S’il avait fallu accepter que son rôle de préfète reçût un peu d’ombre à cause de la création de la brigade du directeur, et que leurs privilèges avaient moins de charme depuis que des élèves – dont le seul mérite était d’avoir écopé d’un grade or – pouvaient en user, il fallait tout de même admettre que la salle de bain des préfets était un lieu sacrément agréable. S’ils la partageaient effectivement avec les capitaines des équipes de quidditch et avec les grades or, elle restait tout de même un lieu appréciable à bien des égards et n’était pas envahi à tout bout de champ pour une horde d’élèves.

Haley y allait la plupart du temps avec Rosalie, comme pour beaucoup de choses d’ailleurs. La grande piscine chaude, ses eaux parfumées et colorées, ce nappage d’or sur les robinets... c’était un lieu pour des princesses, et elles en étaient indiscutablement ! Mais aujourd’hui, c’était bien seule qu’elle s’y rendait et non point accompagnée de la souveraine de gryffondor. Elle venait de quitter l’entraînement de quidditch, éreintée et bourrue par la rudesse d’Erin... et un peu déprimée aussi. Elle devait attraper le vif d’or contre serdaigle : ça n’était pas une option ! Déjà parce que dans le cas contraire, sa capitaine ne tarderait sans doute pas à l’étriper, parce qu’elle aimait naturellement les victoires... mais également parce qu’elle aimait voir Misha lorsqu’ils gagnaient. Tant de bonnes raisons d’être la meilleure attrapeuse. Il ne suffisait pas de ça pour réussir : elle devait progresser. Ses virages n’étaient pas toujours parfaits et elle comptait beaucoup trop sur l’efficacité de la batteuse pour la protéger. Toutes ces choses à perfectionner la stressaient.

Elle devait décompresser un peu. Se prélasser dans l’eau chaude pour soulager ses muscles engourdis, nager un peu pour ne pas trop se ramollir et surtout se reposer dans le calme de la salle de bain des préfets. Un endroit parfait qui, à cette heure-ci, ne devrait pas être occupé. Tout l’entraînement durant, perché sur son balai dans le froid encore très rude de février, et en proie à la cruauté du vent, elle n’avait pensé qu’à ça : son instant de tranquillité bien mérité.

La séance de torture made in Sørensen enfin terminée, la poufsouffle quitta sans tarder les vestiaires, son équipement glissé dans le sac, et prit la direction du quatrième étage. Arrivée dans le couloir, devant l’entrée de la salle, elle glissa le mot de passe et y pénétra, immédiatement envahi par une douce chaleur et le parfum des mousses.

La salle de bain des préfets était divisée en deux zones : une première partie, représentant l’entrée et un espace pour déposer ses affaires au sec et se changer à l’abris des regards, puis juste derrière la piscine et ses innombrables robinets d’or. Sachant pertinemment ce qui l’attendait au bout, elle ne prit pas la peine de visiter et alla directement dans le coin vestiaire, pour ôter sa tenue de quidditch et enfiler un maillot de bain. Un elfe de maison choisit ce moment pour apparaître dans un croc sonore. L’être aux vêtements arborant les couleurs de Poudlard s’inclina doucement, déposant une serviette et un peignoir aux armoiries de poufsouffle, dont la jeune fille se vêtit. « Je peux faire laver votre tenue, mademoiselle Strauss. » piala l’humanoïde. La pièce n’avait pas pour seul avantage sa taille et son charme, elle était également assortie du service – sommaire mais pratique – des elfes de l’école. C’était l’occasion pour la préfète de faire laver son équipement de quidditch et de rentrer dans des vêtements propres après un bon bain. Elle opina du chef, et l’elfe disparut avec lesdits vêtements. Il ne lui faudrait pas beaucoup de temps avant de revenir avec, juste assez pour qu’elle puisse profiter un peu de la piscine, qu’elle joignit enfin.

Pieds nus, elle ne faisait pas trop de bruit en marchant ; le sol était agréablement chaud – comme si un système de chauffage au sol circulait sous les dalles de pierre – et l’air empreint d’une discrète vapeur. L’eau coulait déjà et... une minute ! Pourquoi tous les robinets étaient déjà ouverts ? Haley s’avança un peu plus, d’un peu plus hésitant, mais ne put retenir un petit hoquet de surprise en voyant qu’une autre personne avait déjà eu l’idée de venir ici. Une fine silhouette masculine qu’elle connaissait... sans vraiment le connaître. Un camarade de classe qu’elle n’aurait jamais pensé voir un jour vêtu d’un simple maillot. Bon sang, Noah ! Le frère d’Alexander se tenait là, devant elle, à moitié nu. La jeune fille s’empourpra violemment devant cette vision, détournant dans une attitude dénotant une pudeur excessive. « Qu’est-ce que tu fais là ?! » Son ton était sec et surpris. Elle, un peu choquée. Jusqu’à en oublier qu’il était capitaine d’équipe et avait donc tout autant droit qu’elle de barboter en ces lieux. Posée dans les vitraux qui entouraient la piscine, la sirène gloussait de joie en voyant la scène, comme une spectatrice assistant à une comédie romantique de bas étage. « Tu ne devrais pas être ici ! » Devait-elle lui retirer des points et le sommer de déguerpir au plus vite ? Elle avait prévu de prendre un bain et ne trouvait vraiment pas drôle la présence d’une autre personne – un garçon ! – dans la pièce. Et ses vêtements étaient partis au lavage, elle ne pouvait décemment pas traverser le château en maillot de bain et peignoir !

Haley appréciait beaucoup la salle de bain des préfets. Cette étendue d’eau chaude et parfumée aux bords agrémentés de dorures... c’était un privilège luxueux qui pouvait surprendre, dans une école, mais elle l’estimait fort bienvenue. Et mérité : après tout, elle prenait de son temps personnel pour vadrouiller dans les couloirs avec les professeurs, le soir, et ne se faisait pas que des amis en surveillant les bêtises de ses camarades. Il fallait bien compenser un peu ! Certes, l’effet qu’avait la mention « préfet » sur le dossier était déjà bien assez suffisant pour la convaincre d’assumer son rôle pleinement, mais un moment de natation n’était jamais de refus. D’autant plus qu’elle pouvait d’ordinaire profiter de cet endroit avec sa meilleure amie.

C’était assez inhabituel qu’elle vienne sans Rosalie, mais un peu de calme et de solitude faisaient parfois du bien. Elle voulait simplement se glisser dans l’eau chaude, laisser les bains choyer ses muscles pendant qu’elle fermait les yeux et s’abandonnait à une petite sieste bien méritée. Des plans bien vite contrecarré par ce que la poufsouffle avait souvent craint : que d’autres personnes profitent déjà des lieux. Parce qu’avec les grades or et la brigade, ça commençait à faire beaucoup d’autorisation. Mue par un élan de confiance – et le fait que jamais elle n’avait été dérangée lorsqu’elle venait avec la gryffondor – elle en avait totalement oublié cette hypothèse.

Alors lorsque ses yeux se posèrent sur une silhouette qui barbotait déjà dans l’eau, elle manqua de s’étouffer. La stupeur était partagée. Buvant la tasse et éructant toute l’eau qui s’était immiscée dans ses poumons, Noah faisait écho au hoquet de surprise de la préfète, qui n’osait toujours pas regarder du côté du garçon. Lui tourner le dos n’était qu’à peine moins gênant. Elle se sentait observée par cette même personne qu’elle n’osait voir. « Les capi... » Mais bon sang, oui ! Il était capitaine de l’équipe de serdaigle. Et ils avaient effectivement le droit de profiter de la luxueuse salle de bains. Haley n’avait pas particulièrement pour habitude de prêter attention aux autres équipes, si ce n’était aux attrapeurs. Harriet, Caleb et Hilary : c’étaient eux ses opposants. Les poursuiveurs et capitaines, elle n’en avait cure. L’aiglon était avant tout le batteur et le frère d’Alexander ; elle savait qu’Artemis aimait bien se moquer de lui et elle avait toujours était plus ou moins bonne cliente des blagues de son meilleur ami, sans pour autant y participer réellement. Une bonne préfète aurait sûrement dû dire au serpentard de le laisser un peu en paix, mais les moqueries n’étaient pas nouvelles et elle n’était pas généreuse au point de s’intéresser à l’égo d’autres personnes que le sien. À la rigueur, celui de ses deux meilleurs amis. « Tu es venu seul ? » Par pitié, qu’il ne soit pas accompagné d’autres adolescents. Un garçon était déjà bien assez gênant – et qu’il soit tout aussi mal à l’aise qu’elle n'arrangeait pas beaucoup les choses – mais une bande entière ! Elle s’imaginait tout d’un coup voir arriver toute l’équipe de serdaigle, surgissant depuis les vestiaires pour mieux la cerner. Cette simple idée suffit à la faire se retourner, tournant le dos aux vestiaires : drapée dans son peignoir et ce qui lui restait de dignité, elle affronta du regard le batteur, dont seule la tête dépassait de l’eau.

Malgré l’anxiété, et ses joues teintées d’un vermeil honteux, elle espérait donner l’illusion d’une adolescente sûre d’elle, d’une préfète autoritaire et intransigeante. En cet instant, elle tentait presque de parodier le professeur Thorstein, ou d’imiter la fureur brûlante d’une Erin pendant un entraînement un peu rude. « Dis-moi que tu n’as pas laissé tes affaires à l’elfe... » C’était une réelle supplique : elle n’aurait aucun scrupule à lui ordonner de partir sur le champ, capitaine ou non !

La bonne nouvelle, c’était qu’il n’y avait personne d’autre qu’eux. Un autre camarade n’allait pas surgir de quelque part, comme Hayden, qui verrait ainsi la meilleure amie de sa belle sœur en petite tenue. Le souci étant tout de même qu’une bonne nouvelle ne venait jamais seule et qu’elle était accompagnée d’une bien moins agréable à entendre : ils étaient tous les deux bloqués ici, leurs vêtements aux mains d’un elfe de maison. Ça ne devrait pas être bien loin, un claquement de doigt leur suffisant à effectuer la plupart des tâches simples, mais c’était déjà beaucoup trop de temps à passer en tête à tête avec un garçon qui faisait trempette dans l’eau.

Pire ? Alors que l’idée qu’au moins, ils étaient à distance l’un de l’autre, elle abritée par son peignoir et lui par la mousse du grand bain, les canalisations commencèrent à chanter un chant funeste... et les robinets à fonctionner. En quelques secondes, le joueur de quidditch fuyait de l’eau en glapissant, un fantôme fuyant en gloussant de joie. Le regard de la poufsouffle ne s’attarda même pas sur l’esprit, trop surprise et effarée par l’affreuse nouvelle : elle était à quelques pas de son camarade, qui grelottait dans son maillot de bain. Lorsque leurs regards se croisèrent, le temps s’embla presque s’arrêter, figé par l’angoisse et la honte. Sans le réaliser, ses yeux se posèrent là où les mains du jeune homme remontèrent, tentant vainement de cacher une cicatrice qu’elle n’avait pas remarqué au premier abord. Elle ouvrit la bouche, pour dire quelque chose, sans doute pour s’excuser d’avoir laissé son regard se poser sur ce qui semblait être un douloureux souvenir... ou pour assouvir sa soif de curiosité, elle n’en savait trop rien. Mais aucun son n’eut le temps de s’échapper, coupé court par la question de l’aiglon. « Quoi ? » L’exclamation fusa instinctivement, Haley reculant d’un pas, presque apeurée à l’idée que Noah lui saute dessus pour lui ravir son précis peignoir. « Hors de question, je ne vais tout de même pas me... te... » Elle en perdait les mots. « Je suis juste en maillot de bain en dessous ! » Ce qui n’était en soi pas bien grave. D’autres garçons l’avaient vu en pareille tenue, mais les circonstances lui paraissaient tellement différentes, infiniment plus normales que là. Et puis, il y avait cette personne qui usurpait son identité, sans doute un pervers qui se pâmait d’admiration sur son corps dénudé... l’image la fit frissonner presque autant que le serdaigle. Ses lèvres brûlaient d’envie de l’accuser de pareils desseins, mais un reste de politesse l’en retint.

L’image du garçon, grelotant de froid malgré la douceur de la température, faisait un peu pitié. Ses bras ainsi refermés sur son corps, comme s’il tentait de s’envelopper de ses frêles membres supérieurs – quoiqu’ils n’étaient pas totalement dénués de muscles – pouvait presque avoir raison de l’égoïsme de la préfète. Ses jours se pavoisèrent d’une teinte vermeille. Elle se sentait brûler de honte en constatant qu’il n’avait pu louper son regard, qui s’était un temps attardé sur la position de ses bras, sur le fait que quelques années de quidditch lui avait permis d’en sculpter les contours... un instant, elle s’était surprise à penser à Misha, qui devait posséder cette même musculature naturelle. Pas celle trop forcé des hommes qui poussent de la fonte, mais celle de ceux qui ont une activité sportive et savent se défendre, ou protéger la princesse éplorée. Trop de comtes et d’histoires berçaient sa petite imagination ! « Bon d’accord. » Comme pour chasser ses idées de sa tête, elle ôta d’un vif mouvement son peignoir et le lança au batteur. « Mais n’en profite pas pour me reluquer ! » À son tour, ses bras se refermèrent sur son poitrail, cachant sa poitrine d’adolescente... c’était bête, mais ce qui ressemblait à un guet-apens accentuait sa pudeur au point qu’elle en parvenait presque à croire qu’elle était nue. Son maillot une pièce lui manquait subitement ; il était peut-être moins à la mode, mais elle se sentait plus protégée du regard des autres garçons, et à un âge où son père n’avait cessé de la mettre en garde contre les hommes, elle aurait voulu pouvoir choisir qui la voyait ainsi. Après un entraînement de quidditch, éreintée et ne désirant qu’un peu de tranquillité, elle désirait tout sauf d’être avec une personne du sexe opposé. De n’avoir pu se préparer, elle se sentait ridicule et moche, angoissant sur chaque petit défaut adolescent de son corps... défauts qu’un camarade de classe avec qui elle ne discutait que très peu pouvait désormais voir comme s’il était l’un de ses plus proches amis. « On a... qu’à demander à l’elfe de nous rendre nos affaires maintenant. » C’était aussi simple que ça, après tout. « Elfe ? » Les quelques secondes qui suivirent furent les plus longues de sa vie. Elle s’imaginait déjà ignorée par la créature, laissée là à l’abandon avec Noah... puis un crac sonore retentit et l’humanoïde daigna enfin arriver, faisant une petite courbette à l’attention des deux jeunes gens. « Nous devons récupérer nos affaires. Maintenant. » Sa voix était soudainement assurée et ne laissait aucune alternative au serviteur. Ses parents en avaient un, elle était habituée à composer avec, après tout ! « J’ai déjà tout déposé dans les vestiaires, mademoiselle. » Et sans attendre son reste, il disparut dans un craquement, sans doute appelé à bien plus important qu’à s’occuper des caprices d’élèves. « Je vais chercher mes affaires... » Elle allait faire demi-tour et retourner là où ses vêtements l’attendaient pour s'habiller, mais s’avisa l’espace de quelques secondes : « Ne t’avises pas de partir avec mon peignoir ! » Sans trop savoir pourquoi, elle imaginait le pire et le voyait déjà crapahuter dans tout le château avec son peignoir pour retourner dans sa salle commune, la laissant seule et à moitié nue, sans solution de secours.

Le souci était que là où devaient se trouver son uniforme, il n’y avait rien. Il n’y avait d’ailleurs pas la moindre serviette, ou un autre peignoir... à moins que l’elfe ait menti, ce qui était fort improbable, quelqu’un était passé par là. Peut-être même Peeves, qui venait déjà de faire une première intervention. Penaude et un brin désespérée, elle revint vers le capitaine de serdaigle... « On a un problème. Je crois que Peeves a piqué les vêtements... » Et tout ce qui aurait pu l’habiller un peu. « Comment on fait, maintenant ? » Ils n’allaient tout de même pas rester là jusqu’à ce que quelqu’un daigne leur amener des affaires, si ? Et ils ne pouvaient pas traverser tout Poudlard en maillot, encore moins Haley qui n’avait plus de peignoir.

Si cela était encore possible, le visage d’Haley s’empourpra de plus bel, prenant une forte teinte vermeille lorsque ses yeux se posèrent sur l’autre peignoir, que tenait Noah. Comment avait-elle fait pour ne pas le voir et pour croire un seul instant qu’il ait vraiment envisagé de lui quémander le sien ? Sa générosité la perdrait, et sans doute pour l’une des rares fois de sa vie, cette idée était on ne peut plus vraie. Le garçon lui tendit le peignoir en trop, accentuant chez elle ce sentiment de honte. Dans le plus grand des silences, elle referma sa main dessus, se drapant dans le tissu autant que dans le peu de dignité qui lui restait.

Aucun d’eux ne semblait vouloir s’exprimer sur le cœur de la situation, cachant tous deux tant bien que mal leur frêle corps. La poufsouffle n’avait pu s’empêcher de remarquer les marches qui striaient le corps de son camarade, mais elle était bien trop préoccupée par sa propre personne pour se poser des questions. Du moins, pour l’heure. Le scenario qui se dépeignait peu à peu était assez inquiétant pour chasser sa curiosité : au-delà de la gêne manifeste qui les habitait tout autant l’un que l’autre, l’amer constat du vol de leurs vêtements faisait naître en elle une panique nouvelle.

Ses doigts glissèrent dans la petite poche du vêtement que lui avait rendu le serdaigle, ne réalisant qu’à cet instant qu’elle lui avait non seulement donné la seule chose qui la protégeait de son regard inquisiteur, mais qu’elle y avait laissé sa baguette à l’intérieur. Son père lui avait toujours appris à ne jamais s’en séparer, disant que même dans les situations les plus simples, elle pouvait être d’un grand secours et qu’il valait mieux l’avoir à portée, mais l’espèce d’un instant, elle avait oublié qu’elle se trouvait dans la petite poche intérieure. Une autre personne qu’elle aurait pu poser des mains dessus... l’idée la fit frémir. Elle était très possessive avec ses objets, particulièrement avec celui-ci. « Tu... n’as pas ta baguette ? » questionna-t-elle en sortant la sienne, sans trop savoir quoi en faire. Il y avait sûrement d’infinie manière de se sortir d’une situation aussi rocambolesque que la leur – du moins la trouvait-elle particulièrement gênante et désagréable – mais la honte qu’elle avait ressentie quelques minutes auparavant ne voulait pas la laisser en paix, paralysant la partie créative de son cerveau. « Il est hors de question que je traverse l’école comme ça... » Son ton mêlait supplique et panique, alors que l’idée qu’elle puisse croiser certaines personnes grandissait en elle. Et si elle tombait nez à nez avec l’usurpateur, dans une tenue si peu convenable, particulièrement pour courser le coupable des troubles qui l’habitaient depuis plusieurs mois ? À moins que Misha ne la voie ainsi, parfaitement ridicule et complètement paniquée. Non, ça n’était pas possible. Si la seule solution consistait à forcer Noah à crapahuter dans tout le château pour retrouver Éléonore qui, elle au moins pourrait aller dans leur dortoir lui récupérer quelques vêtements, elle n’hésiterait pas un seul instant.

Cette perspective la força à prendre conscience de l’état dans lequel lui-même se trouvait, grelotant dans son peignoir, encore mouillé de l’eau glacial que Peeves avait dû déverser sur lui. D’une voix un peu moins assurée, elle se força à penser au moins brièvement à autre chose que sa propre personne : « Tu... ça va aller ? Tu n’as pas trop froid ? » Une chose était sûre : elle était bien contente de ne pas avoir mis un pied dans la piscine de la salle de bain de préfet, elle aussi. Elle en frissonnait déjà à cette simple perspective, comme si ses cheveux dégoulinaient d’une eau glaciale le long de son dos. « Je peux lancer un sort pour te réchauffer, si tu veux... des flammes bleues, peut-être ? » C’était un enchantement assez simple à maîtriser et qui avait le mérite d’être très utile en hiver : les flammes réchauffaient l’atmosphère sans brûler quoi que ce soit autour d’eux, tout du moins lorsqu’il n’était pas raté. La première fois qu’elle avait dû le lancer, en cours, elle se souvenait d’avoir réduit à néant toutes ses notes de cours par accident et avait dû recopier celles d’Artemis. Mais depuis, elle avait lancé des sorts infiniment plus complexes, pas toujours sans nécessiter quelques entraînements préalables, aussi s’estimait-elle confiante. Et puis après tout, ils étaient dans une salle de bain, ils ne risquaient pas grand-chose à déclencher un petit feu non maîtrisé.