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(#) Sujet: Blood brothers - Partie I • Erin & Finn Dim 12 Juin - 16:42
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Dernière édition par Finnbjörn K. Sørensen le Ven 24 Juin - 16:43, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: Blood brothers - Partie I • Erin & Finn Dim 12 Juin - 17:43
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Mes doigts se faufilèrent entre les mèches brunes de mon fiancé et mes lèvres contre les siennes y déposèrent un baiser amer. Cette soirée aurait dû être la conclusion d’un long règne, un point final pour débuter ce nouveau chapitre qui me rend impatiente et fébrile. Les semaines se sont écoulées et ce n’est plus qu’une question de jours avant que les heures interminables passées à décider de menus détails ne se concrétisent en une victoire délicieuse et éclatante. Les festivités débuteront très bientôt dans le parc et nous aurions dû nous joindre à la plèbe, le temps d’un verre et d’une danse ou deux, de bien peu de temps, en réalité, que nous aurions mis à profit pour n’être que tous les deux. Peut-être que nous aurions pu faire l’effort de nous ennuyer de la présence de quelques-uns de nos camarades pour qui cette année à Poudlard était également la dernière, jusqu’à ce que l’envie de nous retrouver seuls fasse briller nos regards clairs de la même étincelle et que nous nous échappions — une discipline dans laquelle nous étions passés maîtres. Les lubies de mon jumeau en avaient décidé autrement. Malgré mon refus tranchant de l’accompagner dans cette entreprise — pourtant fort divertissante — il n’avait pas abandonné son projet et ne s’en était pas caché, me poussant à délaisser Junior pour l’accompagner. Quelle folie ce serait de le laisser y aller seul. Il avait besoin de moi, de ma cape d’invisibilité et de mes compétences. À la dernière minute, je n’avais pû me résoudre à ne pas l’accompagner. Il était si étrange, ces derniers temps, une ombre habitait son regard et une intuition indistincte me soufflait que ce serait une terrible erreur de me désister. C’en était peut-être une autre de le choisir, lui, alors que le regard lourd de déception de mon meilleur ami m’enveloppait d’une culpabilité dure à faire taire. Quelques excuses, soufflées du bout des lèvres, marquèrent mon départ.
En cet instant, je le détestais. Chaque pas qui m’éloignait du château renforçait cette colère brûlante et déployait une foule de menaces dans le secret de mes pensées. Je m’arrêtai aux premières chaumières de Pré-au-Lard, jurant en silence que s’il ne se montrait pas très vite, j’allais le lui faire regretter. Des pas légers sur le chemin qui reliait Poudlard au village m’avertirent de sa présence et repoussèrent de possibles représailles, pourtant fort intéressantes. « Ce n’est pas trrrop tôt. » répliquai-je avec un agacement notable, néanmoins apaisé par le sourire franc qui étirait les lèvres de mon frère. Il était rare qu’il affiche ses émotions aussi clairement et je ne pouvais y rester insensible. « Évidemment, tu ne peux rrrien fairrre sans moi. » Je levai les yeux au ciel avant de les plonger dans les deux prunelles jumelles qui leur faisaient face. Un instant de silence nous enveloppa, déposant sur son passage une compréhension muette. Je rendais les armes. Mon courroux reviendrait plus tard, lorsque tout ceci serait derrière nous, en fonction de combien de temps Junior allait mettre pour me pardonner cet abandon. En attendant… Un plaisir incandescent le remplaça, qui coula là où le faisait mon sang, enflammant ce dernier. Mon approbation silencieuse se chargea de répondre à sa question — bien sûr que j’avais ma cape avec moi — alors que nous continuions de nous éloigner du village et des quelques âmes sans intérêt qui s’y trouvaient. Lorsque nous fûmes suffisamment éloignés de tout et de tous, le bras de Finnbjörn se déploya comme une invitation et, une seconde plus tard, nous n’étions plus à Pré-au-Lard mais dans une rue de Londres.
Un petit soupir dédaigneux ponctua sa question. « Je me sens trrrès bien. C’est plutôt à toi qu’il faudrrrait poser la question. Tu étais prrrêt à te lancer là-dedans seul : depuis quand es-tu aussi témérrrairrre ? » Cela lui ressemblait aussi peu que la prudence m’était naturelle. Néanmoins, je refusais de lui partager cette crainte infime, noyée sous l’excitation grandissante, de mettre en danger ce à quoi je tenais tant. « Ne perrrdons pas trrrop de temps à badiner. Nous aurrrons tout le temps de le fairrre une fois cela terrrminé. » Sur ces mots, je tire ma cape et nous recouvre du tissu translucide. Assez grande pour nous deux, il nous faut néanmoins marcher l’un contre l’autre pour ne pas risquer de dévoiler nos pieds. Lesquels allaient devoir plonger dans des cabinets dégoûtants. Je réponds à la grimace de mon jumeau par une autre, identique, avant de me plier à l’exercice désagréable. Le jour où Grand-Père prendra possession du Ministère, il sera nécessaire de revoir les processus d’entrée. Même si les plus prestigieux sorciers utilisaient les cheminées mises à disposition, les égoûts ne devaient être une option que pour les criminels.
Un calme de fin de semaine et de début de soirée règne dans les couloirs du Ministère. Finn n’a évidemment pas choisi ce moment au hasard et cela facilite notre avancée jusqu’au département des relations avec les moldus. Les paroles de mon frère sont comme une douce mélodie dès lors qu’elles évoquent la disparition pure et simple de cet endroit dédié à des activités dégradantes et impures. « Je vois que tu as pensé à tout, cela ne m’étonne pas. » Si j’ai déjà douté de sa santé mentale et de son jugement par le passé, il n’en reste pas moins un stratège hors pair et un planificateur de talent. Surtout lorsqu’il s’agit de lutter contre l’influence grandissante de ces êtres qui se disent sorciers mais acceptent de s’incliner devant les moldus, cafards dénués de magie. Je consulte ma montre aux mots de mon frère. « Sais-tu à quelle heurrre exactement ? » J’imagine qu’il n’a pas laissé ce détail-là non plus au hasard. Tirant de ma poche le plan qu’il m’avait confié avant que nous transplanions, ma baguette fermement serrée entre mes doigts recroquevillé autour du parchemin, je parcours rapidement les tracés qui indiquent les bureaux et les couloirs. « Deuxième porrrte à gauche. » chuchotai-je en repliant la carte. Nous évitâmes de justesse un employé pressé — et une infection quelconque au passage — puis mes doigts s’enroulèrent autour de la poignée, ouvrant la porte après avoir vérifié que nous étions seuls. Sans un bruit, nous nous glissâmes à l’intérieur de la petite pièce qui servait de débarras. En tout cas, il n’y avait personne ici et nous pouvions attendre la diversion.
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(#) Sujet: Re: Blood brothers - Partie I • Erin & Finn Dim 12 Juin - 18:21
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(#) Sujet: Re: Blood brothers - Partie I • Erin & Finn Dim 12 Juin - 18:55
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Je laissai une grande partie de ma mauvaise humeur — revêche, comme le soulignerait Finnbjörn d’un air moqueur — à Pré-au-Lard et c’est habitée de cette excitation fébrile que je posai le pied dans les rues pavées de Londres. Malgré mon ressentiment à l’égard de mon frère, causé par le choix qu’il m’avait forcée à faire, je ne pouvais nier qu’il savait exalter mes penchants les plus profonds. Assurément, une excursion au sein du Ministère pour rappeler à ces misérables traîtres à leur sang où est leur place et celles des cafards qu’ils défendent avait de quoi m’emplir de cette sensation enivrante. La même que lorsque nous avions parcouru notre immense domaine, chassant cet être apeuré dans nos bois. La même qu’au moment où les flammes s’étaient emparées du taudis de cet homme qui avait essayé de nous berner. La même que toutes les fois où nous faisions ce qui était juste pour la prospérité des nôtres. Qu’importe les obstacles qui se dressent face à nous, nous triomphons toujours. Et ce cœur gonflant d’assurance parvient à faire taire cette petite nuance craintive qui ne souhaitait pas mettre en danger tout ce qui m’attend dans un avenir proche. Ainsi, il fallait agir, mais agir vite et bien. Se faire prendre n’avait jamais été dans nos intentions, c’est un fait, mais ce soir encore moins.
Alors nous évoluons silencieusement dans les couloirs de cet édifice qui devrait représenter toute la majestuosité de la société sorcière et qui se perdait dans ses travers depuis trop longtemps. Le pas léger, l’œil aux aguets. Armés de nos baguettes, dissimulés sous une cape, guidés par un plan qui nous offre une vision de ce qui nous attendait. Toutes les cartes sont entre nos mains, il ne tenait qu’à nous de les jouer convenablement. Non, mieux que cela : brillamment. Parvenus à l’étage qui serait la cible de notre offensive, je jetai un regard dans les alentours, scrutant les portes et les couloirs qui s’offraient ici et là, notant les détails qui me semblaient importants, rejetant ceux qui ne l’étaient pas. Mon cher frère avait vraiment tout prévu en prévoyant une attaque de la part des Détraqueurs. Quelle meilleure diversion pouvions-nous espérer ? Je baissai les yeux jusqu’à ma montre, contemplant l’heure rapidement. Si nous n’avions aucune idée de l’arrivée exacte de ces créatures, il faudrait faire avec. Comme le soulignait justement Finn, leur présence ne resterait pas inaperçue très longtemps. Si tôt que la température chuterait de quelques degrés, nous saurions que le moment de passer à l’action serait là.
Repliant la carte, je désignai à mon tendre jumeau un endroit correspondant à son envie de discrétion. Entre le débarras et le bureau, la porte nous offrit un espace restreint, croulant sous les dossiers et le mobilier de bien piètre qualité. « Ne t’attache pas trrrop au mobilier, il serrra bientôt parrrti en fumée. » ricanai-je en reportant mon attention sur lui une fois que l’endroit eut fini de m’offrir le peu qu’il possédait. Les activités qui prenaient place dans ces quelques mètres carrés étaient sans aucun doute des plus néfastes puisqu’elles agissaient en faveur de ces êtres qui polluaient un espace nous appartenant. Le sort qui l’attendait était parfaitement légitime. Un sourire se dessina sur mon visage alors que le murmure de Finn m’enveloppait d’agréables considérations. Faire partie de la Brigade, voilà l’un de nos rêves qui s’approchait de jour en jour. Nous n’avions jamais été si proches de terminer notre scolarité à Poudlard et de passer enfin aux choses sérieuses. « Ils devrrraient rrréaliser des tests d’entrrrée de cet acabit. Ce serrrait à la fois utile et diverrrtissant. » Peut-être pourrions-nous proposer des ajustements une fois parvenus à des postes qui siéraient notre rang et notre noblesse.
Rêver à l’avenir était une douce occupation. Mais nous avions un plan sur le feu que nous ne pouvions laisser brûler. Ce bureau était discret, l’homme ou la femme qui l’occupait était certainement rentré chez lui s’occuper de marmots idiots et ne reviendrait que lundi pour constater que tout était détruit. Malheureusement, s’il offrait la discrétion recherchée, c’était bien son seul avantage. Ça et une vue certaine sur l’atrium qui se dessinait par de-là les vitres poussiéreuses de la pièce. Au moins pouvions-nous constater le calme ambiant. Cela changeait des quelques fois où je m’y étais rendue et où l’effervescence agitait chaque centimètre carré des lieux. « Les détrrraqueurrrs ne semblent pas êtrrre déjà là. Que dirrrais-tu de fouiller d’autrrres burrreaux en attendant ? Nous ne pourrrons pas fuirrr parrr celui-là. » Pour appuyer mes dires, je tirai de nouveau le plan de ma manche et l’étalai sur le bureau miteux auprès duquel nous nous trouvions. « Celui-ci et celui-ci semblent êtrrre d’une cerrrtaine imporrrtance. » fis-je, me fiant à la taille que le plan reflétait et aux noms qui y étaient griffonnés, en désignant le bureau adjacent à celui où nous nous trouvions et un autre de l’autre côté. Décidément, ils mélangeaient vraiment tout et n’importe quoi. Même si les décideurs de ce département ne valaient pas mieux que les sous-fifres de tous les autres. « Ne trrraînons pas. Ils peuvent arrriver à tout moment. »
( Pando )
Dernière édition par Erin B. Sørensen le Dim 12 Juin - 19:37, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: Blood brothers - Partie I • Erin & Finn Dim 12 Juin - 19:21
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(#) Sujet: Re: Blood brothers - Partie I • Erin & Finn Dim 12 Juin - 19:57
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Cela faisait longtemps, trop longtemps, que nous n’avions pas partagé nos rêves pour en constater toutes les similitudes. C’était plaisant. Le temps passait à une vitesse folle et notre vie d’adulte nous tendait les bras, nous poussant à prendre des chemins différents par bien des aspects. Junior ferait partie intégrante du mien tandis que Finn tracerait le sien. Mais nous nous retrouverons toujours au creux de ces aspirations communes, qu’elles soient l’établissement d’une société noble et à la hauteur de cette magie qui coule dans nos veines, ou à travers notre carrière au sein de la Brigade. « Enfin, ce test ou un autrrre, rrrien ne nous empêcherrra d’atteindrrre cet objectif. » Car il ne fait aucun doute que nous allions intégrer cette élite avec une facilité légitimée par nos compétences hors-normes. Quels que soient les tests ou les épreuves, rien ne pouvait nous résister. Nous étions un binôme talentueux et notre plein potentiel serait bientôt mis au service d’idéaux que nous défendions depuis si longtemps. « Aprrrès tout, il faut détrrruirrre pourrr mieux rrreconstrrruirrre. » approuvai-je en suivant le regard de mon jumeau vers ces hideuses bannières qui offraient à la vue de tous le visage d’un homme qui siégeait à une place bien trop grande pour lui. Un jour, ce serait son tour. D’abord le département des relations avec les moldus, ensuite le Ministre. Les années ne m’avaient pas rendue plus patiente, loin de là, mais je savais contempler les prochaines étapes de l’avenir avec une certaine sérénité. Son jour viendrait.
Aussi douces soient ces projections, nous avions une mission et il nous fallait la remplir. La vue affreuse, le mobilier miteux, rien dans cette pièce ne pouvait nous retenir. Déroulant le plan, je repérais deux bureaux qui auraient de plus grandes chances de nous offrir une sortie lorsque le temps serait venu. Et peut-être une salle d’attente un peu moins pathétique que celle-ci, quand bien même il ne fallait pas placer de trop grands espoirs dans un endroit qui regorgeait de vermine. Notre courte marche jusqu’à la pièce suivante se déroule sans encombre, si ce n’est ce misérable sorcier qui manque de nous frôler, trop concentré sur ce qu’il dicte. Ses mots me font lever les yeux au ciel. Comment peut-il placer « moldu » et « relations d’entente » dans la même phrase sans avoir immédiatement envie de vomir. « Cet endrrroit a vrrraiment besoin d’un grrrand ménage. » persifflai-je alors que nous entrons dans un second bureau. Plus grand que le premier, mais voilà bien la seule différence. Hormis cela, il possède la même vue immonde sur le visage de Richard Appleton, le même mobilier de mauvais goût, et la même absence de cheminée. Mon cœur s’emballe un instant. Je sais détruire et je suis plutôt douée pour cela. Mon frère a pensé à bien des choses pour que tout se déroule pour le mieux mais nous enfuir grâce à une cheminée reste l’option la plus sécuritaire. Il nous en faut une.
Un juron file entre mes lèvres pincées. « Pas la peine de s’attarrrder ici. » Dans la précipitation de nous faire avancer vers le troisième lieu qui semblait intéressant, la porte claque dans notre dos et un employé présent dans le couloir, en train de consulter un document, relève la tête et jette un regard autour de lui, sourcils froncés, tournant sur lui-même. Nous nous figeons, mes yeux clairs s’empressent de vérifier que tous nos membres sont bien à l’abri sous la cape et je ne laisse filer ma respiration que lorsqu’il se détourne, interpellé par une femme qui souhaite lui parler du dossier Biscus. Mes doigts serrés autour de ma baguette se détendent imperceptiblement. Ignorant le regard de Finnbjörn que je sens peser lourdement sur moi, je nous guide d’un pas rendu plus prudent — beaucoup plus prudent — par ce qu’il vient de se produire.
Arrivés devant la porte, je sens un léger picotement glisser le long de ma nuque puis le long de ma colonne vertébrale. Lorsque je scrute les alentours, je ne vois personne. Rien qui nous empêche de pénétrer dans ce troisième bureau. Une nouvelle fois, aucune résistance. Le battant en bois se referme derrière nous et je jette un regard entendu à mon frère. « Bien que je ne rrregrrrette pas qu’ils nous facilitent la tâche, lorrrsque nous rrrénoverrrons ce Ministèrrre, il faudrrra penser à un peu plus de sécurrrité. » Ne fermaient-ils rien à clef ? Car, jusqu’à présent, nous n’avions pénétré que des bureaux miteux et sans importance, mais celui-ci nous offrait enfin ce que nous cherchions : une cheminée. Le socle fiché dans les pierres de celle-ci débordait de poudre verte, signe qu’elle n’était pas une simple décoration. De l’autre côté des vitres, nous n’avions pas cette fois vue sur Richard Appleton, mais sur une détestable propagande pour la paix et la tolérance. Autant de faiblesse me soulevait le cœur. Celui-ci était néanmoins soulagé d’avoir trouvé notre porte de sortie. Comme apaisé par le succès de cette entreprise, mon corps se réchauffa un peu plus, mes sens attisés par ce qui ne devrait plus trop tarder, toutes mes pensées désormais concentrées sur la destruction. Ce fut à ce moment-là que qu’une sensation de froid intense, s’insinua en moi. Mon regard chercha celui de mon jumeau. « Je crrrois qu’il est l’heurrre. »
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(#) Sujet: Re: Blood brothers - Partie I • Erin & Finn Lun 20 Juin - 22:12
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(#) Sujet: Re: Blood brothers - Partie I • Erin & Finn Lun 20 Juin - 22:49
( blood brothers | FINNBJÖRN ♚ ERIN )
Un ricanement féroce souligna les propos de mon tendre jumeau. Les faibles n’avaient pas leur place en ce monde, nous le savions depuis longtemps déjà. Seuls les forts vainquaient et seuls les vainqueurs méritaient de s’élever au plus haut. Nous étions nés dans la grandeur, la puissance, la noblesse et la pleine conscience de notre supériorité. Notre futur ne serait rien de moins. Il serait même plus, bien plus, perfectionné par nos actes. À l’instar d’un joailler polissant des pierres précieuses, nous nous appliquions à faire disparaître toutes les travers de notre société. Elles étaient nombreuses mais nous étions intraitables. Un jour viendrait où nous serions tous deux membres des tireurs d’élite, à une place qui nous revenait de droit mais que notre parfaite maîtrise de la magie avait taillé sur-mesure. Un jour, également, Grand-Père quitterait les murs moites de Poudlard, débarrassé de sa vermine, pour faire flotter ses traits élégants sur les bannières de l’atrium. Un jour, le monde retrouverait enfin sa sa place. Un jour, enfin, la seule ombre au tableau qui prenait la forme d’une maladie génitale handicapante tomberait face à son remède. Finalement, la rancune s’était envolée, remplacée par un plaisir sauvage. Ce soir marquerait l’histoire. J’étais simplement incapable de m’imaginer à quel point.
Nos pas silencieux et invisibles nous emmènent de bureau en bureau. Devrais-je dire de taudis en taudis ? Car je ne voyais guère de différence entre ces pièces où s’amoncellaient les dossiers poussiéreux et cette bicoque que nous avions rehaussée de notre présence, le temps d’une entrevue, dans l’Allée des Embrumes. Finalement, tous les rats se ressemblaient. Cette constatation me tira un reniflement de mépris. Sans rencontre la moindre difficulté, nous pénétrâmes dans un énième cabinet. Ils se ressemblaient tous, mais celui-ci avait le mérite d’être possédé d’une cheminée. Notre porte de sortie. Voilà qui lui conférait un cachet certain. Un sourire vint danser sur mes lèvres. Parfait. L’esprit libéré de ce point de détail, le reste ne serait plus qu’un plaisir entier, libéré de ses entraves. « Dans un monde parrrfait, ils n’aurrraient pas le drrroit de vivrrre autrrrement que pourrr nous serrrvirrr. » répliquai-je pensivement. J’étais trop impatiente, bien plus que mon jumeau, bien plus que mes aïeuls. Je voulais pouvoir claquer des doigts et assister à l’avènement de ce que nous appelions de tous nos vœux, tout en sachant pertinnement que cela demandait du temps. Et puis, dans le fond, si tout s’obtenait aussi facilement, nous serions passés à côté de moments délicieux comme celui-ci.
Une sensation de froid glacial interrompt nos badinages. Nos regards opalins se croisent, éclairés d’une compréhension muette. L’heure avait enfin sonnée, sous la forme silencieuse de silhouettes encapuchonnées, fidèles messagères d’une mort pitoyable. Nous étions suffisamment loin d’eux pour ne ressentir que cette gêne glacée et être épargnés par les pensées mauvaises qu’ils avaient le don de vous arracher, saignant les cœur pour les laisser vides de sens. C’était un sort charmant qui attendait les employés de cet étage. Du moins, j’espérais qu’un ou deux baisers seraient échangés, afin que la peur soit la plus totale. Finnbjörn redevint lui-même en un battement de cils, abandonnant nos bavardages pour rythmer la suite de notre soirée d’une voix implacable. Cinquante-cinq, nous attaquions. Il nous offrait soixante secondes pour faire tomber sur cet endroit un aperçu de l’enfer. C’était amplement suffisant. Le silence nous enveloppa alors que nos yeux clairs ne quittaient pas la petite aiguille qui avançait lentement vers le point d’orgue de notre soirée. Cinquante-sept, cinquante-huit, cinquante-neuf… Nos regards se croisèrent, habillés de la même étincelle de connivence.
« Gi de svake en sjanse, vi har talentet, min bror. » répondis-je avec un sourire infini et une flamme immense au fond de mes prunelles. Le temps des douces paroles était révolu, il laissait place à celui des actes. Finn fit apparaître un épais brouillard dans l’atrium qui se mit à emplir lourdement l’espace, tandis que des cris résonnaient au loin, annonçant les premières rencontres avec notre diversion. « Fenestrrra. » La pointe de ma baguette dirigée vers la droite annonça l’explosion des vitraux en des centaines et des centaines de morceaux qui se mirent à pleuvoir par-dessus les brumes de mon jumeau comme autant de gouttes acérées. Nous n’avions pas le temps de nous montrer délicats, c’était ce que j’appréciais par-dessus tout.
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(#) Sujet: Re: Blood brothers - Partie I • Erin & Finn Lun 20 Juin - 23:20
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(#) Sujet: Re: Blood brothers - Partie I • Erin & Finn Lun 20 Juin - 23:53
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Un. Deux. Trois. Nos regards se croisent, prunelles jumelles qui étincellent de la même lueur puissante. Je sens mon cœur battre plus vite, plus intensément maintenant que le moment est venu. Quelques mots de notre langue natale se déposent entre nous. Le calme avant la tempête. Quatre. Finnbjörn fait apparaître un brouillard opaque qui emplit inéluctablement tout l’atrium. Cinq. Celui-ci se retrouve plongé dans une obscurité qui sied à merveille aux cris qui résonnent quelque part à cet étage. Je prends le temps d’imaginer les silhouettes pitoyables de la vermine qui travaille ici, pourchassées par les silhouettes encapuchonnées, symboles du plus profond désespoir. Six. D’une voix ferme où brûle une excitation que je ne prends pas la peine de masquer, je fais exploser plusieurs vitres sur notre droite, envoyant danser des centaines d’éclats tranchants parmi cette mer de nuage qui obstrue la vue de nos ennemis. Car c’est ce qu’ils sont, même si l’adversaire est invisible à leurs yeux. Sept. À ma gauche, l’exclamation de mon tendre jumeau me parvient à peine, étouffée comme dans un rêve. Huit. Sa présence à mes côtés me fait oublier les risques inconsidérés de cette entreprise, de même que la culpabilité lancinante qui m’avait enveloppée tandis que j’abandonnais Junior et la promesse d’un bal dont nous nous serions rapidement enfuis. Je n’avais pas fait ce choix de gaieté de cœur mais qu’est-ce que cela changeait à la finalité ? Les dernières semaines avaient été étranges, faites de défiance et de vérités voilées comme il n’y en avait pas eu depuis si longtemps. Pourtant, en cet instant, alors que nos regards se croisaient et que nos sourires brûlaient de la même vigueur, je vibrais d’une pleine confiance. Nous étions intouchables, comme nous l’avions toujours été. Nous étions forts et nous écrasions les faibles, affublés d’un cœur malade qui ne nous empêchait pourtant pas d’atteindre les sommets. J’étais gonflée d’orgueil et aveuglée par cette sérénité qu’il ne cessait jamais de dégager.
Neuf. Quelques secousses viennent faire vaciller notre équilibre. Dix. Finnbjörn s’agrippe à moi tandis que j’écarte les pieds pour affermir ma position. Onze. C’était comme si nous avions décidé, d’un commun accord, de faire preuve de l’étendue de nos talents chacun notre tour. Lui, puis moi, et voilà qu’il ne perdait pas de temps pour tendre sa baguette de nouveau. Douze. De toute façon, du temps, nous n’en avions que très peu. Treize. Son sortilège fuse, s’éloigne de nous à toute allure, semble déposer une traînée de silence là où il passe, avant que… Quatorze. L’explosion m’arrache un rire qui supplante les hurlements qui se font plus nombreux. « Sublime. »Quinze. La vermine se mettait en branle pour riposter. Quelques éclairs lumineux mettaient encore plus en valeur le brouillard qui les étreignaient, comme un nuage chargé d’éclairs un soir d’orage. Si c’était nous qu’ils essayaient de viser, ils s’y prenaient bien mal. Néanmoins, même les plus idiots ne manqueraient pas de remarquer que seul ce bureau possédait des fenêtres brisées. De là à faire un lien évident… Les surestimais-je ? Seize. Un éclair magique zébra les confins du brouillard, plus proche de nous. C’était encore insuffisant pour nous toucher, mais le moment n’était pas venu de leur laisser trop d’occasions de se défendre. Dix-sept. « Incendio. » La langue de feu dont j’étais si familière et à laquelle j’étais profondément attachée serpenta jusqu’aux bannières sur lesquelles souriait le visage idiot du Ministre actuel, éclairant cette scène de bataille de lueurs violentes. Dix-huit. Dix-neuf. Vingt. Les secondes se suspendirent à peine alors que j’observai mon feu dévorer lentement, d’abord, puis de plus en plus frénétiquement, les lambeaux de tissu. Vingt-et-un. À mon grand regret, il ne sembla pas se propager plus loin que les traits détestables d’Appleton. Le Ministère flamberait une autre fois. Vingt-deux. Un sortilège passa au-dessus de nos têtes, nous manquant sans même nous inquiéter. Ils ne savaient toujours pas où nous nous trouvions et ils devaient, qui plus est, composer avec la menace des Détraqueurs qui continuaient d’errer dans les couloirs du Ministère. Vingt-trois
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(#) Sujet: Re: Blood brothers - Partie I • Erin & Finn Mar 21 Juin - 0:26
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(#) Sujet: Re: Blood brothers - Partie I • Erin & Finn Mar 21 Juin - 0:54
( blood brothers | FINNBJÖRN ♚ ERIN )
J’aimais assez contempler Finnbjörn utiliser des sortilèges aussi violents que ceux dont j’avais l’habitude. De manière générale, il était plus subtil que ça, là où je me montrais d’une férocité explosive. La montre de mon jumeau n’avait lancé les festivités que depuis quelques secondes que déjà le Ministère se transformait en un chaos qu’il était plaisant de contempler, du haut de notre bureau martelé par quelques secousses. Nos attaques s’en prenaient-elles aux fondations branlantes de cet empire détestable construit sur la tolérance et la faiblesse ? Je n’espérais rien de moins. Qu’ils brûlent ou qu’ils meurent touchés par des explosions, ces êtres insignifiants qui méprisaient la toute-puissance sorcière. Ils ne méritaient pas vraiment que nous leur accordions une telle importance, mais c’était nécessaire pour qu’ils retombent dans l’oubli. Les secondes voraces nous forçaient à ne pas perdre de temps. Tant mieux, puisque j’avais horreur de ça. Impressionnée par la force de l’explosion de mon frère adoré, je refusais d’être en reste en me contentant de briser un peu de verre. Tout cela manquait de feu. Déchaînant les éléments, je m’employai à réduire en cendres les banderoles où le visage pathétique du Ministre nous narguait tandis que, autour de nous, les éclairs de magie fusaient sans nous toucher. De tous les côtés, les cris résonnaient, douce mélodie de confusion et de terreur. Une symphonie dont se délectaient mes oreilles, rendue plus parfaite encore par la présence de Finnbjörn à mes côtés. Il était le seul avec qui ces moments pouvaient exister. Le seul capable de les créer et de les emmener à leur apogée en flattant mes élans les plus dangereux.
Sans montre, il était dur d’estimer le temps qu’il nous restait, mais je faisais entièrement confiance à mon frère pour nous le rappeler. Il n’était pas du genre à laisser les choses au hasard, les aiguilles n’étaient sûrement pas très loin de ses pensées, ses yeux clairs prêts à considérer les secondes passées et celles à venir. J’aurais pu rester des heures ainsi, à faire pleuvoir une succession de malheurs sur la plèbe qui se pressait dans la peur, si ce n’était le risque de se faire prendre, le risque de se faire juger, le risque de perdre ce futur délicieux que j’avais déjà délaissé ce soir. Le risque de se faire blesser. Éphémère toute-puissance ou insolente inconscience ? Le temps se suspendit, les secondes n’eurent plus d’importance. Sous nos pieds, les tremblements s’étaient accentués mais un craquement sinistre les envoya dans les limbes de l’oubli, eux aussi. En face de nous, une vitre encore intacte marquée d’un impact se fissura, lentement d’abord, comme pour nous tenir en haleine, puis elle explosa, projetant sa chair de verre brisé dans le bureau que nous occupions.
Le bras levé pour me protéger le visage, je reculai d’un pas sous le souffle de la déflagration, mes doigts encerclant le poignet de Finnbjörn pour m’assurer de sa présence à mes côtés. Lorsque mes yeux clairs retrouvèrent enfin les siens, toute mon attention l’enveloppa, s’assurant qu’il n’avait pas été gravement touché. Heureusement — pour lui ou pour le coupable de ce crime, c’était nébuleux — ce ne semblait pas être le cas. Une inquiétude similaire se faufila entre ses lèvres, trouva un sourire arrogant sur les miennes en guise de réponse. Seulement alors, la douleur lancinante éclata, me coupant le souffle et m’empêchant d’articuler le moindre mot. Ce n’était pas les fines coupures sur mon bras, causées par les débris volants, qui était responsable de cette sensation de brûlure qui enflammait mon corps tout entier. Baissant la tête avec une lenteur troublée, je vis l’éclat de verre fiché dans ma hanche bien avant d’en comprendre le sens. Quelques battements de cils brumeux précisèrent le filet de sang qui se noyait dans le tissu de mes vêtements, tâche luisante sur un tissu bien sombre. Douleur, douleur, douleur. Elle m’était familière, comme une vieille amie choyée. Les rituels aussi bien que les matchs de Quidditch m’avaient permis de la côtoyer intimement, aussi savais-je comment la ménager et ne pas me laisser terrasser par elle. Il allait falloir refermer la plaie, mais maintenant que j’avais repris mon souffle, nous pouvions terminer ce que nous étions venus faire ici. « Morrrsmorrrdre. » persifflai-je, baguette tendue vers la voûte qui répercutait les cris et les bruits sourds du spectacle qui continuait de se dérouler en ces lieux. Un filet aussi lent que tragique — enfin, tout dépendait pour qui — s’échappa de ma baguette magique. La lueur verdâtre apporta avec elle un silence de plomb, assourdissant à son apogée, alors que la Marque des Ténèbres prenait forme au-dessus de l’atrium. Les cris avaient cessé, plus aucun sortilège ne fusait. J’imaginais la vermine sous le choc, les visages levés, désemparés, vers le signe de leur chute, celui de notre suprématie. C’étaient les quelques secondes dont nous avions besoin pour que la cheminée avale toute trace de notre présence. Lorsqu’ils reprendraient leurs esprits, nous serions déjà loin. « Allons-y, min brrrorrr. Je ne tiens pas à égarer mon sang ici. » ironisai-je, une pointe de dégoût dans la voix, le teint plus pâle à chaque seconde.
DETAILS EN PLUS Et plus en détails ? Statut Sanguin: Sang-Mêlé Pouvoirs spéciaux: Vampire / Égo jupitérien Poste de Quidditch: Aucun Patronus: Une chauve-souris Epouvantard: La solitude Matières suivies et niveau: Points Défis: (1545/2000) Disponible pour un RP ?: Si t'es pas pressé, c'est d'accord ! D'autres comptes ?: Murphy / Kenneth
(#) Sujet: Re: Blood brothers - Partie I • Erin & Finn Mar 21 Juin - 18:46
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(#) Sujet: Re: Blood brothers - Partie I • Erin & Finn Mar 21 Juin - 23:44
( blood brothers | FINNBJÖRN ♚ ERIN )
La confusion régnait en maître sur le champ de bataille. Les sons et les couleurs se mélangeaient, cris de douleur et de panique sur une toile brumeuse parsemée d’éclairs magiques. Un chaos dont nous étions les responsables et dont nous savourions toute la saveur, invisibles sous ma cape, souverains silencieux qui contemplaient la chute de cette sordide vermine. La lune serait bien rouge, ce soir, et déjà je pensais à ce vin promis qui nous attendait dans le bureau de Grand-Père, déjà j’en humais les arômes de victoire, déjà je percevais le son de nos coupes tintant l’une contre l’autre, scellant des promesses silencieuses aussi vieilles que nos premiers mots. Quelques soient les chemins que nous empruntions et les différences qui les constellaient, nous revenions toujours à ce qui faisait la flamme de nos existences. Nous étions nés pour ça et il n’était pas question de nous décevoir, comme l’avait fait notre aîné. Les champs de bataille étaient assurément des spectacles captivants. Cependant, ils n’étaient pas exempts de risque — c’était ce qui faisait tout leur éclat — et même notre supériorité pouvait se retrouver éclaboussée par quelque riposte. Les proies avaient cette détestable habitudes de se débattre jusqu’à leur fin, quand bien même celle-ci était inéluctable. À quelque distance de nous, une vitre encore intacte vibra sous l’impact d’un sortilège. Une fissure s’y propagea telle une malédiction, sa course lente et folle à la fois suspendant les secondes qui s’égrenaient malgré tout, puis le verre explosa en fragments tranchants.
Nos prunelles jumelles se croisèrent, un éclat de soulagement éclairant les miennes en constatant que Finn n’avait rien, une grimace se propageant jusqu’aux siennes lorsqu’il remarqua qu’il n’en était pas de même pour moi. J’avisai ma blessure avant d’en ressentir la douleur qui emporta avec elle mon souffle et ma parole. Ce n’était rien de mortel, une simple coupure qui saignait plus que de raison. Il en fallait plus pour me détourner de nos objectifs. Mâchoire serrée, ignorant les vagues lancinantes que chacune de mes respirations arrachait à la plaie sanguinolente, je bandai toute ma concentration pour un dernier sortilège, une signature sans laquelle il serait tout à fait impoli de s’enfuir. Je n’entendais même pas les bruits de plus en plus proches dans les couloirs de l’étage, incapable d’écarter suffisamment le flou qui dansait devant mes yeux clairs pour prêter attention à autre chose qu’à mon frère et ma magie. Pendant que le feu liquide de la douleur se répandait dans mes veines — les mêmes que mon sang désertait si allègrement — l’ombre verdâtre d’un reptile immatériel se propagea jusque sous la voûte de l’atrium. Là, le serpent s’enroula sur lui-même, dessinant une marque qui faisait partie de l’histoire, poussant tous les êtres présents à lever les yeux vers elle, regards mêlés de surprise et d’effroi. Maintenant, nous pouvions rentrer.
C’est la voix de Finnbjörn qui m’ancra brutalement dans l’instant présent, m’arrachant à ma contemplation qui se faisait de plus en plus engourdie. Mes doigts s’étaient détachés de son poignet, je le remarquai seulement maintenant. Il me fallut une demi-seconde pour saisir où il voulait en venir alors que ses bras me soulevaient déjà du sol avec une précaution que je jugeais inquiète. Un ricanement amoindri fila entre mes lèvres, relevées par le sarcasme. « Je peux encorrre marrrcher. » Mais chaque mouvement tiraillait violemment ma hanche, tourmentant ma blessure, et j’étais bien aise de ne pas avoir à me mouvoir rapidement jusqu’à l’âtre, aux pieds duquel il me relâcha. Appuyée contre les pierres de la cheminée, mon attention suivit ses dernières dispositions précautionneuses, le visage crispé, la respiration sifflante. Enfin il s’empara de la poudre verte et la laissa tomber à nos pieds en prononçant d’une voix claire notre destination. J’étais incapable de dire avec exactitude si les coups qui résonnaient encore alors que nous étions emportés à des centaines de kilomètres de Londres étaient ceux que des employés zélés portaient contre la porte du bureau que nous venions de quitter ou ceux que la douleur s’amusait à projeter contre mes tempes.
Toussotant à cause de l’âpreté de ce moyen de transport — la cheminée de Grand-Père était d’une propreté impeccable, mais ça n’était pas le cas de celle dont nous provenions — je fis quelques pas en dehors du foyer éteint avant de me laisser tomber sur un fauteuil. Nous l’avions fait. Une prudence qui ne m’était pas familière m’avait poussé à refuser la proposition de mon jumeau dans un premier temps, avant que la culpabilité de le laisser faire avancer notre cause seul ne me pousse à délaisser mon fiancé pour le retrouver. Et nous l’avions fait. Un sourire sauvage et flamboyant dansait sur mes lèvres, malgré la souffrance qui pulsait entre mes côtes. Mes doigts caressèrent doucement le bout de verre, toujours fiché dans ma chair, avant de l’en arracher d’un coup sec et de le jeter au sol, tachetant le parquet de quelques gouttes d’un rouge rubis. « Que dirrrais-tu de fairrre disparrraîtrrre cette érrraflurrre avant que nous célébrrrions notrrre trrriomphe ? » fis-je à l’attention de Finn, cherchant de mes yeux opalins les siens qui devaient déborder de la même joie féroce. J’espérais que Grand-Père pourrait se libérer de ce bal sans intérêt au plus vite et nous rejoindre en ces lieux intimes. Rien ne pouvait mieux souligner notre performance qu’un regard plein de fierté de sa part.
( Pando )
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(#) Sujet: Re: Blood brothers - Partie I • Erin & Finn