Fury of the entities ✟ Thomas & Murphy

Fury of the entities

Un tour au cimetière

Dès lors qu'elle avait mis les pieds à Glenmuick, Murphy l'avait senti : ça pullulait d'esprits. Leur présence émanait à des lieues, au moins de lui donner des migraines, et il était franchement difficile de passer outre lorsqu'elle avait l'impression d'avoir affaire à un véritable sanctuaire. A Poudlard, là où la connexion avec l'au-delà était l'une des plus fortes qu'elle connaissait, elle avait déjà senti ces empreintes ectoplasmiques et leur ancrage dans le monde des vivants... Mais jamais à un tel point... ! Aussi, l'endroit avait aussitôt nourri sa curiosité, si bien que Murphy se saisissait du moindre prétexte pour s'y rendre : devoir aller acheter un paquet de marshmallows au pub, un magazine, explorer les environs, aller crapahuter aux abords de l'Allt na Creige Leith... On la voyait errer bien plus souvent hors du campement, guettant des signaux invisibles à l'oeil nu, ce qui ne manquait pas d'interroger les autres élèves. Et puis, après quelques menues recherches, toutes ces voix inaudibles ne tardèrent pas à la mener tout droit à leur provenance : le cimetière de Glenmuick. Si l'endroit pouvait en rebuter certains, la jeune Serpentard avait l'impression d'avoir enfin mis le doigt sur une mine d'or. Elle arriva donc ainsi, devant les tombes, à humer pleinement le parfum de la mort, en remplissant ses poumons comme pour espérer que cela la rapprocherait encore davantage de ses ambitions. Elle circula entre les sépultures, lisant les noms à moitié effacés par le temps, jetant un oeil aux fleurs mortes abandonnées devant les malheureux qui avaient été enterrés là, et que plus personne ne devait visiter depuis un bon bout de temps. Son coeur se serra quelque peu en songeant à toutes ces âmes qui avaient été laissées là, mises de côté par le temps, pendant que le monde continuait inflexiblement de tourner. Et puis, elle pensa avec amertume à Adrian, renforçant son irascible détermination à trouver le moyen de le faire revenir parmi eux... Elle ne le laisserait pas devenir un de ces esprit malheureux qui vagabondait sans fin, à la frontière entre l'au-delà et le monde des vivants.

Elle retourna alors au camp chercher tout ce dont elle pourrait avoir besoin : baguette, lampe frontale, lunettes de plongée, bougies, craie, bâton d'ébène, quelques pages arrachées à un grimoire... Bon, à défaut d'avoir pu s'en procurer, elle ne possédait pas de sang d'agat, mais elle était convaincue de pouvoir lui trouver un substitut. Puis, avant de partir, au moment de fermer la porte de sa cabane alors que ses bras étaient déjà bien chargés, une autre idée lui vint... Puis elle fit volte-face, et déposa le tout sur son lit pour se saisir d'un petit morceau de parchemin, d'une plume, et d'écrire un mot qui s'enroula sur lui-même et s'envola aussitôt, en direction de l'une des cabanes des garçons. C'était peut-être un peu hasardeux de s'adresser à lui, qu'elle n'avait pas vraiment rencontré en personne... Mais puisqu'il semblait plutôt intéressé par ses activités, au fond, pourquoi pas ? Elle descendit ensuite l'échelle, sa casquette vissée sur son crâne, laissant seulement échapper une longue tresse blonde, et prit la direction de la route menant au village. Après quelques pérégrinations à travers forêts et champs, elle y parvint à la tombée du jour, franchissant le panneau d'annonces, avant de tourner à droite, direction le cimetière : le ciel commençait tout juste à s'obscurcir, et elle sentait déjà un petit vent froid la parcourir. Elle plaça finalement sa lampe sur sa tête, l'attachant autour de sa casquette, et balaya sur le sol pour mieux l'éclairer. Et toujours aussi fort, elle les sentait : ils étaient là, autour d'elle, à lui susurrer des paroles muettes, à communiquer silencieusement sur leur peine. Elle ferma les yeux, un instant, comme pour briser la barrière psychique qui existait entre eux... Pendant quelques secondes, il n'exista plus qu'eux, et elle, dans une bulle bien en dehors de toute notion de réalité. Et lorsqu'elle les rouvrit, ce fut la silhouette d'un adolescent, bien vivant, qu'elle distingua au loin.

@Thomas Chastel

Emi Burton

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Murphy's law

by Wiise

Normalement, il était censé y avoir un couvre-feu sur le camp de vacances mais Thomas s’était rendu compte très vite que beaucoup d’élèves ne le respectaient pas du tout, et d’ailleurs les enseignants ne semblaient pas non plus très préoccupés par l’idée de les en empêcher. Seuls les plus petits étaient réellement soumis à une étroite surveillance et si lui avait hésité avant d’oser transgresser les horaires précis d’extinction des feux, il avait rapidement eu moins de scrupules en voyant s’éloigner dans les bois alentours des enfants alors même que la nuit était tombée. Lui-même d’ailleurs n’avait-il pas parcouru ces mêmes sous-bois en compagnie de sa dulcinée le soir de leur arrivée ? Ils ne s'étaient pas beaucoup éloignés du camp, cependant.

S’aventurer jusqu’à Glenmuick, et surtout y rester, était déjà une étape supplémentaire. C’était en définitive la dernière ligne de la lettre de Murphy qui l’avait convaincu de se lancer dans l'aventure. Bien sûr il ne perdait pas de vue les conseils de Benjamin Duncan, son ancien mentor, lui recommandant de trouver sans tarder un moyen de voir les sombrals à l’œil nu, et dans ce but l’aide des membres de la famille Leonhart, vivants et morts, serait nécessaire. Mais pour être parfaitement honnête, cette histoire de trouver sa place au sein de la "meute" le travaillait tout autant si ce n'est plus.

Faute de pouvoirs magiques, incapable de parfaitement s’intégrer au sein de l’école de sorcellerie, malgré ses efforts pour avoir des notes correctes dans les cours qu’il avait la possibilité de suivre, Thomas avait dû trouver d’autres voies pour justifier sa présence et se trouver une place parmi les autres adolescents. Celle-ci était d’ailleurs toute trouvée : sa lycanthropie, dont il avait très vite fait un objet de plaisanterie et une manière de se présenter aux autres, à la fois pour les informer de ce qui était mine de rien une malédiction contagieuse, mais aussi parce que cela avait le mérite de les situer. Toi sorcier, moi loup-garou, deux créatures magiques au sein d’une école de magie, tout était normal.

Sauf qu’être loup-garou, passée la surprise de l’annonce, c’était une étiquette à laquelle les autres s’habitaient vite. Pour Thomas, ce n’était pas rien puisque ses transformations le mettaient par terre presque une semaine par mois, mais aux yeux de ses camarades, cela devenait finalement un détail qu’on avait vite-fait d’oublier hors des périodes de pleine lune. L’identité de lycanthrope n’était finalement pas si profonde que Thomas l’avait cru au départ et au bout d’un an, il commençait à en avoir fait le tour. Il pouvait bien se demander qui était le plus fort entre un loup et un animagus, ou si son don l’immunisait contre certain sortilèges – apparemment pas – de toute façon puisqu’il restait enfermé dans la cabane hurlante tout du long des nuits de pleine lune, ça n’avait guère d’importance et aucune utilité concrète.

En fait, Thomas était un garçon normal, dépourvu de magie, et régulièrement malade, au milieu de ses camarades dont même le moins doué d’entre eux le surpassait largement en tout. Autant dire que cela ne lui donnait pas une base très solide pour se construire en tant qu’adolescent.
Alors quand, bien intentionnée, Murphy Leonhart lui avait parlé des différentes sortes de loups qui existaient au sein d’une meute, d’une certaine manière, Thomas y avait vu une échelle de progression pour sa particularité. Ses amis apprenaient de nouvelles formules et gagnaient en pouvoir, lui pouvait monter dans la hiérarchie. Devenir un alpha, quoi que cela veuille réellement dire, semblait une bonne perspective d'évolution.

Il avait cherché sur internet et était tombé sur un tas de vidéos moldues – maintenant il disait moldu comme les autres – qui expliquaient comment faire et même si cela ne correspondait pas vraiment à sa situation à elle, il avait passé une bonne partie du mois de juillet à s’avaler tout un tas de conseils en développement personnel qui pour certains le laissèrent vaguement dubitatif, mais qu’il trouva très pertinents pour d’autre.

Restait désormais à se montrer à la hauteur, et au passage questionner un peu Murphy sur toute cette histoire, elle avait l’air plus au courant que lui.

Des bonnes chaussures, c’était simple : en tant que garde-chasse il devait être solidement équipé pour crapahuter dans la forêt toute la journée et parfois toute la nuit. Une lampe torche il en avait une aussi, à Poudlard il fallait s’éclairer à la bougie parce que l’électricité ne fonctionnait pas, mais ici c’était bon.
Il ne fallut pas longtemps au jeune homme pour trouver Glenmuick et à peine cinq minutes pour repérer Murphy qui se tenait aux abords du cimetière. Heureusement que le village n’était pas grand car il n’aurait pas pensé à la chercher ici en premier lieu.

Comme il n’était pas complétement certain que tout ça soit très autorisé il s’approcha avec discrétion et la salua d’un petit geste de la main en chuchotant presque.

- « C’est toi Murphy ? » vu la description qu’elle avait donné d’elle-même dans sa lettre, il y avait peu place au doute. « Je suis Thomas. »

Mais comme la jeune fille n’avait pas donné d'autres informations que la manière de la reconnaitre, il ne su pas quoi ajouter et se contenta de regarder autour d’eux les alignements des tombes silencieuses.

- « Tu… tu voulais qu’on se voit ? »

Secrètement, il espéra que Michaela ne serait jamais au courant de cette entrevue avec une autre fille. Il aurait peut-être dû la prévenir…

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Un tour au cimetière

Avec la nuit tombante, l’atmosphère commençait à devenir réellement lugubre. On avait l'impression d'entendre le hululement d'un hibou au loin... L’air se refroidissait rapidement, arrachant à Murphy quelques frissons tandis qu'elle observait les premières tombes apparaître au loin, au-delà du petit muret de pierre qui s'élevait entre le cimetière de Glenmuick et elle. Le bourdonnement dans ses oreilles n'avait pas cessé depuis son arrivée, et les âmes semblaient se précipiter pour se faire entendre, même si à travers leurs murmures indistincts, seul leur désespoir était réellement audible... La jeune fille tenta de se concentrer un peu plus longtemps sur ce qu'elle entendait, avant de finalement s'interrompre : elle n'avait pas eu de réponse de l'au-delà, mais c'était bel et bien un vivant qui était apparu, non loin d'elle. Elle lui adressa un petit signe, pour répondre à celui qu'il venait d'esquisser dans sa direction, et alla à sa rencontre : « Enchantée, Thomas. » lança-t-elle, sourire aux lèvres. Elle se retint d’ajouter qu’il était un peu plus petit que ce qu’elle s’était imaginée en lui écrivant, mais soit, ça n’était pas bien grave. Après tout, elle avait appris à compter les entités dans un échantillon de matière à onze ans et demi et s’était familiarisée avec les notions de physique quantique à treize… Quoi qu'il en soit, elle était sincèrement contente de le voir ; au vu de la nuit qui les attendait, elle préférait franchement être entourée d'une autre créature de la nuit... La lycanthropie différait en bien des points de l'état ectoplasmique, mais n'importe quel autre élève aurait fui une telle opportunité... « Oui, ce genre d’occasion se présente pas tous les jours ! » affirma-t-elle, ayant un peu de mal à dissimuler son enthousiasme. Certes, ils passeraient une partie de l'été près de l'Allt na Creige Leith, et les enseignants n'étaient pas suffisamment investis pour les empêcher de sortir toutes les nuits... Mais elle savait pourtant bien que tôt ou tard, ils se heurteraient à d'autres obstacles dans le coin.

Réglant manuellement sa lampe frontale sur le sommet de sa casquette, elle la vissa et la dévissa dans tous les sens jusqu'à obtenir un faisceau lumineux correct. C'était drôlement plus pratique ainsi : sans monopoliser sa baguette avec un Lumos, elle se permettait d'avoir champ libre avec la magie en cas de problème. Elle désigna l'entrée du cimetière à son camarade, l'invitant à la suivre. « Par contre, désolée pour le bordel. Ils font un de ces boucans, je sais pas ce qui leur arrive… doit y avoir un sacré paquet d’âmes errantes, dans le coin. » commenta-t-elle, en faisant mine de se boucher les oreilles, légèrement incommodée par les innombrables appels des âmes présentes. Elle ignorait ce qui faisait de terrain de Glenmuick un endroit aussi chargé en énergie, qu'elle était pour le moment encore incapable de sonder... Mais le but était justement de le découvrir. Après tout, si Thomas avait l'habitude de travailler avec des créatures magiques parfois dangereuses, et avec les mille précautions qu'il devait prendre avec sa nouvelle condition, il saurait forcément comment réagir si les choses tournaient mal, Murphy en était convaincue. « On est dans un lieu à forte concentration spirituelle ici, alors mieux vaut pas aller plus loin si tu te sens pas prêt. » l'avertit-elle en baissant la voix, s'arrêtant aux premières rangées de tombes. Les vibrations surtout, étaient à la fois démesurément fortes et inhabituelles, pour elle qui n’avait jamais connu d’endroit plus peuplé d’esprits que Poudlard… Cela devait être encore bien pire en direction du vieux mausolée, au fond, dont les murs semblaient déjà tomber en ruine. A nouveau, elle se retourna dans sa direction : « T’as de la lumière ? » lui demanda-t-elle, espérant qu'il avait pris le nécessaire pour venir. Ils pourraient bien se contenter de sa seule lampe pour deux, mais au vu de l'énergie négative qui se dégageait de ce bien sinistre lieu, elle préférait nettement qu'il soit lui aussi bien équipé.

@Thomas Chastel

Emi Burton

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Murphy's law

by Wiise

Maintenant qu’il y pensait, Thomas avait eu plus de rendez-vous seul avec des filles en neuf mois à Poudlard que dans tout le reste de sa vie. En retrouvant Murphy aux abords du cimetière de Glenmuick, il ne pu s’empêcher de se demander ce qu’en auraient pensé ses anciens amis du collège. Mais évoquer cela aurait nécessité de leur donner un peu de contexte et il lui était formellement interdit de révéler quoi que ce soit aux moldus à propos du monde magique. De toute façon Thomas n’était pas vraiment du genre à se vanter, mais il aurait bien aimé pouvoir partager tout ça avec quelqu’un d’extérieur à cet univers, comme lui. Même aux yeux de ses cousins, ce qui lui paraissait encore incroyable à lui était finalement assez banal.

- « Ah ? » fut bêtement tout ce que trouva à répondre le jeune homme lorsque, mystérieuse, Murphy lui confia que la nuit était spéciale.

De son point de vue elle n’avait rien de vraiment notable, sinon peut-être qu’il ne se promenait pas tous les jours dans les cimetières. Certes les nocturnes à arpenter la forêt interdite avec Benjamin Duncan l’avaient rapidement endurci, mais le garde-chasse étant absent, Thomas se retrouvait livré à lui-même et mesurait à quel point la présence d’un adulte pouvait être rassurante.

Comme Murphy semblait bien plus en confiance qu’il ne l’était, le garçon tenta de donner le change, arborant une espèce de sourire qui devait un peu ressembler à une grimace. Il n’était pas effrayé, pas vraiment, mais regretta de n’avoir pas emporté quelque chose qui pourrait ressembler à une arme. Incapable de faire de la magie et hors nuit de pleine lune Thomas n’avait pas plus de pouvoir qu’un vulgaire moldu, sinon celui de voir certaines choses qui leurs demeuraient invisibles.

- « Des âmes errantes ? » son regard se fit aussi curieux qu’impressionné.

Bien sûr il avait fréquenté beaucoup de fantômes à Poudlard, dont certains très gentils avec lui, mais le professeur de soin aux créatures magiques avait bien insisté pour distinguer les fantômes des autres formes de spectres qui, elles, pouvaient se révéler moins amicales. Peeves en était sans doute l’exemple le plus… frappant. Néanmoins, il n’oubliait pas les paroles de Duncan l’enjoignant à se confronter à la mort pour pouvoir enfin voir les sombrals et il sembla à Thomas que des gens qui étaient littéralement décédés étaient certainement les mieux placés pour l’initier à ces choses-là.

- « Je me sens prêt. » répondit Thomas avec une assurance qu’il regretta presque immédiatement. « Par contre heu… j’entends rien du tout. Ça va poser problème ? »

Puis il brandit sa lampe torche, réponse silencieuse à l’interrogation de Murphy. D’un petit pas rapide, Thomas se déporta à ses côtés. Il ne savait pas très bien ce que percevait la jeune fille mais à ses yeux le cimetière lui semblait relativement banal, assez typique de la campagne écossaise avec ses tombes gothiques un peu vieillottes. Comme c’était Murphy qui savait ce qu’ils faisaient ici, il la laissa d’abord prendre les rênes de leur excursion avant qu’une idée ne lui vienne en tête.

- « Tu sais, certaines créatures ont peur de la lumière alors si tu veux voir des… » il allait dire ‘animaux’ mais il lui semblait désormais évident que ce qu’ils cherchaient était d’une autre nature. « Enfin, ça peut valoir le coup de cacher le faisceau avec la main tu vois, pour éclairer juste les pieds. »

Il était assez fier de cette technique qu’utilisait parfois Duncan avec ses lumos afin d’approcher des êtres de la forêt pendant leur sommeil, ou tout simplement éviter de provoquer la panique au sein d’un troupeau.

- « Et heu… on va voir des fantômes du coup ? »

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Un tour au cimetière

Une fois rejointe par l'apprenti garde-chasse, Murphy se résolut à avancer en direction du petit portail, dont la grille était bien rouillée par le temps. Elle n'eut aucun mal à l'ouvrir, le recours à la magie lui aurait été bien inutile pour pénétrer les lieux... Maintenant, il lui fallait s'assurer que son compagnon de fortune soit prêt pour l'expérience dans laquelle elle s'apprêtait à l'embarquer. Il ne semblait pas particulièrement effrayé, mais pas non plus à son aise pour autant... « Euh… t’es sérieux ? Non, ça devrait pas être un souci, mais quand même… c’est bizarre. » fit-elle remarquer, sourcils froncés en direction du jeune homme. Comment était-ce néanmoins possible ? Elle savait bien que tout le monde n'était pas nécessairement sensible aux esprits, et voulait bien croire qu'à force d'habitude, elle l'était peut-être plus que d'autres... Mais comment Thomas pouvait-il ignorer le tintamarre ambiant qui régnait dans ce cimetière ? Entre les murmures venus d'outre-tombes, les longs soupirs des âmes errantes, et bruyants songes laissés là par les défunts lorsqu'ils avaient perdu ce lien si ténu qui les rattachaient encore à la vie, sa tête était prête à exploser. C'est pourquoi, plus que d'ordinaire, elle était sur ses gardes : à Poudlard, elle connaissait suffisamment bien les fantômes pour se sentir en confiance avec ces derniers... Alors qu'ici, elle avait affaire à une armée d'inconnus à la fois dévastés par le chagrin, les remords, et la jalousie envers les vivants. Le jeune homme proposa de faire usage de la lumière pour les tenir à distance, mais elle secoua rapidement la tête. Cela fonctionnait sûrement avec certaines créatures, mais les lois des esprits échappaient souvent à ce que l'on croyait connaître. « Oh, non, eux c’est pas leur cas. Crois-moi, nos yeux sont bien plus photosensibles que les leurs. » affirma-t-elle avec certitude. Elle avait rapidement remarqué, lors de ses premières années à l'école, qu'Adrian faisait à peine la différence entre la nuit et le jour... Elle n'avait pas osé lui demander s'il distinguait le monde en noir et blanc, mais une chose était certaine : la perception des êtres spirituels différaient en tous points de la leur.

Manifestement, il avait encore quelques doutes concernant le but de leur visite... Et à bien y penser, Murphy se dit qu'elle avait peut-être malencontreusement oublié de lui spécifier ses souhaits, concernant cette petite virée nocturne : mais un cimetière demeurait un cimetière, et force était de constater qu'à part quelques corbeaux croassant ça et là, ou un ou deux rats planqués dans les grilles d'évacuation, ils ne croiseraient pas beaucoup de créatures animales... Cela ne voulait pas dire pour autant que ça ne serait pas intéressant. « Ouais, et ils sont nombreux, je vais pas te mentir. » se contenta-t-elle de répondre, jetant un coup d'oeil aux alentours : les murmures étaient toujours aussi forts, mais aucun signe visible n'attestait de leur présence... « Enfin, seulement s’ils le veulent bien. » Elle était mieux placée que quiconque pour savoir combien certains pouvaient se révéler susceptibles et capricieux… Ils ne se manifesteraient que s'ils en nourrissaient l'envie, que ce soit par curiosité, par réelle envie de créer un dialogue avec eux, ou simplement pour leur jouer un mauvais tour. Et puisque Thomas était un peu plus jeune et chétif que ce qu'elle s'était imaginée, elle espérait que les spectres sauraient le préserver de leurs mauvaises blagues... Elle pouvait encaisser bien des choses, de la part des morts, mais n'était pas certaine de savoir comment gérer le traumatisme d'un enfant si les choses tournaient mal. Elle s'arrêta donc, au milieu d'une allée, reportant le faisceau de sa lampe sur le jeune garçon en veillant à ne pas l'éblouir... « Par contre, on ferait mieux de définir un signal d’alerte, entre nous. » décréta-t-elle, avant de s'expliquer : « Au cas où y en a un qui essaierait de nous posséder… ». Elle n'avait jamais connu de cas similaire, mais savait que cela pouvait arriver, parfois... Mieux valait se préparer à cette éventualité-là, au cas où elle se produise : cela leur éviterait d'être surpris plus tard...

@Thomas Chastel

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Murphy's law

by Wiise

« Oui je sais » aurait voulu répondre Thomas quand sa camarade lui fit remarquer que c’était bizarre de ne pas entendre les esprits. Ce genre de réflexion, il les avait entendues maintes et maintes fois dans la bouche de ses cousins qui, sans penser à mal, s’étonnaient toujours de ce que leur petit camarade cracmol n’ait pas accès à l’ensemble des choses du monde magique. Certaines entités, à commencer par les effrayants détraqueurs, lui demeuraient inaccessibles, du moins jusqu’à sa transformation en loup-garou, Thomas en avait fait son parti.

- « C’est pas grave t’auras qu’à me guider. » répondit-il pour dédramatiser.

Même sans pouvoirs magiques, il pouvait quand même se rendre utile et c’est sans doute dans l’idée de bien faire qu’il proposa à sa camarade de diminuer la lumière de leurs torches. Mais Murphy, qui pour le coup semblait quand même pas mal renseignée, lui expliqua que c’était inutile et il hocha docilement la tête. Décidément, le chemin avant d’être un vrai alpha risquait de s’avérer tortueux.

Spontanément, il retrouvait avec Murphy un peu les mêmes réflexes qu’avec Duncan ou toute autre personne se révélant dépositaire de plus de connaissances que lui, l’écoutant le plus attentivement possible et sans faire d’histoire. Il avait l’impression de recevoir un cours particulier un peu interdit en soin aux créatures magiques…

- « Waa, la possession… ? » ça avait l’air assez effrayant – mais suscitait aussi la curiosité. Tout ce qui avait trait aux créatures magiques l’intéressait beaucoup, par soucis professionnel. « Tu sais faire le cri du loup ? » proposa-t-il avant de trouver son idée immédiatement un peu enfantine.

- « Et comment tu sais tout ça ? » demanda-t-il finalement. « Vous avez appris ça en quatrième année ? »

Puis, se creusant la caboche :

- « Une fois Dmitri m’a lancé un sort qui n’a pas fonctionné, je pense que c’est à cause de la lycanthropie, peut-être que les spectres ne peuvent pas me posséder ? » Puis il eut une autre idée. « Ton frère peut posséder des gens, lui ? »

moon & howl

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Un tour au cimetière

Une fois la grille passée, Murphy s’avança aux côtés de son compagnon d’infortune, la lampe frontale toujours vissée sur son front tandis qu’elle inspectait les environs. Hormis les bruyants murmures que les défunts échangeaient entre eux, rien d’anormal à signaler… Elle fit donc signe à Thomas qu’il pouvait continuer d’avancer. « T’inquiète, c’est hyper simple de s’y retrouver. Cette rangée va de A jusqu’à C, celle-là de D jusqu’à G… et t’as le mausolée jusqu’ici. » déclara-t-elle en désignant le monument massif qui s’élevait au milieu du cimetière. « Je suis sûre qu’on peut forcer la porte sans problème. » Au vu de l’état de conservation des lieux, elle refusait de croire que le verrou ne soit pas complètement rouillé par les années, l’humidité et un flagrant manque d’entretien ! A Waltham Abbey, elle s’était déjà introduite dans le cimetière, mais ce dernier était beaucoup moins intéressant que le lieu macabre au sein duquel ils venaient de s’introduire sans mal. Peut-être parce que c’était ici que gisaient les âmes errantes appartenant à un petit village, où elles se connaissaient toutes autrefois, et que l’énergie que ces dernières dégageaient différait en tout point de celle qui pouvait circuler en périphérie de Londres. Pour autant, Murphy savait qu’ils auraient également plus de chances de se faire posséder… Si cela arrivait, cela lui compliquerait la tache à coup sûr, mais elle devait veiller à ne pas effrayer Thomas. « Oui, mais t’inquiète, c’est pas comme dans l’Exorciste. C’est plus un… moyen un peu flippant de communiquer… ? » lança-t-elle sur un ton joyeux, espérant que cela suffirait à le rassurer. Pas question qu’il ne file pour rejoindre le camp alors qu’ils avaient déjà un pied dans le cimetière… S’il l’abandonnait maintenant, son départ mettrait à mal le lien qu’elle tentait de tisser avec les esprits présents autour des tombes. Leur vacarme était incessant, et Murphy savait pertinemment qu’en ce qui la concernait, il était trop tard pour faire marche arrière. La question de son acolyte la laissa un peu songeuse, tandis qu’elle se demandait, si, oui ou non, elle était capable d’effectuer le cri du loup… Elle n’était pas certaine que ce soit une solution à explorer, mais au fond, pourquoi pas. « Euh, ouais, j’pense, pourquoi ? Tu penses que ça peut repousser les esprits maléfiques ? » demanda-t-elle, sans conviction. Mais il ne s’agissait pas pour autant de sous-estimer son compagnon. Après tout, ce dernier avait déjà affirmé avoir fait face à des araignées géantes, ce qui représentait un danger bien plus conséquent que celui auquel ils s’apprêtaient à faire face… !

Le jeune garçon finit par l’interroger sur les raisons qui lui permettaient de croire à tout ce qu’elle racontait, et, hésitante, Murphy fit le choix de rester un peu évasive. « Euh, oui oui, voilà, c’est des trucs qu’on voit en cours, tu verras quand tu seras en quatrième. » Même si elle était fermement convaincue de la noblesse de ses intentions et de l’intérêt capital que représentait son entreprise pourtant audacieuse, la jeune Serpentard savait pourtant que tout le monde n’était pas de son avis. Il y avait cette drôle d’aura mystérieuse qui entourait toujours le spectre de la mort, et les autres voyaient souvent du mauvais oeil qu’elle soit aussi bien renseignée sur le sujet. Et puisqu’elle n’avait pas encore récupéré son accès à la réserve… autant rester discrète. Elle mit en garde l’apprenti garde-chasse sur les risques de possession, qui existaient lorsque l’on se retrouvait victime d’un esprit, et l’hypothèse que ce dernier formula lui fit aussitôt lever un sourcil, tandis qu’elle l’observa, circonspecte. « Sérieux ? Mais c’est absurde, je vois pas pourquoi on pourrait pas posséder un loup. » répondit-elle en contournant une tombe qui se trouvait là, veillant à balayer la zone avec le faisceau de sa lampe. Selon ce qu’elle savait, il était même possible d’incarner une plante verte ou un écureuil, alors elle ne voyait pas pourquoi sa lycanthropie l’empêcherait d’échapper à leur emprise… Il lui demanda ensuite si c’était une pratique courant d’Adrian, et elle leva les yeux au ciel. « Ouais, mais il sait que ça m’énerve. » Il lui faisait le coup de temps en temps, dès lors qu’elle avait le malheur de baisser sa garde ! A croire que pour lui, la mort n’était qu’un drôle de jeu. Elle finit par choisir un espace dégagé, entre le mausolée et le robinet rouillé qui permettait de remplir les arrosoirs. Il n’y avait que du gravier, mais suffisamment d’espace pour qu’elle puisse installer tous les éléments nécessaires au rituel. « On va se mettre là. Tu veux bien m’aider à allumer toutes les bougies et les répartir en cercle autour de nous ? » demanda-t-elle, avant de sortir de son sac les nombreuses chandelles qu’elle avait prévues, ainsi que les craies, le bâton d’ébène, et les lunettes de plongée. La température se refroidissait déjà, et la brume qui s'élevait au-delà des croix en pierre s'intensifiait...

@Thomas Chastel

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by Wiise

En général, quand quelqu’un disait à Thomas que quelque chose était « hyper simple » ce n’était PAS hyper simple. D’ailleurs les explications de Murphy sur la disposition des allées du cimetière lui rappelait vaguement celles de Duncan quant à la meilleure manière de tracer un sillon dans le potager et l’espace d’un instant il eut un ptsd de ses après-midi avec le garde-chasse.
Heureusement, ce-dernier n’était pas là, il se trouvait dans un cimetière, en pleine nuit, avec une fille – de son âge – c’était quand même sacrément mieux !

- « Oh, d’accord. » répondit-il simplement quand Murphy lui expliqua que ça allait se passer comme dans l’exorcisme, sans préciser qu’il n’avait pas vu le film. Mais ça ne devait pas être si terrible que ça, après tout son amie ne semblait pas paniquer.

Par contre, elle semblait moins convaincue par sa proposition de crier au loup. « C’est pour… se reconnaître, savoir si on est possédé, comme un signe, quoi. » expliqua-t-il d’un ton mal assuré. Lui-même n’était guère convaincu par l’idée et il ne tenait pas à élaborer plus, changeant de sujet pour savoir d’où la jeune fille pouvait bien tirer tant de connaissances sur les esprits. Il supposait qu’elle avait vu tout ça en cours, ce qu’elle lui confirma en effet et Thomas fut content d’avoir visé juste.

Murphy accueillit toutefois avec circonspection son hypothèse voulant que les loups-garous soient moins sujets aux attaques de fantômes que les sorciers normaux. En même temps, vu qu’il n’avait pas encore suivi le cours, il ne pouvait pas savoir.

- « C’est pas SI absurde. » plaida-t-il, légèrement vexé. « Je suis déjà une créature magique alors peut-être que deux dans un même corps c’est trop. » expliqua-t-il en déroulant le fil de sa pensée. « On aura qu’à essayer avec Adrian et puis voilà. »

Et tout en causant, il en avait oublié le chemin parcouru jusqu’à ce que Murphy les immobilise au croisement d’une allée, dans un espace un peu plus dégagé cerné de mausolées. Pour la première fois depuis qu’ils avaient commencé à bavarder, Thomas pris réellement conscience de ce que signifiait un cimetière à la nuit tombée et l’ambiance glauque qui se dégageait des tombes les cernant.

Il craignit un instant de rester les bras ballants, à se faire fixer par tous les esprits du coin, mais heureusement Murphy lui proposa de se rendre utile. Thomas préférait se tenir occuper, ça évitait de trop réfléchir à la situation effrayante dans laquelle ils se trouvaient. Pareil dans la forêt interdite d’ailleurs : au moins quand on lui donnait des instructions avait-il l’impression que rien ne pouvait lui arriver s’il les effectuait correctement. En tout cas, ce ne serait pas de sa faute.

- « Oui ! » dit-il en se saisissant d’une poignée de chandelles.

Allumer du feu, il savait faire, avec des allumettes c’était simple. Il alluma les premières avant de commencer à les disposer en cercle, essayant à vue de nez de faire un rond qui soit à peu près propre, des fois que ça soit important.

C’était un travail sans grand intérêt et Thomas ne pu s’empêcher de rompre le silence, une mauvaise habitude que lui reprochait souvent Duncan lorsqu’ils avançaient discrètement dans les bois.

- « Dis, heu Murphy ? A propos de cette histoire de loup alpha et tout…. ? Ils font quoi ceux qui ne sont pas alpha ou omega du coup ? »

C’est que ça le travaillait un peu, cette histoire…

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Un tour au cimetière

Parfois, Murphy avait tendance à s’emballer, oubliant qu’elle était probablement l’une des seules élèves de son âge parfaitement initiée aux rites funéraires, au comportement des morts dès lors qu’ils se retrouvaient coincés entre la frontière du monde des vivants et celle de l’au-delà… Si ça n’avait tenu qu’à elle, elle aurait bien volontiers expliqué à tous ses camarades comment les fantômes se manifestaient, comment on conjurait leurs malédictions, ce qui les maintenait encore sur le lieu de leur mort… Mais la plupart interprétaient plutôt cette curiosité comme une étrange folie, dont elle serait emparée sans le savoir. Et c’était principalement ce qui était agréable avec Thomas, l’apprenti garde-chasse… Il ne s’en formalisait guère, et, mieux encore, il semblait sincèrement s’intéresser à ce qu’elle lui racontait. Elle aurait bien voulu pouvoir rentrer dans le détail, mais ils n’en auraient pas le temps… l’heure tournait, et ils devraient déjà avoir commencé le rituel. « Mais vous êtes déjà deux. Il y a le loup et toi. C’est un peu comme si vous cohabitiez ensemble dans ta tête, alors l’esprit peut très bien posséder l’un de vous deux. » Et mieux valait que ça ne soit pas le loup… Elle avait beau être plutôt renseignée, elle ignorait ce que pourrait donner un acte de possession sur un être aussi instable que pouvait l’être un loup-garou. En revanche, Thomas était plutôt gentil et malléable… Et Murphy était convaincue qu’il serait un parfait réceptacle, s’il voulait bien se prêter à l’exercice. Comme il le proposait, il faudrait qu’à la rentrée, ils fassent l’expérience, avec Adrian… « Il faudra que je le surveille, ce gros malin pourrait bien te faire faire n’importe quoi. » se contenta-t-elle de répondre en haussant les yeux au ciel. Au vu des diverses plaisanteries de mauvais goût auxquelles s’adonnait son frère aîné sous sa forme désincarnée, il ne faudrait guère s’attendre à mieux si on lui offrait un réceptacle vivant et consentant…

Mais une voix particulière attira son attention, la forçant à s’interrompre subitement. C’était comme le souffle d’un vent sinistre, comme le chant douloureux d’une âme meurtrie qui ne guérirait jamais de sa peine. « Chhhht, t’as entendu ça ? C’était super fort. » chuchota-t-elle en plaquant son index sur ses lèvres et en déposant sa main sur l’épaule de Thomas, les yeux écarquillés. Puis, d’un mouvement du menton, elle désigna le mausolée qui se trouvait derrière eux… Elle était prête à jurer que les voix provenaient de là-bas… ! Cet édifice était probablement un nid à âmes errantes : combien de personnes décédées depuis des dizaines et des dizaines d’années y gémissaient toutes les nuits, à la recherche du repos éternel, sans pouvoir le trouver ? Son coeur se serra lorsqu’elle songea à Adrian, qui était seul à Poudlard. Chaque été, elle avait l’impression de l’abandonner entre les murs du château, avec pour seule compagnie celle des portraits, de Peeves et du Baron Sanglant. Mais c’était avant tout pour lui qu’elle se retrouvait à arpenter les cimetières, et à installer des cercles de bougies entre les tombes. Pour obtenir les réponses qu’elle recherchait avec avidité, elle devait encore progresser dans ses investigations. Et alors qu’ensemble ils étaient affairés à disposer tout autour d’eux des chandelles, en forme circulaire, avant qu’elle ne les allume d’un simple geste de la baguette, la question qu’il lui posa lui fit lever un sourcil d’étonnement. « Les bêta tu veux dire ? C’est le garde du corps. Il doit protéger son alpha au péril de sa vie, et si son chef de meute meurt, alors il prend sa place. C’est à la fois cool et… pas trop. » répondit-elle, surprise qu’il se soit souvenu de ce passage de sa dernière lettre. C’était assez drôle qu’il soit sujet à ce genre d’interrogations, même si elle n’était pas certaine que cela s’applique forcément aux loups-garous… « Pourquoi ça t’intéresse ? » finit-elle par demander, sans pour autant cesser de disposer les éléments tout autour d’elle. Puis, elle attrapa dans son sac le bâton d’ébène, la petite fiole remplie de liquide rougeoyant, et la craie qu’elle tendit à Thomas. « Si tu veux bien, fais un grand cercle avec la craie, tout autour de nous. De là à environ là. » désigna-t-elle en montrant du bout du doigt les parties concernées.

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Murphy's law

by Wiise

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Murphy avait de bonnes théories sur le monde magique et en particulier les loup-garous. Non seulement c’était elle qui lui avait appris les rôles au sein de la meute, mais elle semblait également penser que le loup en lui formait une espèce de personne distincte – ce qui était assez logique quand on y pensait – qu’un esprit pouvait posséder à part entière. La vache ! C’était compliqué ! Mais faute de recul critique suffisant, Thomas souscrivit à l’idée sans se poser trop de question.

De toute façon, Thomas était prêt à se soumettre au test de possession du frère de Murphy. Au moins comme ça on serait fixé et faute de pouvoir faire de la magie, ça ne dérangeait pas le jeune homme d’en être la cible, au moins il avait l’impression de participer.

Ils continuaient à avancer dans le cimetière, de plus en plus lugubre à mesure que la nuit tombait, et Murphy n’arrangeait rien pour l’ambiance en entendant des sons que lui ne percevait pas mais qui, à voir son air, avaient l’air inquiétant.

- « Non j’entends rien. » répondit Thomas, se sentant presque pris en faute. Il jeta un regard suspicieux au mausolée et s’il n’avait pas craint de passer pour un trouillard, aurait certainement fait un ou deux pas en arrière, par prudence.

La jeune fille ne sembla pas s’en formaliser et les mena jusque dans une allée large où ils entreprirent de déposer des bougies en cercle, suivant les instructions très professionnelles de Murphy. Elle avait vraiment l’air de savoir ce qu’elle faisait, Thomas, lui, ne pigeait toujours pas le but de la soirée. Mais il était quand même content d’être là, ça faisait peur, mais c’était aussi un peu excitant.

C’était peut-être cette proximité face au danger qui le poussa à prendre sur lui pour poser une question qui le taraudait : pouvait-on être autre chose qu’un alpha ou un oméga ? Murphy lui expliqua alors le rôle de Bêta qu’il ne connaissait pas du tout.

- « Garde du corps… » dit-il pensif « Moi j’aime bien ! »

Le garde du corps n’était pas exactement un héros ou un chef, mais il s’occupait des autres et les gardait en sécurité. Sans magie, Thomas avait bien conscience qu’il ne pouvait rivaliser avec de véritables sorciers dans la plupart des domaines, mais il pouvait sans doute aider, à sa manière ! Ragaillardi par cette idée, et celle d’avoir trouvé sa « place » dans la meute, il entreprit de tracer le cercle de crai, comme demandée par Murphy.

- « Pour savoir. » répondit-il tranquillement « J’ai pas envie d’être oméga, c’est un peu nul, mais alpha, bof aussi. Bêta c’est bien, tu protèges les autres et tu peux même monter en grade. »

Il ne savait pas trop qui devait mourir pour ça, par contre. Est-ce qu’il fallait qu’il se trouve un alpha ? Un autre loup à protéger ? Ou bien peut-être tout cela avait-il un sens plus métaphorique ? Le cercle étant tracé, il se redressa, songeur.

- « Faut que je me trouve un alpha. »

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Un tour au cimetière

Murphy ignorait pourquoi, mais alors qu’elle et Thomas étaient sur le point de convoquer les esprits bavards qui erraient dans le cimetière du village de Glenmuick, ce dernier semblait surtout se questionner sur sa nature de loup. Cela faisait depuis qu’ils s’écrivaient que ce dernier s’interrogeait sur le rôle qu’il pourrait occuper au sein d’une meute, et l’adolescente avait parfois un peu de mal à le suivre : qu’est-ce que cela pouvait bien changer, qu’il soit un Béta plutôt qu’un Oméga… ? Enfin, il avait probablement ses raisons. « Ouais, c’est à peu près ça. Mais je pourrais demander à Mr. Fitch si tu veux, c’était mon prof de sciences. » proposa-t-elle, avec un petit sourire. Lui, il saurait avec certitude… Il répondait toujours à ses très longues lettres par des explications bien détaillées. Dommage qu’il ne soit pas familier avec le domaine de la magie, autrement il saurait tout sur tout… ! Mais ses connaissances pourraient toutefois aider Thomas, Murphy en était intimement persuadée. Elle ne connaissait pas suffisamment bien les comportements chez les animaux pour être bien certaine que leur hiérarchie pouvait se résumer à cela, mais l’image lui plaisait bien. En tout cas, son interlocuteur semblait fermement décidé à se trouver un loup alpha à protéger, envers et contre tout… « C’est pas une mauvaise idée, mais t’en connais, toi, des loups ? » Pour sa part, elle ne connaissait que lui, en réalité. Et elle passait beaucoup trop de temps avec les fantômes de l’école pour avoir le temps de se renseigner, en plus de cela, sur les loups-garous qui arpentaient le territoire… On disait que certains d’entre eux rôdaient dans la forêt interdite, mais elle n’avait pas encore eu la chance d’en voir. Pourtant, ce n’était pas faute de passer du temps à la lisière, à la recherche de champignons ou de plantes qu’elle pouvait bien utiliser dans ses préparations expérimentales… ! « Après, peut-être que tu peux retrouver la trace de celui qui t’a mordu. Il te doit bien ça, franchement. » répondit-elle en levant les mains, comme s’il s’agissait de l’évidence même. Bon, retrouver un loup-garou qui demeurait à l’état sauvage ne devait pas être l’exercice le plus aisé, mais il y avait bien des registres tenus au ministère, et certains devaient être recensés en fonction du territoire sur lesquels on pouvait les trouver… Enfin, en pratique, les choses n’étaient peut-être pas aussi simple qu’elle l’imaginait.

Une fois le cercle à la craie bien formé autour d’eux, Murphy entreprit de vérifier qu’une flamme vive et dansante surplombait chaque bougie. Avec un air satisfait, elle contempla leur oeuvre commune avant de tirer son sac le bâton d’ébène, et de diriger vers le sol recouvert de graviers sa lampe frontale. Et lorsqu’elle eut enfin trouvé ce qu’elle cherchait, elle se retourna vers Thomas avec une mine réjouie. D’ordinaire, cette partie-là du rituel n’était pas la plus agréable… Mais il fallait bien y passer s’ils souhaitaient communiquer avec les esprits, alors le mieux, c’était de ne pas hésiter. « Maintenant, entaille ta main. D’un coup sec. » lança-t-elle en lui montrant l’espace entre le pouce et l’index de sa main gauche, jusqu’au coeur de sa paume, avant de s’emparer d’un caillou légèrement pointu. « Pas trop profond, y a juste besoin de quelques gouttes. Comme ça. » expliqua-t-elle, sur un ton très pédagogue, avant d’enfoncer la pierre dans sa main pour inciser sa peau. Elle dut s’y reprendre à deux ou trois fois, parce que du premier coup elle ne parvenait pas à créer une entaille, mais après un peu d’acharnement elle parvint à lacérer son épiderme, jusqu’à faire perler une gouttelette écarlate. Son bras tout entier fut irradié d’une douleur piquante, mais elle n’y prêta pas attention : pour l’avoir fait des dizaines de fois, ce petit rituel ne l’impressionnait plus vraiment. Elle s’empressa alors aussitôt de la placer juste au-dessus de la petite fiole vide pour recueillir le liquide rougeoyant, invitant d’un geste du menton le jeune apprenti à en faire de même. Il voulait devenir un chef de meute, non… ? Alors, c’était l’occasion de le prouver.

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Thomas ne connaissait pas du tout ce Mr. Fitch, dont il ne se souvenait pas d’avoir entendu le nom à Poudlard, mais toute information était bonne à prendre dans sa situation et il hocha la tête d’un air reconnaissant. Pour le moment, Murphy était sa conseillère la plus sûre en matière de vie de meute – la seule, également – et le jeune homme plaçait pas mal d’espoir en elle pour l’aider de ce côté-là.

— Il y a Masha. Tu la connais ? Une gryffondor, mais je ne sais pas si elle serait d’accord…

Ils n’étaient pas vraiment proches, à dire vrai, et même si elle avait été pour lui une source certaine d’inspiration et un exemple lors de ses premières transformations, la jeune fille avait l’air de vouloir garder ses distances et vivre sa vie de loup en solitaire. Peut-être que tous les loups n’étaient pas faits pour avoir une meute ?

— Peut-être qu’il n’y a pas forcément besoin que tout le monde soit un loup-garou, répondit-il, balayant d’un revers de main l’idée de se lancer à la poursuite de son agresseur. Peut-être que juste moi ça suffit, je peux faire garde-du-corps pour des humains normaux.

Ça lui faciliterait la vie à coup sûr, si c’était possible, mais en la matière Thomas ne connaissait pas très bien les règles.

Il avait terminé de disposer les bougies, et de tracer le cercle de craie, et il ne savait toujours pas ce qu’il faisait ici, en vérité, se contentant de suivre un peu aveuglément les indications de sa camarade. Si elle lui demandait d’allumer des bougies, il les allumait, si elle lui demandait de tracer un cercle, il le traçait, et si elle lui demandait de s’entailler la main…

— Heu… t’es sûre ?

Personne ne lui avait parlé de faire couler le sang, d’autant que tout d’un coup, le rituel de Murphy ressemblait un peu à l’idée que Thomas se faisait de la magie noire. Voir la jeune fille prendre l’initiative le rassura à moitié – au moins il n’était pas le gogo qu’on allait sacrifier à un démon, mais il ne pouvait s’empêcher d’appréhender la douleur.
Bien sûr, Thomas s’était déjà égratigné plus d’une fois, et rentrait souvent de la forêt interdite mal en point, à force de s’accrocher dans les branches basses et de traverser des murs de ronces, mais c’était différent de le faire volontairement.

Murphy toutefois semblait savoir ce qu’elle faisait, et surtout prendre la chose assez au sérieux. Thomas déglutit et dirigea à son tour sa lampe vers le sol. Un couteau aurait certainement été plus pratique, mais ils n’en avaient pas. Comme aucun caillou ne lui semblait assez pointu pour faire l’affaire et que Murphy avait déjà achevé de s’entailler la paume et risquait de trouver le temps long, il hésita un instant puis, pour ne pas passer pour un guignol, porta son avant-bras à sa bouche et mordit dedans.

Il avait une bonne mâchoire, peut-être son côté loup qui ressortait, et n’eut pas de mal à s’enfoncer une canine dans la peau, y faisant perler le sang avec une grimace. Il tendit ensuite son bras vers la jeune fille et fit un pas en avant, partagé entre la fierté et le malaise, de sorte qu’elle puisse recueillir le liquide rouge qui y brillait.

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Un tour au cimetière

A la nuit tombée, il régnait une drôle d’ambiance, dans ce cimetière. Beaucoup auraient pu s’en effrayer, mais Murphy appréciait tout particulièrement que son interlocuteur ne se montre pas farouche en présence d’esprits. Selon Thomas, il n’était pas le seul loup-garou à vivre entre les murs de l’école. Le nom de Masha ne sonna pas familièrement aux oreilles de l’adolescente. Elle n’en avait jamais entendu parler, et se dit qu’à force de côtoyer les fantômes, elle en loupait, des choses… « Non, ça me dit rien… tu l’as déjà vue se transformer ? Il est comment, son pelage ? » demanda-t-elle, sans dissimuler sa curiosité. Ça les mettrait peut-être sur la piste… Peut-être que les loups-garous étaient identifiables au sein de leur hiérarchie comme un certain nombre d’animaux sauvages par leur stature ou leur morphologie… Thomas affirmait qu’il trouverait bien quelqu’un à protéger. « Ça fait comme un garde du corps gratuit, c’est cool. » commenta la Serpentard, qui de son côté, poursuivait son installation. Enfin, ils auraient tout le loisir de parler de chefs de meute plus tard… Le rituel pouvait commencer, et n’attendait plus que quelques gouttelettes de leur sang. Même si elle feignait l’indifférence, Murphy savait que ce serait la partie délicate de son entreprise… Souvent, les autres gens se montraient réticents à l’idée de se blesser, quand bien même il existait une possibilité de faire avancer la science. « Mais oui, t’inquiète, j’ai fait ça des tonnes de fois et ça fait rien du tout. » lança-t-elle, espérant que cela suffirait à le rassurer, avant de finalement se résoudre a ajouter : « Pense quand même à désinfecter, quand tu rentreras. » Conseil d’habituée… Elle s’était retrouvée à l’infirmerie en troisième année à cause d’une petite plaie qu’elle n’avait pas correctement traitée à la suite d’une expérience, et qui avait pris une drôle de couleur. Mais alors qu’elle proposait un caillou tranchant à Thomas pour qu’il s’en serve pour inciser sa peau d’un coup sec, elle fut surprise de le voir ouvrir grand la bouche et dévoiler sa dentition, avant d’abattre sa mâchoire sur son avant-bras… « Wow, on peut dire que t’y vas pas avec le dos de la cuillère. » commenta-t-elle, franchement impressionnée. On voyait qu’elle avait affaire à un loup, un vrai ! Elle approcha aussitôt la petite fiole, qui contenait déjà un fond de liquide pourpre, pour recueillir les quelques perles de sang offertes par son acolyte.

Précautionneusement, elle trempa le bâton d’ébène dans le petit flacon qui contenait quelques gouttes de leurs sangs mêlés : désormais, toutes les conditions étaient réunies pour que la convocation spirituelle ait lieu… « Maintenant, faut juste attendre un peu. » déclara-t-elle, en reposant le bâton près de son sac, sondant autour d’elle à la recherche d’un signe quelconque. Elle ignorait encore de quelle manière se manifesteraient les esprits qu’ils venaient d’invoquer, mais une chose était certaine : ces derniers les écoutaient, bien distinctement depuis qu’ils avaient pénétré l’enceinte du cimetière. Et elle les entendait aussi. Il n’y avait entre eux qu’un mur invisible, qui pouvait s’effondrer à tout moment… Ils patientèrent quelques minutes, jusqu’à ce qu’elle soit soudainement prise de vertiges. Tout à coup, elle redressa la tête, dirigeant ses yeux vers la Lune, dévoilant sa frêle gorge, quelques veines gonflées et violacées au point qu’elles semblaient prêtes à exploser. Et ses pupilles virèrent au blanc translucide, comme si elle n’était plus qu’une poupée désincarnée… Elle demeura ainsi plusieurs instants, parfaitement immobile. Et sans crier gare, elle se saisit du bras de Thomas avec une poigne ferme. « C’est donc ça le destin de ce village… désormais, les bêtes maudites envoyées par le Diable souillent avec leurs empreintes le sol de Glenmuick. De notre temps, les chasseurs seraient tous à la poursuite du loup noir venu des enfers, mais le voilà qui arpente nos rues, menaçant la sécurité de nos enfants… Merlin tout puissant, aies pitié de nous et protège nous du mal incarné par la bête lyncanthrope... » se mit-elle à articuler, avec une voix grave et caverneuse, qui semblait tout droit venue d’outre-tombe. Elle garda la bouche ouverte encore quelques instants, l’air absent, le visage dirigé vers le ciel et la mâchoire parcourue de spasmes… Et soudain, un vent froid se mit à souffler violemment entre les tombes, faisant s’envoler quelques brindilles et pétales de fleurs mortes et s’éteindre les flammes des bougies. Le cercle à la craie fut balayé par les graviers et n’était plus qu’à peine visible… Les cheveux blonds de Murphy s’élevèrent légèrement au dessus de ses épaules, avant de finalement retomber, et que ses paupières ne se closent. À tâtons, elle porta sa main à sa tempe, se réveillant doucement de sa courte léthargie avant de finalement rouvrir les yeux, dévoilant des pupilles légèrement dilatées. Cette fois, ses iris bruns semblaient avoir retrouvé leur place d’origine… Déconcertée, elle relâcha le bras de Thomas sans comprendre pourquoi elle le tenait, et regarda brièvement autour d’eux, avant d’échanger avec le jeune garçon un regard interrogateur. « … t’as dit quelque chose ? » finit-elle par lui demander, peu certaine de ce qui venait de se passer au cours des dernières secondes. Tout à coup, elle avait une sacrée migraine…

@Thomas Chastel

Emi Burton

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— Comme moi, répondit tranquillement Thomas. Enfin, de la couleur de ses cheveux, brun du coup, moi c’est noire.

Le jeune homme se demanda quelle tête pouvait avoir un loup-garou roux mais il était presque certains que son pelage serait rouge également. Plutôt effrayant.

Dans l’absolu, savoir que Murphy s’entaillait souvent la main volontairement n’était pas exactement un gage de raison, même si l’argument trouva un écho chez Thomas qui avait tendance à faire confiance en l’expérience des gens. Si la jeune fille pratiquait régulièrement ce type de sorcellerie, alors elle devait savoir ce qu’elle faisait, non ? C’était à force de pratique qu’on évitait de se blesser, ça, Thomas l’avait compris en compagnie de Duncan, et avait bien retenu la leçon.

Il ne put s’empêcher de laisser échapper un sourire de satisfaction en voyant l’air sincèrement impressionné de Murphy après qu’il se fut mordu le bras. Ca lui semblait plus naturel et facile qu’avec un caillou qui ne coupait rien du tout, et ses dents tranchaient mieux de toute façon.

Pas peu fier de lui, il suivit avec curiosité la suite du rituel, tout en se frottant le bas là où sa canine s’était enfoncée dans la peau pour dissiper la douleur. Pour quelqu’un qui ne faisait pas de magie, l’assurance et la technicité dont faisait preuve Murphy étaient impressionnant à voir et il fut presque déçu quand elle annonça qu’il fallait attendre, à présent.

Obéissant, Thomas se campa sur ses deux pieds et pour ne pas avoir l’air trop cloche, fit semblant de s’intéresser aux tombes autour d’eux. Il n’eut toutefois pas à patienter bien longtemps que soudain, à sa grande surprise, Murphy sembla prise de convulsion. Thomas ne s’attendait à rien et ne fut pas déçu, la jeune fille s’était mise à s’agiter, le regard tourné vers le ciel. On aurait dit qu’elle s’étranglait.
Pas complétement con, le jeune homme supposa qu’il devait s’agir d’une manifestation de possession dont elle lui avait parlé, mais n’était-ce pas lui qui devait se faire posséder ? Est-ce que tout ça faisait partie du plan… ? L’était de tension dans lequel semblait pris Murphy était assez impressionnant et inquiétant à voir, suffisamment pour le convaincre de faire un pas en avant, prêt à lui demander si elle allait bien, mais il n’avait pas encore ouvert la bouche qu’à sa grande horreur, la jeune fille lui saisit le bras.

Ses yeux et sa voix n’avaient rien qui évoquait la personne qu’elle était quelques instant plus tôt, on parlait à travers elle c’était évident. Thomas poussa un cri de surprise et voulu reculer mais la pogne était trop serrée sur son bras qu’il tordit pour se dégager sans résultat.

— Lâchez moi ! cria-t-il soudain pris de panique et il s’apprêta à ruer et donner un coup de pied quand la prise se relâcha, lui permettant de faire un bond en arrière, franchissant le cercle, désormais à bonne distance de Murphy.

Celle-ci recouvrait ses esprits.

— TU as dit quelque chose ! lui répondit Thomas, effaré par ce qu’il venait de vivre. T’étais possédée !

Franchement, il n’en menait pas large. La possession l’avait prise par surprise et le fait qu’elle l’attrape, parle avec cette voix affreuse et pour dire des horreurs… il y avait de quoi être un peu retourné. D’ailleurs il se sentit soudain légèrement flageolant.

— Et je ne suis PAS le mal incarné, gronda-t-il, d’un air de défi.

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Un tour au cimetière

Murphy s’était réveillée de sa catalepsie seulement un peu sonnée, comme si elle s’était simplement cogné la tête. Elle n’avait même pas senti l’âme errante pénétrer son esprit… Et si Thomas ne l'avait pas assurée qu'elle n'avait plus été elle-même, elle aurait eu du mal à le croire. Il faudrait qu'elle puisse noter ces drôles de sensations qui la parcouraient dans son carnet de recherches, avant de les oublier ! « Ah ouais ? J’étais comment alors ? » demanda-t-elle avec un enthousiasme non feint, le regard illuminé. C’était la première fois qu’elle servait de réceptacle pour quelqu’un d’autre que son frère ! Secrètement, elle espérait que ce soit quelqu’un d’important qui se soit emparé de son enveloppe charnelle. Le prêtre du village, par exemple ! Elle avait tout un tas de questions à poser à Thomas : peut-être avait-elle fait des révélations sur le village, révélé de sombres secrets que l’on pensait à jamais enfouis sous une tombe… Mais la réaction de son interlocuteur la surprit, tout comme la soudaine pâleur de son visage. « Hum, ben non… j’crois pas en tout cas ? » répondit-elle légèrement perplexe, sans trop comprendre à quoi il faisait exactement référence en prétendant qu’il n’était pas le mal incarné. Manifestement, elle n’avait pas dit que des choses très agréables… Avec optimisme, elle se dit qu’elle avait peut-être simplement été possédée par un de ces vieux bougons qui râlaient sans cesse, comme on en croisait beaucoup dans les cimetières de petits villages. A Waltham Abbey, quand elle allait changer les fleurs d’Adrian, il y en avait toujours un qui traînait sur le caveau de sa femme toute la journée, et qui lui mettait des coups de canne quand elle passait, en prétendant ne rien y voir… Mais elle, elle était persuadée qu’il le faisait exprès… !

Mais à en croire l’air effaré de Thomas, elle ne s’était pas contentée de quelques mots de travers. Il s’était reculé d’elle, comme si tout à coup… il la craignait. Elle se releva, époussetant ses genoux, et examina le cercle : toutes les bougies s’étaient éteintes, et la ligne de démarcation du cercle de conjuration était pratiquement effacé… C’était réellement déconcertant, pour elle qui n’avait pas eu l’impression d’être absente plus de quelques secondes. « Désolée Thomas, je voulais pas te faire flipper. » reconnut-elle, d’un air contrit. Est-ce qu’elle était encore allée trop loin… ? Elle avait pourtant essayé de prendre toutes les précautions possibles… Peut-être que le jeune garçon n’était tout simplement pas encore prêt, malgré ce qu’elle avait cru au premier abord. « Ça va ? On peut rentrer, si tu veux. » finit-elle par proposer en désignant le petit portail rouillé qui marquait vaguement l’entrée du cimetière, en se baissant pour ramasser les bougies pour les enfourner dans son sac. Et puis, elle se mit à s’inquiéter qu’il n’aille parler aux professeurs de ce qu’ils venaient de faire… Elle avait déjà eu des ennuis avec la direction deux ans plus tôt, à cause de ses premières expériences, et cela lui avait sévèrement compliqué la tache pour les poursuivre. Et elle n’était pas pressée que cela recommence… Cela entraverait sa progression, alors qu’elle avait enfin le sentiment de toucher une piste concrète du bout des doigts. Et puis, il n’était pas courant pour elle de rencontrer des camarades qui s’intéressaient aussi au spectre de la mort… Et encore moins un loup-garou en pleine recherche de sa quête personnelle. Il y avait tant de choses qu’elle souhaitait découvrir à son sujet, et elle ne l’avait même pas encore vu se transformer de ses yeux ! Alors, il lui faudrait trouver les mots justes pour le convaincre de ne surtout pas abandonner.

@Thomas Chastel

Emi Burton

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Murphy's law

by Wiise

Un peu sur la défensive, Thomas jugeait Murphy à distance raisonnable, des fois que ce qui avait pris possession d’elle se mette en tête de recommencer. Possession qu’elle semblait en tout cas prendre de manière plus apaisée que lui, lui demandant même des précisions sur son état.

— Heu, les yeux blancs et le coup gonflé… c’est normal ?

Le jeune homme préférait s’en assurer, des fois que les symptômes soient inquiétants et qu’il faille emmener Murphy à l’hôpital. Ceux-ci ne parurent pas alarmer sa camarade, cependant, qui prenait décidément tout ça très à la légère. Au mieux laissait-elle entrevoir des signes de perplexité toute scientifique.

A sa surprise, elle se fendit finalement d’excuses, expliquant qu’il n’avait pas été dans ses plans de l’effrayer. Thomas fut tenté de dénier la frayeur, mais cela aurait certainement manqué de crédibilité et il se contenta de hocher la tête, sourcils froncés, d’un air sévère mais entendu.

Lorsqu’elle lui proposa de rentrer, toutefois, Thomas ne sut pas quoi répondre. Une partie de lui avait effectivement envie de retourner au camp, au chaud, avec des enseignants pour superviser leurs bêtises. Une autre ne souhaitait pas l’avouer à Murphy, de crainte de passer pour une dégonflé.

Il se fendit d’un haussement d’épaule qui voulait tout et rien dire et laissa traîner quelques secondes avant de se décider à ouvrir la bouche, regard fuyant.

— Ce serait peut-être mieux, oui.

Puis, comme s’il venait de lâcher une bêtise, il s’empressa de préciser : « Faudrait que tu reprennes des forces, c’est pas rien ce qui t’es arrivé. »

Voilà qui semblait la position la plus raisonnable, tout en ayant le mérite de ne pas le faire passer pour un couard. Thomas se pencha et se mit à ramasser les bougies à sa portée, toute éteintes à présent. Vraiment, il ne serait pas fâché de quitter les lieux.

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