J'agite bêtement la main en direction de Charles qui remonte le long du couloir menant à sa salle commune et reste là, une seconde, à attendre qu'il disparaisse dans le grincement crispant de la porte du terrier des blaireaux. Un soupir m'échappe presque malgré moi. Parfois, comme aujourd'hui, je me dis que le hasard fait bien les choses. Je veux dire... Je me contentais de remonter des serres après avoir passé deux bonnes heures à dessiner des morceaux de plantes un peu moches pour mon devoir supplémentaire de Botanique quand nos chemins se sont croisés à une centaine de mètres du Hall. Ça m'a fait plaisir. C'est stupide, vraiment, mais ces derniers jours, j'ai l'impression que ça ne va pas si mal que ça... ou en tout cas que j'arrive à me concentrer sur les choses positives. Un devoir avec Harriet qui fait qu'on se voit un peu plus, une lettre de Maman même si clairement elle est si maladroite que c'en devient blessant – positif, on a dit – et maintenant cette entrevue surprise mais agréable... On s'est pas dit grand chose mais je m'en fiche, le silence n'est jamais pesant en sa compagnie. Contrairement avec le reste du monde, en général...

Ce n'est que lorsque Poufsouffle se referme sur les secrets qu'il contient que je réalise que je suis toujours là, planté dans le passage, à fixer d'un air absent le vide qui s'étend devant moi. Je secoue doucement la tête, un peu mal à l'aise face à ma propre stupidité, et remonte mon sac de cours sur mon épaule avant de faire demi-tour dans l'espoir de reprendre le chemin des escaliers... Enfin... ça s'était le plan de base parce qu'en me retournant, je tombe nez-à-nez avec le capitaine de l'équipe... Noah, je crois. Je sursaute malgré moi et pique un fard, comme bien trop souvent dans mes journées. Je baisse les yeux et passe un peu nerveusement la main dans ma nuque.

— Désolé, je... je t'avais pas vu.

On ne se connaît pas plus que ça, je sais juste qu'il est une année au-dessus de moi et qu'il est capitaine... Mais bon, ça n'empêche pas la politesse... Enfin... j'imagine.

— J'allais rejoindre les escaliers et...

Mais je me rends compte que je n'ai pas à me justifier seulement une fois cette maudite phrase commencée... alors elle meurt sans n'avoir jamais connu de fin et je dois avoir l'air encore plus pathétique. Est-ce que je suis censé le contourner et reprendre mon chemin ou...? Je sais même pas. Sérieux, achevez-moi.

Maman a passé sa vie à me répéter la même chose : « fais attention où tu mets les pieds », « regarde devant toi quand tu marches », « pour l'amour du ciel, Sidney, arrête de rêvasser »... mais je dois bien reconnaître, aujourd'hui encore, que ça a pas eu beaucoup d'effet. Je sais qu'il se passe plus de chose dans ma tête que dans la vraie vie, souvent, alors quitte à devoir être concentré sur un truc... surtout quand je suis tout seul... Et puis, Poudlard est grand, il y avait quoi comme risque qu'il y ait quelqu'un juste derrière moi ? Limite zéro, je suis sûr ! Je bredouille quelques excuses qui font un peu pitié, un début d'explications avorté et puis... et puis rien, en fait. J'ose pas trop prendre la fuite parce que j'ai pas envie d'avoir l'air impoli mais je suis pas sûr que de rester planter là soit du meilleur effet... Alors je me dis bêtement qu'il finira bien par bouger. De toute façon, je dois aller dans ce sens donc... je peux prétendre qu'il bouche le passage et... non, en vrai, même pas... Je veux dire... il est pas gros au point d'empêcher qui que ce soit de passer à côté...

— Pas besoin de te justifier… C'est de ma faute aussi. J'étais ailleurs.

Je relève prudemment les yeux vers lui, un sourire compatissant sur les lèvres. Au moins, on se comprend sur ce point ! C'est déjà ça. Il va pas partir en bougonnant ou m'engueuler pour pas grand chose. On s'est même pas rentrés dedans de toute façon donc ça va, le pire a été évité. J'ai juste encore eu l'air stupide. Son regard se perd derrière moi et je ne peux m'empêcher de le suivre... en direction de la salle commune de Poufsouffle. Oui, j'avoue, ça doit être louche de rester là à fixer un couloir désert qui est même pas le nôtre mais je fixais pas réellement un couloir désert qui est même pas le nôtre... Il doit sûrement le savoir, s'il était aussi ailleurs que moi, de toute façon. Je m'attends à ce que ça en reste là, parce qu'il y a rien, et qu'on reprenne notre chemin chacun de notre côté, peut-être sur un « à plus tard » qui n'aura jamais d'existence ou qu'on remonte ensemble jusqu'à Serdaigle si c'est sa destination... même si ce serait clairement gênant... Mais quand il reprend la parole, ça n'est pas vraiment ce que j'imaginais :

— Tu… hum… connais Charles ? Il est pas … Bizarre avec toi ?
— P-pardon ?! que je hoquette sans trop comprendre.

Il... il nous a suivi ? Mon regard se fait plus suspicieux, moins rassuré peut-être aussi.

— Non, il est pas bizarre. Pourquoi il le serait ?

Lorsque ma voix me parvient, elle m'a l'air sur la défensive... Et même sans rien avoir fait de mal, je trouverais ça louche. Je repense machinalement à Noël, aux courriers, aux rumeurs qui m'ont fait flipper... Mon estomac se noue presque aussitôt. Je crois que j'aime pas ce qui est en train de se passer...

Il ne faut qu'une seconde pour que la situation m'échappe et dérape complètement. J'étais là, sans rien demander à personne et lui il débarque et il pose des questions foireuses auxquelles j'ai pas vraiment de réponse... Est-ce que je connais Charles...? Oui...? Un peu...? Je ne suis pas sûr qu'on se connaisse vraiment mais je l'apprécie, c'est évident. Il est tout ce que j'aime bien chez les gens alors c'est toujours rassurant, reposant de passer du temps avec lui... Mais comme il est pas hyper bavard non plus, je peux pas dire que je le connais vraiment... Et est-ce qu'il est bizarre avec moi...? Pas à mes yeux mais je sais même pas ce qu'il entend par là. Charles est... surprenant... je pense. Déjà, rien que de le voir avec des gants quasiment tout le temps, ça étonne un peu... Et puis je pense que son silence doit perturber plus d'une personne... Moi je sais pas, je le trouve pas si bizarre que ça. On se ressemble un peu trop pour ça, je pense. Noah se rend compte de l'indiscrétion et de la gêne que ses questions font monter chez moi – ou du moins c'est comme ça que je le prends – et son regard se fait fuyant. La tension est palpable dans le couloir. C'est désagréable. Je regrette de m'y être attardé.

— C'est pas ce que je voulais dire… Enfin si.. Mais pas comme ça.

C'est à dire ? Il voulait bien juger mon ami mais en y mettant les formes ? Je n'ai jamais entendu grand chose de mal sur ce gars-là – en dehors des gens qui se plaignaient des défaites de Serdaigle au Quidditch mais on s'en fiche de ça – mais l'impression qu'il me laisse n'est vraiment pas très bonne. Je m'agite un peu, mal à l'aise.

— Je sais pas. A chaque fois que je le croise, j'ai l'impression de me faire fusiller du regard. Je ne sais même pas pourquoi.

Il sait pas pourquoi ? Sérieusement ? S'il est avec lui comme il est avec moi, j'ai aucun mal à le comprendre, perso ! J'imagine ce pauvre Charles se faire agresser par un inconnu en mode « pourquoi t'es bizarre ? » et rien que d'y penser ça m'angoisse pour lui ! Je m'efforce de hausser les épaules au lieu de déguerpir sur le champ. Je ne sais pas si je ne préférais pas les rumeurs de Noël à l'idée qu'on s'en prenne à lui. Non pas que j'ai envie de le défendre ou que je prenne à cœur ce qu'on peut penser de lui, ça me regarde pas... mais quand même, ça ne se fait pas !

— Il... Enfin... J-je pense pas qu'il soit du genre à... s'en prendre aux gens pour rien... alors... alors peut-être que t'as fait un truc ou... ou dit un truc... Enfin...

Je m'enfonce à chaque mot, c'est pathétique. Ça me regarde même pas en plus, sérieusement ! De quoi je me mêle...? Tu dis « je le connais pas tant que ça » et tu te casses... mais non, bien sûr, faut mettre les pieds dans le plat, sinon ce serait pas drôle. En fait, je retire tout ce que j'ai dit, je déteste cette fin de journée !

Je ne sais même pas quoi vraiment lui répondre, moi... Charles ne l'aime pas, qu'est-ce que j'y peux ?! Je ne lui ai jamais demandé la liste de ses amis, de ceux qui ne l'étaient pas... J'y suis pour quoi, moi ? Et puis, d'où il sort, lui, même ? Pourquoi il s'intéresse à la façon dont Charles est avec moi...? Il est jaloux, c'est ça ? En vrai... peut-être... Et ça me calme presque d'un coup... Peut-être, oui... J'y suis pas plus pour quelque chose mais... mais je peux compatir, c'est à mon niveau... Et je préfère bêtement ça à l'idée qu'il puisse se poser des questions sur... Bref. Il relève les yeux vers moi, son regard a l'air... triste ? Déçu ? Vexé ? J'arrive pas vraiment à savoir... Quelque chose de pas très positif en tout cas... Bah quoi...? Qu'est-ce qu'il voulait que je lui dise, aussi...? Je le connais pas si bien que ça, Charles. Je fais avec les infos que j'ai... et les infos que j'ai c'est que c'est un garçon adorable, d'une douceur incroyable et que s'il aime pas quelqu'un c'est probablement que le quelqu'un en question a fait un truc de travers. Je changerai peut-être d'avis plus tard, je dis pas, mais en attendant, tout va à peu près dans ce sens...

— Tu crois … ? Pourtant… Je ne me souviens pas lui avoir mal parlé ou fait quelque chose de mal…

Je hausse les épaules... Je sais pas. Une moue incertaine passe sur mon visage, un sourire désolé s'y attarde un peu plus longtemps. Il a l'air aussi mal que moi, le pauvre. C'est toujours quand je vois des gens réagir exactement comme j'aurais pu réagir que je comprends que vraiment... ça craint. Je fais petite chose fragile comme ça aussi, je le sais, mais de le voir ça fait mal.

— Je... je sais pas. On se connaît pas tant que ça et...

Et on s'est pas parlés pendant deux mois parce que je suis le plus gros blaireau qui existe sur cette Terre... ça aide pas, on est d'accord... Mais je ne me vois pas lui expliquer ça. Et puis, ça le regarde pas... Machinalement mon regard se reporte sur les escaliers.

— Je... je souffle en désignant les étages pour lui faire comprendre que je compte reprendre mon chemin et qu'il est libre de m'accompagner.

Je le contourne prudemment, fais quelques pas et me tourne timidement vers lui.

— Vous étiez amis, avant...?

Je suis pas assistante sociale, hein... Vraiment... mais quitte à être là...

C'est un peu étrange dans le fond parce que c'est comme si Noah me donnait à voir une facette de la personnalité de Charles que je soupçonnais même pas. Je sais pas ce qui est vrai ou ce qui ne l'est pas, hein... mais avec moi il a toujours été si calme, si patient, si prévenant... que j'avais presque supposé que c'était comme ça avec tout le monde. Mais maintenant qu'il laisse entendre que non... est-ce que c'est mal d'avoir l'impression d'être privilégié ?est-ce que je devrais pas plutôt culpabiliser parce que lui a l'air de mal à le vivre...? Peut-être mais... mais tant pis pour l'égoïsme, de toute façon, je peux rien y changer. Et puis, je connais pas toute l'histoire, si ça se trouve, il s'est passé un truc. Ce serait même plutôt logique en vrai. Ça semble moins tiré par les cheveux que « il me déteste pour le seul plaisir de me détester ». On parle de Charles ! Je ne sais même pas pourquoi on a cette discussion... En attendant, je fais l'effort de reprendre mon chemin. Je l'invite à venir à demi-mots, si jamais il en a envie... mais dans le fond j'espère qu'il doit aller ailleurs. Histoire que ça se termine vite. C'est gênant. Mais évidemment, non. Il m'emboîte le bas et je ralentis machinalement pour qu'il revienne à ma hauteur sans que ça soit bizarre.

— Non. Ça a toujours été comme ça.

Bah... je comprends encore moins le problème. J'ai pas des masses d'expérience avec les gens, j'avoue, mais... quand quelqu'un veut pas être ton ami dès le début, t'es juste pas son ami...? Non...? Il doit y avoir un truc qui m'échappe...

— Je suis désolé...

Je vois pas trop ce que je peux dire d'autres... J'aimerais bien l'aider mais... je sais pas. Je pourrais peut-être lui poser la question, à l'occasion... aborder le sujet discrètement... mais d'un côté, si jamais ils finissaient par enterrer la hache de guerre et... Noah a d'autres amis. Pas moi.

— Désolé si je t’ai mis mal à l’aise avec ma question… Et si je t'ennuie.

Je secoue doucement la tête.

— C'est pas grave. Je... j'ai juste eu du mal à comprendre ce que tu me voulais... j'avoue dans un rire étouffé. Tu m'ennuies pas.

Mais l'ambiance est étrange, un peu pesante. On se connaît pas et franchement, ça se sent... Tout le trajet comme ça, même s'il est pas long, ça va être l'angoisse... Alors un peu sur un coup de tête, je m'arrête au milieu de l'escalier et me tourne vers lui.

— Je crois qu'on a pas été officiellement présentés. Je m'appelle Sidney.

L'ombre d'un sourire complice passe sur mes lèvres avant que je ne me risque à lui tendre poliment la main. Je n'aime pas spécialement l'idée mais... j'y survivrai. Et puis, faut essayer de faire quelque chose, il a l'air pire que moi.

Je n'aurais jamais cru avoir ce genre de discussion un jour... tout ça parce qu'on a eu le malheur de se croiser et de prendre le même chemin... Je veux dire, on l'a même pas vraiment fait exprès ! Et puis, même si c'était le cas... On a le droit d'être amis sans que quelqu'un vienne s'en plaindre, non...? Je pensais pas que ça pouvait gêner qui que ce soit. Comme quoi... Et même si c'est triste pour Noah, moi, ça me fait étrangement plaisir. Je... j'ai réussi à être son ami je ne sais pas trop comment – vraiment, je sais pas, j'ai pas l'impression d'avoir fait grand chose pour – pendant que d'autres y arrivent pas. C'est plaisant. Stupide mais quand même... Si on oublie qu'on se fait suivre à cause de ça... Enfin, plus ou moins... Techniquement, un peu. Il était derrière moi, il nous a vu... Peut-être même qu'il écoutait ce qu'on disait... Bon, il a pas dû avoir grand chose à écouter mais... bon, voilà quoi... Et en même temps, il me fait un peu de peine. Je sais ce que c'est que d'espérer bêtement d'être pote avec quelqu'un et que ça tourne pas bien... Je repense machinalement aux premiers mots encourageants de Blaze et à comment ça a tourné après... En soi, on s'ignore la plupart du temps donc ça va. Mais il n'empêche que j'ai cru, un jour – quel abruti ! – qu'on pourrait bien s'entendre. Il faut être honnête, au début, il avait tout pour lui ! Il avait l'air grave cool, et sympa, et prévenant, et il avait l'air de prendre à cœur son rôle de préfet, de vouloir qu'on se sente bien à Serdaigle... et puis il nous a balancé de la bouse dessus... Mais au début, c'était exactement le genre de garçon avec qui j'aurais voulu être ami... Enfin on s'en fiche, c'est plus le sujet. Je reprends mon chemin, il vient avec moi...

— Désolé…

L'ambiance est pesante, un peu. Je regrette de m'être attardé et de pas juste l'avoir contourné après mon « désolé ». Je ne sais pas quoi lui dire, on ne se connaît pas, et il a pas l'air plus avancé que moi. Dans ces cas-là, normalement, je prends la fuite. Les silences gênants, les gens qui le sont tout autant, je les évite... Mais là, dans l'escalier, c'est plus compliqué. Et puis il a l'air au bout de sa vie... alors même si j'en ferai pas une habitude, je prends sur moi et tente maladroitement de détendre un minimum l'atmosphère. Assez pour qu'il ait pas l'impression de vivre le pire moment de sa vie. Il mérite pas ça. Je m'arrête au beau milieu des marches, lui relève la tête sans comprendre... Et je fais le truc le plus ridicule et inutile du monde : je me présente. C'est la seule chose qui m'est venue à l'esprit. Le moins risqué, aussi. Peu de chance de faire un faux pas ou quoi.

— Et moi c’est Noah.

Sa main se referme sur la mienne et je ne peux m'empêcher de me crisper un peu. J'ai définitivement du mal avec ça... Enfin, pas tout le temps... Ça me dérange pas que les gens dont je suis proche se montrent tactiles... Maman, Aida... même Miles quelques fois... j'ai confiance alors... même si j'en raffole pas, ça me dérange pas. Mais le reste du temps... je trouve ça assez angoissant. J'aime mieux qu'on garde ses distances. Le contact ne s'éternise pas plus que nécessaire et je reprends ma main aussi rapidement que je peux sans paraître impoli.

— Je me souviens t’avoir vu avec Harriet lors des sélections de Quidditch.

Je hoche la tête, les joues vaguement plus rouges, et reprends mon ascension. C'est en ligne droite, puisque c'est des escaliers, alors j'imagine qu'il me suivra. Sauf s'il préfère prendre la fuite, peu importe, ça me va aussi.

— Oh. Euh... Oui... Tout le monde en parlait... Du Quidditch, je veux dire... Et des sélections aussi d'ailleurs... Alors je voulais voir à quoi ça ressemblait et...

Ma phrase meurt avant de connaître la moindre fin. « Et » quoi de toute façon ? Et j'ai espéré trois secondes que je pourrais peut-être les passer avant de réaliser que j'étais vraiment trop nul et que je pouvais vivre sans une humiliation de plus ? Oui, quelque chose comme ça... Il faut dire que j'avais volé deux fois dans ma vie avant ça. Ça aurait été clairement du suicide social. Déjà que c'est pas socialement brillant sans... Maintenant, je sais pas trop. J'ai eu plein de cours et même si je suis pas doué – y'a des gens qui ont fait ça toute leur vie alors forcément j'ai l'air d'un parfait demeuré à côté – je me débrouille. Je suis capable de faire à peu près ce qu'on me demande tant que c'est pas hyper technique. Peut-être l'année prochaine... même si franchement j'y crois pas trop.

— J'ai hésité plusieurs fois à... à venir voir les entraînements mais j-je savais pas si j'avais le droit, j'explique dans un haussement d'épaules résignés. T'es dans l'équipe depuis longtemps ?

Ma question est stupide en vrai. S'il est capitaine, il n'est pas arrivé la veille au soir. Ça doit être le meilleur joueur de Serdaigle et tout et tout...

Une fois les présentations faites, l'atmosphère s'allège un peu. C'est toujours pas brillant mais c'est moins pire, déjà... Si on m'avait dit un jour que ce serait moi qui essayerais d'être sociable pour deux et de rendre les choses moins tendues, je l'aurais jamais cru ! Il faut croire qu'il y a des bons côtés à devoir supporter des gens tout le temps, ici... Je commence à trouver des réflexes potables... Genre « on fuit pas et on accepte le small talk même si c'est pas ouf »... Grand grand pas en avant ! Je suis à rien d'être fier de moi... mais j'ai pas le temps, je le serai plus tard, en y repensant. La conversation reprend de manière un peu plus fluide. On ne parle plus de Charles mais de Quidditch... et je dois avouer que je préfère. Au moins, j'ai plus l'impression qu'il s'en prend à lui ou qu'il essaye de le dénigrer sans raison. J'aime pas trop ça. Déjà que j'ai pas beaucoup d'amis alors si on pouvait les laisser tranquille, ce serait pas mal...! J'en profite pour avouer que j'aimerais bien assister à un entraînement, voir comment ça se passe avant les matchs, apprendre un peu plus comment l'équipe fonctionne. Je dis pas que j'aurais envie d'en faire partie un jour, je suis vraiment pas assez doué – même si, quand même, j'ai survécu à plusieurs mois de cours de vol sans trop trop trop m'y taper la honte – mais ça m'intéresse. Ça a l'air d'être tellement le cœur de la vie à Poudlard... rien n'y connaître ou presque, ça a l'air d'être un crime de lèse-majesté limite ! Noah se tourne vers moi, j'ai l'impression d'avoir dit une bêtise.

— Je ne t’en aurai pas empêché. Tu peux venir aux prochains si tu veux.
— Pour de vrai ?

Un sourire profite de son accord pour glisser sur mes lèvres. J'aime bien l'idée d'aller les voir jouer entre eux. Je suis sûr qu'ils se débrouille bien, en vrai, que c'est juste la poisse qui fait que c'est pas trop ça pendant les vrais matchs.

— Je viendrai, alors. Merci.

J'aime bien l'idée, vraiment. Et puis ça changera un peu du train-train quotidien. J'ai hâte. J'espère que ça dérangera pas Harriet... mais je vois pas trop pourquoi ça la dérangerait. C'est pas comme si j'avais l'intention de me mêler de quoi que ce soit ou d'agiter une banderole à son nom à la moindre occasion. Je veux juste... aller voir. Sans déranger ou quoi que ce soit. Juste tranquillement, discrètement quoi... Je finis par l'interroger sur sa place dans l'équipe, sur sa « carrière » si on peut appeler ça comme ça. C'est juste histoire de faire la conversation sur le chemin, il n'est pas obligé de répondre si ça le dérange. Mais bon, c'est le genre de trucs que tout le monde doit savoir, ici, donc je pense pas être sur un terrain trop glissant. Je veux pas le mettre mal à l'aise ou avoir l'air indiscret.

— Depuis l’année dernière. Avant… J’osais pas trop me présenter. J’avais peur de me ridiculiser.
— Ouais... Je comprends, j'avoue le plus sincèrement du monde en hochant la tête. J'aurais sûrement été dans le même cas... et peut-être que je le serai, en vrai, on en sait rien. C'est quoi qui t'a fait changé d'avis ?

Je me demande comment c'était, avant, du coup... Est-ce qu'ils étaient tous hyyyyyyper doués ou que le capitaine était flippant ? Peut-être... C'est pas impossible... La capitaine de Poufsouffle, par exemple, elle a l'air flippante. Si l'ancien capitaine de Serdaigle était pareil, normal qu'il ait pas eu envie de tenter, c'est pas juste une petite honte qu'on doit risquer devant des gens comme ça, mais une humiliation en règle...

— Blaze aurait sûrement été un meilleur capitaine que moi. Il est dans l’équipe depuis plus longtemps…
— S'il fait les entraînements aussi bien que les soirées d'intégration, vaut mieux que ce soit toi, je crois.

Le sourire que je lui adresse, cette fois-ci, c'est plus conscient, plus volontaire... plus complice également. Personne dans cette maison doit garder de bons souvenirs de notre nuit dans la forêt, je crois... Niveau humiliation, ça se pose là, ça aussi... L'équipe doit pas être grand chose, sur ce coup-là.