Un somme avec Tom

Aux jours passés dans le potager avaient succédé les semaines et bientôt sans s’en être rendu compte, Thomas était à Poudlard depuis presque un mois entier. Il avait calculé, la date du bal de noël coïnciderait avec son « anniversaire de rentrée » ce qui était sa manière à lui d’appeler le jour où sa nouvelle vie avait commencé.

Un de ces quatre, il faudrait qu’il pense à en dresser le bilan, mais pas aujourd’hui, il avait trop de travail !

Le problème quand on n’a pas vraiment d’emploi du temps, c’est qu’on n’a pas vraiment de pauses non plus. Quand il n’était pas en cours à proprement parler, Thomas était censé seconder le garde-chasse dans ses travaux pour apprendre le métier à ses côtés. Les horaires de ce-dernier s’étendant fréquemment pendant la nuit, heure où la forêt interdite était la plus agitée et demandait donc d’y intervenir pour ramener le calme, Thomas n’avait toujours pas très bien compris quand exactement il pouvait se reposer et quand il était censé bosser. En général, Ben se contentait de le prévenir un peu à la dernière minute de ce qu’il allait devoir faire après voir terminé ce qu’il faisait maintenant.

Résultat, Thomas faisait beaucoup d’efforts pour bosser le moins possible, histoire de rattraper sur ses heures de boulot le repos dont il était privé par ailleurs.

Malheureusement pour lui, tirer-au-flanc n’était pas toujours aisé et il fallait ruser. Un roupillon caché derrière les citrouilles, s’allonger dans l’herbe pour regarder les nuages alors qu’il était censé désalguer les berges du lac, ou se perdre volontairement dans les couloirs labyrinthiques du château pour pouvoir y flâner entre deux tâches ménagères étaient autant de techniques lui permettant de grappiller ici et là quelques minutes de paix... ou quelques heures quand il se débrouillait bien.
Pour le moment, il pouvait encore prétexter sa méconnaissance des lieux et du travail pour justifier ses retards, mais il avait également conscience qu’il lui faudrait bientôt trouver de nouvelles excuses s’il voulait continuer à préserver son rythme « à la cool » d’ici les prochains mois.

Assurément, l’une d’entre elles étaient ses transformation. Il avait vécu sa première nuit de pleine lune deux jours plus tôt, conscient grâce à la potion tue-loup, ce qui revenait à faire une nuit blanche particulièrement épuisante et douloureuse. Pas une partie de plaisir, assurément, et il n’était pas pressé de recommencer.

Si Duncan lui avait accordé un jour de repos le lendemain – essentiellement passé à roupiller dans le placard qui lui servait de chambre et à se lever à 18h en quête de quelque chose à manger – le surlendemain n’était apparemment pas férié pour les loups garous. Si ça n’avait tenu qu’à lui, il serait resté en off toute la semaine.

Ce fut ainsi tout baillant et courbaturé qu’il se présenta au garde-chasse, lequel ne sembla pas spécialement préoccupé par son état et lui colla entre les mains – les pattes – un gros tas de bonnets en tissu rouge et des pompons en coton.

- « Tu sais coudre ? »

- « Ba non. »

- « C’est pas compliqué, les elfes vont te montrer. »

Apparemment, la magie pouvait faire des tas de choses d’un simple claquement de doigt comme par exemple faire voler les sapins de noël d'un étage à l'autre ou recouvrir les couloirs de l’école de guirlandes, mais pas coudre des pompons sur des bonnets. Vu qu’il fallait manier des aiguilles, on s’était dit qu’il était plus prudent de laisser un être humain s’en charger. Du point de vue de Thomas, on s’était mal dit.

Après s’être enfoncé le petit bout de métal pointu dans le doigt pour la troisième fois, le jeune homme considéra les bonnets avec une certaine suspicion, avisa qu’il en avait quand même cousu cinq sur les deux cents commandés et en conclu qu’il avait bien mérité une pause.

Thomas bailla à s’en décrocher la mâchoire. La salle dans laquelle on l’avait installé pour sa besogne ressemblait un peu à une salle de classe inutilisée. Pourvue d’un tableau noir et de quelques tables et chaises rangées contre les murs, si non qu’elle soit accueillante on pouvait au moins espérer y être tranquille. Les bonnets dépourvus de pompons formaient un gros tas rouge sur le sol, il s’y installa et ferma les paupières.

Juste cinq minutes et après il se remettrait au travail… il était si fatigué.

Spoiler:

Un somme avec Tom
c'est le pompon !

ft. @Thomas Chastel & Sidney Driscoll

Ces derniers jours, l’air est lourd, ici. Ce qui commençait à ressembler à un endroit habituel et pas franchement désagréable s’est transformé en prison. Maman l’a transformé en prison… J’ai encore du mal à réaliser qu’elle va vraiment me laisser moisir ici pendant un an… sans même avoir l’air de s’en vouloir vraiment… juste un « désolée » et puis plus rien. Pour quelqu’un qu’elle a pas vu depuis vingt ans, au moins ! Si seulement c’est pas une excuse bidon pour se débarrasser de moi… J’en suis même pas sûr, en réalité. Je ne suis plus sûr de rien… sinon que je peux tirer un trait sur tout retour à « la vie normale » avant la fin de l’année. L’angoisse totale. Je lâche un soupir désespéré, jette un oeil à mon dortoir et attrape mon sac de cours — dans lequel j’ai fourré toutes mes affaires pour avancer sur le cadeau d’Harriet — au moment-même où deux de mes colocataires passent la porte en ricanant. Je fuis sans demander mon reste. Je n’ai pas envie de m’imposer un semblant de sociabilité ce matin… je me l’impose de moins en moins depuis que j’ai reçu cette fichue lettre, en réalité… Comme si tous les efforts et les progrès que j’avais pu faire jusque là avaient disparu d’un seul coup. Enfin peu importe… L’idée est simple : quitter la salle commune et trouver une salle vide où m’installer. Je sais, il y a des endroits mieux que les anciennes salles de classe pour se poser mais il y en a tellement dans le château que je suis à peu près sûr que personne ne viendra m’y chercher. Une fois dehors, les couloirs sont déserts, silencieux. Il fait à peu près beau, j’imagine que la plupart des gens profitent du soleil même s’il fait pas très chaud. Mes pensées voguent machinalement vers le lac sans que je ne fasse rien pour les retenir. Peut-être que j’y passerai, avant de rentrer. Mettre le nez dehors, tout ça tout ça… Mais bon, on verra ça plus tard. Je m’éloigne au maximum de Serdaigle, des escaliers également, me perdant à moitié dans le labyrinthe du quatrième. Quand j’ai l’impression d’être assez loin de tout, je jette mon dévolu sur une porte au hasard… Fermée. La déception se fait doucement sentir. Sans me laisser démonter, je pose la main sur la clenche d’à côté et la porte s’ouvre sans un bruit. Ah ! Bah voilà ! C’est déjà mi-

J’étouffe un hoquet surpris en voyant quelqu’un allongé par terre. Durant une seconde, je le fixe pour m’assurer qu’il respire bien. On sait jamais, ici… Un frisson désagréable me parcourt mais il se dissipe au moment où la lumière se fait : pas de cadavre, seulement un gars qui dort. C’est bizarre, on est d’accord, mais chacun son truc. Je vais pour faire demi-tour sans le réveiller quand mon regard se pose sur son matelas en triangles rouges et le nuage de pompons blancs à côté… puis sur le petit tas de bonnets assemblés… L’hésitation est palpable. J’ai pas envie de le déranger… et je fais même peut-être fausse route en vrai… Mais s’il a tout ça à faire, ça va lui prendre une éternité… et puis, il a l’air claqué pour s’endormir par terre comme ça… Sois pas débile, s’il te plaît, va juste chercher une autre salle, on s’en fout ! Mais déjà je referme la porte derrière moi et me glisse sans un bruit à l’intérieur. Je fais le maximum pour être parfaitement silencieux, faire comme si je n’étais pas là… J’ai toujours été doué pour ça, ces dernières années. Et pour une fois, c’est plutôt utile ! Je pose mon sac dans un coin, sors fil et aiguille apportés à la base pour le cadeau d’Harriet — puisque je suis là jusqu’à Noël, je peux bien prendre un jour de retard, j’aurais tout le temps pour le rattraper… — et récupère quelques bonnets, les plus loin de lui possible pour qu’il ne sente rien. Je l’avance juste un petit peu et puis je disparaitrai comme si de rien n’était. Ça me paraît un bon programme et c’est là-dessus que je commence à coudre les pompons sur le haut des chapeaux. Le silence et les rayons du soleil qui traversent les hautes fenêtres de la salle sont agréables. C’est bête mais je me sens utile. C’est sûrement le meilleur moment que j’ai passé depuis longtemps. C’est stupide en vrai… S’il se réveille, ça sera super foireux comme moment, ouais ! J’ose pas imaginer comment je serais trop mal si les rôles étaient inversés. Me réveiller avec quelqu’un à côté, là, ce serait trop flippant… Je me promets de partir avant ça et attrape quelques bonnets de plus. Les minutes défilent, les pompons aussi… Toutes les deux minutes, je relève la tête et l’observe, gêné, conscient du côté psychopathe du truc… ce qui me met encore plus mal à l’aise… Surtout que, parfois, il bouge un peu, sa respiration se fait plus prononcée… J’ai peur qu’il ouvre les yeux mais, en même temps, ça a quelque chose d’apaisant.

Les minutes continuent de filer. Sa sieste se prolonge. C’est à se demander s’il dort la nuit… Peut-être pas, en fin de compte…? J’ai eu du mal, au début. Surtout après notre passage dans la forêt. Le moindre bruit me faisait sursauter, j’avais toujours peur qu’on débarque dans mon dortoir pour m’arracher à mon lit une fois de plus… ou pire. Et même aujourd’hui, c’est pas toujours très simple. J’imagine qu’il doit y avoir plein de raisons de passer des nuits pourries dans cette école… et sans vraiment le réaliser, la compassion se fait immense. Je termine de coudre un pompon et pose le bonnet sur la petite pile à côté de moi. Je ne sais pas combien j’en ai fait exactement, un bon quart je pense. Mais j’ai attrapé tout ceux que je pouvais, les autres lui servent vraiment de matelas… L’idée est mauvaise, je le sais, mais j’ai pas envie de partir. Je veux dire… je suis bien, là. Et malheureusement, le temps de me convaincre de ramasser mes affaires et de le laisser tranquille, il émerge enfin. Je me fige, littéralement. C’est la panique. Je suis incapable de savoir comment réagir. Le plus logique aurait été de prendre la fuite avant qu’il ne soit totalement réveillé mais… mais mon cerveau répond pas alors je reste là, stupide, oscillant entre une pâleur désespérée et un rougissement honteux… Je suis débile. Parfaitement et totalement débile.

— D-désolé… Je… je voulais pas te réveiller, je bredouille dans un souffle, comme si éviter de parler trop fort pouvait encore le faire se rendormir et m’épargner cette situation chaotique.

C’est vrai que c’est beaucoup mieux maintenant… Il me reste plus qu’à prier pour qu’il ait l’impression d’être en train de rêver tellement la réalité est absurde mais, franchement, même moi j’y crois pas…

(c) jawn

HJ:

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines

Fallait croire que ces nuits de pleine lune étaient plus crevantes qu’il ne l’avait prévu. La malédiction obligeait son corps à aller puiser avec violence dans ses moindres forces pour se transformer, le laissant complètement lessivé à la fin de la nuit. La journée du lendemain passée à roupiller non stop n'avait manifestement pas suffi à l'adolescent pour récupérer complètement si bien que Thomas s’était endormi comme une masse à peine avait-il fermé ses paupières la tête posée sur le tas de bonnets inachevés.

Combien de temps avait-il dormi ? Difficile à estimer, mais ç’avait été un sommeil sans rêves, réparateur, qui vous laissait au réveil les muscles engourdis et l’impression désagréable d’avoir été balloté dans tous les sens comme un bonhomme de chiffons pendant la nuit.

Il émergea moins parce qu’il était complètement reposé que parce qu’une certaine agitation près de lui et le temps passé lui firent ressentir inconsciemment qu’il ne pouvait tout de même pas passer son après-midi entière à dormir. Comme un tyran, sa conscience le tira du sommeil et avec une grimace douloureuse il émergea de ses songes.

Devant lui se tenait un garçon à l’allure étrange, si bien qu’un instant Thomas cru qu’il s’agissait d’un elfe. Sa tenue et sa taille, toutefois, ne laissaient pas de place au doute, il se trouvait face à face avec un sorcier. Thomas prit le temps de papillonner un peu tout de même, afin de s’assurer que ce qu’il avait sous les yeux n’était pas le fruit de son imagination, puis releva la tête toute encore bouffie de sommeil, fit quelques grimaces avec ses sourcils et son nez pour dissiper les restes de léthargie et fixa le garçon.

- « T’inquiète, fallait que je me réveille de toute façon. »

Il prit une profonde inspiration par le nez, laissa promener son regard sur la salle puis se redressa avec un grognement et se passa la main dans les cheveux qu’il avait écrasé.

- « Il faut que je trouve un réveil matin mais les objets à piles fonctionnent pas ici… »

C’était dit sans amertume, juste un constat embêté. Ne pouvant faire de magie et sa chambre ne possédant aucune fenêtre il n’avait pas vraiment moyen de programmer son réveil, surtout que ses cycles de sommeil étaient très chamboulées par ses activités nocturnes. Des elfes avaient rapidement compris le problème et quelques-uns venaient chaque matin taper à sa porte voire le tirer du lit quand il se contentait de leur grogner dessus, mais ça n’était quand même pas l’idéal.

Définitivement pas réveillé, Thomas fixa le jeune homme quelques secondes sans vraiment le voir. Il était plus âgé que lui mais tout aussi maigrichon et oscillait bizarrement entre pâleur et rougeur.

Il ne voyait pas trop quoi lui dire. Après tout, ils ne se connaissaient pas et Thomas n’était même pas certain de comprendre ce que l’autre faisait ici, mais comme il était encore à moitié endormi, il mit sa confusion sur le compte d’un réveil difficile.

- « Je m’appelle Thomas. » Se présenter était souvent la meilleure chose à faire. « Je suis un loup-garou mais ne t’inquiète pas, la pleine lune était avant-hier donc il n’y a rien à craindre, même si je te mordais aujourd’hui ça ne changerait rien pour toi. »

Au moins c’était dit. Puis il laissa trainer son regard plus en détail et aperçu la petite pile de bonnets de noël que Sidney avait cousu. Ses yeux s’écarquillèrent et un franc sourire lui fleurit sous le nez.

- « Trop cool ! Cette école est vraiment magique ! »

Il n’y avait décidément qu’à Poudlard que vos corvées avançaient pendant votre sommeil !

HRP:

Un somme avec Tom
c'est le pompon !

ft. @Thomas Chastel & Sidney Driscoll

Très sincèrement… je sais pas ce que je fais là. Enfin… Si. Concrètement, je couds des pompons en haut de bonnets rouges, d’accord. Mais c’est pas à moi de le faire et puis qui squatte la pseudo chambre d’un gars inconnu pendant son sommeil pour coudre des fichus pompons ?! C’est digne du vampire de Twilight, ça, à la limite… personne ne fait ça dans la vraie vie ! Et bah… il faut croire que si, pourtant. J’ai toujours su que j’avais un problème mais je pensais pas qu’il finirait par être aussi flagrant ! En vrai, j’essaye de me rassurer comme je peux en me disant que c’est pour l’aider — c’est vrai — et que ce qu’il ignore ne pourra pas nous causer de tort. C’est pitoyable, hein…? Mais à côté de ça, il y a quelque chose de tranquille à être là. Je fais un truc que j’aime bien, en filant un coup de main de la manière la plus désintéressée du monde, dans un calme parfait… et même si ça n’a absolument aucun sens, je me sens un peu moins seul… sans avoir à supporter la présence oppressante de qui que ce soit. Et c’est pas désagréable, comme bruit de fond, la respiration posée de quelqu’un qui dort. Malheureusement, j’arrive au bout de ce que je peux faire. Le reste des bonnets m’est inaccessible… ou alors il faudrait prendre le risque de le bouger pour les attraper et c’est juste hors de question. Alors il est temps de plier bagage et de mettre les voiles… Ça m’embête, pourtant. Je sais que ça sera différent, dehors. Soit il y aura du monde, soit ma solitude sera moins accompagnée qu’elle ne l’était là. J’ai presque envie de m’installer ici pour travailler sur le cadeau d’Harriet. Mais franchement, ça craint comme idée. Alors tant pis, je vais aller me trouver un autre coin… Sauf que je n’ai même pas le temps de ranger les quelques affaires que j’ai sorties de mon sac que le garçon bouge… il émerge. Et chez moi, c’est le néant total. Y’a plus rien qui se passe. J’ai aucune vraie réaction à part une panique intérieure et violente qui ne suffit même pas à me faire prendre la tangente. Il ouvre les yeux, son regard se pose sur moi. J’ai envie de disparaître. Je m’attends presque à ce qu’il se mette à hurler je sais pas quoi, à me virer salement… ce serait mérité, j’avoue ! Mais rien de tout ça. Il grimace un peu, son attention s’accrochant péniblement à moi mais c’est tout… Ça me met plus mal à l’aise encore.

— T’inquiète, fallait que je me réveille de toute façon.

La simplicité de sa réponse me laisse sans voix — comme si j’avais besoin de ça. Ça a l’air normal… sa sieste, ma présence, tout en fait. Il se redresse enfin et s’ébouriffe les cheveux. Je sais que je l’ai déjà vu dans l’école, son visage ne m’est pas totalement inconnu, mais il y a tellement de gens partout, tout le temps que j’ai du mal à remettre ceux qui sont ni de ma maison ni de ma classe… et je suis sûr à 100% qu’il n’est ni de l’un ni de l’autre… Le reste… Je sais pas. J’arrive pas vraiment à lui donner d’âge… Il a des airs d’enfant sans en être vraiment un… C’est étrange. Tout, chez lui, donne cette impression… Étrange.

— Il faut que je trouve un réveil matin mais les objets à piles fonctionnent pas ici…

Il est pas de ce monde-là non plus, alors…? Il y a un poids que je n’avais même pas remarqué qui quitte mes épaules à cette constatation. Je hoche doucement la tête dans une moue compatissante.

— Y’en a qu’on doit remonter à la main… sans pile, je prends la peine de préciser. Ça… ça doit être pratique ici.

Ma voix a l’air de venir de loin. Je me sens plus spectateur de la scène que franchement acteur… dans un entre-deux dérangeant, comme si j’attendais juste un pire qui n’arrive pas pour revenir vraiment à la réalité. Enfin, pour un peu que ça le soit vraiment… La situation me paraît irréelle. Franchement, si j’étais pas là, j’aurais eu du mal à croire que ça puisse être vrai. N’importe qui au monde aurait au moins pris la peine de me demander pourquoi je suis là, d’avoir l’air choqué, énervé, je sais pas… Mais non, rien de tout ça… Il parle réveil comme si tout était parfaitement normal. Je ne sais pas comment réagir face à ça. C’est tellement inattendu… Et mine de rien, ce semblant de conversation me rappelle la maison et tous les vieux bibelots qu’on peut trouver dans la friperie où je vais tout le temps… Je suis sûr qu’on doit pouvoir en retrouver pour trois fois rien, des réveils comme ça… avec les grosses cloches sur le haut et leur sonnerie qui donne envie de se pendre. Aida en a un comme ça, mais je crois qu’il y a une pile, dans le sien… Le silence retombe. Durant une seconde, j’hésite à lui souhaiter un bon après-midi et à prendre la fuite… mais j’ai même pas le temps d’ouvrir la bouche qu’il me devance :

— Je m’appelle Thomas.

Plus les minutes passent, plus il me surprend. Je n’arrive pas à savoir si c’est en bien ou non. Il a l’air juste… gentil, en fait. Un peu inconscient, aussi. Je veux dire… Je l’ai à moitié regardé dormir pendant je sais pas combien de temps, je me suis mêlé de ses affaires avec ses pompons à coudre sans rien lui demander et lui… lui il est juste là à se présenter comme si j’étais parfaitement à ma place.

— Sidney.

Ça sonne presque comme des excuses alors qu’il ne m’a rien reproché du tout. Vraiment rien. Même dans son attitude ou quoi… J’ai du mal à comprendre mais je commence à accepter l’idée. L’inquiétude me lâche un peu. Mais…

— Je suis un loup-garou mais ne t’inquiète pas, la pleine lune était avant-hier donc il n’y a rien à craindre, même si je te mordais aujourd’hui ça ne changerait rien pour toi.

Mais ça ne dure pas. J’ai un mouvement de recul instinctif alors que je hoquète un « pardon ?! » pathétique. Je ne sais pas ce qui me dérange le plus : qu’il soit un loup-garou — est-ce que c’est vrai, même ? — ou qu’il laisse entendre qu’il pourrait me mordre. Les deux, je crois. J’ai envie de m’accrocher à l’espoir que ça soit une blague pourrie mais ça a l’air tellement spontané que j’y arrive même pas. C’est peut-être juste un sacré bon menteur…? Ce serait le moment idéal pour partir : j’ai pas envie de mourir. Mais sa simplicité et l’amabilité dont il a fait preuve jusque là alors qu’il aurait pu me virer en hurlant au sale pervers m’en empêche un peu. C’est stupide… S’il veut me bouffer, il risque pas de me dégager, c’est logique…

— Parce que tu… mords… souvent les gens ?

Je n’aurais jamais pensé dire ça un jour… J’aurais jamais pensé entendre quelqu’un me dire « salut, je suis un loup-garou » non plus, en même temps… Ni me menacer à moitié de faire de moi un encas, d’ailleurs. Il y aurait pas grand chose à manger, il resterait sur sa faim… Pourtant, le ton sur lequel il a balancé ça était tellement… tellement je sais pas ! mais même si je suis sûrement le gars le plus flippé du monde, je n’arrive pas à prendre ça comme une vraie menace. De toute façon, s’il avait vraiment voulu me sauter à la gorge, il aurait eu tout le temps de le faire. Son attention semble partir à la découverte de la pièce… Il est vraiment, vraiment étrange. Et puis, d’un coup, un sourire immense étire ses lèvres. Je suis son regard pour voir qu’il s’est posé sur la pile que j’ai fait à côté de moi, avec les bonnets cousus. Un semblant de soulagement me tombe dessus. Au moins, il a l’air content, c’est toujours ça. Et, là encore, pas de question. Comme si j’avais le droit. D’être là, de faire ma vie avec la sienne le plus normalement du monde.

— Trop cool ! Cette école est vraiment magique !

Sa spontanéité de gamin m’arrache un rire étouffé. Franchement, je sais pas où je suis tombé en poussant cette porte mais ça a l’air d’une caméra cachée. Ils font des trucs comme ça, les sorciers, même ? Je me retourne quand même pour jeter un oeil dans les coins de la salle, au cas où y’aurait quelqu’un de planquer, un machin qui filme ou je sais pas. Franchement, ça m’étonnerait même pas. Mais je vois rien alors mon regard lui revient et se pose finalement sur les bonnets qui restent… Ceux — nombreux — sur lesquels il était couché.

— Tu dois vraiment tous les faire…?

Ma question est stupide. Y’a des chances, oui, sinon il serait pas là…

(c) jawn

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines

Sidney était peut-être un garçon atypique, mais pour Thomas TOUT à Poudlard était atypique. Des elfes de maison au corps enseignant, des créatures qu’il croisait dans la forêt aux citrouilles de Duncan, les autres élèves s’envolaient sur des balais, changeaient la couleur de leurs cheveux, se vouvoyaient d’un air hautain en se qualifiant de sang-pur, il avait vu des gens se métamorphoser en toutes sortes de choses, des lettres volaient toutes seules dans les couloirs et se glissaient sous les portes, sans parler des hiboux qui venaient se poser sur votre tête pour réclamer des friandises.

Alors pour un peu bizarre que puisse sembler Sidney, avec son ton mal assuré, ses teintes de visage changeantes, ses gestes mal maîtrisés, tout ça n’était qu’une bizarrerie parmi d’autres et Thomas n’était plus à ça près. Pas qu’il soit blasé, oh non, mais il ne s’étonnait des choses qu’en bien et le comportement de son nouvel ami n’éveillait aucune suspicion chez le jeune lycanthrope. En plus, Sidney semblait prêt à collaborer ce qui était plutôt sympa de sa part.

- « Hm, oui ! C’est une bonne idée ! »

Thomas avait tellement grandi dans la technologie que l’existence de réveils mécaniques et plus généralement de machines fonctionnant sans électricité lui paraissait lointaine. Mais c’est vrai qu’à Poudlard, elles représentaient sans doute un compromis intéressant au tout magique.

- « J’en demanderai un à Stanley. » dit-il avant d’ajouter : « C’est lui qui s’occupe de mon dossier, tu vois ? »

Puis il se présenta, et Sidney puisque c’était son nom fit de même. Mais le simple patronyme de Thomas ne disait pas grand-chose sur lui, le garçon en était bien conscient, ou du moins pas grand-chose d’important. Il y avait d’autres infos plus cruciales que son camarade devait connaitre avant de continuer plus longuement leur conversation, sans quoi on pourrait éventuellement lui reprocher de chercher à dissimuler sa nature aux autres élèves.
Ainsi embraya-t-il immédiatement en expliquant qu’il était un loup-garou.

La réaction de Sidney ne se fit pas attendre. Pris d’un mouvement de recul instinctif, le jeune homme ne semblait pas en croire ses oreilles. A part qu’il n’avait pas voulu l’effrayer – même si c’était un peu rigolo – cela fit plaisir à Thomas. Les autres élèves de l’école ne cessaient de le surprendre à tout bout de champ, avec leurs formules magiques et leurs objets ensorcelés. A chaque fois qu’il trainait avec l’un d’eux Thomas apprenait des choses sur la société sorcière et le monde dans lequel il avait mis les pieds. Alors si à son tour il pouvait de temps en temps réserver quelques surprises à ses camarades, le jeune homme en éprouvait satisfaction.

La question de Sidney le fit sourire, dévoilant involontairement ses dents et il secoua la tête d’un air tranquille.

- « Non jamais. C’est juste au cas où, quoi. Pour prévenir. »

La conversation avançait à un rythme indolent, Sidney n’était pas très bavard et Thomas non plus, sans compter qu’il peinait encore à bien complètement se réveiller. Son regard traina un peu sur la pièce, avant de tomber sur le petit tas de bonnets sur lesquels trônait désormais un pompon.

Il ne pu retenir une exclamation de joyeuse surprise ce qui sembla à son tour faire rire le Serdaigle. Thomas darda sur lui un regard curieux. L’attention de Sidney semble vagabonder aussi – en cela ils se ressemblent – avant de finalement se déposer sur le tas de bonnets qui, eux, ne sont pas terminés. La question du jeune homme achève de ramener Thomas à la réalité et avec un soupire mélodramatique, ce-dernier se laisse tomber en arrière dans le tas.

- « Pffff, m’en parle pas ! »

Déjà il se redresse, totalement réveillé cette fois par une indignation plaintive.

- « Il y en a deux-cents ! Deux cents !! Pour toute l’école ! T’y crois toi ? Et je dois les coudre ! J’ai demandé si les elfes pouvaient le faire, on m’a dit non, alors c’est moi qui m’y colle. »

Il fixa Sidney dans les yeux un instant, comme dans l’attente d’une approbation, mais trop impatient pour guetter longtemps reprit sa diatribe.

- « Apparemment c’est à cause des aiguilles, c’est trop risqué d’utiliser la magie pour les animer, mais par contre ça ne les dérange pas que je me pique les doigts. »

Il secoua la tête et pour la deuxième fois se laissa tomber dans les bonnets avec un soupire moins théâtral, se mettant à fixer pensivement le plafond comme on aurait fixé la voûte étoilée.

- « Ce serait vachement mieux si il suffisait de dormir pour que les choses se fassent toute seule. »

Et soudain, comme s’il venait seulement de réaliser que probablement les choses ne s’étaient pas faites toutes seules, il reporta son attention sur Sidney.

- « Hey, c’est toi qui les a cousu ? »

moon & howl

Un somme avec Tom
c'est le pompon !

ft. @Thomas Chastel & Sidney Driscoll

Contre toute attente, son réveil ne se fait pas dans les cris, les insultes ou n'importe quoi encore. Son regard n'a pas l'air de comprendre ce que je fais là mais à part ça, il reste calme. Poli. Gentil. S'il n'y avait pas la peur qu'il finisse par exploser à un moment ou à un autre, sûrement que j'aurais trouvé ça aussi agréable que le silence de sa sieste. Surprenant mais agréable. J'observe le moindre de ses gestes dans un mélange de gêne, de prudence et de curiosité. Je m'en veux de l'avoir réveillé et d'être resté assez longtemps pour trahir ma présence. C'était loin d'être le but, je voulais juste lui filer un coup de main... Coudre ça ou autre chose, ça changeait rien à mon programme et ça pouvait lui rendre service... Enfin je crois. Je ne sais pas trop dans le fond... Il a l'air plus préoccupé par la manière dont se réveiller que par les dizaines et les dizaines de bonnets sans pompon qui recouvrent le sol. Si ça se trouve, je me suis planté et il n'a rien à voir avec tout ça... ?

— Hm, oui ! C’est une bonne idée !

Je me contente de hocher discrètement la tête. C'est un truc de vieux, en vrai, je suis même pas sûr que ça se vende encore dans les magasins, alors ça m'étonne pas trop qu'il n'y ait pas pensé avant. Je sais même pas comment ça fonctionne exactement. Faut le remonter tous les jours ? Si c'est le cas, c'est peut-être pas si pratique que ça... Mais bon, si y'a pas de plan B, c'est mieux que rien... alors je garde mes questions pour moi... ce qui n'a pas l'air de le déranger puisqu'il reprend rapidement :

— J’en demanderai un à Stanley. C’est lui qui s’occupe de mon dossier, tu vois ?

Honnêtement non, je vois pas trop... Ce nom me dit rien du tout. Est-ce que c'est un prof d'une matière que j'ai pas ? Mais qui appelle un prof par son prénom en même temps...? A moins que ce soit son nom de famille...? Et puis -

— C'est pas le directeur qui s'occupe des dossiers ?

Peut-être que « Stanley » c'est quelqu'un qui travaille avec lui ? Son secrétaire ou le directeur adjoint ? Mais j'aurais au moins entendu son nom quelque part, non...? J'ai du mal à croire que je sois passé à côté d'une information potentiellement importante et, pire encore, de l'existence d'un membre de la direction. Je dis pas que je sais tout sur tout d'ici – loin de là ! – mais quand même... Je visualise au moins les gens qui sont assis à la table des profs, même si je suis pas leur cours.
Et sans que je m'y attende, le sujet change brusquement... et l'ambiance aussi. Il se présente, ça me surprend un peu plus encore... ça me fait plaisir, peut-être aussi. On est tellement loin de l'accueil que je m'attendais à avoir, tellement loin de tout ce que j'aurais pu imaginer... et il mentionne le fait d'être un loup-garou. Comme ça. Tranquille. Le plus normalement du monde. J'accuse très mal le coup sans même chercher à savoir si c'est une mauvaise blague ou pas... Son naturel laisse penser que non... mais tout depuis le début est tellement bizarre que ça serait pas très étonnant, dans le fond... On dit pas aux gens qu'on pourrait les mordre comme ça, de but en blanc, en guise de présentation ! Ça ressemble à une menace... mais en même temps pas trop. Je suis perdu, vraiment. Je me risque à lui demander si ça lui arrive souvent de laisser ses canines traîner sur nos camarades. Je m'attends à ce qu'il me dise non, évidemment, mais pas à ce qu'il sourit... Mon estomac se serre alors qu'il dévoile des dents que j'imagine se planter sur moi. Je suis pas un grand adepte des films d'horreur, de zombies et tout mais le peu que j'ai pu voir me revient brusquement, tout d'un coup, et je suis à peu près sûr de ne pas avoir envie de jouer un remake dans cette salle loin du monde. Pourquoi je me suis exilé à l'autre bout du château, déjà ?!

— Non jamais. C’est juste au cas où, quoi. Pour prévenir.

Au cas où quoi ? Qu'il se trouve une nouvelle passion soudaine pour le cannibalisme ? Ce serait dommage que je m'étonne au moment de servir de repas, c'est vrai ! Mais, franchement, j'ai du mal à vraiment croire qu'il pourrait faire un truc comme ça. Je sais que les gens cachent bien leur jeu, qu'il faut se méfier, Maman me le répète tout le temps... Mais depuis le début, il tient plus du gamin mignon que de la bête sanguinaire... C'est sûrement pour ça que je ne fuis pas, même si l'envie me tiraille un peu. Ce serait facile, pourtant... mais mal poli... Il est amical depuis tout à l'heure, je sais pas si c'est exprès ou pas mais je me sens presque un peu à ma place dans cette salle alors qu'il agit comme si on était amis, comme si c'était logique que je sois là alors que sérieux, pas du tout ! Et quand il remarque les bonnets cousus et que ça a l'air d'être le plus beau jour de sa vie, j'abandonne complètement l'idée de déguerpir... Je veux dire... il lui en reste quinze millions à faire... et j'ai commencé alors... je suis sûrement pas à quelques minutes près...? Je l'interroge sur sa tâche, plus pour dire quelque chose que par vrai intérêt pour la réponse. Je suis pas totalement débile – presque pas – mais j'arrive à supposer que s'ils sont tous là et que lui aussi, c'est pas franchement pour rien. Comme pour confirmer ce que je sais déjà, il soupire et se laisse tomber dans le tas. Je le regarde faire, étendant distraitement mes jambes devant moi, un peu moins sur la défensive, moins prêt à bondir pour disparaître. Il n'y a plus de raison qu'il change brusquement d'attitude... et si j'avais dû finir en déjeuner, ce serait sûrement déjà fait. On ne prévient pas ses victimes longtemps à l'avance, n'est-ce pas ? J'aurais tout le temps de m'enfuir et de prévenir l'humanité toute entière et les autorités avec... Et même s'il n'a pas l'air bien vieux, il n'est peut-être pas nul à ce point...

— Pffff, m’en parle pas !

Il ne reste pas couché longtemps. Il a l'air d'avoir du mal à rester en place, ça tranche tellement avec la sieste dont il vient de sortir, ces minutes entières où il est resté là, étendu et tranquille.

— Il y en a deux-cents ! Deux cents !! Pour toute l’école ! T’y crois toi ? Et je dois les coudre ! J’ai demandé si les elfes pouvaient le faire, on m’a dit non, alors c’est moi qui m’y colle.

Sur quoi son regard se plante dans le mien. Ça me met si mal à l'aise que j'en oublie de répondre ou de réagir. Pour dire quoi, de toute façon ? C'est pas moi qui décide, je peux pas y faire grand chose. Je soutiens son regard une seconde avant de le reporter mon attention sur le tissu rouge qui n'attend que ses pompons. Il n'a pas l'air de s'en formaliser et continue sans attendre :

— Apparemment c’est à cause des aiguilles, c’est trop risqué d’utiliser la magie pour les animer, mais par contre ça ne les dérange pas que je me pique les doigts.

C'est risqué d'utiliser la magie pour les coudre...? Mais dans la boutique où on a acheté nos uniformes avec Harriet, cet été...? Est-ce que c'est risqué seulement pour les elfes...? Et puis il n'y a aucune logique derrière tout ça, il y a des sorts bien plus dangereux qu'un truc pour agiter une aiguille ! Est-ce qu'on s'est fichu de lui ? Qu'on lui a collé un truc à faire pour s'en débarrasser alors qu'on aurait pu boucler ça un tour de baguette...? Mais qui ferait ça ? Je garde le silence, pas vraiment décidé à ruiner l'atmosphère détendue qu'il a réussi à installer sans que je ne sache trop comment. À la place, je m'apprête à fouiller dans mon sac pour en sortir un dé, histoire qu'il arrête de se piquer les doigts, mais il se laisse retomber en arrière et son geste me fait avorter le mien. Il est drôle, je trouve. On est loin des batailles d'ego et autres histoires bizarres qu'on trouve dans les couloirs. Ça a l'air simple, avec lui. Peut-être finalement plus comme ce que je connais. Digne des vieux réveils et des points de couture quoi. Il a un je ne sais quoi qui rappelle la maison. L'autre monde. Le vrai monde. Celui duquel on me gardera loin pendant des mois encore. Cette pensée fait tomber à nouveau un poids dans mon estomac.

— Ce serait vachement mieux si il suffisait de dormir pour que les choses se fassent toute seule.
— C'est pas mag-

Mais ma phrase ne connaît aucune fin... Il reporte soudainement toute son attention sur moi, comme si j'avais dit la plus grosse bêtise de ma vie et je me sens rougir aussitôt. Ce qui ne fait qu'accentuer la gêne, bien sûr, et me fait rougir de plus belle, ce qui ne fait que... Enfin, vous avez compris l'idée...

— Hey, c’est toi qui les a cousu ?

J'ai presque l'impression que c'est un reproche. Il y en a beaucoup, d'accord, mais peut-être qu'il voulait les faire tout seul, se prouver qu'il le pouvait ou clouer le bec à je ne sais pas qui qui lui a demandé de le faire ? Et j'ai tout gâché en m'occupant de ce qui me regardait pas ? Je me sens mal. La culpabilité revient. Je baisse honteusement les yeux pour lui échapper. Un échec, évidemment.

— Y'en avait t-tout un tas et t-tu dormais et je voulais juste aider, que j'explique d'une toute petite voix, comme un môme qu'on serait en train de gronder. Désolé.

Je suis à rien de lui proposer de défaire tout ceux que j'ai fait s'il préfère mais je trouve l'idée particulièrement stupide... Maintenant que c'est fait... ça lui fera toujours ça de moins à faire... non ?

(c) jawn

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines

Maintenant qu’il était pleinement réveillé, Thomas avait retrouvé son énergie naturelle et découvrait chez Sidney un interlocuteur agréable qui avait le mérite de ne pas prendre toute la place dans la conversation. Pour le jeune homme, c’était un changement bienvenue et il s’engouffra sans s’en rendre compte dans l’espace que son camarade lui offrait par ses silences et ses réactions simplement éloquentes.
Depuis qu’il était arrivé à Poudlard, Thomas faisait de son mieux pour se fondre dans le décor. En classe, il évitait de trop la ramener et ne prenait quasiment jamais la parole sauf quand on l’interrogeait, et quand il discutait avec des sorciers de son âge, il préférait les laisser causer et leur poser des questions plutôt que de raconter sa vie qu’il jugeait bien insignifiante en comparaison.

Mais avec Sidney, eh, difficile de s’expliquer pourquoi, il se sentait plutôt à l’aise. Était-ce le caractère un peu effacé du garçon qui encourageait à s’épancher ? Ou le fait que même avec toute l’imagination du monde, et Thomas avait beau le scruter avec intérêt, il ne parvenait pas à se le représenter comme une menace ? Les autres élèves non plus, hein, mais Sidney, vraiment, il n’avait pas l’air hostile pour deux sous. Tout le contraire même, il semblait soit joyeux soit mal à l’aise, selon ce que lui racontait Thomas qui de son côté était plutôt content de trouver une oreille attentive à ses malheurs.

Rendez-vous compte quand même : DEUX-CENTS bonnets à coudre ! Il n’avait jamais autant travaillé depuis son contrôle de math en 5ème, quand son père lui avait promis des places de ciné s’il obtenait plus de 12/20. Il n’avait pas réussi, mais l’intention y était.

Alors forcément, découvrir que le boulot avait avancé tout seul pendant sa sieste, c’était une sacrée bonne surprise. S’il eut tout d’abord le réflexe de mettre ce petit miracle sur le compte de l’école – allez savoir comment mais il se passait toujours des choses étranges à Poudlard alors une de plus ou de moins… – lui vint tout de même à l’esprit que peut-être, en y repensant, Sidney avait peut-être pu avoir quelque rôle à jouer dans toute cette affaire. Seul moyen d’en avoir le cœur net : poser la question.

La réaction de ce-dernier ne se fit pas attendre. Les émotions de Sidney se lisaient assez facilement sur son visage et le voilà qui baisse les yeux, gêné, sans que Thomas n’en comprenne bien la raison. Comme un enfant grondé, il avoue finalement d’une petite voix que c’est bien lui qui est derrière tout ça, et s’excuse en conclusion. Thomas le fixe un peu circonspect. Il percevait le malaise, mais sans bien en comprendre le pourquoi du comment, et cela l’interpellait.

Finalement il rompit le silence avec un sourire.

- « Bin, merci du coup. »

Si Sidney avait été un peu plus décontracté, Thomas lui aurait probablement proposé de checker et serait passé à autre chose, mais sa gêne palpable rendait la situation un peu étrange. Le jeune homme parvenait vraiment pas à saisir où était le problème, mais puisqu'il était étranger à Poudlard et à ses codes, il lui manquait peut-être une information cruciale ?

- « C’est cool d’aider les gens. »

Un peu perdu, il se retrouvait à proférer des banalités en espérant que ce serait suffisant pour dissiper le malaise et passer à autre chose. A nouveau il eut un silence, un peu coupé dans son élan, Thomas ne savait pas trop quoi ajouter. Même si ça ne lui avait pas immédiatement sauté aux yeux, Sidney était plus âgé que lui et c’était une situation étrange d’imaginer qu’il pouvait intimider ou pousser à s’excuser un garçon plus grand que lui. Dans son ancien collège, il n’y avait pas de pitié pour les petits.

- « Alooooors… tu as utilisé la magie pour faire ça ? »

Si Sidney voulait bien lui montrer un sortilège, ça serait plutôt cool.

- « C’est plus pratique ou genre pas du tout ? »

Si on l'avait mythoné en lui racontant que c'était trop dangereux, c'était l'occasion de faire définitivement la lumière sur cette affaire. Sidney était un sorcier, il devait sans doute s'y connaitre pas mal.

Un somme avec Tom
c'est le pompon !

ft. @Thomas Chastel & Sidney Driscoll

La lumière finit par se faire. Thomas réalise que la magie a sûrement ses limites et que si y'a des bonnets qui ont été cousus pendant qu'il dormait, ça n'était pas franchement le fruit du hasard. Son regard se pose brusquement sur moi. Je déteste ça, vraiment. J'ai envie de disparaître, juste pour y échapper. Et lorsque la question tombe enfin, la panique est telle que je n'arrive pas à y voir autre chose qu'un reproche. Pourtant, y'a aucune raison... je veux dire, j'ai rien fait de mal. J'ai juste attaché quelques pompons en haut de bonnets, rien qui mérite de se faire engueuler et rien qui soit définitif en plus. Mais c'est plus fort que moi. Je m'excuse, je bafouille à moitié, c'est pathétique, autant l'avouer... Son attention ne me lâche pas. Plus je m'enfonce, plus il me fixe, j'ai l'impression. C'est une vraie torture. C'est exactement le genre de trucs que je fais tout pour éviter d'habitude... Fuir le monde, rester autant que possible avec le peu de gens que je connais à peu près ou qui, en tout cas, me laisse une impression plutôt bonne... C'est bête parce que c'était son cas aussi ! Je veux dire... jusque là. Je sens presque un certain jugement piquer un peu alors que je n'ai même pas le courage de relever les yeux vers lui.

— Bin, merci du coup.

Sa voix brisant le silence me fait l'effet d'un coup de tonnerre. Je suis à rien de sursauter... et pourtant, elle se fait douce. Tranquille. Sans animosité ni ton qui monte. Rien de tout ça. Bien au contraire... Peut-être que j'ai légèrement paniqué pour rien. Mais c'est toute cette situation aussi là... Franchement, n'importe qui m'aurait fait passer le pire quart d'heure de ma vie au réveil, normal que je m'attende au pire ! Mais lui fait systématiquement tout le contraire. C'est... bizarre. J'arrive pas à savoir si c'est de plus en plus bizarre ou si la bizarrerie est tellement constante qu'elle a de grossir à chaque seconde. Je me risque à relever timidement la tête. Son sourire achève de me dire que c'est pas si grave. D'accord. Tout va bien. On se détend. Enfin... On essaye. Il n'a pas l'air de m'en vouloir. Peut-être même que ça lui rend vraiment service, en fin de compte. C'est stupide mais ça me fait plaisir.

— C’est cool d’aider les gens.

Je hoche à peine la tête. Oui... je sais... Mais y'a plein de gens qu'aiment pas qu'on les aide et qui préfèrent se débrouiller tout seul. Ça aurait pu être son cas et j'aurais pu avoir fait une bêtise. C'était pas impossible. Mais ça sert à rien de remuer le truc, c'est pas le cas. L'atmosphère est un peu tendue. J'ai bien conscience que c'est ma faute. C'était pas comme ça y'a deux minutes, quand il tombait à la renverser dans les bonnets en soupirant comme s'il avait tout le poids du monde sur les épaules ou qu'il s'extasiait comme un gosse sur cette école magique. Faut que j'arrête de me comporter comme un abruti deux secondes, sérieux. Encore quand on me dit qu'on va me bouffer, pourquoi pas, mais pas là juste pour une question totalement légitime. Je fais pitié. C'est de pire en pire.

— Alooooors… tu as utilisé la magie pour faire ça ? C’est plus pratique ou genre pas du tout ?

Je commence par secouer la tête... mais je me dis que si je continue à le laisser faire la conversation tout seul en plus d'avoir l'air du pire des bouffons à la moindre occasion, il va vite en avoir ras le bol. C'est pas le but. En vrai, je sais pas pourquoi j'ai pas envie qu'il n'ait pas trop marre de ma présence alors que j'ai rien à faire là. En toute logique, j'aurais dû fuir depuis bien longtemps... voire ne jamais m'installer.

— Non je...

Je suis la plus grosse quiche du monde en magie ? J'ai beau trouvé ça trop cool, je sais pas me servir d'une baguette magique ? Si j'avais tenté un sort, ça aurait sûrement été une catastrophe ? En vrai, ici, j'ai pas fait trop de dégâts, au pire c'était des échecs... Mais à la maison... Je me souviens encore de la fois où j'ai failli assommer Aida... C'est là que c'est parti en cacahuètes... et c'est là aussi que je me suis rendu compte que je pouvais être dangereux... Sans le vouloir, hein, mais quand même ! Enfin... je crois que c'est sans le vouloir... Parfois, les doutes de Maman et du reste de l'humanité me reviennent... Mais pas aujourd'hui. Je les repousse avant qu'ils aient le temps de s'installer.

— Je connais pas ce sort, que je lâche enfin. Mais ça doit être pratique.

C'est un demi-mensonge. J'en connais des sorts pour coudre des trucs. Enfin, je sais que ça existe. Déjà parce que j'ai vu la couturière en faire, même si elle ne les a pas prononcés... et puis parce que j'ai trouvé un livre à la bibliothèque, au début de l'année... J'ai essayé, hein, mais ça a rien donné. Je suis beaucoup trop nul pour ça. C'était tellement désespérant que je l'ai rendu super rapidement. Mais je me dis que quand je serai un peu plus doué, quand je saurai faire plus de trucs, peut-être que ça marchera... J'aimerais bien réussir au moins ça. Je sais que j'en aurai toujours besoin. Au moins ça et tant pis pour le reste...

— Après... On... on peut faire sans.

Ce « on » veut tout et rien dire à la fois mais il suffit à me faire fuir son regard. Comme s'il y avait un « on »... Je squatte littéralement sa vie depuis je sais pas combien de temps, il a rien demandé du tout, on va se calmer ! Mon attention s'accroche à l'aiguille plantée dans mon pantalon, juste au niveau du genou, le fil blanc pendouillant encore en attendant qu'on daigne l'attacher à un autre pompon. J'ai pas eu le temps de ranger mes affaires avant qu'il ne se réveille alors même ça est resté là où je l'ai foutu. J'aurais pas dû hésiter avant de déguerpir... et pourtant j'arrive pas à vraiment regretter de m'être fait avoir comme ça. C'est perturbant, d'accord, mais pas dans le mauvais sens du terme je pense... Enfin... pas tout le temps.

— Tu veux... faire moitié-moitié...? Ça ira plus vite.

Je retiens de justesse un « t'es pas obligé » qui me brûle littéralement la langue. Il est au courant, qu'il est pas obligé... Je pense pas être suffisamment impressionnant pour qu'on me dise pas clairement « non » si on veut pas un truc alors pas la peine d'appuyer plus fort sur ce point...

(c) jawn

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines

Thomas avait pas mal de questions à poser et puisque Sidney avait eu la gentillesse de lui tenir compagnie, il comptait bien en profiter pour interroger un vrai sorcier de son âge – ou presque – sur les deux-trois zones d’ombres qui restaient à Poudlard. La première d’entre-elles : comment ces bonnets s’étaient-ils cousus pendant son sommeil ?

Sidney bafouilla en lui expliquant que la magie n’y était pour rien – alors il avait fait tout à la main ? – avant d’ajouter qu’il ne connaissait pas le sortilège pour faire cela, mais que celui-ci serait assurément bien pratique. Thomas était tout à fait d’accord avec ça !

- « C’est clair ! T’imagines ?? »

Et il imagina. Les yeux dans le vague et l’esprit dans le vide, une nuée d’aiguilles qui s’agitaient à l’appel de sa simple volonté et réalisait à sa place des tâches longues et complexes. Un peu comme ces animaux dans les films de Disney qui sur demande de l’héroïne se mettaient on ne savait jamais trop pourquoi à travailler tous à l’unisson pour réaliser des choses formidables !

Cela dura une poignée de seconde, puis Thomas se déconcentra de sa propre rêverie et son attention fut de nouveau accordée à Sidney.

Le garçon n’avait toujours pas l’air très sûr de lui, c’était comme si chacune de ses phrases peinait à sortir de sa bouche, bloqué par on ne savait trop quoi. Thomas soupçonna que sans doute Sidney devait avoir peur de dire une formule magique par mégarde et lancer un sort sans s’en rendre compte. Ça, c’était effrayant et compatissant, il hocha la tête quand le jeune homme lui expliqua qu’on pouvait se passer de magie. Oui, c’était peut-être plus prudent en fin de compte, il y avait sans doute une bonne raison pour éviter de faire n’importe quoi avec des sortilèges.

- « T’as raison. » concéda-t-il avec un grand professionnalisme. « En plus Poudlard est une école, c’est normal de ne pas tout connaitre, moi je me fais mordre par les botrucs dans le parc, il y a une manière de les attraper assez spéciale, c’est pas si simple. »

Il gardait un souvenir… mitigé de sa dernière sortie dans la forêt avec Duncan. Ses doigts également.

Thomas laissa à nouveau trainer son regard sur les bonnets. Ca le gonflait d’avance, alors quand d’une petite voix Sidney proposa de l’aider à terminer, il ne put retenir une exclamation.

- « Trop cool ! »

La perspective de voir son travail allégé de moitié suffisait à lui redonner – un peu – d’enthousiasme à la tâche et après avoir pris le temps de bien s’étirer et de bailler sans mettre la main devant la bouche, il attrapa son aiguille, son fil, un bonnet, un pompom et… se déconcentra une fois de plus.

Fronçant les sourcils, il se mit à fixer son petit tas de bonnets terminés, puis celui beaucoup plus conséquent de Sidney. Sans prendre la peine de se redresser il parcouru les quelques mètres qui les séparaient sur les genoux, prit un bonnet de chaque tas et les compara avec attention.

- « Les tiens sont mieux. » conclue-t-il sans appel. « Tu es sûr que tu n’as pas utilisé de magie ? Je veux dire, ce serait pas tricher t’inquiète, c’est juste pour savoir. »

Puis il adressa un sourire au jeune homme.

- « Je sais pas coudre en fait. »

Il haussa les épaules, fronça de nouveau les sourcils.

- « Si tu parles en dormant, tu peux lancer des sorts dans ton sommeil ou c’est impossible ? »

Un somme avec Tom
c'est le pompon !

ft. @Thomas Chastel & Sidney Driscoll

Si l'ambiance se tend en un rien de temps, il parvient sans que je sache trop comment à faire en sorte que ça ne dure pas. C'est vraiment un gars étrange. Dans le bon sens du terme, je crois. Bon, si on oublie qu'il prétend être un loup-garou – cette école est tellement foireuse que je n'arrive même pas à savoir si c'est vrai ou pas tellement tout est possible – et pouvoir me mordre là, comme ça. Je crois que je commence à me faire à ce monde, en vrai. Je veux dire... j'ai pas fui. Il y a juste trois mois, je me serais tiré en courant et il m'aurait plus jamais revu. Là... Là j'ai hésité, bien sûr, mais je suis resté quand même... et j'ai l'air d'avoir bien fait. Il finit par me demander si j'ai eu recours à la magie pour coudre les bonnets qui s'entassent à côté de moi. J'aurais bien aimé mais non...

— C’est clair ! T’imagines ??

Je hoche simplement la tête... Oh oui, j'imagine ! Tout ce que je pourrais faire avec un tel sort, m'affranchir totalement de la notion de temps, savoir que mon ouvrage continue même pendant que je suis en cours parce que les aiguilles ont eu ordre de le faire, tout ça tout ça... Oubliées les soirées trop courtes pour tout faire, les journées trop chargées pour pouvoir me poser ! Ce serait tellement pratique, tellement parfait... J'en rêve, littéralement, depuis que j'ai vu la couturière agiter sa baguette dans son arrière boutique. Qu'est-ce que je pourrais vouloir de plus, sérieusement ? Je crois que je suis prêt à abandonner tous les autres sorts du monde juste pour connaître ceux-là... Il me faut plusieurs secondes pour abandonner mes rêveries et revenir à la réalité. On peut faire sans, c'est pas impossible. Plus long, certes, mais ça va... C'est pas comme si je n'avais pas l'habitude de faire sans, de toute façon. Même ici, c'est pas instinctif. J'ai jamais eu le droit de faire de la magie en dehors des heures passées avec Miles alors, forcément, ça laisse des traces... même sur ça, je me sens en décalage avec les autres élèves de l'école qui ont pu faire tout ce qu'ils voulaient comme ils voulaient... Parfois, c'est pesant. Souvent, en réalité... La simplicité et la normalité de ma vie d'avant me manquent. Bien sûr pouvoir faire de la magie tous les jours et un peu tout le temps c'est génial et tout mais... mais je suis pas sûr que ça vaille vraiment tant de changement.

— T’as raison. En plus Poudlard est une école, c’est normal de ne pas tout connaître, moi je me fais mordre par les botrucs dans le parc, il y a une manière de les attraper assez spéciale, c’est pas si simple.

Je crois qu'il ne se rend pas compte à quel point ses premiers mots me font un bien fou. « C'est normal de ne pas tout connaître »... Oui, évidemment, mais je me sais particulièrement en retard sur à peu près tout et même plus que ça alors... alors qu'il admette aussi simplement que ça qu'on s'en fiche, c'est inattendu. Rassurant. Je sens un poids pourtant devenu quotidien quitter mes épaules. La suite m'échappe un peu, je ne sais pas ce que c'est qu'un botruc mais je hoche malgré tout la tête, je n'ai pas très envie de lui faire l'étalage de mon inculture non plus. Au pire, j'essayerai d'aller voir plus tard ce que ça peut bien être. Si y'en a dans le parc, ça doit se remarquer. Non...? Enfin peu importe, je verrai ça plus tard. Pour l'instant, on se concentre sur ses bonnets, ce sera déjà pas mal... Alors je lui propose finalement de l'aider. Pour de vrai, je veux dire. Et sa réaction ne se fait pas attendre :

— Trop cool !

Et ça me fait rire discrètement. Toute l'angoisse plus ou moins justifiée que j'ai pu ressentir ces dernières minutes s'évanouit un peu. Dire que je suis totalement à l'aise serait faux, on s'en doute, mais j'arrive à me détendre à nouveau. Ça se passe bien. Vraiment. Non seulement il n'a pas eu l'air particulièrement surpris de me voir là à son réveil – ce que je ne comprends toujours pas – mais en plus ma présence a l'air de lui faire un minimum plaisir... bon, d'accord, c'est pas vraiment ma présence, plus ce qu'il peut en tirer mais quelle différence dans le fond ? Ça change rien... enfin... on va faire comme si. Il attrape un bonnet et tout le bazar, prêt à reprendre sa couture, alors je me risque à en faire de même. C'est bête mais je suis content de pouvoir l'aider sans avoir à le faire en louzdé. J'avance absolument pas sur le cadeau de Harriet, c'est dommage, mais je n'ai pas l'impression de perdre mon temps malgré tout. Il est utilisé pour une bonne raison, je pense. Je roule un peu le bonnet pour avoir une meilleure prise, positionne correctement le pompon et... je n'ai pas le temps de planter l'aiguille que je le vois s'avancer à quatre pattes jusqu'à moi. Ça me crispe un peu, j'aimais bien la distance qu'il y avait, c'était pas trop mais assez pour que mon espace vital soit tranquille... Là, c'est différent. Supportable mais différent. Il attrape un bonnet que j'ai cousu un peu plus tôt et le fixe d'un œil que je n'arrive pas trop à définir. Il le compare avec un de ceux qu'il a fait. J'attends la sentence. Si ça se trouve, j'ai pas fait comme il faut, comme on lui a demandé ou je sais pas. C'est possible. C'est cousu, oui, mais j'ai pas eu les directives.

— Les tiens sont mieux.

Je me sens rougir de plaisir face à ce compliment inattendu, alors je baisse bêtement la tête en espérant que ça se remarque pas.

— Tu es sûr que tu n’as pas utilisé de magie ? Je veux dire, ce serait pas tricher t’inquiète, c’est juste pour savoir.
— Sûr de sûr, que j'affirme dans un rire discret.

Je me risque à relever la tête, juste assez pour croiser son regard et le sourire qui étire ses lèvres. J'y réponds sans même m'en rendre compte. Je ne m'attendais pas à ça en entrant discrètement dans cette pièce, loin de là. Je serais passé à côté de quelque chose si j'avais eu le bon sens de passer mon chemin... enfin je crois. Ça dépend un peu des moments, c'est bizarre.

— Je sais pas coudre en fait.

La façon dont il expose son ignorance, sans gêne sans honte sans rien de tout ça me surprend. Je l'envie un peu. J'aimerais être aussi à l'aise avec l'étendue des choses que je connais pas, ne pas avoir peur qu'on se moque ou qu'on me catégorise – à raison sûrement – comme un gros débile.

— C'est pas compliqué.

Ma voix sonne plus comme « je peux te montrer » que « je sais faire et pas toi ». Je n'ai jamais vraiment eu ce rôle-là. Normalement on m'apprend des choses, pas l'inverse. Alors c'est bête mais ça m'impressionne un peu. J'ai pas envie qu'il comprenne rien. J'aimerais bien qu'il sorte de cette pièce en réussissant à coudre correctement ses pompons. Ça lui servira sûrement jamais plus à rien mais tant pis. J'aurais pas été totalement inutile au moins. Mais je n'ai même pas le temps de fair le moindre geste qu'il passe déjà à autre chose :

— Si tu parles en dormant, tu peux lancer des sorts dans ton sommeil ou c’est impossible ?

Je hoquette de surprise. C'est quoi cette question ?! Je l'interroge du regard, comme s'il allait m'expliquer comment il en est arrivé à ça mais, sans surprise, ça marche pas.

— Euh... Je... crois pas...? Faut une baguette et... et on dort pas avec...?

Ça m'a l'air à peu près juste, comme réponse, mais après je suis pas sûr à 100%. Je n'ai jamais posé la question... je n'y ai jamais pensé avant aujourd'hui... L'idée de lancer des sorts dans mon sommeil me paraît assez angoissante maintenant qu'il a soulevé l'idée, en tout cas. Pas forcément ici mais à la maison... Enfin... Si j'y retourne un jour.

— Le Ministère a jamais débarqué à la maison à cause de ça, en tout cas.

Ce qui veut dire, sans l'ombre d'un doute, que c'est jamais arrivé. Si Miles m'a pas menti et que j'ai jamais jamais eu le droit de faire de la magie sans lui, en tout cas... Mais il m'aurait pas menti, j'en suis sûr. N'est-ce pas...?

(c) jawn

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines

D’un œil qui n’était expert de rien du tout, Thomas comparait la qualité des bonnets. Il ne fallait pas être grand couturier pour se rendre compte que ceux de Sidney étaient beaucoup plus propres que les siens. Pour Thomas, tant que le pompon tenait, alors ça allait, mais son nouvel ami semblait capable de complètement faire disparaitre le point de couture au point de donner l’impression que les deux parties étaient naturellement scellées ensemble. Plutôt impressionnant, même quand on ne s’intéressait pas du tout à la question.

Alors qu’il confessait ne pas savoir coudre, Sidney lui répondit gentiment que ce n’était pas très compliqué.

- « Ah ouais ? Ça a l’air pourtant. »

Il secoua la tête d’un air soucieux.

- « Souvent quand les gens te disent que c’est pas compliqué c’est TRÈS compliqué, je sais pas si tu as remarqué ? Ouais tu vas voir c’est simple, et en fait non. »

Thomas soupira. On aurait vraiment dit que le poids du monde venait soudain de s’abattre sur ses épaules. Il détestait travailler, dans un monde idéal il n’aurait jamais eu à le faire. S’occuper des animaux ce n’était pas vraiment travailler par contre, ça il voulait bien continuer. Et découvrir Poudlard aussi, et parler avec les tableaux, les tableaux étaient géniaux ! Sauf certains. Et les elfes ! Enfin bref, en général il y avait vraiment beaucoup de choses plus amusantes à faire que de travailler.

Puis de but en blanc, parce qu’il se demandait si Sidney n’avait pas peur de lancer des sortilèges sans faire exprès, il lui demanda s’il était possible de prononcer une formule pendant son sommeil. C’était à la fois un peu inquiétant et un peu rigolo aussi.

Le jeune homme sembla en tout cas assez surpris par sa question et Thomas lui rendit son regard interrogateur. C’était lui qui avait posé la question donc c’était à Sidney de répondre.

Il hocha la tête, sourcils froncés, concentré.

- « Ouais logique. »

On avait tendance à oublier les baguettes mais c’était un truc important et d’ailleurs sans elles même les plus puissants sorciers devenaient aussi nuls que Thomas.

La seconde partie de la question attira cependant plus son intérêt, réveillant à nouveau sa curiosité. Le ministère de la Magie, voilà un sujet qu’il connaissait bien ! Il y avait quand même passé plusieurs après-midi entières…

- « Le Ministère est cool. » expliqua-t-il alors que ça n’avait pas vraiment de lien direct avec la discussion. « Mais c’est vrai que ça rigole pas avec la magie hors de l’école. » Ses cousins avaient été ca-té-go-riques, même en les suppliant, pas moyen de leur faire jeter le moindre sort avant leurs dix-sept ans. Apparemment la police pouvait débarquer chez vous en cas de problème.

Thomas fit demi-tour et se rapprocha de sa pile de bonnets qui lui avaient servi de matelas, en envoya un à Sidney et en attrapa un également, puis une aiguille et du fil. Il s’apprêtait à enfoncer le tout dans le tissu quand une nouvelle idée lui passa par la tête. Il releva la tête et fixa son camarade intensément.

- « Je peux voir ? »

Pas tant qu’il s’inquiétait du résultat final, mais avec un peu de chance Sidney connaissait une technique pour aller plus vite et se débarrasser vite-fait de cette corvée.

Un somme avec Tom
c'est le pompon !

ft. @Thomas Chastel & Sidney Driscoll

Après avoir observé les bonnets d'un œil connaisseur et amusant – qui m'a amusé, moi, en tout cas – il a fini par admettre qu'il ne savait pas coudre. Comme ça. Simplement. Sans avoir l'air gêné ni tourner sa phrase pour pas avoir à dire clairement « je sais pas ». Franchement, ça me surprend... et je l'envie un peu aussi. J'aimerais être aussi à l'aise que ça... en cours, partout... Pouvoir dire « je sais pas » sans sentir mon cœur battre hyper vite et avoir envie de disparaître pour échapper au regard des autres. Juste « je sais pas et c'est pas grave », et c'est vrai, il sait pas mais on s'en fout, il doit sûrement savoir plein d'autres trucs à la place. Et, dans le fond, moi aussi... y'a des trucs que je sais pas faire mais d'autres que je gère bien... Sauf que c'est le genre de réflexion que je me fais jamais tout seul. Jamais tout court en vrai. J'essaye de le rassurer en lui faisant savoir que c'est pas compliqué mais il n'a pas l'air très convaincu...

— Ah ouais ? Ça a l’air pourtant.

Ouiiii, d'accord, peut-être... mais ça veut pas dire que c'est le cas ! Dès qu'on comprend le truc, ça va tout seul ! C'est beaucoup plus simple et instinctif que tous les trucs de magie qu'on nous apprend ici et qui sortent un peu de nulle part... Je secoue imperceptiblement la tête mais il reprend déjà :

— Souvent quand les gens te disent que c’est pas compliqué c’est TRÈS compliqué, je sais pas si tu as remarqué ? Ouais tu vas voir c’est simple, et en fait non.

Son explication – carrément vraie ! – me tire un sourire. Lui n'a plus l'air très enthousiaste, comme si le simple fait de réaliser que souvent on nous la faisait à l'envers l'avait complètement découragé. Ça me fait un peu de peine.

— C'est vraiment simple, que j'insiste d'une voix incertaine. Et si c'est pas vrai, euh... je... je les ferai tous ?

Comme ça, même si c'est « très compliqué », il sera pas trop enquiquiné quand même. Il pourra prendre son temps, essayer, se foirer, recommencer, sans pression. De toute façon, que j'en fasse la moitié ou que je fasse ce qu'il reste, ça change quoi ? Est-ce que je suis vraiment à une heure près aujourd'hui ? Pas trop... Et puis... je suis sûrement mieux ici qu'ailleurs dans le château. Passée l'angoisse de son réveil, l'ambiance est aussi tranquille qu'elle l'était pendant sa sieste. Moins silencieuse mais ça va, c'est pas trop gênant pour l'instant. On est presque sur le point de s'y mettre enfin quand il pose une question qui n'a aucun rapport avec ce qu'il se passe ici... et qui plante une petite graine d'inquiétude. Je n'ai jamais pensé qu'on pouvait faire de la magie sans le vouloir vraiment... mais maintenant qu'il en parle... Qu'est-ce qui me dit que c'est pas le cas, hein ? C'est pas parce que ça m'est pas arrivé jusque là que ça ne pourra pas m'arriver un jour... Mais en attendant, tout ce que je peux faire, c'est de supposer que non. Pour les autres, ceux qui savent vraiment se servir d'une baguette, je suis à peu près sûr qu'on peut pas, même... Alors je me contente de ça. On peut pas. On va pas rentrer dans les détails de toute façon.

— Ouais logique.

Ouais... logique. Je hoche simplement la tête et m'attends à ce qu'on en reste là... Mais évidemment, lui ne l'entend pas de cette oreille :

— Le Ministère est cool. Mais c’est vrai que ça rigole pas avec la magie hors de l’école.

Son enthousiasme un peu sorti de nulle part – ça a l'air d'être habituel, chez lui ; les questions, l'enthousiasme... – me surprend. J'arrive pas trop à savoir quoi en penser. Moi, j'ai pas trop d'avis là-dessus. Le peu de contacts que j'ai eu avec ça allait... Mais c'était tellement rien que je suis pas sûr que ça compte. Je sais pas trop si à quatorze ou quinze ans, les gens en ont beaucoup, des contacts... Probablement pas. Ou alors s'ils ont fait des conneries ? Je sais pas trop...

— T-tu connais bien ?

J'ai bien conscience que ça pourrait être une question indiscrète, demander des réponses trop personnelles mais c'est plus fort que moi. La vision que j'ai du monde magique est tellement restreinte que j'aimerais bien en avoir une un peu meilleur. Et puis, si vraiment ça l'embête, il peut très bien ne pas répondre. C'est pas moi qui le prendrais mal ! Et même si c'était le cas, on se connaît pas, on s'en fout.

— Ouais, que je reprends finalement, faut une dérogation... et tout... c'est la galère...

Je me risque à lui adresser un sourire las tout ce qu'il y a de plus adolescent. C'est rare que je dise grand chose de ma vie de mon plein gré mais je pense pas que ça se soit très problématique. Je veux dire... ça commence à se savoir que j'ai fait les cours à la maison avant de débarquer ici alors... c'est juste un détail sous-entendu depuis le début, ça changera rien. Enfin... J'espère. Finalement, il se reconcentre enfin sur son travail et retourne à ses bonnets. Il en attrape deux dans le tas et m'en lance un que je rattrape tout juste en vol en pouffant discrètement. Je récupère l'aiguille que j'ai planté dans mon pantalon après avoir cousu mon dernier pompon et me laisse aller contre le mur, prêt à reprendre. Je suis content de pouvoir l'aider. De le faire sans imaginer que je dois me planquer ou je sais pas. C'est bête mais ça me fait plaisir. Je me sens utile. C'est agréable. Et assez rare pour être relevé... Je remets un fil plus long et m'apprête à piquer quand je sens son regard posé sur moi et ne plus me lâcher. J'essaye de faire comme si de rien n'était au début mais au bout de trois secondes je suis déjà tellement mal à l'aise que je relève la tête pour voir ce qu'il veut.

— Je peux voir ?

Je lâche un « oh » surpris, je sens mes joues chauffer légèrement mais je hoche la tête quand même. Je jette un œil à la distance qui nous sépare, hésite bien une longue seconde et finis quand même par me rapprocher un peu.

— Ç-ça va comme ça ?

Le but est quand même qu'il voit un truc... Sur quoi, je reprends comme tout à l'heure, quand même gêné d'être le centre de son attention.

— Si... si tu passes par l'intérieur et que tu piques tout en haut et au milieu du pompon, on voit rien, j'explique d'une petite voix. Euh... et... et en « roulant » les bords, tu verras mieux ce que tu fais.

Je joins machinalement le geste à la parole et fais comme on ferait avec un bas pour que le bout pointu du bonnet soit plus facilement accessible et qu'on y aille moins à l'aveuglette. Je plante mon aiguille pile en haut, là où la couture du bonnet se termine, et pique le pompon au milieu, là où tous les fils se rejoignent.

— Là tu fais demi-tour et tu recommences une fois ou deux pour que ça tienne bien.

Je tire mon aiguille et la replante presque là où elle est sortie, je tire de l'autre côté et recommence.

— Quand t'as fini, tu fais comme une petite boucle, tu passes ton aiguille dedans et tu tires une dernière fois. Si c'est bien serré, ça bougera pas.

Une fois que c'est fait, je tire d'un coup sec sur le fil qui se casse dans un petit bruit et lui tends le résultat avant de m'étirer de tout mon long pour arriver à fouiller dans mon sac et en sortir un dé à coudre que je pose entre nous sans un mot. Il a dit qu'il se piquait les doigts...

— Alors...? C-c'est compliqué ?

(c) jawn

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines

Si Thomas avait pu trouver Sidney un peu bizarre au début – façon à lui de dire qu’il le trouvait morose, morose et bizarre allant ensemble – le garçon souriait beaucoup plus à présent ce qui était quand même assez chouette. Il demeurait toutefois un peu hésitant dès qu’il s’agissait de prendre la parole et comme ses mouvements semblaient mal assurés alors qu’il se saisissait d’un bonnet et d’une aiguille pour lui montrer la bonne manière de faire un point de couture, il se retrouva carrément à lui proposer de terminer son travail à sa place. Une proposition qui – disons le franchement – n’aurait pas trop dérangé Thomas mais le jeune loup avait encore quand même un fond de scrupule.

- « Ouais booo… bof. » fut tout ce qu’il trouva à répondre à cette généreuse proposition, comme si le refus avait quand même un peu de mal à sortir. « Non mais en vrai comme ça je pourrai recoudre des trucs aussi enfin je pense tu sais pas franchement mais rah dans la forêt quand j’y vais il y a TOUJOURS des problèmes un truc de fou sérieux, c’est le BORDEL ! Il y a des ronces partout. »

Non mais, dingue. A chaque fois qu’il sortait Thomas était certain de rentrer avec des feuilles dans les cheveux et les vêtements accrochés de partout. Bon, il avait aussi un peu tendance à courir dans tous les sens et escalader des trucs quand Duncan ne regardait pas, mais à présent qu’il avait compris le problème, il n’allait dans la forêt que vêtu de gros pulls moches et de pantalons en toile solide qui de toute façon étaient déjà troués de partout alors un peu plus un peu moins…

Thomas passe un peu du coq à l’âne en fait, c’est-à-dire qu’il n’est pas super pressé de se mettre réellement au boulot, sans imaginer que peut-être il retient un peu ce pauvre Sidney contre son gré. Mais d’un autre côté le garçon semble tellement tenir à lui rendre service qu’il se permet de lui poser des questions qui le turlupinent. Après tout c’est rare d’avoir un sorcier d’aussi bonne volonté, et plus âgé que lui en plus, il doit savoir un sacré paquet de choses importantes sur l’école.

Quand ce-dernier lui demande s’il connait le Ministère, Thomas hoche la tête non sans une pointe de fierté. Pour une fois qu’il a l’air de connaitre un truc mieux qu’un authentique magicien…

- « Et oui… j’y ai été pas mal quand ils m’ont diagnostiqué une lycanthropie. Ils ont pas mal hésité entre un zoo et Poudlard mais finalement, bin, je suis là. »

Il rigole. Tentative de plaisanterie dit sur un ton assez sérieux – dans la mesure du possible avec Thomas – peut-être un peu maladroite. Il ne s’en rend pas compte, son attention se reporte sur le bonnet que tient toujours Sidney entre ses mains, il demande quand même à voir, si c’est si « simple » que l’autre à l’air de le dire.

Le jeune homme hoche la tête, se rapproche un peu. Du coup Thomas va carrément se coller contre lui histoire de voir de plus prêt. Parce que si son ami commence à trembler des mains ou il ne savait pas trop quoi ça va être difficile à suivre cette histoire. Déjà que la couture avait l’air pas mal complexe et Sidney parle vraiment d’une toute petite voix.

Particulièrement attentif, il suit le mouvement les yeux plissés de concentration, tentant vaguement et sans grand succès d’imprimer les gestes dans sa mémoire. Peine perdue, mais c’est vrai que quand Sidney le fait ça ne semble pas si insurmontable.

- « Ok. » dit-en hochant lentement la tête, tel un professionnel. « Non, pas si compliqué. »

Il rigole et attrape son propre bonnet, abandonné un peu plus loin.

- « A l’intérieur… dans le pompon… et là… »

Regard interrogateur.

- « Et là ? »

Un somme avec Tom
c'est le pompon !

ft. @Thomas Chastel & Sidney Driscoll

Je me propose presque spontanément pour finir le travail à sa place si jamais il n'y arrive pas. Je veux dire... je m'en fiche, moi, ça me prendra un peu plus de temps mais déjà, j'en ai à perdre, et puis c'est pas comme si c'était pour faire quelque chose qui me plaisait pas donc bon... C'est de bon cœur, vraiment, je me sens forcé de rien ou quoi. Ça me fait plaisir de pouvoir me rendre utile rien qu'une fois dans cette école. Pour une fois que je sais faire un truc qui peut servir et que tout le monde est pas juste capable de faire en agitant sa baguette... Autant en profiter... non ?

— Ouais booo… bof.

Bon bah non, alors... Mais Thomas a pas l'air très convaincu par son propre refus. J'insiste pas. Je me dis que si jamais il change d'avis, il saura me le dire. C'est pas comme s'il avait vraiment la langue de sa poche de toute façon.

— Non mais en vrai comme ça je pourrai recoudre des trucs aussi enfin je pense tu sais pas franchement mais rah dans la forêt quand j’y vais il y a TOUJOURS des problèmes un truc de fou sérieux, c’est le BORDEL ! Il y a des ronces partout.

Je me contente de hocher la tête à son explication. Il a pas tort, ça pourra toujours lui servir. Mais par contre, non, je ne sais pas comment c'est dans la forêt. Enfin... Je veux dire... la seule fois où j'y ai mis les pieds, c'était tellement foireux que je sais pas si c'est comme ça tout le temps ou s'ils ont juste fait en sorte qu'on passe le pire moment de notre vie... Franchement, ça m'étonnerait même pas. Je réprime un frisson traumatisé et m'efforce de reporter mon attention sur les bonnets... mais mon camarade ne l'entend toujours pas de cette oreille et saute d'un sujet à l'autre avec un naturel qui me surprend encore. Il s'arrête jamais...? Mais c'est assez tranquille pour ne pas m'angoisser pour autant. Il parle... beaucoup, d'accord... mais il n'attend pas vraiment de réponse et je ne me sens pas obligé de garder vraiment le fil du début jusqu'à la fin... alors, forcément, je suis sans vraiment m'en rendre compte. Juste comme ça... sans pression... Le Ministère, donc... Je ne sais pas s'il s'y connaît vraiment ou si c'est juste pour faire genre. J'arrive pas à savoir si les élèves y ont beaucoup affaire ou pas... Dans le fond, je crois pas trop mais... en vrai... Pourquoi le gouvernement en aurait quelque chose à faire d'un groupe d'ados ? Dans le monde moldu, il me semble pas qu'on ait des contacts avec les gens qui dirigent le pays sans raison... ça doit être pareil ici... Après, c'est peut-être pas « les gens qui dirigent » dont il parle en disant le Ministère... Genre, j'ai vu des gens de là-bas avant d'arriver ici et c'était clairement pas le haut de la pyramide... Je me risque à poser la question, conscient que ça me regarde pas et que ça va peut-être le mettre mal à l'aise... J'aime pas faire ça mais en même temps, j'aimerais bien comprendre un peu plus comment ça fonctionne, ici. Je veux dire, le comprendre vraiment. Mais je m'inquiète pour rien parce qu'il hoche la tête comme si c'était une fierté. Perso... J'aurais préféré faire comme tout le monde et jamais voir personne qui ne croise pas la route d'un élève normal.

— Et oui… j’y ai été pas mal quand ils m’ont diagnostiqué une lycanthropie. Ils ont pas mal hésité entre un zoo et Poudlard mais finalement, bin, je suis là.

S'il a annoncé la couleur dès ses premiers mots, je tique malgré moi sur la mention de sa lycanthropie. Dans ma tête, ça sonne un peu comme un monstre, un loup-garou. Le genre de trucs que tu mets pas dans une école... Mais après, si ça se trouve, ça tire plus de Teen Wolf...? Genre trois mèches plus longues, des mains poilues et ça fait graou pour impressionner les autres... Je sais pas. J'aime assez l'idée qu'on ne mette rien de potentiellement dangereux dans un château où y'a du monde mais en même temps... vu tout ce que Miles m'a raconté... Et s'il finit par rigoler sur la fin, j'ai du mal à le suivre sur ce coup-là. Entre... entre un zoo et Poudlard ? J'arrive pas à comprendre si c'est une plaisanterie ou s'il rigole pour essayer de dédramatiser le truc. J'ai tendance à imaginer le monde sorcier comme carrément capable de faire un truc comme ça... C'était un peu le cas chez les moldus avant, non ? Alors dans le fond, pourquoi pas là...? Je trouve ça triste et j'espère vraiment que c'est pas sérieux. Dans le doute, je ne dis rien, préférant le silence à une nouvelle bourde. Finalement, son attention se reporte vraiment sur les bonnets. Parfait. Je m'apprête à reprendre de mon côté quand il me demande de lui montrer. C'est bête parce qu'on en a parlé mais sur le coup, ça me gêne. Ça me stresse un peu, même... mais je hoche la tête et je finis par me rapprocher pour qu'il puisse voir ce que je fais. Et lui... lui il se colle carrément à moi. Sur le coup, je bug. Je déteste ça. J'entends quasiment sa respiration, je suis à peu près sûr que je sentirai le moindre de ses gestes... C'est hyper malaisant, vraiment. Mais... je dis rien. J'essaye de me concentrer sur ce que je fais. Ma voix tremble un peu plus qu'elle ne l'a fait jusque là, j'ai l'impression d'être pitoyable. Petit à petit, j'arrive à reprendre le dessus. Je dis pas que je m'habitue à cette proximité – c'est pas vrai – mais je fais avec. Au moins, il a la délicatesse de se faire oublier. Il dit rien, il se contente de regarder ce que je fais... et moi je prie littéralement pour pas faire n'importe quoi. Mais non. Quand j'arrive au bout, le pompon tient bien et on voit pas le point de couture. Comme les autres. Comme si personne n'avait squatté mon espace vital pour me fixer en train de le faire. Je relève les yeux vers lui pour m'assurer qu'il a suivi et que je l'ai pas perdu en cours de route mais je ne peux m'empêcher de rougir comme un imbécile en réalisant vraiment combien on est proches. L'angoisse. Alors je m'éloigne un peu et reporte mon attention sur le pompon, moins gênant.

— Ok. Non, pas si compliqué.

J'esquisse un sourire encourageant alors qu'il récupère le bonnet qu'il a laissé plus loin. La distance redevient acceptable. Je peux me détendre à nouveau. Tout va bien. Tout va bien... Il prend son aiguille...

— A l’intérieur… dans le pompon… et là…

… traverse le bout du bonnet... plante le pompon... et puis plus rien. Je comprends pas tout de suite et attends simplement qu'il continue mais, vraiment, rien ne vient.

— Et là ?

Je hoquette en réalisant qu'il m'attend et rougis de plus belle. Je suis un boulet, je vous jure, ça fait pitié.

— Et là t-tu reviens en arrière. Tu replantes juste à côté de là où le fil sort, je reprends sans réaliser que je me suis penché un peu pour mieux voir ce qu'il fait. Le bout de l'aiguille disparaît à nouveau et il me faut même pas une seconde pour tilter qu'il risque de se piquer vu comment il tient son bonnet. Att-

Mais je ne finis même pas ma mise en garde et pose directement ma main sur la sienne pour rectifier un peu sa prise. Si c'est instinctif, je n'en suis pas moins au bout de ma vie quand je réalise vraiment ce qui vient de se passer. Je lui rends sa liberté comme si je venais de me prendre un coup de jus... j'ai envie de mourir tellement je crains.

— Désolé... tu... tu... 'fin...

Mais aucune explication ne sort... en vrai, je ne suis pas certain qu'il y en ait vraiment besoin... mais quand même... Mon cœur bat à tout rompre. J'ai l'impression d'avoir fait une bêtise énorme... et en même temps, je sais que c'est pas si grave que ça. Le mélange est étrange, déstabilisant.

— A-après tu... tu tires pour serrer et... et tu recommences...

Je me raccroche comme je peux à des explications qui me semblent venir de loin. Ça a plus beaucoup de sens. Mais faut bien continuer... C'est qu'il en reste un tas, des bonnets...

(c) jawn

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines

Sans être particulièrement observateur ou attentif, il était difficile de manquer l’éloquente corporalité de Sidney qui trahissait à coup sûr chacune des émotions qui le traversaient. Raidissement, tension, soulagement, relâchement, Thomas avait beau être du genre un peu rêveur, il ne pouvait ignorer qu’un sacré paquet d'évènements devaient se dérouler dans la tête de son camarade. Simplement puisqu’il n’y pouvait pas grand-chose, il avait choisi de mettre tout cela sur le compte de l’étrangeté générale de l’école. Après tout si Sidney était prêt à l’aider gentiment à coudre alors que rien ne l’y obligeait, il restait une petite chance pour que ce soit un elfe de maison ayant pris forme humaine.
Mais Thomas préférait l’idée qu’il s’agissait bel et bien d’un humain. Un humain gentil. Aussi ne fit-il aucune remarque, se contentant de sourire sans rien dire, concentré sur sa tâche.

Le plus spectaculaire, cependant, et assez incompréhensible, étaient les changements de la couleur de la peau du visage de Sidney, aussi soudains qu’imprévisibles, passant du rouge tomate au blanc pâle, le tout entrecoupés de sursauts et de hoquets. Thomas leva un sourcil, vaguement inquiet, un peu prévenant.

- « Heu… ça va ? »

Il était presque en train de se demander si son nouvel ami ne s’étouffait pas ? Le bref contact de peau – tellement anodin aux yeux du jeune lycanthrope qu’il l’avait aussitôt oublié – semblait avoir à moitié traumatisé le pauvre Serdaigle qui bégayait désormais, fébrile et presque tremblant.
Cela n’empêcha heureusement pas Thomas de comprendre ses instructions et ignorant des excuses qui n’avaient pas lieu d’être, il boucla son nœud presque à la perfection, puis leva le bonnet au-dessus de sa tête pour l’admirer.

- « Trop. Cool. »

Il leva les sourcils et fit la moue.

- « Enfin, c’est juste un bonnet, mais il est mieux que les autres. »

Et comme pour joindre le geste à la parole, il se l'enfonça sur la tête. Cependant, cela n'avait pas fait grossir la courte pile des bonnets terminés de Thomas qui avisa cette dernière d’un air de reproche, comme pour lui faire comprendre que c’était de sa faute si elle n’était pas plus grosse et qu'elle avait intérêt à y mettre un peu du sien.
Puis revenant sur Sidney, il prit le temps de l’observer un instant.

- « T’es un drôle de garçon quand même. »

Et haussa les épaules.

- « Mais c’est comme ça les sorciers, je pense. » Il sourit. « Tu veux pas qu’on finisse la pile plus tard en vrai ? Avec un peu de chance en revenant d’ici demain quelqu’un d’autre s’en sera chargé, non ? »

D’un côté l’état de Sidney qui semblait au bord de la syncope toutes les cinq minutes l’inquiétait un peu. De l’autre il était prêt à saisir n’importe quel prétexte pour procrastiner et croyait assez sincèrement qu’il y avait moyen que son travail se fasse tout seul pendant son sommeil, par magie. Au doigt mouillé, il estimait les chances que cela se produise à environ 50%.

HRP:

Un somme avec Tom
c'est le pompon !

ft. @Thomas Chastel & Sidney Driscoll

J'ai beau me le dire quasi tous les jours sans jamais le faire : il faut que j'arrête de paniquer pour pas grand chose et de faire une montagne de trois fois rien. Vraiment. Mais j'ai l'impression que c'est hors de ma portée... et ça me désespère un peu plus à chaque fois... Et c'est visiblement pas aujourd'hui que ça changera. Il a suffi de pas grand chose pour que je perde à nouveau mes moyens : une proximité que j'ai pas demandée et un contact qui me perturbe trop pour faire comme si de rien n'était. Ça se voit pas forcément mais je fais des efforts depuis que je suis arrivé ici... je fuis pas littéralement les gens – je les évite juste un peu parfois mais qui pourrait me le reprocher, hein ? – je fais ce que je peux pour tisser des liens, même foireux... mais s'il y a un truc qui me semble clairement pas possible, c'est réduire mon espace vital. C'est stupide, je me rends bien compte que j'ai pas le choix et que dans la vie de tous les jours, garder le monde à distance – physiquement à distance – c'est pas toujours possible... et que parfois c'est même ma faute, comme là... Mais quand même. Je déteste ça. Et ça se voit assez pour que Thomas le remarque...

— Heu… ça va ?

…et s'en inquiète, même, j'ai l'impression... Je suis vraiment un boulet... En attendant, je hoche la tête, un sourire désolé maladroitement accroché aux lèvres. J'en ai marre de moi, je vous jure...

— Ouais... ça va.

Heureusement, il ne cherche pas davantage et termine de coudre son pompon en haut de son bonnet. Il se débrouille bien, ça devrait aller assez vite en vrai. Je sais pas si ça me rassure ou pas. Sûrement un peu, quand même... mais en même temps... je passe pas un mauvais moment alors... j'en sais rien. Il lève son œuvre au-dessus de sa tête pour regarder à la lumière, j'imagine, et son air satisfait me fait plus plaisir que je l'aurais cru. Je suis content d'avoir pu lui apprendre un truc, même si c'est juste à faire un point de couture. Rien de ouf mais... quand même. C'est gratifiant.

— Trop. Cool.

Rien que ça ! Et comme s'il lisait dans mes pensées, à moins que mon amusement se lise sur ma tronche, je sais pas trop, il reprend :

— Enfin, c’est juste un bonnet, mais il est mieux que les autres.

Et il se l'enfonce sur la tête, ce qui m'arrache un rire étouffé. S'il fait ça à chaque fois, on est pas près d'avoir fini, je vous le dis ! J'en attrape un autre sur la pile qui nous reste à faire et reprends comme si de rien n'était. Il faut bien qu'on avance, de toute façon. Mais son regard se pose sur moi et, si j'essaye d'en faire abstraction, je finis par relever les yeux vers lui, interrogateur.

— T’es un drôle de garçon quand même.

Oh... Je ne sais pas vraiment comment interpréter ça... C'est pas méchant, je le vois bien mais... mais c'est pas vraiment gentil non plus... Si ? Je veux dire... J'ai juste envie de me fondre dans la masse, qu'on me remarque pas... Alors je reporte mon attention sur le bonnet.

— Mais c’est comme ça les sorciers, je pense.

Bizarre...? J'imagine que si c'est comme ça qu'il les voit alors je dois bien faire partie du tas, ouais... Mais c'est sûrement le seul à pouvoir m'y mettre si facilement. Même moi, je suis pas sûr d'y avoir ma place parmi « les sorciers ». Mais bon, on s'en fiche, j'ai pas vraiment envie de débattre de ça avec lui et de lui faire remarquer que je suis la plus grosse quiche en machin de sorciers du monde et que si je suis là c'est sûrement parce qu'ils ont eu pitié. Enfin... au moins personne a hésité avec le zoo. Je termine d'accrocher le pompon et tire d'un coup sec sur le fil pour le casser avant de poser le bonnet fini avec les autres.

— Tu veux pas qu’on finisse la pile plus tard en vrai ? Avec un peu de chance en revenant d’ici demain quelqu’un d’autre s’en sera chargé, non ?

Qu'« on » finisse plus tard ? Ce futur approximatif me laisse interdit. Parce qu'il a vraiment envie qu'on se retrouve plus tard pour finir ? En même temps, il y aura sûrement pas d'autre pigeon pour se dévouer alors c'est un peu dans son intérêt de l'envisager... Surtout qu'on sait aussi bien l'un que l'autre qu'il n'y aura personne qui s'en sera chargé d'ici demain... il peut même le laisser une semaine si ni lui ni moi ne le faisons... ça va pas se faire tout seul. Mais bon, c'est une école magique, n'est-ce pas ? J'ai pas envie de briser ses espoirs alors je me contente de hausser les épaules.

— T'auras pas d'ennuis ?

S'il peut attendre demain, attendons demain, je m'en fiche... Je trouverai bien du temps à perdre. Et puis, entre ça et mes devoirs... De toute façon, pour ce que j'y comprends... Je range mes quelques affaires dans mon sac et me relève enfin, m'étirant discrètement. J'ai les jambes tout engourdies et le dos un peu en compote. Je ne mets pas longtemps à rejoindre la sortie, pose la main sur la poignée et... je vais pour partir sur un « à plus tard alors » court mais efficace quand je réalise que ça fait un peu sauvage. Le pauvre a dû composer avec mes réactions foireuses depuis qu'il est réveillé – et avec ma présence à son réveil, d'ailleurs, plus foireux encore que mes réactions ! – alors je peux peut-être faire l'effort d'avoir l'air civilisé rien qu'une seconde...

— Je vais voir si y'a de quoi goûter... dans la Grande Salle... Tu... tu veux venir ?

Maman serait sûrement contente de voir que je suis capable d'être poli, tout ça... Et mine de rien, moi aussi. Il est sympa, ce garçon, alors si on pouvait éviter de lui donner envie de m'éviter jusqu'à la fin de sa scolarité, ce serait peut-être pas si mal... Enfin, en tout cas, il a le choix, je m'impose pas. S'il préfère que je lui fiche la paix, j'irai tout seul, tant pis.

(c) jawn

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines

Comme un petit écho de Sidney, Thomas haussa les épaules à son tour en réponse à la question de son nouvel ami.

- « Duncan, le garde-chasse, m’a juste dit : fais ça. Mais il n’a pas dit pour quand. » expliqua-t-il d’un ton confiant.

Jusqu’ici la principale préoccupation du garçon avait été de travailler suffisamment pour qu’on ne puisse rien lui reprocher, tout en foutant le moins possible. Il n’avait pas DU TOUT envie que quelqu’un remette en question sa présence à Poudlard sous prétexte qu’il ne travaillait pas assez, mais en même temps il n’allait pas se tuer à la tête non plus. Les petits jeux sémantiques sur les consignes étaient donc un excellent moyen pour jouer les naïfs et « découvrir » une fois devant le fait accompli qu’on attendait un peu plus d’effort de sa part que ce qu’il n’avait consenti à fournir.

Et puis, il restait tout de même la possibilité que, quand même, quelqu’un ou quelque chose termine le travail à sa place. En dormant sur un problème, on avait toujours une petite chance qu’il se règle tout seul, ça Thomas l’avait parfaitement compris, même si cela lui avait valu quelques engueulades au petit déjeuner par son père quand il était allé se coucher sans ranger son bazar.

Sidney semble à peu près convaincu, se relève et après avoir récupéré ses affaires, s’en va vers la porte. Thomas, lui, fixe les bonnets, ceux terminés et ceux pas terminés, dans l’espoir un peu vain qu’en les recomptant encore et encore, peut-être que la pile des « pas finis » finirait par diminuer toute seule.

Sidney était de nature si discrète qu’il aurait presque pu partir sans que Thomas ne le remarque, mais quand, la main posée sur la poignée de la porte, il lui proposa un goûter, le visage du garçon s’illumina.

- « Oh ouais ! »

Un goûter magique, c’était quand même bien mieux que de la couture, assurément !

**Contenu sponsorisé** À SAVOIR DETAILS EN PLUS