Je m’étais décidée : il fallait que je trouve Skyler. Je ne la connaissais qu’à travers deux hiboux mystérieux où elle semblait chercher des alliés contre le directeur, sur la base du fait qu’il était sang-pur. C’était suffisant pour que mes espoirs renaissent. Peut-être que je n’étais plus seule, peut-être que mes mots avaient portés. Et non seulement, j’avais peut-être trouvé quelqu’un mais voilà qu’elle m’annonçait qu’elle connaissait d’autres personnes. C’en était assez pour que je veuille vérifier. Car si je voulais y croire, je restais quand même prudente. C’était peut-être un canular ou une fille dont l’engagement n’irait jamais au-delà du bout de parchemin. Pour le savoir, je devais la rencontrer.
Une chose était sûre, elle ne devait pas faire partie des plus jeunes, sinon je l’aurais croisé en cours, inutile donc de questionner mes camarades de dortoir. Alors je m’étais tourné vers les plus vieux de ma maison, demandant d’un air inspiré s’il connaissait une Skyler. D’un air étonné, on m’avait répondu que oui et qu’à cette heure-ci elle devait être au niveau du terrain de quidditch. J’avais de la chance, j’étais tombé sur un amateur de quidditch qui pouvait donc me préciser qu’elle était dans l’équipe de Serpentard. Cela me refroidit un peu, les verts et argent n’étaient pas vraiment réputés pour leur opposition aux sangs-purs. Mais soit, cela se tentait. Nous savions tous que la répartition était un moment étrange et que le Choixpeau n’était pas à l’abri de choix discutables.
Alors je quittai les bâtiments du collège de sorcellerie je me précipitai tout de même vers le terrain, de peur qu’elle n’y soit plus, manquant de faire tomber baguette, livres et autres fournitures que je n’avais pas pris le temps de ranger. Essoufflée, je distinguai, balai en main, une jeune femme dont l’uniforme arborait les couleurs de Serpentard. Je n’étais pas sûre de moi mais c’était le moment de tenter.
« Bonjour… C’est toi Skyler ? Je suis Zeynep... »
J’espérais qu’elle fasse le lien et surtout je craignais de m’être trompée de personne.

Il y avait une bonne nouvelle : j’étais bien en présence de Skyler. Et une mauvaise : elle ne semblait vraiment pas ravie de me voir. Je ne savais pas comment interpréter son ton sec, je voulais croire qu’elle avait mal dormi ou qu’elle avait un rendez-vous important juste après et que je la dérangeais. Mais je pouvais aussi songer qu’il y avait autre chose et que ce n’était pas une question de circonstance si elle se montrait peu encline à ma venue. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle saute de joie mais je ne pouvais que constater la divergence de nos attitudes. Sa lettre m’avait rendue un peu d’espoir, je m’étais dit que je n’étais plus seule et j’étais heureuse de ce fait. J’aurais cru qu’il en serait de même pour elle mais visiblement, je me trompais. C’était perturbant comme constat, mon enthousiasme n’était pas contagieux.
« Ca fait des mois que j’attends, quand est-ce qu’on passe à l’action ? »
Je savais bien ce qu’elle allait me répondre : « prudence », « discrétion », « attente du bon moment »… Mais je n’en voulais pas de ces formules creuses. J’avais l’impression de ne faire que ça, attendre. Et je savais qu’il y avait urgence. Sorensen à la tête de l’école, c’était un coup dur et il était hors de question de le laisser prendre ses marques, monter son plan sans rien dire. Plus il serait installé, plus ce serait compliqué de s’en prendre à lui. Alors, nous n’avions pas le temps d’attendre.
On pouvait me traiter d’impatiente mais je ne me voyais pas rester les bras croisés. Je ne me voyais pas vivre ma vie tranquillement en guettant simplement une lettre d’une fille que je ne connaissais pas et dont je n’avais aucune preuve qu’elle était prête à plus qu’à des hiboux mystérieux.
« Ce ne sont pas des lettres qui feront peur au directeur. »