—  Depuis la fin de la saison de quidditch et le dernier match de l’équipe de serdaigle, l’emploi du temps de Dmitri semblait presque vide. Il n’avait plus que des cours et ses rendez-vous quotidiens avec son aïeul pour ponctuer ses journées, et guère peu d’escapades avec des amis. Il n’y avait bien que Thomas et Michaela pour continuer de lui parler un tant soit peu sans ce soit source de dispute ou de rancune. L’aiglon s’était toujours plutôt bien accoutumé à la solitude et aux guerres intestines – il avait été formé à bonne école avec ses frères et cousins – mais il ne parvenait pourtant pas à se défaire de cet air un peu triste qui soulignait son visage depuis plusieurs semaines. Une culpabilité, discrète et sourde mais bien présente, ne faisait qu’accentuer cette impression d’être seul : Caleb était bienveillant avec lui, mais il savait que son meilleur ami était grade acier et qu’il avait écopé de plusieurs retenues par sa faute... sans doute devait-il l’en tenir responsable, sans trop oser lui exprimer verbalement cette rancune par délicatesse et parce que les sang-purs avaient toujours un minimum de solidarité qui les forçaient à garder le silence sur ces choses. Et le serpentard ne savait pas tout. Le garçon ne lui avait jamais dit ce qu’il avait raconté à Finnbjörn, paroles qui avaient valu à tous ses anciens camarades aciers de voir leur dortoir fouillé de fond en comble, si ce n’était en prime la retenue dans la forêt interdite. Depuis quelques temps, il était infiniment moins loquace avec son cousin : le silence était encore ce qui demeurait le mieux pour lui. Il n’y avait plus que son grand-oncle qui recueillait tout ce qu’il avait sur le cœur, sans qu’il ne puisse rien retenir. Le cheminement de pensée du tchèque était simple : plus il se tenait à l’écart des autres, moins il risquait d’avoir à dire des choses qu’il aurait préféré taire. Il ne l’avait pas totalement choisi, les disputes et conflits récents ayant mâchés une part du travail, mais il avait pleinement embrassé cette solitude.

Il quittait assez peu son dortoir, en dehors des cours, mais les paroles de Michaela avaient fini par le motiver à s’éloigner un peu du château, profitant d’un parc délaissé à l’orée des examens. Le ciel était chargé de nuage, assez menaçant pour que la plupart des élèves se décide à rester à l’intérieur pour réviser. Et c’était tout ce dont Dmitri avait besoin : de la tranquillité et l’absence de tableaux. Ces derniers étaient gentils avec lui, mais ils lui rappelaient indirectement combien il était désormais seul. Assez étrangement, ils lui rappelaient sa dispute avec Zeynep.

L’aiglon s’était alors posé contre un arbre, au bord du lac, à l’écart des seules silhouettes d’élèves qu’il apercevait au loin, du côté de la cabane du garde-chasse. Ses doigts refermés sur son carnet de dessin et un morceau de fusain, il dessinait le paysage qui s’étendait devant lui avec un peu de la nostalgie pour ces coins reculés de Tchéquie qu’il avait toujours aimé restituer sur du papier. Son pays natal lui manquait. Quelque part, même sa fratrie toujours si désagréable éveillait désormais en lui d’agréables souvenirs, comme si les évènements récents les avaient rendus plus amicaux que ses camarades de Poudlard. En voyant la carrure grande et musclée d’un poufsouffle qu’il ne connaissait que trop bien se détacher dans ce tableau si calme, cette aigreur nouvelle à l’égard de sa vie en Écosse ne fit que s’accentuer.

Instinctivement, le garçon abandonna son bout de fusain dans le creux de sa main gauche pour venir saisir de la droite sa baguette. Sa bagarre improvisée avec Blaze et Maxton éveillait en lui quelques palpitations, comme un rappel de la satisfaction qu’elle lui avait procurée. Se défouler ainsi, oublier toutes ces contrariétés pour ne laisser plus que la violence prendre le dessus, avait été des plus revigorants pour lui. L’enfant se releva, jaugeant le préfet de poufsouffle du regard. Comme acier, Carter n’était pas censé avoir le droit de venir parler à un grade argent, eût-il été pendant un temps dans le même dortoir que lui, mais Dmitri se moquait bien de ces nouvelles règles. Après tout, ça n’était pas tant lui qui risquait des sanctions que le plus âgé. « Je suis surpris que tu sois toujours en vie, Maxwell, après tes expérimentations toxiques... » Qu’il n’avait sans doute jamais dû faire, puisqu’il avait refusé de lui donner les ingrédients quémandés et avait involontairement mis au courant son grand-oncle à ce sujet.

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  —  Dmitri n’avait pas envie de voir Maxwell, ni lui ni quiconque d’ailleurs, mais sa présence lui était particulièrement désagréable. L’enfant était infiniment trop fier et buté pour accepter de simplement s’éloigner ou a minima prétendre ne pas l’avoir remarqué. Ça aurait été trop simple et il n’avait pas encore eu assez de temps pour digérer l’humiliation qu’il lui avait infligé au travers de sa gueulante. Il avait besoin d’une vengeance, et d’une plus frontale, il allait sans dire.

Tout chez lui l’énervait, jusqu’à ce petit ricanement ridicule et méprisant. « Je vois ça, comme tous les insectes, tu es tenace. » persifla-t-il du tac au tac, conscient que les provocations n’avaient jamais eu grand effet sur son aîné jusqu’à présent. Il avait l’impression de revenir un an auparavant, au même endroit face à ce maître chanteur qui avait pourri plusieurs mois de sa scolarité et ce, sous le silence coupable de son propre cousin. C’était l’un des rares griefs qu’il avait à son égard et il ne s’en était d’ailleurs jamais caché, de même qu’il avait toujours assumé devant Caleb ne pas supporter son meilleur ami.

Si Maxwell pensait le vexer en mentionnant ses parents, la remarque fit effectivement mouche, mais sûrement pas de la façon qu’il pensait. Malgré l’infinie étendue de bêtises et d’oppositions qu’il avait faites et ressenties à l’égard de ses géniteurs, Dmitri ne les trahirait pas, pas plus que son grand-oncle... mais ce faisant, il se retrouvait constamment pris entre sa loyauté inévitable pour sa famille et ses propres pensées et désirs, souvent aux antipodes de ceux des autres van Aken. Et ça causait à présent sa perte, en partie du moins, finissant inexorablement par se disputer avec ses proches. Au-delà de sa dispute avec Zeynep, ses révélations sur sa présence non loin de la tour privilège et l’existence d’un tableau qui l’avait incité à s’y rendre avait été une ombre suffisamment importante pour qu’aujourd’hui encore, elle occupe une grande partie de ses pensées. Ce doute qui l’habitait était ce qui le poussait le plus à s’isoler. « Je n’ai pas besoin de jeter qui que ce soit sous les ponts, je suis pistonné, tu te souviens ? » Il reprenait à son compte les propres mot de préfet, parlant d’une voix nerveuse et intense qui trahissait l’impact qu’avait les paroles du plus âgé sur lui.

Sa main droite le démangeait, comme si sa baguette était animée d’une volonté propre et l’incitait à attaquer. Ça ne serait pas la première fois qu’il se prenait à plus grand et sûrement plus expérimenté, qu’il courait droit vers une défaite assurée, mais il se sentait pousser des ailes. Une confiance excessive en ses propres capacités, la raison étant défaite par une colère assourdissante. L’attaquer discrètement, faire poindre au détour d’un couloir quelques pustules sur le corps de ce gros bêta, n’était plus suffisant. Un sourire perfide fendit son visage. « Alors ? Qu’a pensé Caleb de tes tentatives de potionniste raté ? » L’aiglon n’avait pas besoin de feindre la moindre innocence : il savait très bien que le poufsouffle n’avait guère besoin de faire fonctionner ses rares connexions neuronales pour comprendre que le tchèque avait parlé son cousin, tout comme il l’avait fait – quoique sous la contrainte – à son grand-oncle. Ce qu’il espérait à présent était que le serpentard lui avait fait montre d’autant de colère qu’il avait cru percevoir chez lui en lui racontant le pot aux roses. Il ne voulait pas faire de peine au jeune Avery, mais s’il apprenait que leur amitié était compromise, il ne risquait pas d’être le plus affecté par la nouvelle.

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  —  La réputation de Dmitri était faite. Élève chahuteur et problématique, mais favorisé par son nom et son oncle, capable de dénoncer ses proches pour son intérêt et – pire ! – de prétendre accorder de l’aide à quelqu’un pour mieux alerter le maître des potions. Pourtant, un instant, il avait réellement envisagé d’aider Maxwell. Tant que ça n’impliquait pas une bêtise trop importante pour s’attirer des ennuis auprès d’Alexander, il aurait pu accepter de le faire pourvu qu’il en tire un intérêt... il aurait sûrement eu le droit à une sanction du vieil homme, mais le jeu aurait pu en valoir la chandelle. Voler dans la réserve du dernier sous-sol n’était en revanche pas possible, encore moins alors qu’il s’agissait d’ingrédients dangereux qui pouvaient servir à la confection de poisons mortels. Le souvenir du bal de Noël de sa première année était inscrit dans sa mémoire au fer rouge, assez puissant pour le dissuader de donner de quoi tuer quelqu’un à un élève comme le poufsouffle. En d’autres temps, il aurait pu se satisfaire d’un silence, mais le veritaserum qu’il était forcé d’ingérer chaque soir ne lui laissait d’autre choix que de dévoiler le pot aux roses, forçant cette réputation de balance qu’il n’avait peut-être pas totalement volée. Après tout, il avait bien donné au directeur – par le biais de son petit-fils – de quoi lui servir de prétexte pour sanctionner plus encore ses anciens camarades aciers. Il ne ressentait pas pour autant de la culpabilité. Carter l’avait cherché, de même que les autres aciers qui parlaient sur son dos. Il n’y avait qu’à l’égard de Michaela qu’il pouvait avoir pareil sentiment, n’osant plus trop lui envoyer des courriers ces derniers temps.

Le préfet lui renvoyait la balle des insultes avec un petit sourire irritant sur les lèvres, comme si rien ne pouvait réellement l’atteindre. L’aiglon avait toujours trouvé chez lui cette attitude frustrante : s’il n’était point possible de le vexer avec des mots et ainsi de le pousser à la faute, Dmitri était pour sa part très réceptif à ces choses. Il avait conscience qu’à ce petit jeu, il serait sûrement le premier à perdre patience et, par la même occasion, la face. « Tu prends les choses dans le mauvais sens, Carter. » Il savait déjà qu’il allait regretter ses paroles, qu’elles lui causeraient sans nul doute du tort ou qu’a minima, elles finiraient par lui être retournées pour le critiquer... mais face au poufsouffle, il sentait poindre une envie de moquerie un peu amère. Quitte à être qualifié de balance, il avait besoin de panser son orgueil durement touché ces derniers temps, n’hésitant plus à se dépeindre d’une façon tronquée et à double tranchant. « Mon oncle ne m’a pas remonté, j’ai juste séjourné parmi les parias pour servir d’informateur. Maintenant que le directeur à toutes les informations dont il a besoin, on m’a remonté. » C’était évidemment un tissu de mensonges, mais confirmer l’inverse serait admettre que Maxwell avait en partie raison et qu’il n’avait été remonté que grâce à l’intervention de son aïeul. Et si, pour une fois, il pouvait ne pas être le vilain petit canard que l’on sauvait encore et toujours de la panade, il s’en porterait aussi bien. Sans compter qu’il n’aimait pas l’idée d’être la honte de son « tonton ». Malgré toutes ses frasques, il avait envie, au fond de lui, de le rendre fier. Comme peintre magique, comme sorcier... ou plus simplement comme membre de la famille, parce qu’être le dernier né facilement oubliable des van Aken n’avait jamais été séduisant.

Dmitri se tendit en entendant le diminutif de son ancienne amie. Son préfet savait-il à quel point ce nom pouvait-être lourd de sens ? « Ah oui, il t’a ouvert les yeux ? » Sa voix transpirait l’amertume. L’idée que son cousin puisse réellement parler sur son dos avait traversé son esprit, s’insinuant en lui tel le plus tenace des virus. Il était gentil avec lui, attentif et protecteur, mais avec son ami, se pouvait-il qu’il le critique ? Ses muscles se tendirent. Zeynep, Caleb... et si finalement tout le monde lui tournait vraiment le dos ? « C’est marrant, de mémoire il avait plutôt l’air d’avoir des comptes à régler avec toi. » Il n’était plus à une exagération près et si cela pouvait énerver un peu son interlocuteur, il voulait bien romancer tous les courriers qu’il recevait du serpentard. « Quant à Zeynep... j’espère que t’as conscience qu’elle était bien contente d’apprendre que ton meilleur ami était à l’infirmerie, après l’explosion de la tour. » Il n’avait toujours pas digéré leur dispute. « Mais j’imagine que toi aussi, tu devais t’en moquer éperdument. »

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  —  Les hostilités désormais lancées, Dmitri s’embourbait dans son histoire pour ne pas perdre la face. Rien ne semblait atteindre son adversaire. Pas une provocation, pas une insulte ne parvenait à ébrécher ce sourire idiot. Pour un tempérament de feu comme celui du garçon, le calme olympien de Maxwell se révélait être la pire des déclarations de guerre. Il n’en était pas à sa première confrontation avec plus âgé que lui, toute son enfance avait été bercé par les disputes avec ses frères et cousins, bien souvent déséquilibrées en sa propre défaveur... mais c’était assez différent face au poufsouffle. Étrangement, il ressentait avec plus de dureté les critiques qui venaient de l’extérieur, particulièrement celles de quelqu’un qui pouvait se targuer de mettre de la distance entre lui et son cousin, l’une des rares personnes dont il avait encore l’impression d’obtenir un peu de soutien. L’agression était plus forte, plus perfide, fissurant sa coquille de dédain tranquille pour laisser apparaître la colère qui consumait son cœur.

Le préfet se moquait de lui, tournant en dérision ses paroles, mais s’il y avait une chose dont l’aiglon ne manquait pas, c’était de quoi répondre à ses gausseries. « Entre autres, oui. » Partager brièvement, deux ou trois semaines, le dortoir avec lui n’avait pas été de tout repos, mais Misha et Blaze savaient plutôt bien se montrer désagréable aussi. Tout du moins pour le dernier... le russe avait un aspect plus simple à gérer. « Tu ne crois quand même pas que les fouilles dans le dortoir ont été décidées par hasard ? » ricana-t-il sans qu’une once de fierté ne l’habite réellement. Il avait effectivement mis en garde Sørensen mais jusqu’à présent, il ne s’en était pas vanté. Michaela lui avait soufflé quelques paroles prudentes et lui, dans toute sa frustration, en avait répété certains des propos au norvégien. Une vengeance amère et si peu satisfaisante, encore plus alors qu’il apprenait que ses anciens camarades de dortoir allaient passer une partie de leur nuit dans la forêt interdite.

Ses paroles étaient déraisonnées, poussées pour l’irritation que provoquait merveilleusement bien Maxwell. Dès lors que Caleb avait été évoqué, le tchèque avait senti une pointe de rancœur transpercer son cœur et son rythme cardiaque s’emballait. Le nom de Zeynep n’avait été qu’une goute de plus dans un vase déjà débordant. Au fond de lui, il savait que son interlocuteur jouait de ça et qu’il ne pouvait être cru lorsqu’il clamait que le serpentard déclarait son cousin indigne de confiance, mais pour l’heure, il s’était laissé envahir par la colère qui le rongeait, ignorant presque totalement les dernières paroles du plus âgé. Son ancienne amie de troisième année n’importait plus pour l’heure, pas plus qu’il ne portait d’intérêt à savoir si Carter le croyait ou non. « Le seul menteur, parmi nous, c’est toi. » répondit-il en grinçant presque des dents, reprenant inconsciemment les mots de l’autre. Sans plus attendre de répondre, ni même réfléchir à la réelle portée de ses actes, il se laissa pleinement consumer par la violence grandissante en lui. Il était toujours aussi satisfaisant de ne plus contenir la frustration, la laissant simplement se déverser au travers de ses poings ou de ses sorts ; puisque les mots ne suffisaient pas à ôter ce sourire stupide sur le visage du préfet, alors peut-être qu’en le forçant à cracher des limaces plutôt que ses insultes, il finirait par gommer ce rictus.

Le projet éveillait déjà en lui les premiers frissons de plaisir. Et qu’importe qu’il soit face à plus mûr et plus expérimenté ; même s’il courrait droit vers une défaite, il voulait au moins le voir se tordre hideusement face aux assauts des gastéropodes. Juste quelques secondes de spectacles sauraient être suffisantes, et sa prochaine vengeance serait de le voir, lui l’acier de septième année, rendre des comptes pour avoir attaqué un argent de deuxième. Il releva sa main droite, qui tenait la baguette, et visa la poitrine de sa cible ; ils étaient assez proches pour que le geste soit facile et rapide, mais dans sa précipitation – il ne voulait pas lui laisser le temps d’éviter ou de se défendre – sa prononciation fût trop hasardeuse, l’accent typique de son pays natal venant écorcher le deuxième mot. « Limacius erecto ! » La nuance était faible, mais pour une fois peut-être aurait-il dû écouter son grand-oncle lorsqu’il lui demandait de travail les inflexions anglo-saxonne plutôt que de se complaire dans sa fierté Praguoise. Ça n’était pas la première fois que la linguistique lui jouait des tours, sa langue roulant un peu trop sur des incantations plus rudes.

Un jet quitta pourtant bien sa baguette, fusant vers le blaireau en même temps qu’il souleva un intense sentiment de satisfaction chez l’aiglon... avant d’échouer sur le torse de l’autre garçon, ne laissant derrière lui que quelques étincelles de magie. Nul dégât, nulle limace n’était à déplorer. Décevant.

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Dé lancé ici*.
Même avec la chance supplémentaire de la tombola, je me fais victimiser par le dé.

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  —  Se dépeindre comme un véritable petit espion à la solde du directeur finirait par sûrement par lui causer du tort, mais à l’instant présent, il savourait cette sensation de pouvoir que lui conférait cette demi-vérité. Rien n’avait été planifié, il n’avait jamais été envoyé par l’ami de son grand-oncle, mais il avait pourtant bien participé à dévoiler quelques informations, par esprit de vengeance et de rancune un peu puérile. La surprise qu’il avait lu un instant sur le visage du poufsouffle valait bien toutes les confrontations que le futur lui préparait. Ce court moment de victoire était jubilatoire et réveillait en lui ses instincts de compétiteurs. Il avait l’impression de retrouver ces petites guerres intestines que les enfants van Aken se menaient parfois, durant leurs vacances dans la campagne tchèque.

Le plaisir fut de courte durée, mais il était juste assez long pour que Dmitri se sente pousser des ailes et voit sa confiance croître en lui. Plus rien ne pouvait l’arrêter, encore moins un idiot comme l’était ce Carter. Pour autant, il avait beau être un béta de la pire espèce, il marquait un point et enfonçait le clou dans la solitude qui habitait l’aiglon depuis plusieurs semaines. Il n’osait plus trop parler à Mikaela et sa dispute avec Zeynep n’avait laissé derrière elle que désolation. Il y avait bien quelques camarades plutôt sympathiques, mais mis à part Thomas, il n’avait guère l’impression de pouvoir compter sur l’amitié de qui que ce soit. « Inutile de t’inquiéter pour moi, je sais mieux m’entourer que mon cousin. » Qu’il aille lui raconter ses propos si ça lui chante, le garçon n’avait jamais caché à Caleb son dédain pour le poufsouffle. Ce serait mentir de dire qu’il préférait être seul que mal accompagné... et pourtant, il avait douloureusement dû mettre de la distance entre sa camarade née-moldue et lui pour protéger des choses qui le dépassaient. Depuis quelques mois, il avait délaissé une partie de son enfance au profit de ce qui se tramait dans les couloirs souterrains du manoir des van Aken. Il y avait certaines choses qui ne pouvaient être partagées, et celles-ci en faisaient partie. Sa vie n’était plus totalement sienne.

Assez vite, en réalité, il avait vu les limites de la parole. Maxwell n’était pas homme à se laisser avoir par l’orgueil, sûrement n’avait-il aucune estime de lui-même pour n’être ainsi jamais affecté par les provocations. Face à ce dédain, le jeune tchèque était indéniablement perdant : lui ne supportait de voir son honneur bafoué. Il avait trouvé injuste d’être accusé pour des actes qu’il n’avait commis que sous la contrainte – celle du veritaserum ou celle infiniment plus psychologique de son grand-oncle – et il n’aimait pas se voir réduit au rôle de petite balance sans panache. Il ne prenait pas du plaisir à voir certains de ses proches soumis aux restrictions infâmantes des grades et pourtant dès sa première remontée, avant l’explosion, on lui en avait tenu rigueur comme s’il était un complice de la première heure. L’injustice pesait durement sur son cœur et le poussait à leur donner raison, abandonnant l’idée de se défendre avec des mots. Puisqu’on ne l’écoutait pas, puisque les paroles ne suffisaient pas, il passait aux actes. Et c’était satisfaisant, comme si l’on venait de libérer un animal gardé en cage trop longtemps.

Le premier sort fut un échec tonitruant et d’autant plus insultant que sa cible ne prit même pas la peine de s’inquiéter ou de se défendre. Il se gaussait encore et toujours de lui, ignorant la menace qu’il voulait représenter. « Parler avec un décérébré ne m’avance à rien. Je préfère m’amuser. » Pour la première fois depuis leur entrevue, il semblait enfin parler avec le cœur. La joute verbale n’avait fait qu’accentuer sa tristesse, là où les sorts lui permettaient de la libérer.

À bien y réfléchir, son aîné avait une caboche bien grande pour y abriter autant de vide. D’un sourire mauvais, il ignora le geste de la main de son adversaire. Il ne voulait pas riposter ? Grand bien lui fasse, il ne voyait aucun inconvénient à attaquer quelqu’un qui n’essayait même pas de se défendre. « Reducto Cranius » Une nouvelle fois, des étincelles jaillirent de sa baguette pour aller toucher le bas du crâne de sa cible, non loin des yeux. C’était bien visé, mais Dmitri n’avait jamais lancé ce maléfice auparavant. Il n’avait fait que le voir dans un livre, le contre sort d’un autre tout aussi séduisant... mais le manque d’expérience sembla avoir raison de lui, la tête de son adversaire ne daignant pas rapetisser d’un millimètre.

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Dé lancé ici*.
Carla, sors de ce corps

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  —  S’il y avait une chose que Dmitri pouvait éventuellement envier à son cousin, c’était sans doute de ne pas être pris entre plusieurs feux, forcé d’être seul et abandonné par ceux qu’il avait un temps considéré comme des amis. Il était peut-être indépendant, mais la solitude se faisait progressivement plus pesante au point qu’il parvenait presque à repenser à ses bagarres fraternelles avec une réelle nostalgie. Ce souvenir contribuait à alimenter la colère qui brûlait en lui et le poussait à faire avec Maxwell ce qu’il avait toujours fait avec ses frères : se battre. La différence était qu’à présent, il avait une baguette pour attaquer, quand bien même le combat n'était pas équilibré. Mais avait-il déjà mené une seule bagarre qui le soit ? Il était le plus jeune, le dernier né des van Aken ; celui qui était inexorablement plus petit et plus freluquet que ses homologues. Et puis il fallait admettre qu’il n’avait pas hérité d’une carrure très imposante. Si son père, son grand-père ou même son grand-oncle étaient assez grands, le côté maternel avait eu tôt fait de ralentir sa croissance... et chose dramatique, il était celui des enfants qui avait le plus pris de sa mère. Son visage semblait être une copie miniature de celle de son géniteur, mais la taille n’était pas au rendez-vous. Alors face à un garçon grand et manifestement beaucoup plus musclé, comme l’était le poufsouffle, il avait aucune chance. Il n’en avait pas eu non plus face à Misha, mais son physique avait au moins laissé un espoir de pouvoir se défendre.

Non, ici la baguette était encore le mieux. D’autant que l’aiglon n’était pas mauvais en la matière. Il était d’ordinaire parmi ceux de sa classe qui se débrouillaient le mieux en défense contre les forces du mal. Alors certes, contre un élève de septième année, fut-il un cancrelat, il ne tiendrait pas longtemps, mais il escomptait bien faire un tant soit peu mouche. Mais l’ardeur qui brûlait en lui le rendait incapable du moindre sort, poussant son accent natal à venir écorcher la moindre des incantations qu’il tentait. Un premier échec, ne soulevant que moqueries puériles du plus âgé, puis un second qui cette fois-ci apporta une réaction du préfet, d’abord badine puis magique. En réaction au sort de ce dernier, la baguette du tchèque s’arracha à sa main malgré sa poigne ferme et décidée, s’envolant un peu plus loin dans l’herbe. Les yeux du garçon suivirent le petit objet en bois, une lueur inquiète brillant dans son regard. Ça n’était pas tant pour le fait d’être désarmé face à un adversaire que parce qu’il craignait de la perdre de vue ou, pire, qu’elle ne tombe dans le lac. Celle-ci alla choir au sol, quelques mètres plus loin, trop pour que Dmitri ne puisse se jeter dessus et riposter rapidement. « Le temps où tu pouvais me faire chanter est loin, Carter. » Il parlait d’un ton ferme et sûr de lui. Il ne craignait pas l’expulsion, désormais, et si l’un d’eux devait quitter l’école avant la fin de l’année, il y avait fort à parier que ce soit l’acier au sang impur qui en fasse les frais. Quant à la retenue, s’il ne parvenait à y échapper par le secours de son grand-oncle, il n’aurait aucun scrupule à ne point s’y rendre : c’était acté depuis longtemps, il avait prévenu son aïeul, désormais il n’escomptait plus fournir des efforts pour se voir malgré tout rétrograder. « Si tu me donnes une retenue, je me ferais un plaisir de l’ignorer royalement. » Ce qui était parfait vrai. « Peut-être même que le professeur de potions trouvera que cet abus de pouvoir mérite que tu fasses toi-même la retenue. » Là, il fanfaronnait clairement. Alexander avait bien distribué plusieurs retenues à tort et à travers à ceux qui avaient l’outrecuidance de manquer de jugeote, comme Zeynep ou lui, mais au point de retourner une sanction de son petit neveu contre celui qui l’avait édicté... sûrement pas.

Bien loin de vouloir terminer ainsi sur une défaite, sans s’essayer à une nouvelle riposte, sûrement l’ultime tentative, l’enfant se précipita vers sa baguette, prenant le risque de devoir tourner le dos au poufsouffle. Ses doigts se refermèrent sur le bois de prunellier et il se retourna vivement, brandissant une nouvelle fois sa baguette.

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Dé de la baguette ici*.
Vu que le dé a décidé de me douiller, je considère que Dmitri n'a pas le temps de tenter un sort directement, je vais devoir attendre mon prochain post.
En revanche, si Max relance un sort avant que Dmitri n'agisse, ce dernier aura sûrement le temps de tenter un protego (avec le traditionnel échec au dé)... (si jamais c'est le cas, je peux toujours lancer le dé avant que tu postes si tu veux pouvoir l'inclure directement dans ton post).

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