles. Il n’avait jamais eu le choix de ramener un cadavre, il n’avait pas eu l’intention de rajouter un meurtre dans l’équation. Il payait encore les conséquences au prix fort. Il haïssait la médiocrité de Wendell, encore plus de devoir lui obéir. Il exécrait toute cette situation.

Bluebell eut le mérite de détourner l’attention avec sa question, bien que la réponse qu’elle obtint ne fit que raviver son envie de faire taire Wendell, si possible violemment et en lui faisant particulièrement mal. Elisabeth eut le bon goût de paraître gênée, ce qui ne tira plus la moindre compassion au garçon. Après avoir appris la vérité sur Alexis, il lui avait fait grâce d’une forme de courage ou d’abnégation, maintenant, il avait plutôt tendance à penser que sa mère adoptive vivait dans une forme de lâcheté consistant à connaître les limites de son époux et à les subir avec un stoïcisme qui confinait au masochisme. Au tour de sa jumelle de se rebiffer face à leur manque de tact et il chercha son regard pour jauger l’ampleur de la blessure. Il ne croisa que trop fugacement le bleu de ses yeux, avant qu’elle ne quitte la pièce, drapée dans sa dignité. Il soupira et termina rapidement sa tasse avant de se lever. Il ne jeta qu’un coup d’œil dédaigneux à Wendell avant de se tourner vers Elisabeth et de pincer les lèvres, comme pour faire barrage à l’agacement qu’il aurait aimé verbaliser. Il se dévouait corps et âme pour que Bluebell aille mieux, ce n’était pas pour voir ses efforts détruits au petit-déjeuner. Après avoir estimé que ses mots ne changeraient rien mais aggraveraient bien des choses, il se contenta de conclure

- Je ne suis pas non plus impoli. J’ai déjà envoyé une lettre aux Sorensen. Blue ira au rythme qui lui convient.

Vingt minutes plus tard, l’elfe de maison les laissait dans une rue de ce que Maxton considérait être une ville maudite. Le décor lui était familier, anxiogène également et ce fut avec une résignation teintée de lassitude qu’il sentit son estomac se nouer. Par principe, il n’en laissa rien paraître. La réaction était tellement attendue que s’il ne pouvait pas museler son corps, il pouvait au moins observer ses manifestations d’un œil froid, presque clinique. Il avait assimilé l’endroit à une forme de traumatisme, il était donc impossible que sa vue ne déclenche pas une forme de malaise. Logique. Dérangeant. Comme dans ses souvenirs, tout était calme, d’un paisible presque contrariant au regard de ce qui se jouait pour eux. Pourquoi quand la réalité heurtait leur monde ce dernier n’avait pas le bon goût de paraître touché ? Il jeta un coup d’œil à sa sœur afin d’observer d’infimes réactions qui pourraient lui donner un indice sur son état d’esprit. Il n’y en eut aucun. Comme lui, elle opposait un air d’indifférence dédaigneux. Sa chemise faisait ressortir le bleu de ses yeux comme s’il s’agissait de pierres précieuses. Il effleura le col de son haut et railla

- Bleu sarcelle en soie. Audacieux après la confession de ton crime.

Une lueur malicieuse apparut brièvement dans ses yeux à laquelle il répondit par un demi-sourire amusé. Elle le narguerait jusqu’à sa mort avec cette prise de guerre alors que si elle lui avait demandé, il lui aurait donné ce fameux vêtement sans histoire. Ils marchèrent en silence quelques instants, jusqu’à la bâtisse se détache devant eux. Elle était toujours aussi sinistre et Maxton se surprit à penser qu’il était impossible de ne pas devenir fou dans un tel endroit. L’idée d’y laisser sa mère y croupir, malgré ses limites, malgré sa rancœur, malgré toute leur histoire le mit subitement mal à l’aise. Elle les avait abandonnés, c’était un fait qui ne serait jamais effacé, mais était-il obligé d’agir de la même façon ? Ils avaient eu une enfance agréable auprès des Sherwin. Passant nerveusement la main dans ses cheveux, il se promit d’en discuter avec Wendell à leur retour. A ses élans de destruction se disputaient des tendances plus protectrices, comme des vestiges de son enfance à s’occuper de Blue. Il pouvait se faire du mal, faire du mal au reste du monde, mais pour les personnes qui lui étaient infiniment proches, il en était incapable. Comme s’il n’avait que deux rôles possibles, palette de nuances beaucoup trop restreinte pour ne pas en être prévisible. Erin en était le parfait exemple. La lettre qui lui avait écrite avait été pensée avec une affection coupable. Idiot. La voix de Bluebell rompit le silence et il se crispa à sa question. Il n’avait pas envie de penser à Angus ici, comme si le lieu était propice à invoquer son fantôme. Mais comme souvent, Bluebell ne se souciait que très modérément de ses états d’âmes, bien trop obnubilée par le but qu’elle souhaitait atteindre. Aujourd’hui, il était évident qu’elle avait envie de réponses et qu’elle ferait donc tout pour en obtenir, ne lui en déplaise. Voilà pourquoi il ne prit pas réellement la peine de lutter en protestant qu’il n’avait guère envie d’en parler. Elle aurait obtenu ce qu’elle souhaitait à l’usure, autant donc gagner du temps.

- Wendell s’en est chargé, je ne l’ai pas accompagné. J’ai voulu rester avec toi, ton état me préoccupait. De ce que j’en sais, il a réduit en poussière tout ce qui aurait pu permettre une identification et s’est débarrassé des résidus en mer. Il avait hésité à cacher le corps dans notre caveau familial, mais je m’y suis opposé. Il était hors de question que notre géniteur nous poursuive jusque dans sa mort.

Bluebell acquiesça gravement et Maxton se mura à nouveau dans le silence. Cette journée avait été une course effrénée contre la montre. Il avait fallu brûler leurs vêtements, faire disparaître la quantité indécente de sang, prendre en charge Bluebell … Ce n’était pas vraiment des souvenirs qu’il appréciait de se remémorer.

Un transplanage et une dizaine de reproches muets plus tard, ils se trouvaient en face de la chambre de leur mère. Le Gryffondor croisa immédiatement les bras contre son torse dans un geste inconscient de défense. Le couloir était toujours aussi sombre, exigu. Il se souvenait l’avoir qualifié de boyau de l’enfer et il ne pouvait qu’être d’accord avec sa version adolescente de 15 ans. Ce lieu aurait trouvé sans peine sa place dans le tartare. A cette constatation revenait donc systématiquement la même question, pourquoi s’infliger ce voyage ? C’était une chose d’être en mesure de se défendre contre un milieu hostile imposé, c’en était une autre d’aller se jeter délibérément dans la gueule du loup. Sans qu’il n’ait besoin de s’expliquer, Bluebell se dirigea vers la chambre sans lui demander de l’accompagner et il en ressentit un profond soulagement. Il ne lui avait pas caché son ambition de ne pas la suivre, mais il aurait été difficilement capable de lui résister si une fois devant la porte elle l’avait supplié de se joindre à elle. La porte se referma et il resta immobile dans le couloir, ne sachant brusquement plus quoi faire de son existence. Il tourna sur lui-même pour observer l’endroit dans lequel il se trouvait et effleura le mur aux couleurs pâlis du bout des doigts tandis que la sensation de claustrophobie enflait dans sa poitrine. Il détestait cet endroit. Il avait presque l’impression que piégé ici, la folie allait finir par devenir contagieuse au point de l’étouffer. Un bref regard à l’extérieur ne le soulagea en rien. Déclinaison de gris à l’infini, le parc semblait aussi morose que le bâtiment. Et dire qu’il avait apprécié un temps de vivre dans un monde en monochrome. Erin aurait au moins eu cet avantage dans sa vie. Il n’avait plus rien contre quelques touches de couleurs flamboyantes.

Après une seconde supplémentaire, il choisit de s’asseoir sagement à côté de la porte de la chambre de leur mère. Il avait un livre avec lui, mais il était utopique de penser qu’il serait capable de lire. Ce n’était pas le cas. Son niveau de concentration était au plus bas et tous ses sens étaient déjà occupés à résister à l’envie de fuir cet endroit. Bluebell avait eu raison de ne pas passer par l’entrée, malgré les risques. Ca avait été le lieu de leur rencontre avec leur géniteur et il s’en souvenait comme si c’était hier. Son instinct lui avait hurlé de partir, pourquoi n’avait-il pas été assez intelligent pour obéir ? Et pourquoi quand il revoyait cette scène, c’était leurs ressemblances qui lui sautaient aux yeux ?

Quoique, pourrais-je jamais être plus indigne que vous ? Nous abandonner sans une lettre, sans une explication, puis espérer tout rattraper par une misérable correspondance sans même être capable de se souvenir de notre âge. Je me demande si vous avez seulement conscience de tout ce que nous avons vécu. Si vous avez la moindre idée de la désillusion que vous m’avez valu. Si vous comprenez combien je vous en veux.”

Il s’éloigna brusquement de la porte, se relevant. Il n’avait pas voulu écouter l’entrevue de sa sœur, la finesse des cloisons l’y avait contraint. Cette diversion eut au moins le mérite de le distraire. Ou plutôt de l’inquiéter. Il avait parié que Bluebell tirerait quelque chose de positif de cette rencontre, ce n’était pas le cas. Il n’avait pas compris ce qu’elle voulait dire quand elle lui avait indiqué qu’elle était loin d’être anesthésiée, il commençait seulement à comprendre. Elle était rongée par la rancœur. Complètement consumée. Ce n’était pas un reproche, il savait exactement ce qu’elle ressentait, ce besoin de détruire, de cracher son venin pour tenter d’aller mieux et se détester quand les coups portés trouvaient leur cible. Ce qui le gênait, c’est qu’il avait l’impression qu’elle calquait ses réactions sur les siennes, comme si elle s’attirerait son approbation en empruntant le même chemin. Comme s’il y avait quelque chose de sain, un modèle à suivre dans sa crise d’adolescence flamboyante. Ne voyait-elle pas qu’il n’avait fait que naviguer à vue dans l’espoir de ne pas se noyer et qu’il ne s’en était tiré que parce qu’elle était venue lui prêter main forte ? Ce discours sur leur mère, c’était le sien, cela n’avait jamais été celui de Blue. Elle, elle était la résiliente, lui le rancunier. Il ne l’aurait pas aimé moins si elle avait conservé ce rôle. Et il fallait qu’il la tire de cette spirale infernale.

Il ferma les yeux, soudain écrasé par la lassitude. Il n’avait pas l’énergie, pas la stabilité suffisante pour l’aider. Il en avait eu la prétention, mais c’était stupide. Comment lui conseiller de gérer un problème que lui-même évitait soigneusement ? Et il se détestait d’être incapable de trouver une solution. Avant, son existence n’était qu’une suite de réponse pour la protéger. Maintenant, il peinait à savoir ce qu’il devait faire pour la préserver de ce monde. Il échouait dans tant de choses et il l’entraînait dans son sillage.

La porte s’ouvrit brusquement et ils se firent face. Lui déboussolé, elle tremblante. Jeu de dupes, elle mentit, il lui rendit la pareille en faisant semblant de la croire. C’était le genre de danse qui rappelait certaines heures sombres de leur duo. Tout comme ce lieu renvoyait à des traumatismes qui n’étaient manifestement pas guéri. Elle le pria de s’occuper de l’infirmière, il déglutit péniblement, luttant pour ne pas lui répliquer qu’il en voulait pas y aller. Ne venait-il pas de déplorer ses échecs à l’aider ? Il n’y avait donc guère le choix, il s’agissait de réussir cette fois. D’un pas faussement nonchalant, il entra dans la chambre et, après une seconde d’hésitation, ferma la porte.

Il avait tellement cauchemardé cette journée que la femme en face de lui ne lui sembla pas aussi effrayante que dans ses souvenirs. De décharnée, presque cadavérique, elle lui parut plutôt fragile, presque fantomatique. Cela ne changeait rien sur le fond à son état de santé, mais elle perdait des allures de menace pour devenir seulement vulnérable. Ce n’était plus un monstre prêt à le poursuivre dans ses rêves, à piétiner ses espoirs avec application, c’était une forme éthérée perdue dans les limbes. Elle l’observait, une lueur de compréhension dans le regard qui le mit mal à l’aise. Il n’aimait pas quand elle semblait perdue dans son monde, mais ses instants de clairvoyance étaient tout aussi déstabilisants. Après une seconde de flottement, il se sentit obligé de préciser

- Je suis Maxton.
- Je sais.

La réponse avait fusé et elle l’avait regardé comme si cette remarque était particulièrement stupide. Se rappelait-elle des moments où elle ne les reconnaissait pas ? Le silence reprit alors qu’elle le dévisageait avec une forme d’avidité. Lui choisit de se rapprocher l’infirmière stupéfixée et pointa sa baguette vers elle. Il abandonna sans même essayer. L’absence de parole était trop pesante pour lui permettre de réfléchir. Alors presque mécaniquement, comme pour combler le vide, il commença à parler doucement, verbalisant des évidences, presque comme pour excuser sa jumelle et son comportement cavalier.

- Bluebell ressent toujours les émotions avec violence, elle a besoin de les exprimer pour trouver une forme d’apaisement. Je l’admire pour cela. Elle est passionnée. Elle sait transformer des sentiments en armes sans se laisser détruire. Elle est plus combattive que vous. Que moi aussi, d’ailleurs.

Leur mère continua de l’observer sans rien dire. Il resta un instant immobile avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres.

- J’ai tué Angus. Est-ce que vous m’en voulez ?

A quel moment avait-il considéré qu’il avait besoin de son absolution pour se sentir mieux ? Il ne le savait pas. A vrai dire, il n’y avait même jamais songé avant de se retrouver devant elle alors qu’en cet instant, la question avait tout son sens. Finalement, il n’avait jamais cessé de chercher son approbation. Comme pour se conforter que leur abandon n’était pas en lien avec une quelconque déception, un quelconque manque de valeur de leur part. Blair – leur mère – parut étonnamment comprendre les peurs enfantines qui se cachaient derrière sa question et pour la première fois, son visage afficha une émotion. Soulagement, fierté, tristesse.

- Bien sûr que non. Il était la source de bien des maux. Je suis désolée que vous ayez eu à le faire.

Le parquet devant la porte grinça légèrement, comme si quelqu’un se trouvait devant. Blue. Ce constat qui aurait dû l’agacer fit germer dans sa tête une forme d’idée désespérée. S’il avait raison et qu’elle exprimait ses émotions par mimétisme avec ce qu’il avait pu lui renvoyer, alors sa stratégie était stupide depuis le début. Il ne devait pas l’amener ici et la laisser se débrouiller avec leur mère, il devait montrer la voie. Appliquer sur lui sa propre médecine avant de vouloir l’expérimenter sur elle. Il avait voulu qu’elle se réconcilie avec leur génitrice pour trouver la paix, tout en continuant de se murer dans sa rancœur silencieuse. Pourtant ses excuses lui faisaient un bien inespéré. Il admit à mi-voix, d’un ton calme, comme s’il s’agissait d’un constat anodin.

- Moi je vous en veux. Pour être partie et pour m’avoir fait croire qu’il était normal d’endosser votre rôle.

Elle accusa le coup mais nia pas. Si elle l’avait fait, il se serait braqué. Il y avait dans les yeux clairs de sa mère une fragilité et des excuses qui se passaient de mots. Il lui en voulait comme on pouvait détestait une personne saine d’esprit. Pourquoi n’avait-il pas été capable de voir qu’elle les avait défendus comme elle avait pu dans toute sa maladie. Brusquement, cela lui parut bien futile de la détester comme si elle avait choisi de ne pas être l’héroïne qu’il avait imaginée. N’était-elle pas la plus malheureuse, prise au piège dans son propre corps et son propre esprit ?

- Je crois que je commence à comprendre que vous avez fait ce que vous avez pu et vous m’avez dit ce que j’avais besoin d’entendre aujourd’hui, alors, je vous pardonne. Vous devriez vous appliquer à aller mieux, je reviendrai. Je vais voir ce que je peux faire s’agissant de cet endroit. Bonne journée … Mère.

Il pointa à nouveau sa baguette sur l’infirmière et murmura un sortilège d’oubliette qui fonctionna. Elle aurait l’impression d’avoir fait un malaise dans cette chambre. Eux seraient loin. Quand il sortit de la chambre, le regard songeur et ses doigts fins jouant machinalement avec sa chevalière, il retrouva sa sœur qui fixait artificiellement le même arbre que précédemment. La position de son corps était bonne, mais le mouvement de ses pupilles, ses iris posées sur une zone sans logique et surtout le bleu interrogateur de ses yeux quand elle se tourna lui indiqua sans l’ombre d’un doute qu’elle avait écouté sa conversation, tout comme il avait eu accès à des bribes de la sienne. Elle ne savait pas comment lui parler sans avouer sa curiosité, ce qui le fit sourire. Il n’était pas fâché. Il était presque content de ne pas avoir à résumer son entrevue, tout comme il se sentait étrangement apaisé. Cela faisait deux ans presque qu’il n’avait pas eu cette sensation d’être à sa place, que l’envie de trouver une activité assez distrayante pour l’empêcher de penser arrêtait de le tenailler. Tout n’était pas résolu, mais il n’aurait jamais cru que ce serait lui que ce voyage aiderait. Faisant un léger signe de la tête à sa jumelle pour qu’ils quittent cet endroit, il dit d’une voix tranquille

- Je sais que tu as écouté, Bluebell. Pose tes questions.


*   *   *


Assis à son bureau, Maxton relisait la réponse d’Erin à sa lettre, sans être capable de dire clairement quel sentiment il en retirait. Elle avait été infiniment polie, ce dont il lui était reconnaissant. Elle avait été assez distante pour qu’il lui en veuille. A moins que sa rancœur ne soit en réalité dirigée que contre sa propre bêtise de ne pas avoir tu ce qu’elle ressentait ? Il avait toujours autant de difficulté à identifier les émotions, encore plus à s’autoriser à les ressentir. Il y avait de la contrariété, oui. Aurait-elle voulu de lui comme allié si elle avait su qu’il avait tenté d’aider Finnbjörn ? C’était une question à laquelle il n’aurait jamais de réponse. Certains secrets étaient mieux enfouis. Penser au garçon lui rappela qu’il avait toujours la montre à gousset qu’il lui avait offert et si son doigt effleura le tiroir de son bureau, il ne se risqua pas à sortir l’objet. Si Blue lui avait posé des questions, il aurait certainement eu toutes les difficultés du monde à lui mentir et il n’avait aucune envie de provoquer sa colère. Il s’en voulait assez pour ses cachotteries, tremblait suffisamment pour elle en devinant la profondeur de sa tristesse. Alors que son index traçait une nouvelle fois avec amertume la nouvelle signature d’Erin, sa sœur fit son entrée dans sa chambre. Comme toujours, elle ne s’embarrassa du moindre coup à sa porte, il était évident que ses appartements étaient tout autant les siens dans son esprit, et il reposa avec une indifférence feinte son courrier. Il était trop tard pour l’enfouir dans une cachette de son invention et s’il manifestait la moindre nervosité, elle s’empresserait de lui arracher des mains pour en apprendre plus. Jouer la normalité était le moyen le plus sûr pour qu’elle se désintéresse de ce parchemin.

Il releva la tête pour la dévisager, puis se tendit. Elle n’avait pas son air habituel et dans ses mains trônaient le coffret de Finnbjörn. Après avoir appris à ses dépens l’histoire de cette boîte, il l’aurait reconnue entre mille. La question était donc de savoir ce que sa sœur faisait avec ce curieux legs dont elle ne voulait pas entendre parler quelques semaines avant. Ils s’observèrent une seconde avant que le garçon ne choisisse de briser prudemment le silence.

- De quoi as-tu besoin, Blue ?

Si elle était là devant lui avec cet objet, c’était qu’elle souhaitait son aide. Inutile de se perdre en vaines palabres sur le reste alors qu’elle était probablement bouleversée. Cela n’aurait de toute façon rien amené. Quoi qu’elle demande, il tenterait de s’y conformer. C’était un acquis si évident qu’aucune d’eux n’aurait envisagé de le remettre en cause. Fermant sa porte d’un léger mouvement de baguette, il lui fit signe de s’asseoir, oubliant le courrier qui accaparait son esprit quelques secondes auparavant.


lumos maxima
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August P. Rowle

August P. Rowle



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PALE YELLOW
From straying nights to mornings sun

Le monde sera à notre image, mais tu ne détruiras rien du tout. C’est mon rôle à moi, toi tu feras mieux que moi. Ces mots accompagnaient ses sommeils sans parvenir à survivre aux lueurs du jour. Aussi robustes soient-ils, les mensonges finissent toujours par fondre sous la brutalité de la réalité. Maxton pensait sincèrement qu’elle ferait mieux que lui quand chaque journée rappelait qu’elle n’était que le revers virulent d’une âme qu’ils partageaient. Née pour détruire, leur ombre déambulait sur terre dans ce seul dessein. Briser ceux qui ne coopéraient pas, façonner les dissidents, rétablir un ordre bouleversé dès leur premier anniversaire. Aussi Bluebell sortit en furie de son entrevue avec leur mère, réalisant dans une très grande déception que tous ne pourraient pas toujours céder à leurs extrêmes. Blair était demeurée indifférente, à peine remuée à son départ, et du reste peu touchée par ses diverses tentatives d'invectives. Elle avait pourtant appuyé sur chaque plaie ouverte, désespérément. L’abandon, la rancœur. La mort, aussi. Mais il fallait croire que leur génitrice était moins démente qu’elle ne le laissait transparaître, capable d’une rigidité exemplaire ; ou à défaut, que tous ces arguments n’effrayaient que Bluebell elle-même. Postée à la fenêtre dans l’attente que son jumeau supprime la mémoire de l’infirmière qu’elle avait laissée au sol, dans un mordillement nerveux de son pouce, Bluebell ressassait ses répliques comme pour les fuseler davantage. Pourquoi ne pas avoir tiqué quand elle avait évoqué le rejet et pourquoi ne pas avoir rebondi au sujet de sa désillusion ? Était-ce vraiment une absence de raison de Blair, ou à l’inverse, un excès de sentiment qu’entretenait Bluebell elle-même ? Une curieuse nausée la saisit. La Serpentard se reposa sur le petit banc au pied de la fenêtre, continuant de fixer l’arbre au centre de la cour. Tout était monochrome, ici. Noir, blanc, gris, dans une confusion colorimétrique qui fit bourdonner ses tympans. Un haut-le-cœur la saisit, qu’elle réprima d’une main sur sa poitrine. Elle méprisait son incapacité à se dominer, celle-là même qui lui portait si souvent préjudice et qui l’avait ainsi affichée, minable, devant une mère qui ne daignait pas entendre ses plaintes. “Bluebell ressent toujours les émotions avec violence, elle a besoin de les exprimer pour trouver une forme d’apaisement.” La jeune fille tourna aussitôt le visage à l’énonciation de son nom. Déformée par la paroi, la voix de Maxton ne lui sembla tout à fait reconnaissable qu’après quelques mots supplémentaires. Venait-il vraiment d’adresser la parole à Blair ? Sans y réfléchir, elle quitta le banc pour s’approcher à pas feutrés de la porte de la chambre. “Je l’admire pour cela. Elle est passionnée. Elle sait transformer des sentiments en armes sans se laisser détruire.” Oh, mais pourquoi devait-il se leurrer de telles inepties ? Bluebell posa doucement son front contre la porte, fermant les yeux dans un nouveau malaise.

Tout cet embarras, toute cette gêne que semblaient déglutir ces cloisons ne venait en réalité que de sa propre honte. On la croyait capable de miracles, prodigieuse jumelle qui maniait ses émotions comme des armes dans un excès de fougue - mais ne se rendaient-ils pas tous compte que la situation était inversée, qu’elle était elle-même à la merci de ses emportements ? Elle s’était à bien des reprises sabotée elle-même. “Elle est plus combative que vous. Que moi aussi, d’ailleurs.” Bluebell ferma les yeux, ballottée par la conviction erronée de son jumeau. A sa colère succèda un franc désarroi dont il ne vit rien, de l’autre côté de cette maudite porte. C’était lui qui tirait les ficelles, parce que c’était lui qui était capable des meilleurs éclats. Lumineux, tranchants. “J’ai tué Angus. Est-ce que vous m’en voulez ?” “Bien sûr que non.” La brune rouvrit les yeux. Lui avait-elle répondu ? Lui avait-elle parlé ? Etait-ce parce qu’il se montrait plus docile, était-ce par vengeance envers elle ? Et pourquoi Diable Maxton demandait-il l’approbation d’une aliénée, comment daignait-il s’enquérir de son avis ? Fronçant des sourcils comme si c’était à elle qu’il s’adressait, elle suivit la suite de ses dires avec une attention toute entière. Il lui en voulait, lui aussi. Il lui semblait absurde de l’apprendre de cette porte, de n’avoir finalement jamais mis de mot dessus avec lui. Posant sa main à côté de son visage pour se coller davantage à la paroi, comme dans l’espoir irraisonné de traverser la porte sans pour autant se faire voir, Bluebell observa ses chaussures en silence pour mieux se représenter la scène qui se jouait de l’autre côté. “...je vous pardonne. Vous devriez vous appliquer à aller mieux, je reviendrai.” “Tu reviendras ?” répéta-t-elle dans un murmure. L’empathie de son discours figea tout à fait la jeune fille qui demeurait éperdue, se demandant comment diable il était capable d’une telle bonté. Ne devaient-ils pas tout détruire, ne devaient-ils pas se protéger des autres ? Si Maxton avait toujours été déconcertant de lucidité, il lui sembla en cet instant louable, superbe, digne. Plus digne que Blair, infiniment plus digne qu’elle-même. La honte qui secouait son ventre s’appesantit davantage, si bien qu’elle se sentit obligée de s’éloigner de cette porte avant qu’elle ne fasse déborder de putrides excès par l’interstice. Au même moment, elle devina les pas de Maxton reprendre leur mouvement. Faisant mine de ne pas avoir quitté sa place, elle reporta son attention sur l’arbre de l’autre côté de la fenêtre quand son jumeau réapparut dans son champ de vision. Malgré elle, l’ombre de ses yeux refléta une lueur interrogatrice à laquelle il répondit d’un hochement de tête, proposant de quitter la monochromie de cet asile. “Je sais que tu as écouté, Bluebell” annonça-t-il alors qu’il lui tendait le bras. “Pose tes questions.” Son visage se fissura, laissant tomber ses demandes en suspens pour ne plus figurer que cette insupportable répugnance qui lui collait à la peau. “C’est moi qui t’admire” nuança-t-elle alors, faisant référence au début de son discours en attrapant doucement le bras proposé. Il esquissa un sourire avant de les faire transplanner à l’extérieur de cet horrible édifice. Il avait peut-être la force d’y remettre un jour les pieds, mais Bluebell, pour sa part, se jura de ne plus s’y aventurer. De toute évidence, l’infâmie qui s’en était dégagée s’était déjà insidieusement glissée sous sa peau.


* * *


Elle y avait mûrement réfléchi. D’abord soufflé par le vent qui remuait les branches des marronniers au-dessus de son gazébo, ensuite insufflé par les pages agitées du livre sur ses genoux, enfin effleuré par le drapée d’une longue jupe victorienne sur ses chevilles. L’égo ne valait plus rien quand la guerre était terminée. A quoi bon s'enorgueillir quand le seul ennemi à l’horizon n’est que le silence laissé par son absence ? Plus d’attaques, plus de ripostes. Rien d’autre que la violence d’un vide qu’elle continuait à observer par-delà la lecture dont elle avait perdu le fil. Le reste de l’été s’était écoulé dans une agréable langueur, plus sucrée que l’acidité qui avait rongé ses joues aux débuts, plus ronde que la rigueur qui avait martelé ses songes, si bien que Maxton avait accepté de lui accorder de l’espace, au moins quand elle s’isolait dans ce pavillon rien qu’à elle. Bluebell ne doutait pas qu’il s’agissait autant d’une grandeur d’âme que du plaisir désespéré d’échapper à la balancelle où il pourrissait d’ennui à chacune de ses escapades. Un sourire de tendresse habilla ses lèvres. Il avait été formidable depuis le début. Asphyxiant, probablement, et paradoxalement inspirant. Il lui avait chuchoté des promesses qui étincelaient dans l’opacité de ses rêves, il l’avait enrobée de glorieuses promesses dont elle suivait encore les tracés lors de certaines nuits sans sommeil. Il avait pardonné Blair. Bluebell cilla en levant ses prunelles du petit livre entre ses mains. Son frère avait fait preuve d’une telle abnégation et paraissait si resplendissant, là où elle avait passé des semaines à cracher son venin autour d’elle pour n’en ressortir que plus terne. De fait, elle aurait juré que son teint était plus pâle qu’à l’accoutumée et ce en dépit du savon de rose qu’elle y appliquait chaque matin. Dans une moue d’agacement, la jeune fille referma l’ouvrage qu’elle n’avait que feuilleté depuis la matinée pour le ranger sur une petite table couverte de dentelles. Peut-être parviendrait-elle à avancer sa lecture le lendemain. Pour l’heure, elle avait autre chose à déchiffrer. Quittant le confort de son siège d’oseille qui grinça dans son mouvement, la jeune fille s’échappa du réconfort du gazébo, le jaune pâle refleté par ses vitraux laissant place aux couleurs naturelles de l’après-midi qu’elle était prête à affronter de toute son humilité. Le champ de bataille ne demandait plus aucune arme, car l’armistice avait sonné.

Traversant le manoir en silence, Bluebell parvint jusqu’à sa chambre dont elle avait laissé les fenêtres ouvertes, profitant de la brise de la fin de l’été pour gonfler ses rideaux et aérer les émotions qu’elle y avait enfouies. Elle se dirigea aussitôt vers sa commode dont elle tira le deuxième tiroir, faisant ainsi apparaître une petite boîte noire à côté de laquelle reposait un parchemin plié. Se saisissant de ces deux objets avant qu’elle ne s’embarrasse de la moindre hésitation, Bluebell prit aussitôt place sur l'extrémité de son lit à baldaquin afin de reposer ses jambes engourdies. Dans toute la légèreté affichée de son attitude, elle couvait en effet un violent tiraillement. Une part d’elle-même voulut, comme quelques semaines plus tôt, reposer ce coffret et ainsi rester enfermée dans la forteresse de rancœur qu’elle s’était construite. Une autre, plus résiliente, plus docile, espérait en réalité retrouver le charme de la bulle où elle l’avait vu pour la dernière fois. Fragile et illusoire, mais d’une chaleur perdue qui lui sembla soudain nécessaire. Dans un regard contrit, Bluebell déplia le parchemin qu’elle avait pourtant déjà maintes et maintes fois lu. Ne l’ouvre que lorsque tu te sentiras prête. Un rictus souleva ses lèvres alors qu’elle effleurait ces mots du bout de ses doigts. “Il a toujours fallu que tu sois condescendant” souffla-t-elle avant de reposer la lettre. Non, elle n’était pas prête, tout simplement parce qu’elle ne le serait jamais, convaincue que sa perte continuerait de lui peser jusqu’à ce qu’elle croise à nouveau son regard de glace dans l’au-delà - mais elle n’attendrait pas d’être morte pour reprendre sa vie. Et puis, dans une considération hautement moins mature, lui avait-elle jamais donné la satisfaction d’obtempérer ? La perspective de le provoquer d’outre-tombe acheva de la convaincre, coulant son regard sur le coffret dans son autre main qu’elle posa sur ses genoux. Ce ne fut qu’au contact de ses dix doigts que le couvercle émit un léger déclic, s’ouvrant ainsi sur sur six flacons transparents où brillaient des volutes argentées. D’un geste peu assuré, elle s’empara de la première fiole pour la lever à la lumière, comme espérant d’y déchiffrer de ses seules prunelles le contenu qui y ondulait. Un souvenir. Son souvenir. Il ne lui avait pas légué n’importe quel cadeau - c’était un pan de sa mémoire, un vestige de son vivant. Avait-il cherché à la défier une dernière fois en lui proposant d’être ainsi gardienne de ses songes, elle qui lui avait si longtemps reproché sa perte de mémoire  ? “Et il a toujours fallu que tes surprises soient grandioses” reconnut-elle dans un nouveau murmure. Un sourire pensif ombra son visage tandis qu’elle reposait précautionneusement la fiole dans le coffret. Si elle avait su ce que contenait cette boîte, elle en aurait pris infiniment plus soin et de fait, elle craignit même que le bois qui l’encerclait ne fût pas suffisamment épais pour préserver les fioles d’un accident fortuit ou du danger de ses propres états d’âme. L’ennemi avait quitté le front, mais il avait laissé derrière des traces retentissantes que Bluebell brûlait désormais de découvrir en sachant pertinemment qu’elle risquait d’imploser à leur contact.

Sans même y toquer, Bluebell gagna la chambre voisine de son jumeau. Il lisait une lettre somme toute d’une faible importance puisqu’il la reposa aussitôt pour se soumettre à son seul regard. Ce qu’il y lut semblait suffisamment confus pour qu’il lui demande ce dont elle avait besoin. Bluebell hésita un instant, les mains fermement serrées autour de la boîte. “De ton soutien” supposa-t-elle. De fait, elle s’était précipitée dans sa chambre sans même vraiment y réfléchir, peut-être parce qu’il était naturel d’appeler Maxton quand elle sentait la tempête approcher, peut-être parce qu’elle avait besoin de l’exemplarité de son comportement pour tenir sans broncher, peut-être parce qu’elle n’avait tout bonnement pas la force de rester seule. Les sourcils de son frère s’arquèrent d’inquiétude et il eut le réflexe de pointer sa baguette sur les portes pour enfermer aussitôt le secret de son aveu. “D’une pensine, aussi” ajouta-t-elle finalement en s’approchant de lui. Maxton garda le silence, mais son regard était éloquent : une surprise qui s’écoula en une pointe de fierté, allant jusqu’à s’étirer dans un sourire entendu. Il lui attrapa doucement le bras pour l’inviter à le suivre dans les couloirs et Bluebell le remercia de son absence de commentaire. Ils rejoignirent ainsi en silence une petite pièce surélevée, nichée dans les étages supérieurs à proximité des bureaux de Wendell. La pensine familiale les y attendait, encerclée de fenêtres cachées derrière de sombres rideaux. Anxieuse de la lourdeur de l’atmosphère, Bluebell se hâta de tirer les tissus pour dégager la vue sur le domaine qui s’étendait en contrebas. Elle y devina son gazebo. “Bien” annonça-t-elle, cérémonieuse, en déposant délicatement le coffret sur une console voisine. Elle ouvrit le couvercle et s’empara de la première fiole, celle-là même qu’elle avait considérée dans sa chambre. Quels secrets renfermait-elle, quels aveux, quels tabous ? Elle tourna son visage par-dessus son épaule pour chercher son frère du regard. Il se tenait debout, les mains derrière le dos, dans une posture qui se voulait détachée mais qu’elle sentait nerveuse. A l’inverse de sa jumelle, il ne redoutait certainement pas le contenu du souvenir, mais plutôt l’effet que celui-ci aurait sur elle. Bluebell esquissa un rictus. Il avait toujours été plus sage et savait de fait prioriser les menaces. “Sois tranquille” fit-elle en reportant son attention sur la fiole entre ses doigts pour admirer les ondulations de la substance d’argent. “Quoiqu’il s’y passe, je ne me laisserai pas emporter. J’en ai assez de tous ces fastidieux excès” souffla-t-elle pour elle-même. Sur ces mots, elle dévissa le bouchon du flacon  avant de sortir sa baguette pour en extraire minutieusement le souvenir qui ondoya jusqu’à la bassine devant elle. Son aura illumina le fond du bassin, projetant sur le visage de la jeune fille des éclats qu’elle ne parvenait plus à quitter des yeux. “J’arrive tout de suite.” Sans préciser à qui s’adressaient ces mots, Bluebell posa ses mains sur les rebords de la pensine en retenant son souffle. Elle plongea son visage dans le bassin sans hésiter, malgré l’incertitude d’être en capacité de respirer à nouveau de l’autre côté.

Deux personnes l’y attendaient ; une ombre parfaitement familière dans la mesure où il s’agissait de la sienne, et une silhouette plus haute, plus large - plus troublante. Son cœur s’emballa. “Te voilà” nota-t-elle avec une arrogance feinte pour ne rien laisser paraître. Finnbjörn ne releva pas, sourd à son fantôme, le regard perdu dans la pénombre qui entourait ce souvenir. Il lui sembla devoir faire un effort surhumain pour parvenir à détacher ses yeux du jeune homme et considérer à son tour le décor ambiant, silencieux et calme, où voltigeaient des dizaines de lucioles. “Je vois.” Son claquement de langue mourut dans la plus parfaite indifférence. Toisant à nouveau le Norvégien assis à côté de son propre reflet, Bluebell ravala son rictus dans un mordillement nerveux de lèvres. Elle avait mille insultes à cracher, mille questions à poser, mille remarques à formuler, mais elle était incapable de tout, se contentant d’être figée à la vue de leur deux corps penchés dans une contemplation à laquelle elle avait déjà assistée. Pourquoi ce souvenir, au juste ? Elle se rappelait déjà très clairement le sentiment de sécurité qu’elle avait ressenti, elle se souvenait de cette intimité qui l’avait réconciliée avec la nuit. C’était injuste de lui faire revivre si précisément cette scène, de la contraindre à voir de ses propres yeux combien elle était apaisée en sa présence. Cruel. Sans s’y attendre, Bluebell se retrouva projetée en arrière et réapparut ainsi dans la petite pièce qui lui fit plisser les yeux sous le flot de lumière. Peut-être que Maxton lui posa une question, peut-être se montra-t-il inquiet à la respiration haletante qu’il lui devinait, mais Bluebell n’entendit plus rien, comme ayant laissé ses sens dans le souvenir tournoyant dans la bassine. Dans un geste empressé, elle ouvrit la deuxième fiole, la versa dans la pensine et y plongea à nouveau son visage. Cette fois, elle arriva dans une pièce inconnue pour y voir Finnbjörn penché au-dessus d’un bouquet qu’il taillait précautionneusement. Un ricanement lui échappa tandis qu’elle identifiait les tulipes noires, symboles de leur alliance. “C’est une blague, n’est-ce pas ?” Sans répondre à son cynisme, le Norvégien s’appliqua à emballer le bouquet. Tirée en arrière, Bluebell retourna dans le monde réel dans un nouveau rire jaune. Sans chercher à expliquer quoi que ce soit à Maxton dont elle sentait le regard sur son échine, elle enchaîna avec le troisième souvenir, brûlante de découvrir le reste de cette mauvaise farce. Elle devina à présent la Grande Salle décorée pour les festivités du solstice d’hiver. Les convives étaient bien apprêtés, notamment un couple en pleine valse. La demoiselle était assurée, le menton levé et les lèvres étirées de suffisance, tandis que le cavalier faisait preuve de plus de retenue, presque maladroit dans ses pas. Bluebell hocha la tête, une moue de dégoût tirant ses traits. Elle n’avait même plus le cœur à rire, ravagée d’un terrible sentiment de disgrâce. Alors quoi, il l’abandonnait sans aucune explication et lui offrait en guise de frêle compensation tous les souvenirs qu’elle s’employait à détruire depuis presque deux mois ? N’avait-il pas eu le bon-sens de songer qu’il n’y avait pas plus insultant que de lui jeter à la figure tout ce qu’elle venait de perdre ? Ne comprenait-il pas combien il était exécrable d’ainsi lui rappeler son soutien, sa détermination, sa tendresse, tout ce qu’il avait ramené avec lui au fond de sa tombe ?

Cette fois-ci, Bluebell ne s’aperçut même plus qu’elle avait été ramenée à la réalité. Ce ne fut qu’après une longue minute de contemplation fiévreuse du fond du bassin, les phalanges blanchies d’être ainsi accrochées aux bords de la pensine, qu’elle reprit contact avec le monde. Ses doigts attrapèrent la quatrième fiole pour la déverser sous son visage. La forêt interdite. Bluebell enfouit son visage sous ses mains comme pour mieux se soustraire à toute cette vaste moquerie quand la voix de Finnbjörn pourfendit l’air derrière elle. ”De toute façon, je rrrefuse de te donner rrraison en me montrrrant incapable de nous prrrotéger convenablement. Tu aurrras ton bain.” Elle émergea de ses mains dans ce qui lui sembla être un immense effort. Bluebell put ainsi apercevoir son soi de trois ans plus tôt tenir fermement la main du Gryffondor qui fanfaronnait de son rôle de protecteur. “Menteur” siffla-t-elle alors en avançant d’un pas pour suivre le duo qui déambulait dans les ténèbres. “Tu as été incapable de nous protéger, tu as abandonné !” Naturellement, aucun des protagonistes ne fit attention à elle. “Ne l’écoute pas” supplia-t-elle alors à son double qui préféra cependant esquisser un sourire au garçon à son bras. Le retour dans la pièce fut une torture. Dans un geste rageur, Bluebell referma tous les rideaux de sa baguette pour s’isoler de la lumière extérieure, préférant se bercer de la noirceur qui grandissait en elle. Oubliant complètement le reste, elle se rua sur la cinquième fiole qui la porta jusqu’à une bâtisse bien connue. Il s’agissait en effet de l’une des résidences secondaires des Sherwin, située à proximité de la mer. Bluebell observa, décontenancée, l’architecture néo-coloniale de la façade quand une voix l’arracha à ses questionnements. “Je sais bien qu’il n’y avait pas de bonne façon de dirrre au-rrrevoir, dans ces conditions.” Tournant le visage vers son intonation, elle s’aperçut alors qu’il était installé sur un banc, au pied d’un chêne vert dont les branches étaient alourdies de bourgeons. Elle ne comprenait plus rien. Elle ne se souvenait pas l’avoir jamais vu ici - et pourquoi parlait-il tout seul ? “Pourrr toi qui rrredoutais tant à l’époque d’avoirrr à t’encombrrrer d’un fantôme.” Il lui sembla être transpercée d’une lame, réalisant à ces seuls mots qu’il s’agissait d’un souvenir conçu spécifiquement pour elle. Tandis qu’il reprenait son monologue, Bluebell pressa le pas en sa direction pour s’arrêter précisément là où portait son regard. Il lui sembla, pendant une illusoire seconde, qu’il la fixait de toute sa splendeur. “... Le travail que nous avons entamé collectivement est bien loin d’être terminé, et je crains bien que tu n’aies encore à supporrrter l’aurrra infecte des impurrrs un moment. Parrrdon pour ne pas avoirrr su t’offrirrr mieux avant de parrrtir.” L’excuse échauffa sa plaie, béante. Ce n’était pas qu’un souvenir créé spécialement pour elle. C’était une lettre d’adieu.

Une perle de sel roula sur sa joue. Elle mourut sur ses lèvres fermement serrées, comme cherchant à retenir une fierté vacillante. Tu n’avais qu’à rester, voulut-elle rétorquer - mais elle craignit qu’une prise de parole ne déchaîne toutes les émotions qu’elle contenait déjà avec difficulté. Aussi resta-t-elle silencieuse, soutenant du regard les prunelles opalines qui semblaient la contempler avec un calme désarçonnant. “... J’ai bien conscience de mon propre égoïsme, de la colère et de l’incompréhension que ma décision pourra engendrer, mais je ne veux pas d’une vie que je n’aurais pas choisie. J’ai trrravaillé trrrop durrr, investi trrrop d’énerrrgie, trrrop de volonté, pour rrrevoir mes objectifs à la baisse. Nous en avions souvent parrrlé tous deux, te souviens-tu ?” Bluebell acquiesça avec docilité, les poings serrés, les larmes chaudes. “...J’ai lutté contrrre bien des ennemis, même invisibles, au cours de ma vie, mais ma proprrre naturrre est un opposant instable qui me dépasse de loin.” “J’aurais pu t’aider” lâcha-t-elle alors en avançant d’un pas pour pour l’interrompre - mais déjà, il reprenait, assurant que ce n’était finalement pas si grave. Bluebell secoua la tête en faisant un nouveau pas, comme si elle pouvait lui faire lever le visage et ainsi suspendre ses adieux. Mais le regard du jeune homme demeurait obstinément figé sur un point somme toute invisible. Il ne la voyait pas, elle ne le verrait plus. “Je choisis ma fin, et j’ose espérrrer que tu rrrespecterrras mon choix.” “Non” gémit-elle stupidement. “J’ose espérrrer que ma prrrésence te manquerrra sans qu’elle ne te cause trrrop de peine.” “Non” répéta-t-elle, fébrile prédication contre ses dires. Mais il poursuivait toujours, imperturbable, “Et si malgrrré cela, tu as besoin de rrréponses supplémentairrres, tu serrras toujourrrs la bienvenue chez nous.” “Pourquoi ?” Sa demande appelait désespérément une réponse immédiate, incapable d’accepter qu’elle n’y pouvait plus rien. “Finnbjörn, pourquoi…” Les mots se bousculèrent de confusion à mesure qu’elle prenait conscience de son impuissance, si bien que la vision devenait toujours plus floue sans qu’elle puisse comprendre s’il s’agissait de ses pleurs ou d’une forme étiolée par le souvenir. “Je t’en conjurrre toutefois, ne perrrds pas un temps inutile et précieux à t’apitoyer sur mon sort. Va de l’avant. Trrrouve cette chose qui te galvaniserrra au point que tu serrras prête à lui sacrrrifier ton âme.” Le décor autour d’eux se montrait de plus en plus instable, signalant l’imminence d’une conclusion dont elle avait perdu le fil, rattachée à ce regard qu’elle espérait vainement sentir sur elle. “Et ne sois pas trrriste en te souvenant : j’ai passé des moments heurrreux durant mes années à Poudlard, et beaucoup à tes côtés. Ceux-là, je te les laisse. Prends en soin.” “S’il te plaît” geignit-elle alors sans plus bouger, comme par crainte que ses mouvements ne précipitent la fin. “Je parrrs serrrein, crrrois-le bien. Avec pourrr seul rrregret que cette rrroute-ci ne me conduise pas à tes côtés." “Alors reste” implora-t-elle au sourire peiné qu’il lui affichait, “reste, ne pars pas, je t’en -” mais déjà, ses épaules furent happées par une force brutale qui la rapporta dans cette étouffante pièce noire. Elle hoqueta, le visage couvert de pleurs, quand elle sentit une main sur son bras. D’un mouvement brusque comme s’il l’avait brûlée, Bluebell se dégagea des doigts de son frère. Elle était lamentable - et elle ne voulait ni de sa pitié, ni d’aucune forme de chaleur. Elle ne voulait plus rien d’autre que l’anesthésie du froid pour ne plus sentir l’affection qui recouvrait ses membres. Sans la moindre explication, elle attrapa le dernier flacon d’un mouvement résolu, jetant son contenu dans la bassine pour l’affronter sans la moindre interlude. Elle avait mal, mais elle n’avait pas peur d’affronter sa blessure. Au contraire, elle semblait la défier de s’agrandir.

Dans cet ultime souvenir, Finnbjörn s’adressait à une vieille version d’elle-même - peut-être avait-elle encore quatorze ans, les joues plus rondes, le minois plus effronté - retenue contre un mur, sous un flambeau qui crépitait dans l’obscurité. Leur première rencontre après sa perte de mémoire. Il l’avait suivie parmi les dédales des cachots pour la confronter, hautain, et requérir les souvenirs de leur relation passée. Après quelques échanges emplis de défiance, elle lui avait assuré qu’elle serait capable de lui raviver quelques souvenirs, arguant qu’elle connaissait suffisamment les enfers pour trouver où sa mémoire s’était nichée. “Bien, j’attendrrrai, dans ce cas.” Le sérieux de sa voix était d’une violence lancinante. Sans attendre davantage, son double se défit de leur promiscuité d’un coup d’épaule, quittant les cachots d’un pas déterminé. Bluebell s’observa partir, tremblante. “Et saurrrai te retrrrouver sans trrrop de mal. Même aux enferrrs.” Étourdie, elle tourna à nouveau son visage vers le Norvégien. Elle n’avait jamais entendu la suite. Entrouvrant les lèvres pour lui répondre, Bluebell sentit soudain un poids invisible resserrer ses épaules. Elle voulut crier à Finnbjörn qu’elle serait au rendez-vous et qu’elle serait encore plus splendide qu’il ne l’avait jamais connue ; elle voulut l’accabler de tout ce qu’elle n’avait jamais osé admettre de son vivant, de la fascination qu’elle lui vouait à l’attachement irraisonné qui les avait toujours liés ; elle voulut hurler à cette force supérieure de ne plus l’arracher à lui ; quand déjà, elle revint à la réalité. Ivre de rage, elle jeta la fiole sur le sol dans un éclat de verre, laissant le souvenir de sa promesse s’assécher sur le sol. Elle fixait, démente, la tache argentée coagulée sur le parquet quand elle reconnut la voix préoccupée de Maxton. “Laisse-moi seule” décréta-t-elle en détournant le visage pour ne surtout pas croiser son regard qui appelait le sien. Mais il se fit insistant, probablement inquiet de la voir dans un si piteux état. Farouche comme un animal blessé, Bluebell se déroba à nouveau à lui, reculant de quelques pas pour qu’il ne puisse pas l’attraper. Mais il avançait encore, si bien qu’elle recula à nouveau jusqu’à sentir l’un des rideaux dans son dos. La voix de son jumeau était calme et elle lui semblait pourtant affreusement rêche dans la fragilité de ses nerfs. “Laisse-moi tranquille” répéta-t-elle dans un sanglot. Et comme elle sentait toujours ses yeux sur elle, et comme il lui semblait être nue tant elle était vulnérable, tant elle avait honte, elle s’échappa, transplannant au premier endroit qui vint à ses paupières closes. Le gazebo accueillit alors une ombre en pleurs, recroquevillée dans un siège en oseille qu’elle n’aurait jamais dû quitter.
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BORDERLINE
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Vesper L. Corvere

Vesper L. Corvere



À SAVOIR

Arrivé(e) le : 18/05/2020
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Message(#) Sujet: Re: Pale yellow (Maxton & Blue) Pale yellow (Maxton & Blue) EmptyMar 13 Sep - 23:07

Pale Yellow




Sans présager le désastre que serait la suite de la soirée, Maxton fut sincèrement heureux qu’elle lui demande son aide quand il comprit qu’elle s’était tournée vers lui quand elle avait eu besoin de soutien. Après cet été de solitude relative, il vivait la demande de sa sœur comme une victoire, comme la preuve que ses efforts discrets avaient payé. Elle avait eu besoin d’espace, mais il était parvenu à maintenir un lien. Elle lui demanda une pensine et il l’entraîna avec lui sans plus de commentaire. Il n’y avait rien à dire de toute façon, elle avait requis sa présence, pas ses commentaires. Si elle lui avait demandé, il lui aurait conseillé de ne jamais regarder le contenu de cette boîte. Finnbjörn avait fait un choix en partant, à elle de faire le sien en prenant acte de sa mort au lieu de prolonger l’agonie. Elle ne pouvait pas gâcher sa vie à poursuivre une ombre ou un souvenir.

Dans la salle de la pensine familiale, elle ouvrit précautionneusement le coffret et Maxton observa silencieusement les fioles non sans un certain agacement contenu. Un souvenir était déjà trop, il avait donc fallu qu’il y en ait plusieurs. Il ne comprenait pas les désirs qui avaient animé Finn quand il avait laissé cela à sa sœur. Ne se doutait-il pas qu’elle serait effondrée ? Pourquoi donc remuer le couteau dans la plaie ainsi ? Il allait ouvrir la bouche pour lui demander si elle souhaitait qu’il vienne avec elle, même si pour être honnête, il n’en avait pas envie. Il pressentait sans difficulté l’aspect personnel des souvenirs et il ne voyait pas très bien de quel droit il viendrait s’y immiscer. Heureusement pour lui, elle prit les devants en lui disant d’être tranquille, ce qui était une façon polie, mais claire de lui indiquer que sa présence n’était pas requise. Il ne rebondit pas sur cette remarque, jugeant toute réponse particulièrement vaine. Evidemment qu’il continuerait de s’inquiéter pour elle et évidemment qu’elle continuerait de prétendre être en capacité de gérer. Il supposait que le deal consistait à faire semblant de la croire jusqu’au moment où elle s’effondrerait. Ce serait presque plus rassurant qu’elle le fasse. Plus humain. Elle plongea droit dans les souvenirs et lui s’adossa au mur, attendant son retour. Luttant aussi contre lui-même pour ne pas la sortir de là. Il savait qu’elle pouvait respirer, mais la voir la tête plongée dans une sorte e liquide, il avait l’impression qu’elle pouvait suffoquer à tout moment et cela le rendait nerveux. Elle s’en releva, bien sûr. Trop perdue dans ses pensées pour répondre quand il lui demanda s’il allait bien. Il ne se donna pas le ridicule de tenter une interrogation une seconde fois. Evidemment qu’elle allait mal, qu’elle était bouleversée. Cela le rendait fou de ne rien pouvoir faire et d’attendre à ses côtés, comme un chien de garde. Mais y avait-il réellement quelque chose d’autre à faire ?

Au bout du troisième souvenir, à moins que ce ne soit le quatrième, elle commença à se décomposer pour de bon, pour le suivant, elle pleurait. Ce n’était pas une larme fugace ou des pleurs agacés, mais des sanglots, de ceux qui trahissent une peine si intense qu’elle ne pouvait plus s’exprimer autrement. Son premier réflexe fut de poser sa main sur son bras, comme pour s’enquérir de son état, mais elle se dégagea vivement et il resta là, les bras ballants. Son inquiétude atteignit son paroxysme quand elle revint du dernier souvenir avec assez de colère pour jeter le souvenir sur le sol et le briser. Le perdre en quelque sorte. Il tenta bien de la questionner, mais elle lui refusa en lui demandant de la laisser seule. Chose qu’il ne pouvait se résoudre à accepter vu son état. Elle se déroba, il avança d’un pas vers elle

- Blue, attends …

Elle transplana avant qu’il ne puisse la retenir. Lui resta là au milieu de cette atmosphère feutrée presque sinistre, entouré de souvenirs qui ne lui étaient pas destinés. Il essaya de remettre en flacon celui qu’elle avait brisé sur le sol à l’aide d’un sortilège sans y parvenir, avant d’abandonner. C’était un réflexe purement machinal, comme si réparer ce qui était cassé allait finir par la réparer elle. C’était idiot et il le savait. Tout comme il se contraignait à rester loin d’elle au lieu d’essayer de la retrouver. Elle lui avait demandé de la solitude, il tentait de lui en donner quelques minutes, avant de se lancer à sa poursuite. Il n’allait pas la laisser en détresse plus d’une quinzaine de minutes, il en était incapable. Il effleura une fiole avant de la ranger, hésitant. Ce n’était pas des messages qui lui étaient destinés et il ne souhaitait pas les voir à la base, mais … Mais il avait envie de comprendre ce qui l’avait mise dans cet état. Est-ce qu’elle lui en tiendrait rigueur ? Après une longue hésitation, il attrapa l’avant dernière fiole, celle qui avait déclenché ses larmes et s’y plongea.

La sensation d’aspiration était désagréable. Celle de faire partie d’un souvenir sans pouvoir y participer l’était tout autant. Finnbjörn était assis face à lui et pour la première fois, il s’autorisa à ressentir le choc de sa disparition. Le voir là, vivant, alors qu’il ne reverrait plus jamais le norvégien avait quelque chose de déchirant. Quelque chose de désespérant aussi. C’était un immense gâchis. Sa voix résonna, avec son accent si caractéristique et Maxton réalisa avec effroi qu’il avait presque déjà oublié ses tonalités. Après le décès de quelqu’un, la mémoire de la voix était ce qui disparaissait le plus vite. Il ne savait plus dans quel ouvrage il avait lu cela, mais cette information lui revint brutalement. Assez pour qu’il n’écoute rien les cinq premières secondes. Quand il fut en état de se concentrer sur le contenu du discours, il en comprit rapidement la teneur. C’était une lettre d’adieu, mais en souvenirs. C’était cruel en un sens. Il avait son choix et non seulement il demandait de de le comprendre mais aussi de subir le mode communication. Cinq nouvelles secondes s’égrainèrent avant que ne se recule, soudain mal à l’aise. Ces mots ne lui étaient pas destinés et il se comportait en voyeur. Blue les lui montrerait un jour si elle le souhaitait. Le reste ne le concernait pas. Il se força à retirer la tête de la pensine avant la fin et remis le filament argenté dans son flacon. Qu’il en ait vu trop ou pas assez, il se devait d’arrêter.

Il descendit jusqu’à la chambre de sa sœur pour y déposer le coffret et l’y retrouver, mais elle avait été assez maligne pour choisir une autre destination. Il resta planté là durant une bonne minute, à chercher les endroits qui pourraient l’accueillir, avant de se maudire à haute voix. Il était le dernier des imbéciles. Il savait où elle était allée puisqu’elle y avait passé l’été.

Pour la première fois, il entra dans l’espace restreint du gazébo où sa sœur était lovée dans son fauteuil en osier. Il ne comprenait pas ce qu’elle trouvait à l’endroit. Elle semblait le juger rassurant, il le vivait plutôt comme étouffant malgré l’air du soir. Il s’adossa à l’arrête du mur de l’entrée sans trop l’approcher, comme s’il craignait de la faire fuir et admit à mi-voix

- J’ai essayé de te laisser seule mais …

Mais je m’inquiétais. Ce furent les mots qu’il ne dit pas, mais qu’ils comprirent tous les deux. Le silence s’imposa, jusqu’à ce que, dans un calme inquiétant, elle ne lui demande

[color:1503=2E8B57]- Pourquoi Finnbjörn se trouvait-il dans l’une de nos propriétés ?

Il la regarda sans comprendre, n’ayant pas fait attention au lieu autour du garçon dans le souvenir visité. Si seulement il l’avait fait.

- Erin et lui étaient souvent là quand nous étions enfants. En quoi est-ce surprenant ?

Elle secoua lentement la tête, ses prunelles perdues dans le vague

- Non, pour ses adieux.

Il se figea et son visage afficha durant une demi seconde une expression de panique. Il venait de faire le lien. Il n’y avait aucune bonne réponse à apporter sans trahir un secret. Avait-il envie de faire fi des dernières volontés d’un mort ? Sur le principe, non, mais son côté pragmatique ne s’en offusquerait pas. L’âme de Finnbjörn devait avoir d’autres problèmes plus urgents que de lui en vouloir. A condition même de croire que les âmes existaient et allaient quelque part. Sinon son cadavre était seulement en train de pourrir et il ne lui en voudrait plus jamais de rien. Il avait surtout peur de la réaction de sa sœur, encore plus en cet instant où elle était fragile. Voilà comment il haussa les épaules et prétendit

- Je ne sais pas.

Elle fronça les sourcils, puis le regarda avec intensité, comme si elle le découvrait pour la première fois avant de laisser échapper sur un ton qui oscillait entre étonnement et indignation

- Tu mens !

Il prit son air le plus innocent pour s’en défendre, mais avant qu’il n’ait pu s’exprimer, elle tira sa la chaîne autour de son cou pour lui dévoiler le pendentif qu’il lui avait offert. Il ferma la bouche, l’herbe lui ayant été coupé sous les pieds. Il lui adressa un regard suppliant, comme pour l’implorer de ne pas l’obliger à répondre, mais elle continuait de le dévisager, sans clémence aucune. Elle ne lui accorderait pas le luxe du silence, c’était évident. Après une minute interminable, il admit

- Il a eu besoin d’aide. Un jour, il m’a demandé de le retrouver. Il pensait faire une crise cardiaque, il a sollicité mon aide en me faisant jurer de ne rien te dire mais aussi de ne rien dire à personne. Il avait besoin d’un endroit sûr où personne ne le chercherait. Je l’y ai emmené. Je ne savais pas … Je ne connaissais pas ses intentions. C’était une fausse alerte, il s’est remis sur pieds, moi j’étais déjà coincé. Il était prêt à n’importe quoi pour me faire taire si j’avais parlé et le simple fait d’avoir agi sans toi m’exposait à ta colère. J’ai cru que si je l’aidais, je t’aidais toi.

Il avait baissé la voix au fur et à mesure de ses aveux. Elle resta immobile, ne laissant pas échapper le moindre geste qui aurait pu trahir ses pensées. Est-ce qu’elle lui en tenait rigueur ? Est-ce qu’elle comprenait qu’il avait agi pour elle en majeure partie ? Après un silence inconfortable, elle marmonna sur le même ton

- J’ai revu Erin après votre dispute. Elle m’a conviée à son essayage de robes … Nous avons ensuite passé l’après-midi à Londres.

Maxton sentit le sang quitter son visage quand sa sœur lui avoua être allée à une session shopping avec Erin. Un secret contre un autre, certes, mais lui avait agi pour elle. Elle, elle avait agi pour des vêtements et trois fanfreluches.

- Je ne t’ai rien dit parce que … Parce que c’était anecdotique. Une simple sortie sans arrière pensée, ni conséquence.

Il n’avait jamais eu l’intention de leur interdire tout contact, mais il y aurait eu une période de décence à respecter, d’où son agacement. Mais il supposait qu’il n’y avait pas mort d’homme. Juste son ego blessé au passage. C’était à peu près la conclusion qu’il allait lui livrer quand il se rendit compte qu’elle continuait d’avoir l’air de se liquéfier de culpabilité. Il l’observa silencieusement, jusqu’à ce que la réalité finisse par s’imposer à lui sous la forme d’un éclair de compréhension. Ses yeux s’écarquillèrent et il s’étrangla

- Quelle robe ?

Bluebell détourna les yeux, confirmant ce qu’aucun des deux n’avait osé formuler à voix haute par manque de courage. Il serra les poings jusqu’à sentir les ongles s’enfoncer douloureusement dans sa peau, sans interrompre son geste. Si ce n’était pas sa peau qu’il égratignait, il allait lui attraper le bras pour la contraindre à le regarder, à subir sa déception. Elle n’avait pas le droit de mettre leurs actes sur le même plan. Lui avait voulu maintenir Finnbjörn en vie, pas la blesser !

- Tu es allée acheter sa robe de mariée.

Il avait fini par le dire. Il n’y avait plus d’interrogation et elle ne nia pas. A vrai dire, elle ne dit rien. Il la dévisagea, horrifié, avant que son visage ne se referme jusqu’à ne plus rien refléter. Le sentiment de trahison qu’il ressentait était une addition d’émotions bien vivaces dont il lui refusait la vue. Il y avait d’abord la colère que lui inspirait son aveu. Elle et lui contre le monde, quelles foutaises ! Elle l’avait lâché une deuxième fois pour un vulgaire bout de tissu. Il avait accepté que son premier départ ne soit pas de son fait en raison du traumatisme, peu importe à quel point cela avait été destructeur. Mais là, quelle excuse avait-elle à part son égoïsme ? Finnbjörn était bien vivant à l’époque. Son univers allait bien, c’était le sien qui s’écroulait. Elle l’avait pressenti et pire, elle l’avait vu. Elle n’en avait même pas tenu compte. Il avait pris cela pour une forme de pudeur polie, c’était du désintérêt. Ce constat lui tordait le ventre, comme si la douleur était physique bien plus que morale. Comme une plaie ouverte et sanguinolente.

A la colère, il y avait la tristesse en miroir. Tristesse de la solitude qu’il éprouvait à cet instant, tristesse de savoir qu’Erin avait continué d’œuvrer pour le blesser. Dans un élan de protection, il avait souhaité croire que si ses mots dans la salle sur demande étaient ouvertement prononcés pour blesser, elle aurait la décence de ne pas l’enfoncer après. Espoir vain, évidemment. Elle connaissait l’importance de Bluebell pour lui, il lui avait expliqué, elle avait donc choisi de l’emmener pour choisir sa robe, en guise de dernier affront. C’était d’autant plus violent que c’était inutile. C’était d’autant plus violent qu’il avait essayé d’aider son jumeau, lui.

Mais plus que tout, il y avait la sensation de honte.

- Il fallait que tu y ailles, hein ? Pourquoi décliner quand tu pouvais ajouter une couche d’humiliation ?

Sa voix était basse, glaciale. Colère était trop doux pour décrire ce qu’il ressentait. Il était fou de rage. Etonnamment, dans ce genre de cas, sa fureur était calme. S’il s’agaçait, c’était que la dispute ne comptait pas. Quand il verrouillait ses émotions et débitait des horreurs sur un ton détaché, c’était qu’il avait pour ambition de faire mal, de tout détruire avec application, comme si cela pouvait supprimer le cocktail de sentiments négatifs qui l’étouffait. En l’occurrence, c’était la honte cuisante qui lui collait à la peau dont il essayait de se débarrasser. Il savait qu’Erin avait déblatéré avec Junior. Mais avec sa sœur … ! Qu’elles en rient en choisissant de robe de mariée, c’était intolérable. Cela l’était d’autant plus qu’ils savaient parfaitement dans quel état il se trouvait quand il avait fait le choix de l’appeler. Est-ce que ce n’était pas la preuve que cela avait compté pour lui ?

- Tu as oublié de me raconter la nuit de noce. Il ne manque que cela pour clore la boucle, non ?

Une petite pyjama party pour en rajouter, ils n’étaient plus à ça près, non ? Elle secoua la tête en signe de dénégation, comme pour s’en défendre, et il se contenta d’un rire froid pour marquer son scepticisme. Oh, maintenant, elle avait des principes ? C’était fou de voir comme son allégeance était à géométrie variable quand elle était en mauvaise posture. Il ne la laissa pas reprendre la parole. Le but n’était pas de discuter mais de la mettre plus bas que terre si possible. Il fallait qu’elle aussi mal que lui en réparation de son préjudice.

- Pourquoi est-ce que pour une fois, une unique fois, tu ne pouvais pas penser autrement qu’à toi ? Moi je t’ai fait confiance, je t’ai appelée ce soir là ! A moins que ça ne soit ta punition pour avoir repris de l’Exmalum ? Quelle est ton excuse cette fois, quel traumatisme vas-tu invoquer ?

Elle n’avait jamais compris à quel point cela lui avait coûté. Admettre le fil de la soirée, la laisser l’aider, avoir finalement un témoin de tout son pathétisme, cela n’avait pas été une chose aisée.

- Dis moi, à quel point était-ce drôle de me voir me plier en quatre pour toi cet été en sachant cela ? Maxton est si gentil. Il peut m’attendre des heures quand je m’enferme dans mon gazébo pour vérifier si je vais bien, il peut m’emmener voir notre mère même si c’est un effort, il peut déployer des trésors de patience pour me changer les idées alors que moi je ne sais pas dire non à une robe. Mais Maxton est si stupide qu’il ne le voit pas. Au contraire, il croit que je lui en veux quand je suis mal à l’aise.

Il y avait de l’amertume, il ne s’en cachait pas. A la base, il n’avait jamais eu l’intention de se vanter de ses actes pour lui faire du mal. Il n’en tirait aucune fierté, il ne faisait pas cela pour obtenir son amour ou son approbation. Il le faisait parce qu’il en avait envie, parce qu’il s’inquiétait pour elle. Mais puisque tous les coups étaient manifestement permis, il ne s’en priva pas. Pourquoi l’aurait-il fait ? Il la toisa et conclut toujours calmement, avec une forme de condescendance

- Tu n’es qu’une enfant. Tu veux tout, tout le temps, tant pis si tu blesses les gens qui t’aiment. Je ne suis même pas certain que tu aimes en retour. Mais pourquoi changerais-tu puisque le monde entier te passe tout ? N’est-ce pas satisfaisant de voir que les personnes pour lesquelles tu n’as aucun égard continuent d’en avoir pour toi ?

Avait-elle compris ce que lui-même avait du mal à admettre, qu’il éprouvait une pointe de jalousie pour ce talent qu’elle avait ? Erin avait été son ennemie jurée pendant des années, elle lui avait pardonné. Pour un faux-pas, elle le détestait. Quand elle avait été au plus mal, Elisabeth avait tout fait pour la préserver, à son détriment. Il se souciait toujours plus d’elle que de lui, quoi qu’elle fasse. Ce fut sans doute cette pensée qui le stoppa sur sa lancée. Il aurait pu cracher son venin encore de longues minutes, mais elle était déjà décomposée. Et maintenant tout cela lui semblait bien futile. Il avait rendu coup pour coup, il ne se sentait pas mieux. Juste vide et malheureux.

- Parce que tu as eu une soirée détestable, que je reconnais que je ne t’ai rien dit pour Finnbjörn et parce qu’il semble que j’ai d’office le rôle de l’adulte, je vais me taire. Je te pardonnerai, parce que je le fais toujours et tout redeviendra comme avant. Mais pas ce soir. Ce soir, je veux être seul.

Sans plus de considération, il transplana dans sa chambre. La lettre d’Erin gisait là, abandonnée sur son bureau. Il la regarda et hésita une seconde à la mettre au feu. Cela aurait été une conclusion flamboyante pour une histoire qui ne l’était pas. Il ne le fit pas, exactement pour la raison qu’il avait dite précédemment à sa jumelle, parce qu’il était stupide. Sachant que sa sœur ne tiendrait qu’une demi-heure avant de venir essayer de lui quémander son attention pour se convaincre qu’elle était pardonnée, il soupira, reposa la lettre sur son bureau et transplana à nouveau. Pour ce soir, il préférait s’éloigner du manoir. Dans une satisfaction malsaine, il se demanda même s’il arriverait à l’inquiéter. Est-ce que ce n’était pas mérité ?


lumos maxima
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August P. Rowle

August P. Rowle



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DETAILS EN PLUS
Et plus en détails ?
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Message(#) Sujet: Re: Pale yellow (Maxton & Blue) Pale yellow (Maxton & Blue) EmptyDim 9 Oct - 16:03


PALE YELLOW
From straying nights to mornings sun

La blessure était béante. D’une petite cicatrice, elle s’était élargie en une plaie qui tapissait chaque recoin de sa vision d’une lueur purulente - à moins qu’il ne s’agisse que des pleurs qui collaient à ses joues. En effet, si le gazébo brillait sous l’éclat de la fin d’après-midi, inondant la pièce de reflets d’or, Bluebell n’était qu’une pathétique enfant recroquevillée sur son fauteuil. Elle n’avait plus rien de ses nobles parures ni de ses moues d’arrogance, rien que cette vue trouble, sanguinolente d’une douleur ravivée. Il l’avait abandonnée. Rien à voir avec une crise d’inconscience. Il avait méticuleusement préparé cet adieu, allant jusqu’à lui justifier sa décision sans même lui laisser l’occasion de contre argumenter. Il avait délibérément choisi de partir en ne laissant derrière lui que des bribes d’explication figées dans le temps, impossibles à détruire. Il l’avait abandonnée, à son tour, une nouvelle âme qu’elle ne recroiserait qu’en Enfers, loin de la réalité qui se dépeuplait chaque jour davantage. La solitude ne l’effrayait guère, mais les contours de son existence se révélaient toujours plus fragiles - et quel vertige que ce fossé qui se creusait entre elle et le monde. Il lui semblait que la chute était facile, chancelante sur cette si haute falaise. “J’ai essayé de te laisser seule mais…” La voix tranquille de son frère mourut sur le pas de l’entrée du gazébo où il l’y attendait. Bluebell quitta le rideau de ses cheveux pour relever son visage vers lui. Il avait tout d’un mirage : la silhouette indéfinie par le flou de ses larmes, la présence redoutée dans le déséquilibre de son état, le charme réconfortant d’un sourire assuré. Elle avait voulu être seule, mais maintenant qu’il était à sa portée, droit et fier face à sa misère, il lui sembla observer le piédestal sur lequel se redresser. Il avait la rationalité qui lui manquait - les réponses manquantes aux interrogations qui lui brûlaient ainsi les yeux. “Pourquoi” sanglota-t-elle soudain avant de se reprendre, passant un bras sur ses yeux pour se donner une contenance en dépit de son état, “Pourquoi Finnbjörn se trouvait-il dans l’une de nos propriétés ?” Maxton arqua un sourcil d’incompréhension en lui rappelant que les jumeaux norvégiens avaient l’habitude de passer quelques jours dans leurs domaines chaque année selon les saisons ; mais Bluebell hocha lentement la tête. Il ne s’agissait pas de ça et de fait, elle précisa son interrogation en signalant qu’elle faisait référence non pas à leur enfance, mais à ses adieux. Le Gryffondor entrouvrit un instant les lèvres avant de hausser indifféremment les épaules. “Je ne sais pas.” Quatre petits mots qui firent baisser les yeux de sa sœur dont le cœur s’empressa, déçu de n’obtenir aucune réponse… Portant ses doigts sur son thorax ainsi envenimé, Bluebell réalisa dans un éclair de lucidité qu’il ne s’agissait guère de son coeur - et elle aurait dû s’en douter dans la mesure où il ne lui semblait plus en mesure de battre - mais de son pendentif qui vibrait sous les secousses d’un mensonge. Dans une moue d’incompréhension de qui ne veut pas voir l’évidence, Bluebell releva des yeux de plus en plus fiévreux sur son jumeau. Se pouvait-il réellement que… “Tu mens !” s’écria-t-elle soudain. Et, comme il semblait se surprendre de telles accusations, elle extirpa de sa blouse à volants le petit collier en guise de preuve. Le regard de Maxton changea aussitôt, passant à une supplication muette qui fondit de culpabilité sous l’intransigeance du sien. Et il finit ainsi par lui admettre l’impensable.

Il lui avait caché l’état de santé de Finnbjörn dont il était parfaitement au fait. Il lui avait caché l’état de santé de Finnbjörn. Rien de cette phrase n’avait de sens au regard de l’absurdité qui s’en émanait ; Maxton ne lui avait jamais rien caché d’aussi important, Maxton l’avait toujours trop estimée pour l’affliger d’une calomnie si vulgaire. Qu’il lui ait donné sa parole ou pas, quelle importance ? Ils avaient un pacte implicite, depuis toujours : toutes les promesses étaient malléables quand elles risquaient d’heurter l’autre. Bluebell prit d’abord l’inspiration pour l’affliger des plus créatives insultes quand son souffle fut coupé par la violence d’une pensée. Erin. Mais qui serait-elle de lui tenir rigueur de ce secret, par ailleurs protégé pour son propre bien, quand elle avait commis bien pire ? Elle n’avait sauvé personne d’une crise cardiaque, elle n’avait donné sa parole à personne, à personne d’autre qu’elle-même. Blême, elle décida finalement de ne rien répondre. De tout admettre. “J’ai revu Erin après votre dispute” souffla-t-elle alors dans un murmure. “Elle m’a conviée à son essayage de robes … Nous avons ensuite passé l’après-midi à Londres.” Elle regretta presque ses jours de mutisme, réalisant qu’il était bien pénible de parler quand on n’en avait pas le cœur, qu’il était même bien féroce de formuler de tels mots. Bluebell avait longtemps cru que les coups étaient les meilleurs moyens de canaliser sa rage quand de fait, elle s’aperçut que ses propos étaient plus aiguisés que n’importe quelle morsure - si bien que sa propre gorge semblait se fermer à mesure qu’elle surenchérissait. “Je ne t’ai rien dit parce que …” Quelle excuse allait-elle pouvoir formuler ? Tout cela avait eu du sens, sur l’instant. Une envie de frivolité, de légèreté après des mois de pesanteur. Mais aujourd’hui, quel sens aurait eu cet avoeu ? Une envie de frivolité pour quoi, parce qu’elle avait eu une année chargée ? Elle avait cru avoir traversé le plus dur à ce moment-là quand en fin de compte, il ne s’était agi que de l’antichambre d’un cauchemar de plus en plus réel. Cela ne s’arrêtait jamais : elle venait de perdre Finnbjörn et il lui semblait que ses mots étaient en mesure de lui faire perdre son frère dans le même temps. “Parce que c’était anecdotique” chuchota-t-elle, mortifiée. “Une simple sortie sans arrière pensée, ni conséquence.” Sa propre voix semblait presque ironique tant son discours préfait n’avait plus de valeur dans le contexte présent. Elle aurait dû tout lui dire dès le départ, non, mieux, elle n’aurait jamais dû profiter de cette journée. Elle n’aurait jamais dû être aussi stupide. Levant les yeux sur son frère, Bluebell se demanda s’il y avait la moindre chance pour que le pire ne soit pas à venir. “Quelle robe ?” Une question simple à laquelle elle fut incapable de répondre, se contentant de guetter les lueurs qui passaient dans le regard de son jumeau, comme craignant d’y voir s’abattre une tempête divine. “Tu es allée acheter sa robe de mariée.” Et l’orage éclata. “Il fallait que tu y ailles, hein ? Pourquoi décliner quand tu pouvais ajouter une couche d’humiliation ?” “Ce n’était pas mon intention” glissa-t-elle dans un râle que Maxton ne fut certainement pas en mesure d’entendre. “Tu as oublié de me raconter la nuit de noce. Il ne manque que cela pour clore la boucle, non ?” Elle secoua la tête, horrifiée qu’il se permette une ironie aussi vulgaire et souhaitant de tout coeur lui signifier qu’elle n’avait jamais voulu lui être cruelle, qu’elle ne le serait d’ailleurs jamais, en vain ; elle avait espéré être muette, et elle se retrouva effectivement pantoise face à la colère montante de son jumeau. Il n’avait pas levé le ton, préférant une froideur qui était hautement plus paralysante.

Les fureurs de Maxton avaient toujours été glaciales, sauvages. Elles soufflaient comme un blizzard, la seule force en capacité d’éteindre le feu qui l’animait. Et de fait, à mesure que le vent hurlait, Bluebell se retrouvait démunie, recroquevillée pour ne pas succomber aux morsures de froid qui lacéraient ses songes. “Pourquoi est-ce que pour une fois, une unique fois, tu ne pouvais pas penser autrement qu’à toi ?” Mais elle avait pensé à lui, elle l’avait même défendu auprès d’Erin, puis elle avait si longtemps culpabilisé, non, il ne devait pas croire qu’il avait un seul instant quitté son esprit - “Moi je t’ai fait confiance, je t’ai appelée ce soir là !” "Et tu as eu raison" geignit-elle tout bas. Il pouvait avoir confiance en elle, elle serait toujours là pour - “A moins que ça ne soit ta punition pour avoir repris de l’Exmalum ?” Une punition ? ”Une punition ?” répéta-t-elle dans un murmure, sonnée. Mais elle n’avait jamais voulu le punir, non, elle ne voulait certainement pas lui faire du mal - “Quel traumatisme vas-tu invoquer ?” “Je…” Rien. Elle demeura hébétée, le regard se figeant soudain dans le vide. C’était injuste - ou était-ce mérité ? Avait-elle jamais été traumatisée, n’étaient-ce pas que de vulgaires mises en scène pour mieux se dédouaner ? Bluebell se savait cruelle et s’en vantait même - mais quelle fierté pouvait-elle retirer d’ainsi se jouer de son frère ? Avait-elle jamais fait attention à lui ? Se morfondant dans des torpeurs qu’elle s’était inventées, elle l’avait laissé sombrer pour sa part dans de réels cauchemars. “Dis-moi, à quel point était-ce drôle de me voir me plier en quatre pour toi cet été en sachant cela ? Maxton est si gentil. Il peut m’attendre des heures quand je m’enferme dans mon gazébo pour vérifier si je vais bien, il peut m’emmener voir notre mère même si c’est un effort, il peut déployer des trésors de patience pour me changer les idées alors que moi je ne sais pas dire non à une robe. Mais Maxton est si stupide qu’il ne le voit pas. Au contraire, il croit que je lui en veux quand je suis mal à l’aise.” Oui. Elle l’a cru stupide, elle a profité de sa gentillesse. Elle l’a laissé mordre à l’hameçon de son malaise, lui faisant croire qu’elle était froide et hautaine quand elle n’était qu’une stupide poupée de chiffon, vide, désarticulée. Elle suintait d’une misère si dégoûtante, ne s’était-elle jamais aperçue du liquide visqueux qui engourdissait ainsi ses membres ? Ce n’était pas sa blessure, c’étaient encore moins ses larmes qui de toute façon avaient cessé de couler, ne laissant le champ qu’à un regard vide, perdu dans une frontière invisible entre eux. Cette sensation poisseuse, ce n’était que le fardeau d’elle-même, trop pesante pour s’élever, trop frêle pour exister. “Tu n’es qu’une enfant.” Oui. Elle n’avait toujours été que cette enfant, rêche dans ses émotions, démesurée dans ses aspirations. “Tu veux tout, tout le temps, tant pis si tu blesses les gens qui t’aiment.” Oui. Capricieuse, fragile, et égoïste. “Je ne suis même pas certain que tu aimes en retour.” Bluebell entrouvrit ses lèvres sur une réponse qui ne vint pas, se contentant d’onduler dans ses prunelles éteintes. L’amour ? En avait-elle jamais connu quelque chose ? Non, non, comment aurait-elle pu connaître l'amour, elle qui préférait depuis toujours toiser le monde derrière un masque, un masque contre le reflet du miroir, un masque pour cacher ses ignobles fêlures ? Elle se dégoûtait. Une unique larme se fraya un chemin parmi les limbes de son regard pour rouler sur sa joue, si bien qu’elle ne semblait plus qu’un pantin mis en scène dans un élégant fauteuil d’osier. Elle avait le sentiment de ne plus rien ressentir, rien d’autre que la certitude d’avoir toujours été une imposture. De fait, elle n’entendit plus rien, ni la fin de la diatribe qui lui était adressée, ni la conclusion pourtant optimiste de son frère. Qu’il lui pardonne un jour, ou non, dans le fond, quelle différence - il n’était plus question de l’erreur commise, mais du monstre qu’elle avait toujours été. Elle s’était plaint des chimères qui la poursuivaient, geignant auprès de Finnbjörn, pleurnichant auprès de Maxton comme pour mieux attirer leur attention, et le premier l’avait abandonnée, et le second venait de la rejeter. Le monstre n’avait dupé personne, à part elle-même. Il ne la suivait pas, il était déjà en elle. Il vivait en elle. “Ne me laisse pas seule” marmonna-t-elle soudain à l’adresse de son frère alors qu’il annonçait vouloir s’isoler pour la soirée. Pour la première fois depuis le début de son invective, ses yeux semblèrent reprendre un éclat de vie, une lueur fiévreuse qui la tira en avant comme pour attraper son frère avant qu’il ne lui échappe. “S’il te plaît, Maxton, ne me laisse pas seule avec -” mais déjà, il transplanna loin de sa portée, la laissant seule avec ce qu’elle redoutait le plus sur cette terre. Son ombre ricana de la voir si chétive dans son grand gazébo. Elle n’avait plus aucun espace où se cacher de la monstruosité de son reflet.
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BORDERLINE
Are you too terrified to try your best? Better ascend into the sky, dangerously fine and unforgiven, relentless, zealous: inspired by the fear of being average.

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